revue de presse
Surveillance des caisses :
un projet très critiqué
L’ordonnance sur la surveillance de
l’assurance-maladie est vivement cri-
tiquée en consultation. (…)
Pour l’organisation faîtière des assu-
reurs santésuisse, le projet d’ordon-
nance est illégal et restreint forte-
ment la marge de manœuvre des
as sureurs. Santésuisse se demande
s’il ne s’agit pas d’introduire la caisse
unique par la petite porte. Les sur-
coûts de cette surréglementation
sans valeur ajoutée devront être as-
sumés par les assurés.
Le principe d’une meilleure surveil-
lance est salué, écrit santésuisse.
Les modifications nécessaires au-
raient toutefois dû figurer dans la loi
sur l’assurance-maladie. On aurait
ainsi pu renoncer à une loi supplé-
mentaire sur la surveillance. Celle-ci
péjore la solvabilité des assureurs,
car les réserves maximales seraient
fixées à un niveau beaucoup plus bas
qu’actuellement.
Les assureurs-maladie regroupés au
sein de curafutura (dont la CSS, Hel-
sana, Sanitas et KPT) abondent dans
le même sens : le projet d’ordonnance
est disproportionné, non conforme à
la loi et bureaucratique. Au lieu d’in-
tervenir en cas de besoin, on limite
inutilement la liberté d’entreprise des
assureurs.
Le résultat fait penser à la caisse uni-
que, qui prévoyait des agences can-
tonales ou régionales sous gérance
centrale et qui a nettement échoué
en votation populaire en septembre
2014. (…)
Pour l’association faîtière des méde-
cins FMH, le projet d’ordonnance
est une affaire très technique basée
sur une loi déjà elle-même complexe.
Le risque est grand de gonfler l’ad-
ministration et de collecter inutile-
ment des données. Enfin, les coûts
démesurés de sa mise sur pied se-
raient sans doute à la charge des
assurés.
La FMH se demande s’il est néces-
saire de maintenir le plafond de ré-
serves à 200% ou si un pourcentage
moindre ne serait pas suffisant. (…)
Pour la Fédération romande des
con sommateurs (FRC), les disposi-
tions du projet d’ordonnance n’écar-
tent ni le risque de primes payées en
trop, ni celui des réserves exces-
sives. La séparation entre assurance
de base et complémentaires privées
n’est pas garantie non plus, estime-
t-elle.
Un plafond de réserves fixé à 200%
est une porte ouverte à la constitu-
tion de nouvelles réserves exces-
sives, dénonce la FRC, qui rappelle
que, contrairement au 2e pilier, l’as-
surance-maladie sociale est un sys-
tème de redistribution et non de ca-
pitalisation.
L’
ordonnance est indispensable et il
est urgent de la mettre en œuvre, es-
time la FRC. Mais pour qu’elle soit
réellement efficace, elle doit être ex-
purgée de tous les éléments l’empê-
chant d’atteindre ses objectifs : soit
une meilleure surveillance, des pri-
mes justes et la transparence. (…)
Eduard Mader
Le Courrier du 7 juillet 2015
Trisomie : test sanguin
remboursé
Les tests sanguins de dépistage pré-
natal non invasif (DPNI) des triso-
mies 13, 18 et 21 chez le fœtus se-
ront remboursés par l’assurance
maladie de base à partir du 15 juillet
2015. (…)
Le DPNI permet, par une simple prise
de sang, de détecter efficacement
des anomalies dans les chromoso-
mes 13, 18 et 21 de l’ADN du fœtus.
Sur le marché depuis deux ans, il
coûte entre 950 et 1350 francs.
Ce test ADN s’inscrit dans une pro-
cédure bien définie dans laquelle
une femme qui désire connaître les
risques de trisomie de son bébé peut
effectuer une série d’examens. Tout
d’abord, elle procède à un test dit
«du premier trimestre» : une échogra-
phie et un test hormonal qui, combi-
nés à l’âge de la future mère, permet-
tent d’établir un risque de trisomie du
fœtus. Si celui-ci est supérieur à
1/380, on propose alors une amnio-
centèse. (…)
Le DPNI, effectué après le premier
test, permet de préciser les résultats
et d’éviter l’amniocentèse, lorsque
c’est possible. «On estime que 98%
des femmes qui ont un risque élevé
de trisomie au premier test – supé-
rieur à 1/1000 – seront négatives au
DPNI», précise Yvan Vial, médecin-
chef du Service d’obstétrique du
CHUV à Lausanne. Ces cas de «faux
positifs», identifiés ensuite par le
DPNI, évitent aux femmes concer-
nées le risque d’une éventuelle fausse
couche avec l’amniocentèse. (…)
«La décision de l’OFSP permet de
rétablir une situation juste en mettant
fin à un système à deux vitesses avec
ceux qui peuvent se payer un DPNI
et ceux qui ne peuvent pas», com-
mente Ariane Giacobino, médecin
adjointe du Service de médecine gé-
nétique aux Hôpitaux universitaires
de Genève, qui y suit des patients at-
teints de trisomie 21. «Ce test et son
remboursement sont une bonne
chose. Mais les familles des patients
trisomiques s’inquiètent que l’on ar-
rive à un point où il n’y aura plus de
naissances d’enfants avec trisomie,
tempère-t-elle. Est-ce que leurs en-
fants, une fois adultes, seront alors
aussi bien intégrés dans la société
?
