Thème 4 : Les mouvements et les nouvelles

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 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI THÈME D’ÉTUDE ET DE RÉFLEXION N ° 4 Les m ouvements et les nouvelles communautés ecclésiales OBJECTIF Nous désirons approfondir l’identité et les caractéristiques principales des mouvements ecclésiaux, de manière à mieux comprendre leur nature et leur spécificité pour donner davantage de valeur à l’appel que Dieu fait au mouvement Regnum C hristi. Nous cherchons donc à comprendre ce qui caractérise ces nouvelles réalités ecclésiales : quel a été leur parcours historique – à grands traits – et quel élan leur a donné le Concile Vatican II, quelle est leur physionomie tout comme leur raison d’être au point de vue théologique et leur place dans le Droit Canonique. SCHÉMA A. Un regard historique : Les mouvements, en tant qu’expression de l’action de l’Esprit Saint dans la vie de l’Église à travers les siècles. La nouveauté à partir du Concile Vatican II à partir de la théologie de la communion et le jaillissement des mouvements en réponse aux besoins de l’Église et du monde. B. Nature des mouvements ecclésiaux : 1 : Leur place dans l’Église : la co-­‐essentialité des dimensions institutionnelle (ministère pétrinien et épiscopal) et charismatique de l’Église (action de l’Esprit Saint faisant irruption dans la vie ecclésiale) et l’apostolicité dans les mouvements (comme prolongement de la mission évangélisatrice de l’Église). 2 : Définition des mouvements à partir des éléments essentiels, comme la participation des fidèles de différents états de vie, un itinéraire de foi et un témoignage de vie chrétienne, le charisme propre et le caractère apostolique avec un élan missionnaire particulier. 3 : Leur place canonique. C. Critères ecclésiaux : Le primat de la vocation universelle à la sainteté. Le témoignage d’une communion ferme et convaincue, en relation avec le Pape, l’Evêque et les autres formes d’apostolat dans l’Eglise. La participation à la mission évangélisatrice de l’Église. Leur présence dans la société humaine, au s ervice d e la d ignité intégrale d e l’homme. D. Proximité d es mouvements a vec les d erniers pontifes : l’élan communiqué par les papes Jean-­‐
Paul II et Benoît XVI par l’intermédiaire des rencontres mondiales des mouvements ecclésiaux. Les mouvements comme d ons et richesse pour une Église tournée vers l’extérieur (en sortie), avec le Magistère du Pape François. La joie comme trait caractéristique des mouvements. CONCEPTS CLÉS 1 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI Mouvement Nouvelles communautés ecclésiales Apostolicité Association d e fidèles Association Internationale d e fidèles Critères ecclésiaux A. Un regard d’histoire Au cours de sa conférence magistrale « les mouvements ecclésiaux et leur place théologique » donnée lors du Congrès Mondial des Mouvements ecclésiaux, en 1998, celui qui était alors le Cardinal Ratzinger disait qu’il y avait « toujours de nouvelles irruptions de l’Esprit Saint qui redonnent une nouvelle vie et une nouvelle structure à l’Église »1, identifiant différents mouvements apostoliques apparus au cours d es siècles. L’un des premiers de ces mouvements fut le Monachisme de saint Antoine (250-­‐356) et de Saint Basile (330-­‐37), où se trouve le désir de vivre la totalité de l’Évangile de façon radicale et d’établir une règle pour vivre le christianisme de façon intégrale ; un autre fut le mouvement de réforme monastique de Cluny (en France, aux X et XIe siècles). Ensuite sont apparus les ordres mendiants du XIIIe (les Franciscains de saint François d’Assise et les Dominicains de saint Dominique de Guzmán) ; au XVIe siècle il y eut d’importants mouvements d’évangélisation, parmi lesquels les Jésuites ; au XIXe, le mouvement « missionnaire » avec la naissance d e n ombreuses nouvelles congrégations à mission évangélisatrice. Nous pouvons ainsi voir comment l’Esprit Saint inspire constamment de nouveaux charismes dans l’Église et comment il y eut, dans l’histoire, des mouvements qui ont permis la conversion et la réforme en une Eglise