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SUJET D’ÉTUDE : ACTEURS, FLUX ET RÉSEAUX DE LA MONDIALISATION
Un lieu de la mondialisation, le port de commerce de Naples
Ce travail a été conçu et réalisé en 2010-2011 par Annie Lafon (PLP au lycée E. Delacroix,
Drancy) et Sébastien Masse (PLP au LP A. Costes, Bobigny) dans le cadre du groupe de
réflexion sur l’enseignement de l’histoire-géographie-éducation civique en lycée professionnel de
l’académie de Créteil. Durant l’année 2010-2011, ce groupe de travail réunissait également C.
Basile, P. Bertranne, A. Brélivet, A. Foliot, C. Glaymann, C. Jacquelin, F. Jiquel, F. Milleville, S.
Perrin et A. Vesta.
Cette proposition de travail peut constituer une séance introductive au premier sujet d’étude de
géographie en classe de Première Baccalauréat professionnel (Acteurs, flux, réseaux de la
mondialisation)
Bien évidemment, elle ne vise pas à traiter ce sujet d’étude dans son intégralité ; elle ne se
substitue pas non plus aux situations énoncées dans le programme.
Cette séance doit permettre aux élèves d’appréhender quelques caractéristiques et enjeux
fondamentaux de la mondialisation à partir de la description littéraire d’un lieu : le port de
commerce de Naples.
Elle doit également leur permettre de comprendre que la réflexion géographique, le vocabulaire et
les outils disciplinaires qu’elle propose constituent un vecteur pertinent de compréhension et de
connaissance du monde contemporain et de ses territoires.
En tentant de saisir le phénomène de la mondialisation à partir d’une étude menée à l’échelle
locale, il sagit non seulement dancrer le travail dans la réalité concrète d’un espace mais surtout
de saisir la dynamique même de la mondialisation qui « intègre les économies et les territoires
dans un système planétaire ».
Le choix dun texte littéraire permet également de mener un travail en relation avec le programme
de lettres (voir ci-dessous, étape 2).
Présentation du travail
p. 1 à 4
Annexes :
p 5 à 16
- Annexe 1a : incipit du texte de Roberto Saviano p. 5
- Annexe 1b : incipit du texte avec mention des indices relevés p. 6
- Annexe 2 : intégralité du texte de Roberto Saviano p. 7 à 9
- Annexe 3a : document-support pour l’étude du texte p. 10 et 11
- Annexe 3b : document-support avec relevés des indices textuels p. 12 et 13
- Annexe 4 : éléments de vocabulaire pour décrire un port de commerce p. 14
- Annexe 5 : production-élève : croquis de synthèse p. 15
- Annexe 6 : photographie du port de Naples p. 16
- Annexe 7 : photographie satellitaire du port de Naples
p. 16
Document : Roberto Saviano, Gomorra - Dans l'empire de la camorra, Gallimard, Folio,
2009, 480 pages, p. 15 à 23.
Quelques problématiques possibles :
- Que se passe-t-il dans le port de Naples ?
- Le port de Naples est-il un lieu de la mondialisation ?
-
Quels aspects de la mondialisation révèle le port Naples ?
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Etape 1 : Etude de l’incipit
L’incipit (annexe 1a) s’apparente à la relation d’un fait divers.
Il invite à mener une investigation à partir de trois questions classiques : Où? Qui ? Quoi ?
Le travail consiste d’abord à relever les indices textuels qui permettent de répondre à ce
questionnement (annexe 1b).
Cette étape peut être complétée par des documents iconographiques et/ou par de rapides
recherches individuelles permettant d’emblée de préciser et de visualiser certains termes,
notamment ceux relatifs au territoire décrit : un port de commerce (annexe 4 par exemple).
Puis, il s’agit de résumer oralement ce fait divers en mobilisant lexique et notions relevant du
champ géographique (port de commerce, marchandises, Europe, Asie, migration du travail,
migration clandestine, mondialisation). L’étude de cet incipit est donc aussi l’occasion, pour les
élèves, d’appréhender un vocabulaire disciplinaire, d’apprendre à l’employer de façon pertinente,
de saisir l’intérêt et l’importance de nommer les choses de manière géographique. Dans la mesure
du possible, on s’appuiera ici sur les pré-acquis du groupe-classe.
Enfin, cet incipit peut trouver un prolongement pertinent dans l’étude d’une des situations relevant
de ce sujet d’étude : les migrations internationales.
Cette seconde phase du travail peut ensuite donner lieu soit à la rédaction d’une trace écrite
commune soit à la production écrite individuelle d’un article de journal relatant ce fait divers. Afin
d’inciter l’élève à mobiliser un lexique géographique, on pourra d’emblée imposer un sous-titre à
cet article, par exemple : « drame de la mondialisation ». L’utilisation pertinente de ce lexique
dans la production écrite sera un critère essentiel d’évaluation.
Etape 2 : Etude de la suite du texte (annexes 2a et 2b)
La longueur du texte et les difficultés lexicales et littéraires qu’il contient peuvent être
chronophages et dissuasives. Afin d’éviter ces problèmes, il est possible :
- de préparer et faciliter le travail effectué en cours par une lecture préalable, individuelle et à
domicile.
