PLAN D`ACTION Pacte de croissance territorial La Réunion LA

PLAN D'ACTION
Pacte de croissance territorial La Réunion
LA RÉUNION,
Inscrire La Réunion dans un processus d'émancipation, de dépassement des fragilités et contradictions du modèle adopté jusqu'à présent,
implique d'apporter des solutions pérennes aux défis qui se posent à l'horizon 2020 à l'échelle du territoire, du voisinage, de l'Europe
continentale.
Didier ROBERT,
Président de la Conférence des Présidents des Régions Ultrapériphériques (2012/2013)
Président de la Région Réunion
PACTE 2014-2020 :
Un parcours pour un accès à une compétitivité territoriale en faveur de l'emploi
PRIORITÉ 1 : Pacte 2014-2020 - Un Parcours pour un Accès à des Compétences Territoriales en faveur de l'Emploi
A) Miser sur la jeunesse et développer l'emploi
B) S'ouvrir et rompre avec l'isolement
PRIORITÉ 2: Pacte 2014-2020 - Un Parcours pour un Accès à une Cohérence Territoriale en faveur de l'Écologie
A) Concilier aménagement et croissance verte
B) Accélérer la transition écologique
PRIORITÉ 3 : Pacte 2014-2020 - Un Parcours pour un Accès à une Créativité Territoriale en faveur de l'Économie
A) Marché local
B) Lever les obstacles aux échanges
Sommaire
PREAMBULE (Français)
P7
INTRODUCTION (Français)
P15
VOLET TERRITORIAL : LA RÉUNION
P23
Profil de La Réunion : descriptif territorial
P25
Profil géographique et climatique
P25
Prof l économique
P25
Prof l démographique
P26
Les défis auxquels La Réunion doit faire face à l'horizon 2020
P27
PACTE 2014-2020 : UN PACTE TERRITORIAL POUR UNE PLUS GRANDE COMPÉTENCE, UNE PLUS GRANDE COHÉRENCE ET
UNE PLUS GRANDE CRÉATIVITE TERRITORIALES
Priorité 1 : Un Parcours pour un Accès à des Compétences Territoriales en faveur de l'Emploi
P30
Miser sur la jeunesse et développer l'emploi
P31
S'ouvrir et rompre avec l'isolement
P32
Priorité 2 : Un Parcours pour un Accès à une Cohérence Territoriale en faveur de l'Ecologie
P34
Concilier aménagement et croissance verte
P35
Accélérer la transition écologique
P40
Priorité 3 : Un Parcours pour un Accès à une Créativité Territoriale en faveur de l'Economie
P46
Garantir un marché local compétitif et performant
P47
Lever les obstacles aux échanges
P52
2
LA REUNION,
TERRE d'EUROPE
Préambule
1. Le Plan d'action dans son contexte
L'élaboration du Plan d'action fait suite à la Communication de la Commission européenne de juin 2012, dans laquelle elle reconnaît la nécessité
d'une « prise en compte bien plus complète que par le passé de leur situation (des RUP) dans le spectre de la politique européenne »
1
pour la mise
en œuvre de sa stratégie Europe 2020. Dans ce cadre, elle a invité chaque RUP à élaborer « un Plan d'action définissant, via des objectifs et des
étapes, la manière dont elle envisage de mettre en œuvre la stratégie « Europe 2020 », en tenant compte de sa situation individuelle »
2
.
Cette démarche inédite s'est déroulée dans le cadre de la Présidence réunionnaise de la Conférence des Présidents des Régions ultrapériphériques
et a permis de réaffirmer l'approche partenariale des RUP issue d'une longue tradition de travail en commun. Pour autant, le document présenté
n'est pas un mémorandum, ni même une déclaration commune. C'est un document politique d'orientation qui prend acte de l'évolution de la
position de la Commission européenne, de la convergence de vues entre les RUP et le Commissaire Johannes Hahn, en charge de la politique
régionale, sur la nécessité de privilégier une approche bottom-up et d'inscrire notre développement dans une plus grande dynamique territoriale.
Il présente, dans un document synthétique, une stratégie d'ensemble cohérente, pour les Régions ultrapériphériques (volet commun aux huit
RUP), ainsi que les priorités stratégiques de chacune de nos Régions pour la période 20142020 (volet territorial spécifique à La Réunion).