toujours en train de s e réformer. Cependant, les mouvements – comme nous les voyons et les comprenons aujourd’hui – représentent une nouveauté dans la vie d e l’Église n ée à l’horizon d u Concile Vatican II (1962-­‐1965). Comme nous l’avons vu dans les présentations précédentes, ce Concile reprend la conception de l’Église comme mystère d e communion. Les mouvements enracinent leur essence propre dans « l’ecclésiologie d e la communion » : ce n’est qu’ainsi que se comprennent, se développent et naissent ces nouvelles réalités associatives. La Constitution Lumen Gentium nus aide à comprendre cette nouveauté en nous renvoyant à la théologie d es charismes ( valable en tout temps et en tous lieux) : Mais ce même Esprit Saint ne se borne pas à sanctifier le p euple d e Dieu par les sacrements et les ministères, à le conduire et à lui donner l’ornement des vertus, il distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres, « répartissant ses dons, à son gré, en chacun » (1Co 12, 11), les grâces spéciales qui rendent aptes et d isponibles pour assumer les différentes charges et offices utiles au renouvellement et au développement de l’Église, suivant ce qu’il est dit : « c’est toujours pour le bien commun que les dons de l’Esprit Saint se manifestent dans un homme » (1Co 12, 7). Ces grâces, des plus éclatantes aux plus simples et aux plus largement diffusées, doivent 1
Joseph Ratzingerr, « Les mouvements ecclésiaux et leur p lace théologique ». Discours au Congrès Mondial d es Mouvements ecclésiaux, Rome 27 mai 1998. 2 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI être reçues avec action de grâce et apporter consolation, étant avant tout ajustées aux nécessités d e l’Église et destinées à y répondre2. Bien que quelques-­‐unes de ces grandes réalités associatives aient été fondées avant le Concile Vatican II (Par exemple, le mouvement d es Focolari ou Œuvres d e Marie fut fondé par Chiara Lubich en 1943, pendant la seconde guerre mondiale et la Fraternité de Communion et Libération naquit à l’initiative de Don Luigi Giussani, en 1954) ) c’est à partir du Concile que nous avons été témoins d’une exceptionnelle floraison d e ces mouvements, d e leur diffusion mondiale et d e leur multiplicité, ainsi que d’autres réalités associatives, principalement de caractère laïc. Ce fut une telle floraison que Jean Paul II écrira : On peut parler d'une nouvelle saison d'association d es fidèles laïcs. En effet, « à côté des groupements traditionnels, et parfois à leurs racines mêmes, ont germé des mouvements et groupements nouveaux, dotés d'une physionomie et d'une finalité spécifiques: tant sont grandes la richesse et la variété des ressources de l'Esprit Saint, dans le tissu ecclésial, tant sont grandes également la capacité d'initiative et la générosité de notre laïcat »3. Comme le dit le Pape Benoît XVI, « les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés sont une des nouveautés les plus importantes suscitées dans l’Église, par l’Esprit Saint pour la mise en œuvre du Concile V atican II »4. Ce même pontife insista lors d’un d iscours aux évêques a llemands : « Après le Concile, l'Esprit Saint nous a donné les "mouvements". Ceux-­‐ci peuvent parfois apparaître au curé ou à l'Evêque comme un peu étranges, mais il s'agit de lieux de foi dans lesquels les jeunes et les adultes font l'expérience d'un modèle de vie dans la foi comme opportunité pour la vie d'aujourd'hui. C'est pourquoi je vous demande d'aller au-­‐devant des Mouvements avec beaucoup d'amour. Ils doivent parfois être corrigés, insérés dans l'ensemble de la paroisse ou du diocèse. Mais nous devons respecter le caractère spécifique de leurs charismes et être heureux que naissent des formes communautaires de foi dans lesquelles la Parole de Dieu devienne vie. »5 La floraison des mouvements au cours de l’histoire est en relation, d’une façon presque constante, avec les moments de confusion et de crise au cours desquels « l’homme ayant perdu son identité claire et définie, réagit devant cette désorientation en recherchant les points de référence où il pourra retrouver et redéfinir son identité »6. C’est pourquoi, saint Jean-­‐Paul II soutenait que « les mouvements et les nouvelles communautés ecclésiales (…) sont la réponse, suscité par l’Esprit Saint devant ce dramatique défi de la fin du m illénaire »7, et Benoît XVI, insiste à son tour, disant que ceux-­‐
