ARCHITECTES INGENIEURS ASSOCIES
ECOUTER - ACCOMPAGNER - IMAGINER
430 PERSONNES (23 ASSOCIES PROPRIETAIRES DU GROUPE),
120 ARCHITECTES, 100 INGENIEURS GENERALISTES, 100 INGENIEURS SPECIALISES.
Voyage d’études aux Etats-Unis
juin 2009
Favoriser les rencontres et les échanges
Après Barcelone et Houston, AIA avait choisi pour son troisième voyage d’études les destina-
tions de Boston et New-York. L’intérêt et le succès d’animation des précédentes éditions ont
mobilisé cette fois-ci pas moins de 50 participants, tous issus du secteur de la santé. Tous moti-
vés par la thématique analysée, voire disséquée cinq jours durant (du 7 au 11 juin 2009) – la chi-
rurgie ambulatoire. Tous favorables à échanger avis concordants ou non, et à débattre des évo-
lutions de cette pratique d’ores et déjà particulièrement plébiscitée outre-atlantique.
L’AIA est en veille. Toujours à l’affût des évolu-
tions hospitalières, des innovations technolo-
giques, des avancées praticiennes, comme des
transformations spatiales et architecturales que
cette société médicale en perpétuel mouve-
ment génère.
La prise en charge de l’ambulatoire ainsi mobi-
lise depuis plusieurs années son attention.
C’est auprès de son propre réseau de consul-
tants, qu’elle puise les justes informations et
notamment les toutes dernières recommanda-
tions du corps médical certes, mais aussi des
institutions, organisations et autres administra-
tions concernées par le sujet.
C’est en visitant les centres de santé à la
pointe des développements de ce dernier,
qu’elle réussit à en analyser les retombées
fonctionnelles et architecturales.
Et c’est pour conforter son propre regard sur
ledit sujet, pour le soumettre à d’essentiels
débats, qu’elle sollicite des professionnels de la
santé – médecins, (chirurgiens et anesthé-
sistes notamment), directeurs d’hôpitaux
publics et privés, directeurs de travaux, contrô-
leurs de gestion, conseillers auprès de la
tutelle, etc. – à l’accompagner dans ses
voyages d’étude.
La démarche est peu coutumière mais pré-
sente de conséquents avantages.
Si la découverte des centres visités, associée à
l’intérêt des conférences et présentations multi-
ples organisées est un indéniable enrichisse-
ment pour chacun des participants au voyage,
elle est encore l’occasion pour tous de se ren-
contrer et de dialoguer dans un cadre profes-
sionnel sans doute, mais avant tout « informel ».
Les regards multiples se livrent, les échanges
se font à bâton rompu, sans fausse retenue.
01
Un programme soutenu
Le programme concocté par l’AIA (avec pour chef de file de son organisation
Emmanuelle Gaudemer-Viguier, directeur du développement associée, assistée de
Alain Bénichou, médecin anesthésiste consultant d’AIA et de Véronique
Bauthamy, assistante de direction) et conforté dans les choix d’équipements à
visiter, et des personnalités à rencontrer par ses correspondants américains –
Fred et Jeanne De Bros – ne manquait pas de densité. Pas moins de six centres
de santé ont ainsi été passés au crible des regards attentifs, curieux et critiques
des participants et autant de conférences/débats ont animé les débriefings pré-
vus en matinées ou soirées.
Des conférences/débats, une somme considé-
rable d’informations a été recueillie. Trop consi-
dérable pour qu’elle puisse être ici détaillée par
le menu. …
Du système de santé américain, analysé et
exposé par Alain Benichou, il faut toutefois
retenir qu’il est en majorité privé et non obliga-
toire, et que par voie de conséquence 45 mil-
lions d’américains n’ont pas d’assurance mala-
die. Que le financement public correspond à
seulement 45 % des dépenses de santé et que
seulement deux programmes fédéraux se
préoccupent des personnes de plus de 65 ans
(Medicare) et d’une petite sélection de familles
à bas revenus (Medicaid).
Des ambitions portées par la politique santé du
président Barack Obama cherchant à remédier
le plus rapidement possible à cette situation
dramatique – et résumées par Julie Lyonnard
(Mission économique – Washington) – il faut
apprécier la difficulté de la tâche à réformer
«un modèle à bout de souffle», «un règne des
inégalités». Mais les promesses faites lors de
la campagne annonçaient déjà, et entre autres,
le renforcement du programme Médicaid, la
reprise du programme SCHIP visant à réduire
le nombre d’enfants pauvres sans assurance
médicale (et bloqué en 2007 par le veto du pré-
sident Bush), la consolidation du système
Cobra qui permet aux personnes ayant perdu
leur emploi de bénéficier, pendant un maximum
de 3 ans, de l’assurance souscrite par leur
ancien employeur…
C’est avec Didier Sciard, professeur, anesthé-
siste au Texas Medical Center (Houston) que le
vif du sujet, la prise en charge de l’ambulatoire
« à l’américaine », fut clairement énoncé.
