ERS n°3 vol6 flash - John Libbey Eurotext

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Pollution de l’air et santé respiratoire
Mots clés : cancérogènes professionnels ; étude cas-témoins ;
étude multicentrique ; Europe ; exposition professionnelle ;
silice ; tumeur poumon.
Exposition professionnelle à la silice cristalline
et risque de cancer du poumon :
étude cas-témoins multicentrique européenne*
l’isolation, l’agriculture, l’imprimerie, les métiers de la mine et
des carrières, l’industrie du coke,
le travail en fonderie, l’industrie
chimique.
Des experts locaux ont évalué la
probabilité, l’intensité et la durée
d’exposition à la silice.
e Centre international
de recherche sur le cancer (CIRC) a répertorié,
en 1997, l’exposition professionnelle à la silice cristalline
comme cancérogène pour
l’homme. Cette décision a été
l’objet de controverse, notamment en raison du manque de
données exposition-réponse,
de l’absence d’homogénéité
des résultats des études portant sur la relation entre exposition professionnelle à la
silice et risque de cancer du
poumon, de l’insuffisance de
prise en compte des facteurs
potentiels de confusion, tabagisme en particulier mais aussi
expositions à d’autres cancérogènes comme l’amiante ou les
hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP). Dans ce
contexte, une étude multicentrique a été mise en œuvre
en Europe afin de préciser le
rôle des expositions professionnelles dans la survenue
du cancer du poumon, en
prenant en considération le
tabagisme et les expositions
concomitantes à d’autres
cancérogènes rencontrés en
milieu de travail.
L
Une étude cas-témoins
multicentrique
européenne
Cette étude a été conduite dans
sept pays d’Europe, dans une
région du Royaume-Uni et
15 régions d’Europe centrale et
orientale : une région de Roumanie et une de Russie, deux de
Pologne, trois de Slovaquie et de
République Tchèque, et cinq de
Hongrie.
Elle a inclus tous les cas incidents
de cancer du poumon histologiquement ou cytologiquement
confirmés, survenus de 1998 à
2002 chez les sujets âgés de 20
à 74 ans. L’identification des cas
s’est fondée sur une recherche
active, clinique et anatomopathologique, auprès des services hospitaliers et l’étude a
inclus, parmi les patients hospitalisés et au cours des trois mois
suivant le diagnostic, les cas éligibles habitant dans la région
d’étude depuis une année au
moins avant le diagnostic.
Les témoins, appariés aux cas
pour le sexe et l’âge à trois ans
près, étaient indemnes de cancers et de maladies associées au
tabagisme. Ils ont été recrutés
Environnement, Risques & Santé – Vol. 6, n° 3, mai - juin 2007
pour tous les centres d’étude sauf
deux, au Royaume-Uni et en
Pologne, en milieu hospitalier,
dans le même hôpital que les cas
ou dans des hôpitaux desservant
la région dont étaient issus
les cas. Au Royaume-Uni les
témoins ont été choisis à partir
des registres des médecins généralistes et, dans un des centres
de Pologne, ils provenaient des
registres de population.
Un entretien en tête-à-tête a permis de préciser le mode de vie,
les données démographiques et
socio-économiques, les antécédents médicaux, les antécédents
familiaux de cancer et de tabagisme, ainsi que les historiques
résidentiels et professionnels vie
entière. Le volet professionnel de
l’interview a fait l’objet d’une
attention particulière : historique
complet et questions sur les
expositions, sur les tâches effectuées, les machines utilisées,
l’environnement au travail, le
temps passé à chaque tâche, les
expositions spécifiques. Un questionnaire portant sur 18 emplois
spécifiques a également été rempli, intéressant notamment la
mécanique automobile, le travail
du bois, la peinture, la soudure,
La silice :
facteur de risque
de cancer du poumon ?
Au total 2 852 cas et 3 104
témoins étaient éligibles ; le taux
de réponse était de 84 % pour les
cas et de 85 % pour les témoins.
La proportion de fumeurs, exfumeurs inclus, était plus forte
chez les cas (90 %) que chez les
témoins (64 %). La prévalence
vie entière d’exposition à la silice
était de 15 % chez les cas et de
10 % chez les témoins.
Des ajustements ont été effectués
sur le tabagisme et sur tous les
agents d’exposition professionnelle évalués. Les odds ratios
(OR) n’ont sensiblement changé
qu’après ajustements sur l’exposition aux poussières de bois et
aux poussières de matériaux
d’isolation, dont l’amiante.
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Selon les résultats d’une étude multicentrique européenne portant sur près de 3 000 cas et plus
de 3 000 témoins, ayant pris en compte le tabagisme et l’exposition à d’autres cancérogènes
rencontrés en milieu de travail, l’exposition professionnelle à la silice cristalline pourrait être un
facteur de risque de cancer du poumon.
A European multicenter study of nearly 3,000 cases and more than 3,000 controls, which took
both smoking and occupational exposure to other carcinogens into account, found that occupational exposure to crystalline silica may be a risk factor for lung cancer.
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Brèves
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Pollution de l’air et santé respiratoire
• L’étude montre une association
entre exposition professionnelle
à la silice cristalline et accroissement du risque de cancer du
poumon.
Après ajustement sur l’âge, le
sexe, le centre, le niveau d’éducation, l’exposition aux poussières de matériaux d’isolation et
de bois, l’OR pour le cancer du
poumon en rapport avec le fait
d’avoir été exposé à la silice cristalline était de 1,44 (IC à 95 % :
1,22-1,69). L’ajustement supplémentaire sur le tabagisme a
réduit l’OR à 1,37 (IC à 95 % :
1,14-1,65).