2
CONCILE ŒCUMENIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique Lumen Gentium § 12 JEAN PAUL II, Exhortation apostolique post-­‐synodale Christifideles Laïci, §29 4
BENOIT XVI, Discours aux participants d’un séminaire d’étude pour les Evêques organisé par le Conseil Pontifical pour les Laïcs, 17 mai 2008. 5
BENOIT XVI, Discours aux évêques allemands lors d e sa visite ad limina A postolorum, 18 novembre 2006. 6
P. GIANFRANCO GHIRLANDA, SJ. « Le nueve esperienze a ssociative », en Esperienze a ssociative n ella Chiesa. Aspetti canonistici, civili e fiscali, (Studi Giuridici CV) Liberia Editrice Vaticana 2014, (pp 47-­‐78) 7
JEAN PAUL II, Discours aux participants du Congrès des Mouvements ecclésiaux, 30 mai 1998. 3
3 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI ci doivent s’engager à éclairer « l’obscurité d’un monde troublé par les messages contradictoires des idéologies »8. B. Nature des m ouvements e cclésiaux 1. La place des mouvements dans l’Église Au-­‐delà du contexte socioculturel et historique au sein duquel elles apparaissent, ces réalités associatives ont u n s ens p lus profond, d e caractère théologique. Dans la conférence du Cardinal Ratzinger que nous avons citée au début (et dont le contenu est valable pour tous les mouvements qui ont enrichi l’Église au long des siècles), il cherchait à mettre en évidence la co-­‐essentialité des deux dimensions institutionnelle et charismatique de l’Église. La dimension institutionnelle se caractérise par le ministère épiscopal, structure permanente qui soutient l’Église à travers le temps. La dimension charismatique, de son côté, consiste en « irruptions » continuelles de l’Esprit Saint ; en fait, l’Église, en tant qu’institution est sans cesse passé dans son histoire « par des vagues de nouveaux mouvements, qui revalorisent sans arrêt l’aspect universel de la m ission apostolique et la radicalité de l’Evangile et qui, par là-­‐même, s ervent à assurer la vitalité et la vérité des églises locales »9. La complémentarité d e ces dimensions avait d éjà été d émontrée par Jean Paul II qui affirmait que : « L’Église, née de la Passion et de la Résurrection du Christ et de l’effusion de l’Esprit Saint, étendue au monde entier et en tous les temps sur le fondement des apôtres et de leurs successeurs, a été enrichie au cours de siècles par la grâce de dons toujours nouveaux. Ceux-­‐ci lui ont permis, aux différentes époques, de se rendre présente en de nouvelles formes adaptées à la soif de vérité, de beauté et de justice que le Christ suscitait dans le cœur des hommes, étant lui-­‐même l’unique réponse satisfaisante et complète »10 En partant de ce point de vue, on peut affirmer que « la place théologique qui convient aux mouvements dans l’Église doit s’identifier par l’apostolicité »11 parce qu’ils contribuent à « assurer la suite de la mission de Jésus qui veut faire que toutes les nations soient des disciples et porter l’Évangile jusqu’aux confins de la Terre »12. De cette apostolicité surgit le lien particulier qui unit les mouvements au ministère du successeur d e Pierre »13. Avec les mots d e Ratzinger : « La papauté n’a pas créé les mouvements mais elle est devenue son appui principal dans la structure de l’Église, sa source principale de support ecclésial (…) le Pape a besoin de ces BENOIT XVI, Message aux participants du IIe Congrès mondial d es mouvements ecclésiaux et d es Nouvelles Communautés, 22 mai 2006. 9
Ibidem 10
JEAN PAUL II, Discours aux participants de l’expérience du Mouvement de Communion et Libération, 12 septembre 1985. 11
STANISLAW RYLKO, Conférence d e p resse d e la p résentation d u IIe Congrès Mondial d es Mouvements ecclésiaux, 30 mai 2006. 12
Joseph RATZINGER, Les mouvements ecclésiaux et leur place théologique » 13
Stanilaw RYLKO, Conférence d e p resse d e la présentation du IIe Congrès Mondial des Mouvements ecclésiaux, 30 mai 2006. 8
