travail pour la scène n’a encore été effectuée.
2
Dans les articles, ouvrages monographiques et
catalogues d’exposition sur le peintre, seules quelques pages sont au plus consacrées à son
œuvre scénique
3
. Il n’existe pas non plus d’étude s’intéressant à l’importance de la musique et
des arts de la scène dans sa vie et son œuvre. Si quelques dessins de décor ou de costumes
sont parfois exposés
4
, il n’y a eu que trois expositions entièrement dédiées à cette part de son
œuvre
5
. Il est vrai que l’œuvre de Derain est extrêmement varié et la diversité des activités de
l’artiste – sculpture, illustrations de livres, décors et costumes de spectacles – est souvent
ignorée. En dehors de sa période fauve, sa peinture reste d’ailleurs assez mal connue, peu
reconnue. Isabelle Monod-Fontaine, qui lui a récemment consacré une importante exposition
6
,
écrit sur le peintre :
Comme son œuvre, la personnalité d’André Derain est difficile à saisir, impossible à enfermer
dans une quelconque définition. Il a dérouté d’emblée ses contemporains et cela n’a jamais
cessé. Comme on le dirait d’une voix, son œuvre occupe un registre très (trop ?) étendu, prend
des tons et des accents très (trop ?) différents selon les époques et les circonstances, parfois
d’une saison à l’autre, ou même d’un tableau à l’autre.
7
Pour cette thèse, nous nous sommes interrogée sur l’importance de l’œuvre scénique
d’André Derain et sur ses particularités. Ce pan de son travail est très riche et permet de
donner un nouvel éclairage sur le peintre et son œuvre. Pour déterminer la spécificité de
l’œuvre scénique de Derain, il est avant tout nécessaire de bien le connaître. En l’absence de
travaux déjà réalisés sur le sujet, la recherche de sources a été particulièrement importante.
Ces dernières se sont révélées nombreuses et en grande majorité inédites. Elles nous ont
2
Seuls trois travaux universitaires ont été consacrés à ce sujet. L’un est une maîtrise d’histoire de l’art sous la
direction de Simonetta Lux, soutenue en 1991 par Eva Coen à l’Université de Rome La Sapienza qui a eu pour
sujet certains projets de ballet de Derain conservés à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet . Les autres sont
notre maîtrise de musicologie : Les décors de ballet d’André Derain : La Concurrence, Les Songes, Fastes,
Université Paris-Sorbonne (Paris IV), 2002, 2 volumes et notre mémoire de DEA, André Derain et le ballet,
Université Paris-Sorbonne (Paris IV), 2003, tous deux sous la direction de Michèle Barbe.
3
Un des seuls à s’être attaché à la question est Philippe Chabert, « André Derain, homme de théâtre », André
Derain, Le peintre du trouble moderne, 18 novembre 1994 - 19 mars 1995, Paris, Musée d’art moderne de la
Ville de Paris, Paris - musées, 1994, p. 353-366.
4
Une cinquantaine de dessins de scène furent tout de même montrés lors de l’exposition « Derain » au Musée
Cantini à Marseille (8 juin - 1
er
septembre 1964) et lors de l’exposition « André Derain, le peintre du trouble
moderne » au Musée d’art moderne de la Ville de Paris (18 novembre 1994 - 19 mars 1995. Plus récemment, à
l’occasion des célébrations du centenaire des Ballets russes de Diaghilev, plusieurs expositions ont présenté des
dessins de Derain réalisés pour deux ballets créés par la compagnie : La Boutique fantasque en 1919 et Jack in
the box en 1926. On citera notamment l’exposition du Victoria and Albert Museum de Londres, « Diaghilev and
the golden age of the Ballets russes » (25 septembre 2010 - 9 janvier 2011) et celle de la BnF « Les Ballets
russes » (24 novembre 2009 - 23 mai 2010).
5
La première eut lieu en 1933, à la Galerie des quatre chemins à Paris, la deuxième s’est tenue en 1963, à la
galerie Au pont des Arts à Paris. Enfin, en 2005, nous avons pu présenter une centaine de dessins de décors et de
costumes de Derain lors de l’exposition « André Derain et la scène » à la Bibliothèque-musée de l’Opéra (BnF).
6
L’exposition « André Derain, an outsider in French art » s’est tenue à Ferrare, Palazzo dei Diamanti,
24 septembre 2006 - 6 janvier 2007 ainsi qu’à Copenhague, Statens Museum for Kunst, 10 février - 13 mai 2007.
7
Isabelle Monod-Fontaine, « André Derain, Peindre à contretemps », Cahiers André Derain, Bulletin de
l’Association des Amis d’André Derain, 2006-2007, n° 8, p. 15.