CHINE D`HIER ET D`AUJOURD`HUI - Festival International du Film d

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CLASSE PASSEPORT
Chine d’hier et d’aujourd’hui
meurtrière
LE ROI DES MASQUES – 1997
Wu Tianming
PAS UN DE MOINS – 1999
Zhang Yimou
Dossier pédagogique conçu par Nathalie VARD – DSDEN
33
SOMMAIRE
Le roi des masques
Le film
1/ Générique
2/ Synopsis
3/ Déroulant
4/ A propos du film
Les personnages
Le réalisateur Wu Tian-Ming
Pas un de moins
Le film
1/ Synopsis
2/ Déroulant
Zhang Yimou, réalisateur
Analyse de séquence
Intérêt de l’analyse de séquence
Mise en place de l’analyse
Eléments remarquables
1/ Alternance des scènes
2/ Présentation des personneges
3 / Choix Esthétiques
4/ Analyse des déplacements
5/ Wei : adulte ou enfant ?
A propos de la Chine
1/ Géographie
2/ Histoire
3/ Religion
4/ Théâtre, opéra, masques
Tradition et modernité
La place des filles dans la société chinoise
Sources et ressources
LE ROI DES MASQUES
LE FILM
1/ Générique
Wu Tian-Ming, Chine, 1995, couleurs.
Titre original : Bian Lian 變臉 (changement de masques)
Réalisateur Wu Tian Ming
Scénario Wei Minglun
Décors Wu Xujig
Image Mu Da Yuan
Montage Hui Yujan
Musique Zhao Ji Ping
Interprétation
Wang, le Roi des masques/ Chu Yuk
Gouwa ou Doggie, la fillette/ Chao Yim Yin
Lian Sulan ou Maître Liang/ Zhao Zhigang
Tianci, le petit garçon/ Zhang Ruiyang
Zhou Renying
Production Mona Fong, Hon Pou Chu et Titus Ho, Lawrence Wong
Format 35 mm, Couleurs (1/1,85)
Durée 1h36
N° de visa 93 759
Sortie France 8 avril 1998
Distributeur Boomerang Productions
Ce film a reçu plus de 30 récompenses. Acteurs et réalisateur ont été distingués dans les festivals du
monde entier, d’Istanbul au Canada, en passant par la Pologne. Il a été remarqué notamment comme
meilleure coproduction aux Huabiao Awards. Il a reçu le prix du meilleur film en 1997 au Festival de
Venise.
2/ Synopsis
Dans la région du Sichuan, dans les années 30, époque de guerres civiles et de misère sociale, Wang, le
Roi des masques, est un artiste itinérant, maître d’une technique qui consiste à changer de masques si vite
que cela semble de la magie. Son seul fils est mort plusieurs années auparavant, et, devenu âgé, il désire
un héritier à qui transmettre son art et qui, selon la tradition, ne peut être qu’un garçon.
Wang achète au marché aux enfants un petit garçon, Gouwa, et l’emmène sur le bateau sur lequel il
descend le fleuve. L’enfant est heureux et offre à son « grand-père » son affection.
Lorsque le Roi des masques découvre que Gouwa est en réalité une fille, il veut l’abandonner. Mais elle
le supplie de la garder. Il cède et l’entraîne à faire des acrobaties, afin de la présenter en spectacle. Ils
voyagent le long du fleuve et dans les villes, pour le meilleur (une soirée à l’opéra) et pour le pire (Gouwa
met accidentellement le feu au bateau).
Un jour, Gouwa est enlevée par un voleur d’enfants. Ne sachant pas que son compagnon de captivité est
l’enfant d’une famille riche, elle s’enfuit avec lui pensant, avec raison, que Wang sera comblé de trouver
en Tianci un successeur.
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Mais l’enfant, recherché par la police, est repéré, et le Roi des masques jeté en prison. Désespéré, il
déchire ses masques. Abandonnée à elle-même, Gouwa va trouver les ressources nécessaires pour le tirer
de là. Elle démontrera ainsi sa valeur et sa capacité à devenir la digne héritière du Roi des masques.
3/ Déroulant (séquençage par chapitres du DVD)
Chapitre 1
Pendant le générique, un vieil homme, Wang, avance sur une jonque, on aperçoit un singe. En ville, où il
est arrivé, il marche sous un parapluie jaune, son singe sur l’épaule. Lorsqu’il s’arrête, il est entouré de
beaucoup de monde : il fait un spectacle de rue. Pendant ce temps, des dragons en papier crachent du feu.
Puis arrive un acteur d’opéra, Liang, déguisé en Bodhisattva (qui n’interprète que des rôles de femmes),
les jeunes femmes veulent toucher son trône pour avoir un fils. Wang fait un spectacle de masques qu’il
change sur son visage, très vite, derrière un éventail. Le lendemain, dans un café, l’acteur Liang félicite
Wang pour son art incomparable ; Ce dernier explique qu’il ne pourra transmettre cet art qu’à un fils,
mais qu’il n’en n’a pas. Liang lui demande de se chercher un fils.
Chapitre 2
(10’35) Wang achète une statuette de déesse censée lui apporter un petit-fils. Il va dans un hangar où des
parents essaient de vendre leur enfant. Il refuse les petites filles ou un bébé. Au moment où il s’en va, une
voix appelle « grand-père » et il est touché par le regard de l’enfant et il l’achète. Il lui achète des
vêtements. Il l’emmène dans sa jonque où l’enfant, Gouwa, s’occupe du singe, Général. Lorsque Wang
met ses masques, cela fait peur à l’enfant. Gouwa joue sur une statue géante d’un Bouddha pendant que
Wang fait ses prières.
Le soir, autour du feu Wang interroge Gouwa sur son père et il le traite de chien lorsque l’enfant montre
les traces des coups qu’il a reçus. L’enfant pleure et Wang dit qu’à partir de maintenant, c’est son petit
fils.
Chapitre 3
(18’55) Pendant qu’il peint un masque, Wang explique que sa femme l’a quittée il y a trente ans et qu’il
ne l’a jamais revue. Il dit que son fils est mort vers 10 ans, après avoir été malade. Wang dit qu’il lui
enseignera son art, que personne ne doit savoir : ni les étrangers, ni les filles.
Pendant la nuit, Gouwa se lève pour aller faire pipi à l’avant du bateau et on comprend que c’est une fille.
(23’05). Wang part en ville chercher des médicaments pour Gouwa qui est malade. Comme il n’a pas
d’argent pour les payer, il va chez un prêteur pour gages déposer une épée et récupère 2 pièces d’argent. Il
va présenter son « petit-fils » à Liang qui les fait prendre en photo.
Chapitre 4
(26’20) Après la pièce de Liang, ils s’arrêtent pour regarder un coupeur de bambou, Wang essaie et
réussit, mais lors du second essai, quelqu’un tire sur lui et il se blesse au pied. Gouwa va chercher de
l’alcool. Wang demande à Gouwa de faire pipi sur le bandage et elle avoue en pleurant que c’est une fille
(28’40). Wang lui dit qu’il ne va pas la vendre, ni la garder non plus. Il lui donne de l’argent et
l’abandonne sur le quai, mais Gouwa se jette à l’eau pour le rejoindre, alors qu’elle ne sait pas nager.
Wang la récupère.
Chapitre 5
Elle doit maintenant l’appeler Maître et travailler dur pour lui. Wang lui apprend à devenir acrobate et
elle s’entraîne longtemps. Il la montre dans ses spectacles de rue. Maintenant, on voit que c’est une fille :
veste coloré et couettes. Des soldats qui doivent partir au front, demandent au Roi des masques son secret,
mais il ne le révèle pas.
!
#!
Chapitre 6
(38’54) Au café, Wang dit qu’il apprécie d’avoir 2 bras supplémentaires pour l’aider, que ce soit fille ou
garçon. Arrivé au bateau, il découvre que Gouwa a volé un flacon d’alcool et il l’oblige à le rapporter. Il
lui fait une leçon de morale.
Chapitre 7
(44’35) Le soir, ils vont au spectacle de Liang :
«L’ascension au Nirvana» : Liang interprète le rôle d’une
princesse qui, suspendue à une corde, menace de la
trancher si on n’épargne pas la vie de son père. La
princesse meurt mais réapparaît en déesse Bodhisattva.
Pendant ce temps, le petit garçon Tianci s’éloigne de ses
parents. Sur le bateau Wang regrette que Gouwa ne soit
pas un garçon, elle lui fait remarquer que la déesse est
une femme. Le soir, en l’absence de Wang, Gouwa
essaye un masque qu’elle approche trop près de la bougie
: il s’enflamme et le feu se propage au bateau. Wang retrouve le bateau brûlé, mais Gouwa n’est pas là.
Chapitre 8
(53’29) En ville, Wang rencontre Liang qui lui donne la photo prise avec Gouwa. Gouwa qui a faim, vole
une pomme de terre, est repérée et se fait kidnapper. Elle retrouve Tianci, enlevé avant elle et qui pleure.
Affamée, elle mange sa nourriture.
Chapitre 9
(59’15) Gouwa fait évader Tianci par les toits. Les ravisseurs les recherchent en vain. Pendant ce temps,
sur le bateau, Wang déchire la photo en pensant que Gouwa l’a quitté. Réfugiés dans un atelier, Gouwa
raconte une histoire à Tianci. Elle veut amener Tianci à Wang, puisque c’est un garçon ; elle pleure en
pensant à Wang. Dans un temple, le prêtre de la déesse prédit à Wang : "Au nord près de l’eau tu
trouveras un héritier".
Chapitre 10
(1H06’58) Arrivé à son bateau, il trouve Tianci, vérifie que c’est un garçon et dit que c’est un don du ciel.
Tianci dit que c’est "grande sœur" qui l’a amenée et Wang appelle Gouwa. Un avis de recherche pour
Tianci est affiché en ville. Gouwa, en train de manger du céleri arraché dans un champ voit passer Wang
enchaîné, arrêté par la police à cheval. Elle court à la jonque et récupère les masques. Tianci est rendu à
sa famille. Wang est interrogé par les policiers et fouetté. Il avoue et les policiers lui attribuent les autres
enlèvements d’enfants. Wang est emmené en prison et le singe Général le rejoint. Gouwa obtient de voir
Wang en prison et elle s’accuse de tout. Elle lui donne ses masques, mais il dit qu’il a rompu la chaîne et
les déchire, en pensant qu’il n’aura pas d’héritier. Il parle d’une autre vie meilleure et pense qu’il doit
expier tous ses péchés. Il lui confie le singe Général.