• Le risque attribuable associé à
l’exposition professionnelle à la
silice cristalline était de 4 % pour
les deux sexes, de 5 % pour les
hommes et de 1 % pour les
femmes.
• Les fumeurs exposés à la silice
avaient un risque de cancer du
poumon accru en comparaison
des fumeurs non exposés
(OR = 1,41 ; IC à 95 % : 1,071,87). Des augmentations de
risque semblables ont été observées chez les anciens fumeurs
(OR = 1,31 ; IC à 95 % : 0,991,73) et les sujets n’ayant jamais
fumé (OR = 1,41 ; IC à 95 % :
0,79-2,49).
• Le risque était plus manifeste
pour le tertile supérieur d’exposition cumulée (OR = 2,08 ; IC à
95 % : 1,49-2,90), la durée d’exposition (OR = 1,73 ; IC à 95 % :
1,26-2,39) et la durée pondérée
d’exposition (OR = 1,88 ; IC à
95 % : 1,35-2,61).
CG
* Cassidy A1, Mannetje A, van Tongeren M,
et al. Occupational exposure to crystalline silica and risk of lung cancer. A multicenter case-control study in Europe.
Epidemiology 2007 ; 18 : 36-43.
1 Roy Castle Lung Cancer Research Programme, Cancer Research Centre, University of Liverpool, UK.
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Mots clés : asthme ; champignons ; eau ; enfant ; États Unis ;
exposition environnement ; facteurs socioéconomiques ; humidité ; logement.
Moisissures spécifiques associées
à l’asthme dans les habitations
à dégâts des eaux*
Les résultats d’une étude américaine, fondée sur des mesures dans l’air et la poussière du domicile,
associent deux types de moisissures spécifiques à l’asthme dans les habitations ayant subi des dégâts
des eaux. L’humidité n’étant pas toujours apparente, les auteurs voient dans cette association l’intérêt
d’un indice de moisissures prédictif de la survenue de l’asthme dans les habitations à dégâts des eaux.
This American study measured two types of molds specific to asthma in the air and dust of waterdamaged homes. Because dampness is not always apparent, the authors see this association as
potentially useful as a mold indicator for predicting asthma in homes with water damage.
a prévalence de l’asthme
de l’enfant, aux États-Unis
comme dans de nombreux
pays industrialisés, va croissant.
Nombre d’études incriminent des
facteurs environnementaux et
sociaux dans la genèse de cette
maladie, et l’exposition aux moisissures est au banc des accusés.
Des auteurs américains de l’Environmental Protection Agency des
États-Unis (US EPA) ont, en 2004,
montré que certaines moisissures
étaient statistiquement plus fréquentes dans les habitations à
dégâts des eaux (moisissures du
groupe 1), tandis que d’autres
étaient rencontrées dans toutes les
habitations (groupe 2). En 2006,
se fondant sur cette répartition en
deux groupes, ces auteurs publient
une nouvelle étude visant à évaluer les populations de moisissures
au domicile d’asthmatiques, ayant
subi des dégâts des eaux.
paré ces concentrations à celles
mesurées dans des habitations sans
dégât des eaux apparent.
Les concentrations de moisissures
ont été mesurées aux domiciles
ayant subi des dégâts des eaux,
dans l’air et dans la poussière de
60 chambres à coucher d’enfants
asthmatiques, à Cleveland, dans
l’Ohio, et dans 22 habitations sans
dégâts des eaux servant de
témoins.
Les mesures, spécifiques, ont été
effectuées par PCR (Polymerase
Chain Reaction) quantitative.
Un score de moisissures a été calculé en prenant en compte les
niveaux de moisissures, évalués
dans chaque habitation.
Une étude comparative
L’âge moyen des enfants inclus
dans l’étude, dont 66 % étaient
noirs, était de 6,8 ans. Plus des trois
quarts de ces enfants avaient un
asthme persistant léger à sévère.
Un tiers des familles avait un
revenu annuel inférieur à
20 000 dollars et 83 % d’entre elles
résidaient dans des habitations tra-
L
Cette étude, dont l’objectif était de
déterminer si des moisissures spécifiques se trouvaient à des
concentrations significativement
accrues dans des habitations ayant
subi des dégâts des eaux où
vivaient des asthmatiques, a com-
Une association
entre asthme
et deux moisissures
spécifiques ?
ditionnelles à une seule famille.
• Deux types de moisissures, Scopulariopsis brevicaulis et Trichoderma viride , se sont avérés
présents à des concentrations significativement plus élevées dans
les habitations des asthmatiques,
en comparaison des habitations
témoins (P < 0,05). Pour trois autres
types de moisissures (Penicillum
crustosum, Stachybotrys chartarum et Wallemia sebi), P était inférieur à 0,1.
• Les concentrations de sept
autres moisissures, dont Alternaria alternata, Cladosporium
cladosporioides, Cladosporium
sphaerospermum, sont apparues
significativement plus basses au
domicile des asthmatiques que
dans les habitations des témoins.
• Les auteurs insistent sur l’utilité
d’un indice prédictif de la présence de moisissures au domicile
et du risque de survenue de
l’asthme, en présence de dégâts
des eaux, manifestes ou inapparents.
CG
* Vesper SJ1, McKinstry C, Yang C, et al. Specific molds associated with asthma in waterdamaged homes J Occup Environ Med
2006 ; 48 : 852-8.
1 Environmental Protection Agency, Cincinnati, USA.
Environnement, Risques & Santé – Vol. 6, n° 3, mai - juin 2007
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