2. Principes méthodologiques
Le Plan d'action se veut évolutif notamment au regard du calendrier immédiat qui devrait voir aboutir les réformes des politiques européennes
d'ici fin 2013. Il revendique une stratégie cohérente fondée sur un diagnostic, des objectifs, une méthode, des principes, des outils et des moyens.
Le Plan d'action part de l'existant et n'ajoute pas une couche supplémentaire à un millefeuille stratégique déjà très riche au plan local (PR2D,
SDADD, Réunion Ile Verte, PRERURE, GERRI, SAR, SRIT, SRI etc.). Au-delà de l'approche visant à synthétiser les différents documents
d'orientation élaborés ces dernières années, une large consultation a été lancée auprès des partenaires et de la société civile (Préfecture,
Département, Chambres consulaires, société civile organisée, organismes de recherche...).
Par ailleurs, il convient de souligner que le Plan d'action engage une démarche dont l'horizon est celui des sept prochaines années et privilégie
donc une approche par le futur. La logique n'est plus simplement celle d'un rattrapage ou de réparation du passé, mais bien de préparation de
l'avenir.
La Réunion a aujourd'hui besoin d'un autre type de développement, inscrit dans la durée, qui s'attache à la fois aux emplois ou activités nouvelles
et à leur caractère durable, c'est-à-dire compatible avec l'efficacité économique, la justice sociale et la préservation de l'environnement. C'est par
l'excellence que La Réunion sera en mesure de relever ces défis.
Cette stratégie mise en œuvre pour la période 2014-2020, est aussi cohérente avec les exigences d'efficacité, de gestion rigoureuse et optimale
des fonds publics aujourd'hui incontournables. Notamment en privilégiant les domaines d'excellence de notre île et en positionnant La Réunion
sur de nouveaux secteurs et de nouveaux marchés.
En d'autres termes, il ne s'agit plus de « dédommager » La Réunion en acceptant de l'enfermer dans une situation dont elle ne sortira jamais, mais
de trouver à chaque fois, les leviers de son émancipation.
3. Présentation synthétique du Plan d'action
Le document comporte deux parties principales :
La première partie rappelle les positions défendues par les RUP et a fait l'objet d'un travail de réflexion et rédaction commun aux huit Régions:
Il rappelle notamment que l'article 349 du Traité sur le Fonctionnement de l'UE doit devenir une référence déclinée dans toutes les politiques
conduites au bénéfice des RUP ;
Il plaide pour une évolution de la politique de l'Union européenne dans les RUP vers une politique européenne dej'ultrapériphérie ;
Il rappelle qu'il n'y a pas pour les RUP d'un côté, les volets internes, et de l'autre, les volets externes des politiques européennes, mais qu'ils
contribuent de façon indissociable et globale à ja politique de l'union européenne en faveur de l'ultrapériphérie ;
Il propose enfin un saut qualitatif pour permettre aux RUP d'atteindre les objectifs d'une croissance intelligente, durable et inclusive à l'horizon
2020.
Partant du constat partagé que « chaque RUP est différente et (que) des pistes spécifiques doivent être envisagées pour chacune d'entre elles »3, la
deuxième partie du document présente les grands axes de développement sur la base de leur capacité à répondre aux défis, principalement de
l'évolution démographique du territoire en termes :
d'emplois à créer,
de compétitivité à dynamiser,
de logements sociaux à construire et à rénover,
d'infrastructures et de services à développer,
de réseaux de communication à perfectionner,
de secteurs productifs à libérer,
de système de formation à consolider,
de patrimoine culturel à promouvoir,
de mécanismes d'insertion à déployer,
de mobilité à inventer,
d'entrepreneuriat à encourager,
de cohésion territoriale et durable à cultiver,
d'actions de coopération régionale à concrétiser.
Au vu de l'ensemble des documents stratégiques élaborés par les acteurs locaux et des contributions reçues, qu'il s'agisse de la société civile ou
des institutions locales, le Plan d'action est structuré autour de trois axes prioritaires, déclinés à chaque fois dans ses composantes humaine,
territoriale et économique :
1. Gagner en performance
2. Accéder aux marchés
3. Rendre le territoire attractif
1
Cf. page 4 de la Communication de la Commission du 20 juin 2012 « Les régions ultrapériphériques de l'Union européenne : vers un partenariat
pour une croissance intelligente, durable et inclusive ».
2
Ibid. p.19.
