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de presse
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Strasbourg, le 15 décembre 2008
Une protéine virale provoquant le cancer peut être
rendue anti-cancéreuse par une simple mutation.
Des chercheurs de l’Université Louis Pasteur de Strasbourg et du CNRS ont
découvert qu’une mutation particulière peut transformer l’oncoprotéine E6, un
facteur de multiplication des cellules de cancer du col de l’utérus, en un facteur
suppresseur de la tumeur.
Ces résultats illustrent l'étroite ligne de démarcation séparant les mécanismes
moléculaires menant à la prolifération ou à la mort de cellules cancéreuses. Ils
permettront de concevoir de futures stratégies thérapeutiques contre ce type de
cancers.
La cause majeure du cancer du col de l’utérus est l’infection par certaines souches
de virus du papillome humain (HPV)
1
. Le virus HPV produit deux oncoprotéines
2
,
appelées E6 et E7, qui sont les principaux facteurs responsables de la prolifération
des cellules de tumeurs du col de l’utérus.
L’équipe Oncoprotéines de l’Institut Gilbert Laustriat
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qui travaille depuis 1995 sur les
HPV a effectué des avancées importantes sur l'oncoprotéine E6. En particulier, ses
études ont révélé une partie de la structure tridimensionnelle atomique d’E6, un
résultat attendu depuis plus de vingt ans par la communauté internationale de
scientifiques et médecins travaillant sur les HPV et leurs cancers associés. C'est
cette analyse atomique qui leur a permis de concevoir et d'étudier des mutations
intéressantes de la protéine E6. La mutation décrite dans ce nouvel article est une
modification extrêmement minime. Elle a cependant suffi à transformer E6, un facteur
viral létal favorisant le cancer, en son contraire, c'est-à-dire un facteur potentiellement
bénéfique, capable d’arrêter la multiplication du cancer.
Les informations obtenues avec cette étude
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ouvrent la voie à la compréhension des
mécanismes de déclenchement de la mort des cellules cancéreuses du col de
l'utérus. Elles offrent la possibilité d'explorer des perspectives thérapeutiques à
l’heure où les stratégies prophylactiques basées sur la vaccination posent un certain
nombre de problèmes. Les vaccins actuels restent inaccessibles au pays en voie de
développement en raison de leur coût très élevé, et les personnes ayant été
exposées au virus avant la vaccination ne seront pas protégées contre l'apparition
d'un cancer du col dans les trente années à venir.