Chapitre 11
(1h18’58) Gouwa va trouver Liang et lui explique la situation. En prison, le gardien annonce à Wang
qu’il ne lui reste plus que 5 jours et Wang trouve cela injuste.
Lian annonce à Gouwa qu’il ne peut rien pour son grandpère.
Chapitre 12
(1h25’45) L’opéra se joue. Après le spectacle, Gouwa
menace de couper la corde à laquelle elle s’est attachée au
toit, comme l’avait fait Bodhisattva dans la pièce. Elle plaide
la cause de Wang auprès du vrai Général. Elle coupe la corde
et tombe, mais Liang la sauve ; il intercède auprès du Général
!
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qui finit par être touché par le désespoir de la fillette. Wang est libéré et va chez Liang pour le remercier.
Liang souhaite changer le cours des choses et il apprend à Wang que c’est Gouwa seule qui l’a sauvé.
Wang retrouve Gouwa astiquant le pont du bateau ; il lui demande de l’appeler grand-père. Il lui apprend
l’art des masques.
4/ A propos du film
On ne s’étonnera pas que Wu Tianming, pour son premier film
du retour en Chine après les années d’exil aux USA, ait choisi de
prendre pour sujet tout à la fois l’opéra et la rue chinoise, ses
spectacles de bateleurs, jongleurs, saltimbanques, qui l’animaient
pour la plus grande joie du petit peuple. Peuple par ailleurs
misérable et opprimé par les seigneurs locaux aussi bien que par
le lointain pouvoir central en ce début du XXe siècle - ce que
montre également le film. Le roi des masques n’est donc pas un
film "à costumes" tourné uniquement pour le plaisir du pittoresque à reconstituer. Il témoigne sans doute
d’abord du bonheur du cinéaste à retrouver ces foules chinoises innombrables peuplant les villes et
villages. Le film le dit avec une grande force dans la beauté des paysages urbains, noyant les couleurs
sous la légère brume des bords du fleuve où glisse la jonque du vieux montreur de masques, ou les faisant
éclater, au contraire, dans la gaieté d’une place de village en fête. Mais ce qui fait la force essentielle du
film, c’est le contraste entre la misère de ce petit peuple affamé - terrible tableau du "marché aux enfants"
où les plus démunis viennent se défaire pour quelques sous de ceux qu’ils ne peuvent plus nourrir - et la
beauté de l’art, que ce soit l’opéra aux somptueux costumes ou le simple spectacle de rue dont tout le
décor tient dans la boîte de colporteur que le vieux montreur de masques porte sur son dos. Or, ce
contraste que soulignent la mise en scène et le choix des couleurs existe d’abord dans le dessin des
personnages. On ne peut pas, en effet, ne pas noter que les "bons" dans le récit, sont d’une part le vieux
saltimbanque qui se fait une très haute idée de son art et ne veut pas qu’il se perde et maître Liang, le plus
grand acteur de l’opéra de Szu-Ch’uan, le «Bodhisattva vivant», dieu descendu sur terre, selon la tradition
bouddhiste, pour faire le bien, et d’autre part la fillette, issue du peuple et dévorée du désir d’apprendre.
Et que les "méchants" ne sont pas moins clairement désignés : la soldatesque bâtonnant, les paysans au
marché, les potentats locaux cruels et jouisseurs. La leçon, si elle n’est pas explicitement énoncée, est
claire : I’art et le peuple s’unissent contre le pouvoir oppresseur. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’en Chine
l’art (et d’abord le plus répandu et accessible à tous, le théâtre, sous sa forme codifiée au long des siècles
d’opéra) est un enjeu entre les classes les plus démunies et les lettrés, les mandarins, autrement dit le
pouvoir. Le spectacle de rue aussi bien que l’opéra ont en effet l’un et l’autre une origine religieuse :
danses et pantomimes accompagnaient à l’origine les cérémonies sacrées et ces représentations étaient
aussi, pour tous ceux qui ne savaient pas lire, le seul moyen d’accès à la culture, à une certaine forme
d’éducation. Et, sans entrer dans le détail de la longue histoire de l’opéra chinois, on doit noter que, dans
la codification de ses formes fixées au long des siècles, s’il aboutit à une extrême sophistication de règles
immuables dictées par les lettrés, il s’inspirait généralement de thèmes populaires. Si bien qu’il n’était pas
une seule grande - et même moyenne - ville qui, sous les derniers empereurs, n’ait tenu à posséder son
propre opéra, avec sa troupe, et celui de Szu-Ch’uan, dont il est question dans ce film, était presque aussi
célèbre que l’opéra de Pékin.
Quant au théâtre de rue, avec ses masques droits sortis de l’opéra et ses jeux carnavalesques, moins
contrôlable et donc moins soumis à la censure, il ne cessa, lui, de témoigner de la vigueur de la sève
populaire. L’un et l’autre genre, d’ailleurs, restèrent assez proches l’un de l’autre, le théâtre de rue
reprenant les personnages stylisés de l’opéra, et celui-ci puisant largement dans le vivier de l’autre. Et
!
%!
cela aussi le film le relève, lorsqu’il évoque l’admiration respective que se portent maître Liang, la "star"
de l’opéra de Szu-Ch’uan et le vieux saltimbanque.
On voit assez par là que Le roi des masques, loin d’être un banal film historique renvoie à l’histoire même
d’une culture très ancienne.
LES PERSONNAGES
Laissez à nos jeunes spectateurs LE PLAISIR DE LA DECOUVERTE : ne dévoilez ni ne distribuez
aucun résumé du film dévoilant le sexe de l'enfant Gouwa. Les enfants doivent le découvrir par euxmêmes, au moment choisi par le réalisateur, pour l'intérêt du film.
Il y a une différence de fonction entre les personnages principaux et les personnages secondaires.
! Les personnages principaux : (Wang et Gouwa sont les 2 personnages centraux).
Le réalisateur du film a utilisé des moyens pour définir et caractériser les personnages par ce qu’ils sont :
les dialogues, le costume et le maquillage, le décor et les accessoires et par ce qu’ils font : leurs actions.
On peut construire un tableau de comparaison.
- Maître Wang : c’est un artiste qui a choisi de se produire devant le peuple. C’est un expert de l’art des
masques, c’est pourquoi on l’a surnommé « Le roi des masques ». C’est un vieillard qui n’a pas de
descendance et il cherche un héritier mâle pour lui transmettre son savoir car il veut respecter la tradition.
Il est pauvre et vit sur un bateau. Il transporte ses masques dans une sorte d’armoire qu’il porte sur son
dos. Il admire Liang, star de l’Opéra.
- Gouwa : c’est une enfant qui a été vendue plusieurs fois car c’est
une fille (cf. paragraphe 4 sur la place de la fille en Chine). Au
début, on la fait passer pour un garçon (coupe de cheveux et
vêtements), mais, après avoir été découverte comme fille son aspect
change (couettes et vêtements colorés). Dès le début, elle appelle
Wang grand-père et elle s’attache de plus en plus à lui. C’est l’image
du courage.
On peut comparer avec l’histoire « Sans famille », ou le film
The Kid de Chaplin.
- Maître Liang: c’est un acteur de l’opéra, pour lequel il interprète des rôles de femmes. Il est riche : il
possède une belle maison ; c’est un personnage important dans la ville. Il admire et respecte Wang. Il
sauve Gouwa et persuade Wang de ne plus suivre la tradition.
- Tianci, le petit garçon : il apparaît dès le début du film. Il est dans une famille riche et sera enlevé
demande de rançon). Gouwa l’aidera à fuir et le « donnera » à Wang. Il sera restitué à sa famille.
- Le singe de Wang appelé « Général » : c’est le témoin muet de l’histoire, comme le spectateur qui sait,
mais ne peut pas intervenir. C’est un peu notre conscience. Il découvre la supercherie de Gouwa. Il essaie
de consoler Wang après le départ de la fillette.
L’importance du singe dans les films chinois : le singe tient une place importante dans l’imaginaire
collectif chinois depuis des temps très anciens. Le singe, un des douze animaux du zodiaque, symbolise
l’intelligence, la vivacité et l’humour. Éternel rebelle, il est le héros du grand roman mythologique Le
!
&!
voyage en Occident (1592, attribué à WU Cheng’en) dont les épisodes sont connus de tous les Chinois,
petits et grands. (...) Très populaire, cette histoire aux multiples épisodes continue d’inspirer les arts
plastiques aussi bien que le théâtre et le cinéma.
" On peut comparer la présence du singe dans d’autres films qui montrent des artistes de rue
(photo : joueur de limonaire dans le film Les contes de l’horloge magique de Starewitcz).
! Les personnages secondaires : le policier, la famille de Tianci, le général gouverneur, le
domestique de Liang, l’homme qui vend Gouwa, le médecin, le marchand de vin, l’enfant avec le
lance-pierres, les soldats, la moniale du temple, les kidnappeurs, le commissaire de police, le
gardien de prison...
Par rapport aux personnages principaux, ils ont une fonction valorisante ou informative : en chercher
des exemples (modifier le cours de l’histoire, faire avancer le récit, semer des indices, donner du sens au
récit...)
!
!
LE REALISATEUR WU TIAN-MING (
天明)
«La forme la plus avancée du cinéma doit être une combinaison de réalisme et de
romantisme, et cette combinaison doit être ORGANIQUE. Faute de quoi, on aura un
produit bâtard»
Wu Tian-Ming, 1988
Né en 1939 à San Yuan, dans la région du Shaanxi qui était déjà une enclave communiste en Chine
nationaliste, il eut une enfance plutôt ballottée, suivant son père, chef de partisans communistes dans les
incessants déplacements de la guérilla. A la fin de sa scolarité, en 1960, il renonça à des études
universitaires pour s’inscrire aux cours d’art dramatique des studios de films Xi’an, où il obtint son
diplôme de mise en scène qui allait lui permettre de travailler un an aux studios de Pékin aux côtés de Cui
Wei. Là, il coréalisera ses deux premiers films avec Teng Wenji : en 1979 Les trémolos de la vie, bientôt
suivi en 1980 de Une seule famille.