4 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI services (missionnaires des mouvements), et ils ont besoin de lui : et la symphonie de la vie ecclésiale réalise la réciprocité des deux types de m ission (celle du ministère pétrinien et celle des mouvements) »14 2. Définissant les mouvements Pour essayer de donner une définition, il faut regarder ce qui est dit par le Cardinal Ratzinger : « Il faut éviter de proposer une définition trop rigoureuse, étant donné que l’Esprit Saint tient toujours des s urprises en réserve et ce n’est que rétrospectivement que nous sommes capables de reconnaître que derrière la grande diversité, se trouve une essence commune »15. Cependant, quelques essais de définitions méritent d ’être cités. Ainsi, par exemple, p our saint Jean-­‐Paul II, un mouvement est « une réalité ecclésiale en laquelle participent principalement des laïcs, un itinéraire de foi et de témoignage chrétien qui base sa méthode pédagogique sur un charisme précis accordé à la personne du fondateur en des circonstances et selon un m ode déterminé »16. Un autre essai de d éfinition est celui du P. Fidel González Fernández, MCCJ, pour qui les mouvements ecclésiaux sont « ces réalités nées au sein de l’Église à partir de charismes particuliers et d’expériences chrétiennes qui ont engendré une vie nouvelle dans l’Église elle-­‐même et dans la société »17. S elon le Père Gianfranco Ghirlanda, S J : « Synthétiquement, nous pouvons considérer comme mouvements ecclésiaux les formes associatives qui ont leur racine et leur origine en un don spécifique de l’Esprit Saint, élément qui unit différentes vocations des deux sexes, de différentes origines ou catégories de fidèles (évêques, prêtres, diacres, séminaristes, laïcs/ques mariés/ées, célibataires ou veufs/ves, relieux/ses, consacrés/ées dans le Mouvement sous forme contemplative, apostolique ou séculière, etc…), caractérisés aussi bien par la différence d’âge que par la diversité d’appartenance à des groupes socio-­‐culturels. De plus, il y a, en eux, une implication de la personne en sa globalité, dès lors qu’un style de vie conforme au charisme est exigé, qui porte au moins à partager les biens et la vie fraternelle en commun, tout comme en tous les cas la soumission à une autorité, se dédier aux œuvres apostoliques du Mouvement, en beaucoup avec un élan missionnaire et une forte ouverture œcuménique »18. 3. Localisation canonique 14
Joseph RATZINGER, Les mouvements ecclésiaux et leur place théologique » -­‐ notre traduction du t exte en espagnol d éjà t raduit d e l’italien. 15
Ibidem 16
JEAN PAUL II, Message aux participants du Congrès Mondial d es Mouvements ecclésiaux, 27 mai 1998 17
P. FIDEL GONZALEZ FERNANDEZ, MCCJ « Carismi e movimenti nella storia d elle Chiesa » in PONTIFICUM CONSILIUM PRO LAICIS. / Movimenti ecclesiali n ella sollecitudine pastorale dei v escovi, 2000. T raduction en espagnol suivie d’une t raduction en français. 18
P. Gianfranco GHIRLANDA, SJ. « Le nuove esperienze associative » Notre t raduction française d e l’espagnol à partir d e l’original en italien 5 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI En ce qui concerne les réalités associatives de fidèles laïcs, aujourd’hui on a l’habitude de parler « d’associations », d e « mouvements ecclésiaux » et d e « nouvelles communautés ». Dans le droit canonique, il n ’y a pas d e d éfinition juridique d e « mouvement » et, par conséquent, les mouvements sont fréquemment configurés comme associations de fidèles – même si toutes les associations de fidèles ne sont pas mouvements – ou plus précisément comme associations internationales de fidèles au cas où ils ont un caractère international en raison de leur diffusion dans le monde, s e p laçant en d épendance directe du Saint-­‐Siège. Le Concile Vatican II confirme le droit d’association d es fidèles à ceux qui, en fonction du baptême et participant à la mission de l’Église, peuvent s’associer pour des fins spirituelles et apostoliques. Ce droit d’association donne légitimité aux fidèles pour constituer et