PLAN D`ACTION Pacte de croissance territorial La Réunion LA

publicité
PLAN D'ACTION
Pacte de croissance territorial La Réunion
LA RÉUNION,
Inscrire La Réunion dans un processus d'émancipation, de dépassement des fragilités et contradictions du modèle adopté jusqu'à présent,
implique d'apporter des solutions pérennes aux défis qui se posent à l'horizon 2020 à l'échelle du territoire, du voisinage, de l'Europe
continentale.
Didier ROBERT,
Président de la Conférence des Présidents des Régions Ultrapériphériques (2012/2013)
Président de la Région Réunion
PACTE 2014-2020 :
Un parcours pour un accès à une compétitivité territoriale en faveur de l'emploi
PRIORITÉ 1 : Pacte 2014-2020 - Un Parcours pour un Accès à des Compétences Territoriales en faveur de l'Emploi
A)
B)
Miser sur la jeunesse et développer l'emploi
S'ouvrir et rompre avec l'isolement
PRIORITÉ 2: Pacte 2014-2020 - Un Parcours pour un Accès à une Cohérence Territoriale en faveur de l'Écologie
A)
B)
Concilier aménagement et croissance verte
Accélérer la transition écologique
PRIORITÉ 3 : Pacte 2014-2020 - Un Parcours pour un Accès à une Créativité Territoriale en faveur de l'Économie
A)
B)
Marché local
Lever les obstacles aux échanges
Sommaire
PREAMBULE (Français)
P7
INTRODUCTION (Français)
P15
VOLET TERRITORIAL : LA RÉUNION
P23
Profil de La Réunion : descriptif territorial
P25
Profil géographique et climatique
P25
Prof l économique
P25
Prof l démographique
P26
Les défis auxquels La Réunion doit faire face à l'horizon 2020
P27
PACTE 2014-2020 : UN PACTE TERRITORIAL POUR UNE PLUS GRANDE COMPÉTENCE, UNE PLUS GRANDE COHÉRENCE ET
UNE PLUS GRANDE CRÉATIVITE TERRITORIALES
Priorité 1 : Un Parcours pour un Accès à des Compétences Territoriales en faveur de l'Emploi
P30
Miser sur la jeunesse et développer l'emploi
P31
S'ouvrir et rompre avec l'isolement
P32
Priorité 2 : Un Parcours pour un Accès à une Cohérence Territoriale en faveur de l'Ecologie
P34
Concilier aménagement et croissance verte
P35
Accélérer la transition écologique
P40
Priorité 3 : Un Parcours pour un Accès à une Créativité Territoriale en faveur de l'Economie
P46
Garantir un marché local compétitif et performant
P47
Lever les obstacles aux échanges
P52
LA REUNION,
TERRE d'EUROPE
Préambule
1. Le Plan d'action dans son contexte
L'élaboration du Plan d'action fait suite à la Communication de la Commission européenne de juin 2012, dans laquelle elle reconnaît la nécessité
d'une « prise en compte bien plus complète que par le passé de leur situation (des RUP) dans le spectre de la politique européenne »1 pour la mise
en œuvre de sa stratégie Europe 2020. Dans ce cadre, elle a invité chaque RUP à élaborer « un Plan d'action définissant, via des objectifs et des
étapes, la manière dont elle envisage de mettre en œuvre la stratégie « Europe 2020 », en tenant compte de sa situation individuelle »2.
Cette démarche inédite s'est déroulée dans le cadre de la Présidence réunionnaise de la Conférence des Présidents des Régions ultrapériphériques
et a permis de réaffirmer l'approche partenariale des RUP issue d'une longue tradition de travail en commun. Pour autant, le document présenté
n'est pas un mémorandum, ni même une déclaration commune. C'est un document politique d'orientation qui prend acte de l'évolution de la
position de la Commission européenne, de la convergence de vues entre les RUP et le Commissaire Johannes Hahn, en charge de la politique
régionale, sur la nécessité de privilégier une approche bottom-up et d'inscrire notre développement dans une plus grande dynamique territoriale.
Il présente, dans un document synthétique, une stratégie d'ensemble cohérente, pour les Régions ultrapériphériques (volet commun aux huit
RUP), ainsi que les priorités stratégiques de chacune de nos Régions pour la période 20142020 (volet territorial spécifique à La Réunion).
2. Principes méthodologiques
Le Plan d'action se veut évolutif notamment au regard du calendrier immédiat qui devrait voir aboutir les réformes des politiques européennes
d'ici fin 2013. Il revendique une stratégie cohérente fondée sur un diagnostic, des objectifs, une méthode, des principes, des outils et des moyens.
Le Plan d'action part de l'existant et n'ajoute pas une couche supplémentaire à un millefeuille stratégique déjà très riche au plan local (PR2D,
SDADD, Réunion Ile Verte, PRERURE, GERRI, SAR, SRIT, SRI etc.). Au-delà de l'approche visant à synthétiser les différents documents
d'orientation élaborés ces dernières années, une large consultation a été lancée auprès des partenaires et de la société civile (Préfecture,
Département, Chambres consulaires, société civile organisée, organismes de recherche...).
Par ailleurs, il convient de souligner que le Plan d'action engage une démarche dont l'horizon est celui des sept prochaines années et privilégie
donc une approche par le futur. La logique n'est plus simplement celle d'un rattrapage ou de réparation du passé, mais bien de préparation de
l'avenir.
La Réunion a aujourd'hui besoin d'un autre type de développement, inscrit dans la durée, qui s'attache à la fois aux emplois ou activités nouvelles
et à leur caractère durable, c'est-à-dire compatible avec l'efficacité économique, la justice sociale et la préservation de l'environnement. C'est par
l'excellence que La Réunion sera en mesure de relever ces défis.
Cette stratégie mise en œuvre pour la période 2014-2020, est aussi cohérente avec les exigences d'efficacité, de gestion rigoureuse et optimale
des fonds publics aujourd'hui incontournables. Notamment en privilégiant les domaines d'excellence de notre île et en positionnant La Réunion
sur de nouveaux secteurs et de nouveaux marchés.
En d'autres termes, il ne s'agit plus de « dédommager » La Réunion en acceptant de l'enfermer dans une situation dont elle ne sortira jamais, mais
de trouver à chaque fois, les leviers de son émancipation.
3. Présentation synthétique du Plan d'action
Le document comporte deux parties principales :
La première partie rappelle les positions défendues par les RUP et a fait l'objet d'un travail de réflexion et rédaction commun aux huit Régions:
Il rappelle notamment que l'article 349 du Traité sur le Fonctionnement de l'UE doit devenir une référence déclinée dans toutes les politiques
conduites au bénéfice des RUP ;
Il plaide pour une évolution de la politique de l'Union européenne dans les RUP vers une politique européenne dej'ultrapériphérie ;
Il rappelle qu'il n'y a pas pour les RUP d'un côté, les volets internes, et de l'autre, les volets externes des politiques européennes, mais qu'ils
contribuent de façon indissociable et globale à ja politique de l'union européenne en faveur de l'ultrapériphérie ;
Il propose enfin un saut qualitatif pour permettre aux RUP d'atteindre les objectifs d'une croissance intelligente, durable et inclusive à l'horizon
2020.
Partant du constat partagé que « chaque RUP est différente et (que) des pistes spécifiques doivent être envisagées pour chacune d'entre elles »3, la
deuxième partie du document présente les grands axes de développement sur la base de leur capacité à répondre aux défis, principalement de
l'évolution démographique du territoire en termes :
d'emplois à créer,
de compétitivité à dynamiser,
de logements sociaux à construire et à rénover,
d'infrastructures et de services à développer,
de réseaux de communication à perfectionner,
de secteurs productifs à libérer,
de système de formation à consolider,
de patrimoine culturel à promouvoir,
de mécanismes d'insertion à déployer,
de mobilité à inventer,
d'entrepreneuriat à encourager,
de cohésion territoriale et durable à cultiver,
d'actions de coopération régionale à concrétiser.
Au vu de l'ensemble des documents stratégiques élaborés par les acteurs locaux et des contributions reçues, qu'il s'agisse de la société civile ou
des institutions locales, le Plan d'action est structuré autour de trois axes prioritaires, déclinés à chaque fois dans ses composantes humaine,
territoriale et économique :
1. Gagner en performance
2. Accéder aux marchés
2
3. Rendre le territoire attractif
1
Cf. page 4 de la Communication de la Commission du 20 juin 2012 « Les régions ultrapériphériques de l'Union européenne : vers un partenariat
pour une croissance intelligente, durable et inclusive ».
2
Ibid. p.19.
3
Ibid. p. 3.
Le Plan d'action est finalement porteur d'une ambition qui peut se résumer en trois mots « Grandir, s'agrandir, rayonner », qui servent à la fois de
trajectoire conceptuelle et de fil directeur.
Grandir : D'abord sur le terrain de l'éducation, de la connaissance mais aussi de la citoyenneté. Car ouvrir les voies de l'émancipation passe par la
capacité à s'auto-organiser, à assumer, sur le plan individuel comme sur le plan collectif, de nouvelles responsabilités, aussi bien
environnementales, sociales, qu'économiques. Forte de ces principes, La Réunion peut devenir un espace d'expérimentation et le creuset d'un
nouvel art de vivre pour le XXIème siècle.
S'agrandir : En tournant le dos à l'océan Indien, La Réunion a cru pendant des décennies tourner le dos à un passé essentiellement marqué par la
pauvreté et le sous-développement. Elle a, en fait, aussi tourné le dos à son avenir. Car celui-ci, se joue, et peut-être d'abord, dans l'océan Indien.
C'est pourquoi elle doit développer ses échanges, notamment économiques, avec les pays riverains, mais aussi avec les puissances émergentes
que sont la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud. L'ouverture optimale de l'économie réunionnaise se fera par l'ouverture des entreprises, des hommes
et des infrastructures.
Rayonner : Lattractivité de l'île est un enjeu décisif pour son développement. Elle passe naturellement par un aménagement équilibré du
territoire, par des infrastructures de transports et des équipements de qualité, par des services publics performants. Donner à La Réunion
l'attractivité et l'efficacité indispensables à son rayonnement constitue un pré-requis nécessaire. Pour autant l'enjeu crucial, dans un monde ultraconnecté est de mieux faire connaître les atouts de notre île et de mieux se positionner vis-à-vis des économies concurrentes. Promouvoir
notamment une e-attractivité globale et innovante en faveur du tourisme, de la biodiversité, des énergies renouvelables permet de revenir à une
lisibilité et à une cohérence d'ensemble. Si La Réunion est attractive, alors son université, ses centres de recherche, de santé le seront. Si le projet
global, à l'échelle du territoire, est attractif alors chacun, pour peu qu'on lui en donne les moyens, en profitera de concert.
« Grandir, s'agrandir, rayonner », trois ambitions qui s'épaulent les unes les autres. Il ne servirait à rien de mettre l'accent sur l'ouverture aux
économies régionales, si La Réunion devait rester engoncée dans des rigidités réglementaires. De même, la compétitivité, l'ouverture et
l'attractivité d'un territoire se font, certes, sur les dessertes, l'accessibilité, la qualité des services et des équipements collectifs ou culturels, mais
elles se font aussi et surtout sur des notions, bien souvent immatérielles, comme le niveau et la qualité de formation ou encore l'intégration de la
recherche-développement et de l'innovation.
4. Enjeux du Plan d'action : Remédier au problème des chainons manquants du marché intérieur
En partant du constat qu'il ne peut y avoir de développement intelligent, durable et inclusif possible qu'en respectant la réalité de chaque
territoire, de ce qu'il porte en lui, de ses potentiels et de ses vocations, la Commission européenne invite aujourd'hui à répondre à une
revendication aussi ancienne que légitime : celle d'une approche territoriale soucieuse d'adapter les outils de développement aux spécificités de
notre île.
L'enjeu est donc de capitaliser sur cette approche territoriale, de l'intégrer dans les différentes politiques de l'Union, d'en faire le marqueur de
toute politique publique ambitieuse pour notre île.
L'attention portée aux aspirations spécifiques de développement de La Réunion au niveau européen doit naturellement se prolonger au niveau
national et ce afin de garantir la plus grande convergence des orientations.
En ce sens, le Plan d'action a une visée pratique et concrète immédiate : celle d'ouvrir une brèche dans les habitudes de pensée et de porter le
débat au plus haut niveau européen.
Cette démarche devra donc se poursuivre et s'inscrire dans la durée pour mobiliser efficacement toutes les énergies, pour renforcer la capacité
économique propre à La Réunion dans une logique de développement durable, pour créer les conditions d'une compétitivité accrue de son
économie au sein de l'Europe et de son voisinage.
La Réunion n'aborde pas le 21ème siècle sans atouts. Mais ils sont, depuis trop longtemps empêchés, par des contraintes structurelles et
réglementaires, de jouer pleinement le rôle moteur qui leur revient dans l'économie et la croissance de l'île. Il faut donner à notre Région les
moyens d'agir, de créer, de prendre des initiatives.
La Réunion y est prête. Ile européenne à taille humaine, elle a vocation à devenir le laboratoire de toutes les politiques publiques.
Introduction
Les Régions ultrapériphériques (RUP) - la Guadeloupe, la Guyane française, la Martinique, La Réunion, Saint-Martin, les Açores, Madère et les
îles Canaries - partagent des caractéristiques spécifiques définies à l'article 349 du TFUE. Au 1er janvier 2014, Mayotte deviendra une région
ultrapériphérique de l'UE.
Elles constituent une réalité unique et forment un ensemble au sein de l'Union européenne, distinct des autres régions européennes, caractérisé
essentiellement par :
un très grand éloignement par rapport au continent européen, renforcé par l'insularité, voire même par la double insularité ou par l'enclavement.
