Problème :
Comment expliquer la disparition de plus de 60% d’espèces en pleine
expansion (dinosaures, ammonites…) en une durée brève et simultanément sur
toute la planète ?
La cause de l’extinction est forcément une catastrophe à l’échelle du globe. Deux
théories seront exposées et confrontées : un impact d’un astéroïde (A) et un
volcanisme paroxysmique (B).
A : Les Une cause d’origine extra-terrestre : un impact météoritique
(Alvarez et Asaro)
•
Fait 1 : Durée très brève des extinctions (1000 ans environ)
L’estimation de la durée de la crise peut être réalisée sur une colonne
stratigraphique entre le Maastrichtien et le Danien. L’extinction est donc
instantanée à l’échelle des temps géologiques. Cette durée est bien sûr
compatible avec une cause brutale de type catastrophe…Laquelle ?
•
Fait 2 : Teneur en iridium de la couche d’argile
- La couche limite est riche en argile car elle correspond à une brutale
baisse du taux de calcaire ce qui correspond à la disparition d’organismes à
coquille calcaire comme les foraminifères et les Coccolithophoridées.
- L’argile est riche en iridium : on y mesure un pic de 10 ppm. Sachant que la
teneur de la croûte terrestre en iridium est de 0,03 ppm et celle d’une
météorite de 500 ppm, seul un objet extra-terrestre peut être à l’origine de
ce pic…
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Fait 3 : Présence à l’échelle du globe de débris d’impact :
- Quartz choqués : ce sont des grains de quartz de la croûte continentale.
Ils présentent des déformations lamellaires caractéristiques d’une collision
avec un objet lourd et rapide.
- Sphérules basaltiques : ce sont des particules de croûte océanique fondue
et déformées par une trajectoire balistique dans l’atmosphère (forme de
gouttelette).
- Magnétites nickélifères : ce sont des particules provenant de la fusion d’un
matériel riche en Nickel dans une atmosphère oxydante. Seules les
météorites contiennent suffisamment de Nickel pour en être à l’origine.
- Acides aminés exotiques, comme l’isovaline, ne pouvant provenir que du
cosmos car ils n’existent pas sur Terre…
BILAN : La répartition mondiale de ces débris et de la couche d’argile à iridium
suggère l’existence d’un impact gigantesque au moment de la crise KT. On estime
alors à 10 Km le diamètre de la météorite, 10 Km/sec sa vitesse et 10
8
mégatonnes
sa puissance (10
5
fois plus qu’une bombe H). Le cratère doit mesurer 150 Km environ
et se situe entre la croûte continentale (quartz choqué) et la croûte océanique
(basaltes). Pourtant en 1993 on ne l’a toujours pas identifié.
•
Fait 4 : Découverte du cratère de l’impact au Yucatan
Identifié pour la première fois grâce à une étude gravimétrique, le cratère
est visible grâce aux nombreuses traces de raz-de-marée et quartz choqués
datant tous de 65 Ma.
B : Une cause d’origine intra-terrestre : une gigantesque série d’éruptions
volcaniques (Courtillot)
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Fait 1 : Durée des extinctions pas si brèves que ça !
- L’âge d’une roche n’est connue qu’à + 100.000 ans près.
- L’âge de la couche d’argile en iridium n’est pas constante à l’échelle du
globe (ce qui est très discuté actuellement).
- Certains paléontologues estiment que les extinctions se sont étalées sur un
peu moins d’un millions d’années (400.000 ans avant et 300.000 ans après).
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Fait 2 : restes de coulée de lave gigantesque au Deccan (Indes)
- 2.400 mètres de coulées en escaliers (trapps en hollandais), soit 2.106
Km3 de lave, se sont déposés il y a 65 Ma en 500.000 ans environ en Indes.
On remarque que chaque phase paroxysmale du volcanisme correspond aux
grandes phases d’extinction déterminées par les paléontologues.
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Fait 3 : traces d’éruption dans la couche d’argile
- Quartz choqués et sphérules peuvent être associés au volcanisme. L’iridium
également car une météorite ayant la même composition chimique moyenne
de la Terre, les laves du manteau terrestre sont naturellement riches en
iridium...
En revanche les magnétites nickélifères et les acides aminés exotiques de la
couche d’argile ne peuvent provenir d’une éruption.