Avec notamment la création possible et de plus
en plus courante de centres de chirurgie ambu-
latoire autonomes, c’est-à-dire géographique-
ment, administrativement et médicalement
indépendant de toute structure hospitalière
classique même s’ils sont soumis aux contrôles
d’un organisme leur ayant délivré l’accréditation
et pouvant encore les pénaliser en cas d’échec
notoire et rapporté. Ces centres, issus d’un
partenariat entre investisseurs, chirurgiens
Orthopedic Ambulatory Surgery Center (MGH
West), Boston
C’est incontestablement la gestion des flux qui ici
prime. Les interventions ne durant en moyenne que
15 mn et les patients s’enchaînant à partir de 7 h du
matin jusqu’à 15h30, sans interruption. Le circuit est
simple et optimisé. Accueil, attente, consultation anes-
thésiste (par ailleurs et au préalable préparée à dis-
tance, questionnaire particulièrement précis à l’appui),
bloc, salle de réveil et sortie directe.
Installé dans une ancienne clinique traitant de la stéri-
lité et ayant là aussi fait faillite, avec un accès depuis
un sous-sol de parking, les aménagements de ce cen-
tre se sont manifestement concentrés sur la rentabili-
sation de l’espace. Les salles sont dimensionnées a
minima à partir du périmètre d’évolution qu’exigent les
équipements techniques.
Paincare Center, Boston
Ce centre, unique aux Etats-Unis, créé il y a deux ans par des médecins anesthésistes, a développé les outils
psychologiques et technologiques nécessaires à « la quantification » objective de la douleur chronique. L’acte
chirurgical est d’ailleurs minimisé tant c’est ici l’éducation du patient qui est privilégiée. Lui faire prendre
conscience qu’il va mieux, c’est à cela que l’équipe de 10 médecins, 2 infirmiers praticiens, 8 nurses, 10 assis-
tantes médicales (pour 20 administratifs !) travaille. Installé dans un ancien bâtiment d’activités en zone périur-
baine, le centre a été aménagé par des architectes dits spécialisés. Il reste toutefois peu avenant et peu enclin à
privilégier la lumière naturelle.
Center for Laryngeal Surgery an Voice réhabilita-
tion, Boston
On y soigne les pathologies de la voie et du larynx.
L’hôpital de Boston trop chargé ne pouvait plus assu-
mer nombre de ces traitements et ce sont les patients
(pour beaucoup appartenant au star système) du doc-
teur Zeitels, maître des lieux, qui ont créé une fonda-
tion vouée au financement de cet équipement.
Bien situé – à 500 m du MGH, face à la station de
métro dont la ligne conduit directement à l’aéroport –
ce centre est encore curieusement logé, au dernier
étage d’une tour de bureaux, dans les anciens locaux
d’un cabinet d’avocat ayant fait faillite.
Et si les aménagements techniques ont été consé-
quents, rien n’y paraît vraiment tant les lieux ont été
volontairement conservés dans leur aspect d’origine.
Clientèle huppée oblige. Les centrales d’air ont par
exemple élu domicile dans l’un des bureaux. En toute
simplicité apparente.
02
ARCHITECTES INGENIEURS ASSOCIES
Voyage d’études aux Etats-Unis
juin 2009
ARCHITECTES INGENIEURS ASSOCIES
Voyage d’études aux Etats-Unis
juin 2009
Massachusetts General Hospital (MGH), Boston
En fond de scène de l’auditorium coiffé d’une coupole
de verre, une peinture rappelle que c’est à Boston en
1846 que William Thomas Green Morton a réalisé une
première mondiale : l’introduction de l’éther comme
agent anesthésique. Depuis, l’auditorium qui a été
baptisé Ether Dome, fait la joie des touristes et c’est
en toute logique que les deux compères anesthé-
sistes du voyage – Laurent Jouffroy et Alain Bénichou
– n’ont pu résister au plaisir d’un portrait «historique».
(obligatoirement actionnaires) et un hôpital
(partenaire recommandé pour garantir d’éven-
tuels relais, en cas de problèmes exigeant une
hospitalisation urgente), sont en règle générale
pluridisciplinaires et conçus sur un mode évolu-
tif pour pouvoir assumer leur croissance.