diriger d es associations à l’intérieur de l’Église et pour adhérer à celles qui sont déjà constituées. Au cours des siècles passés, les fidèles chrétiens ont exercé ce droit de façons multiples et variées, instituant, par des monastères, des ordres ou des congrégations religieuses, des ordres chevaliers, tiers ordres, confraternités, instituts séculiers, société de vie apostolique, etc. Ainsi, l’enseignement conciliaire a souligné la nécessité, la validité et la liberté de la part des fidèles de s’associer dans l’Église, de façon à ce que l’autorité ecclésiale favorise, motive et norme juridiquement les associations nées de la simple volonté des fidèles. Les « nouvelles communautés » souvent n ées de l’ambiance d e Rénovation charismatique catholique (par exemple la Communauté de l’Emmanuel, la Communauté catholique Shalom, la Communauté Cançao Nova, etc…) peuvent être distinguée, en même temps par leur fort sens de communauté, réunissant des prêtres, des laïcs hommes et femmes – célibataires ou mariés – qui partagent le même style d e vie. Ces communautés p euvent être de type apostolique ou monastique ou s éculier. De même, existent aussi, les « nouvelles formes de vie consacrée »19 qui se caractérisent par la profession des conseils évangéliques avec un certain lien sacré, mais qui se distinguent des instituts de vie consacrée par le fait d ’être constituées d e membres d ’une branche sacerdotale, d’une branche masculine laïque et d’une branche féminine laïque, tous étant consacrés, avec un seul charisme, un seul but et un seul gouvernement, auxquelles s’affilient aussi des laïcs (non consacrés), célibataires ou mariés (par exemple la fraternité Missionnaire V erbum Dei). Toutes ces réalités, très hétérogènes entre elles, s e d istinguent d e ce que l’on pourrait d éfinir comme « associationisme traditionnel » qui, au cours de l’histoire de l’Église, a donné des associations d’apostolat organisé et spécialisé (exemple l’Action Catholique et les différentes formes d’associations qui en sont issues), de genre (Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques, le Fédération internationale des Hommes Catholiques), de catégories ouvrières ou professionnelles Enseignants Catholiques, médecins catholiques, pharmaciens catholiques, etc) entre autres. C. Critères d’ecclésialité 19
Cf Code de Droit Canonique, 605 ; Jean Paul II, exhortation a postolique post-­‐synodale Vie Consacrée, 12 et 62. 6 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI Le Pape, saint Jean-­‐Paul II, dans l’exhortation apostolique Christifideles Laïci, établit des critères que les mouvements apostoliques doivent observer pour vivre correctement leur appartenance à l’Église20 -­‐ Le primat donné à la vocation de tout chrétien à la s ainteté, manifesté « par les fruits de grâce que l'Esprit produit dans les fidèles » (109), comme croissance vers la plénitude de la vie chrétienne et la perfection de la charité (110). En ce sens toute association de fidèles laïcs est appelée à être toujours davantage un moyen de sanctification dans l'Église, un moyen qui favorise et encourage (111). -­‐ L'engagement à professer la foi catholique en accueillant et proclamant la vérité sur le Christ, sur l'Eglise et sur l'homme, en conformité avec l'enseignement de l'Eglise, qui l'interprète de façon authentique. Toute association de fidèles laïcs devra donc être un lieu d'annonce et de proposition d e la foi et d'éducation à cette même foi d ans son contenu intégral. _ Le témoignage d'une communion solide et forte dans sa conviction, en relation filiale avec le Pape, centre perpétuel et visible de l'unité de l'Église universelle (112), et avec l'Evêque, « principe visible et fondement de l'unité » (113) d e l'Église particulière, et dans «l'estime m utuelle de toutes les formes apostoliques de l'Église » (114). La communion avec le Pape et avec l'Evêque doit s'exprimer dans une d isponibilité loyale à recevoir leurs enseignements doctrinaux et leurs directives pastorales. La communion ecclésiale exige, de plus, la reconnaissance du légitime pluralisme des fidèles laïcs dans l'Église et, en