texte - montaiguvendee.fr

publicité
De nombreux éléments frappent dans le conflit russo–tchétchène :
la résistance tchétchène, la disproportion des forces,
l’extrême violence contre les civils,
l’obstination des dirigeants et de l’armée russes,
alors que les enjeux stratégiques sont désormais ailleurs.
A cela s’ajoute le mutisme des dirigeants occidentaux.
(d'après "le Dessous des Cartes" – mai 2004)
la Tchétchénie dans la Fédération de Russie
La Fédération de Russie (17 millions de km²)
est divisée en 89 entités administratives aux statuts divers :
les territoires, les régions et les républiques.
La Tchétchénie est l’une de ces républiques,
elle s'étend sur 16 000 km² et regroupe environ 700 000 hab. sur les 147 Mns que compte la Russie.
la Tchétchénie, un pays du Caucase
Le Caucase se situe entre la mer Noire et la mer Caspienne
et reste une zone de passage pour la Russie vers les mers chaudes.
Mais la chaîne du Caucase comporte des sommets de plus de 5000 m d'altitude,
constituant une barrière difficile à franchir.
le Caucase, terre de refuge
La chaîne montagneuse du Caucase a constitué un lieu de refuge
pour de nombreux peuples, cultures et langues disparates.
Les Géorgiens vers 2000 av JC, les Arméniens au VIe siècle av JC, et les Azéris vers le XIIe siècle,
ont pu se maintenir grâce à ce relief accidenté.
Aujourd’hui, la résistance tchétchène profite à nouveau de ce contexte géographique.
le Peuple tchétchène
Les Tchétchènes sont installés dans le Nord Caucase depuis deux mille ans.
Avec leurs voisins Ingouches, les Tchétchènes sont des Vainakhs (en marron sur la carte),
un groupe linguistique caucasien qui n'est ni indo-européen et ni turc.
l'Organisation de la société tchétchène
Contrairement à la Russie, les Tchétchènes n’ont jamais connu la féodalité,
ils forment au contraire une société sans classes où chaque groupe possède son autonomie,
sans qu'il ne puisse rien imposer à son voisin.
Ainsi, le drapeau tchétchène est constitué de 9 étoiles, chaque étoile
représente un groupe communautaire, Tuhum, lié par un ancêtre et un dialecte communs.
l'Organisation de la société tchétchène
Chaque Tuhum représente l'union économique et militaire d'une dizaine de clans, les Teïps.
Ces clans portent le nom d'une montagne ou d'un lieu géographique.
Ses membres ne sont pas liés par le sang,
mais plutôt par des objectifs militaires ou commerciaux.
la Solidarité clanique des Tchétchènes
En situation extrême, les clans réagissent de façon solidaire.
La loi coutumière des clans a toujours prévalu sur les lois étrangères.
Par conséquent, chaque offensive russe provoque des mécanismes de solidarité clanique,
et renforce le sentiment national des Tchétchènes.
la Pénétration de l’islam
Arrivé par les empires ottoman et perse au XVe siècle,
l'Islam s'enracine en Tchétchénie fin XVIIIe siècle.
les Confréries islamiques
Les Tchétchènes pratiquent un islam sunnite soufi modéré,
divisé en deux confréries : les Qadiriya et Naqchbandiya.
Ces confréries se distinguent notamment par leur pratique du Zikr,
la prière collective caractéristique du soufisme.
2 membres d'un même clan ou d’une même famille peuvent appartenir à 2 confréries différentes.
les Confréries islamiques
En cas de conflit clanique, les confréries peuvent jouer un rôle régulateur.
Il semblerait que le système clanique trame la société tchétchène dans un sens,
et le soufisme dans l'autre.
les Conquêtes russes
A la fin du XVIe siècle, la Russie n'est pas encore une puissance continentale.
Mais à partir du XVIIe siècle, elle va chercher à se désenclaver.
Les Tsars vont donc tenter d’ouvrir des fenêtres maritimes
notamment vers le sud, vers la mer Noire
et le détroit des Dardanelles que contrôle l'Empire Ottoman.
les Conquêtes russes
En franchissant le Caucase, les troupes russes cherchent surtout un accès vers la mer chaude.