3 Ibid. p. 3.
Le Plan d'action est finalement porteur d'une ambition qui peut se résumer en trois mots « Grandir, s'agrandir, rayonner », qui servent à la fois de
trajectoire conceptuelle et de fil directeur.
Grandir : D'abord sur le terrain de l'éducation, de la connaissance mais aussi de la citoyenneté. Car ouvrir les voies de l'émancipation passe par la
capacité à s'auto-organiser, à assumer, sur le plan individuel comme sur le plan collectif, de nouvelles responsabilités, aussi bien
environnementales, sociales, qu'économiques. Forte de ces principes, La Réunion peut devenir un espace d'expérimentation et le creuset d'un
nouvel art de vivre pour le XXIème siècle.
S'agrandir : En tournant le dos à l'océan Indien, La Réunion a cru pendant des décennies tourner le dos à un passé essentiellement marqué par la
pauvreté et le sous-développement. Elle a, en fait, aussi tourné le dos à son avenir. Car celui-ci, se joue, et peut-être d'abord, dans l'océan Indien.
C'est pourquoi elle doit développer ses échanges, notamment économiques, avec les pays riverains, mais aussi avec les puissances émergentes
que sont la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud. L'ouverture optimale de l'économie réunionnaise se fera par l'ouverture des entreprises, des hommes
et des infrastructures.
Rayonner : Lattractivité de l'île est un enjeu décisif pour son développement. Elle passe naturellement par un aménagement équilibré du
territoire, par des infrastructures de transports et des équipements de qualité, par des services publics performants. Donner à La Réunion
l'attractivité et l'efficacité indispensables à son rayonnement constitue un pré-requis nécessaire. Pour autant l'enjeu crucial, dans un monde ultra-
connecté est de mieux faire connaître les atouts de notre île et de mieux se positionner vis-à-vis des économies concurrentes. Promouvoir
notamment une e-attractivité globale et innovante en faveur du tourisme, de la biodiversité, des énergies renouvelables permet de revenir à une
lisibilité et à une cohérence d'ensemble. Si La Réunion est attractive, alors son université, ses centres de recherche, de santé le seront. Si le projet
global, à l'échelle du territoire, est attractif alors chacun, pour peu qu'on lui en donne les moyens, en profitera de concert.
« Grandir, s'agrandir, rayonner », trois ambitions qui s'épaulent les unes les autres. Il ne servirait à rien de mettre l'accent sur l'ouverture aux
économies régionales, si La Réunion devait rester engoncée dans des rigidités réglementaires. De même, la compétitivité, l'ouverture et
l'attractivité d'un territoire se font, certes, sur les dessertes, l'accessibilité, la qualité des services et des équipements collectifs ou culturels, mais
elles se font aussi et surtout sur des notions, bien souvent immatérielles, comme le niveau et la qualité de formation ou encore l'intégration de la
recherche-développement et de l'innovation.
4. Enjeux du Plan d'action : Remédier au problème des chainons manquants du marché intérieur
En partant du constat qu'il ne peut y avoir de développement intelligent, durable et inclusif possible qu'en respectant la réalité de chaque
territoire, de ce qu'il porte en lui, de ses potentiels et de ses vocations, la Commission européenne invite aujourd'hui à répondre à une
revendication aussi ancienne que légitime : celle d'une approche territoriale soucieuse d'adapter les outils de développement aux spécificités de
notre île.
L'enjeu est donc de capitaliser sur cette approche territoriale, de l'intégrer dans les différentes politiques de l'Union, d'en faire le marqueur de
toute politique publique ambitieuse pour notre île.
L'attention portée aux aspirations spécifiques de développement de La Réunion au niveau européen doit naturellement se prolonger au niveau
national et ce afin de garantir la plus grande convergence des orientations.
En ce sens, le Plan d'action a une visée pratique et concrète immédiate : celle d'ouvrir une brèche dans les habitudes de pensée et de porter le
débat au plus haut niveau européen.
Cette démarche devra donc se poursuivre et s'inscrire dans la durée pour mobiliser efficacement toutes les énergies, pour renforcer la capacité
économique propre à La Réunion dans une logique de développement durable, pour créer les conditions d'une compétitivité accrue de son
économie au sein de l'Europe et de son voisinage.