C’est en 1984 qu’il réalise, seul, Le fleuve sans balise. Directeur adjoint des studios de Xi’an, il devient
directeur après le succès de La vie (1984). Il y réalise lui-même Le vieux puits (1987), il y fait travailler
les plus novateurs des cinéastes, qu’on a appelés de «la cinquième génération», ceux dont les films
allaient avoir le succès que l’on sait à l’étranger. Ainsi s’ouvre la période la plus florissante de ce studio
jusqu’à ce que, à la fin des années quatre-vingts, les contrôles idéologiques croissant et la rentabilité
économique devenant primordiale, l'enthousiasme s'éteigne. En déplacement aux Etats-Unis au moment
!
'!
de la répression des manifestations de la place Tien an men (1989), Wu Tian-Ming décide de rester dans
ce pays quelque temps. Rentré en Chine en 1994, il peut y réaliser (en coproduction avec une société de
Hong Kong) Le roi des masques. Ce film est réalisé en 1995 sur un scénario taïwanais, en coproduction
avec la Shaw Brothers de Hong Kong. Il relie les trois centres cinématographiques de la Chine !
En 1996, Wu Tian-Ming reçoit le Prix du meilleur réalisateur aux festivals internationaux de Tokyo et de
Singapour. Il semble loin des cinéastes contemporains de la Sixième génération, marqués par le massacre
du 4 juin 1989. Revendiquant un cinéma plus ancré dans le réel, ils doivent lutter contre leur mise hors la
loi par le pouvoir. Car, si la censure s’est relâchée vers le milieu des années 1980, en mars 1995, les
fonctionnaires de la culture, du cinéma et de la propagande forgent un nouveau mot d’ordre : le « motif
principal ». Il faut célébrer l’endurance des bons communistes face aux épreuves de la vie. C’est
exactement le sujet du dernier film de Wu Tian-Ming, Shouxi Zhixinggan-C.E.O., tourné en 2002, qui )*!
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Filmographie
Les trémolos de la vie (Shenghuro de shanying), 1979 (Coréalisation)
Une seule famille (Qin yuan), 1980 (Coréalisation)
Le fleuve sans balise (Mei you hangbiaode heliu), 1984
La vie (Rensheng), 1984
Le vieux puits (Lao jing), 1987
Le roi des masques (Bian Lian), 1995
C.E.O (Shouxi Zhixinggan), 2002
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PAS UN DE MOINS
LE FILM
1/ Générique
!
Pas un de moins (en chinois : Yi ge dou bu neng shao
一个都不能少 )
Etats-Unis – couleurs – 1998 – 105mn
Dans leur propre rôle
Wei Minzhi
Zhang Huike
Tian Zhenda
Gao Enman
Feng Yuying
Li Fanfan
Zhang Yichang
Xu Zhanqing
Ma Guolin
Wu Wanlu
Liu Ru
Wang Shulan
Fu Xinmin
Bai Mei
le maire
l’instituteur
la concierge de la station de télévision
la présentatrice de la télévision
Monsieur Zhang
le propriétaire de la fabrique de briques
l’homme à la station de bus
le directeur de la station de télévision
l’annonceur à la gare
l’employé de la papeterie
le chef des programmes de la station de télévision
le propriétaire du restaurant
Réalisateur
Scénario
Consultant au scénario
Images
Montage
Musique
Son
Décors
Costumes
Zhang Yimou
Shi Xiangsheng
Wang Bin
Hou Yong
Zhaï Ru
San Bao
Wu Lala
Cao Jiuping
Tong Huamiao
Production
Distribution
Guangxi Film Studios
Columbia TriStar Films
Sortie (France) : 3 novembre 1999.
Lion d'or à la Mostra de Venise 1999
Le DVD du film est en consultation à l’espace Histoire-Image
de la Médiathèque de Camponac à Pessac
!
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2/ Synopsis
Gao, l’instituteur d’un petit village chinois demande congé pour aller au chevet de sa mère malade. Il est
remplacé par Wei, une jeune fille de 13 ans habitant un village voisin. Le manque d’expérience de Wei
est flagrant et elle a grand mal à discipliner la classe. La situation est critique : Gao avoue avoir perdu 10
élèves. Wei ne sera payée qu’à la condition de maintenir l’effectif de la classe.
Wei se met à la tâche avec acharnement : elle s’oppose en vain à ce qu’une de ses élèves aille étudier dans
une autre école du district. Quand Zhang Huike (le petit garçon le plus indiscipliné de la classe) part
soudainement travailler à la ville pour subvenir aux besoins de sa famille, Wei part à sa recherche avec la
complicité des autres élèves.
En ville, Zhang Huike est introuvable. Après avoir fait le siège d’une station de télévision, Wei réussit à
convaincre le directeur de lui accorder un temps d’antenne. Invitée d’une émission de grande audience
« l’arc en ciel de la vie », elle doit parler des conditions d’enseignement à la campagne. C’est avec
beaucoup d’émotion qu’elle lance son avis de recherche.
Zhang est retrouvé, une équipe de télévision ramène Zhang et son institutrice au village avec les
nombreux dons des téléspectateurs.
!
BC!
3/ Déroulant
0.00.00
Générique. Wei arrive au village, accompagnée du chef du village.
0.01.50
Celui-ci informe l’instituteur de l’arrivée de sa remplaçante et s’en va. L’instituteur découvre qu’elle n’a
que 13 ans et qu’elle ne pourra jamais assumer sa fonction. Mais il n’a pas d’autre choix. Personne ne
veut travailler dans une école si isolée. Dix élèves l’ont d’ailleurs quittée.
De retour à l’école, Wei montre ce qu’elle sait faire : chanter. L’instituteur est obliger de la reprendre sur
le seul chant qu’elle connaisse. Il lui donne donc comme consigne de faire copier chaque jour un texte
aux élèves. Il lui donne les craies nécessaires et lui présente les cinq élèves pensionnaires de l’école.
Quand Wei le questionne sur son salaire, il explique ne pas avoir été payé depuis 6 mois.
0.08.32
A la nuit tombée, Wei prend en charge les élèves.
0.09.36
Wei court après le tracteur qui emmène l’instituteur Gao. Elle veut en savoir plus sur sa rémunération.
L’enjeu est posé : elle sera payée à la condition qu’aucun élève ne manque à son retour.
0.11.31
Dans la cour de l’école, Wei ne cherche pas à imposer
son autorité. C’est le chef du village qui discipline les
élèves : il prend en charge la cérémonie du lever du
drapeau et demande aux élèves d’obéir à Wei. A son
départ, c’est le chahut dans la classe, mais Wei
n’intervient pas. Zhang Huike, l’élève le plus
indiscipliné, s’oppose violemment à elle, refuse de lui
obéir et notamment de ramasser les craies qu’il a fait
tombé en courant dans la classe. Celles-ci sont piétinées.
0.19.38
A la nuit tombée, Wei demande à l’une des pensionnaires de lui faire la liste des élèves. Le rapport
d’autorité est difficile.
0.20.18
Au second jour de classe, Zhang Huike tente de s’enfuir. Wei parvient à l’en empêcher. Son cours de
chant est interrompu par l’arrivée des sélectionneurs sportifs qui choisissent une élève douée pour la
course (Ming Xinghong) pour l’emmener étudier à l’école du district. Wei veut s’y opposer, elle a peur de
ne pas être rémunérée.
0.25.37
Le lendemain, Ming Xinghong est introuvable. Wei, avec le soutien des autres enfants, a réussi à la
convaincre de se cacher. Mais Zhang Huike vend la mèche au chef du village. La jeune fille est emmenée
par les sélectionneurs sportifs. Wei court après la voiture sans parvenir à la rattraper.
0.30.44
La classe chahute. Zhang Huike a volé le journal intime de Zhang Minxiang et en fait la lecture à haute
voix à la demande de Wei. La jeune élève y a relaté la scène des craies piétinées qui l’a profondément
marquée. En temps normal, elle aide l’instituteur. Celui-ci lui a appris à respecter le matériel scolaire,
denrée très précieuse dans cette école sans moyens.
0.33.13
A la nuit tombée, Wei demande, sans succès, à Zhang Huike de faire des excuses à Zhang Minxiang. Elle
récupère néanmoins l’argent que le chef du village lui a donné (pour retrouver Ming Xinghong) ce qui lui
permettra d’acheter de nouvelles craies.
!
BB!
0.34.39
Nouvelle journée. Zhang Huike manque à l’appel. Wei se rend chez sa mère et apprend son départ à la
ville pour travailler. La famille a besoin d’argent. Wei interpelle le chef du village : elle voudrait partir à
se recherche. Mais il s’y oppose, c’est pour lui sans espoir. De retour en classe Wei évalue avec ses élèves
le coût de son déplacement. Mais les élèves ne peuvent se cotiser pour financer son départ pour la ville.
Ils ont alors l’idée de travailler pour la briqueterie.
0.41.32
Les enfants partent pour la briqueterie. Le directeur est absent, les enfants prennent donc seuls en charge
le travail. A son retour, le directeur, touché par leur démarche, accepte de les payer bien que leur travail
n’ait servi à rien. A leur retour, les enfants, avec une partie de l’argent gagné, achètent deux canettes de
coca.
0.47.50
Quand Wei veut acheter les billets de bus pour la ville, elle découvre que l’argent récolté n’est pas
suffisant. Un nouveau calcul en classe montre qu’elle est loin du compte. Elle décide donc, avec la
complicité des enfants, de frauder.
0.54.02
Sa tentative échoue. Le bus s’arrête pour la déposer en pleine campagne. Elle poursuit à pied en tentant
d’arrêter sans succès, les rares voitures qui passent sur la route. A la tombée de la nuit, un tracteur s’arrête
enfin.
0.55.34
Il la dépose à la ville au petit matin. Wei trouve l’endroit où Zhang Huike est censé loger. Sun Zhimei, la
jeune fille qui l’avait emmené à la ville, explique l’avoir perdu à la gare. En échange d’une journée de
salaire, elle accepte d’aider Wei à le retrouver.
0.58.43
Les deux jeunes filles arrivent à la gare et cherchent Zhang Huike sans succès. Toute la journée, une
annonce sera diffusée à la gare, mais elle sera sans effet. En montage alterné, nous voyons Zhang Huike
arpenter les rues de la ville. Il est sale et a faim. Sun Zhimei, après avoir demandé son dû, quitte Wei.
