LETTRE D’INFO TRIMESTRIELLE DES LE JOURNAL 2015 08 juillet edito INFIRMIERS LIBÉRAUX OCÉAN INDIEN Président Emmanuel ADAIN Les professionnels de santé libéraux ont-ils un avenir ? Voilà une drôle de question ! A l’heure où les lycéens ont terminé de plancher et vont savourer leurs vacances, les IDEL se relayeront dans ces mois de congés pour assurer leurs soins. Sommes-nous les acteurs indispensables d’un système de santé qui veut se réformer ? Assurément, notre URPS en est persuadé ! Notre mission est d’en persuader les acteurs de la vie civile, nos élus et nos autorités de régulation. Jugez plutôt ! Les infirmiers libéraux s’engagent dans la recherche, coordonnent leurs actions avec les autres professionnels de santé, démontrent leur intérêt et savoir-faire dans l’éducation thérapeutique du patient, investissent les collèges, les nouvelles technologies et présente même leurs travaux dans des congrès internationaux ! La question devient alors : quel avenir pour les soins de premier recours sans les infirmiers libéraux ? Une partie de l’énergie qui nous anime et nous pousse chaque matin sur les routes nous est fournie par ce carburant essentiel : la passion de réinventer chaque jour notre histoire avec nos patients. Entraver notre liberté d’innover dans notre approche du soin, c’est construire des parcours de soins alourdis, bureaucratiques et plus chers ! Alors, profitons de cette période d’hiver austral pour remuer nos méninges et affirmer notre place. Très sincèrement. A l’initiative de votre URPS Vos soignants mieux informés, Vos soins mieux coordonnées. A l’initiative de votre URPS N’hésitez pas à commander vos cartes de coordination des soins pour vos patients. Allez sur le site URPS : http://ocean-indien.infirmiers-urps.org/ Gratuites ! Livrées sous 8 jours. Vous pouvez visualiser le clip sur le site INTERNET de l’URPS LE JOURNAL DES INFIRMIERS LIBERAUX à LA REUNION 32 rue Roland Garros - 97400 Saint-Denis Directeur de la publication Emmanuel Adain - Rédactrice en chef Gaëlle OLLIVIER GOUAGNA mail : [email protected] - tel 0692 082796 Nombre d’exemplaires : 1800 Mise en page LATCHO’DROM - Fabienne Desperches - Impression CBL Calligraphy Saint-Denis LES INFIRMIERS AU COEUR DU PROJET DIABETE AU COLLEGE L’URPS Infirmiers de l’Océan Indien en partenariat avec le collège Emile Hugot (La Bretagne, Saint Denis) s’est engagée dans la lutte contre le diabète avec un projet global en 2014/2015 sur la prévention de la maladie avec les 485 collégiens et les 70 encadrants. Nous avons proposé aux collégiens différents ateliers : Diététique pour connaître les familles des aliments et déterminer le repas équilibré dans leur cantine. Dépistage pour plus d’un tiers des collégiens (180 élèves) réalisé par des IDEL. Prévention avec : • des ateliers de compréhension de la maladie • des entretiens avec des malades • la création avec l’écriture et la réalisation d’un court métrage de prévention « Immangeable » disponible sur le site : http://festival-cnovi-2015.tumblr.com/ • Une marche dans les quartiers de la Bretagne et de Primat par les collégiens de 5ème pour informer les habitants avec des prospectus réalisés par eux-mêmes. • Une matinée sportive avec les associations sportives du quartier. Cette initiative a été novatrice et enrichissante pour tous les partenaires. Espérons que tous ces collégiens se rappelleront les enseignements reçus pour un futur en bonne santé. Le diabète touche maintenant près de 10% de la population réunionnaise. Odile Lhuillier, infirmière libérale, secrétaire de l’URPS : « Cette initiative permet aux infirmières libérales de s’engager encore et toujours dans la prévention. Une aventure enrichissante au sein d’un collège ! » Linda Minatchy, Yan Thomas, professeurs de SVT du collège Emile Hugot : « Le projet diabète a permis à tous les élèves du collège de voir les différents aspects de la maladie et surtout de connaître les comportements adéquats : prévention par l’alimentation et le sport, dépistage pour retarder au maximum l’apparition des complications. Il faudra toutefois encore du temps pour que les comportements alimentaires soient modifiés. Le dépistage ainsi que la marche dans le quartier contre le diabète ont été deux moments très forts. Les élèves de 5ème, quel que soit leur niveau scolaire, ont montré à cette occasion qu’ils ont parfaitement intégré