Isolées dans leurs espaces géographiques et largement excentrées des grands courants d'échanges, les RUP sont confrontées à l'impossibilité de
tirer pleinement profit des avantages du marché de l'Union européenne ;
une étroitesse du marché local et donc la dépendance économique vis-à-vis d'un petit nombre de produits ; © des conditions topographiques et
climatiques difficiles, taille réduite, vulnérabilité face au changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes ;
un voisinage de proximité exclusivement composé de pays tiers de l'UE ou un espace totalement isolé, deux enjeux stratégiques en termes
d'insertion et de coopération ;
La permanence, le cumul et la combinaison de ces caractéristiques constituent des contraintes structurelles qui nuisent gravement au
développement économique, social et territorial de ces Régions. Cette réalité justifie un traitement spécial et différencié.
Si en droit, l'Europe reconnaît la situation singulière des RUP sur la base du statut de l'ultrapériphérie, dans les faits, sa mise en œuvre reste
mitigée. Pour cette raison, la Conférence des Présidents des Régions ultrapériphériques n'a de cesse de plaider en faveur d'un engagement
politique renouvelé de la part des institutions européennes envers les RUF.
La communication de la Commission du 20 juin 2012 intitulée « Les régions ultrapériphériques de l'Union européenne: vers un partenariat pour
une croissance intelligente, durable et inclusive » 3 actualise en cinq axes (accessibilité, compétitivité, insertion régionale, dimension sociale et
changement climatique) la stratégie de développement qui accompagnera les RUP dans l'accomplissement des priorités de la Stratégie EUROPE
2020 en faveur d'une croissance intelligente, durable et inclusive.
Aussi et dans un scénario accompli, il aurait été indispensable que soient « évalués systématiquement les effets des politiques européennes sur les
3
COM (2012) 287 final.
RUF, notamment lors de la réalisation d'analyses d'impact »4. Sur cette base, les spécificités de l'ultrapériphérie auraient mérité d'être intégrées
dans les propositions législatives de la Commission.
Dans ce contexte, la Conférence des Présidents des RUP rappelle sa position exprimée à l'occasion de la XVIIIe Conférence qui s'est tenue à
Horta (Açores) le 14 septembre 2012, et qui met en exergue la nécessité de franchir un pas supplémentaire dans la mise en œuvre de la stratégie
telle que proposée par la Commission européenne en juin 2012, avec des instruments européens sectoriels appropriés et des ressources dédiées.
Cette orientation exige des solutions pertinentes, équilibrées, conjointes et cohérentes.
La communication de la Commission propose d'élaborer un plan d'action5 à partir de priorités de développement, toutes politiques publiques
confondues. Chaque plan d'action privilégiera par conséquent, une démarche synthétique, ascendante et évolutive, ciblant les besoins territoriaux
et les réponses pour y faire face.
Ne pas disposer à ce jour d'un cadre législatif et financier clairement établi, laisse planer nombres d'incertitudes. Au-delà de ces difficultés et au
moment de se fxer un cap pour le développement des territoires sur 2014-2020, les RUP réaffirment leur ambition de dynamiser leurs économies,
de préserver leurs secteurs traditionnels, d'agir dans des domaines innovants et à haute valeur ajoutée, de créer des emplois et donc de s'inscrire
résolument dans une dynamique de croissance.
En présentant le plan d'action, les RUP démontrent leur volonté et leur implication dans l'accomplissement des axes de la Stratégie de l'UE en
faveur de l'ultrapériphérie. Cet exercice n'aura de sens, in fine, que si les instruments mis à disposition sont à la hauteur des ambitions affichées.
Pour atteindre les résultats escomptés, les RUP doivent aussi pouvoir compter sur le soutien de toutes les parties prenantes impliquées.
Cependant, il n'existe pas de modèle unique de développement. Si la valorisation des atouts des RUP doit être prise en compte, elle ne saurait à
elle seule permettre de relever tous les défis qui se posent et de corriger les déséquilibres persistants. Les contraintes structurelles permanentes
appellent un traitement différencié pour tenir compte des réalités des RUP
C'est la raison pour laquelle les RUP font valoir une logique territoriale qui leur est propre et qui constitue une opportunité d'application
innovante des politiques européennes.
Dans ce contexte et dans le calendrier des réformes des politiques pour la période 2014-2020, le plan d'action s'inscrit dans une approche
coordonnée avec :
>
les stratégies des fonds européens (FEDER, FSE, FEADER, FEAMP) et les accords de partenariat pour 20142020 ;
>
les stratégies à développer dans le cadre d'autres programmes à fort impact territorial, tels que POSEI (agriculture et pêche) dont l'acquis
doit être préservé pour l'avenir ;
>
toutes autres stratégies développées de façon transversale, que ce soit à l'échelle européenne (notamment les programmes en faveur de la
recherche, de l'environnement, de l'éducation) à l'échelle nationale (programme national de réforme par exemple) ou à l'échelle des territoires
(schémas de développement économique, de transports, entre autres).
La complémentarité et la cohérence des objectifs et des priorités du plan d'action s'apprécient également au regard de cadres législatifs
horizontaux notamment sur la politique commerciale commune, la concurrence, les marchés publics et l'environnement.
UN PLAN D'ACTION PLACÉ SOUS LE SCEAU DE L'AMBITION ET DE L'EXIGENCE
Dans un contexte empreint d'incertitudes juridiques et financières, les Régions ultrapériphériques envisagent l'avenir pour garantir une reprise de
la croissance, développer des emplois stables dans un contexte socio-économique aujourd'hui fortement dégradé.
Cet exercice s'inscrit dans la continuité de leurs propres réflexions qui ont abouti à l'adoption de Memoranda en 2009 et en 2010, ainsi qu'à la
publication de différentes contributions aux consultations publiques de la Commission européenne (cohésion territoriale, Stratégie Europe 2020,
transports, aides d'État, recherche et innovation, marché intérieur, politique maritime, etc.).
Le Mémorandum conjoint de mai 2010 adopte une approche novatrice et invite la Commission européenne à rechercher un triple équilibre à
l'égard de l'ultrapériphérie, tout en se basant sur la stratégie qu'elle a développée en 2004 sur la réduction du déficit d'accessibilité, l'amélioration
de la compétitivité et l'insertion régionale :
Un équilibre entre les atouts et les contraintes structurelles ;
Un équilibre entre les volets internes et externes des politiques européennes afin d'éviter les incohérences au moment de leurs mises en œuvre ;
Un équilibre entre l'adaptation des politiques européennes de droit commun et la déclinaison d'instruments sectoriels spécifiques.
Le Mémorandum incite à ce que toutes les politiques de l'Union, en s'appliquant dans les RUP, intègrent une logique de cohérence territoriale qui
aille au-delà du nouvel objectif dit « de cohésion territoriale » tel qu'érigé par le Traité de Lisbonne. Ainsi, les RUP peuvent constituer de
véritables espaces pertinents d'expérimentation pour une mise en œuvre cohérente et intégrée des politiques de l'Union au niveau territorial, sur la
base d'une gouvernance multi-niveaux (européen, national, régional).Les principes d'égalité des chances, de cohérence, de valorisation des atouts
et de partenariat appelés « fondamentaux de Cayenne » constituent, depuis 1999, le socle de la stratégie de développement des RUP Ils ont été
complétés, en 2010, par deux nouvelles orientations qui sont les principes de proportionnalité et de réalité de l'ultrapériphérie.Si au fil du temps
la Commission européenne a mis en exergue les principes de valorisation des atouts et de partenariat au travers de communications adoptées en
2004 et en 2008, il est aujourd'hui nécessaire de franchir un pas supplémentaire pour donner corps aux autres principes : égalité des chances,
cohérence, proportionnalité et réalité.Plusieurs dimensions doivent servir de fil conducteur au cadre européen à établir pour 2014-2020 et irriguer
de manière transversale toutes les politiques européennes :
>
Prendre en compte le statut de l'ultrapériphérie de l'article 349 du TFUE, qui justifie, per se, une application adaptée, y compris
dérogatoire, des politiques et actions de l'Union européenne aux RUP ;
>
Respecter les principes de réalité et d'égalité des chances des citoyens quel que soit leur lieu de résidence est primordial, surtout pour ce
qui concerne l'accès aux équipements et services en réseaux (de type services d'intérêt économique général). On ne saurait par exemple, expliquer
les différences de traitement des citoyens des RUP en termes de continuité territoriale ou numérique. Les services d'intérêt économique général
constituent un exemple de persistance de discriminations y compris dans les secteurs les plus stratégiques comme le numérique, les transports,
l'eau, l'énergie ;
>
Mettre en œuvre les principes de cohérence et de proportionnalité : les révisions successives des aides d'État n'ont jamais intégré
l'exigence de cohérence entre les différentes finalités des aides pourtant nécessaires pour les bénéficiaires potentiels. De
4 même, la réglementation
4
Conclusions du Conseil du 14 juin 2010
« En collaboration avec leur État membre respectif, chaque RUP est invitée à élaborer un plan d'action définissant, via des objectifs et des
étapes, la manière dont elle envisage de mettre en oeuvre la stratégie « Europe 2020 », en tenant compte de sa situation individuelle et des
différents instruments disponibles mentionnés dans la présente communication », COM(2012) 287 final, p.18-19
5
en matière environnementale portant notamment sur les émissions de gaz à effet de serre, dans le domaine du transport aérien, méritent une
attention particulière au regard de la situation des régions ultrapériphériques pour éviter toute disproportion des impacts y afférents.
Dans cette optique et contrairement à l'orientation privilégiée dans la communication de la Commission européenne du 20 juin 2012, la politique
de cohésion ne saurait réduire, seule, toutes les disparités territoriales, encore moins répondre, seule, aux besoins de financement qu'implique
l'ambition commune d'une stratégie rénovée de l'ultrapériphé- rie. La politique de cohésion exige une coordination très étroite avec les autres
politiques qui ont un fort impact territorial, dans un souci d'efficacité et de rationalisation des programmes à mettre en place.
Le présent plan d'action va bien au-delà de cette exigence en traçant les voies d'une stratégie de projection qui soit au service d'une vitalité
territoriale assumée. Mais pour se déployer à sa juste mesure, cette stratégie de projection n'est pas dissociable d'une stratégie d'expérimentation :
Expérimenter, c'est adapter le cadre aux réalités de l'ultrapériphérie, c'est inventer de nouvelles formules qui, de façon pragmatique, permettent
aux RUP d'inventer leur modèle économique de demain. A cette forte volonté exprimée au niveau régional doit désormais correspondre une
véritable ambition européenne de l'ultrapériphérie. C'est dans cet esprit que ce Plan d'action s'inscrit : celui de faire prévaloir une logique
d'activité et de responsabilité, seule garante d'un développement économique intelligent, durable et inclusif.
Volet territorial : LA RÉUNION
Profil de La Réunion : indicateurs
NUMERIQUE•84% de la population équipée en téléphonie mobile •2 connexions à un câble sous-marin •94,8% de la population couverte par le
haut débit •52 % de la population équipée en connexion internet à domicile
TRANSPORTS
2,2 millions de passagers des aéroports Mode de déplacements domicile-travail
• d'énergies renouvelables dans la production d'électricité
•
pour le taux de dépendance énergétique •1931 km2 de parcs naturels
•
de réserves naturelles
AGRICULTURE
•
de Surface Agricole Utile (2010)
• 762
exploitations agricoles (2010)
• pour la part du secteur agroalimentaire dans la valeur ajoutée (2007)
•
pour la part du secteur agricole dans la valeur ajoutée (2007)
Prof l de La Réunion : descriptif territorial
Située en plein Sud-Ouest de l'océan Indien, La Réunion est la seule région européenne de l'Hémisphère Sud et la plus éloignée de l'Europe
continentale.
Terre d'Europe, Terre de France, Terre de l'océan Indien, elle concentre plusieurs des problématiques qui sont au cœur des préoccupations de
développement durable caractérisant le XXIe siècle : la pression démographique, la globalisation des échanges, le changement climatique, la
gestion des ressources naturelles et la sécurité alimentaire.
Terre de métissage et de brassage des cultures, l'identité de La Réunion s'est construite, et se construit encore, dans le dialogue, dans un processus
dynamique de métissage aux formes multiples : sociale, culturelle, artistique et patrimoniale qui font l'identité réunionnaise. Cette diversité des
origines s'accompagne de relations culturelles et économiques fortes avec les pays d'origine - d'Afrique, d'Asie et d'Europe - dont le potentiel est
loin d'être entièrement utilisé.
La Réunion doit pouvoir, dans ce contexte, valoriser cette symbiose réussie des populations et des cultures qui la composent, devenir un lieu
privilégié d'expérimentation, dont le savoir-faire acquis pourra être transféré vers les pays de la zone, une vitrine technologique européenne a
partir de laquelle pourra se développer une nouvelle économie réunionnaise.
Prof l géographique et climatique
Île subtropicale volcanique soumise aux aléas climatiques et aux risques naturels, La Réunion se caractérise notamment par un relief
montagneux, par des microclimats, par la richesse exceptionnelle et la diversité de ses milieux et ressources naturelles. Sa localisation
géographique la positionne comme un relais européen idéal d'observation de l'atmosphère et de surveillance de l'environnement assisté par
satellite.
Sa biodiversité unique, concentrant des milliers d'espèces naturelles et endémiques, fait de La Réunion l'un des trente-quatre « hot spots »
mondiaux de biodiversité terrestre et marine. Ses cirques, pitons et remparts sont inscrits au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 2010. Le
territoire est protégé au niveau de son Parc Naturel des Hauts ainsi que de sa Réserve Marine, soit 42 % de superficie et 80 km de côtes
protégées.
Enfin, le relief accidenté implique une concentration de la population principalement sur le littoral impactant directement les conditions de vie
des habitants. Ce déséquilibre entre les Hauts et les Bas se traduit par des disparités importantes en termes d'attractivité, d'emploi et
d'accessibilité et d'accès aux services au détriment des zones rurales.
Profil économique
La Réunion a connu une évolution fulgurante depuis sa départementalisation en 1946. L'économie réunionnaise se révèle être particulièrement
dynamique. Ces dernières années, la consommation finale et l'investissement, soutenus notamment par des incitations f scales et par la mise en
œuvre de grands chantiers, ont été les principaux relais de croissance.