L’hôtesse qui a diffusé l’annonce lui conseille de trouver un autre moyen pour mener ses recherches.
1.06.44
En errant dans les rues de la ville, Wei voit des annonces placardées au mur. Elle dépense le reste de son
argent pour acheter papier et encre pour réaliser des affiches. Elle passe toute la nuit dans le hall de la
gare à écrire. A l’aube, un homme qui observe son travail, lui dit qu’elle a perdu son temps. Elle devrait
aller à la télévision, c’est plus efficace : tout le monde la regarde.
1.12.20
Après avoir cherché longtemps, Wei trouve enfin la station de télévision. Mais elle est éconduite à
l’accueil. Elle n’a aucune preuve de son histoire. Seul un mot du directeur pourrait l’aider mais elle ne
peut le rencontrer car elle n’a pas de papier d’identité et ne peut donc pas rentrer. L’hôtesse lui demande
d’attendre dehors.
1.18.31
Devant la grille, Wei interpelle tous les hommes à lunettes sortant du bâtiment. C’est la seule information
qu’elle possède sur le directeur. A la fin de la journée, elle court après un cycliste qui n’est pas le
directeur. En montage alterné, nous retrouvons Zhang Huike qui a faim : dans un restaurant, on lui
propose à manger en échange d’un peu de vaisselle. Wei revient bredouille de sa course poursuite. Elle
s’endort dans la rue. Ses affiches s’envolent et sont balayées au petit matin.
1.25.56
On informe le directeur qu’une jeune fille cherche à lui parler depuis la veille. Celui-ci reçoit Wei et la
confie à l’un de ses assistants. Celui-ci, plutôt que de faire une annonce qui ne sera pas écoutée, en fait
!
B"!
l’invitée d’une émission de grande audience « L’arc-en-ciel de la vie ». Elle pourra y parler des
conditions d’enseignement à la campagne.
1.27.31
Wei est complètement bloquée sur le plateau de télévision. Elle ne parvient pas à répondre aux questions
que lui pose la présentatrice. Mais elle réussit à lancer un appel désespéré très émouvant.
1.30.49
Zhang erre dans les rues de la ville. Le standard de l’émission croule sous les appels. La propriétaire du
restaurant où travaille Zhang amène le jeune garçon devant le poste. Il fond en larmes en découvrant les
images.
1.33.09
Zhang et Wei rentrent au village avec une équipe de la télévision.
Dans la voiture, ils sont interviewés. Zhang explique que ce qui
l’a le plus marqué à la ville, c’est d’avoir été obligé de mendier
pour manger. Puis c’est le chef du village qui est interviewé :
comment utilisera-t-il les nombreux dons des téléspectateurs qui
ont été très émus par le récit de Wei ? Les voitures repartent.
1.36.21
Wei est de nouveau dans sa classe avec ses élèves. Avec les craies de couleurs offertes, chaque enfant a le
droit d’écrire un mot au tableau. Apparaissent des informations sur le destin des personnages du film :
Zhang Huike a continué l’école jusqu’au lycée, Ming Xinghong a gagné l’ épreuve régionale du 5000 m,
Wei est retournée à sa vie de paysanne, le village a une nouvelle école.
En Chine, un million d’enfants sont obligés d’arrêter l’école pour des raisons de pauvreté.
LE REALISATEUR, ZHANG YIMOU
Zhang Yimou, né en 1951, est élève du cycle secondaire lorsque la Révolution culturelle éclate en 1966.
Il doit interrompre ses études et sera envoyé à la campagne en 1968 pour y travailler. En 1978, il réussit
brillamment l’examen national organisé par l’Académie de Cinéma de Pékin. Il sort diplômé en 1982 et
réalise son premier long-métrage en 1987 : Le Sorgho Rouge , Ours d’or au Festival de Berlin en 1988.
C’est le premier des six films qu’il réalisera avec Gong Li. Cinq ans plus tard, le film Epouses et
concubines les consacrera mondialement.
Dès son premier long-métrage, on peut parler d’un style Zhang Yimou notamment par un esthétisme très
soutenu des couleurs et des jeux de lumière. Il appartient aux cinéastes de la cinquième génération, c’est à
dire des cinéastes d’après la Révolution culturelle.
FILMOGRAPHIE
1987
1989
1990
1991
1992
1994
1995
!
LE SORGHO ROUGE
THE PUMA ACTION
JU DOU, LE SANG DU PERE
EPOUSES ET CONCUBINES
QIU JU, UNE FEMME CHINOISE
VIVRE !
SHANGAÏ TRIAD
LUMIERE ET COMPAGNIE (COURT-METRAGE)
B#!
1997
1999
2001
2002
2003
!
KEEP COOL
PAS UN DE MOINS
THE ROAD HOME
HAPPY TIMES
HERO
HOUSE OF FLYING DAGGERS
B$!
ANALYSE DE SEQUENCE
Intérêt de l’analyse de la séquence d’ouverture
Très souvent, la séquence d’ouverture se prête bien à l’analyse. Appelée séquence d’exposition, elle
présente les personnages, livre les principaux enjeux du récit et affirme une démarche artistique.
En ce qui concerne Pas un de moins, le générique doit être inclus dans cette séquence. Très sobre, il
amène les premières images du film. L’organisation du film est strictement rigoureuse dans le temps et
l’espace. Les journées sont ponctuées par des scènes nocturnes, les déplacements sont signifiés.
La séquence d’ouverture débute donc dès les premières images du film pour s’achever après que Wei ait
demandé son salaire à l’instituteur, juste avant la scène nocturne.
Mise en place de l’analyse
L’analyse classique se déroule en deux temps :
- Un premier visionnage (la projection du film) sans donner aucune consigne de lecture. Il permet de
repérer le fonctionnement de la séquence : alternance des scènes, découverte des personnages, choix
esthétiques (cadrages, musique…) en partant des impressions premières des enfants. Il n’est pas
nécessaire d’avoir étudié entièrement le vocabulaire technique d’analyse de film : l’élève ne doit pas
chercher, lors de ce premier visionnage, à analyser dans le détail la séquence. Ce sont ses sentiments
et émotions qui fourniront les meilleures bases à l’analyse.
- Un second visionnage (la séquence isolément) avec des axes d’approches prédéfinis en fonction de
tout ce qui aura été récolté après le premier visionnage. Les axes de lecture proposés permettront
d’arriver à l’analyse du film proprement dite et donc d’amener des informations techniques.
Elements remarquables
Même si l’analyse de séquence n’est pas possible dans le détail, tous les thèmes abordés ici et les
choix esthétiques du réalisateur peuvent être développés.
1/ Alternance des scènes
Au simple déroulé linéaire du récit, on se rend compte qu’alternent des scènes d’extérieur et d’intérieur
avec les mêmes modes opératoires filmiques. Une grande importance est accordée aux déplacements, qui
font réellement office de ponctuation à l’intérieur de la séquence. Cette façon de filmer est d’ailleurs
récurrente dans tout le film. C’est donc sur cette opposition qu’il paraît pertinent de construire l’analyse.
Le déroulé simple nous propose le découpage suivant :
- Arrivée de Wei et du chef du village
- Dans la classe, Wei ne convient pas à l’instituteur
- Wei et l’instituteur vont voir le chef du village
- Le chef de village explique qu’il n’a pas d’autre proposition
- Wei et l’instituteur retournent à l’école
- Dans la classe, l’instituteur donne les consignes à Wei
- Dans la cour, Wei le questionne sur sa rémunération.
!
B%!
Lors du deuxième visionnage, il faudra regarder attentivement la gestion des plans des scènes d’extérieur
(déplacements et position des personnages à l’intérieur du cadre, type de cadrages). La démarche est la
même pour les scènes d’intérieur en demandant de faire attention aux détails (notamment les gros plans).
2/ Présentation des personnages
- Wei : elle n’a que 13 ans, mais on lui demande de tenir un rôle d’adulte, celui de l’institutrice.
- Les adultes : l’instituteur Gao et le chef du village
- Les enfants
S’interroger sur la position de Wei, que doit-elle faire ? Peut-elle vraiment le faire ? Comment est-elle
mise en scène ? Qu’est-ce qui découle de cette mise en scène ?
3/ Choix esthétiques
- absence de musique
- cadrages larges : les personnages marchent, installation
du décor (isolement)
- absence de points de vue subjectifs
Ces choix portent tous à un point de vue documentarisant.
C’est à cette idée qu’il faut arriver. L’absence de musique
sur le générique est une bonne entrée en matière. C’est une
vraie différence avec les films de fiction vus habituellement par les enfants.
4/ Analyse des déplacements
- Le cadre est toujours large (portée documentaire du film, découverte du monde de Wei qui est, de
plus, son véritable environnement de vie). Le son est très réaliste : cri des animaux, refus de la
musique. L’éloignement du village (qui expliquera le fait que le chef ne trouve aucun remplaçant),
est ici mis en scène : les routes ne sont pas carrossables.
- Les personnages traversent le cadre ou s’éloignent dans la profondeur de champ (même intention que
précédemment). Très rarement, nous verrons Wei avancer vers la caméra. Elle le fera lorsqu’elle sera
en position victorieuse (comme au retour de la briqueterie).
- La séquence présente une jolie boucle : le déplacement vers la maison du chef du village. Le cadrage
est assez similaire à l’aller et au retour. Une seule différence (sur laquelle les élèves peuvent être
interrogés et réfléchir à sa signification) : Wei porte son bagage à l’aller, c’est l’instituteur qui le
porte au retour : il l’a donc accepté. D’ailleurs, lors de sa première entrée dans la classe, elle
dépassera à peine le seuil de la porte. On la retrouvera dans la scène suivante devant le tableau.
Il est possible d’élargir cette première analyse à l’ensemble du film : questionner les élèves sur les autres
déplacements représentés (briqueterie, départ pour la ville, l’errance dans la ville) afin de montrer à quel
point ils ponctuent le film et contribuent à l’aspect documentarisant de l’œuvre. Par ailleurs, c’est un
choix artistique présent dans d’autres films de Zhang Yimou.
5/ Wei : adulte ou enfant ?
- Si l’instituteur semble accepter le fait que Wei le remplace, il ne la considère pas comme une adulte.