- d’exploiter la possible bivalence de la séance : un travail sur la langue (le lexique, les
champs lexicaux, la place de l’émetteur et ses interventions, etc.) relève ainsi du champ
disciplinaire des lettres. On remarquera également qu’une des difficultés de ce texte réside
dans le recours à de nombreuses descriptions métaphoriques, connaissance dont
l’acquisition est explicitement au programme de Première Bac Pro.
- enfin, on peut diviser la lecture du texte en deux parties ; l’étude de la seconde pourra être
menée en groupe.
On peut lire une première partie de la suite du texte, allant de la ligne 24 à 108 (« Tout ce qui a été
fabriqué passe par le port de Naples […] ils se mélangeaient dans mon esprit. »)
Cette partie s’achève par un paragraphe dans lequel le narrateur avoue sa difficulté à
appréhender et comprendre la réalité de ce lieu et de ce qui s’y passe. Ce sentiment et son
expression sont d’ailleurs récurrents dans ce texte. L’identification du lecteur au narrateur légitime
ainsi le travail à mener sur ce texte.
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Dès lors, l’enjeu est d’essayer de comprendre ce qui se passe à Naples. Pour cela, il s’agit
d’abord de reprendre, en l’enrichissant et en le complexifiant, le questionnement mis en place
pour l’étude de l’incipit. L’annexe 3a reprend ce questionnement initial : ce document-élève, une
fois complété (annexe 3b), constituera la trace écrite du travail effectué.
Plus largement, il s’agit ici de définir et faire comprendre aux élèves la méthode d’analyse d’une
situation, quelle qu’elle soit, et les champs de questionnement qu’elle induit : localisation,
éventuellement multiscalaire, distinguant les lieux de provenance des lieux de transit et de
destination (Où ? D’où ? Vers ? Par où ?), identification et catégorisation des acteurs (Qui ?),
des actions et des procédés (Quoi ? Comment ?).
Le travail à mener ici est un moment de réflexion essentiel : ce questionnement, qui termine le
travail géographique à mener sur le texte, ne saurait donc être donné aux élèves, il est à
déterminer et à formuler avec eux.
Cette compétence, dont la transversalité va bien au-delà du seul champ géographique, s’ordonne
ici selon une finalité déterminée : comprendre ce qui se passe à Naples, c’est d’abord étudier ce
qui y passe et comment cela y passe ; c’est ainsi comprendre l’échange et la manière dont il
s’organise ; c’est donc appréhender la notion de flux.
La recherche des indices est menée en groupes, le champ de recherche de chaque groupe étant
circonscrit à un questionnement précis (première colonne du tableau – annexe 3a)
Afin d’éviter aux élèves un fastidieux travail de recopiage des informations, il est préférable de
demander un relevé direct sur le texte en adoptant un code-couleurs identique à celui utilisé dans
l’incipit.
Ensuite, les relevés effectués par chaque groupe sont mis en commun et pris en notes par les
élèves (annexe 3b, colonne indices textuels relevés). Cette étape donne également lieu à un
classement de ces indices tel qu’il apparaît dans la mise en page des informations de cette même
colonne.
La dernière colonne est le produit d’un travail de conceptualisation, de synthèse et de
reformulation. De par la réflexion géographique et la mobilisation de savoirs disciplinaires qu’elle
nécessite, cette dernière étape de la séance est menée sous la direction et le contrôle de
l’enseignant. L’apport de connaissances sous une forme magistrale ne doit pas être écarté, si cela
s’avère nécessaire,
À cette trace écrite pourra s’ajouter la réalisation d’un croquis ou d’une carte à compléter
(exemple d’une production élève en annexe 5) : tout en travaillant sur quelques figurés essentiels
(représenter un mouvement, un flux ; figurer un espace, etc.), on proposera ainsi aux élèves un
autre vecteur de mémorisation.
Enfin, on pourra éventuellement étudier plus spécifiquement le passage de la ligne 91 à 97 Il
serait intéressant […] qu’aucun être humain n’aura jamais ») qui permet de préciser les notions de
mondialisation, de libre-échange et de division internationale du travail.
Etape 3 : mise en perspective
Afin d’éviter une étude centrée exclusivement sur Naples et limitée à un texte littéraire, il est
souhaitable de prolonger le travail par l’étude de documents d’autre nature permettant de replacer
le phénomène de mondialisation à l’échelle internationale.
En particulier, on pourra étudier une carte des principaux ports à conteneurs du monde ainsi
qu’une carte des échanges commerciaux dans le monde, afin de localiser et d’identifier pôles, flux
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et seaux. Ces documents sont aisément consultables dans de nombreuses publications ainsi
que dans des manuels. D’autres ressources proposées sont également susceptibles de prolonger
et de compléter le travail mené :
- une photographie du port de Naples : celle proposée à titre d’exemple en annexe 6 permet de
visualiser immédiatement et facilement la rupture de charge. Au-delà de la simple illustration du
texte étudié, l’image permet ici de réinvestir rapidement le lexique disciplinaire appréhendé
dans cette séance.
