actualité, info point de vue Les systèmes nerveux et lymphatique communiquent. Le «virus zika» livre ses mystères avec le cerveau. Ce système incon­nu du grand public (à l’ex­ ception des ganglions et des célè­ bres drainages) est en contact plus qu’étroit avec cette galaxie encore largement inexplorée qu’est le système nerveux central. C’est là une forme de révolution coperni­ cienne corporelle. La démonstra­ tion (via la biologie moléculaire) des impasses où se sont égarés au fil du temps les plus fins des ana­ tomistes. C’est aussi une fenêtre désormais entrouverte sur un mystère médi­ cal : la découverte que le système nerveux central est ouvert sur Quels sont les éléments du système lymphatique présents dans le système nerveux central (et où sont-ils) ? A-t-on une idée précise de leur fonction ? D’après notre étude, le réseau lymphatique cérébral est similaire à celui observé dans les autres orga­nes où il sert la même fonc­ tion de drainage des fluides, macromolécules et cellules immu­ nitaires vers le ganglion drainant. Depuis quand soupçonnait-on une telle «congruence» entre la lymphe et les neurones centraux ? Il avait été démontré (et accepté) qu’il existait une communication entre le système immunitaire et le système nerveux central – et ce du fait de l’innervation des organe­s lymphoïdes ainsi que des effets sur le cerveau de molécules produites par le système immuni­ taire. Et il était aussi accepté que le cerveau restait un organe privilégié d’un point de vue immuni­ taire, que la présence de cellules immuni­ taires au sein du paren­ chyme cérébral était un signe pathologique. L’une des raisons avancées était l’absen­ce de système lympha­ tique dans le système nerveux central. Des voies alternatives pour compenser l’absen­ce de système lympha­ tique ont été avancées depuis les anné­es 1970. Quelles sont les prochaines étapes de votre travail ? Quelles ouvertures thérapeutiques entrevoyez-vous ? Les prochaines étapes de notre travail sont doubles, la première est de confirmer la présence d’un réseau équivalent chez l’homme. Notre publication a été réalisée en grande majorité chez la souris. Nous avons toutefois déjà publié des indices de sa présence chez l’homme. La seconde étape est d’étudier sa possible implication dans certaines maladies neurolo­ giques, notamment la sclérose en plaques et la maladie d’Alzhei­ mer. Il est beaucoup trop tôt pour parler de potentiel thérapeu­ tique… la route sera encore longue avant que nous puissions y parvenir. Mais il est vrai que cette découverte apporte de nou­ velles bases pour comprendre le déclenchement, le développe­ ment ainsi que la persistance de certaines de ces maladies. © Muhammad Mahdi Karim Deux découvertes récentes témoi­ gnent de la richesse des appro­ches contemporaines de la compréhen­ sion du vivant, normal ou patho­ logique. La première – une lettre publiée dans Nature 1 – pourrait pratiquement être présentée comme une «bombe anatomique». La seconde – publiée dans Journal of Virology 2 – concerne les méca­ nismes d’attaque d’un pathogène émergent. Une bombe anatomique, la lettre publiée par Nature ? Sans doute et à plusieurs égards. C’est aussi la démonstration que le corps humai­n demeure, pour (une veux central et le système lym­ phatique lui laisse néanmoins espé­rer des avancées dans le domai­ne des maladies neuro­ dégénératives (sclérose en plaques, maladie d’Alzheimer) ou dans celu­i des syndromes autistiques. «Le plus important reste à décou­ vrir» dit-il. Nous avons, pour la Revue Médicale Suisse, demandé quelques précisions à Antoine Louveau. bonne) partie à découvrir. La vul­ garisation (avec schéma éclairant) de cette découverte est disponible sur le site mental floss.3 Le premier signataire de ce travail est