La seconde scène dans la classe le montre de manière flagrante : Wei se retrouve dans la position
d’une élève, prise en faute. Gao reprend le chant patriotique.
- La manière dont Zhang Yimou filme la discussion avec le maire sépare clairement la jeune fille du
monde des adultes. La discussion démarre en son off, sur un plan rapproché du visage buté de Wei.
Puis elle est placée dans l’arrière-plan, ne prenant pas du tout part à leur discussion.
!
B&!
-
On peut aussi s’interroger sur un des plans de cette séquence d’ouverture : le passage de la porte de
l’école ou encore la porte de la classe. Le film insiste lourdement sur ces délimitations d’espace. Et
les portes joueront plus tard un grand rôle. Wei reste très souvent bloquée aux portes : porte du bus,
porte du bureau d’annonce à la gare, portail de la station de télévision. Elle a décidemment bien du
mal à entrer dans le monde des adultes.
Dans bien d’autres scènes, Wei se retrouve dans cette position d’enfant.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que Zhang Yimou refuse le point de vue subjectif : très souvent,
lorsqu’il réalise un plan de ses personnages, l’épaule de l’autre est en premier plan. La caméra ne prend
pas la place d’un personnage, elle saisit ce qu’elle peut : un plan est d’ailleurs significatif : lorsque Gao
donne les craies. Il sont tous les deux dos à la caméra.
Les autres thèmes de cette séquence d’ouverture
Ils sont repérables si l’on s’intéresse aux détails sur lesquels Zhang Yimou insiste :
- la place des craies : ce sont elles qui focalisent le manque de moyens de la classe. Zhang Yimou
insiste aussi sur d’autres détails dans la séquence et dans la suite du film, qu’il est possible de
lister avec les élèves : horloge, bureau... En tout cas, elles permettront la mise en scène du happy
end final, fermant la boucle du film.
- Le thème de l’argent : Wei demande à être payée. Plus tard l’enjeu sera fixé : elle devra garder
tous les élèves et c’est ce qui la motivera. Au-delà de ce prétexte, c’est l’évolution de la société
chinoise qu’évoque ici Zhang Yimou et l’importance qu’y prend l’argent. C’est d’ailleurs quand il
s’agira d’argent que Wei jouera vraiment son rôle d’enseignante. Elle fait partie de cette nouvelle
génération qui sait compter, elle reprendra d’ailleurs l’instituteur dans le compte des craies.
- L’histoire de la Chine : introduite ici par le chant patriotique. D’autres séquences lui feront écho,
surtout la cérémonie du lever de drapeau.
!
B'!
A PROPOS DE LA CHINE
GEOGRAPHIE
Nom officiel : République populaire de Chine (CN)
Forme de gouvernement : république populaire à parti unique, avec une chambre législative (Assemblée
populaire nationale [3 000 membres, D/632+!#&!-*-E,*)!,*0,5)*/+1/+!F4/9!G4/9!*+!B"!,*0,5)*/+1/+!
H1614])
Chef de l'État : Xi Jinping (depuis le 14 mars 2013)
Chef du gouvernement : Li Keqiang (depuis le 15 mars 2013)
Capitale : Pékin (Beijing)
Langue officielle : chinois mandarin
Unité monétaire : yuan
Population : 1 349 911 000 (estim. 2012)
Superficie (km2) : 9 572 900
"Pas un de moins" se déroule probablement dans la province du Hebei. Entourant la capitale chinoise,
Pékin, et sa grande voisine Tianjin, le Hebei est une importante province du nord de la Chine. Sa
principale particularité consiste à héberger la majeure et plus grandiose partie de la Grande Muraille de
Chine.
!
B(!
En juin 2013, deux sites chinois ont été classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO, rejoignant les 43
autres sites du pays déjà classés ( http://whc.unesco.org/fr/etatsparties/cn ) :
-
le Paysage culturel des rizières en terrasse des
Hani de Honghe (au sud, près de la frontière
avec le Vietnam)
-
le site montagneux de Tianshan au Xinjiang (au nord du
pays, près de la frontière kazakhe)
HISTOIRE DE LA CHINE... EN QUELQUES LIGNES
-196
Mort du premier empereur Han
L'empereur Liu Bang meurt dans son palais. Huit ans plus tôt, profitant de la désintégration de l'empire consécutive à
la mort du premier empereur chinois, il avait pris le pouvoir et rétabli l'ordre dans le pays. La dynastie des Han (206
avant J.-C - 220 après J.-C) sera la plus longue de la Chine impériale. Elle sera à l'origine de l'espace chinois tel qu'il
apparaît aujourd'hui et du système du mandarinat.
747
Padmasambhava répand le tantrisme au Tibet
Le moine Padmasambhava introduit le bouddhisme tantrique au Tibet. Cette tendance bouddhique aussi nommée
"Véhicule de Diamant" (Vajrayana), est dérivée du tantrisme hindoue et du "Grand Véhicule" (Mahayana), doctrine
bouddhique misant sur l’expansion religieuse. Le tantrisme s’enracinera profondément au Tibet, lequel deviendra une
théocratie dès le XVIIe siècle.
845
Persécution du bouddhisme en Chine
Le bouddhisme chinois connaît la plus grande persécution de son histoire. En effet, sous la dynastie des Tang, alors
!
BA!
que le confucianisme connaît un nouvel essor, le bouddhisme est proscrit par un décret interdisant toute religion
étrangère en Chine. Les temples, les autels et les monastères sont détruits ; les moines, autrefois riches et désormais
sans ressource, se dispersent. Cet épisode marque le début du déclin du bouddhisme qui pourtant avait connu une
ferveur considérable au cours des siècles précédents.
1338
La peste noire se propage en Asie
La peste noire, aussi appelée "grande peste" se déclare en Asie centrale et commence à se propager dans de
nombreuses provinces chinoises. Elle atteindra bientôt l’Inde et ses comptoirs commerciaux. Transmises par les rats
embarqués sur les navires, elle touchera l’Europe près de dix ans plus tard.
1644
Suicide du dernier empereur Ming en Chine
Incapable de contenir la révolte Mandchoue qui gronde en Chine depuis plus de 10 ans, le souverain Tchouang-lie-ti
se pend dans la Cité Interdite à Pékin. Les eunuques de la ville impériale ouvrent immédiatement les portes de la Cité
aux troupes rebelles Mandchoue qui prennent le pouvoir. La nouvelle dynastie, les Ts'ing, régnera près de 250 ans,
jusqu'à la proclamation de la République chinoise en 1911.
1842
Hong-Kong devient britannique
Au terme de la première guerre de l'Opium, déclenchée pour défendre les intérêts britanniques en Chine, Chinois et
Anglais signent le traité de Nankin qui contraint le gouvernement chinois à céder l'île de Hong-Kong à la GrandeBretagne. Hong-Kong, qui signifie en cantonnais "port parfumé", devient colonie britannique pour plus de 150 ans.
Elle sera rétrocédée à la Chine le 1er juillet 1997.
1844
Signature du traité de Whampoa
L'ambassadeur de France en Chine, signe le Traité de Whampoa. Il permet aux Français de commercialiser avec les
Chinois dans cinq ports différents. Il favorise aussi les missions chrétiennes. La religion catholique est désormais
tolérée en Chine.
1858
Signature du Traité de Tianjin
Pour mettre fin à la seconde guerre de l’Opium, le gouvernement chinois des Qing est obligé de signer le traité de
Tianjin (Chine) avec la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la Russie. Par ce traité, la Chine ouvre onze
nouveaux ports au commerce étranger. Par ailleurs, elle s’engage à instaurer de meilleures relations diplomatiques
avec les Occidentaux, à légaliser le commerce de l’opium, à diminuer les tarifs douaniers à l’intérieur du pays, à
accepter l’installation de légations étrangères et, enfin, à autoriser la mise ne place de missions catholiques. Toutefois,
le gouvernement impérial n’appliquera pas tout de suite ces clauses, relançant les hostilités jusqu’en 1860.
1860
Les conventions de Pékin : fin de la seconde guerre de l’Opium
Au terme de la seconde guerre de l’Opium, les Chinois signent les conventions de Pékin. Pour ne pas avoir respecté
les clauses du traité de Tianjin, la Chine avait subi de nouvelles attaques occidentales. Ainsi, en plus d’appliquer les
clauses du traité de Tianjin, il devra abandonner aux Britanniques le nord de l’île de Hong-Kong et verser des
indemnités de guerre.
1895
Traité de Shimonoseki
Après une guerre rapide, les Chinois s'inclinent devant les Japonais avec le traité de Shimonoseki (Japon). Par ce
traité, la Chine cède une partie de la Mandchourie du Sud, les îles Pescadores et l'île de Formose (plus tard appelée
Taiwan). Elle reconnaît également le protectorat de fait du Japon sur la Corée et doit verser de fortes indemnités au
pays vainqueur. À partir de l’année suivante, les grandes puissances occidentales, à savoir la France, la Russie, le
Royaume-Uni et l’Allemagne se partageront le territoire chinois en zones d’influence. Tout est en place en Asie pour
les grandes guerres du XXe siècle.
1898
Début de la réforme des Cent jours
En Chine, l’empereur Guangxu s’entoure d’un groupe d’intellectuels désireux de réformer l’administration. Ceux-ci
tentent de contrer le morcellement de la Chine en diverses zones d’influence européennes en modernisant la politique,
l’éducation et l’économie du pays. Inspirées du modèle européen, ces réformes déplaisent fortement à l’impératrice
Cixi, traditionaliste et anti-occidentale. Forte de son influence à la cour, elle interrompt les projets de son neveu
!
"C!
empereur. Elle favorise ainsi les activités des sociétés secrètes telles que la Yihetuan, société des "Boxers".
1900
Révolte des Boxers à Pékin
Les membres de la société secrète chinoise du Yihetuan, "Poings de justice et de concorde", surnommés "Boxers", se
soulèvent contre la présence étrangère. Ils envahissent les missions catholiques, assiègent les légations étrangères,
tuent des prêtres ainsi que l’ambassadeur allemand von Ketteler. Les puissances coloniales, présentes en Chine depuis
la guerre de l'Opium de 1840, réagissent aussitôt, obligeant l'impératrice douairière Cixi à s'enfuir de Pékin.
