1- Errota Handia, oasis verte
La Réserve Naturelle Régionale
d’Errota Handia grand moulin » en
langue basque), se trouve sur la
commune d’Arcangues (Arrangoitze),
en Labourd, à moins de 10 km de la
côte. Située en amont du bassin-
versant de l’Uhabia, elle s’étend sur un
fond de vallon dans lequel coule le
ruisseau d’Alotz, sur un substrat
constitué principalement d’argiles et
de limons.
Le site, de près de 10 hectares, est compode milieux naturels diversifiés, autour d’un étang d’environ
2 ha et des ruisseaux et mares afférents. Les prairies mésophiles, prairies humides et mégaphorbiaies
constituent l’essentiel des milieux ouverts, tandis que les boisements se composent de chênaies
acidiphiles, de saussaies marécageuses et d’aulnaies.
De nombreuses espèces animales et végétales ont été recensées à Errota Handia, la diversité
avifaunistique (oiseaux nicheurs et hivernants) et entomologique y étant particulièrement
remarquable. Le site abrite en outre des espèces patrimoniales telles que le Vison d’Europe, le Lucane
cerf-volant, le grand Capricorne ou encore l’Agrion de Mercure, le Cuivré des marais, la Cordulie à
corps fin, toutes citées à l’annexe II de la Directive « Habitats ».
Depuis 1999, Jean-François TERRASSE et le Conservatoire d’espaces naturels d’Aquitaine se sont
associés pour mettre en œuvre les mesures visant à la conservation de ce patrimoine naturel. En 2001,
le classement du site en Réserve Naturelle Volontaire, aujourd’hui Réserve Naturelle Régionale, a
permis de doter le site d’un statut de protection.
Un premier plan quinquennal de gestion de la réserve fut mené de 2001 à 2006 par le CEN Aquitaine.
Suite au bilan des actions mises en œuvre au cours de cette période, un deuxième plan de gestion fut
engagé entre 2007 et 2011 afin de poursuivre les efforts investis pour la sauvegarde du site et des
espèces qui lui sont inféodées.
Les actions prévues dans ces plans de gestion ont pu être réalisées grâce au soutien financier du Conseil
Régional d’Aquitaine et de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, du Conseil Général des Pyrénées-
Atlantiques et de la Direction Régionale de l’Environnement, et à la mobilisation d’un réseau de
partenaires techniques.
Les objectifs du plan de gestion 2007-2011 visaient au maintien de la diversité des habitats, de la faune
et de la flore qu’ils abritent. L’évaluation de l’atteinte des objectifs fixés, permet aujourd’hui de
redéfinir les objectifs initiaux et de prévoir les mesures à mettre en œuvre pour y répondre. Dans la
perspective d’une protection pérenne du patrimoine naturel, un troisième programme d’actions est
proposé pour la période 2012-2016
Bilan de gestion 2007-2011
&
Plan de gestion 2012-2016
Synthèse
Etang ©Tangi Le Moal-2009
©CEN Aquitaine-2014
2 - Un référentiel sur le patrimoine naturel et le suivi de bio-indicateurs en
cours de constitution
Après un premier plan de gestion qui avait permis de dresser un bon état des lieux de la
connaissance du patrimoine, il s’est agi de 2007 à 2011 de rechercher et de suivre les bio-
indicateurs les plus pertinents pour orienter et évaluer la gestion du site, d’obtenir des indicateurs
pour le suivi à long terme des milieux, de poursuivre l’approfondissement des connaissances sur le
patrimoine naturel du site
A - Suivis écologiques et amélioration des connaissances:
Les Lépidoptères Hétérocères, un cortège discret mais riche
Afin de connaitre la potentialité d’accueil du site pour les Lépidoptères Hétérocères (papillons de
nuit), un inventaire a été mené en 2008 et 2010 par l’association « le Paon du jour ».
Durant les prospections nocturnes qui ont lieu, 829 individus ont été recensés pour 106 espèces dont
5 espèces remarquables :
La Petite épine hispanique (Cilix hispanica)
Le Vert-Doré pointillé (Diachrysia nadeja)
La Phalène mariée (Cyclophora annularia)
L’Acidalie des ombelles (Scopula umbelaria)
La Joyeuse (Trichosea ludifica)
Au vu des résultats et de la diversité présente, le site d’Errota Handia est un site d’accueil
particulièrement propice aux papillons de nuit. La présence des espèces de ce groupe est liée aux
cortèges floristiques des prairies et forêts de la Réserve et des milieux environnants, offrant nectar et
végétaux nécessaires à leurs cycles de vie. La gestion des milieux prairiaux par fauche tardive semble
propice au maintien de ce cortège. Il conviendra néanmoins de réitérer l’inventaire au terme du plan
de gestion, pour s’assurer de sa stabilité ou identifier une éventuelle modification du peuplement du
site pour ce groupe.
Les Coléoptères
En 2010 et 2011 a eu lieu un pré-inventaire des Coléoptères présents sur la Réserve Naturelle, confié
à Clément Grancher. Le protocole mis en place pour cet inventaire a été ciblé sur les milieux les plus
propices à l’accueil des Carabiques et saproxyliques (prairies, bois mort).