un chercheur français, Antoine Louvea­u, post-doctorant à l’Uni­ versité de Virginie dans l’équipe du Pr Jonathan Kipnis. Cette décou­verte a quelque chose de proprement renversant. C’est l’équivalent, dit le site mental floss, de tomber sur une licorne vivante. C’est, pour le dire plus prosaïque­ ment, une nouvelle configuration neuro-immunologique, un chaî­ non entre deux mondes que l’on tenait pour ne pas communiquer, du moins pas aussi directement : le système lymphatique fait corps 1462 46_47.indd 1 l’extérieur et non emprisonné, muré, derrière l’antique barrière hémato-encéphalique. Jonathan Kipnis ne cache pas son enthou­ siasme. «Nous pensions que ceci n’existait pas, ne pouvait exister dans le cerveau, confie-t-il. Lorsque nous avons vu ce résul­ tat, j’ai complètement flippé…». Il dit aussi qu’il faut raison garder, que le cerveau humain est beau­ coup plus complexe que le cer­ veau de la souris (sur lequel ces premières observations ont été faites) et qu’il reste bien du travail avant de tirer la substantifique moelle scientifique et thérapeu­ tique de cette découverte. L’exis­ tence, démontrée, d’une connexion entre le système ner­ Lesquelles ? Notamment via une structure dénom­mée la plaque cribriforme, situ­ée en amont des bulbes olfac­ tifs cérébraux où le liquide céphalo­rachi­dien atteint le réseau lymphatique de la cavité nasale. Jusqu’ici, cette voie était perçue comme étant celle du drainage du liquide cépha­lorachidien vers le système immunitaire. Comment avez-vous été mis sur cette piste ? Où a été le déclic ? La découverte de ce réseau lym­ phatique a été fortuite. Notre objec­tif premier était d’étudier les voies de circulation des cellules du système immunitaire au sein des méninges. Et c’est via l’étude de la localisation des cellules lym­ phocytaires T que nous avons décou­vert ce réseau de vaisseaux. Ceux qui ne font pas profession de virologue ne connaissent pas (encore) le «virus zika». Ce patho­ gène doit son nom à celui d’une forêt d’Ouganda où il a été identi­ fié pour la première fois en 1947. Présent dans les régions tropi­ cales d’Asie et d’Afrique, il a été, en 2007, à l’origine d’une épidé­ mie massive en Micronésie. Il est, depuis, considéré comme «un viru­s émergent» au même titre que ceux de la dengue et du chikungunya. Depuis l’épidémie de 2007, il a sévi en Polynésie à la fin de 2013 (55 000 personnes infec­tées) et atteint aujourd’hui le Brésil. Les spécialistes redoutent son passage à plus ou moins brève échéance dans les Antilles (notam­ ment françaises). Un groupe franco-thaïlandais vient pour la première fois de décri­re comment ce virus infecte l’homme (suite à une piqûre de moustique) puis comment il se propage chez le malade. Ce tra­ vail vient d’être publié dans Jour- Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 15 juillet 2015 13.07.15 10:28 Surveillance des caisses : un projet très critiqué L’ordonnance sur la surveillance de l’assurance-maladie est vivement cri­ tiquée en consultation. (…) Pour l’organisation faîtière des assureurs santésuisse, le projet d’ordonnance est illégal et restreint fortement la marge de manœuvre des as­sureurs. Santésuisse se demande s’il ne s’agit pas d’introduire la caisse unique par la petite porte. Les surcoûts de cette surréglementation sans valeur ajoutée devront être assumés par les assurés. Le principe d’une meilleure surveillance est salué, écrit santésuisse. Les modifications nécessaires auraient toutefois dû figurer dans la loi sur l’assurance-maladie. On aurait ainsi pu renoncer à une loi supplémentaire sur la surveillance. Celle-ci péjore la solvabilité des assureurs, car les réserves maximales seraient fixées à un niveau beaucoup plus bas qu’actuellement. Les assureurs-maladie regroupés