La croissance de ces centres-ci comme celle,
en règle générale de la prise en charge de
l’acte ambulatoire ne fait d’ailleurs et selon les
études observées par Gilles Bontemps (direc-
teur associé de la future Anap), aucun doute.
Même en France, là où la bureaucratie en
freine encore quelque peu le développement,
les actes ambulatoires de chirurgie (essentiel-
lement ophtalmologie, urologie, orthopédie,
gynécologie et digestive) ne sont plus une
alternative à la chirurgie traditionnelle. Ils sont
bel et bien rentrés dans la « normalité », prati-
qués indifféremment par les secteurs public et
privé. En hôpital de jour associé à un équipe-
ment hospitalier de préférence toutefois, en
attendant les créations de centres autonomes
version « américaine ». Ce qui ne devrait peut-
être pas tarder tant les experts, en estimant
que l’acte ambulatoire (accrédité et contrôlé)
est une solution qui appelle un développement
(pour encore améliorer le confort psychique du
patient, réduire les complications liées à l’alite-
ment et l’hospitalisation et baisser les coûts …),
appuient le lobbying en marche.
Ce qu’a pu confirmer Laurent Jouffroy de la
SFAR (Société Française d’Anesthésie et de
Réanimation) et qui participe actuellement à la
rédaction de recommandations (et surtout pas
d’une réglementation) quant à l’organisation
certes des plateaux ambulatoires, mais aussi
de la « chaîne ambulatoire » qui doit se consti-
The Ryan Chelsea Clinton Care Center, New-York
« Voiture ballet du système de Santé », ce centre accueille une population peu ou pas assurée de tout âge et
présentant tous les types de pathologie. Mais il déplace également son personnel soignant dans les écoles du
quartier, dans les foyers pour sans abri et va jusqu’à mettre à sa disposition un bus qui le conduit au pied des
immeubles – pour être au plus près de son public. Un public si démuni parfois qu’il n’ose pas en faire état dans
un centre de santé. Les médecins sont peu nombreux – guère plus de 5 – mais sont aidés dans leurs missions
de soins, et d’assistance, aux plus démunis par une trentaine d’étudiants en fin d’études de médecine. Le centre
a bénéficié d’une construction neuve qui associe par ailleurs une série de logements sociaux dont il assure éga-
lement la gestion. Si l’accueil se déploie sous une longue verrière, les espaces de consultation s’organisent selon
un plan valorisant la densité associée à un strict maillage des flux, au détriment de l’apport de lumière naturelle.
The Beth Israel medical Center’s – Phillips Ambulatory
Care Center (PACC), New York.
Exemple caractérisé de la « clinique sans lit », ce
centre autonome, financé par de généreux donateurs,
dissocie deux types d’actes ambulatoires – de chirur-
gie et de chimiothérapie. Si le premier dispose de 7
blocs opératoires, le second se satisfait de 15 places.
En investissant un volume bâti dédié à accueillir un
centre commercial, qui jamais ne n’installa, il en subit
quelques inconvénients. L’accès est peu accueillant,
plus proche d’une entrée de station de métro que d’un
seuil hospitalier. L’atrium central sous verrière est
quasiment le seul pourvoyeur de lumière naturelle.
Les unités de spécialité s’organisant en sa périphérie,
et au-delà d’une circulation en boucle, dans l’épais-
seur du bâtiment (et dans laquelle se déroule une
seconde circulation toujours en boucle mais « médi-
cale » cette fois). Pour tenter de capter la lumière
centralisée en deuxième voire troisième jour, les cloi-
sons privilégient la transparence – au détriment ici
d’une certaine intimité pourtant nécessaire aux
patients.
L’ambulatoire en 10 questions
Ce voyage d’études, riche de visites et
d’interventions, ne pouvait qu’animer les
réflexions et soulever d’essentiels ques-
tionnements.
La France peut-elle adapter le modèle «
ambulatoire » américain ? Est-t-elle en
mesure de plébisciter la création de cen-
tres autonomes ? À quelles conditions,
réglementaires, sécuritaires, financières ?
Avec quels modes de fonctionnement ?
Pour quelle polyvalence et/ou quelle
mobilité ? Avec quelle architecture ? Que
fera-t-elle de la somme de lits d’hospitali-
sation qu’elle continue aujourd’hui encore
de construire ?
Etc.
Ce voyage d’étude ne devrait donc pou-
voir se conclure qu’une fois les réponses
à toutes ces interrogations obtenues et
pourquoi pas présentées à l’occasion
d’un colloque en 2010 et rédigées dans
un ouvrage « L’ambulatoire en 10 ques-
tions ». A suivre.
tuer notamment avec les médecins généra-
listes référents.
