circonstance, lorsqu'il exultait d'avoir achevé la terre. " Le Verbe divin préexistait donc à tout et s'est
manifesté à quelques-uns, sinon à tous : voilà ce que nous avons exposé brièvement.
Pourquoi donc n'a-t-il pas été prêché autrefois parmi toutes les nations et à tous les hommes, comme il l'est
maintenant ? Il me reste à le dire : les hommes d'autrefois n'étaient pas capables de comprendre
l'enseignement tout sage et tout vertueux du Christ. Dès le commencement en effet, aussitôt après sa
première vie dans le bonheur, le premier homme passa outre le commandement divin, tomba dans cette
existence mortelle et périssable et reçut en échange des délices divines d'autrefois, cette terre maudite.
Quant à ses descendants, ils remplirent toute notre terre, et sauf un ou deux se montrèrent beaucoup plus
méchants que lui, s'adonnant à des mœurs bestiales et à une vie déréglée. Ils ne pensaient ni aux cités, ni
aux gouvernements, ni aux arts, ni aux sciences. Les lois, la justice, bien plus, la vertu et la philosophie leur
étaient inconnues même de nom. Ils menaient une vie nomade, dans les déserts, comme des bêtes
sauvages et féroces. La raison qu'ils tenaient de la nature, les semences d'intelligence et de douceur que
possède l'âme humaine, ils les corrompaient par l'excès d'une méchanceté librement voulue; ils se livraient
tout entiers eux-mêmes à toutes sortes d'œuvres criminelles, se corrompant mutuellement, se tuant les uns
les autres, se livrant à l'anthropophagie, osant même entreprendre des combats contre Dieu et ces guerres
de géants bien connues de tous, et méditant de fortifier la terre contre le ciel : la folie d'un esprit insensé les
poussait même à combattre Celui qui est au-dessus de tout. Sur ces hommes qui se conduisaient de la
sorte, Dieu qui surveille toutes choses envoya des déluges d'eaux, des torrents de feu comme sur une forêt
sauvage répandue dans la terre entière; il les extermina par des famines continuelles, des pestes, des
guerres, des jets de foudre : Il retenait pour des châtiments plus durs une maladie des âmes, terrible et très
pernicieuse. Alors donc, tandis que la torpeur de la méchanceté était répandue sur tous ou à peu près,
semblable à une terrible ivresse qui aurait obscurci et enténébré les âmes de presque tous les hommes, la
Sagesse de Dieu, sa première-née et sa première créature, le Verbe préexistant lui-même, par un excès
d'amour pour les hommes, se manifesta aux êtres inférieurs, tantôt par l'apparition d'anges, tantôt
directement comme pouvait le faire une puissance salvatrice de Dieu, à un ou deux des anciens amis de Dieu
: il prit alors une forme humaine, car il ne pouvait faire autrement pour eux. Quand déjà les semences de la
religion eurent été jetées par eux dans la foule des hommes et que, sur la terre, toute la nation qui descend
des anciens Hébreux se fut ralliée à la religion, Dieu donna à cette dernière, par l'intermédiaire du prophète
Moïse, comme à des multitudes encore engagées dans les anciennes conduites, des images et des
symboles d'un sabbat mystique, les initiations de la circoncision et d'autres observances intelligibles, mais
non l'intelligence même de ces mystères cachés. Lorsque la législation promulguée chez les Juifs fut
prêchée et répandue chez tous les hommes comme un parfum d'agréable odeur, alors, grâce aux Juifs, la
plupart des peuples eurent leurs pensées adoucies par des législateurs et des philosophes; ils changèrent en
douceur leurs coutumes sauvages et féroces, de manière à faire naître une paix profonde faite d'amitié et de
bons rapports réciproques; alors, tous les autres hommes, toutes les nations de la terre furent ainsi
préparées et dûment capables de recevoir la connaissance du Père. Alors de nouveau, le maître des vertus,
l'auxiliaire du Père dans tous les biens, le Verbe divin et céleste de Dieu, se manifesta lui-même par le
moyen d'un homme qui ne différait en rien de notre nature quant à l'essence du corps, au temps où
commençait l'empire romain. Il accomplit et souffrit ce qui était conforme aux prophéties selon lesquelles un
homme de Dieu viendrait en cette vie pour faire des œuvres étonnantes et pour enseigner à toutes les nations
la piété à l'égard du Père; elles avaient également annoncé le prodige de sa naissance, son enseignement
nouveau, les merveilles de ses œuvres, et de plus le genre de sa mort, sa résurrection d'entre les morts et
surtout sa divine restauration dans les cieux.
Ce règne final du Verbe, le prophète Daniel, inspiré par l'Esprit divin, l'avait déjà annoncé en décrivant d'une