Depuis, ce domaine d’étude s’est profondément métamorphosé en réponse aux transformations
sociales, politiques et économiques qui ont marqué les sociétés humaines au cours des 60
dernières années, ainsi qu’aux différentes approches théoriques quant à ces changements. Dans
une perspective historique, ce cours examine à la fois, le monde en transformation et les visions
changeantes de ce monde.
Dès la fin de la Seconde guerre mondiale, de nombreux sociologues et économistes se sont
consacrés à l’étude systématique des sociétés dites du « Tiers-monde », ou des sociétés en dehors
des mondes capitaliste et socialiste. Ces premiers observateurs ont plaidé pour une théorie
unidirectionnelle du changement social vers le développement du capitalisme et de la démocratie,
d’où le paradigme de la modernisation et de la rationalisation. Dans les années 1960, avec la
Guerre du Vietnam, et les divers mouvements de décolonisation et de masse, les sociologues se
sont tournés vers une perspective marxiste et historique afin d’articuler une sociologie
comparative portant sur l’analyse globale du développement. C’est dans ce contexte social et
théorique que les théoriciens du développement ont défendu une vision critique du changement
global et de la mondialisation, d’où les théories du « système-monde » et les théories de la
dépendance. Au cours des trois dernières décennies, avec le rapprochement entre les mondes
capitalistes et communistes, et éventuellement l’écroulement du communisme comme système
étatique, la sociologie du développement s’est radicalement transformée. Tandis que les
approches quant à la mondialisation et à la relation entre le local et le global se multiplient, un
écart semble se creuser entre le paradigme néolibéral du développement (qui relève
principalement des politiques et programmes des bailleurs de fond et des agences de
développement) et les perspectives populaires et critiques qui reposent sur les concepts de
développement équitable, de savoir local et de contestation.
OBJECTIFS
L’objectif du cours est d’inviter les étudiantes et les étudiants à articuler une réflexion critique sur
les principales approches théoriques et méthodologiques en sociologie du développement. Plus
particulièrement, ce cours aborde la sociologie du développement à travers l’étude des processus
de la colonisation, de la modernisation et de l’impérialisme occidental (et autres). Dans la foulée
de cette posture critique, les étudiantes et les étudiants seront invitées à « penser
anthropologiquement », c’est-à-dire à développer une capacité analytique d’engager la réflexion
sur le changement social à partir des « marges » de la modernité.
Le contenu de ce cours vise à confronter les étudiantes et les étudiants avec les principaux
concepts et paradigmes utilisés pour rendre compte de l’inégalité politique, sociale, économique
et culturelle entre les diverses sociétés et au sein des diverses sociétés. Outre, une attention portée
sur les principales sources d’inégalité, ce cours vise à introduire les concepts de savoir local et de
contestation au champ de la sociologie du développement. Ainsi, les relations entre dynamiques
locales et les enjeux mondiaux sont au centre de l’approche élaborée dans ce cours.
DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE
Ce cours est divisé en trois parties.
Dans la première partie du cours, l’accent sera mis sur l’évolution historique du champ
sociopolitique du développement. Nous examinerons, dans un premier temps, le contexte de
l’émergence du paradigme développementaliste à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Ce
cadrage historique permettra de mettre en lumière le contexte sociopolitique de l’idéologie de la
modernisation. Par la suite, nous aborderons les diverses transformations de ce paradigme