Néanmoins, la réorientation de la politique f scale et l'achèvement des grands travaux ont exacerbé les effets de la crise économique à La
Réunion dès 2009 (-2,7% de croissance en euros constants). Après une année 2010 atone, l'activité s'est redressée en 2011 (hausse du PIB de
1,2% en euros constants). Aujourd'hui, l'île peine a trouver de nouveaux moteurs pour asseoir sa croissance. Pourtant, au-delà des contraintes
structurelles cumulées, elle dispose d'atouts non négligeables, en témoigne son dynamisme entrepreneurial avec un taux de création d'entreprises
particulièrement soutenu.
Ce dynamisme s'appuie sur un modèle de développement économique basé sur l'import-substitution. Les trois quart de la consommation locale
sont couverts par l'industrie réunionnaise. Ce modèle dispose aujourd'hui d'une marge d'évolution importante pour l'avenir : des créneaux
d'import-substitution peuvent encore évoluer vers des niches d'activités porteuses de développement signif catif.
Aujourd'hui, la structure économique de La Réunion se caractérise essentiellement par une forte concentration de l'activité et de l'emploi dans le
tertiaire et par une taille plus réduite de l'industrie et de l'agriculture. La Réunion est passée en vingt-cinq ans d'une économie agricole a une
économie de services. La part du secteur primaire ne représente plus que 5 % de la valeur ajoutée marchande, contre près de 70 % pour le secteur
tertiaire.
L'agroalimentaire tient une place prédominante dans le tissu industriel de la Réunion, en raison notamment d'un potentiel agricole important, basé
en particulier sur la filière canne-sucre-rhum-énergie. Autre socle de l'économie, le secteur du bâtiment et des travaux publics est
particulièrement performant et pourvoyeur d'emplois (11% des effectifs salariés de La Réunion). Ce secteur reste néanmoins fortement tributaire
de la commande publique, de l'offre solvable de logements, du coût des matières premières et des importations.
Les échanges, orientés essentiellement vers la France métropolitaine, s'avèrent très déséquilibrés : les exportations représentent moins de 10 % en
valeur des importations. La Réunion reste aujourd'hui isolée par rapport aux flux marchands régionaux marginaux et asymétriques (seuls 7% des
échanges se font vers les pays de la COI - Commission de l'Océan Indien). L'industrie a porté ses efforts sur le marché local et y a atteint
certaines limites. En dépit d'un cadre réglementaire contraignant et des infrastructures d'échanges qui restent a améliorer, les entreprises
réunionnaises se positionnent désormais a l'international dans l'optique d'une augmentation des volumes d'affaires.
Depuis un demi-siècle, le diagnostic établi conduit a constater un creusement des dépendances, qu'elles soient économiques, sociales ou
énergétiques. Cette situation invite à poser le cadre d'un nouveau modèle de croissance intelligente, durable et inclusive. Cette logique ouvre la
voie au développement de secteurs à fort potentiel tels que la pêche, l'énergie, le numérique et le tourisme durable qui offrent des perspectives de
croissance et de création d'emplois.
Profil démographique
L'évolution démographique réunionnaise se distingue de celle connue sur le continent européen. La Réunion connaît un taux de natalité supérieur
à celui observé en France métropolitaine. La population a été multipliée par 2,4 en
l'espace d'une cinquantaine d'année. Alors qu'on recense 839 500 habitants en 2011, les projections démographiques envisagent un
franchissement de la barre symbolique du million d'habitants vers 2030.
L'une des caractéristiques de la population réunionnaise, et qui constitue un atout considérable pour l'île, est la jeunesse de sa population : 34 %
de la population a moins de 20 ans (contre 25 % en France métropolitaine).
En dépit d'une croissance soutenue (de l'ordre de 3 000 emplois nets créés par an), les déséquilibres sociaux demeurent ou s'amplifient du fait de
l'évolution démographique. Au premier rang de ces déséquilibres, le chômage apparaît comme étant le fléau de la société réunionnaise.
Cette réalité démographique doit être traitée dans une logique d'emplois et imposent à La Réunion de se positionner pour devenir un modèle de
gestion de transition démographique af n de maintenir la cohésion territoriale.
Cet effort de cohésion passe par des leviers d'accompagnement et des dispositifs, qu'ils soient européens, nationaux ou régionaux, inédits et a la
mesure des particularités démographiques de La Réunion
Les défi s auxquels La Réunion doit faire face à l'horizon 2020
La Réunion doit aujourd'hui relever un quadruple défi : défi démographique, défi environnemental, défi énergétique et défi de la mondialisation.
Si leurs effets n'épargnent aucune région du continent européen, ils connaissent un degré d'intensité sans comparaison dans un territoire insulaire,
isolé et très vulnérable. Inscrire La Réunion dans un processus d'émancipation, de dépassement des fragilités et contradictions du modèle adopté
jusqu'à présent, implique d'apporter des solutions pérennes aux défi s qui se posent à l'horizon 2020 à l'échelle du territoire, du voisinage, de
l'Europe continentale.
A*
ir
-r
LA RÉUNION,
TERRE D'EUROPE
PACTE 2014-2020 :*
Un pacte territorial pour une plus grande compétence, une plus grande cohérence et une plus grande créativité territoriales
PRIORITÉ 1 :Un Parcours pour un Accès à des Compétences Territoriales en faveur de l'EmploiLibérer le potentiel des Hommes et des Femmes
est un critère déterminant de la croissance inclusive
1. Miser sur la jeunesse et développer l'emploi
A l'échelle de l'UE, l'éducation et la formation jouent un rôle de premier plan dans la réalisation des objectifs de la stratégie Europe 2020. Cette
dimension représente un enjeu déterminant à La Réunion, où par ailleurs, les taux de chômage sont parmi les plus élevés au sein de l'Union
européenne.
Cette situation alarmante nécessite d'agir pour apporter des solutions pérennes en faveur de l'emploi.
Si la prospérité de La Réunion dépend pour beaucoup de ses jeunes, ceux-ci éprouvent de sérieuses difficultés pour exploiter leur potentiel et
apporter leur contribution à la société. Les jeunes sont encore beaucoup trop nombreux à quitter l'école sans qualifications ou avec des
compétences insuffisantes, à ne pas trouver d'emploi et à être menacés d'exclusion sociale. D'autres, les plus formés, peinent à s'insérer dans le
monde professionnel faute de débouchés suffisants.
La population active exerce dans un environnement complexe, difficile et subit les effets négatifs des contraintes structurelles, à savoir les
surcoûts de l'ultrapériphérie. Faute de masse critique suffisante, une attention particulière doit être portée sur le dimensionnement des
infrastructures, des outils de production. Dans le même esprit, les chercheurs, en dépit de leurs compétences, restent à l'écart des grands réseaux
de la recherche.
Il est capital que les politiques publiques permettent à tous les Réunionnais de donner la pleine mesure de leurs capacités. Pour améliorer leurs
performances, il est donc essentiel d'agir en faveur de l'intégration sociale et professionnelle, tout en favorisant l'épanouissement personnel, la
cohésion et la citoyenneté.
Dans le contexte particulier d'une forte croissance démographique conjuguée à la jeunesse de la population, d'un chômage structurel, et celui,
plus classique, des mutations au niveau des qualifications, le défi humain se décline à travers trois dimensions : l'emploi, la qualifi cation et la
cohésion sociale. Accompagner la dynamique démographique implique d'agir concrètement sur les facteurs de cohésion urbaine, d'inclusion
sociale et de lutte contre la pauvreté.
La Réunion se trouve donc face à de nombreux défis : investir dans l'éducation, la formation et l'apprentissage, faciliter l'accès au savoir (y
compris et nécessairement en dehors du territoire), créer le maximum d'emplois pérennes sur place, mais aussi permettre l'accès à d'autres
emplois qualifi és à l'extérieur de l'île.
6
OBJECTIF: Notre situation sociale complexe nécessite la structuration d'un grand projet social destiné à couvrir toutes les situations, y compris
l'exclusion et la précarité
Actions :
>
Soutenir ces orientations par le biais de la politique de cohésion et plus précisément de l'intervention du Fonds Social
Européen (1);
>
Pour 2014-2020, les attentes sont tournées vers la « Garantie pour la Jeunesse » qui, nécessairement, devra être définie et
gérée au niveau approprié, à savoir au niveau régional. Cette voie est la seule à suivre pour garantir une prise en compte responsable qui réponde
au plus près à la situation de La Réunion où 54,2% des jeunes de 15-24 ans sont au chômage (2);
>
Exploiter le « programme PROGRESS » en faveur de l'innovation sociale et de l'expérimentation sociale dans le but de
tester à petite échelle des politiques novatrices et de propager des solutions efficaces (3);
>
Rendre accessible « l'instrument de micro-financement et d'entrepreneuriat social » pour encourager les investissements
en faveur de l'expansion des entreprises sociales (4);
>
Développer les pratiques préventives et curatives de décrochage et de l'échec scolaire (5);
>
Promouvoir des dispositifs de prévention et de lutte contre l'illettrisme (6).
2. S'ouvrir et rompre avec l'isolement
La question de la mobilité des résidents à l'international (Europe ou voisinage) se pose avec évidence depuis et vers La Réunion. En tant que
territoire distant de 10.000 km de la France métropolitaine, le plus éloigné du continent européen, le déficit d'accessibilité affecte principalement
les personnes et les biens.
Il faut compter onze heures de vol et un budget minimal de 1000 euros par personne (soit l'équivalent du salaire minimum), ou trois semaines à
minima de navigation pour le transport de marchandises pour rejoindre l'Europe. Ces contraintes ont pour principale conséquence d'affecter les
principes de liberté de circulation et d'égalité des chances. Le déficit d'accessibilité de La Réunion couplé à l'isolement altère les échanges, freine
considérablement le développement économique et les initiatives et rend très difficile l'accès à la société de la connaissance et le renforcement
des compétences. Aujourd'hui, 20% des Réunionnais n'ont jamais quitté le territoire.
Le problème de la mobilité conditionne la cohésion économique et sociale : le principe de libre circulation, clé de voûte de la construction
européenne, constitue clairement aujourd'hui l'un des « chaînons manquants » du marché intérieur pour lequel une réponse doit être apportée afin
de permettre à tous les Réunionnais, en tant que citoyen, de circuler librement sur le territoire européen. Qu'il s'agisse notamment de se former,
d'étudier, de travailler, d'échanger, de se soigner, de se cultiver, il importe de garantir les mêmes droits que ceux dont bénéfi cie l'ensemble des
Européens.
Il va de soi que même si le développement du numérique facilite l'accès à la société de la connaissance, il ne saurait en aucun cas se substituer à
l'expérience tirée d'une mobilité physique effectuée par les personnes, notamment les jeunes, en Europe continentale, dans la zone océan Indien
ou à l'international.
Si l'aptitude à la mobilité est une condition indispensable à l'insertion, à la construction de trajectoires de vie satisfaisantes et de liens sociaux
diversifiés, la question de la mobilité, telle que perçue depuis La Réunion, n'est pas seulement un choix, elle constitue une formidable
opportunité. Elle offre à chacun la possibilité de s'ouvrir au monde, d'étudier dans des filières choisies, de permettre à chaque résident, quelle que
soit son origine sociale, de construire son parcours de vie et d'atteindre son meilleur niveau. Aujourd'hui, nombreux sont les citoyens qui sont
moins bien armés que d'autres. Dans une région à très fort taux de chômage, une partie significative de la population se voit privée de circuler
librement et n'a que peu de possibilités de sortir de l'île.
C'est pourquoi il importe d'offrir, notamment aux jeunes, la possibilité de découvrir d'autres horizons, de saisir de nouvelles opportunités et de
préparer leur retour dans l'île afi n de développer une économie locale (expertise et valeur ajoutée en matière de technicité et d'entrepreneuriat).
Au plan local, un travail important se poursuit en vue d'accompagner la mobilité depuis La Réunion, notamment celle des jeunes. Toutefois, tous
les instruments et outils mis à disposition de l'Europe ne sont pas utilisés au maximum de leurs capacités et de nombreux obstacles aux échanges
persistent pour les individus, à tous les stades de leur vie. Si la mobilité à des fins d'éducation et de formation tout au long de la vie a
considérablement évolué au cours de la dernière décennie, elle implique encore aujourd'hui des démarches qui demeurent complexes et freinent
les parcours entrepris par nos étudiants, nos apprentis, nos jeunes déscolarisés ainsi que nos enseignants.
La mobilité vers La Réunion mérite également d'être encouragée si l'on tient compte de l'attractivité de son territoire : parmi ses atouts, de
multiples domaines de compétences développés à La Réunion, une situation géostratégique unique de l'Europe dans le bassin de l'océan Indien
aux frontières externes de l'UE. Cependant, La Réunion ne faisant pas partie de l'espace Schengen, elle ne bénéf cie pas des règles
communautaires relatives aux visas et ne peut pas se prévaloir des facilités relatives aux accords d'exemption de visas conclus ici et là. Cette
réalité affecte le déplacement de toutes catégories de personnes et notamment les touristes, les sportifs de haut niveau et les chefs d'entreprise.
Par ailleurs, La Réunion porte les valeurs de l'UE : la paix, la sécurité, l'identité européenne, le respect des droits fondamentaux. Grâce
notamment à l'apport ces dernières années des Fonds structurels (FEDER et FSE), La Réunion a non seulement développé des infrastructures qui
ont contribué à développer une dynamique territoriale, mais aussi acquis une compétence et un savoir-faire reconnus dans le domaine de
l'éducation, de la formation et de l'enseignement supérieur. Aussi, elle constitue un poste avancé de l'Union dans l'océan Indien capable d'offrir
des formations de qualité dans un contexte politique et sanitaire sécurisé qui plaide pour la mise en place d'un dispositif expérimental de type «
ERASMUS du Grand océan Indien ».
Une étude de l'INSEE (juin 2013) sur la mobilité des jeunes Réunionnais en 2012 établit que les dispositifs d'appui incitent à la mobilité. Le coût
de la mobilité constitue un frein pour 45% des jeunes. Si les dispositifs d'appui (aides au voyage, au logement et garantie d'un retour) sont
complets, alors 40% des personnes qui refusent une mobilité, changent d'avis et l'acceptent.
