Sans racine plongée dans un sol susceptible de la stocker, nous sommes
particulièrement dépendant de l’eau. Sans elle, nous ne survivons pas
longtemps. Comme pour notre nourriture, notre capacité au mouvement
nous permet de nous déplacer pour la trouver. Selon les espèces, les
animaux doivent trouver de l’eau plusieurs fois par jour.
La nourriture des végétaux est digérée par les bactéries de la terre ; notre
nourriture est digérée par notre ventre. Il est naturellement tiédeur,
humidité et obscurité. Là, des milliards de vies microscopiques font le
même travail que leurs consœurs du tapis végétal. Notre ventre est un
composteur accéléré.
L’oxygène arrive des poumons par l’intermédiaire de la sève animale : le
sang. Les villosités de la paroi intestinale sont les racines du corps : elles
plongent dans les matières digérées pour y puiser les nutriments. La sève
sanguine se charge de les diffuser là où ils sont utiles. Séparées de la terre,
toutes les matières que le composteur digère sont issues des végétaux : le
règne végétal est le cordon ombilical reliant la terre aux animaux. Après
l’oxygène qu’il nous offre, ce cordon est notre deuxième dépendance à ce
règne. Il semblerait donc logique que nous en prenions soin.
Nos excréments, riches en vies microscopiques, sont un ferment pour la
terre. En stimulant et en accélérant le compostage des débris végétaux du
sol, les rejets des animaux nourrissent les cycles des végétaux. Nous offrons
ainsi à la terre et aux plantes la possibilité d’accélérer leurs propres cycles.
En pâturage raisonné, les prairies reverdissent chaque année grâce aux
ferments que les animaux ont laissés. Après avoir mangé ses fruits, je peux
faire un trou au pied de l’arbre et faire mes besoins en pensant « merci, à
l’année prochaine ».
Pour construire ses muscles et sa chair, l’animal a besoin de beaucoup de
matière. Il lui faut dix à quinze protéines végétales pour produire une seule
de ses protéines animales. Mais une fois qu’il est formé, le muscle révèle sa
destinée. L’activité musculaire peut produire cinq kilojoules d’énergie
mécanique pour seulement trois kilojoules alimentaires consommés.
Destiné au mouvement, l’animal consomme moins d’énergie qu’il n’en rend.
C’est un autre miracle du Vivant.
Nous autres, les Humains, avons créé des outils nous permettant de
transcender cette énergie. Grâce à la roue et à la mécanique, nous pouvons
par exemple parcourir de nombreux kilomètres à vélo sans devoir ingérer
des milliers de calories. Nos outils et autres poulies nous permettent de
réaliser divers travaux avec ce même rendement. Toutes les civilisations se
sont contentées de cette énergie. Egyptiens, Grecs, Romains, Amérindiens…
ce n’est que très récemment que les muscles ont été remplacés par des
moteurs, à explosion ou à vapeur.