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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIII - n° 6 - juin 1998
tement par l’interféron alpha. L’interaction fonctionnelle entre
la protéine kinase dépendante d’ARN (PKR) et la pro t é i n e
NS5A pourrait expliquer ce phénomène. Le séquençage molé-
culaire de la région NS5A d’isolats viraux de génotypes “1b”
isolés de patients répondeurs complets et de patients non répon-
deurs a montré une différence de variabilité autour de la région
V3 (2356-2379), et cela entre les isolats sensibles et résistants.
Cependant, ces résultats préliminaires doivent être complétés
par des études fonctionnelles mettant en jeu l’interaction entre
les protéines PKR et NS5A. C. Bréchot et coll. (Pa r i s ) ont étu-
dié l’implication directe du virus dans la survenue de la stéa-
tose macrovésiculaire observée dans 80 % des cas de VHC. Le
VHC pourrait non seulement perturber le métabolisme hépa-
tique des VLDL et HDL mais également celui des apolipopro-
téines AI et AII (position aa 11173) qui seraient couplées à cer-
t
aines protéines de capside vira l e. L’ a d m i n i s t rat ion de fénofi b rat e s
p o u rrait donc, par voie de conséquence, r é d u i r e de manière
s i g n i f i c at ive la surve n ue de la stéatose hépatique observée dans
l’infection à VHC.
Viroses respiratoires
Le diagnostic et l’épidémiologie moléculaire des infe c t i o n s
dues aux trois types de virus influenza (A, B, C) ont été décrits
et mis à jour par J.C. Manuguerra et coll. (Paris). La tech-
nique de diagnostic direct par culture cellulaire (cellules
MDCK) à partir de prélèvements rhinopharyngés, réalisés au
c o u rs de la phase aiguë de la maladie, reste la référe n c e. Cep e n-
dant, les techniques de biologie moléculaire (RT-PCR, RFLP)
permettent d’emblée d’effectuer un typage et un sous-typage
complet du virus influenza. Une étude multicentrique réalisée
par M. Aymard et coll. (Lyon) en 1997 sur les infections res-
p i rat o i res commu n a u t a i res (réseau GROG) a démontré l’im-
p o rtance des infections re s p i rat o i res basses (de manière décro i s-
sante) à V R S,v i rus grippe A et B, A d é n o v i ru s , R h i n ov i ru s ,
Pa ra -i n fl u e n z a I et II, E n t é rov i ru s , mycoplasme et Herp è s v i-
rus. Le diagnostic direct (culture cellulaire, IFI) a été positif
dans 25 à 40 % des cas. Dans 1,5 % des cas, une double infec-
tion a pu être mise en évidence par biologie moléculaire (détec-
tion des ARN viraux génomiques), sans que celle-ci soit un élé-
ment péjoratif dans la durée ou les conséquences de la virose
re s p i rat o i re diag n o s t i q u é e. Les résultats de F. Frey m uth et coll.
(Caen) o b t e n us par biologie moléculaire (RT-PCR suivie d’une
hybridation moléculaire) à partir d’un prélèvement rhinopha-
ryngé ont permis de définir la fréquence des infections virales
re s p i rat o i res en pédiat ri e,m o n t r ant ainsi la nette prédominance
de la détection des Rhinovirus et du Virus Respiratoire Syncy-
tial (VRS). Le VRS et les Rhinovirus habituellement respon-
s ables de bro n chiolites et de bro n ch o p n e u m o p ath ies pourra i e n t
être des facteurs directs ou indirects dans la physiopathologie
de l’asthme infantile.