Pour qu'il y ait un impact sur le prix du titre de transport aérien, la Commission invite les RUP à combiner plusieurs outils communautaires,
notamment des aides à caractère social avec des obligations de service public contraignantes. Or, et à la pratique, ces instruments se conjuguent
mal et s'avèrent complexes à mettre en œuvre.
Puisque le lien physique que La Réunion entretient avec le continent européen se matérialise uniquement par des connexions aériennes, la
mobilité, passe nécessairement par cette phase de transport, fortement émettrice de gaz à effet de serre. Cette dépendance ne doit pas pénaliser la
population notamment au travers de taxes carbone sur le prix des titres de transport.
Enfi n, et en dehors de publics-cible de type « étudiants », « individus suivant un parcours de formation professionnelle ou d'apprentissage », le
manque d'équité dans la mobilité des résidents réunionnais dans l'espace européen, en application du principe de libre circulation des personnes,
appelle un traitement approprié aux niveaux national et européen.
OBJECTIF: Concrétiser la libre circulation de tous les citoyens en garantissant la cohérence et la complémentarité entre les programmes
nationaux et les programmes de l'Union
Actions :
>
Favoriser les synergies et améliorer l'efficacité des programmes de mobilité à travers des outils uniques, simples et
lisibles pour le citoyen (7);
>
Envisager, à titre expérimental, la mise en place d'un dispositif de mobilité régionale de type
« ERASMUS du Grand océan Indien » réunissant les fonds de l'objectif de coopération territoriale européenne au titre de la politique de
Cohésion, ainsi que les fonds du programme « ERASMUS pour tous ». Il s'agirait d'un programme unique au niveau de l'océan Indien qui
garantisse une homogénéité des interventions des publics-cibles et qui bénéficierait d'une plus grande visibilité pour ses bénéficiaires (8);
>
Lever les obstacles aux échanges entre les personnes : simplifier les règles relatives aux visas (notamment pour les
entreprises, les étudiants, les touristes et les sportifs de haut niveau), accompagner avec des instruments européens le financement d'aides à
caractère social, améliorer la desserte aérienne et maritime (9);
>
Réduire le déficit d'accessibilité en intégrant une composante « mobilité » dans la définition et la mise en œuvre de toutes
les politiques publiques, au services des élèves, étudiants, apprentis, jeunes déscolarisés ou en situation de décrochage scolaire, enseignants,
chômeurs, citoyens en situation de précarité, chercheurs, entrepreneurs, agriculteurs et pêcheurs... (10);
>
Faire évoluer le cadre législatif du futur programme « ERASMUS POUR TOUS » afin de rendre éligibles non seulement
les pays voisins de La Réunion, notamment Maurice, Madagascar, Seychelles, Comores, Afrique du Sud, Mozambique, Tanzanie et Kenya mais
aussi les pays avec lesquels La Réunion a tissé des relations privilégiées comme le Canada, l'Australie, l'Inde et la Chine (11);
>
Encourager le déplacement des actifs afin d'élargir le marché de La Réunion dont l'étroitesse est un handicap au
développement des activités. Cette approche contribuerait, au-delà des échanges d'expériences et des transferts de savoir-faire, à l'abaissement
des coûts de production grâce aux synergies et économies d'échelle résultant d'une approche régionale (12);
>
Faciliter la mobilisation et la valorisation de toute l'expertise disponible à La Réunion, qui dispose de pôles d'excellence
dans de nombreux domaines (13);
>
Prévoir des exceptions et/ou compensations pour réduire l'impact économique induit par la réglementation relative au
système communautaire d'échange de quotas d'émissions de gaz à effet de serre (14);
>
Encourager le partage d'expériences de mobilités afin de minimiser l'appréhension au départ, mettre en œuvre des actions
innovantes de développement de la culture de la mobilité (15).
PRIORITE 2 :Un Parcours pour un Accès à une Cohérence Territoriales en faveur de l'ÉcologieGarantir une cohésion territoriale et durable
implique de lever toutes les difficultés qui affecte le « bien-vivre » des Réunionnais
8
1. Concilier aménagement et croissance vert e
La Réunion est soumise à une forte pression démographique qui entraîne des conséquences notamment en termes d'aménagement du territoire, de
disponibilité du foncier, et de respect des équilibres environnementaux.
L'offre de services d'intérêt général doit donc être plus importante et implique préalablement une politique d'investissements en infrastructures
qui concourt au désenclavement du territoire. La faible superficie de l'île conjuguée au relief accidenté, accentuent les déséquilibres entre les
besoins en services et l'offre disponible.
A La Réunion, l'accès et la fourniture de ces services revêtent une importance particulière en tant que pilier du modèle de société. Ils restent
essentiels pour la cohésion sociale et territoriale et pour la compétitivité de l'économie. Une attention particulière doit donc être portée à ces
services, dans des domaines tels que les transports, l'énergie, l'eau, les déchets, le numérique, les soins de santé, l'aide à l'enfance ou la prise en
charge des personnes âgées, l'aide aux personnes handicapées ou le logement social. Ils constituent ensemble un filet de sécurité essentiel pour la
population et contribuent à la promotion de la cohésion sociale.
Dans le cas des entreprises, la disponibilité de services réguliers et performants est un préalable indispensable à un environnement favorisant leur
compétitivité. S'agissant des usagers, ces services doivent répondre aux besoins des consommateurs aussi bien en termes d'accès, que de
régularité ou de tarification. Leur bon fonctionnement constitue un préalable-clef pour l'accomplissement des priorités de la Stratégie EUROPE
2020.
Le développement de certains secteurs justifie une réorganisation pour tenir compte des défis qui se posent à brève échéance, notamment
démographiques et énergétiques. Si d'importants investissements ont été réalisés jusqu'à présent, ils nécessitent aujourd'hui d'être améliorés et
sécurisés. Cette orientation se vérifie particulièrement dans les secteurs suivants :
NUMÉRIQUE j Dans l'acquisition d'un modèle réunionnais d'économie compétitive durable et inclusive, les nouvelles technologies de
l'information et de la communication jouent un rôle essentiel. Elles sont porteuses d'avantages économiques et sociaux durables qu'il importe
d'exploiter à travers une véritable stratégie numérique intégratrice pour offrir aux Réunionnais des infrastructures essentielles à la société de
l'information de demain. La Réunion dispose d'un potentiel de croissance significatif dans ce secteur.
La situation numérique de La Réunion se caractérise par un décalage persistant entre l'offre des réseaux de communications électroniques
disponible sur le territoire et celle dont bénéfi cie l'Europe continentale.
Au-delà du retard dans les déploiements des technologies nouvelles (4G, NGA) qui freine le développement des usages et des services, la
question de la sécurisation des connexions internationales et de la disponibilité à long terme des capacités nécessaires au désenclavement de l'île
reste un enjeu majeur pour le territoire. Sans un investissement conséquent sur le long terme sur les capacités internationales et une sécurisation
des réseaux, les niveaux de services fixés par la stratégie numérique pour l'Europe ne pourront être atteints.
Le risque d'une nouvelle fracture numérique lié au retard de déploiement sur le très haut débit ou à l'insuffisance des capacités internationales
face à l'augmentation permanente des besoins est réel.
Offre moindre (moins diversifiée, moins attractive, surcoûts structurels) et concurrence imparfaite illustrent la situation de La Réunion. La
dépendance aux seuls câbles sous marins la raccordant au reste du monde, conduit inéluctablement à une fragmentation du marché unique
numérique, avec un internet à deux vitesses j celle du continent européen avec des débits rapides et celle de notre île, beaucoup plus lente. Ce
diagnostic communément admis depuis plus de dix ans, ne trouve toujours pas de solution dans le cadre législatif en vigueur.
En conséquence, les usagers sont pénalisés car ils ne peuvent avoir accès aux services à haut-débit dans des conditions égales à ceux de l'Europe
continentale.
OBJECTIF:
Garantir une continuité numérique effective
Actions :
Les propositions de règlement européen portant sur les infrastructures numériques et leurs coûts, actuellement en cours de discussion, doivent
prendre la mesure effective des handicaps affectant notre île et donc doivent prévoir en urgence des dispositions spécifiques permettant de les
corriger.
Ces dispositions devront :
>
Autoriser, sur fonds publics, la construction de câbles sous marins pour desservir La Réunion (16);
>
Favoriser l'intervention publique même en présence d'une situation concurrentielle dès lors que les différentes initiatives privées
existantes sont insuffisantes pour gommer le surcoût lié à l'éloignement et pour aboutir à une égalité de traitement avec le continent européen
(17);
>
Inciter les opérateurs de communication électroniques à formuler des offres de services aussi compétitives que sur le continent européen,
lorsque toutes les conditions économiques sont réunies (18);
>
Concrétiser l'émargement de La Réunion au programme CEF - Connecting Europe Facility pour des projets d'envergure. Favoriser la
recevabilité des projets TIC de La Réunion portés tant par les acteurs privés que publics (19);
>
Améliorer le cadre réglementaire relatif aux aides d'État dans le secteur des Technologies de l'Information et des Communications ainsi
que des services d'intérêt économique général pour tenir compte de la situation de La Réunion (20).
DÉCHETS :E'agissant de la question du stockage, La Réunion reste confrontée au risque de la saturation proche des capacités d'enfouissement
sans aucune alternative sérieuse. Le manque de foncier disponible couplé à l'impact de normes environnementales européennes, mène les
pouvoirs publics locaux dans une impasse.
Sur la question de la valorisation des déchets, les filières restent compliquées à mettre en place. La collecte sélective permet d'alimenter les
filières de recyclage (plastiques, papiers et cartons, verre, aluminium et métaux, déchets verts, déchets industriels spéciaux etc.) qui atteignent
difficilement le seuil de rentabilité. Selon les types de déchets et après valorisation, ceux-ci sont expédiés en dehors du territoire, soit vers
l'Europe (exemple : batterie), soit à l'international (Afrique du Sud, Asie), ou se heurtent aux dispositions réglementaires (ex : convention de Bâle
sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination) qui compliquent leur expédition hors pays de
l'OCDE. Globalement les conditions de transport ne sont pas favorables (absence de rationalisation) et leurs coûts restent très élevés.
OBJECTIF: Bénéficier d'un système de gestion des déchets pleinement adapté aux besoins et aux spécificités territoriales
Actions :
>
Concevoir un cadre réglementaire spécifique sur le stockage et la valorisation des déchets qui tienne compte de la situation de La
Réunion et n'induise pas d'effets disproportionnés (21);
>
Créer un statut spécifique de La Réunion dans le cadre de la Convention de Bâle (22);
>
Ouvrir une ligne régionale maritime à l'international pour l'expédition des déchets soutenue par des aides d'État au transport (23);
>
Améliorer la rentabilité des filières de recyclage (24).
EAU I La ressource en eau est importante à La Réunion et, est théoriquement suffisante par rapport aux besoins (notamment irrigation agricole,
eau potable, eaux industrielles). La situation est néanmoins complexe en raison du fort déséquilibre entre l'Est (forte pluviométrie) et l'Ouest de
l'île (aride), ainsi que du déséquilibre saisonnier (longues périodes de sécheresse lors de l'hiver austral). Les infrastructures sont souvent vétustes
et insuffisantes, notamment dans les Hauts.
En termes de régularité et de qualité des services offerts aux usagers, une part significative de la population connaît des coupures d'eau fréquentes
et un service d'eau insalubre (notamment en période d'intempéries). La grande majorité des volumes prélevés le sont par des captages en surface,
posant des problèmes de pollution, et par des pompages de nappes difficiles d'accès et à sécuriser.
La question de l'adéquation entre les besoins et la demande sans cesse croissante, constitue une préoccupation immédiate.
OBJECTIF:
La Réunion est engagée vers les objectifs de gestion durable de la ressource en eau
Actions :
>
Dans le cadre de la réforme de la PAC - Politique Agricole Commune, et notamment de son second pilier, le FEADER Fonds Européen Agricole de Développement Rural, doit pour la période 2014-2020 soutenir le financement des réseaux d'irrigation
(construction, modernisation, extension) (25);
>
Sécuriser l'approvisionnement en eau de sa population et augmenter les performances des réseaux (26);
>
Poursuivre l'amélioration de l'assainissement, la lutte contre les pollutions, la préservation et la gestion des milieux
aquatiques (27).
TRANSPORTS jtn tant que territoire insulaire et ultrapériphérique, La Réunion connaît des freins importants aux déplacements des personnes et
des marchandises.
Sur le plan interne, le réseau routier demeure le principal axe de transport et se caractérise par son manque de maturité. Les phénomènes
d'engorgement sont récurrents sur les voies, soumises à une pression accrue du fait de la démographie et des évolutions des modes de vie
(étalement urbain, augmentation des distances domicile-travail, décohabitation...).
Les grands travaux et projets à venir (nouvelle route du littoral, déploiement et raccordement des réseaux de transport collectifs via le projet
Trans-éco express, TCSP d'agglomération,) montrent l'effort croissant des autorités locales pour l'atténuation des difficultés et la réduction des
nuisances et pollutions associées. Ces projets concourent à garantir un maillage optimal du territoire et à apporter des solutions appropriées pour
sécuriser les déplacements au regard du relief très tourmenté.
Du fait de sa topographie et de son climat, les coupures du réseau de transport sont fréquentes. D'importants investissements sont nécessaires
pour sécuriser les moyens de communication à l'intérieur même de l'île, et notamment entre l'Ouest et le Nord du territoire. Le désenclavement
des Hauts de l'île et des cirques nécessite par ailleurs des réponses conçues sur mesure.
Les projets d'avenir doivent permettre la promotion et le développement de transports collectifs et de modes doux. Ils impliquent néanmoins de
lourds investissements, tant dans les infrastructures et équipements afin de développer et d'améliorer la qualité des transports publics, que dans
les actions de sensibilisation pour modifier durablement les usages. Développer une offre de transports en commun moderne et performante,
améliorer la qualité du service rendu à l'usager constituent une priorité. La réalisation d'un réseau régional de transport guidé illustre une orientation décisive vers des transports intelligents et durables.
