
64 V. Simon, C. Huber-Levernieux, C. Piat
La talalgie au cours des spondyloarthropathies n'entraîne pas de réveils
nocturnes, mais un dérouillage matinal dès la mise en charge qui cède dans la
journée. Seule la durée du dérouillage matinal supérieure à 30 minutes permet
de différencier une cause mécanique ou inflammatoire. La topographie de la
talalgie est plantaire ou postérieure, parfois globale etalors évocatrice d'une
atteinte inflammatoire. La talalgie inférieure est la plus fréquente (85 %) mais
peut être associée à une talalgie postérieure (45 %) [3]. Plus rarement, une
bursite rétrocalcanéenne est responsable d'une achillodynie avec tuméfaction
locale.
À l'examen clinique, la talalgie est provoquée par la pression élective de la
partie inféromédiale ou postéro-inférieure du talon.
Selon Dougados etal., l'histoire naturelle est que la talalgie disparaît en 16 ±
14mois, parfois après 3 ans d'évolution. Une talalgie rebelle après 2 ans d'évo-
lution est notée dans 6 % des cas [10].
La talalgie constitue un symptôme révélateur de spondyloarthropathie dans
un quart des cas d'où l'importance d'évoquer systématiquement le diagnostic
et de rechercher d'autres critères de spondyloarthropathie [1].
Face à une talalgie susceptible d'être rattachée à une spondyloarthopathie,
la démarche diagnostique classique calquée sur les critères d'Amor doit recher-
cher des signes d'atteintes personnels digestifs, urologiques, ophtalmologiques,
dermatologiques, des signes rhumatologiques axiaux (fessalgies et rachialgies
inflammatoires) et périphériques (dactylite, oligoarthrite), une sensibilité aux
anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), des antécédents familiaux de pso-
riasis ou de spondylarthrite.
Selon les critères ASAS (Assessment of Spondylarthritis International Society),
en cas d'atteinte d'une enthèse avant 45 ans, notamment talonnière, le diagnostic
de spondyloarthropathie est retenu s'il existe un psoriasis ou une entérocolopa-
thie inflammatoire ou une infection préalable, ou une uvéite ou une sacro-iléite
à l'imagerie, ou la présence de HLA B27 [16]. Face à une enthésopathie talon-
nière, le diagnostic de spondyloarthropathie est également retenu si elle est asso-
ciée à au moins deux des critères suivants : arthrite, dactylite, entérocolopathie,
histoire familiale de spondyloarthropathie.
Pour le rhumatisme psoriasique, on recherche les critères du groupe CASPAR :
psoriasis actuel ou antécédent personnel ou familial de psoriasis, présence de dac-
tylite actuelle ou passée, absence de facteur rhumatoïde, signes radio logiques de
production osseuse péri-articulaire sur les radiographies des mains et des pieds.
La présence d'une talalgie au cours des spondyloarthropathies n'est pas péjo-
rative contrairement aux autres critères. Les formes enthésitiques s'intègrent
dans les formes plutôt bénignes de la maladie.
Il est parfois difficile de faire le diagnostic différentiel avec une myoaponé-
vrosite plantaire microtraumatique mécanique, d'autant plus qu'il s'agit de la
même population jeune et sportive où les critères cliniques biologiques et radio-
graphiques ne sont pas discriminants et l'échographie ou l'imagerie par réso-
nance magnétique (IRM) sont parfois prises en défaut.
0002177363.INDD 64 10/15/2014 12:04:53 PM