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Trouble bipolaire et comorbidités somatiques S171
cardio- métabolique dans le trouble bipolaire apparaît
cruciale afi n d’améliorer l’espérance de vie des patients
qui en souffrent. Notamment, une surveillance régulière
des paramètres cliniques et biologiques qui constituent le
syndrome métabolique est souhaitable, avec idéalement une
collaboration pluridisciplinaire entre médecins traitants,
endocrinologues et cardiologues. Sur un plan conceptuel,
cette comorbidité permet également de faire évoluer les
représentations des troubles de l’humeur. En effet, elle
impose d’appréhender le trouble bipolaire de façon inté-
grative et de la considérer à travers différents domaines
médicaux. En rappelant la nécessité d’un double traitement,
à la fois psychique et biologique, cette approche valorise les
thérapeutiques éducatives fondées sur la promotion d’un
équilibre de vie intégrant dimension biologique et sociale
(équilibre nutritionnel, hygiène du sommeil, alternance
équilibrée entre activités de travail, activités physiques,
loisirs, etc.). En particulier, les stratégies de lutte contre
le stress se montrent bénéfi ques aussi bien au plan soma-
tique que psychologique. Si dans le domaine des affections
cardio- métaboliques, l’intérêt des thérapeutiques non phar-
macologiques semble unanimement reconnu, [12,32] ; elles
restent encore insuffi samment encouragées dans le trouble
bipolaire, et ce malgré des preuves de leur effi cacité. Or, les
patients bipolaires pratiquant un exercice physique régulier
à raison de 30 minutes, 4 fois par semaine, voient leur
niveau de réponse aux facteurs de stress considérablement
atténué [33]. Chez ces patients, la pratique d’une marche
régulière s’accompagne de scores plus bas aux échelles
d’anxiété et de dépression [26,34] comparativement à des
sujets ne faisant pas d’exercice. De même, il a été montré
que l’activité physique régulière accroît l’expression du
facteur neurotrophique BDNF, aboutissant à une réponse
neuroprotectrice, ce qui constitue une forme d’interaction
gène- environnement bénéfi que pour le sujet [35].
À l’issue de cette revue de la littérature, il semble
nécessaire de réaliser des études complémentaires pour
mieux comprendre la comorbidité cardio- métabolique de
trouble bipolaire. Nous pouvons cependant considérer que
l’approche intégrative de cette maladie multidimensionnelle
représente un futur enjeu à la fois sur le plan conceptuel
et thérapeutique. Dans cette perspective, le psychiatre
revêt ainsi une fonction cruciale de thérapeute psychique,
coordinateur de soin global où il aborde le fonctionnement
psychique de façon spécifi que, tout en prenant en compte la
problématique cardio- vasculaire et métabolique, au travers
d’une collaboration pluridisciplinaire. C’est ainsi qu’il peut
espérer contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des
patients.
Déclarations d’intérêts
J.-C. Chauvet-Gélinier et A. Kaladjian ont déclaré n’avoir
aucun confl it d’intérêts.
I. Gaubil et B. Bonin n’ont pas transmis leurs confl its d’intérêts.
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