Par ailleurs, pour réduite les goulets d'étranglement, le rapprochement des services, le développement des e-services et de l'e-administration
permis par le numérique, le développement du télétravail et l'adaptation des modes de travail sont des phénomènes connexes à intégrer dans les
politiques de réduction des déplacements.
Sur le plan externe, les relations sont tributaires du bon fonctionnement des infrastructures portuaires et aéroportuaires. Or, l'évolution des flottes
des bateaux et des avions, comme la croissance démographique et les besoins afférents, exigent une mise à niveau constante des infrastructures
dédiées. De plus, la mise aux normes internationales s'impose dans le contexte concurrentiel avec les autres installations de la zone océan Indien.
La position géographique de l'île rend primordial le rapprochement rapide des nœuds de communication internationaux : développement de
l'accessibilité, augmentation de la compétitivité des infrastructures. Ce n'est qu'à cette condition que La Réunion pourra voir réduits les handicaps
structurels qui la caractérisent. Ainsi, le renforcement de l'ouverture au monde de La Réunion reste un enjeu majeur.
Aux triples enjeux liés au désenclavement de La Réunion, à une complémentarité économique régionale et à la mutualisation des
approvisionnements, le projet de création d'une compagnie maritime régionale serait en mesure d'apporter des réponses appropriées. Les îles de
la zone, particulièrement tributaires de la desserte pour leur approvisionnement comme pour les débouchés de leurs productions locales,
trouveraient là un outil partagé au service de leur compétitivité.
OBJECTIF:
Réduire le déficit d'accessibilité interne et externe de La Réunion
Actions :
>
Intégrer les projets en infrastructures portuaires et aéroportuaires de La Réunion dans les mécanismes d'interconnexion européens (28);
>
Améliorer les cadres des aides d'État aux transports terrestres, aériens et maritimes pour accompagner la modernisation des infrastructures
et le lancement de services de transports notamment par la création de nouvelles lignes à l'international (29);
>
Encourager, à l'aide d'outils appropriés, les systèmes de transport intelligents et durables (30);
>
Disposer d'un cadre législatif et non législatif unique, lisible et homogène sur les conditions de soutien aux actifs mobiles de transport
(31).
ÉNERGIE :1e système énergétique de La Réunion est isolé, non interconnecté. Le territoire est fortement dépendant de l'extérieur en énergies
primaires dites fossiles. L'action entreprise depuis de nombreuses années vise à maîtriser la dépense énergétique, notamment en misant sur le
développement des énergies renouvelables (notamment photovoltaïque, éolien et énergies marines). Aujourd'hui le secteur énergétique est
déficitaire en raison des coûts élevés de production d'électricité. Cependant, la politique volontariste mise en place au plan local en faveur des
énergies renouvelables devra permettre d'améliorer la rentabilité de ce service. C'est précisément dans ce cadre et à partir d'atouts naturels
uniques, que La Réunion expérimente, à partir de prototypes, de nouveaux process notamment dans le domaine des énergies marines.
OBJECTIF:
Réduire la dépendance énergétique de l'île Actions :
>
Intégrer les projets en infrastructures énergétiques de La Réunion dans les mécanismes d'interconnexion européen (32);
>
Améliorer les cadres des aides d'État dans le secteur de l'énergie pour accompagner la modernisation des infrastructures, l'efficacité
énergétique, l'éco-innovation etc (33);
>
Soutenir, avec des taux incitatifs, la recherche, le développement et l'innovation dans le domaine de l'efficacité énergétique, dans la
promotion de technologies liées aux énergies renouvelables ainsi que le développement de nouveaux modes de transports et de stockage de
l'énergie (34);
>
Adapter la législation européenne sur la qualité des carburants pour diversifier les sources d'approvisionnement et diminuer les coûts
associés de carburant (35);
>
Mener une politique d'efficacité énergétique en tirant profit de tout le potentiel naturel de l'île favorable au développement des énergies
renouvelables (36);
>
Mettre en place des financements innovants pour le lancement de prototypes (37);
>
Définir localement la programmation pluriannuelle d'investissements en matière énergétique (38).
Les politiques européennes doivent ainsi contribuer à améliorer la qualité, le choix, la rentabilité et l'efficience de ces services. Cette approche est
d'autant plus importante en période d'austérité budgétaire.
Le secteur peut jouer un rôle d'amortisseur face à la crise et permet une relance économique. Il crée locaux durables, notamment grâce à la forte
intensité en main d'œuvre du secteur, au développement de filières vertes dans l'économie locale, et aux effets d'entraînement sur le reste de
l'économie.
Investir dans le logement social, c'est aider le secteur de la construction, ainsi que celui de la rénovation, en particulier la rénovation thermique et
les énergies renouvelables qui sont des secteurs à haut rendements et des viviers d'emplois. Cette orientation nécessite une disponibilité foncière
favorable à la construction et à l'ensemble des raccordements associés (eau, électricité, haut débit, services d'assainissement notamment) dans un
territoire à relief très tourmenté et soumis à des conflits d'usage entre l'urbain et le rural. Cette situation est source de difficultés techniques et de
surcoûts financiers.
La Réunion a un très fort besoin en logements, 9.500 logements par an, soit un besoin 2 à 3 fois supérieur à celui de n'importe quelle région de
France métropolitaine. Cette situation s'explique par une forte croissance démographique. Dans une région particulièrement affectée par le
chômage, on dénombre 26.000 ménages en attente d'un logement social et 25 % d'entre eux se trouvent en situation de surpeuplement.
La lutte contre l'habitat dégradé, sous ses différentes formes (insalubrité, indécence), reste une priorité. Les opérations de réhabilitation
présentent un intérêt à la fois sur les plans sanitaires et sociaux. L'insuffisance du logement social et la dispersion de l'habitat indigne explique
aussi la permanence de l'insalubrité.
OBJECTIF:
Disposer d'un parc immobilier en logements suffisant et de qualité
Actions :
>
Stabiliser le cadre réglementaire au titre des aides d'État, notamment par le biais du dispositif de défiscalisation (39);
>
Soutenir la réhabilitation de logements notamment insalubres, par des instruments appropriés notamment au titre de la
politique de Cohésion (40).
V ________________________________________________________________________________________ /
ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE|Ce secteur, à fort potentiel de croissance et d'emplois, occupe aujourd'hui 18.000 salariés. Le secteur,
très diversifié, se caractérise par une approche d'utilité sociale plus que par la recherche d'un gain : axé principalement sur les initiatives de
développement local, de réinsertion et de lutte contre l'exclusion, le secteur tend à offrir des biens et des services au plus grand nombre.
OBJECTIF:
Accompagner et renforcer un secteur en plein essor
Actions :
>
Conforter les bases d'une politique de l'innovation sociale en créant un fonds d'investissement destiné à soutenir les
initiatives locales innovantes (41);
>
Définir une plateforme d'échanges et de mise en réseau des acteurs (42);
>
Valoriser les savoir-faire locaux (43).
LOGEMENT des Emplois
V
2. Accélérer la transition écologique
S'il est indéniable que le modèle de développement économique choisi ces trente dernières années pour La Réunion a eu pour effet
l'augmentation significative du niveau de vie de sa population, ces orientations atteignent leurs limites. L'essor du modèle de consommation de
masse ainsi que la vitalité démographique ont suscité une augmentation de la demande en énergies fossiles qui explique pour une grande partie
l'accroissement des importations. Entre 1970 et 2010, la facture des importations a bondi de 137 millions à 4,3 milliards d'euros, soit près de la
moitié de notre PIB.
La Réunion se trouve dans une situation de dépendance : les transferts de fonds publics, nationaux et européens, sont devenus, non plus des
investissements, mais des piliers de notre économie (l'économie publique assure 35% du PIB réunionnais). La dépendance énergétique est
marquée puisque La Réunion ne dispose pas, sur son sol, d'énergies primaires qui constituent pourtant 64% de sa production électrique. Ce poids
des énergies fossiles sur l'économie de l'île est amené à s'aggraver compte tenu de la volatilité des prix des produits pétroliers, et de
l'augmentation de la demande.
A ce titre, l'autonomie énergétique et la recherche d'un nouveau modèle de développement économique plus respectueux de l'environnement sont
des priorités pour l'île et se révèlent être de nouveaux leviers de croissance. Compte tenu des atouts naturels de l'île, 36% de la production
électrique procède des énergies renouvelables, les marges de progression restent importantes.
Ce modèle intègre la préservation des écosystèmes terrestres et marins exceptionnels, la biodiversité ainsi que leur valorisation. L'orientation
majeure à déployer s'articule autour du concept de « bio-économie tropicale » alliant développement économique et social, efficacités
énergétique et écologique.
En termes de gouvernance, un tel modèle suppose une mise en cohérence rigoureuse de l'action publique dans sa globalité et de ses financements
en particulier. Elle exige également la recherche de synergies et de complémentarités entre les différentes politiques publiques appliquées sur le
territoire afin d'assurer une transition rapide et effective.
Les Réunionnais étant les premiers acteurs de ce changement de paradigme, une relation privilégiée entre autorités publiques et usagers doit se
mettre en place à travers des actions de communication, d'information et de sensibilisation pour inciter une modification des comportements et
des usages.
Ce modèle est propice à l'expérimentation. La Réunion peut servir de référence non seulement en Europe mais aussi dans le voisinage et dans les
Petits États Insulaires de la ceinture tropicale. Il sera synonyme de croissance intelligente et d'emplois durables.
Connaître son environnement pour s'adapter et exploiter les potentiels
Une connaissance accrue de l'environnement qui compose La Réunion est une condition sine qua non à la définition et à la mise en place de
politiques de protection, d'adaptation et d'actions en faveur de l'environnement.
PRÉSERVATION DE LA BIODIVERSITE : La Réunion recense un patrimoine exceptionnel si l'on tient compte de ses écosystèmes terrestres
indigènes, de ses habitats, de ses milieux marins, de son patrimoine géologique. Les enjeux de connaissance, de gestion et de conservation de la
biodiversité sont considérables. L'île est internationalement reconnue comme étant une priorité en termes de préservation.
L'inventaire de la biodiversité n'est pas encore achevé et de nombreuses espèces restent à découvrir. Les groupes d'espèces mieux connus
contiennent une diversité génétique qui reste, à ce jour, non évaluée.
Il est indispensable de diffuser et partager les connaissances avec le plus grand nombre : Le patrimoine naturel est un bien commun dont chacun
doit se sentir responsable.
Dans le cadre d'une bioéconomie tropicale, le maintien de la biodiversité doit être concilié avec la croissance économique et le développement
d'infrastructures. La recherche de cet équilibre passe nécessairement par une connaissance approfondie des espèces, des corridors écologiques et
du fonctionnement des milieux afin de gérer au mieux les conflits d'usage d'une ressource foncière précieuse et limitée.
L'action communautaire avait trouvé toute sa place dans le paysage réunionnais de la protection de la biodiversité. L'action préparatoire « BEST
» a su, par ses appels à propositions de 2011 et 2012, répondre aux besoins notamment des organismes locaux, associations, acteurs de terrain.
L'originalité de l'accompagnement proposé par l'UE a suscité l'enthousiasme des acteurs de la protection de la biodiversité réunionnaise. Ne pas
la reconduire marque un désengagement de l'Union au détriment de la gestion et de la conservation de la biodiversité. Un désengagement d'autant
plus incompréhensible qu'il est à contre-courant des priorités pourtant affichées de croissance durable au sein de la Stratégie Europe 2020.
OBJECTIF: Garantir un traitement spécifique, une approche différenciée dans la définition et la déclinaison de programme en faveur de
l'environnement
Actions :
>
Reconduire l'initiative BEST telle que conçue initialement (44);
>
Étendre l'approche poursuivie dans le cadre de l'action préparatoire BEST telle que définie en 2010, à l'ensemble des
actions à soutenir dans le domaine environnemental (45);
>
Autoriser des aides à l'investissement incitatives notamment pour la mise aux normes environnementales ainsi que des
aides au fonctionnement non dégressives et non limitées dans le temps (46);
>
Optimiser le recours à différents instruments européens (Environnement, changement climatique, recherche-innovation,
fonds structurels, FEADER et FEAMP), en vue d'améliorer les connaissances des écosystèmes et d'encourager les échanges de bonnes pratiques
(47).
GESTION DES RISQUES NATURELS| La Réunion est fortement exposée à de multiples risques naturels (cyclones, inondations, raz de marées,
érosion, glissements de terrains, séismes, éruption volcanique, incendies). Ces phénomènes sont amplifiés par un contexte conjoncturel et
psychosociologique peu propices ainsi que par des activités d'origine anthropique (étalement urbain et forte pression démographique) qui
participent de la vulnérabilité du territoire et d'une capacité de résilience amoindrie. Pour y faire face, des expériences et des savoir-faire ont été
développés. Ces acquis permettent à La Réunion, en tant que région européenne, de confirmer son rôle de poste avancé d'observation et de plateforme d'intervention rapide privilégiée dans la zone océan Indien par l'intermédiaire de l'Observatoire des risques naturels de La Réunion.
La Réunion dispose d'une structure de suivi et d'analyse en passe de devenir un pôle de référence d'observation et de suivi de l'atmosphérique
tropicale dans l'hémisphère Sud. En effet, dans un contexte de changements globaux, la surveillance des paramètres de l'atmosphère est capitale
tant en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique que l'adaptation à ce phénomène. L'OPAR - Observatoire de Physique de
l'Atmosphère de La Réunion étudie, de manière continue, l'atmosphère et peut ainsi dégager des processus dynamiques mais également des
tendances à moyen et long terme pour le territoire réunionnais mais également pour toute la frange Est du continent africain.
La Réunion dispose également d'un pôle d'excellence en télédétection spatiale, nommé SEAS-OI. Cette station permet de réceptionner et de
traiter des images satellites de haute résolution dans un rayon d'environ 2.500 Km autour de La Réunion. SEAS-OI affiche donc clairement une
vocation régionale puisqu'elle couvre l'ensemble des Zones Économiques Exclusives (ZEE) des pays de la Commission de l'Océan Indien et une
partie de l'Afrique australe et orientale (Mozambique, Tanzanie, Malawi, Zimbabwe).
