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RESUME
L’intérêt des forêts tropicales dans les négociations internationales sur le climat est lié à leur
biodiversité et leur capacité de séquestration et de stockage de carbone. Le mécanisme
REDD+ initié en Côte d’Ivoire nécessite la connaissance du potentiel de stockage de carbone
par les forêts. Le Parc National de Taï, réserve de Biosphère et Patrimoine Naturel Mondial
de l’UNESCO est la plus grande aire protégée de l’Afrique de l’ouest couvrant 536000 ha et
le dernier vestige de forêt primaire dense humide. Cependant, la capacité de séquestration et
de stockage du carbone de ce vaste massif forestier reste inconnue. L’objectif de cette étude
est de contribuer à une meilleure connaissance du parc par une estimation du potentiel de
stockage de carbone de la biomasse ligneuse aérienne dans trois écosystèmes du massif de Taï
dont l’un a été modifié par les activités anthropiques. Une méthodologie articulée autour de
deux axes principaux a été adoptée. D’une part, les entretiens socio-économiques avec les
populations riveraines ont permis de connaître les facteurs de déforestation et de dégradation
des ressources du parc ainsi que le type de relations que les riverains entretiennent avec le
parc et avec les gestionnaires. D’autre part, un inventaire floristique basé sur les placettes et
une évaluation de biomasse ont été réalisés. Toutes les espèces à DHP supérieur à 10 cm dans
les placettes forestières et à 5 cm dans les plantations cacaoyères ont été identifiées et
mesurées. Les résultats de l’étude révèlent que les deux principaux facteurs de déforestation et
de dégradation du PNT sont les défrichements et l’orpaillage. Les populations dépendent pour
beaucoup de la présence du parc. La qualité des relations entre populations et gestionnaires
sont à améliorer pour favoriser une implication et une participation entière des premières. Par
ailleurs, les résultats montrent que le parc est très diversifié mais cette diversité biodiversité
baisse énormément quand on passe des écosystèmes forestiers aux plantations pures de la
ZOC. En outre, le stock de carbone séquestré chute de 174 à 45 voire 41 tonnes de carbone à
l’hectare lié à la perte de la biomasse ligneuse. Les perturbations anthropiques des
écosystèmes forestiers ont eu des impacts négatifs majeurs sur la biodiversité et la capacité de
stockage du carbone du PNT. La mise en œuvre du projet REDD+ à Taï et la gestion durable
du PNT nécessite d’agir sur les leviers de la déforestation à travers une sensibilisation, une
adhésion et une participation entière des populations locales au processus tout en leur offrant
des alternatives durables aux agressions qu’elles portent au parc.
Mots clés : Diversité floristique, écosystème forestier, stock de carbone, mécanisme REDD+.
Parc National de Taï, Côte d’Ivoire.