Une réconciliation trop parfaite
distance, à ce moment du raisonnement hégélien, n'est
encore assignable entre le mode et l'absolu ; et il faut dire
que le mode, « l'extériorité la plus extérieure », manifeste
sans reste l'absolu qui, à son tour, se manifeste sans reste
dans les modes. Mais par là, aussi bien, l'absolu expose la
totalité de ce qui est comme multiplicité unifiée et
constituée, en sorte que penser la rationalité de l'effectif
revient à approfondir les trois modalités de sa
manifestation, à savoir la possibilité, la contingence et la
nécessité.
2.
La définition traditionnelle du possible — est
possible ce qui n 'implique pas contradiction — laisse
l'objet indéterminé : « Le royaume de la possibilité est par
conséquent la variété illimitée8 » (p. 250). Cette variété,
selon Hegel, révèle le caractère profondément
contradictoire du possible. Pure possibilité, il disparaît
sans retour, n'étant pas effectivement réel ; tandis que,
possibilité réelle, il se contredit également, puisqu'il
devient identique à
l'effectif.
Dès lors, toute tentative
pour isoler la possibilité de son autre effectif tourne à
l'absurde : coupé du réel, le possible n'est plus rien, rien
de réel, et se supprime de lui-même. Le possible n'est
donc finalement que
l'effectif,
son reflet ou sa doublure, à
laquelle manque quelque chose, à savoir l'existence
phénoménale ou effectivement réelle. Hegel renverse
ainsi la définition classique en redéfinissant le possible
comme ce qui implique contradiction.
La possibilité cependant, reflet de l'effectif mais reflet
déficient en ce que l'existence réelle lui manque, va
8.
Une addition de l'Encyclopédie donne les exemples suivants : « Il est
possible que ce soir la lune tombe sur la terre, car la lune est un corps séparé
de la terre et peut, pour cette raison, aussi bien choir en bas qu'une pierre qui
a été lancée en
l'air,
— il est possible que le Sultan devienne Pape, car il est
un homme, peut comme tel se convertir au christianisme, devenir prêtre
catholique, etc. » (Enc, op. cit., I, § 143 Add., trad. B. Bourgeois, p. 576).
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Noésis
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Les idéaux de la philosophie »