La Réunion n'aborde pas le 21ème siècle sans atouts. Mais ils sont, depuis trop longtemps empêchés, par des contraintes structurelles et
réglementaires, de jouer pleinement le rôle moteur qui leur revient dans l'économie et la croissance de l'île. Il faut donner à notre Région les
moyens d'agir, de créer, de prendre des initiatives.
La Réunion y est prête. Ile européenne à taille humaine, elle a vocation à devenir le laboratoire de toutes les politiques publiques.
Introduction
Les Régions ultrapériphériques (RUP) - la Guadeloupe, la Guyane française, la Martinique, La Réunion, Saint-Martin, les Açores, Madère et les
îles Canaries - partagent des caractéristiques spécifiques définies à l'article 349 du TFUE. Au 1er janvier 2014, Mayotte deviendra une région
ultrapériphérique de l'UE.
Elles constituent une réalité unique et forment un ensemble au sein de l'Union européenne, distinct des autres régions européennes, caractérisé
essentiellement par :
un très grand éloignement par rapport au continent européen, renforcé par l'insularité, voire même par la double insularité ou par l'enclavement.
Isolées dans leurs espaces géographiques et largement excentrées des grands courants d'échanges, les RUP sont confrontées à l'impossibilité de
tirer pleinement profit des avantages du marché de l'Union européenne ;
une étroitesse du marché local et donc la dépendance économique vis-à-vis d'un petit nombre de produits ; © des conditions topographiques et
climatiques difficiles, taille réduite, vulnérabilité face au changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes ;
un voisinage de proximité exclusivement composé de pays tiers de l'UE ou un espace totalement isolé, deux enjeux stratégiques en termes
d'insertion et de coopération ;
La permanence, le cumul et la combinaison de ces caractéristiques constituent des contraintes structurelles qui nuisent gravement au
développement économique, social et territorial de ces Régions. Cette réalité justifie un traitement spécial et différencié.
Si en droit, l'Europe reconnaît la situation singulière des RUP sur la base du statut de l'ultrapériphérie, dans les faits, sa mise en œuvre reste
mitigée. Pour cette raison, la Conférence des Présidents des Régions ultrapériphériques n'a de cesse de plaider en faveur d'un engagement
politique renouvelé de la part des institutions européennes envers les RUF.
La communication de la Commission du 20 juin 2012 intitulée « Les régions ultrapériphériques de l'Union européenne: vers un partenariat pour
une croissance intelligente, durable et inclusive »
3
actualise en cinq axes (accessibilité, compétitivité, insertion régionale, dimension sociale et
changement climatique) la stratégie de développement qui accompagnera les RUP dans l'accomplissement des priorités de la Stratégie EUROPE
2020 en faveur d'une croissance intelligente, durable et inclusive.
Aussi et dans un scénario accompli, il aurait été indispensable que soient « évalués systématiquement les effets des politiques européennes sur les
3
COM (2012) 287 final.
4
RUF, notamment lors de la réalisation d'analyses d'impact »
4
. Sur cette base, les spécificités de l'ultrapériphérie auraient mérité d'être intégrées
dans les propositions législatives de la Commission.
Dans ce contexte, la Conférence des Présidents des RUP rappelle sa position exprimée à l'occasion de la XVIIIe Conférence qui s'est tenue à
Horta (Açores) le 14 septembre 2012, et qui met en exergue la nécessité de franchir un pas supplémentaire dans la mise en œuvre de la stratégie
telle que proposée par la Commission européenne en juin 2012, avec des instruments européens sectoriels appropriés et des ressources dédiées.
Cette orientation exige des solutions pertinentes, équilibrées, conjointes et cohérentes.
La communication de la Commission propose d'élaborer un plan d'action
5
à partir de priorités de développement, toutes politiques publiques
confondues. Chaque plan d'action privilégiera par conséquent, une démarche synthétique, ascendante et évolutive, ciblant les besoins territoriaux
et les réponses pour y faire face.
Ne pas disposer à ce jour d'un cadre législatif et financier clairement établi, laisse planer nombres d'incertitudes. Au-delà de ces difficultés et au
moment de se fxer un cap pour le développement des territoires sur 2014-2020, les RUP réaffirment leur ambition de dynamiser leurs économies,
de préserver leurs secteurs traditionnels, d'agir dans des domaines innovants et à haute valeur ajoutée, de créer des emplois et donc de s'inscrire
résolument dans une dynamique de croissance.