Un total de 33 espèces a été inventorié sur le site. D’un point de vue patrimonial, le peuplement de
Carabidae mis à jour est d’une valeur moyenne à forte. Il est dominé par des espèces très communes,
mais présente également des espèces remarquables comme Cicendela germanica (Linnaeus, 1758),
Carabus (Tachypus) auratus (Linnaeus, 1761) ou l’endémique pyrénéen Carabus (Chrysocarabus)
lineatus.
Les Coléoptères sont un très bon indicateur des effets de la gestion menée sur le site.Le cortège
présent est le reflet de la mosaïque de milieux présents sur le site : prairies de fauche, forêts mâtures,
milieux humides. Les principaux objectifs de gestion conservatoire relatifs à ce groupe viseront à
maintenir la structure et les gradients d’humidité des différents milieux, cela grâce à la gestion des
niveaux d’eaux, et à préserver la naturalité des boisements.
Les chauves-souris, chasseuses de la nuit
En 2010, un pré-inventaire des Chiroptères présents sur le site a été initié afin de connaitre les
potentialités d’accueil de la Réserve.
Neuf espèces ont été détectées. On y retrouve le cortège d’espèces les plus communes telles la
Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) ou la Sérotine commune (Eptesicus serotinus), mais aussi
d’autres moins courantes comme la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri) ou la Barbastelle d’Europe
(Barbastella barbastellus). L’étang d’Errota Handia présente donc un intérêt chiroptérologique moyen,
d’autant que la plupart de ces espèces n’utilisent vraisemblablement le site que comme terrain de
chasse, et non comme pourvoyeur de gîtes.
Le groupe des Chiroptères comme bio indicateur de notre gestion ne sera donc pas retenu.Toutefois
un inventaire pourra être réitéré lors du prochain plan de gestion afin d’identifier une éventuelle
évolution du cortège chiroptérologique du site.
Les Odonates
Durant le deuxième plan de gestion, les Odonates ont fait l’objet
de suivis annuel par transects pour les imagos et quinquennal
pour les exuvies. Ce protocole vise à disposer d'un outil
d'évaluation et de surveillance de la qualité biologique et de l'état
de conservation d’un hydrosystème à partir de l'observation des
variations de composition et de structure des peuplements
d'Odonates.
Une moyenne de 15 espèces fut recensée chaque année sur les
transects.
Le peuplement en Odonates des plans d’eau d’Errota Handia est
riche et diversifié (49 espèces) du fait de la gestion menée sur le
site et de la diversité des niches écologiques présentes, apportant des informations intéressantes pour
la gestion du site, le suivi de ce groupe, mené sur la Réserve depuis 2006, sera poursuivi au cours du
troisième plan de gestion.
Il sera intéressant aussi de faire un état des lieux sur le site des populations des deux espèces de
l’annexe II de la Directive Habitat (Agrion de Mercure et Cordulie à corps fin) avec la mise en place de
prospections et de cartographie des habitats potentiels et des populations présentes (exuvies imagos
et adultes) dans et autour de la RNR.
Les Rhopalocères
Un suivi des Lépidoptères Rhopalocères a été initié en 2007 afin de connaitre les tendances évolutives
de ce groupe suivant le milieu et la gestion menée.
Entre 14 et 26 espèces ont été détectées par an sur les transects. La plupart des espèces inventoriées
ont une grande plasticité écologique, ne nous permettant pas de juger des effets de la gestion, hormis
pour le pâturage qui, ayant été trop intensif sur la prairie mésophile, a fait quasiment disparaitre les
populations de la parcelle pâturée.
Le suivi en tant que tel n’apportant pas d’information exploitable, il a été décidé de le modifier en
l’axant sur une espèce patrimoniale inféodée aux milieux humides, le Cuivré des marais.
Il conviendra de caractériser son statut local, en recherchant l’espèce sur le bassin-versant de l’Uhabia
et ses alentours, pour identifier d’éventuelles populations sources, et de préconiser des mesures de
préservation sur ses milieux d’élection.
Coenagrion mercuriale ©Alionka BOICHE-
2013
L’avifaune
Depuis 2007, plusieurs actions ont émenées pour développer une roselière (protection, lutte contre
le ragondin) afin qu’elle présente une superficie assez étendue pour l’accueil des paludicoles
notamment. Les efforts consentis ont été couronnés de succès puisque en 2011 la Rousserolle
effarvatte a de nouveau été nicheuse et le Bruant des roseaux niche probablement sur la Réserve.
Plus généralement en ce qui concerne les oiseaux, le suivi annuel mené sur le site indique que la
tendance générale, quel que soit le statut des groupes considérés, est à la baisse du nombre d’espèces
fréquentant le site. Ceci est à relier à une tendance nationale. En effet, d’après les résultats du
programme STOC national, les populations - toutes espèces confondues - ont subi depuis 1989 une
chute de 12% de leurs effectifs. Globalement, la France a perdu 25% de ses oiseaux nicheurs en milieu
agricole (Bilan STOCEPS 2009 (Jiguet, 2010)). Les oiseaux forestiers se portent un peu mieux mais sont
en diminution. Seules les espèces généralistes, bénéficiant sans doute du déclin des autres, affichent
une stabilisation récente (Jiguet, 2010).