Après avoir débarqué près de Tianjin, un corps expéditionnaire international commandé par le général allemand Alfred
von Waldersee prend Pékin. Il libère les légations européennes, assiégées depuis 55 jours par les nationalistes chinois.
C'est la fin de la révolte qui avait éclaté deux mois plus tôt contre la présence étrangère.
1904
Le Tibet devient un vassal de la Grande-Bretagne
La Grande-Bretagne et le Tibet signent un traité faisant de l'Etat tibétain un vassal de la Grande-Bretagne.
1908
Puyi devient empereur de Chine
L'Impératrice de Chine Ts'eu-hi meurt à Pékin. Son arrière-neveu, Puyi, âgé de 2 ans monte sur le trône. Puyi sera le
dernier empereur de Chine et abdiquera le 12 février 1912 lorsque la république sera proclamée par les
révolutionnaires.
1911
La dynastie Mandchoue est renversée en Chine
Une insurrection républicaine éclate au sud de la Chine, près de Canton. Elle renverse l'empereur de Chine, Puyi, âgé
de 3 ans. Cette révolte sonne le glas de la domination, vieille de 250 ans, de la dynastie Mandchoue sur la Chine. Les
chinois réclament la création d'une assemblée constituante à l’instigation de Sun Yat-sen, le fondateur du
Kuomintang. Sun Yat-sen revient en Chine et proclame la République le 1er Janvier 1912.
L'abdication de Puyi marque le fin de ce dernier régime et instaure définitivement la république chinoise. La dynastie
Quing, qui domine le pays depuis 1664, s'éteint.
1921
Première réunion du PCC
Les militants de divers groupes marxistes chinois se réunissent à Shanghai pour militer à la première réunion du Parti
communiste chinois (PCC). Né des aspirations estudiantines et populaires pour une Chine indépendante et moderne,
les mouvements révolutionnaires se sont multipliés depuis le début du XXème siècle. Le PCC s’alliera dans un
premier temps avec les nationalistes du Guomindang avant de l’affronter jusqu’à la victoire d’octobre 1949. Parmi les
participants, on retrouve l’homme qui mènera le PCC au pouvoir : le jeune Mao Zedong.
1927
Le Kouo-Min-Tang lance l'offensive contre l'insurrection de Shangai
Profitant d’une révolte d’ouvriers à Shanghai, Tchang Kaï-chek lance sa première offensive de masse contre le
communisme et devient le président de la République de Chine, à la tête du gouvernement de Nankin. Les
communistes, menés par Mao à partir de 1934, et le régime militaire dictatorial de Tchang Kaï-chek vont s’affronter
pendant 22 ans.
1927
Environ 200 000 morts dans un séisme en Chine
La terre tremble à Xining dans le centre ouest de la Chine et provoque un des plus terrible bilan humain de l’histoire
des séismes : environ 200 000 morts. L’Asie, et notamment la Chine, très peuplée, sont souvent très fortement
affectées par ce type d’événement. C’est d’ailleurs dans une région assez proche que le séisme le plus meurtrier se
produisit au seizième siècle, faisant 800 000 morts.
1934
La "Longue Marche"
Acculés par la progression des troupes du Kouo-min-tang, les communistes décident de quitter Jiangxi. Le périple
qu'ils entreprennent alors leur fera parcourir près de 12 000 kilomètres et atteindre le Shaanxi. C’est lors de cette
période que Mao Zedong prend la tête du Parti communiste chinois.
1937
Début de la guerre Sino-Japonaise
L’incident du pont Marco Polo, à proximité de Pékin, marque le début de la guerre Sino-japonaise. Suite à la
disparition d’un de leur soldat, les Japonais décident de fouiller la ville. Face à la résistance chinoise, ils font venir les
renforts. Le 28 juillet, Pékin sera entre leurs mains. En réalité, l’armée japonaise était installée en Mandchourie depuis
1931, mais ce n’est qu’à partir de cette attaque qu’elle affiche sa volonté de conquérir la Chine. Sa progression sera dès
lors très rapide. Toutefois, elle sera fortement ralentie au nord par la guérilla menée par les communistes, tandis que le
Kouo-min-tang livrera quelques batailles importantes.
1940
Intronisation du nouveau Dalaï-Lama
A 5 ans, Lhamo Dondrup est reconnu comme étant la réincarnation du quatorzième dalaï-lama. La cérémonie
d'intronisation a lieu à Lhassa, la capitale du Tibet, où il reçoit le nom de Tenzin Gyatso. En 1959, le dalaï-lama,
!
"B!
fuyant l'invasion chinoise du Tibet, se réfugiera en Inde.
1949
Fondation de la République Populaire de Chine
Du haut du balcon de la Cité Interdite à Pékin, Mao Zedong
proclame la République Populaire de Chine. Mao, chef du parti
communiste chinois, met fin à des années de guerre civile, opposant
nationalistes et communistes. Le "grand Timonier" devient président
du comité central du gouvernement. Cet événement étend par
ailleurs la Guerre froide au continent asiatique. Mao dirigera la
Chine d'une main de fer jusqu'à sa mort, le 9 septembre 1976.
1949
Les nationalistes chinois se replient sur le Formose
Tchang Kaï-chek et les nationalistes se replient sur l’île de Formose (Taïwan). Installant leur siège à Taïpeh, ils
refusent de reconnaître le gouvernement communiste et conservent le nom de "République de Chine". Les
communistes, qui ont proclamé la "République Populaire de Chine", adoptent la même attitude. L’ONU reconnaîtra en
1971 le gouvernement communiste comme le seul représentant légitime de la Chine. De fait, un nouvel Etat, désigné
généralement sous le nom de Taïwan, est né.
1958
Le Grand Bond en avant de Mao
A l’occasion du VIIIème congrès du parti communiste, Mao annonce un programme ambitieux de réforme de la
société chinoise. Souhaitant abandonner le programme industriel inspiré du modèle soviétique, le PCC décide d’un
programme de collectivisation ambitieux passant par les communes populaires, structures plus importantes que les
modèles alors en place. Le but est de « marcher sur les deux jambes », en stimulant industrie et agriculture. Mais c’est
un véritable désastre qui engendre la plus grande famine du siècle. Celle-ci aurait fait de 15 à 30 millions de morts.
1966
Début de la Révolution culturelle chinoise
Dans les rues de Pékin, une grande manifestation est organisée par le commandant de l'Armée, Lin Biao, contre les
menées révisionnistes du président Liu Shaoqi. Des milliers de "gardes rouges", des étudiants en majorité, défilent en
brandissant le "Petit livre rouge" de Mao Zedong. Ils s'en prennent aux symboles du passé, rejettent l'influence
occidentale et détruisent les installations "bourgeoises". Cette Révolution culturelle prolétarienne s'étendra à toutes
les grandes villes chinoises. Elle influencera de nombreux pays communistes.
1971
La Chine devient membre permanent du siège de sécurité de l'ONU
Membre fondateur de l’ONU, la Chine retrouve son siège au Conseil de Sécurité au détriment de Taïwan. Cette
arrivée d’un nouveau pays communiste marque la fin de la domination des occidentaux au Siège de Sécurité.
1975
3000 statues de soldats découvertes en Chine
Des archéologues chinois annoncent la découverte du
gigantesque tombeau (20 000 m2) du premier empereur du
pays Qin Shihuangdi près de Xian. Il contient les statues de
plus de 6000 soldats et chevaux en terre cuite grandeur
nature. Une véritable armée enterrée avec le défunt souverain
pour l'accompagner dans "l'autre monde". Entamé en 221
avant Jésus-Christ, le chantier aurait duré 36 ans et près de
700 000 ouvriers y auraient travaillé. Les guerriers ont tous
des visages différents et sont armés, disposés en ordre de
bataille.
1976
Mao Tsé-Toung meurt à Pékin à l'âge de 82 ans.
1989
Le "Printemps de Pékin" réprimé dans le sang
Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, place Tienanmen à Pékin, les autorités chinoises répriment dans le sang le vaste
mouvement populaire en faveur de la démocratie. Depuis un mois, des étudiants et des ouvriers ont investi la place
Tienanmen pour demander un changement politique. Le Premier ministre, Li Peng, décrète alors la loi martiale et
envoie l'armée sur la capitale. Des centaines de manifestants seront écrasés par le chars ou abattus.
1997
Restitution de Hong Kong à la Chine
1998
Une inondation dévaste le sud-est de la Chine
Le Yang-Tsé-Kiang déborde, submergeant plus de 200 000 km2 de terre. Plus de 100 millions de personnes sont
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touchées et 5 millions de maisons inondées. Le coût de ces inondations est évalué à 160 milliards de yuans pour les
provinces concernées.
2001
La Chine devient membre de l'OMC
La Chine accède à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), suivie aussitôt après de Taiwan, portant à 144 le
nombre de pays membres. L'accession de la Chine à l'OMC a confirmé l’ouverture du marché chinois et la place
majeure qu’elle entend occuper dans le monde économique.
2003
L’OMS lance une alerte mondiale sur le SRAS
Face au Syndrome respiratoire aigu sévère qui est apparu en Chine en novembre 2002, l’Organisation mondiale de la
santé lance une alerte mondiale. Celle-ci vise à prévenir les voyageurs de la gravité et des risques de la maladie, qu’on
a vu se développer à Taiwan, au Viêt Nam, à Singapour et au Canada. Endiguée en juillet 2003, l’épidémie fera en tout
plus de 800 morts dans le monde
2003
Hu Jintao élu président de la République de Chine
Désigné par l’Assemblée nationale, Hu Jintao succède à Jiang Zemin, alors âgé de 76 ans. Avant cette accession au
pouvoir, Hu Jintao occupait le poste de Secrétaire du Parti Communiste Chinois (PCC).
2003
Le premier cosmonaute chinois
Après 21 heures de vol, Yang Liwei est le premier cosmonaute chinois (appelé taïkonaute) à aller dans l’espace. Le
vaisseau Shenzhou V effectue quatorze fois le tour de la Terre, avant d'atterrir dans une des vastes plaines de la Chine.
La Chine devient ainsi le troisième pays à avoir un accès au cosmos après l'Union Soviétique et les Etats-Unis il y a
quarante ans
2005
Shenzhou 6, deuxième mission spatiale chinoise habitée
LA RELIGION
Bouddha : Aux confins de l’Inde et du Népal actuels, à Badhgayâ, il y a plus de 2 500 ans, le jeune
prince Siddhât-tha Gautama, qu’on appelait aussi le Sage de la Tribu des Shâkya (Shâkyamouni), méditait
sous un arbre. II avait décidé de ne bouger de là qu’après avoir découvert les causes de la souffrance.