En présentant le plan d'action, les RUP démontrent leur volonté et leur implication dans l'accomplissement des axes de la Stratégie de l'UE en
faveur de l'ultrapériphérie. Cet exercice n'aura de sens, in fine, que si les instruments mis à disposition sont à la hauteur des ambitions affichées.
Pour atteindre les résultats escomptés, les RUP doivent aussi pouvoir compter sur le soutien de toutes les parties prenantes impliquées.
Cependant, il n'existe pas de modèle unique de développement. Si la valorisation des atouts des RUP doit être prise en compte, elle ne saurait à
elle seule permettre de relever tous les défis qui se posent et de corriger les déséquilibres persistants. Les contraintes structurelles permanentes
appellent un traitement différencié pour tenir compte des réalités des RUP
C'est la raison pour laquelle les RUP font valoir une logique territoriale qui leur est propre et qui constitue une opportunité d'application
innovante des politiques européennes.
Dans ce contexte et dans le calendrier des réformes des politiques pour la période 2014-2020, le plan d'action s'inscrit dans une approche
coordonnée avec :
> les stratégies des fonds européens (FEDER, FSE, FEADER, FEAMP) et les accords de partenariat pour 20142020 ;
> les stratégies à développer dans le cadre d'autres programmes à fort impact territorial, tels que POSEI (agriculture et pêche) dont l'acquis
doit être préservé pour l'avenir ;
> toutes autres stratégies développées de façon transversale, que ce soit à l'échelle européenne (notamment les programmes en faveur de la
recherche, de l'environnement, de l'éducation) à l'échelle nationale (programme national de réforme par exemple) ou à l'échelle des territoires
(schémas de développement économique, de transports, entre autres).
La complémentarité et la cohérence des objectifs et des priorités du plan d'action s'apprécient également au regard de cadres législatifs
horizontaux notamment sur la politique commerciale commune, la concurrence, les marchés publics et l'environnement.
UN PLAN D'ACTION PLACÉ SOUS LE SCEAU DE L'AMBITION ET DE L'EXIGENCE
Dans un contexte empreint d'incertitudes juridiques et financières, les Régions ultrapériphériques envisagent l'avenir pour garantir une reprise de
la croissance, développer des emplois stables dans un contexte socio-économique aujourd'hui fortement dégradé.
Cet exercice s'inscrit dans la continuité de leurs propres réflexions qui ont abouti à l'adoption de Memoranda en 2009 et en 2010, ainsi qu'à la
publication de différentes contributions aux consultations publiques de la Commission européenne (cohésion territoriale, Stratégie Europe 2020,
transports, aides d'État, recherche et innovation, marché intérieur, politique maritime, etc.).
Le Mémorandum conjoint de mai 2010 adopte une approche novatrice et invite la Commission européenne à rechercher un triple équilibre à
l'égard de l'ultrapériphérie, tout en se basant sur la stratégie qu'elle a développée en 2004 sur la réduction du déficit d'accessibilité, l'amélioration
de la compétitivité et l'insertion régionale :
Un équilibre entre les atouts et les contraintes structurelles ;
Un équilibre entre les volets internes et externes des politiques européennes afin d'éviter les incohérences au moment de leurs mises en œuvre ;
Un équilibre entre l'adaptation des politiques européennes de droit commun et la déclinaison d'instruments sectoriels spécifiques.