l’essentiel sur le diabète. Les échanges avec la population, avec les élèves des écoles primaires ont été très riches. De plus, les retours montrent que les élèves de primaire se sont également sentis concernés par le sujet ». Quels sont les outils déjà à disposition du patient, du professionnel de santé ? l’urps vous informe La santé connectée Par Richard Touret et Loic Radama (Runware ) Qu’est ce que la santé connectée ? DOSSIER La santé connectée fait référence aux objets de santé connectés qui sont des capteurs destinés à mesurer les paramètres physiologiques du corps tels que poids, fréquence cardiaque, tension artérielle, glycémie, température… qui sont mesurés et ensuite transmis à une application mobile, à un ordinateur ou à un site internet sécurisé. Le terme e-santé est né dans les années 2000. De manière simplifiée, il était employé pour désigner tout ce qui contribue à la transformation du système de santé vers le numérique. De la e-santé à la m-santé … il n’y a qu’un mobile ! L’utilisation du téléphone mobile et des communications mobiles émergentes en santé n’est apparue qu’environ six ans après. La m-santé a été définie par l’OMS comme : « l’ensemble les pratiques médicales et de santé publique reposant sur des dispositifs mobiles tels que téléphones portables, systèmes de surveillance des patients, assistants numériques personnels et autres appareils sans fil ». Autrement dit, lorsque nous parlons d’applications mobiles ou d’objets connectés de santé, nous évoquons en fait la m-santé. Par ailleurs, la e-santé et la télémédecine sont des notions différentes. La télémédecine compte 5 composantes que sont la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale et la réponse médicale apportée dans le cadre de la régulation médicale. Par exemple, la télésurveillance est « le fait de permettre à un professionnel médical d’interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d’un patient et, le cas échéant, de prendre des décisions relatives à la prise en charge de ce patient ». Pour sa part, la e-santé est « l’utilisation des outils de production, transmission, gestion et partage d’informations numérisées au bénéfice des pratiques tant médicales que médicosociales ». Les objets connectés de santé ont un rôle dans la ‘production’ de mesures, dans la transmission et le partage. La gestion se fait par les applications. S’agit-il de simples gadgets ou ont-ils une quelconque utilité médicale ? Aujourd’hui on trouve les deux. On parle alors plutôt d’accessoires de bien-être et de confort d’une part et de dispositifs médicaux d’autre part. Pour le Dr Jacques LUCAS, Vice-Président du Conseil National de l’Ordre des Médecins (CMON) en charge des Technologies Numériques, «ce sont les usages qui arbitreront entre ce qui est «gadget» et ce qui est véritablement utile». L’usage pour l’accompagnement, la prévention et la responsabilisation du patient à l’égard de sa santé apportera un vrai bénéfice sanitaire. La réglementation joue le rôle de garde-fou. Gadgets ou pas, les objets connectés à destination de la santé doivent répondre à une règlementation drastique avant leur mise sur le marché. Notamment, les fabricants doivent satisfaire, en plus des exigences du marquage CE, à des exigences spécifiques aux types de produits « santé » qu’ils veulent proposer sur le marché. La sélection des accessoires connectés de santé se fera naturellement, en fonction du bénéfice rendu et de la facilité d’utilisation. La frénésie occasionnée par le boom des objets connectés suscite forcément les intérêts de nombreuses entreprises. En complément de l’intérêt médical, il y a la sensibilité de chaque personne, qui souhaite ou non mieux se connaître. Une réglementation sécurisante Runware est une start-up technologique innovante basée à La Réunion et ouverte à l’international. L’équipe high-tech conçoit, produit et commercialise dans le monde entier des accessoires électroniques intelligents pour iPhone, iPad, iPod et autres smartphones, ainsi que les applications associées. Vous avez d’une part des applications autonomes, essentiellement avec saisie manuelle et d’autre part des applications connectées à des accessoires de mesure. Les applications non connectées sont très nombreuses, pour le patient comme pour le professionnel de santé. Qu’il s’agisse d’applications de conseil, de