L'excès de focalisation sur une différence donne la priorité au statut, soit d'étranger, soit
d'handicapé ou encore de malade au détriment de la reconnaissance de l'appartenance à la
communauté des individus. Entre singularité et universalité, faut-il choisir ? Comment
assurer l'équilibre ? La solution est très certainement dans la non stigmatisation et dans un
ajustement permanent.
Il est désormais admis (comme acquis de la recherche en sciences sociales) que toute forme
de catégorisation de désignation de l'Autre, tout discours sur l'Autre, même charitable,
généreux et ouvert, contribue à marquer, à notifier une distance entre EUX et Nous, Lui et
Moi. Nommer, désigner ne sont pas des actes éthiquement neutres.
Sartre avait déjà émis l'idée que c'est la question juive qui a crée la "catégorie" juive, de même
la question immigrée permet de faire perdurer la "catégorie" immigrée.
Pointer les différences entraîne inexorablement une logique d'exclusion. Toutes les formes
politiques de ghettoïsation sont construites sur la légitimation des différences entendues
comme marquages, social, culturel, psychologique, médical....
* De la connaissance à la Re-connaissance
Toute relation d’accompagnement s'inscrit dans un contexte marqué par une histoire, une
psychologie, une sociologie... . Dans ce cas, comme dans toutes les autres situations, les
identités des partenaires, les représentations réciproques, les comportements sont dépendants
du milieu et de la relation entretenue et pas seulement des caractéristiques propres à chacun.
Autrui n'est pas que la somme de ses traits mais s’inscrit dans une relation. Ceci revient à
remettre en question les perceptions réciproques qui ne sont souvent que des projections.
C'est de la nature des relations que dépendent les représentations et non l'inverse (cf.
notamment les travaux sur les stéréotypes, les préjugés, le racisme....).
La question de l'altérité se pose moins à partir d'une connaissance par marquage,
catégorisation, par description de l'Autre que par une compréhension inter-subjective. Autrui
ne se laisse pas désigner a priori, en dehors de lui, en dehors d'une communication, d'un
échange, d'une relation de sujet à sujet et non pas de sujet à objet.
Il ne suffit donc pas de connaître l'Autre, à partir d'un dossier ou d'informations culturelles,
sociologiques, psychologiques, médicales, mais d'apprendre à la re-connaître.
En effet, ce n'est pas parce que je dispose de connaissances factuelles sur tel ou tel individu ou
groupe -social ou d'une autre nature-, quelle que soit la qualité de ces informations, que la
relation est plus facile. Il y a de fait un décalage entre une compétence essentiellement