au sein de curafutura (dont la CSS, Helsana, Sanitas et KPT) abondent dans le même sens : le projet d’ordonnance est disproportionné, non conforme à la loi et bureaucratique. Au lieu d’intervenir en cas de besoin, on limite inutilement la liberté d’entreprise des assureurs. Le résultat fait penser à la caisse uni­ que, qui prévoyait des agences cantonales ou régionales sous gérance centrale et qui a nettement échoué en votation populaire en septembre 2014. (…) Pour l’association faîtière des médecins FMH, le projet d’ordonnance est une affaire très technique basée sur une loi déjà elle-même complexe. Le risque est grand de gonfler l’administration et de collecter inutilement des données. Enfin, les coûts démesurés de sa mise sur pied se- recours à l’autophagie : un méca­ nisme qui consiste en la dégrada­ tion partielle du cytoplasme par la cellule elle-même. Ce phéno­ mène entraîne à terme une apop­ tose cellulaire (mort par éclatement favorisant la dissémination du pathogène). L’équipe a aussi iden­ tifié le récepteur cellulaire qui permet l’entrée du virus dans les fibroblastes : la protéine «AXL». L’efficacité des anticorps contre cette protéine a été vérifiée, de même que celle de petits ARN­ silencing – qui «éteignent» les gènes-cibles. L’ensemble de ces travaux (une première quant à la biologie du raient sans doute à la charge des assurés. La FMH se demande s’il est nécessaire de maintenir le plafond de réserves à 200% ou si un pourcentage moindre ne serait pas suffisant. (…) Pour la Fédération romande des con­sommateurs (FRC), les dispositions du projet d’ordonnance n’écar­ tent ni le risque de primes payées en trop, ni celui des réserves excessives. La séparation entre assurance de base et complémentaires privées n’est pas garantie non plus, estimet-elle. Un plafond de réserves fixé à 200% est une porte ouverte à la constitution de nouvelles réserves excessives, dénonce la FRC, qui rappelle que, contrairement au 2e pilier, l’assurance-maladie sociale est un système de redistribution et non de capitalisation. L’ ordonnance est indispensable et il est urgent de la mettre en œuvre, estime la FRC. Mais pour qu’elle soit réellement efficace, elle doit être expurgée de tous les éléments l’empêchant d’atteindre ses objectifs : soit une meilleure surveillance, des pri­ mes justes et la transparence. (…) une femme qui désire connaître les risques de trisomie de son bébé peut effectuer une série d’examens. Tout d’abord, elle procède à un test dit «du premier trimestre» : une échogra­ phie et un test hormonal qui, combinés à l’âge de la future mère, permet­ tent d’établir un risque de trisomie du fœtus. Si celui-ci est supérieur à 1/380, on propose alors une amniocentèse. (…) Le DPNI, effectué après le premier test, permet de préciser les résultats et d’éviter l’amniocentèse, lorsque c’est possible. «On estime que 98% des femmes qui ont un risque élevé de trisomie au premier test – supérieur à 1/1000 – seront négatives au DPNI», précise Yvan Vial, médecinchef du Service d’obstétrique du CHUV à Lausanne. Ces cas de «faux positifs», identifiés ensuite par le DPNI, évitent aux femmes concernées le risque d’une éventuelle fausse couche avec l’amniocentèse. (…) «La décision de l’OFSP permet de rétablir une situation juste en mettant fin à un système à deux vitesses avec ceux qui peuvent se payer un DPNI et ceux qui ne peuvent pas», commente Ariane Giacobino, médecin adjointe du Service de médecine génétique aux Hôpitaux universitaires de Genève, qui y suit des patients atteints de trisomie 21. «Ce test et son remboursement sont une bonne Eduard Mader Le Courrier du 7 juillet 2015 Trisomie : test sanguin remboursé Les tests sanguins de dépistage pré­ natal non invasif (DPNI) des trisomies 13, 18 