Le Mémorandum incite à ce que toutes les politiques de l'Union, en s'appliquant dans les RUP, intègrent une logique de cohérence territoriale qui
aille au-delà du nouvel objectif dit « de cohésion territoriale » tel qu'érigé par le Traité de Lisbonne. Ainsi, les RUP peuvent constituer de
véritables espaces pertinents d'expérimentation pour une mise en œuvre cohérente et intégrée des politiques de l'Union au niveau territorial, sur la
base d'une gouvernance multi-niveaux (européen, national, régional).Les principes d'égalité des chances, de cohérence, de valorisation des atouts
et de partenariat appelés « fondamentaux de Cayenne » constituent, depuis 1999, le socle de la stratégie de développement des RUP Ils ont été
complétés, en 2010, par deux nouvelles orientations qui sont les principes de proportionnalité et de réalité de l'ultrapériphérie.Si au fil du temps
la Commission européenne a mis en exergue les principes de valorisation des atouts et de partenariat au travers de communications adoptées en
2004 et en 2008, il est aujourd'hui nécessaire de franchir un pas supplémentaire pour donner corps aux autres principes : égalité des chances,
cohérence, proportionnalité et réalité.Plusieurs dimensions doivent servir de fil conducteur au cadre européen à établir pour 2014-2020 et irriguer
de manière transversale toutes les politiques européennes :
> Prendre en compte le statut de l'ultrapériphérie de l'article 349 du TFUE, qui justifie, per se, une application adaptée, y compris
dérogatoire, des politiques et actions de l'Union européenne aux RUP ;
> Respecter les principes de réalité et d'égalité des chances des citoyens quel que soit leur lieu de résidence est primordial, surtout pour ce
qui concerne l'accès aux équipements et services en réseaux (de type services d'intérêt économique général). On ne saurait par exemple, expliquer
les différences de traitement des citoyens des RUP en termes de continuité territoriale ou numérique. Les services d'intérêt économique général
constituent un exemple de persistance de discriminations y compris dans les secteurs les plus stratégiques comme le numérique, les transports,
l'eau, l'énergie ;
> Mettre en œuvre les principes de cohérence et de proportionnalité : les révisions successives des aides d'État n'ont jamais intégré
l'exigence de cohérence entre les différentes finalités des aides pourtant nécessaires pour les bénéficiaires potentiels. De même, la réglementation
4
Conclusions du Conseil du 14 juin 2010
5
« En collaboration avec leur État membre respectif, chaque RUP est invitée à élaborer un plan d'action définissant, via des objectifs et des
étapes, la manière dont elle envisage de mettre en oeuvre la stratégie « Europe 2020 », en tenant compte de sa situation individuelle et des
différents instruments disponibles mentionnés dans la présente communication », COM(2012) 287 final, p.18-19
en matière environnementale portant notamment sur les émissions de gaz à effet de serre, dans le domaine du transport aérien, méritent une
attention particulière au regard de la situation des régions ultrapériphériques pour éviter toute disproportion des impacts y afférents.
Dans cette optique et contrairement à l'orientation privilégiée dans la communication de la Commission européenne du 20 juin 2012, la politique
de cohésion ne saurait réduire, seule, toutes les disparités territoriales, encore moins répondre, seule, aux besoins de financement qu'implique
l'ambition commune d'une stratégie rénovée de l'ultrapériphé- rie. La politique de cohésion exige une coordination très étroite avec les autres
politiques qui ont un fort impact territorial, dans un souci d'efficacité et de rationalisation des programmes à mettre en place.
Le présent plan d'action va bien au-delà de cette exigence en traçant les voies d'une stratégie de projection qui soit au service d'une vitalité
territoriale assumée. Mais pour se déployer à sa juste mesure, cette stratégie de projection n'est pas dissociable d'une stratégie d'expérimentation :
Expérimenter, c'est adapter le cadre aux réalités de l'ultrapériphérie, c'est inventer de nouvelles formules qui, de façon pragmatique, permettent
aux RUP d'inventer leur modèle économique de demain. A cette forte volonté exprimée au niveau régional doit désormais correspondre une
véritable ambition européenne de l'ultrapériphérie. C'est dans cet esprit que ce Plan d'action s'inscrit : celui de faire prévaloir une logique
d'activité et de responsabilité, seule garante d'un développement économique intelligent, durable et inclusif.
Volet territorial : LA RÉUNION
Profil de La Réunion : indicateurs
NUMERIQUE•84% de la population équipée en téléphonie mobile •2 connexions à un câble sous-marin 94,8% de la population couverte par le
haut débit •52 % de la population équipée en connexion internet à domicile
TRANSPORTS
2,2 millions de passagers des aéroports Mode de déplacements domicile-travail
d'énergies renouvelables dans la production d'électricité
pour le taux de dépendance énergétique •1931 km2 de parcs naturels
de réserves naturelles
AGRICULTURE
de Surface Agricole Utile (2010)
762 exploitations agricoles (2010)
pour la part du secteur agroalimentaire dans la valeur ajoutée (2007)
pour la part du secteur agricole dans la valeur ajoutée (2007)
Prof l de La Réunion : descriptif territorial
Située en plein Sud-Ouest de l'océan Indien, La Réunion est la seule région européenne de l'Hémisphère Sud et la plus éloignée de l'Europe
continentale.
