Le 30 janvier dernier, le rideau tombait dénitivement sur la dernière
production du Théâtre des Remparts, Théâtre sans animaux de Jean-
Michel Ribbes, au terme de cinq représentations dans la magnique
salle du Bicubic (Romont/FR) destinées à marquer le 30e anniversaire
de la troupe. Ce spectacle très abouti, admirable en tous points,
représente le fruit de l’investissement d’une belle équipe d’amis, mais
également (et surtout) le fruit d’un travail collectif exemplaire cultivé
tout au long du parcours de cette compagnie fribourgeoise. Pour
comprendre le succès de cette recette, il vaut la peine de remonter le
temps et de survoler l’aventure théâtrale du Théâtre des Remparts.
Théâtre des Remparts (Romont)
30 ans de plaisir et d'amitié
sur les planches...
Romont, début des années 80. Un
passionné de théâtre, Stéphane
Sugnaux, rêve de relancer dans sa
bonne ville une activité théâtrale
digne de ce nom. En janvier 1986, il
réunit autour de lui plusieurs amis et
connaissances dans le but de créer
une troupe et de monter un spectacle.
Son premier projet : porter sur scène
la pièce de Dürrenmatt, Romulus le
Grand. Les débuts ne sont pas évidents
et ce premier projet meurt avant même
d’avoir vu le jour. Qu’importe ! Aussitôt
la petite équipe se relance avec une
nouvelle pièce, Un chapeau de paille
d’Italie d’Eugène Labiche. Et c’est ainsi
qu’au printemps 1987 la première
production du Théâtre des Remparts
est l’ache : 2h½ de spectacle, cinq
décors et une trentaine de comédiens
de 10 à 55 ans qui se bousculent
sur la minuscule scène de l’aula de
l’école primaire de Romont, salle qui
accueillera désormais les productions
de la troupe pendant une vingtaine
d’années.
Vincent Roubaty, actuel président de la
troupe, faisait partie de cette première
équipe: «Lorsque nous avons cherché
un nom pour notre troupe, c’est tout
naturellement que nous avons pensé
à ce qui symbolise notre ville, son
architecture médiévale, ses remparts
qui ceignent aujourd’hui encore la cité.»
De la dictature au «collectivisme»
Le fondateur, président et metteur
en scène, Stéphane Sugnaux, ne
laisse pas retomber le soué ;
aussitôt une nouvelle pièce est mise
en chantier, mise en scène par sa
compagne Isabelle Daccord, Jean
III ou l’irrésistible ascension de Paul
Mondoucet de Sacha Guitry (1988).
Puis ce sera Ma vie n’est plus un roman
de Michel Déon (1989). Ainsi, dès sa
création, le Théâtre des Remparts
vise un répertoire relativement
exigeant, sans concession, même si la
troupe doit encore faire ses preuves
quant à la qualité de son jeu. Pascal
Richoz, membre des Remparts: «Ces
choix de textes, c’était la volonté de
Stéphane et de son équipe. Il estimait
qu’il y avait assez de troupes de
Jeunesse ou de village pour proposer
des comédies de boulevard ou des
pièces légères.»
En 1990, le choix se porte sur La
maison des Jeanne et de la culture de
Tilly, un texte où trois comédiennes
règlent leurs comptes au travers d’un
vocabulaire parfois crû. Pour cette pièce,
l’atmosphère n’est déjà plus au beau xe
entre la troupe et son mentor. Ce dernier
ne supporte pas que ses choix soient
contestés par certaines personnes ;
ni une ni deux, il claque la porte avec
fracas et la troupe se retrouve orpheline
du jour au lendemain.
Dans de telles circonstances, nombre
de troupes ne survivent pas. Le
Théâtre des Remparts, lui, fait face à
la situation. Après avoir vécu ses pre-
mières années sous la douce férule de
son créateur, la troupe s’installe petit
à petit dans un système de démocratie
totale, à l’opposé de ce qu’elle avait
vécu jusque-là. Vincent Roubaty, pré-
sident: «Désormais la troupe orait
la possibilité à l’ensemble de ses
Un chapeau de paille d'Italie d'Eugène Labiche, le
premier spectacle du Théâtre des Remparts (1987)
Photo du haut: Petit déjeuner compris
de Christine Reverho (2011)
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