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Dans une pédagogie par l’alternance, le sujet agit en situation socio-professionnelle pour
construire ou modifier un objet. Cependant, ses actes peuvent agir également sur
l’organisation sociale et/ou professionnelle dans laquelle le sujet se situe (J. Clénet, 1998,
p. 33), c’est d’ailleurs ce que je développerai dans la suite de mon exposé. L’action met donc
en relation l’acteur avec l’objet et son environnement. Au vu des changements permanents
que connaissent les organisations, c’est principalement cet effet qui est recherché dans les
périodes de professionnalisation, par les professionnels et également par les employeurs.
Nous pouvons dire que la logique didactique organisée sur ce principe d’alternance est en
adéquation avec la logique sociale. La pratique n’est pas l’application de savoirs théoriques
mais une construction opérante qui se réalise dans l’agir (M. Sorel, 2008). Par ailleurs, dans
une logique sociale, être professionnel signifie obtenir un diplôme qui résulte d’une réussite
aux épreuves de l’évaluation certificative.
Enfin, pour terminer avec ces éléments de contexte et avant d’aborder l’évaluation et
l’accompagnement, il me semble indispensable de fonder mon propos sur une conception
de la personne en formation. Je considère la formation dans une visée émancipatrice dans
laquelle une personne s’autonomise par la connaissance. Je prends ici la connaissance au
sens de J. Legroux (2008, p. 198), « un savoir du dedans », intime, qui s’incorpore à la
personne. On observe ce type de savoirs dans la pratique des professionnels experts. En
considérant l’autonomie d’un point de vue biologique (E. Morin, 1980), l’étudiant se réfère à
lui - même et à ses propres finalités, en se centrant sur son environnement et sa réalité. Lors
des stages, l’étudiant évolue dans différents environnements, sources de tensions, entre des
dispositifs de formation conçus en extériorité par rapport à lui avec une part relative de
négociation, son histoire et ses projets personnel et professionnel. Dans ces contextes,
l’étudiant en formation est un sujet dépendant de son (ses) environnements et il développe
une aptitude stratégique (une intelligence, une intelligence pratique) à capter, exploiter des
informations afin de s’en émanciper (Ibid.). Dans une approche complexe, l’autonomie ne
signifie donc pas non-contrainte ou non-dépendance. Elle suppose un ensemble de
possibilités d’invention, de choix, de décision et d’actions stratégiques qui permettent de
transformer les contraintes et d’agir (Ibid.). En formation, l’autonomie et la connaissance de
l’apprenant se nourrissent l’une de l’autre, et contribuent à la construction de sa posture
professionnelle.