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Introduction
D’après le dernier rapport du GIEC (IPCC, 2007), il faut s’attendre en Afrique de l’Ouest à des
conditions climatiques plus difficiles (sécheresses, températures plus élevées) et à une baisse de la
disponibilité de la ressource en eau. Dans la zone sahélienne, le processus de changement
climatique se traduira par une augmentation de la fréquence des épisodes de sécheresse.
Les enjeux sur le secteur agro-pastoral et partant la sécurité alimentaire sont donc importants
pour les pays sahéliens : l’agriculture est essentiellement pluviale et la population agricole atteint
50 à 80% de la population totale selon les pays ; le secteur agropastoral contribue entre 25 et 30%
de leur PIB ; enfin, la consommation de céréales contribue entre 80 et 85% des besoins
caloriques de la population (OCDE/CSAO, 2008). Face à ces enjeux, il devient important
d’anticiper la réaction des agriculteurs dans un contexte de changement climatique afin de trouver
les mécanismes nécessaires pour limiter les effets du changement.
L’objectif visé par cet article est donc d’étudier la réponse de l’agriculteur sahélien face à des
sécheresses de plus en plus récurrentes, d’évaluer les pertes occasionnées et enfin de s’interroge
sur les façons de remédier, au moins partiellement, aux effets négatifs à partir de la littérature et
des résultats d’un modèle stochastique.
1. Importance du risque de production dans le contexte sahélien
De nombreux économistes se sont penchés sur le risque. F. Knight (1921) est l’un des premiers à
raisonner dans les cas d’incertitude et d’absence d’information complète. Il fait la distinction entre
le risque qui implique la connaissance de probabilités numériques objectives, et incertitude, où les
résultats sont incertains et les probabilités inconnues. Les auteurs comme Newbery et Stiglitz
(1981) confortent cette idée en distinguant les risques systémiques et les risques non systémiques (ou
spécifiques). Les risques systémiques renvoient à des événements qui se répètent dans le temps,
avec des probabilités qui peuvent être analysées de façon à obtenir de bonne estimation des
risques actuariels. A l’inverse, les risques non systémiques se caractérisent par des antécédents peu
nombreux ou consignés de façon imparfaite, de sorte qu’il est difficile d’estimer des probabilités
objectives ou une distribution de résultats.
Les risques sont également classés selon leurs sources. Dans le domaine agricole plusieurs
classifications ont été établies. Huirne et al. (2000) et Hardaker et al. (2004) distinguent deux
grands types de risques en agriculture. Le premier est le risque d’exploitation, qui comprend les
risques de production et de marché, le risque institutionnel et le risque personnel. Le deuxième
grand type est constitué des risques financiers, qui résultent de différentes méthodes de
financement de l’activité d’exploitations agricoles.
Il ressort de ces différentes classifications que l’agriculteur reste un secteur susceptible de
connaitre plusieurs sources de risque. Cependant, les risques les plus importants en agriculture
restent les risques prix et production (OCDE, 2009). Le risque de production est dans une large
mesure déterminé par les conditions météorologiques et les maladies des plantes et animaux. Le
risque prix trouve sa source dans les marchés des intrants et des produits.
L’agriculture des pays sahéliens est en majorité pluviale et par conséquent très dépendante des
conditions pluviométriques. Selon, Lecaillon et Morrison (1984), l'eau conditionne et explique
environ 50% des fluctuations de la productivité et des potentialités agricoles des pays sahéliens).
D’après le dernier rapport du GIEC, les économies des pays en développement paieront le plus