- une photographie satellitaire du port de Naples (annexe 7) : il s’agit ici d’une capture d’écran
extrait du site www.marinetraffic.com, dont l’intérêt et le possible usage en cours vont bien au-
delà de cette seule image. Ce site propose en effet, gratuitement et en temps réel, une
cartographie des mouvements des navires dans le monde entier. Les fonctionnalités du site
permettent également de visualiser ces informations à l’échelle mondiale comme à l’échelle
locale et d’identifier le type de navire localisé (navires de plaisance, cargos, navires de pêche,
etc.).
Le site, sa consultation et son usage, permettent ainsi aux élèves d’appréhender un aspect de
la mondialisation de façon active, simple et attractive.
Plus spécifiquement, une rapide consultation comparative des mouvements de navires dans la
baie napolitaine et dans tout autre port de commerce majeur permettra aux élèves de saisir
que, si Naples est un lieu de la mondialisation, il n’est cependant pas l’un des plus importants.
Enfin, on trouvera une présentation précise de ce site dans le numéro 104 de la revue
Mappemonde, consultable en ligne, (http://mappemonde.mgm.fr/num32/internet/int11401.html)
ainsi que d’utiles captures d’écrans des principaux ports, routes et détroits.
- deux extraits de la série américaine The wire (2003), dont la deuxième saison se concentre sur
le port de commerce de Baltimore.
Le premier extrait (saison 2, épisode 1, de 53’ 40’’ à la fin de l’épisode) montre une situation
proche de celle évoquée dans l’incipit : la découverte, par les autorités portuaires, de cadavres
d’immigrés clandestins dans un conteneur à quai.
Le seconde extrait (saison 2, épisode 3, de 42’ à 44’15’’) permet de répondre de façon simple
et rapide à une incompréhension récurrente et légitime des élèves à la lecture du texte de
Roberto Saviano : comment un conteneur entier peut-il disparaître ? comment sa marchandise
peut-elle être dérobée ?
Conclusion
Le texte fournit deux passages facilitant une transition vers une deuxième séance consacrée à
une des situations proposées dans les programmes : le circuit mondial d’un produit.
Lun est un constat : « 70 % du volume des exportations de textile chinois transitent par le seul port
de Naples. »
Lautre est une attente : « Il serait intéressant de pouvoir rerer quelque part non seulement le lieu où
les marchandises sont produites, mais aussi le trajet qu'elles suivent pour arriver jusqu'au
consommateur.»
Après avoir étudié un lieu de la mondialisation, la problématisation de ces deux extraits introduit
ainsi à la séance suivante, consacrée à la situation sur le parcours mondial d’un produit.
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Le conteneur oscillait tandis que la grue le transportait jusqu'au bateau. Comme s'il
flottait dans l’air. Le sprider, le canisme qui les reliait, ne parvenait pas à dompter le
mouvement. Soudain, les portes mal fermées s'ouvrirent et des dizaines de corps
tombèrent. On aurait dit des mannequins. Mais lorsqu'ils heurtaient le sol, les tes se
brisaient bien comme des crânes. Car c'étaient des crânes. Des hommes et des femmes
tombaient du conteneur. Quelques adolescents aussi. Morts. Congelés, recroquevillés sur
eux-mêmes, les uns sur les autres. Alignés comme des harengs dans une boîte. Les
Chinois qui ne meurent jamais, les éternels Chinois qui se transmettent leurs papiers d'identité
: voilà ils finissaient. Ces corps dont les imaginations les plus bries prétendaient
qu'ils étaient cuisinés dans les restaurants, enterrés dans les champs près des usines ou
jetés dans le cratère du Vésuve. Ils étaient là et schappaient par dizaines du conteneur, leur
nom inscrit sur un carton attaché autour du cou par une ficelle. Ils avaient tous mis de côté la
somme nécessaire pour se faire enterrer chez eux, en Chine. On retenait une partie de
leur salaire, en échange de laquelle, après leur mort, leur voyage de retour était payé.
Une place dans un conteneur et un trou dans quelque lopin de terre chinois. Quand le
grutier du port m'a raconté cette histoire, il a placé ses mains sur son visage en continuant à
me regarder à travers ses doigts écars, comme si ce masque lui donnait le courage de
poursuivre. Il avait vu s'abattre des corps et n'avait même pas eu besoin de donner l'alarme
ou d'avertir qui que ce soit. Il avait simplement déposé le conteneur au sol et des dizaines de
personnes, sorties de nulle part, avaient remis tous les corps à l'intérieur avant de
nettoyer le quai avec un jet d'eau. C'est ainsi que ça se passait. Il n'arrivait toujours pas à y
croire, il esrait que c'était une hallucination provoquée par un surcrt d'heures
supplémentaires. Il a serré les doigts pour se couvrir complètement le visage et continuer à
parler en pleurnichant, mais je ne comprenais plus ce qu'il me disait.
Où sommes –nous ? Les lieux, leur description
Qui sont les protagonistes ? Les acteurs
Que se passe-t-il ? Le fait divers
Annexe 1a
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