même temps, la disponibilité à une mutuelle collaboration. -­‐ L'accord et la coopération avec le but apostolique de l'Église, qui est « l'évangélisation et la sanctification des hommes, et la formation chrétienne de leur conscience, afin qu'ils soient en mesure de pénétrer de l'esprit de l'Évangile les diverses communautés et les divers milieux » (115). Dans cette perspective, à toutes les formes d'association des fidèles laïcs et à chacune d'elles on d emande qu'elles soient animées d'un élan missionnaire qui en fasse d es instruments toujours p lus actifs d'une nouvelle évangélisation. -­‐ L'engagement à être présents dans la société humaine pour le s ervice de la d ignité intégrale d e l'homme, conformément à la doctrine sociale de l'Église. En ce sens, les associations de fidèles laïcs doivent devenir des courants vivants de participation et de solidarité pour créer des conditions plus justes et plus fraternelles à l'intérieur d e la société. Outre ces critères d’ecclésialité, il y a des traits distinctifs de spiritualité et d’action apostolique qui caractérisent toutes ces réalités associatives : parmi eux, nous pouvons mentionner la mise en valeur de l’identité baptismale et la redécouverte du chemin d’initiation chrétienne ; le désir de vivre radicalement l’Évangile en sa totalité ; le sens profond d’appartenance à une communauté (diocésaine, paroissiale, mouvement-­‐nouvelle communauté) ; complémentarité des différents états de vie et la coresponsabilité des membres laïcs et consacrés ; le « pilier d’ecclésialité » personnalisé par le lien avec le Pape ; le zèle missionnaire et évangélisateur, y compris en référence à la Nouvelle évangélisation. 20
JEAN PAUL II, Exhortation apostolique post-­‐synodale Chrifideles Laïci, § 30 7 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI D. Proximité avec les m ouvements des derniers pontifes L’attention continuelle et la sollicitude pastorale envers ces différentes réalités souligne la proximité de saint Jean-­‐Paul II et du Pape émérite Benoît XVI vis-­‐à-­‐vis des mouvements ecclésiaux au cours d e leur pontificat respectif. Saint Jean-­‐Paul II a voulu la première rencontre mondiales d es Mouvements ecclésiaux en 1998 (30 mai 1998, veille d e la Pentecôte, Place Saint-­‐Pierre à Rome) et le Pape Benoît XVI convoqua une nouvelle fois ces réalités ecclésiales à Rome, pour la Pentecôte 2006 (3 juin 2006). Le Pape François, alors qu’il était cardinal Archevêque de Buenos Aires, était président de la commission qui rédigea les Conclusions de la Ve Conférence Générale de l’Episcopat Latino-­‐
Américain et des Caraïbes (Aparécida, 13-­‐31 mai 2007) où il était affirmé que « les nouveaux mouvements et communautés sont un don de l’Esprit Saint pour l’Église. Les fidèles y trouvent la possibilité de s e former chrétiennement, de croître et de s’engager dans les apostolats jusqu’à être de véritables disciples missionnaires »21. Dès le d ébut d e son pontificat le Pape François a montré à quel point il était proche d es mouvements ecclésiaux et des Nouvelles Communautés en les rencontrant peu de temps après son élection au pontificat, à l’occasion de l’Année de la Foi, lors de la solennité de la Pentecôte 2013 et leur adressant ces quelques mots avant le Regina Cœli : « C e sont des dons pour renouveler et édifier l’Église. (…) Ils ont toujours la force de l’Evangile. Ils ont toujours la joie et la passion de la communion dans l’Église » (19 mai 2013). Le Pape publia ensuite l’Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium pour une n ouvelle étape d e la mission évangélisatrice de l’Église qui s e caractérise par un élan et une joie constante dans « une dynamique de sortie m issionnaire ». Le Pape y affirme : « L’Esprit Saint enrichit toute l’Église qui évangélise aussi par divers charismes. Ce sont des dons pour renouveler et édifier l’Église.