Les données collectées concourent à développer des applications à forte valeur ajoutée au bénéfice de la zone océan Indien : adaptation au
changement climatique, aménagement du territoire (urbanisation, gestion du foncier, gestion intégrée des zones côtières, agriculture), protection
de l'environnement (marin et côtier : trafic, pêche y compris illégale, pollution), santé et recherche-innovation.
Dans une région fortement exposée aux catastrophes naturelles, l'île dispose d'une Plate-forme Régionale d'Intervention Rapide pour l'Océan
Indien (PIROI). Équipée en matériels de première nécessité (kits choléra et eau, tentes, médicaments, etc.), cette structure est capable de projeter
des équipes de secours en moins de 24 heures dans la zone. En la matière, La Réunion expérimentée, est en capacité d'exporter des bonnes
pratiques et des modèles d'action vers son voisinage. Il s'agit d'un fort potentiel qui reste encore à exploiter, en unissant cette plate-forme à
SEAS-OI. Cette structuration s'inscrit directement dans la proposition faite par Michel BARNIER en 2006 d'appuyer la force européenne de
protection civile sur les Régions ultrapériphériques.6 Cet atout majeur pourrait être mis en exergue à travers un soutien financier de coopération
régionale pleinement adapté aux spécificités de la zone.
La présence à La Réunion du BRGM - Bureau de Recherches Géologiques et Minières comprenant des ingénieurs pluridisciplinaires compétents
dans les domaines de l'eau, des risques des mouvements de terrain, du littoral et des matériaux, contribue à accroitre les échanges au sein de la
zone. La valorisation du savoir-faire doit ici trouver sa place à travers des programmes de recherche et développement, de formation et de
valorisation économique dans les domaines de l'aménagement et de l'environnement.
Ces structures, aux côtés de l'ensemble du partenariat local, sont réunies au sein de L'Observatoire des risques naturels de La Réunion dont les
objectifs visent à améliorer la prise en compte des risques naturels au sein des politiques publiques d'aménagement. Parmi ses missions, une forte
contribution au développement d'une véritable culture commune du risque, la structuration de l'observation des risques naturels à travers le temps
et l'espace et le renforcement de la concertation ainsi que la mobilisation des acteurs et la mutualisation des moyens. La Réunion est un véritable
laboratoire à ciel ouvert des risques naturels (aléas, enjeux et vulnérabilité) qui peut servir de relais utile à l'Union européenne dans le Sud-Ouest
de l'océan Indien.
OBJECTIF:
Confirmer La Réunion en tant que plate-forme européenne structurée de prévention et de gestion des risques naturels au service de la zone océan
Indien.
Actions :
>
Valoriser le potentiel exceptionnel de la Réunion en facilitant le soutien au développement de programmes de recherche (48);
>
Consacrer La Réunion comme base de l'Union européenne pour des interventions rapides dans la zone Océan Indien (49);
>
Tenir compte de la nature des actions liées à la réparation des dommages occasionnés par les catastrophes naturelles en prévoyant d'une
part, une éligibilité automatique de La Réunion au Fonds de Solidarité de l'Union européenne et d'autre part, un soutien rapide au titre du
Mécanisme européen de protection civile (50);
>
Dynamiser les actions de coopération régionale au moyen de dispositions réglementaires appropriées et simplifiées dans le cadre de
l'objectif de coopération territoriale européenne de la politique de Cohésion (51).
Valorisation des ressources par le développement des filières vertes
La Réunion doit poursuivre ses investissements dans les secteurs à haute valeur ajoutée. Ses domaines d'activités stratégiques que sont
l'agroalimentaire, le tourisme, l'énergie, la pêche et le numérique et la santé, constituent autant de leviers de croissance au service d'une
bioéconomie tropicale.
MISER SUR LES RESSOURCES BIOLOGIQUES : Les biotechnologies offrent à La Réunion une opportunité de développer un potentiel
6
Rapport de Michel BARNIER, Pour une force européenne de protection civile : europe aid, mai 2006, p. 16
thérapeutique, cosmétique, et énergétique. Les molécules identifiées grâce aux travaux du « LCSNSA - Laboratoire de Chimie des Substances
Naturelles et des Sciences des Aliments » et de « l'APLAMEDOM - l'Association pour les Plantes Aromatiques et Médicinales de La Réunion »,
permettront à La Réunion de se positionner dans la recherche et la mise au point de nouveaux remèdes pharmaceutiques (lutte contre les
épidémies et les maladies de type Chikungunya, Dengue, Diabète...).
Des projets de coopération régionale ( de type « écoles d'été » au bénéfice des chercheurs en santé de la zone) permettent de développer la
recherche, notamment sur les maladies infectieuses, avec les pays voisins. Leur déploiement ne pourra être optimisé qu'à travers des outils
appropriés qui facilitent la capacité du secteur de la santé à répondre aux appels à propositions européens et qui assurent le management
scientifique et financier, grâce à une plate-forme d'accompagnement mutualisée. L'implication de start-ups et donc de l'innovation dans les
projets européens devra être consolidée car elles restent encore trop peu nombreuses à l'échelle locale.
Le CYROI, en tant que centre d'échanges entre chercheurs et cliniciens, ambitionne de consolider des programmes de recherche pour la
valorisation de molécules d'intérêt pharmaceutique issu de la biodiversité de La Réunion et de leur vectorisation (par exemple, les
nanoparticules). Capables de mener à bien des études allant de la chimie jusqu'aux études précliniques, les équipes de la plate-forme sont en
capacité de se positionner sur ce segment. L'objectif est de permettre une valorisation qui se traduira par la création de spin off chargés du
développement économique.
La gestion et la préservation de la ressource halieutique et des écosystèmes marins nécessitent de prendre en compte les migrations, les habitats et
leurs interactions. En milieu tropical, les chercheurs locaux disposent d'une véritable expertise qu'il importe de valoriser. L'excellence dans ce
domaine accompagne aussi le développement du secteur de la pêche, un secteur à fort potentiel de croissance.
Secteur dit "traditionnel" de l'économie réunionnaise, l'agriculture a engagé un processus de modernisation. Cette orientation ouvre de nouvelles
perspectives face au défi de la sécurité alimentaire de l'île et de la zone océan Indien et concourt à la dynamique d'innovation et de diversification
de la production. La culture emblématique de la canne, est également engagée dans la recherche (excellence dans la sélection variétale et
l'hybridation naturelle), la santé animale, l'innovation (des premières mondiales labellisées par « ERcane » notamment) et le développement
durable (valorisations par la chimie verte, régulation foncière, lutte contre les espèces végétales envahissantes). Innovant, ce secteur est
également pourvoyeur d'emplois et de savoir-faire.
La valorisation du secteur primaire passe aussi par l'amélioration de la production locale. Il s'agit de perfectionner les procédés d'exploitation et
de transformation des produits agricoles pour mettre en place une production durable et plus respectueuse de l'environnement au bénéfice des
consommateurs. Dans cette optique, le pôle de compétitivité "Qualitropic" fédère des entreprises et des laboratoires de recherche publique et
privée pour faciliter l'émergence et la gestion de projets collaboratifs sur toutes les innovations qui visent la valorisation des ressources
naturelles, terrestres et marines de l'océan Indien. Il s'agit là encore donc de développer et mettre sur le marché de nouveaux produits et services à
forte valeur ajoutée et de nouveaux process toujours plus compétitifs et à haute qualité environnementale. La Réunion dispose d'une compétence
européenne à vocation régionale dans la zone océan Indien, dans le domaine de la qualité et de la protection de l'origine des produits (OCTROI Organisme Certificateur Tropique Réunion Océan Indien. Cette structure mériterait d'être valorisée comme instance relais dans la zone par
l'Office vétérinaire et alimentaire de l'Union européenne à Dublin.
~OBJECTIF: Faire le pari d'une bioéconomie à forte valeur ajoutée
Actions :
Faciliter l'accès des chercheurs aux programmes européens de recherche et d'innovation (Horizon 2020 notamment) (52);
Renforcer la structuration de la recherche comme réponse à l'absence de masse critique (53);
Encourager les actions de coopération régionale au moyen d'instruments adaptés, en tenant compte de la nature des dépenses liées à la
mobilisation des chercheurs, des enseignants, des professionnels de la santé, des entreprises innovantes et à la portée des actions de coopération
menées à l'international (impliquant des coûts de fonctionnement et de transport élevés) (54);
Porter une attention particulière aux normes et à la certification européennes, ainsi qu'à la question des brevets en valorisant les compétences
européennes développées dans ce domaine à La Réunion, au service de la zone océan Indien (55).
RENFORCER LE SECTEUR PORTEUR DE L'« ÉNERGIE - ENVIRONNEMENT » jL'exploitation du potentiel énergétique apparait comme
la seule réponse à une dépendance énergétique qui n'a cessé de croitre sous la pression des besoins et des usages.
Les projections démographiques pour 2030 annoncent une nouvelle hausse de la demande en énergie à laquelle le territoire devra répondre tant
en maîtrisant les dépenses en énergie fossiles qu'en développant de nouveaux process dans un souci d'efficacité énergétique.
Dans cette perspective, La Réunion est engagée dans une politique énergétique forte visant la transition vers une économie décarbonée et
l'indépendance énergétique à l'horizon 2030. Pour y parvenir, elle peut s'appuyer sur le Plan « PRERURE - Plan Régional des Énergies
Renouvelables et d'Utilisation Rationnelle de l'Énergie », sur un potentiel en énergies renouvelables immense mais également sur une véritable
expertise dans ce domaine.
Dans le cadre de ce secteur d'avenir, trois priorités se dégagent :
La réduction de la consommation d'énergie
Parmi les priorités liées à l'accroissement de la demande énergétique figurent la réduction des dépenses en énergies fossiles et l'utilisation
raisonnée des ressources notamment en matière de transports, de construction et de consommation des ménages.
L'engagement du territoire vers l'autonomie énergétique à moyen terme s'accompagne d'une politique de développement des transports collectifs.
Cette dynamique doit permettre de rendre attractifs les transports en commun face à l'usage dominant de l'automobile.
Le secteur du bâtiment représente l'un des plus gros potentiels d'économies d'énergie après celui du transport.
Dans ce cadre, la construction de logements contribue à atteindre les objectifs climatiques de la Stratégie Europe 2020 et à répondre ainsi à
l'urgence environnementale, tout en réduisant la facture énergétique des ménages et la dépendance énergétique. La Réunion dispose d'un savoirfaire dans le secteur de bâtiments (éco-construction, création et adaptation de matériaux aux conditions climatiques extrêmes).
L'efficacité énergétique de La Réunion suppose également d'optimiser les réseaux de distribution. L'inscription dans une démarche durable pour
l'avenir implique d'envisager une transition vers des réseaux intelligents, dits «smart grids» recourant aux nouvelles technologies, notamment
numériques. Là encore, une approche globale à travers les clus- ters existants (Temergie - Cluster Énergie de l'île de La Réunion), mobilisant
tous les acteurs, positionnerait La Réunion comme chef de file de l'innovation.
La sécurisation de l'approvisionnement en énergies
La Réunion doit miser sur le développement et la production d'énergies renouvelables. Sur ce point, elle possède, de sérieux atouts : l'énergie
solaire (chauffe-eau solaire et photovoltaïque), l'énergie éolienne, l'énergie hydroélectrique, la biomasse et les énergies marines. Ces possibilités
sont déjà exploitées ou, à ce jour, envisagées. Elles représentent toutes des opportunités pour atteindre un mix énergétique raisonné entre énergies
renouvelables et énergies non-renouvelables.
Sur les énergies solaires, il existe aujourd'hui une industrie en plein essor qui dépasse le stade d'une simple industrie de transformation limitée à
l'assemblage. En effet, La Réunion dispose d'une vraie expertise en matière d'industrie et de fabrication dans le domaine du solaire et du
photovoltaïque. Il est à noter que la moitié des chauffe-eau solaires de France sont installés à La Réunion. De plus, La Réunion possède des
fermes photovoltaïques, parmi les premières en Europe.
Si l'atteinte de l'objectif d'autonomie énergétique à l'horizon 2030 apparaît comme un véritable défi, les perspectives sont tout à fait positives et
méritent d'être encouragées.
Au-delà de la question de la production, la question du stockage des énergies pour une île non-interconnectée est un enjeu vital. Pour l'avenir, il
s'agit d'un point sur lequel les acteurs du secteur (industriels, chercheurs, autorités publiques) doivent se pencher pour sécuriser et innover.
L'investissement dans le savoir-faire local
En termes d'adaptation au changement climatique, aux risques naturels et de valorisation des ressources, La Réunion peut s'appuyer sur son
expérience, celle de ses entreprises et chercheurs, pour développer la recherche fondamentale et appliquée dans les domaines liés à l'énergie,
l'agriculture, le bâtiment et l'environnement terrestre et marin. Elle dispose du potentiel nécessaire pour jouer un rôle moteur dans sa zone
géographique et être chef de file d'une bioéconomie tropicale.
Les applications du savoir-faire réunionnais sont multiples. La Réunion est pionnière dans le domaine des labels d'éco-construction. Les
chercheurs de l'Université de La Réunion (LPBS - Laboratoire de Physique du Bâtiment et des Systèmes) et les industriels (le bureau d'étude
INSET - Ingénierie Spécialisée en Équipements Techniques) ont créé le label «PERENE - PERformance ENErgétique». Il s'agit d'un outil d'aide
à la conception des bâtiments et des systèmes applicable sur l'île de La Réunion qui a pour objectif de réduire de 30 % la consommation des
bâtiments par rapport à un bâtiment standard, tout en préservant le confort de ses occupants. Cette démarche partenariale a été reprise dans le
secteur de la construction de logements sociaux (opération « Ceylan » de la SIDR - Société Immobilière du département de La Réunion) dans une
logique de promotion du «bien construire» à La Réunion. Les besoins en infrastructures assurent un débouché certain au savoir-faire réunionnais
qu'il importe de soutenir.