prévention, d’informations ou d’aide à l’observance, celles-ci sont largement disponibles, par exemple sur l’Apple Store ou sur Google Play (Android). Pour ce qui est des accessoires connectés, les patients ont accès à un large panel : cardio fréquence mètres, tensiomètres, thermomètres, pèse-personnes ou encore piluliers électroniques. Pour les professionnels de santé, l’offre est moins abondante ou souffre peut être d’un positionnement peu clair des fabricants. Dans la pratique, il existe peu de dispositifs médicaux connectés, dédiés spécifiquement aux professionnels de santé. Ces outils sont ils accessibles à tous en termes d’utilisation mais également en terme financier? Les accessoires connectés sont récents, ils ont donc généralement une ergonomie, une facilité d’utilisation qui les rend pratiques, portables, utilisables en toutes circonstances ou presque. Ils sont donc accessibles, en revanche, ils embarquent de l’électronique et sont généralement plus fragiles qu’un accessoire mécanique, par exemple un stéthoscope et un brassard pour prendre la tension artérielle. Les objets connectés offrent l’avantage de faciliter la comparaison, les historiques. On stocke plus facilement les informations, on peut calculer des évolutions, apporter des conseils. Les mesures peuvent être géolocalisées où la mesure a-t-elle été prise ? et horodatées quand a-t-elle été prise ?, donc être traçables, ce qui peut être bien utile pour les infirmiers. Les accessoires connectés sont légèrement plus coûteux, mais l’écart est faible. Enfin, nous pensons que des offres de location de ces accessoires vont apparaître et inclure du support et du service, à destination des patients et des soignants. Car « la technologie sans service » n’est rien ! Comment assurer la sécurité de données médicales sensibles ? Qui peut y accéder et les utiliser ? A l’origine, on distinguait les données de bien-être et données médicales. La distinction tend à disparaître. Par exemple, bientôt les données émanant de l’application que vous utilisez lorsque Sources : vous faites votre footing seront des données de santé. Les données médicales sensibles sont très encadrées par la législation en France. Elles doivent être hébergées par des spécialistes dument habilités ‘hébergeur de données de santé’ et ne sont accessibles qu’aux professionnels de santé, sur la base d’un consentement ‘libre et éclairé’ du patient et au patient luimême, qui doit pouvoir accéder ‘à tout moment’ à ses données (Article L1111-7 du Code de la Santé). A La Réunion, quels sont les outils déjà disponibles pour les infirmiers ? A la Réunion, les infirmiers peuvent acquérir des objets de santé connectés … mais pour leur usage personnel ! Des glucomètres connectés ‘multi-utilisateurs’ vont bientôt apparaître ainsi qu’un kit du praticien incluant un glucomètre, un tensiomètre de bras, un pèse personne, un thermomètre d’oreille et un capteur d’activité physique permettant aux infirmiers d’utiliser ces outils de mesure lors de leurs visites ou dans leur cabinet. On peut en attendre un gain de temps pour les infirmiers pendant leur consultation, une prise de mesure plus systématique et une meilleure traçabilité, en particulier grâce à des dossiers patients électroniques qui seront de plus en plus fréquents. Quelles sont les perspectives dans les 3 prochaines années ? Nous allons être de plus en plus connectés, de plus en plus équipés, pour le meilleur - meilleur suivi - et peut être le pire risque d’abus de tous ordres. A titre illustratif, nous disposons en 2015 de 3,5 objets connectés par personne tous objets confondus. Nous disposerons de 6,5 objets connectés par personne en 2020 ! De même, on estime qu’un smartphone sur deux téléphone tactile à écran large aura au moins une application de santé installée en 2017 ce qui représenterait 1,7 milliard d’utilisateurs dans le monde. Ce qui est encourageant pour les professions de santé : 9 patients sur 10 ont besoin d’un référent pour interpréter les données de santé, 8 patients sur 10 souhaitent partager les données avec leur praticien et 7 personnes sur 10 sont prêtes à utiliser des objets connectés recommandés par leur praticien. L’avenir des objets connectés de santé passe donc par une interaction, presque un partenariat entre le patient et ses soignants. Les infirmiers sont donc au cœur de cette évolution. Il nous