(…)
Pour Samia Hurst, éthicienne à l’Uni-
versité de Genève, la situation n’est
pas celle d’une «politique eugé-
nique» : «Il y aurait un souci d’eugé-
nisme si les couples n’avaient pas la
liberté de choisir de faire le dépis-
tage de la trisomie 21. Mais ce n’est
pas le cas, ils gardent la liberté de
faire le test de premier trimestre ou
non, puis un DPNI s’ils le veulent. Le
choix sera plus sûr et moins risqué.»
L’ éthicienne souligne donc qu’«il est
important que les couples soient
bien informés des conséquences de
leur choix déjà avant la première
échographie, en amont de toutes les
démarches.» Un avis que partage
Ariane Giacobino : «Il est nécessaire
d’informer les couples sur la prise en
charge actuelle des personnes triso-
miques, qui s’est beaucoup amélio-
rée.» (…)
Aurélie Coulon
Le Temps du 8 juillet 2015
Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
15 juillet 2015 1463
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nal of Virology. Il a été mené par
des chercheurs de l’Institut de
recher ches pour le développement
(IRD), de l’Inserm, de l’Institut
Pasteur et leurs partenaires thaï-
landais (Mahidol University,
Bangkok ; Prince of Songkla Uni-
versity, Songkla).
On sait que le virus zika est trans-
mis par les moustiques Aedes
aegyp ti et Aedes albopictus . «Lors-
que l’insecte pique un humain, sa
pièce buccale tâtonne à la recher-
che d’un vaisseau sanguin, résu-
ment les chercheurs. Ce faisant,
elle dépose des particules virales
dans l’épiderme et le derme de la
victime.» Pour simuler en labora-
toire l’infection, ils ont inoculé un
isolat du virus zika (collecté lors
de l’épidémie 2013 en Polynésie
française) à trois types de cellules
de peau humaine : les kératino-
cytes (qui se trouvent dans l’épi-
derme), les fibroblastes et les cel-
lules dendritiques (situées dans le
derme). On sait que ces dernières
sont des cellules immunitaires qui
jouent un rôle clé dans la fabrica-
tion des anticorps spécifiques.
En 72 heures, la totalité des fibro-
blastes étaient infectés, les autres
cellules étant également touchées,
notamment les kératinocytes.
L’imagerie électronique a montré
que pour se répliquer, ce virus a
recours à l’autophagie : un méca-
nisme qui consiste en la dégrada-
tion partielle du cytoplasme par
la cellule elle-même. Ce phéno-
mène entraîne à terme une apop-
tose cellulaire (mort par éclatement
favorisant la dissémination du
pathogène). L’équipe a aussi iden-
tifié le récepteur cellulaire qui
permet l’entrée du virus dans les
fibroblastes : la protéine «AXL».
L’efficacité des anticorps contre
cette protéine a été vérifiée, de
même que celle de petits ARN-
silencing – qui «éteignent» les
gènes-cibles.
L’ensemble de ces travaux (une
première quant à la biologie du
virus zika) ouvre des pistes pour
l’identification de cibles thérapeu-
tiques et l’élaboration d’un traite-
ment, aujourd’hui inexistant.
Jean-Yves Nau
jeanyves.nau@gmail.com
1 Louveau A, Smirnov I, Keyes TJ, et al.
Structural and functional features of
central nervous system lymphatic ves-
sels. Nature 2015 ; epub ahead of print.
2 Hamel R, Dejarnac O, Wichit S, et al. Bio-
logy of zika virus infection in human skin
cells. J Virol 2015
; epub ahead of print.
3 http://mentalfloss.com/article/65435/
scientists-discover-new-part-human-
body
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