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L’expérience du CAPAHC est beaucoup plus modeste que celle du Dr Syl-
vestre et de la clinique Oasis, mais elle est similaire puisque l’organisme est devenu en
un peu plus de 10 ans une référence au Québec (et au Canada) en matière de soutien,
d’aide et d’information aux patients.
Ayant découvert en 2001 que j’étais porteuse d’une hépatite C de génotype 1
certainement contractée 20 ans plus tôt, je me suis intéressée à l’impact d’un dé-
pistage positif et des services oerts.
Moi, j’étais une privilégiée. Je connaissais la maladie. Je travaillais à cette
époque avec des personnes porteuses du VIH et souvent co-infectées par le VHC.
J’avais étudié quelques années en médecine, bien des années auparavant, et cela m’a
permis de comprendre très vite le traitement et les enjeux, et surtout de pouvoir vul-
gariser l’information. Pour les autres, le constat n’était pas le même : ignorance, rejet,
isolement, honte, peur et résignation.
Je me suis rapidement rendu compte qu’il fallait commencer par informer
sur la maladie, informer au sens large puisque non seulement les patients mais aussi
les professionnels de la santé n’avaient pas ou peu de connaissances sur le sujet.
Ayant fait le constat qu’il n’y avait aucune source able d’information sur
l’hépatite C au Québec, nous avons pris l’initiative de créer une ressource commu-
nautaire au sein de laquelle tous les porteurs, sans distinction, pourraient recevoir de
l’information sur la maladie et son traitement, et être dirigés vers des médecins qui
accepteraient de traiter tous les patients qui en ont besoin, y compris les consomma-
teurs de drogue et les marginaux, avec ou sans problématique de santé mentale. Bref,
ceux que l’on ne voulait nulle part.
Il y a 10 ans, à Montréal, un seul médecin, immunobiologiste de formation,
relevait ce dé. C’est vers lui que nous avons dirigé des dizaines de personnes. Le Dr
J. Robert, que je ne remercierai jamais assez, a été le chef de le et le précurseur dans
ce domaine. C’est aussi lui qui m’a soignée pour mon hépatite C dont je suis débarras-
sée aujourd’hui.
Les groupes de support mensuels ont commencé. Au début, les gens
venaient chercher de l’information sur la maladie et les risques de transmission. Ils
appréciaient d’avoir un lieu où ils pouvaient parler de leur maladie à d’autres qui vi-
vaient la même chose en silence, à cause des nombreux rejets liés aux tabous auxquels
ils avaient dû faire face.
À force d’éducation et d’information, ils ont appris qu’il existait un traite-
ment, une guérison pour certains, mais surtout que tous ceux qui avaient besoin d’un
traitement pouvaient y accéder sans distinction de moyens, de statut ou autre, que
tous seraient traités de la même façon. Nous avons orienté des centaines de patients
vers des médecins qui ont progressivement accepté de modier leurs critères d’accès
au traitement.
Les premiers patients ont été assidus aux groupes mensuels où, en plus
de l’information reçue par des réponses aux questions de plus en plus nombreuses,
le soutien mutuel s’est installé. De mois en mois, les personnes se retrouvaient,
s’encourageaient les unes les autres, parlaient de leurs eets secondaires. L’humour
était souvent de mise.
Ils sont venus avant, pendant et…après leur traitement.