semble primordial qu’ils anticipent et accompagnent cette évolution. • Informations Runware • Vade-mecum des objets connectés, APSSIS 2014 • Santé connecté, janvier 2015, Le Livre Blanc du Conseil national de l’Ordre des médecins : de la e-santé à la santé connectée • Santé connectée : quelle réglementation ? Nicolas Postel-Vinay; Hôpital européen Georges-Pompidou (Paris). Actualisation septembre 2014. • Le corps, nouvel objet connecté, du Quantified Self à la m-santé : les nouveaux territoires de la mise en en données du monde, cahier IP Innovation & Prospective n°2 CNIL • Orange Healthcare : http://healthcare.orange.com/a-la-une/a-la-une/infographie-la-transformation-digitale-de-l-hopital • http://fr.slideshare.net/cyberbaloo/laccessibilit-des-objets-connects. NOS INFIRMIERS ONT DU TALENT >Sophie Schmitt Sophie Schmitt est diplômée depuis 1998. Durant ces 4 années d’exercice en libéral, elle s’est très vite intéressée à la prise en charge de la douleur de ses patients. Spécialiste grâce à l’obtention de 2 diplômes universitaires sur la prise en charge de la douleur dont un spécifique en cancérologie, elle se consacre maintenant à la transmission de ses connaissances au travers de diverses formations, et notamment sur l’antalgie autocontrôlée (PCA : Patient Controlled Analgesia) (morphine, oxynorm…) à domicile. Cette application permet d’entrer rapidement et intuitivement la prescription du médecin et les propres données des IDEL afin de calculer les paramètres de programmation de la pompe PCA. Les IDEL peuvent ensuite choisir facilement les ampoules les plus appropriées pour préparer leur dilution. L’application calcule le débit continu, la quantité de sérum physio à rajouter, la concentration, le volume bolus etc... L’application apporte aussi une plus grande sécurité en émettant des alertes en cas d’erreurs ou de débit trop faible. Cette application est disponible sur l’Apple store très bientôt sur Androïd. La PCA est une technique qui permet au malade de s’autoadministrer à l’aide d’une pompe programmable des doses prédéterminées d’antalgique par voie parentérale (intraveineuse ou sous-cutanée). Afin de faciliter cette prise en charge Sophie a développé une application « PCA calculateur » destinée en particulier aux infirmières libérales pour la prise en charge de PCA d’opioides L’URPS VOUS a proposé Les infirmiers libéraux au cœur de l’ETP lors des premières rencontres de l’Education thérapeutique du Patient (ETP) – EDUTHERUN L’éducation thérapeutique du patient est une priorité de santé publique qui doit être accessible équitablement à toute personne souffrant de maladie chronique. Le Haut Conseil de Santé Publique recommande depuis de nombreuses années d’intégrer l’ETP aux soins de premier recours. Eu égard à la formation et aux compétences des infirmiers, ainsi qu’à leur proximité et leur présence quasi quotidienne sur le lieu de vie de leurs patients, l’accompagnement par les infirmiers libéraux des patients atteints de pathologies chroniques constitue une véritable opportunité pour la collectivité. Cependant, nous ne pouvons ignorer la réalité du terrain : les professionnels du premier recours et plus particulièrement les infirmiers sont encore trop peu impliqués dans ces démarches. Les solutions proposées par les instances peinent à convaincre alors que les besoins sont évidents. A La Réunion, nous avons une chance inédite liée à la proximité des acteurs et à la qualité de leur relation. Véritable laboratoire de solutions innovantes dans la santé, nous avons l’ambition durant ces deux jours de travail de rassembler les expertises, d’identifier les besoins et les freins au développement de l’ETP et enfin, de proposer des réponses à ce défi. EDUTHERUN 2015 a permis de réunir plus de 150 personnes dont près de la moitié d’infirmiers libéraux. A l’occasion de ces premières rencontres, deux initiatives ont été portées par l’URPS Infirmiers OI. • La possibilité pour la journée du vendredi 19 d’être DPC Validante sur le thème de « l’ETP dans la prise en charge de la douleur » avec comme formatrice Mme Pascale WanquetThibault. • La remise du premier prix de la recherche paramédicale de l’Océan Indien 2015 par l’URPS infirmiers à un jeune chercheur Mathieu David, dont le projet sur « l’appréciation du choix du patient et de l’infirmier pour un repérage du diabète de type 2 ».