Les Russes ne portent aucun intérêt aux peuples du nord-Caucase
qu'ils n'envisagent d'ailleurs pas de coloniser.
Or, dès leurs premières campagnes au XVIIIe s. les troupes de Pierre le Grand, puis de Catherine II,
se font surprendre par la résistance des peuples du Caucase.
les Résistants caucasiens
L'histoire retient l'insurrection du cheikh Mansour de 1785 à 1791,
et de l'Imam daghestanais, Chamil - un soufi Naqshbandya - de 1835 à 1859.
la Colonisation et la répression russe au Caucase
Face à la résistance locale, les Russes vont donc mener de très violents combats
notamment à l’encontre des Oubykhs
Quant aux Tcherkesses ou aux Circassiens,
ils sont déplacés de force, ou exiler vers l'Empire Ottoman.
la Soumission des Tchétchènes
Ainsi, en 1859, les Tchétchènes sont 98 000
et le corps d'armée russe stationné en Tchétchénie est de 113 000 hommes...
Au-delà de ces similitudes sinistres avec la situation actuelle,
les résistances caucasiennes au XIXe siècle s'appuient sur trois dénominateurs communs :
la Soumission des Tchétchènes
- l'islam ;
- le maintient de leur indépendance
- et les langues de l'islam telles que l'arabe et le turc,
qui permettent à ces peuples de communiquer entre eux.
la Résistance des peuples du Caucase à la soviétisation
Face à l’invasion de l’Armée rouge, la résistance des peuples du Nord Caucase
se manifeste par de violentes révoltes en 1921, puis en 1924, 1928,1937.
Staline cherche donc à casser ces solidarités qu’il connaît parfaitement
puisqu’il est lui même originaire de la région.
les Découpages staliniens
Staline procède au découpage administratif de l’Union soviétique qui distingue
les républiques socialistes soviétiques, comme la Géorgie ou la Russie,
des républiques "autonomes" comme celle de Tchétchénie-Ingouchie
placée sous la tutelle de la république de Russie.
les Découpages staliniens
L’exemple des Tcherkesses et des Kabardes illustre ce genre de procédé.
Ils parlent la même langue mais sont pourtant séparés les uns des autres
pour être associés à des peuples turcophones au sein
de la république Karatchay-Tcherkessie d'une part,
et de la république Kabardino-Balkarie d'autre part.
les Découpages staliniens
Le but de ces découpages avait pour objectif
de dévaloriser les structures claniques et tribales
au profit d'affrontements entre différents groupes ethniques,
et d’affaiblir ainsi la menace que représentaient ces peuples pour le pouvoir central russe.
la Déportation des Tchétchènes
Pour des raisons qui restent assez obscures
et sous le prétexte de la prétendue collaboration des Tchétchènes avec l'armée nazie,
Staline ordonne en février 1944 de déporter en Sibérie et au Kazakhstan
l'ensemble du peuple tchétchène.
la Déportation des Tchétchènes
On estime qu'environ 200 000 Tchétchènes sont morts pendant cette déportation,
soit un tiers des 600 000 tchétchènes.
Cette déportation a perduré jusqu'à la réhabilitation de cette nation en 1957.
Cette colonisation, cette déportation ont
privé les Tchétchènes de leurs terres,
les ont isolés de leurs solidarités,
ce qui a aidé à forger ce nationalisme que l'on retrouve aujourd’hui.
Géographie, histoire, langue, organisation sociale...
tous ces éléments se sont combinés pour engendrer
la pugnacité de la résistance tchétchène
telle qu'on la constate aujourd'hui.
C'est cela l'arrière plan des guerres actuelles.
Sauf qu'aujourd'hui, il n'y a plus pour la Russie
de mers chaudes dont il faudrait se rapprocher,
ni d'idéologie soviétique à affirmer (en principe).
Alors, pourquoi un tel acharnement des Russes sur ce peuple ?
Téléchargement