Le rôle de ces derniers ne pouvait être que
corroborer par Enric Mayolas du bureau des
relations internationales du Ministère de la
Santé de Catalogne, tant le système de santé
espagnole se prête, par sa carte sanitaire
régionale organisant une chaîne de soins de
puis les centres de santé jusqu’aux hôpitaux
régionaux en passant par les hôpitaux de proxi-
mité, à la valorisation du médecin de famille.
03
ARCHITECTES INGENIEURS ASSOCIES
Voyage d’études aux Etats-Unis
juin 2009
Promenades architecturales
Voyage d’études certes, ces quelques jours passés à Boston et New-York ont per-
mis à ses participants, en dehors des visites d’équipements programmées et des
conférences et autres débriefings organisés, d’arpenter – peut être au pas de course,
mais toujours avec entrain et enthousiasme – , les rues des deux cités comme leurs
bâtiments les plus significatifs de leur culture artistique et architecturale.
Institute of contemporary art (ICA), Boston – nou-
vel espace (inauguré en 2006) dédié à l’art contempo-
rain et réalisé par les architectes New-yorkais
Elisabeth Diller, Ricardo Scofidio et Charles Renfro.
Conçu en porte-à-faux (spectaculaire) au-dessus de la
baie de Boston, il s’impose comme le signal d’une
friche portuaire à l’aube de sa restructuration. La puis-
sance de son avancée sur l’eau, est à la hauteur de la
dynamique urbaine souhaitée et portée par la munici-
palité.
Carpenter Center for the Visual Arts, Harvard U.,
Cambrige – l’unique œuvre de Le Corbusier
construite (en 1963) sur le sol américain. Son béton
brut, ses façades-damiers aux ouvertures cadrées fai-
sant office de brise-soleil, sa grande rampe curviligne
traversant de part en part l’édifice et qui exerce le
regard à la
« promenade architecturale » (…), se livrent comme
autant de composantes signifiantes et signées par le
maître incontesté de la modernité.
The Cooper Square Hotel, New-York – tout nouvel
hôtel de luxe de 145 chambres, dessiné par l’archi-
tecte New-yorkais Carlos Zapata, aménagé par le
designer Italien Antonio Citterio et qui fut le lieu du
séjour new-yorkais des hôtes de l’AIA. Pour leur plus
grand contentement ! Cette tour de verre de 21
niveaux avec vues exceptionnelles sur la ville, depuis
la quasi totalité des chambres – et des salles de bains –,
ne pouvait en effet que séduire, voire impressionner
les candidats aux sensations urbaines et architectu-
rales fortes.
New Museum of Contemporary Art, New-York
un musée pionnier de l’art contemporain qui, pour
fêter ses trente ans s’est offert un nouveau lieu. C’est
aux architectes Japonais Kazuyo Sejima et Ryue
Nishizawa de l’agence Sanaa que l’on doit l’insolite
tour : six cubes empilés, décalés, contenus dans un
écrin d’aluminium argenté et perforé, et posés sur un
socle de verre. Nouveau symbole artistique pour tous
les esprits créatifs, il est aussi le témoin privilégié de
l’œuvre de Sanaa, une œuvre minimaliste et toujours
sous-tendue par une conception sophistiquée.
Public Library, Boston – la plus ancienne biblio-
thèque des Etats-Unis conçue comme un palais
renaissance et dont la façade sur Copley Square n’est
pas sans rappeler celle de la Bibliothèque Sainte
Geneviève à Paris. Son aile d’origine qui accueille la
grande salle de lecture a été dessinée par les archi-
tectes New-yorkais McKim, Mead and White en 1888.
Quelque 80 années plus tard elle est complétée par
un nouveau bâtiment réalisé par Philip Johnson.
Museum of Modern Art, New-York – célèbre musée
créé en 1929 à l’initiative de riches mécènes, installé
« Midtown » depuis 1939 qui, pour conforter son suc-
cès et recevoir ses nouvelles pièces notamment de
design et d’architecture contemporaine (maquettes et
dessins) a, en 2004 ouvert quelque 60000 m2 supplé-
mentaires et agrandi son jardin des sculptures. Cette
extension est signée par l’architecte Japonais Yoshio
Taniguchi.
Cooper Union Academic, New York – une récente
réalisation de l’agence californienne Morphosis, figure
de l’architecture internationale dont le chef de file
Thom Mayne a été récompensé par le Pritzker Prize
en 2005.Conçue tel un campus vertical cette acadé-
mie des arts et de l’architecture développe à chaque
niveau une place centrale qui articule salles de cours,
laboratoires de recherche et ateliers de production.
Elle est encore contenue dans une enveloppe en
acier perforée dont les formes souples et aériennes
inventent une architecture de l’hybridation.
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