Immunité antivirale
P. Lebon et coll. (Paris) ont fait le point sur la réponse inter-
féron A/B (classe I) qui est un élément de la réponse de l’hôte
au cours de l’infection virale. Certains virus comme les Enté-
rovirus, qui sont peu inducteurs de la synthèse d’interférons de
classe I, le deviennent lorsque, complexés avec les anticorps
correspondants, ils interagissent avec les récepteurs CD32 des
I g G α, situés à la surface des cellules mononu cléées. On ne
connaît pas à l’heure actuelle le mécanisme d’induction de l’in-
terféron alpha. De plus, et de manière intéressante, des inter-
f é ron émies élevées ont été détectées dans des pat h o l ogies auto-
i m munes comme le lupus, la scl é r ose en plaques ou la
p o lya r t h rite rhumat o ï d e,s u g g é ran t l’intervention d’age n t s
viraux dans la survenue ou le développement de ces patholo-
gies. B. Charl eyet H . Laude (Jo u y - e n - J o s a s ) ont étudié, d a n s
le modèle de la gastro-entérite du porcelet à Coronavirus, les
cellules pro d u c t ric es d’interféron alpha qui,au niveau de la rat e,
se situeraient dans le manchon périartériolaire. D’après leurs
r é s u l t ats histologi q u e s , ces cellules sont en contact avec les cel-
lules T et des cellules exprimant le CMH de classe II ; phéno-
t y p i q u e m e n t , ces cellules seraient des cellules dendritiques.
H. Fleury et coll. (Bordeaux) ont démontré qu’au cours de la
p r i m o - i n fect ion à VIH ce sont les clones viraux à tro p i s m e
macrophagique qui vont se multiplier de façon préférentielle ;
le corécepteur de ces clones est le CCR-5, qui est le ligand des
chimiokines appelées Rantes, MIP-1 alpha et MIP-1 bêta.
L’ a u g m e n t ation de la synthèse de ces chiomiokines peut, e n
saturant le CCR-5, participer à la maîtrise partielle de la mul-
t i p l i c a tion vira l e . La re l ation entre cy t o m é ga l ov i rus et cy t o-
kines a été étudiée par S. Michelson et coll. (Paris) qui nous
montrent, par une étude moléculaire des récepteurs et des cyto-
k i n e s , que le cy t o m é g a l o v i r us était cap able de modifier la
concentration de chimiokines dans l’environnement de la cel-
lule infectée. Ce mécanisme pourrait être une ruse utilisée par
le CMV pour échapper au système immunitaire.
Infections virales persistantes
Certains virus sont capables de provoquer un type particulier
d ’ i n f ection ch r o n i q u e,dénommée “ i n f ection virale pers i s t a n t e ” ,
qui résulte d’une réplication défective associée à un échappe-
ment du virus au système immunitaire. Les mécanismes molé-
c u l a i res d’une infection persistante dans le post-polio syndro m e
ont été étudiés par Lina et coll. (Lyo n ) , qui ont détecté des
séquences entérovirales dans le LCR de patients ayant déve-
loppé des troubles neurologiques après une poliomyélite. Afin
de déterminer la nat u re des séquences nu cl é o t i d i q u e s , le séquen-
çage direct des fragments amplifiés par PCR a été effectué et
a montré la présence d’un génome de 4 826 nucléotides appa-
renté à 83,3 % au Polio 2 Sabin. Le génome détecté compor-
tait une large délétion à l’extrémité 3’et dans le gène de la pro-
téine 2C. L’organisation génomique observée est comparable
à celle décrite pour les particules défectives interférentes des
v i r us ARN négatifs. Le rôle de cette persistance génomique
dans la genèse du syndrome reste à définir. T. Dupressoir et
coll. (Lille) ont étudié la persistance des virus adéno-associés
et ses conséquences dans l’infection de la sphère génitale et
pulmonaire. Les arguments d’une possible pathogénicité sont
sous-tendus par l’association de l’infection persistante des vil-
losités placentaires avec les avortements spontanés et répétés
du premier trimestre de la grossesse. En outre, en présence de
v i r us “ h e l p e r s ” , les A AV pourraient être anti-oncog è n e s .
A. Bernard et coll. (Lyon) ont montré que l’infection du sys
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