Afin de poursuivre les efforts consentis depuis des années et de disposer d’indicateurs plus robustes,
trois protocoles de suivis (avifaune nicheuse, migratrice et rapaces nicheurs) vont être établis en sus
des observations quasi journalières du propriétaire du site.
Ces trois nouveaux protocoles de suivis nous permettront d’avoir des indicateurs fiables et d’exploiter
scientifiquement nos résultats afin d’orienter notre gestion en vue de la préservation d’un cortège
diversifié et des espèces à fort enjeu de conservation.
Une flore diversifiée et caractéristique
Un suivi de la végétation par quadrats a été mis en place en 2007 sur différentes unités écologiques
du site (prairie de fauche, mégaphorbiaie, prairie pâturée) afin de connaitre l’évolution du cortège
floristique suivant les différentes modalités de gestion menées.
Prairie de fauche : Le cortège caractéristique des prairies de fauche ne s’est pas dégradé, la fauche
tardive est donc une gestion adéquate pour la flore.
Prairie pâturée : La prairie pâturée a subi un pâturage intensif, le cortège est dégradé, une solution
pour faire pâturer les chevaux sur d’autres parcelles sera recherchée.
Mégaphorbiaies : Un test de non gestion a été effectué sur une placette témoin de la mégaphorbiaie
afin de connaitre l’évolution naturelle et au besoin d’adapter notre gestion. En 2-3 ans l’ourlification
était effective et la fermeture du milieu avancée. Sans gestion adaptée (fauche annuelle tardive), la
perte du cortège floristique des mégaphorbiaies est engagée, susceptible d’engendrer également la
perte de la station d’Orchis à fleurs lâches (Orchis laxiflora).
Afin de préserver les mégaphorbiaies, milieux en régression à échelle globale, et de favoriser les
espèces patrimoniales qui fréquentent ce milieu (le Cuivré des marais, l’Agrion de Mercure, la Cordulie
à corps fin ou la Bécassine des marais), il s’agit de préserver l’ouverture et le bon état écologique des
prairies de fauche et les mégaphorbiaies. Pour cela le blocage de la dynamique naturelle de ces unités
écologiques sera poursuivi en appliquant une fauche tardive annuelle.
Cigognes sur l’île de l’étang ©David ADAM-2013
Le suivi par quadrats des placettes du second plan de gestion ne sera pas réitéré en tant que tel, mais
adapté aux milieux d’élection des espèces patrimoniales. Les nouveaux suivis seront donc appliqués à
la roselière, à la station d’Orchis à fleurs lâches, aux hélophytes et hydrophytes.
B - Etat des connaissances, compléments d’inventaire (Hétérocères, Chiroptères, botanique…)
Outre les compléments d’inventaires faisant l’objet de protocoles dédiés, des observations ponctuelles
nous permettent de compléter les connaissances que nous avons sur la biodiversité du site.
Ces observations souvent fortuites nous ont apporté leur lot de découvertes durant ce plan de gestion.
Notons parmi les espèces à statut la détection : du Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) de la
Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus), de l’emblématique Cuivré des marais (Lycaena dispar)
ainsi que del’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) et la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii).
Le statut du site pour ces espèces sera précisé au cours du nouveau plan de gestion. En outre, des
compléments d’inventaires seront menés, notamment sur les Reptiles, Amphibiens, les Orthoptères
et les Mammifères semi-aquatiques.
3- Enjeux de préservation des milieux naturels
Les milieux naturels du site sont confrontés à de nombreuses influences, d'origine naturelle ou
humaine. La caractérisation des principaux facteurs d'influence et leur évaluation, présentées dans le
tableau de synthèse ci-après, sont un préalable à la définition des objectifs de gestion.
Facteurs
Conséquences
Influence
Tendance
Naturels
Envasement
Comblement des plans d'eau et dégradation de leur
qualité biologique
négative
Colonisation par les
ligneux
Fermeture des milieux, uniformisation
négative
Présence du Ragondin
Limitation du développement de la
végétation aquatique et des hélophytes
négative
Présence des carpes
Turbidité des eaux de l’étang
négative
Crues
Apport de sédiments et d'espèces allochtones
négative
Anthropiques
Pollutions d'origine agricole et
urbaine
Dégradation de la qualité de l'eau et des
milieux aquatiques
négative
Fauche et gyrobroyage
Maintien des milieux ouverts
positive
Perturbation de la faune
négative
Chasse
Dérangement de la faune (périphérie et
battues)
négative
Coupe de bois
Perte d'habitat pour la faune
négative
faible
Espèces végétales invasives
Dégradation des milieux naturels
négative
Vidange
Minéralisation des vases et enlèvement de la faune
allochtone
positive
Habitation
Négative pour la faune
négative
faible
Pâturage
Dégradation de la prairie, perte de la faune et de la flore
négative
Urbanisation
Dérangement, morcellement des habitats
négative
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