L’illumination lui fut accordée, il reçut révélation en quatre vérités. Cela fit de lui LEveillé; ce qui, en
sanskrit, se dit Bouddha.
Les quatre vérités révélées au Bouddha peuvent se résumer ainsi :
1 - La vie est douleur, souffrance, passage éphémère.
2 - L’attachement à la vie, le désir de bonheur, sont la cause de la souffrance.
3 - Supprimer le désir fait disparaître la douleur.
4 - Mener une vie pure, sans égoïsme, supprime tout désir.
Toute souffrance, toute douleur éprouvée renvoie à une faute commise dans une vie antérieure. Toute
mauvaise action est comptée et détermine la prochaine existence (bonne ou mauvaise, c’est selon) ! Les
vices fondamentaux, causes des mauvaises actions, sont le désir, la haine et l’erreur.
Le salut ne peut se trouver que dans l’arrêt des transmigrations, dans la fin du samsâra. Seul un saint
personnage, plein de vertu, peut être délivré de la nécessité de renaître et mourir continuellement. Quand
cesse la transmigration, disparaît la douleur, s’épuisent les courants impurs des passions et des erreurs qui
obligeaient l’individu à renaître. C’est le nirvâna, l’état de béatitude imperturbable. Proprement
inimaginable, le nirvâna n’a rien à voir avec un quelconque paradis, c’est un état de complet
désintéressement, de totale sollicitude, de lucidité intellectuelle suprême.
Certaines saintes personnes, promises à Eveil, tout près d’accéder à la béatitude, choisissent de servir les
malheureux de ce bas monde ; elle renoncent momentanément au nirvâna, elles oublient leur propre bodhi
(=éveil) pour aider l’humanité souffrante. Ces sattva (= êtres) particulièrement miséricordieux sont perçus
comme étant des humains exceptionnels, proches des divinités : on les appelle Bodhisattva (ce qui veut
dire : être promis à l'éveil). En retardant leur ascension vers le nirvâna, ils font l’admiration respectueuse
des foules. En Chine, quand on les représente, c’est toujours revêtus de la riche parure des princes et le
front ceint d’un diadème. Dans le bouddhisme ancien, la bodhi était refusée aux femmes : le bouddhisme
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chinois semblerait moins stricte.
Né en Inde le Bouddhisme s’est transformé selon qu’il s’implantait ici où là, à Ceylan, en Birmanie, en
Thaïlande, au Laos, au Cambodge, à Java, au Tibet, au Bengale, au Cachemire, en Chine, en Corée, au
Japon...etc.
Le Bouddhisme s’est répandu en Chine à partir du Ile siècle après J.C.
LE THEATRE / L'OPERA CHINOIS / LES MASQUES
On ne trouve pas de théâtre en Chine, pas de véritables pièces, avant le XII e siècle (après J.C.), les livrets
les plus anciens qui nous soient parvenus remontent aux XIIe et XIVe siècles. Les premiers dramaturges
chinois arrivent plus de 1500 ans après Sophocle, Eschyle, Euripide ou Aristophane...
Le théâtre, quand il apparut, privilégia la forme chantée. Les dialogues, plus modifiables, tenaient la place
de "l’invité" en regard des parties lyriques qui faisaient office de "maître de céans". Cette situation
paradoxale s’explique par le primat de la poésie sur toute autre forme de création ; les airs chantés
dérivaient de l’écriture poétique. Le théâtre entièrement parlé n’apparut qu’au XXe siècle sous l’influence
du théâtre occidental. La prépondérance des parties lyriques dans le théâtre chinois justifie qu’on le
compare à l’opéra en Europe. Nonobstant les dissemblances qui affectent ces deux formes, nous parlerons
ici d’opéra pour le théâtre chanté traditionnel chinois. Son caractère composite associant chant, musique
et danse, explique son élaboration tardive.
(Roger DARROBERS)
L’opéra de Pékin, né au milieu du XIXe siècle, reste le genre le plus joué (et le plus connu à l’étranger),
il n’exclut pas les traditions de Shanghai, de Taïwan, du Sichuan.. etc (également fortes et vivaces).
Les théâtres chinois chantés sont codifiés à l’extrême et quelque peu hermétiques au non-initié. Codes et
classifications multiples régissent les costumes, accessoires, maquillages, musiques, gestuelle set
mimiques (chacune de ces catégories ayant ses subdivisions)... Par exemple, 27 rires sont codifiés par
l’opéra de Pékin : franc, sarcastique, colérique, feint, forcé, arrogant fou, hypocrite, affecté, jaloux,
étonné, embarrassé, stupide, bête, craintif, flatteur, enjôleur, gêné, fourbe, traître, triste, amer, moqueur,
narquois, dément, offensé, à gorge déployée...
Les actrices, assimilées à des courtisanes, y furent interdites. Les rôles féminins étaient confiés à des
hommes, comédiens hautement spécialisés (et formés à partir de 7/8 ans).
Les théâtres chantés de Chine combinent la musique, le chant, la poésie, la danse et les arts martiaux, ils
ne comportent pas de décors, l’espace scénique est tendu de rideaux.
Rappel : le théâtre parlé est apparu en Chine sous l’influence de l’Occident (début XXe siècle après J.C.).
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Le roi des masques est porté par le choix de l’opéra comme symbole artistique par excellence :
l’art total et suprême.
C’est sans doute aussi la raison pour laquelle Wu Tianming a choisi l’opéra du Sichuan pour représenter
ce symbole : parce qu’il est né, au dix-huitième siècle, sous les règnes des empereurs Yongzheng et
Qianlong, de la synthèse de cinq styles préexistants d’opéra. On peut donc le considérer comme une
somme en soi.
L’opéra figure ici comme personnage à part entière. «Le roi des masques» n’est pas un film d’opéra,
c’est un film sur l’opéra, sur le pouvoir quasiment incantatoire et magique de l’opéra, qui agit sur
l’esprit
des
spectateurs
jusqu’à
leur
faire
perdre
le
sens
de
la
réalité.
C’est parce que Gouwa a assisté fascinée à la représentation de l’opéra que l’acteur lui apparaît
réellement comme l’incarnation de Guanyin ; lorsqu’elle va le voir pour tenter de sauver le vieux maître,
elle l’appelle d’ailleurs, comme tout le monde, «活 音», vivante Guanyin, et ce n’est pas chez elle une
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expression imagée, c’est la vérité. Par la suite, lorsqu’elle se jette du haut du toit du théâtre, il n’y a pas
dans sa tête l’ombre d’un doute : elle va renaître elle aussi comme vraie Guanyin, et elle sauvera son
maître.
Le plus étonnant, c’est que le film agit avec la même force que l’opéra lui-même, avec le même pouvoir
magique, et c’est sans doute là ce que voulait Wu Tianming. Le cinéma devient le vecteur de l’art, un art
ésotérique dont la transmission, par conséquent et par essence, ne peut donc se faire qu’entre disciples,
entre initiés.
On peut considérer que ce n’est pas tellement (ou pas seulement) parce qu’elle est une fille que Gouwa,
au départ, n’est pas jugée digne de recevoir l’enseignement du maître ; il lui faut d’abord faire ses
preuves, parcourir le chemin initiatique parsemé d’épreuves réservé aux disciples dans toute religion.
! Le jeu des acteurs de l’opéra
Comment caractériser le jeu des acteurs
d’opéra (gestes, tons, costumes) et les
réactions des spectateurs à la pièce ?
En quoi ces réactions diffèrent-elles de
celles d’un public occidental ?
Par exemple, le chant-commentaire du
général lors de la dernière représentation
indique bien l’aspect rituel et attendu de
l’action, sans surprise possible : "Les
généraux arrivent".
En quoi l’opéra chinois est-il un art
original ? (Gestes, ton, musique, rythme,
costumes, couleurs, décor…)
L'art des masques – en chinois "changer de visage" - est c’est un art en soi. C’est un aspect de l’opéra du
Sichuan qui consiste à changer très rapidement de masques, dans un mouvement qui apparaît comme
quasiment magique aux yeux des spectateurs. Il remonterait au règne de l’empereur Qianlong, au
XVIIIème siècle. Il aurait son origine dans une pièce qui racontait l’histoire d’un bandit au grand cœur
volant les riches pour aider les pauvres ; capturé par la police de l’empereur, il «changeait de visage» pour
leur échapper.
Au début, la couleur du visage ayant, dans l’opéra chinois, un aspect symbolique caractérisant le
caractère et l’humeur du personnage interprété, les acteurs en changeaient pendant les représentations en
soufflant dans des bols de poudre colorée ; leur visage ayant été huilé, la poudre adhérait facilement.
Une autre méthode consistait à se passer sur le visage une pâte colorée cachée dans la paume de la main.
Mais la méthode fut perfectionnée : dans les années 1920, les acteurs commencèrent à utiliser des
masques de papier huilé qu’ils se mettaient en couches sur le visage et enlevaient très vite, l’un après
l’autre, selon le déroulement de l’action. Aujourd’hui, les masques sont en soie peinte. Les artistes les
décollent au fur et à mesure grâce à un fil de soie caché dans leur manche et relié au masque. Les
virtuoses peuvent changer dix masques en vingt secondes, d’un mouvement de bras ou d’une rotation de
la tête ! Il s’agit de montrer une variété de sentiments et d’expressions, rouge pour la colère, noir pour la
fureur... Il semble qu’il n’existe qu’une seule femme qui maîtrise cet art, fille d’un chinois de Malaisie :
Chong Candy.
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TRADITION ET MODERNITE
Il est intéressant de comparer ce qui est montré des conditions et des modes de vie en Chine, à plusieurs
niveaux :
- à l'intérieur d'un même film,
- entre les représentations qui nous sont données par les deux réalisateurs
- en mettant en regard nos propres existences
Le roi des masques
Le film se passe dans la Chine de 1930. Observer :
- l'habillement : comment les chinois sont vêtus, coiffés ?
- la nourriture et la façon de manger : comment ils mangent, ce qu’ils mangent (papillotes de riz dans des
tiges de bambou, cœur de bambou...)