Les opportunités de développement en matière de valorisation et d'exploitation de l'environnement marin sont considérables. A ce titre, le Pôle
Régional Mer constitue un tournant décisif de la recherche marine de La Réunion et de sa capacité à innover. Il permettra la mise en commun des
compétences et des savoirs (IRD, IFREMER, Université de La Réunion, ARDA, ARVAM, BRGM) au service des professionnels. Ce pôle,
véritable cluster à vocation maritime, offrira d'innombrables ouvertures sur son environnement et ses écosystèmes marins.
Autre exemple de savoir-faire, celui de la f lière canne, exemplaire pour ce qui est de la valorisation des co-pro- duits. La bagasse est la deuxième
source d'énergie renouvelable après l'eau. Par son investissement dans la recherche, l'innovation et le développement durable, la filière gagne en
performance, crée des synergies, ouvre l'accès à de nouveaux marchés et contribue à la renommée de La Réunion.
Le défi énergétique nécessite des investissements dans la recherche et l'innovation qui sont hors de portée d'un acteur public ou privé isolé. Pour
susciter des investissements régionaux, des mécanismes financiers spécifiques, pour les différentes étapes de l'innovation et du déploiement,
doivent être mis en place.
OBJECTIF:
Renforcer l'efficacité énergétique en valorisant les savoir-faire de La Réunion
Actions :
Inclure La Réunion dans la stratégie européenne pour l'achèvement du marché unique de l'énergie (56);
Exploiter pleinement les possibilités offertes par les instruments financiers européens afin de soutenir le développement des sources d'énergies
renouvelables à La Réunion et dans le voisinage (57);
Appuyer la recherche, l'innovation et le transfert technologique en encourageant et valorisant les coproduits (58);
Favoriser la coopération régionale en valorisant le savoir-faire réunionnais en tenant compte de la nature des dépenses liées à la mobilisation des
chercheurs, des enseignants, des professionnels, des entreprises innovantes et à la portée des actions de coopération menées à l'international
(impliquant des coûts de fonctionnement et de transport élevés) (59);
Encourager l'expérimentation puis la mise sur le marché des technologies énergétiques nouvelles durables, peu coûteuses, à haute performance et
décarbonées (60);
La connaissance, la sécurisation et la valorisation des ressources seront les moyens par lesquels La Réunion instaurera une bioéconomie
tropicale. Ce cadre favorisera le développement d'un environnement économique propice à la croissance.
PRIORITE 3 :Un Parcours pour un Accès à une Créativité Territoriales en faveur de l'Economie Territoire éloigné de l'Europe, isolé, avec un
tissu économique majoritairement constitué de petits établissements, l'économie de La Réunion évolue sur un marché local de taille très réduite,
qui jouxte parallèlement des marchés régionaux à faibles coûts de main d'œuvre. Ses entreprises se trouvent dans des conditions de concurrence
directe par rapport à leur environnement régional avec des pays tiers qui ne sont pas soumis aux règles européennes
1. Garantir un marché local compétitif et performant
Parmi les contraintes structurelles qui pèsent sur le développement de l'économie réunionnaise, l'étroitesse du marché impacte particulièrement
les opérateurs économiques en termes d'opportunités d'investissements et de rentabilité des fonds investis. Le jeu de la concurrence qui opère sur
le continent européen ne s'exerce pas de la même façon sur le marché réunionnais. Les entreprises implantées à La Réunion ne constituent pas de
risques d'altération des échanges
intracommunautaires comme en témoigne la très faible attractivité du territoire pour ce qui est des investissements étrangers voire même
nationaux. Ce simple constat appelle des solutions qui soient pleinement adaptées.
La question de l'avenir de l'économie réunionnaise incite à poursuivre la réflexion sur l'évolution de son modèle basé traditionnellement sur
l'import-substitution. Dans ce cadre il s'agit de conforter les filières traditionnelles et de mener, en parallèle, une politique incitative sur les leviers
de croissance.
ACCÈS AU FINANCEMENT DES ENTREPRISES : Même si la création d'entreprise est très dynamique, la question se pose de la
pérennisation de l'activité pour des structures souvent fragiles et particulièrement exposées du fait de faibles économies d'échelle. Dès lors qu'il
s'agit d'innover, la prise de risque s'accentue dans un contexte de frilosité exacerbé du secteur bancaire. Des réponses méritent donc d'être
apportées pour poursuivre l'accompagnement des investissements à réaliser, compenser les surcoûts de l'ultrapériphérie et résoudre le manque de
trésorerie. Faciliter l'accès au financement bancaire reste primordial pour le développement du secteur entrepreneurial.
Le tissu entrepreneurial est confronté à des conditions plus difficiles d'accès au crédit et à une offre des établissements financiers moins
diversifiée. Pour être moteur de la reprise et de la création d'emploi, il importe donc de faciliter un accès rapide et efficace aux moyens de
financements.
Aujourd'hui, la panoplie d'instruments fiscaux et d'ingénierie financière apparaît comme adaptée au développement du secteur économique. Qu'il
s'agisse d'octroi de mer, de défiscalisation, d'accises à taux réduit, de fonds de garantie, d'outils de capital-risque, de soutien au microfiancement
des entreprises, de dispositifs d'exonération de charges sociales, il est fondamental que les cadres juridiques européen et national continuent
d'accompagner, pour l'avenir, le développement des entreprises. Ce cadre doit être également synonyme de stabilité afin de sécuriser les porteurs
de projet dans la durée. En effet, toutes incertitudes ou remises en question de tels dispositifs stratégiques entraînent des effets dévastateurs dans
notre économie (licenciements, retrait des investisseurs, frilosité des banques, découragement des entreprises face aux risques encourus).
Pour remédier à cette situation, il importe aussi de conforter les instruments d'ingénierie financière, à l'instar des recommandations formulées par
Pedro SOLBES MIRA dans son rapport du 12 octobre 2011 sur l'achèvement du marché intérieur dans les RUP, y compris par un
accompagnement de la BEI et du FEI. Cette orientation passe aussi par la mise en place de formules innovantes de soutien des initiatives de
l'entrepreneuriat réunionnais.
INVESTIR DANS LES LEVIERS DE CROISSANCE PAR LA RECHERCHE, L'INNOVATION ET LES CLUSTERS : La recherche
et l'innovation, en tant que facteurs de croissance économique et de forte valeur ajoutée pour l'économie réunionnaise, est nécessaire pour gagner
de nouveaux marchés par une offre performante et créer des débouchés et de l'emploi.
Parmi nos atouts, un tissu dense de TPE, des PME qui se donnent les moyens d'innover dans les domaines d'activités stratégiques tels que l'agronutrition, le tourisme, l'énergie et le numérique.
Les enjeux pour gagner en performance et accéder aux marchés portent plus particulièrement sur :
une série d'opportunités à exploiter, en particulier dans les domaines des biotechnologies, de la tropicalité, de la sécurité alimentaire, de l'énergie
et du numérique ;
des innovations à fort potentiel d'emploi à privilégier dans le secteur du tourisme,
des gisements d'innovation à détecter et à encourager;
un marché attractif et efficient à encourager, notamment en stimulant la créativité, en misant sur les jeunes et sur la constitution de réseaux
propices aux échanges ;
la promotion de la culture de l'innovation et de l'accompagnement de la prise de risque, sur un marché où la masse critique fait défaut, à engager ;
un soutien à l'innovation non technologique et à l'innovation dans les services, le développement d'outils favorisant la croissance et la maturité
des projets issus de la recherche.
Les règles européennes des aides à la recherche et à l'innovation nécessitent encore, au niveau du marché local, une évolution significative afin
de disposer d'une gamme d'outils incitatifs et ce, en parfaite cohérence avec les priorités de la Stratégie EUROPE 2020.
Lorsqu'il s'agit d'accompagner les bénéficiaires potentiels à l'international, les instruments en vigueur sont trop éloignés de la réalité
réunionnaise. Bien que les futurs programmes européens en faveur de la recherche (HORIZON 2020) ou de la compétitivité des entreprises
(COSME) contiennent un volet externe, ceux-ci n'offrent que peu de perspectives au regard du voisinage de La Réunion. Hormis l'Afrique du
Sud ou l'Inde, puissances émergentes, la plupart des marchés environnants de La Réunion (comme par exemple Madagascar, Maurice,
Seychelles, Comores, Mozambique notamment) ne réunissent pas forcément les conditions pour prétendre à un soutien financier de projets à
l'international.
La Stratégie de Spécialisation Intelligente de La Réunion, actuellement en cours d'élaboration, aura pour tâche non seulement d'inscrire La
Réunion parmi les régions européennes dont l'économie dispose d'avantages compétitifs de premier plan, mais aussi d'identifier et de développer
les activités du futur.
LES LEVIERS DE CROISSANCE
Ces leviers de croissance sont ceux qui allient, à partir des atouts de La Réunion, un fort potentiel de développement en termes d'emplois.
Le secteur du TOURISME nous offre de réelles opportunités : premier poste d'exportation, levier économique qui génère plus de 846 millions
d'euros de chiffre d'affaires annuel et près de 7.000 emplois directs, le tourisme a été placé au rang de priorité régionale 2010-2015.
L'objectif affiché est d'atteindre 600.000 touristes dans l'île à l'horizon 2015 et un million à l'horizon 2020. En
cohérence avec ces objectifs, l'offre touristique (hôtellerie, restauration, loisirs,...) tant qualitative que quantitative, doit être renforcée.
D'importants efforts ont été menés pour développer la compétitivité de la destination sur les marchés européens et étrangers. Le potentiel de
croissance est évalué à 10.000 emplois, soit une augmentation de 7% de l'emploi salarié.
Asseoir le tourisme sur les critères du développement durable : Pour améliorer l'image et l'attractivité de notre île en lien avec nos spécificités et
le classement au Patrimoine mondial de l'UNESCO, La Réunion a pour ambition d'accompagner l'implantation d'éco-lodges dans des sites
prestigieux qui auront pour principale caractéristique d'inscrire le développement touristique de notre destination dans un cadre respectueux de
l'environnement en privilégiant les énergies renouvelables mais aussi les filières courtes de restauration (en lien avec les agriculteurs, les
professionnels de la pêche, les coopératives, les marchés de proximité, l'artisanat, la filière biologique) ou encore en faisant de la découverte du
milieu naturel un véritable motif de séjour. Une approche spécifique aux problématiques des Hauts de notre île devra être encouragée en misant
sur la diversification de l'offre touristique et artisanale.
Depuis 2010, le concept des « Iles Vanille » a été conçu en faveur d'un tourisme à l'échelle de l'océan Indien. Ce label, qui regroupe six îles de
l'océan Indien (La Réunion, l'Île Maurice; Madagascar ; Les Seychelles ; Les Comores ; Mayotte), joue sur les différences et spécificités de
chaque île, en favorisant les synergies et les complémentarités au bénéfice de l'ensemble de la zone.
Globalement, il vise à la fois à redynamiser le tourisme dans la zone de l'océan Indien en fonction de la demande internationale mais aussi à
conquérir une part du nouveau marché touristique en s'appuyant sur les atouts de chaque île. Les « Iles Vanille » permettent aux voyageurs, en
quête de nouveaux produits verts et innovants, de découvrir la zone océan Indien en un seul voyage.
La stratégie régionale vise à renforcer les secteurs porteurs du tourisme en s'appuyant sur trois axes d'actions complémentaires :
Accroître la notoriété et la visibilité de La Réunion : tirer bénéfice des combinés « Iles Vanille », intégrer les réseaux internationaux, utiliser
Internet et les réseaux sociaux au meilleur de leur capacité, investir dans la signalétique numérique en s'engageant dans une démarche de «
etourisme » ;
Développer l'offre et accompagner le développement de l'écotourisme : accroitre les capacités d'hébergement classé, améliorer la qualité globale
des produits, structurer les filières, décloisonner les structures de formation par la mise en place d'un plan d'action sur les métiers du tourisme et
mettre en relation les différentes composantes de l'offre (sport, culture, nature) ;
Diversifier les marchés et élargir la saison : poursuivre la présence sur les marchés traditionnels (France, Allemagne), accentuer le travail sur les
marchés en progression ou à potentiel (Suisse, Belgique, Afrique du Sud, Corée), mutualiser la promotion avec les Iles Vanille sur les marchés
émergents (Chine, Inde...)
L'économie réunionnaise s'appuie également sur des secteurs clés tels que l'agriculture, l'industrie diversif ée et le batiment-travaux publics, qui
lui ont permis dans un premier temps de se stabiliser et dans un second temps d'impulser une dynamique de croissance. Aujourd'hui ces piliers,
pourvoyeurs d'emplois, doivent être consolidés.
L'AGRICULTURE est un secteur particulièrement dynamique, pourvoyeur d'emplois et concourt au développement d'activités à haute valeur
ajoutée pour lequel des parts de marché peuvent encore être gagnées. Au fil des années, le secteur agricole, bien que fortement dépendant des
intrants nécessaires à la production, a su faire valoir son propre modèle de développement : sa politique de structuration est régulièrement
qualifiée d'exemplaire.
L'économie agricole est construite sur deux piliers organisés en interprofessions. Le premier concerne la filière canne-sucre-rhum-énergie qui
constitue le pivot du système agricole réunionnais. Le second est la diversif cation autour des f lières végétale et animale. Les filières « élevages
» sont arrivées à un stade de maturation qui leur a permis de s'organiser en interprofession dynamique. Les filières de diversification végétale
débutent leur structuration. Cette démarche fédératrice et innovante d'organisation engagée par les acteurs (professionnels, partenaires
institutionnels et financiers) est un atout considérable pour un territoire insulaire.
La Réunion a des capacités pour se positionner sur le marché mondial grâce à des produits de très haute qualité, de niche. C'est dans cette optique
que le « CIRAD - Recherche agronomique pour le développement » propose notamment de créer une plate-forme régionale de recherche
agronomique pour le développement (PréRAD) qui se spécialiserait sur des produits de très haute qualité tels que le cacao haut de gamme, le
poivre à queue ou encore le café bourbon pointu.