Terre d'Europe, Terre de France, Terre de l'océan Indien, elle concentre plusieurs des problématiques qui sont au cœur des préoccupations de
développement durable caractérisant le XXIe siècle : la pression démographique, la globalisation des échanges, le changement climatique, la
gestion des ressources naturelles et la sécurité alimentaire.
Terre de métissage et de brassage des cultures, l'identité de La Réunion s'est construite, et se construit encore, dans le dialogue, dans un processus
dynamique de métissage aux formes multiples : sociale, culturelle, artistique et patrimoniale qui font l'identité réunionnaise. Cette diversité des
origines s'accompagne de relations culturelles et économiques fortes avec les pays d'origine - d'Afrique, d'Asie et d'Europe - dont le potentiel est
loin d'être entièrement utilisé.
La Réunion doit pouvoir, dans ce contexte, valoriser cette symbiose réussie des populations et des cultures qui la composent, devenir un lieu
privilégié d'expérimentation, dont le savoir-faire acquis pourra être transféré vers les pays de la zone, une vitrine technologique européenne a
partir de laquelle pourra se développer une nouvelle économie réunionnaise.
Prof l géographique et climatique
Île subtropicale volcanique soumise aux aléas climatiques et aux risques naturels, La Réunion se caractérise notamment par un relief
montagneux, par des microclimats, par la richesse exceptionnelle et la diversité de ses milieux et ressources naturelles. Sa localisation
géographique la positionne comme un relais européen idéal d'observation de l'atmosphère et de surveillance de l'environnement assisté par
satellite.
Sa biodiversité unique, concentrant des milliers d'espèces naturelles et endémiques, fait de La Réunion l'un des trente-quatre « hot spots »
mondiaux de biodiversité terrestre et marine. Ses cirques, pitons et remparts sont inscrits au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 2010. Le
territoire est protégé au niveau de son Parc Naturel des Hauts ainsi que de sa Réserve Marine, soit 42 % de superficie et 80 km de côtes
protégées.
Enfin, le relief accidenté implique une concentration de la population principalement sur le littoral impactant directement les conditions de vie
des habitants. Ce déséquilibre entre les Hauts et les Bas se traduit par des disparités importantes en termes d'attractivité, d'emploi et
d'accessibilité et d'accès aux services au détriment des zones rurales.
Profil économique
La Réunion a connu une évolution fulgurante depuis sa départementalisation en 1946. L'économie réunionnaise se révèle être particulièrement
dynamique. Ces dernières années, la consommation finale et l'investissement, soutenus notamment par des incitations f scales et par la mise en
œuvre de grands chantiers, ont été les principaux relais de croissance.
Néanmoins, la réorientation de la politique f scale et l'achèvement des grands travaux ont exacerbé les effets de la crise économique à La
Réunion dès 2009 (-2,7% de croissance en euros constants). Après une année 2010 atone, l'activité s'est redressée en 2011 (hausse du PIB de
1,2% en euros constants). Aujourd'hui, l'île peine a trouver de nouveaux moteurs pour asseoir sa croissance. Pourtant, au-delà des contraintes
structurelles cumulées, elle dispose d'atouts non négligeables, en témoigne son dynamisme entrepreneurial avec un taux de création d'entreprises
particulièrement soutenu.
Ce dynamisme s'appuie sur un modèle de développement économique basé sur l'import-substitution. Les trois quart de la consommation locale
sont couverts par l'industrie réunionnaise. Ce modèle dispose aujourd'hui d'une marge d'évolution importante pour l'avenir : des créneaux
d'import-substitution peuvent encore évoluer vers des niches d'activités porteuses de développement signif catif.
Aujourd'hui, la structure économique de La Réunion se caractérise essentiellement par une forte concentration de l'activité et de l'emploi dans le
tertiaire et par une taille plus réduite de l'industrie et de l'agriculture. La Réunion est passée en vingt-cinq ans d'une économie agricole a une
économie de services. La part du secteur primaire ne représente plus que 5 % de la valeur ajoutée marchande, contre près de 70 % pour le secteur
tertiaire.
L'agroalimentaire tient une place prédominante dans le tissu industriel de la Réunion, en raison notamment d'un potentiel agricole important, basé
en particulier sur la filière canne-sucre-rhum-énergie. Autre socle de l'économie, le secteur du bâtiment et des travaux publics est
1 / 18 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!