- la monnaie : pièces de cuivre ou d’argent
- les plantes médicinales
- les caractères chinois et l’écriture
- les instruments de musique
- les lieux de culte
- les moyens de locomotion : chaise à porteur, jonque...
- les rites de politesse, les salutations (entre Wang et Liang)
- les villes et les rues, l’architecture extérieure et intérieure des maisons
- l’opéra, les fêtes populaires.
- les contrastes entre le peuple pauvre (qui vend ses enfants) et la richesse de l’opéra.
- musique orientale traditionnelle et musique occidentale
Pas un de moins
L'opposition essentielle se situe entre la Chine rurale et la Chine urbaine
- Installations vétustes / modernes
- Habillement
- Modes de transport
- Activités
- Aspect inhumain de la ville : sa grandeur, les difficultés de communication entre les êtres qui la
composent.
Enfant en Chine, enfant en France
Comparer (entre les films / avec notre propre environnement) :
- Cadre de vie, architectures,
- vêtements, mobilier, moyens de transport,
- la vie quotidienne : l'école, le lieu où on dort, l'apprentissage (comment ? avec qui ? avec quels
outils ? )
- les problèmes rencontrés par les enfants / les solutions trouvées
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LA PLACE DES FILLES DANS LA SOCIETE CHINOISE
La femme dans la société chinoise ancienne
La femme dans la société chinoise ancienne était –comme le dit l’auteur de L’Histoire de la Civilisation
(3/1 La Femme en Chine, W. Durant.) - dépendante de l’homme et passait toute sa vie à lui obéir : elle
était une éternelle mineure, frappée d’incapacité (juridique) et l’homme lui servait automatiquement de
tuteur. Elle n’avait pas droit à l’enseignement ni à l’éducation, elle devait simplement rester enfermée
dans sa maison, à servir, à vaquer aux travaux ménagers. Elle était aussi appelée à couper ses cheveux dès
l’âge de 15 ans et à se marier dès qu’elle atteignait l’âge de 20 ans ; c’est son père qui lui choisissait un
mari avec l’aide d’un entremetteur.
La naissance d’une fille était considérée comme étant de mauvais augure. Durant dit dans son livre : "Les
pères imploraient les dieux dans leurs prières de leur accorder des garçons. Ne pas avoir de garçons
était une source de honte et une malédiction pour les mères parce que les garçons étaient plus aptes que
les femmes à travailler dans les champs et plus braves sur le champ de bataille. Les filles étaient
considérées comme une charge pour les pères, car ils les éduquaient avec patience puis les envoyaient
chez leurs époux, au point qu’il était courant de tuer les filles : lorsque dans une famille, on accouchait
de plus de filles qu’on en avait besoin et que la famille éprouvait des difficultés pour s’occuper d’elles, on
les abandonnait dans les champs à la merci du froid glacial de la nuit ou des bêtes féroces sans que les
membres de la famille n’éprouvent le moindre remords".
Politique de l'enfant unique et conséquences
Mise en place en 1979, la politique de l'enfant unique a renforcé le désir de mettre au monde un fils et a
ainsi précipité le sort des filles. Autrement nommé le "pragmatisme malthusien" par Isabelle Attané (Une
Chine sans femmes), cette politique deviendra une priorité dans les années 70.
Des quotas sont alors fixés, déterminant qui est autorisé à avoir un enfant, maintenant ou plus tard. Le
respect de ces quotas est assuré par des cadres du planning familial. Il semble néanmoins que les
dérogations et autres corruptions soient monnaie courante.
La loi exige qu'après un enfant, une femme se fasse poser un stérilet, et après le deuxième enfant, elle doit
se faire stériliser. Aussi les couples tentent-ils d'avoir un garçon à toute force en recourant notamment à
l'avortement sélectif une fois le sexe du bébé déterminé par échographie ou amniocentèse.
Précisons qu'en 2000, le nombre d'IVG en Chine aurait été de 14,9 millions.
Un recensement fait en 2000, en Chine, a montré que pour cette seule année, il manquait
730 000
naissances de filles. Bien que la limitation des naissances interdise de pratiquer l'échographie autrement
que pour raisons médicales, beaucoup de médecins se laissent corrompre par des parents soucieux d'avoir
un fils. Ce sont ainsi des millions de fœtus féminins auxquels on refuse la vie.
Si une fillette non voulue a tout de même le malheur de venir au monde, elles sera souvent victime de
négligences au niveau des soins et de l'alimentation, les protocoles vaccinaux ne seront pas toujours
respectés et si elle est malade on tardera à lui faire voir un médecin. Ces différentes formes de
négligences conduisent beaucoup de fillettes à la mort.
Une autre solution est celle de l'abandon de la fillette dans un orphelinat où les conditions de vie sont
souvent scandaleuses, comme en témoigne un documentaire britannique intitulé The Dying Rooms. Bon
nombre des fillettes abandonnées seront adoptées à l'étranger. Selon Médecins Sans Frontières, en 2006,
98% des enfants proposés par leurs soins à l'adoption étaient des filles.
Une troisième solution est de cacher la fillette, situation rencontrée presque exclusivement en campagne.
Une fois née, la petite fille sera cachée et ses parents n'iront pas la déclarer afin de se donner la chance
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d'avoir un deuxième enfant. Ainsi, des milliers d'enfants vivent sans existence légale. On les appelle les
"enfants noirs".
L'infanticide est l'ultime solution. Bien qu'ayant disparu des villes et en majeure partie de la campagne, il
se pratique parfois dans certaines régions reculées et sous le sceau d'une parfaite discrétion puisque puni
par la loi, la peine pouvant aller de 10 ans de prison à l'exécution.
Les 60 millions de femmes manquantes en Chine dont parle Isabelle Attané sont donc victimes de la
sélection prénatale et de la surmortalité infantile. Ce chiffre peut cependant varier selon les auteurs de
calculs et leurs méthodes, mais aussi parce qu'un certain nombre de ces filles manquantes sont nées et
mortes sans avoir été déclarées.
Ce déséquilibre entre les genres va forcément avoir des conséquences sur la vie amoureuse et maritale des
Chinois qui vont se retrouver sans femmes. Déjà en 2000, parmi les célibataires âgés de plus de 30 ans,
90% étaient des hommes. Ce manque de futures épouses mènera à une instabilité sociale. Le
gouvernement chinois annonce déjà le chiffre de 30 à 40 millions d'hommes obligés au célibat dans 10
ans.
Autre conséquence dont les femmes sont d'ores et déjà les victimes: le trafic humain. Certaines femmes
sont enlevées afin d'être prostituées; d'autres pour être mariées, parfois à toute une fratrie. Ce trafic se
développe surtout dans les zones où le déficit de femmes est important, dans des régions rurales telles que
le Guangdong.
Il existe en outre de fortes probabilités pour que le déséquilibre mène à une forte hausse des crimes
sexuels perpétrés contre les femmes.
Enfin, puisque ces dernières sont moins nombreuses, il y aura logiquement moins de naissances et la
capacité de reproduction du pays va décroître.
Bien que l'égalité des femmes et des hommes ait été inscrite dans la Constitution chinoise comme un
principe essentiel et que la position sociale des femmes ait évolué, le sentiment que la vie d'une fille a
moins de prix que celle d'un garçon subsiste toujours.
Cette préférence pour les garçons est inscrite depuis toujours dans la culture patriarcale chinoise qui règne
sur la vie quotidienne. Tout d'abord, l'absence d'héritier mâle signifie l'extinction de la lignée familiale
puisque c'est par lui que se transmettent le nom et le patrimoine familial.
La culture religieuse chinoise est elle aussi un facteur concourant à cette préférence, car selon la tradition
confucéenne seul le fils officie lors des enterrements et des cultes aux ancêtres.
Un fils a par ailleurs, dans les zones rurales surtout, une forte valeur économique puisqu'il participe aux
travaux agricoles. En outre, dans un pays où il n'y a pas de système organisé de retraite, c'est lui qui
prendra en charge ses parents lors de leurs vieux jours.
Avec la classe...
Observer :
- les droits et les devoirs des enfants, des filles en particulier
- la responsabilité qui pèse sur les épaules d'une fille de 13 ans
- le travail des enfants, exploités pour un salaire de misère
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SOURCES ET RESSOURCES
Le dossier très complet du site Atmosphère 53 : http://www.atmospheres53.org/docs/roidesmasques.pdf
Le Carnet de notes d'Ecole et cinéma : http://www.cnc.fr/web/fr/ecole-et-cinema1/-/ressources/54818
La page du Site Image : http://site-image.eu/index.php?page=film&id=98
Autres liens :
http://www.icilachine.com/cinema/films/1243-le-roi-des-masques-de-wu-tianming.html
http://cinegamin.free.fr/pages/docpeda/pdf/roimasq/roi.pdf
Séquences vidéo :
http://site-image.eu/index.php?page=film&id=98&partie=decoupage
http://www.chine-et-films.com/film/pas-un-de-moins-yi-ge-du-bu-neng-shao
Photos des films :
http://www.cinefil.com/film/pas-un-de-moins/photos
Quelques données supplémentaires sur la Chine :
http://www.universalis.fr/chiffres-monde/asie/chine/
Bibliographie
Le Théâtre Chinois par Roger DARROBERS P.U.F. - Paris - 1995 - collection "Que sais-je ?" no 2980
Le Livre des Religions coordonné par Jacqueline VALLON Editions Gallimard - Paris 1989/1996,
Collection «Découverte-Cadet»
Le cinéma chinois, Jean-Loup Passek, Ed. Centre Georges Pompidou, 1985.
Le cinéma chinois 1949-1983, Régis Bergeron, Ed. L'Harmattan, 1984. Masques de l'opéra de Pékin,
Zhao Menglin et Yan Jiqing, Ed. Aurore, 1992.
Quelques ouvrages documentaires sur la Chine pour les enfants
BUSUTTIL, Joëlle, QUENTIN, Laurence, Vivre en Chine, Coll. Découverte Benjamin, Gallimard Jeunesse,
Paris, 1991.
STEELE, Philip, Vivre Comme… Les Chinois, De La Martinière jeunesse, Paris, 1999.
GODARD, Philippe, PILON, Pascal, THOMAS, Elisabeth, La Chine du 19e siècle à nos jours, Autrement
Junior, Série Histoire, Paris, 2004
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