Pour appuyer les projets de transformation de fruits et légumes, La Réunion est aujourd'hui doté d'un écosystème d'innovation : le pôle de
compétitivité Qualitropic, eRcane, l'Armeflhor témoignent d'un dynamisme dans ce domaine. Il convient de développer un réseau technique de
transfert pour généraliser l'innovation et accompagner les agriculteurs.
Le modèle de la petite entreprise familiale prévaut, permettant ainsi de maintenir l'emploi et de sécuriser le patrimoine foncier. Néanmoins les
territoires ruraux et périurbains sont exposés à la concurrence entre l'activité agricole et les autres projets (logement, réseaux routiers, zones
d'activité).
La question de L'EAU est associée à tous les enjeux. Accroître les rendements des sols situés en altitude est la condition pour ne pas réduire le
potentiel agricole qui passe par une extension des périmètres irrigués en faveur du développement agricole et rural.
L'enjeu est aussi de maintenir et de développer les outils de production des agriculteurs pour aller vers un optimum de sécurité sanitaire et de
sûreté alimentaire. Pour l'avenir, il s'agit également :
© d'améliorer la compétitivité vis à vis des produits importés par la structuration des filières, la professionnalisation des exploitations, afin de
mieux répondre aux attentes du marché, et en professionnalisant les exploitations par l'appui technique, la formation continue, le développement
du tutorat et la mise en place de fermes de référence ; © d'améliorer la compétitivité des exploitations et des outils du secteur agro-industriel pour
une meilleure performance économique du secteur agricole, et répondre ainsi à la demande forte des consommateurs en produits alimentaires bon
marché ;
© Mettre en place une stratégie de différenciation, de reconnaissance de signes de qualité des productions locales permettant notamment de
valoriser des marchés de « niches » et développer les marchés à l'export.
LA DIVERSIFICATION INDUSTRIELLE a permis aux entrepreneurs réunionnais de développer des activités dans tous les domaines.
Pour l'avenir, les soutiens devront aussi se tourner vers de nouvelles f lières notamment dans les secteurs de la biochimie, des biotechnologies, du
numérique, des énergies renouvelables et des matériaux de construction durables. Pour gagner en performance, il importe de développer les
process, d'augmenter le niveau de compétences et de l'encadrement des salariés, et d'investir dans l'innovation.
Pilier du développement endogène, l'industrie est par essence un moteur du développement durable dans ses trois composantes :
Dans sa dimension économique, elle recense 360 entreprises et représente plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaire, d'une valeur ajoutée de
560 millions d'euros. Les différents secteurs concernés (agro-alimentaire, biens manufacturés, biens d'équipement, ...) contribuent à une offre
locale variée et de qualité, avec un réel effet régulateur sur les prix des produits importés. Les filières agro-industrielles sont un maillon essentiel
de la sûreté alimentaire.
Produire dans un environnement tropical régi par un cadre technique et environnemental européen, génère des compétences pointues et originales
sur le marché local qui s'avèrent être un véritable potentiel à l'international ;
Dans sa dimension sociale, l'industrie concentre 12.000 emplois ainsi que de réels savoir-faire. Le coût du travail, particulièrement élevé au
regard des coûts salariaux beaucoup plus faibles relevés dans la zone, traduit aussi l'exigence constante d'une excellence dont est porteur ce
secteur.
Dans sa dimension environnementale, l'exiguité du territoire complexifie la cohabitation des usages (logement, commerce, industrie, protection
de la nature). Elle nécessite des aménagements équilibrés ainsi qu'une programmation éclairée qui anticipe, pour les éviter, les conflits d'usage.
Dans ce cadre, les industriels sont pleinement engagés dans une gestion durable optimale.
Parmi les priorités stratégiques défendues par les industriels figurent la maîtrise de l'énergie, les déchets, la nutrition- santé, la promotion des
produits locaux et l'adaptation des normes et des produits aux spécificités de notre environnement.
LA PÊCHE ET L'AQUACULTURE se trouvent à un tournant majeur de leur existence et a fortiori, de leur émancipation économique qui
dépend fortement de l'issue de la réforme en cours de la politique commune de la pêche (PCP). Au-delà de l'esprit global qui guide cette réforme,
aux antipodes de notre situation, il importe de placer ce secteur en situation de se moderniser et de se diversifier pour construire sa propre voie de
développement autour de quatre priorités d'action : atouts, potentialités, expertise scientifique sur la gestion durable des stocks et ingénierie
financière.
Cette orientation appelle à la définition d'un nouveau modèle économique de la pêche et de l'aquaculture à La Réunion. Il s'agit donc de
réenclencher un plan de développement de la flotte de pêche, au regard d'une ressource halieutique disponible et du renchérissement du coût des
intrants (carburants, appâts...). La pêche doit également s'inscrire dans des standards de congelé de très haute qualité. Parallèlement, il s'agit de
poursuivre la modernisation des navires de petite taille et l'intégration de nouveaux pêcheurs par la construction de navires de pêche côtière. Ce
segment est un facteur de stabilité sociale, de cohésion économique et d'aménagement équilibré du littoral réunionnais.
Le POSEI Pêche tel que conçu, ne permet pas de corriger toutes les imperfections auxquelles se heurtent la f lière dans leurs perspectives de
développement. Pour ce faire, l'instrument doit encore évoluer et tenir compte des questions relatives à l'exploitation, aux intrants, au marché
local, à l'acheminement, à la structuration de la filière, aux impacts sur le prix aux consommateurs, à la compétitivité, à la valorisation des
produits de la pêche... Cette approche constituera une réponse adaptée aux chainons manquants du marché unique, et au maintien d'une cohésion
économique, sociale et territoriale.
En termes de gouvernance, et dans l'esprit d'une responsabilisation des professionnels et d'une meilleure appropriation des enjeux, il convient de
régionaliser, à l'échelle du bassin maritime de l'océan Indien, la gestion de la ressource halieutique. En application du principe de subsidiarité,
cette orientation est requise en ce qui concerne les Accords de pêche que l'Union européenne conclut avec les États tiers voisins de La Réunion.
Ce nouveau modèle ne serait pas complet s'il ne plaidait pas pour un retour économique de l'exploitation non riveraine de l'océan Indien. Cette
ambition s'accompagne d'un développement et d'une mise à niveau des infrastructures pour une plus grande attractivité économique et
touristique.
OBJECTIF:
Améliorer la compétitivité des entreprises et rendre le marché local attractif
Actions :
Simplifier le cadre d'autorisation des aides au fonctionnement (compensation des surcoûts) et d'évaluation des effets des
contraintes de l'ultrapériphérie (61);
Prévoir des aides d'Etat à l'investissement incitatives dans le domaine de la recherche et de l'innovation en parfaite
cohérence avec le cadre des aides d'Etat à finalité régionale (62);
Faciliter l'accès au financement en mutualisant les différents instruments d'ingénierie financière, y compris à
l'international, pour limiter les prises de risques liées aux instabilités environnantes (63);
Inscrire les pays voisins de La Réunion dans les volets externes du programme HORIZON 2020 et du programme
COSME ; Soutenir l'accès des entreprises réunionnaises au programme COSME (64);
Consolider le dispositif de l'octroi de mer, outil au service du développement économique (65);
Proroger les accises à taux réduit pour le rhum traditionnel de La Réunion (66);
Encourager le soutien financier en faveur de l'apprentissage des langues étrangères (principalement l'anglais) pour tous
les acteurs de la filière tourisme et activités de loisir (67);
Mettre en place des dispositifs de soutien globaux en faveur des entreprises touristiques et de l'artisanat engagées dans
des opérations d'e-tourisme et d'éco-tourisme (68);
Créer une plate-forme indiano-océanique de formation professionnelle aux métiers du tourisme (69);
Conforter le cadre POSEI Agricole (70);
Appuyer, par des dispositifs appropriés, l'approvisionnement en intrants (engrais) (71);
Encourager la structuration d'une plate-forme de coopération régionale dans le domaine de sûreté alimentaire, de sécurité
sanitaire, de qualité des produits et de productions agroécologiques, animales et végétales (72);
Renouveler les aides à la flotte de pêche (construction, renouvellement et modernisation) (73)
Autoriser le financement des dispositifs de concentration de poisson ancrés (74);
Faire évoluer le POSEI Pêche dans un cadre élargi et adapté à la structuration et au développement de la filière (75);
Régionaliser à l'échelle du bassin maritime les Conseils consultatifs régionaux de pêche (76);
Associer et informer La Réunion, dans le contexte des négociations des Accords de pêche et de dialogues dans les
enceintes internationales, sur toutes questions d'intérêt pour les filières réunionnaises (77).
2. Lever les obstacles aux échanges
A l'international, les entreprises évoluent dans un environnement à fort potentiel. Parallèlement, les marchés de proximité présentent aussi,
parfois, certains risques liés aux instabilités politiques, à la corruption, l'insolvabilité des clients, les risques de change liés aux f uctuations
monétaires, l'endommagement des marchandises, etc.
Vis-à-vis des autres pays de la zone océan Indien, La Réunion possède des avantages comparatifs du fait des hauts niveaux de qualifi cation, de
la qualité de ses infrastructures, du savoir-faire des entreprises et d'une compétence dans la maintenance d'équipements de hautes technologies.
La Réunion est dotée d'un fort potentiel en matière de formation professionnelle, de santé et d'éducation. L'issue la plus favorable pour
l'économie réunionnaise d'ici 2020 réside aussi dans la valorisation de nouveaux secteurs d'innovation permettant de renforcer son insertion
régionale. Le développement de la recherche permettra de conforter la position de chef de file de la Réunion sur ces secteurs.
Le renforcement de la compétitivité de La Réunion passe aussi par le soutien des initiatives à l'international dans un esprit de complémentarités
économiques dans la zone. Au regard de la localisation de l'île, les entrepreneurs se tournent naturellement vers le voisinage pour conquérir de
nouveaux marchés. Cette démarche se heurte toutefois à une série d'obstacles aux échanges qui affectent aussi bien la prospection de nouveaux
marchés, que les déplacements physiques des chefs d'entreprises et des marchandises, les conditions de réalisation des investissements, leur
financement et leur sécurisation.
Un travail d'articulation entre politiques publiques, recherche de performance et compétitivité des entreprises, permettra à La Réunion de devenir
un territoire attractif : attirer des capitaux à l'échelle européenne ou internationale est essentiel.
Pour ce qui est du déplacement des personnes et des marchandises, il est capital de disposer de dessertes régionales régulières et de qualité, gages
de réactivité et d'efficacité. Cela vise aussi bien les infrastructures, qui nécessitent une mise à niveau constante, que les services. Or, dans la zone,
les interconnexions de transport demeurent lacunaires et méritent une attention particulière, concertée, entre La Réunion et les pays de la zone
pour faciliter les échanges. Le cadre communautaire de la concurrence sur les aides d'État sur le transport aérien et maritime mérite d'évoluer
pour autoriser des aides au démarrage de service de transport au départ de La Réunion vers l'international.
Exclue de l'espace Schengen, La Réunion, se voit imposer un cadre réglementaire rigide concernant la délivrance des visas de séjour et qui
décourage aussi bien les voyages d'affaire que les voyages d'agrément. Ainsi, c'est à la fois l'entrepreneuriat, le tourisme, les activités culturelles
et sportives qui sont les premiers pénalisés, alors même que l'Union européenne facilite via des exemptions de visas la circulation sur le territoire
européen des ressortissants étrangers.
Les échanges au sein de l'environnement régional sont encadrés par le droit international auquel se heurtent les ambitions réunionnaises en faveur
du développement économique, encadrées par les règles européennes. De
surcroît, les accords commerciaux internationaux (APE, Accords de pêche notamment), les dialogues institutionnels (de type CTOI) comportent
des angles morts dont La Réunion pâtit. Leurs impacts ne font jamais l'objet d'une évaluation ex ante, dont les résultats permettraient d'identifier
précisément les intérêts et les besoins de La Réunion. Comme l'ont souligné à plusieurs reprises le Parlement européen, et le Comité économique
et social européen, cette situation mérite d'être corrigée.
L'asymétrie des multiples cadres juridiques qui s'appliquent dans la zone, place La Réunion dans une situation particulièrement complexe. Elle
s'illustre notamment par une différence de normes qui se chevauchent et qui finissent par freiner le développement économique à l'international.
Pour limiter les risques des investisseurs, il est aussi nécessaire de disposer d'un cadre réglementaire stabilisé, qui sécurise les transactions de part
et d'autres de la frontière.
L'insertion inachevée de La Réunion dans le marché intérieur, se veut un argument constant, pour lequel il importe de redéployer une stratégie de
développement rénovée pour améliorer la compétitivité et donc les performances du tissu entrepreneurial, créer un environnement propice à la
saisie de toutes les opportunités, faciliter l'accès aux marchés (local, international/voisinage, et européen) y compris en accompagnant, de façon
appropriée, le développement à l'international.
OBJECTIF:
Soutenir le développement économique à l'international
Actions :
Agir sur le cadre européen des aides d'Etat pour autoriser le développement économique à l'international par des aides à l'investissement matériel
et immatériel (78);
Procéder à l'échelle européenne, à des analyses d'impact systématiques des accords commerciaux internationaux y compris de pêche et favoriser
la présence de La Réunion dans les enceintes de négociation des accords commerciaux internationaux et programmation des bailleurs de fonds
internationaux dans la zone (79);
Valoriser les secteurs où La Réunion détient un avantage compétitif comme par exemple sur la question de normes et de certification, les
transferts de savoir-faire entre partenaires de la zone et la promotion des standards européens (80);
Optimiser les infrastructures locales de transport, de recherche et développement, de certification et de contrôles au profit de la zone (81);
Soutenir les projets d'approvisionnement mutualisé (82);
Faciliter la circulation des chefs d'entreprises, des compétiteurs sportifs de La Réunion vers les pays de la zone, et réciproquement, ainsi que des
touristes ressortissants de pays tiers de l'UE (desserte aérienne, visas)(83);
Encourager la constitution d'entreprises communes (Joint venture) avec des partenaires de la zone (84);
Adapter les règles de la politique de Cohésion et des aides d'Etat à finalité régionale afin que le futur programme de coopération territoriale
européenne intègre des aides en faveur du développement économique à l'international (85).
Téléchargement