et 21 chez le fœtus seront remboursés par l’assurance maladie de base à partir du 15 juillet 2015. (…) Le DPNI permet, par une simple prise de sang, de détecter efficacement des anomalies dans les chromoso­ mes 13, 18 et 21 de l’ADN du fœtus. Sur le marché depuis deux ans, il coûte entre 950 et 1350 francs. Ce test ADN s’inscrit dans une procédure bien définie dans laquelle Vicques (JU) A louer surface commerciale de 180 m2 Jean-Yves Nau [email protected] 1 Louveau A, Smirnov I, Keyes TJ, et al. Structural and functional features of central nervous system lymphatic vessels. Nature 2015 ; epub ahead of print. 2 Hamel R, Dejarnac O, Wichit S, et al. Bio­ logy of zika virus infection in human skin cells. J Virol 2015 ; epub ahead of print. 3http://mentalfloss.com/article/65435/ scientists-discover-new-part-humanbody chose. Mais les familles des patients trisomiques s’inquiètent que l’on arrive à un point où il n’y aura plus de naissances d’enfants avec trisomie, tempère-t-elle. Est-ce que leurs enfants, une fois adultes, seront alors aussi bien intégrés dans la société ? (…) Pour Samia Hurst, éthicienne à l’Université de Genève, la situation n’est pas celle d’une «politique eugénique» : «Il y aurait un souci d’eugénisme si les couples n’avaient pas la liberté de choisir de faire le dépistage de la trisomie 21. Mais ce n’est pas le cas, ils gardent la liberté de faire le test de premier trimestre ou non, puis un DPNI s’ils le veulent. Le choix sera plus sûr et moins risqué.» L’ éthicienne souligne donc qu’«il est important que les couples soient bien informés des conséquences de leur choix déjà avant la première échographie, en amont de toutes les démarches.» Un avis que partage Ariane Giacobino : «Il est nécessaire d’informer les couples sur la prise en charge actuelle des personnes trisomiques, qui s’est beaucoup améliorée.» (…) Aurélie Coulon Le Temps du 8 juillet 2015 Dans cabinet de psychothérapeute FSP Rue des Eaux-Vives (cabinet médical actuel) pour cabinet de médecin, bureaux ou autre, plain-pied, arrêt de bus à proximité, places de parc à disposition Pour avril 2016 ou date à convenir Tél. 079 379 62 53 virus zika) ouvre des pistes pour l’identification de cibles thérapeu­ tiques et l’élaboration d’un traite­ ment, aujourd’hui inexistant. pièce de 14 m2 à louer Libre à partir de mi-août ou à convenir Loyer CHF 800.– Contact : 022 700 41 10 ou [email protected] Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 15 juillet 2015 46_47.indd 2 1007499 revue de presse toire l’infection, ils ont inoculé un isolat du virus zika (collecté lors de l’épidémie 2013 en Polynésie française) à trois types de cellules de peau humaine : les kératino­ cytes (qui se trouvent dans l’épi­ derme), les fibroblastes et les cel­ lules dendritiques (situées dans le derme). On sait que ces dernières sont des cellules immunitaires qui jouent un rôle clé dans la fabrica­ tion des anticorps spécifiques. En 72 heures, la totalité des fibro­ blastes étaient infectés, les autres cellules étant également touchées, notamment les kératinocytes. L’imagerie électronique a montré que pour se répliquer, ce virus a 1007494 nal of Virology. Il a été mené par des chercheurs de l’Institut de recher­ches pour le développement (IRD), de l’Inserm, de l’Institut Pasteur et leurs partenaires thaï­ landais (Mahidol University, Bangkok ; Prince of Songkla Uni­ versity, Songkla). On sait que le virus zika est trans­ mis par les moustiques Aedes aegyp­ti et Aedes albopictus . «Lors­ que l’insecte pique un humain, sa pièce buccale tâtonne à la recher­ che d’un vaisseau sanguin, résu­ ment les chercheurs. Ce faisant, elle dépose des particules virales dans l’épiderme et le derme de la victime.» Pour simuler en labora­ 1463 13.07.15 10:28