b. Selon les registres européens
(figure 5)
Parmi les pays européens pour lesquels on dispose de
données d’incidence, la France est un pays à faible risque de
cancer de l’estomac avec le Danemark, la Suède et la Suisse.
Les pays européens qui présentent les taux les plus élevés
sont les pays du sud de l’Europe, Italie et Espagne, où les taux
d’incidence sont supérieurs à 25 chez l’homme et 10 chez la
femme, et surtout les pays de l’est de l’Europe dans lesquels
les taux d’incidence peuvent être supérieurs à 50 chez
l’homme.
Commentaires
Les taux d’incidence du cancer de l’estomac en France, un
peu inférieurs à la moyenne des taux d’incidence observés en
Europe, sont tout à fait comparables aux taux observés en
Amérique du nord, en Océanie et en Afrique. En revanche, ils
sont nettement moins élevés que les taux observés en
Amérique du sud et les taux observés en Chine.
La baisse de l’incidence observée en France est du même
ordre que celle observée dans la grande majorité des pays
industrialisés. Classiquement, cette modification de
l’incidence est rapportée à une modification du comportement
alimentaire. En particulier, la disparition progressive de
l’utilisation du sel dans les procédés de conservation des
aliments et l’augmentation de la consommation de légumes et
de fruits, maintenant disponibles toute l’année, jouent
certainement un rôle important dans la décroissance du risque
de cancer de l’estomac. Les études des registres qui ont pris
en compte les sous-localisations cancéreuses ont montré que
cette baisse de l’incidence est essentiellement due à la baisse
des localisations antro-pyloriques alors que les cancers du
cardia, de manière parallèle aux adénocarcinomes du bas-
œsophage, auraient plutôt tendance à augmenter (1-5).
Le fait que les taux de mortalité baissent encore plus vite que
les taux d’incidence laisse à penser que, parallèlement à la
diminution du risque de cancer de l’estomac, il y a eu ces
vingt dernières années une amélioration des conditions de la
prise en charge diagnostique et thérapeutique de ce cancer
en France. Lors de la première étude EUROCARE, qui
analysait les données de survie des cancers en Europe
pendant la période de diagnostic 1978-1985, la survie relative
des cancers de l’estomac en France était supérieure à celle
observée en moyenne en Europe, chez les hommes comme
chez les femmes (6). Lors de la deuxième étude EUROCARE,
portant sur les cancers diagnostiqués entre 1985 et 1989, la
survie relative en France avait encore augmenté pour
atteindre chez les hommes 45 % à un an et 25 % à cinq ans,
les valeurs correspondantes chez les femmes étaient
respectivement de 51 % et de 26 % (7). Il conviendrait de
mener une étude rétrospective sur une base de population
pour déterminer si cette amélioration de la survie, qui peut
expliquer en partie la baisse plus importante du taux de
mortalité par rapport au taux d’incidence, est due à une
amélioration des conditions de diagnostic, à une amélioration
du traitement chirurgical ou à une amélioration du traitement
médical.
Références
1. Harrison SL, Goldacre MJ, Seagroatt V. Trends in
registered incidence of oesophageal and stomach cancer
in the Oxford region, 1974-88. Eur J Cancer Prev 1992;
1(3): 271-4.
2. Pera M, Cameron AJ, Trastek VF, Carpenter HA,
Zinsmeister AR. Increasing incidence of adenocarcinoma
of the esophagus and esophagogastric junction.
Gastroenterology 1993; 104(2): 510-3.
3. Powell J, Mcconkey CC. The rising trend in oesophageal
adenocarcinoma and gastric cardia. Eur J Cancer Prev
1992; 1(3): 265-9.
4. Arsene D, Chomontowski J, Pottier D, Rougereau A,
Launoy G, Gignoux M. [Epidemiology and prognosis of
gastric carcinomas at the province of Calvados. A 10-year
study]. Gastroenterol Clin Biol 1995; 19(10): 797-803.
5. Thomas RJ, Lade S, Giles GG, Thursfield V. Incidence
trends in oesophageal and proximal gastric carcinoma in
Victoria. Aust.N Z.J Surg 1996; 66(5): 271-5.
6. Berrino, F., Sant, M., Verdecchia, A. et al., editors.
Survival of Cancer Patients in Europe: The EUROCARE
study. Lyon: I.A.R.C Scientific publications. 1995; N°132.
7. Berrino, F., Capocaccia, R., Estève, J. et al. Survival of
Cancer Patients in Europe: the EUROCARE-2 Study. Lyon:
IARC Scientific Publication. 1999; N° 151.
Estomac
Évolution de l’incidence et de la mortalité par cancer en France de 1978 à 2000
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