150 - Observatoire Régional de l`Environnement Poitou

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2009 a permis de recenser 76 espèces messicoles sur les
111 recherchées dans notre région. Les espèces non revues
dans le cadre de cet inventaire (près d’un tiers des espèces
messicoles recherchées) sont pour la plupart considérées
comme disparues, car non observées depuis plus de 30 ans
(Poitou-Charentes Nature, 20101).
La portée toxique d’un produit vis-à-vis de la faune
et la flore est appelée écotoxicité. Il est très compliqué
de mesurer l’écotoxicité d’une substance et de ses
sous-produits. Certains produits chimiques peuvent se
recombiner entre eux, cette synergie donnant naissance à
des polluants secondaires plus néfastes que les produits
initiaux. Des résultats de recherche ont cependant montré
que de nombreux produits phytosanitaires sont peu ciblés
(OIEau, 20032) :
• même si la plupart des traitements est appliquée sur
les parties aériennes des plantes, une partie du produit
atteint le sol, où vit la microflore (bactéries, champignons
et algues) et la pédofaune (vers de terre), essentielles
au maintien de la fertilité et sur laquelle ces produits ont
des effets nocifs ;
• les phytosanitaires se révèlent également dangereux
pour les antagonistes des ravageurs ciblés
(compétiteurs, prédateurs et parasites) et provoquent
globalement une diminution des effectifs d’insectes et
autres invertébrés. Cette diminution d’invertébrés n’est
pas sans effet sur les insectivores qui s’en nourrissent
telle l’Outarde canepetière (Tetrax tetrax) fortement
perturbée pendant l’élevage des jeunes ;
• lorsqu’ils ruissellent dans les milieux aquatiques, les
produits phytosanitaires et leurs dégradés peuvent
provoquer des dégâts importants sur l’ensemble de la
faune aquatique, y compris sur les prédateurs (poissons,
mammifères) qui accumulent les substances dans leur
organisme via la chaîne alimentaire.
Une étude du CEMAGREF (2007) sur des poissons,
a également mis en avant le fait que certains polluants
(herbicides, plastifiants, produits de dégradation de
détergents industriels, médicaments) perturbent le
développement sexuel de certaines espèces : les mâles
développent des caractères sexuels féminins et les
femelles pondent moins d’œufs.
Par leurs mises en œuvre, les infrastructures
routières et ferroviaires sont souvent responsables
de pollutions. Leur utilisation est source d’émission de
poussières, d’hydrocarbures, de plomb et de zinc par usure
des pneus et des chaussées, et de monoxyde de carbone
par les carburants. L’ entretien des voies ferrées et des
routes conduit à l’utilisation de produits phytosanitaires,
et le sel de salage des routes contient des traces de
métaux lourds, cause de pollution saisonnière en hiver.
Ces diverses substances polluent et dégradent les milieux
et provoquent souvent la disparition d’espèces.
Bleuet des champs
PRESSIONS
PRESSIONS
Les milieux peuvent également être contaminés lors
d’accident de transports de substances dangereuses.
En Poitou-Charentes, la hausse du transport routier de
matières dangereuses (produits chimiques, explosifs,
hydrocarbures, engrais, etc.) a entraîné une augmentation
du risque d’accident et donc de pollution par ces substances.
Le trafic maritime peut aussi constituer une source de rejets
d’éléments polluants des espaces littoral et marin.
Même si le trafic de matières dangereuses dans
les ports charentais est faible, il existe des risques liés
aux opérations de chargement / déchargement ou au
dégazage des navires. Le naufrage de l’Erika (1999), et
dans une moindre mesure celui du Prestige (2002), ont
provoqué des marées noires, sources de graves pollutions
Chapitre 2 : EFFETS
du littoral charentais.
Certains sites de la région, en particulier sur la côte
atlantique, peuvent aussi être dégradés par les impacts
du tourisme de masse qui accroît considérablement la
production de déchets et de rejets de tous types dans
le milieu naturel, et qui peut aussi augmenter le risque
d’incendie. Ailleurs, la fréquentation par des utilisateurs
de la nature est plus diffuse mais n’ est pas sans impact
sur les milieux naturels.
Notons enfin, que certaines molécules, utilisées
comme médicaments pour les Hommes ou les animaux,
sont rejetées dans le milieu et peuvent constituer des
substances toxiques.
4. La détérioration des ressources naturelles
Une des motivations, quant à la préservation
des milieux naturels, est d’y maintenir la pratique des
activités traditionnelles que sont la chasse, la pêche,
l’exploitation du bois, la cueillette, la constitution de
collections (herbier, collection d’insectes, etc.), etc.
Pour assurer une gestion optimale des stocks
et établir une réglementation appropriée, une bonne
connaissance de l’écologie des espèces est nécessaire.
Ainsi, la définition et le respect de règles d’utilisation
adaptées aux ressources biologiques sont indispensables
pour en assurer une exploitation véritablement durable.
Des prélèvements non adaptés, effectués au sein
des populations ou concernant les éléments physiques
du milieu, comme le sol ou l’eau, peuvent briser l’équilibre
naturel des écosystèmes. Par exemple, les espèces
aquatiques dépendent de la qualité du milieu mais aussi
de la quantité de la ressource en eau. L’augmentation
des assecs, principalement due à l’augmentation des
prélèvements d’eau met ainsi en péril l’ensemble de la vie
aquatique et augmente plus particulièrement la mortalité
piscicole, voire la disparition de populations locales
d’espèces, comme l’écrevisse à pattes blanches, disparue
de certains ruisseaux en Vienne et Deux-Sèvres, ces
dernières années.
De plus, la baisse des débits de cours d’eau engendre
une diminution des apports d’eau douce en zone littorale
et une modification des paramètres physiques des
milieux estuariens. Le développement et la reproduction
des espèces qui y vivent sont alors perturbés. Un tel
phénomène peut avoir de graves répercutions, écologiques
et économiques. L’activité conchylicole est ainsi
dépendante des quantités d’eau douce qui parviennent
au littoral tant pour les éléments fertilisants et nutritifs
qu’elles véhiculent que pour les variations thermiques et
Photo : Wikipedia -Maximilian Bühn ( 2004)
Écrevisse à pattes blanches
Photo : Wikipedia - David Gerke (2007)
PRESSIONS
PRESSIONS
Chapitre 2 : EFFETS
1 - Poitou-Charentes Nature : www.poitou-charentes-nature.asso.fr (Rubrique : Actions > Messicoles du Poitou-Charentes).
2 - Office International de l’Eau : www.oieau.fr.
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