[108] Ils ne sont pas un patrimoine fermé, livré à un groupe pour qu’il le garde ; il s’agit plutôt de cadeaux de l’Esprit intégrés au corps ecclésial, attirés vers le centre qui est le Christ, d’où ils partent en une impulsion évangélisatrice. Un signe clair de l’authenticité d’un charisme est son ecclésialité, sa capacité de s’intégrer harmonieusement dans la vie du peuple saint de Dieu, pour le bien de tous. Une véritable nouveauté suscitée par l’Esprit n’a pas besoin de porter ombrage aux autres spiritualités et dons pour s’affirmer elle-­‐même. Plus un charisme tournera son regard vers le cœur de l’Évangile plus s on exercice sera ecclésial. Même si cela coûte, c’est dans la communion qu’un charisme se révèle authentiquement et mystérieusement fécond. Si elle vit ce défi, l’Église peut être un modèle pour la paix dans le m onde »22. L’élément de la joie « la douce et réconfortante joie d’évangéliser »23 que le Pape François, dans Evangelii gaudium, considère comme moteur de la conversion missionnaire et de la réforme de l’Église « en sortie », a été identifié comme élément s ubstantiel d e la vie d es mouvements ecclésiaux par le Pape saint Jean-­‐Paul II quand, faisant référence aux réalités associatives, disaient qu’elles étaient une grande aide p our transmettre la vivacité et la joie dans l’Église »24, et pour le Pape Benoît XVI q ui, parlant d es chrétiens « en mouvements » dans l’Église au cours d es siècles, mentionnait « la Ve CONFERENCE GENERALE DE L’EPISCOPAT LATINO-­‐AMERICAIN ET DES CARAÏBES, Document Conclusif, Aparécida, Mai 2007, § 311. 22
PAPE FRANÇOIS, Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, § 130 23
Cf. PAUL VI, Exhortation Apostolique post synodale Evangelium Nuntiandi, § 80 24
JEAN PAUL II, Exhortation apostolique post-­‐synodale Ecclesia in Europa, § 16 21
8 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI nouveauté de vie des personnes et des communautés capables de donner un témoignage efficace d’amour, d’unité et de joie »25 QUESTIONS D’ASSIMILATION POUR LA REFLEXION EN EQUIPE 1 : Qu’est-­‐ce que les Papes ont mis en valeur dans les Mouvements ? Pourquoi leur a ttribuent-­‐ils une si grande valeur ? 2 : Qu’entendez-­‐vous par « Mouvement ecclésial » ? 3 : Quels sont les critères d ’ecclésialité énoncés dans l’exhortation apostolique Christifideles Laïci ? 4 : Quels sont les caractéristiques propres aux mouvements que vous considérez comme spécialement féconds pour la mission de l’Église ? 5 : Que nous dit l’exhortation apostolique Evangelii gaudium au sujet des mouvements et comment pouvons-­‐nous l’appliquer à Regnum Christi ? 6 : Qu’est-­‐ce qui m’a poussé à faire partie du Regnum Christi au lieu de suivre mon chemin de chrétien sans appartenir à quelque mouvement que ce soit ? 7 : Comment est-­‐ce que je vis la complémentarité avec les autres vocations au sein de Regnum Christi ? Avec les Prêtres de la Légion du Christ ? Avec les femmes consacrés et les hommes consacrés ? Qu’est-­‐ce que j’en reçois et qu’est-­‐ce que je leur apporte comme membre du 1er ou du 2e degré LECTURES RECOMMANDÉES Joseph Ratzinger, « Les mouvements ecclésiaux et leur place théologique ». Discours au Congrès Mondial d es Mouvements ecclésiaux, Rome 27 mai 1998. JEAN PAUL II, Message aux participants du Congrès Mondial d es Mouvements ecclésiaux, 27 mai 1998 Benoît XVI, Message au Congrès Mondial des Mouvements ecclésiaux et des Nouvelles Communautés « la b eauté d’être chrétiens et la joie d e le communiquer », 22 mai 2006 BENOIT XVI, Discours aux participants d’un s éminaire d’étude pour les Evêques organisé par le Conseil Pontifical pour les Laïcs, 17 mai 2008 P. FIDEL GONZALEZ FERNANDEZ, MCCJ « Carismi e movimenti nella storia delle Chiesa » in PONTIFICUM CONSILIUM PRO LAICIS. / Movimenti ecclesiali nella sollecitudine pastorale d ei vescovi, 2000 P. Gianfranco GHIRLANDA, SJ. « Le nuove esperienze associative »en Esperienze associative nella Chiesa. Aspetti canonistici, civili e fiscali, (Studi Giuridici CV), Libreria Editrice Vaticana, Ciudad del Vaticano 2014 25
Benoît XVI, Message au Congrès Mondial des Mouvements ecclésiaux et des Nouvelles Communautés « la beauté d’être chrétiens et la joie d e le communiquer », 22 mai 2006. 9 COMMISSION CENTRALE POUR LA REVISION DES STATUTS DE REGNUM CHRISTI Octobre 2014 10 
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