Clochers et minarets : autorisation en équilibration contre emprise.
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Clochers et minarets : autorisation en
équilibration contre emprise.
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Date de mise en ligne : samedi 5 décembre 2009
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Clochers et minarets : autorisation en équilibration contre emprise.
Le vote suisse est dangereux pour la dérive haineuse globale qu'il entraine . A question mal posée risque de
mauvaise réponse. Mais il est encore possible de reconnaitre le fait architectural religieux tout en affirmant
vouloir circonscrire sa trop forte emprise dans l'espace public qu'il s'agisse de minarets, clochers ou autre.
Le premier texte portant sur l'emprise du religieux et du marchand a été complété par un autre qui emporte
des précisions d'ordre culturel et idéologique.
1 - Autoriser mais limiter l'emprise du religieux sur l'espace public
Le débat sur les minarets donne lieu à des positions radicales opposées alors qu'un compromis est réalisable à partir
de principes clairs et cohérents. Les principes ne sont que des indicateurs mais ils doivent être diffusés.
L'espace public devrait être neutre. Cet idéal n'est pas évidemment pas respecté. On peut même dire que c'est
utopique. Il subi l'emprise de la marchandisation et celle du religieux. A défaut d'être totalement neutre on devrait
limiter cette double emprise. Car qui dit emprise dit dépassement d'une limite. Un peu de religieux çà va trop c'est
trop ! On peut en dire autant de la marchandisation : un peu de pub çà va trop c'est trop. On peut à cet égard
invoqué la notion d'équilibration qui vient de Proudhon sous le sens "équilibration des contraires" et qui a été
exhumée ou réhabilité par le sociologue altermondialiste Philippe Corcuff.
Du côté de l'emprise MARCHANDE
Les tableaux d'affichage associatif (souvent moches certes) disparaissent au profit des grands panneaux
publicitaires (très propres évidemment). Cette dynamique va dans le sens de l'emprise de la marchandisation du
monde. Une autre dynamique plus respectueuse de la vie locale (mêmes avec ses quelques débordements) viserait
à favoriser l'expression associative de quartier avec plus de panneaux et à limiter la prolifération des grands affiches
commerciales. Il en va de même pour l'emprise historique du religieux qui est mon propos principal.
Du côté de l'emprise RELIGIEUSE
Autoriser des locaux de prière pour les différentes religions ne fait pas problème pour l'immense majorité des gens
mais sous certaines conditions. Les religions disposent toutes de locaux sauf l'islam. Ce que l'on nomme l'islam des
caves qui devient l'islam à ciel ouvert - euphémisme d'islam dans la rue - n'est pas une solution. L'exercice du culte
doit être privé. Ce qui suppose des locaux. Les religions ont de l'argent pour en construire.
Reste à examiner les conditions. Il convient de rassurer la population sur ce point . Si aucune garantie n'est prise sur
les conditions d'installation alors on trouve des réactions de protection qui ne font pas dans la nuance Un
compromis, un équilibre des tolérances est nécessaire . Il y a besoin que les élites politiques affichent leur sens du
compromis dont elles sont par ailleurs coutumières à l'ordinaire . Ce compromis devrait limiter l'emprise du religieux
dans l'espace public . Autoriser certes mais en donnant des limites. Ce qui pose problème ce n'est pas l'existence de
minarets discrets c'est l'existence de grands minarets et de minarets faisant appels bruyants à la prière. On dira que
les cloches qui sonnent ne semblent pas poser problème. En toute logique si. De la même manière que l'appel du
muezzin. Mais il semble que ces appels soient rares.
Que comprendre ?
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C'est le caractère ostentatoire et même impérialiste de certaines constructions qui gêne, qui importune. Une
castration des phallus religieux est demandée qui n'est pas de l'islamophobie.
Qu'est ce qu'un grand minaret demandera-t-on ? La réponse vient de la commune de Genevilliers - lue dans Ouest
France de ce 1/12/09 - c'est un minaret plus haut que la mairie. Autrement dit on prend un bâtiment symbolique de la
République et on dit pas plus haut ! Moins de grandiose et plus d'humilité pour les religions ne saurait faire de mal à
la tolérance mutuelle.
Si l'on veut bien regarder les choses ainsi, alors on évite l'affrontement et de traiter de racistes et de fascistes des
gens qui ne le sont pas.
2 - Laïcité -équilibration contre emprise.
On connaissait deux formes de laïcité : la laïcité-séparation et la laïcité-neutralité voici la laïcité-équilibration. La
laïcité équilibration promeut la tolérance réciproque, l'ajustement des intérêts. Ce qui est possible pour la laïcité ne
l'est pas nécessairement dans tous les domaines. La laïcité a pour but de créer un espace commun ou il est possible
de vivre ensemble en reconnaissant des différences qui sont acceptables non excessives. Telle société va dire que
les signes religieux discrets sont acceptables à l'école mais pas les signes ostensibles ou ostentatoires. Ce faisant
on peut dire qu'elle tranche un conflit de société en acceptant un peu mais en refusant l'excessif, l'abusif. C'est
chaque société en fonction de son histoire qui ajuste ce compromis social.
Ce n'est pas parce que l'autre camp procède à des amalgames que nous devons faire de même. Le gros du vote
anti-minarets est sans doute xénéophobe mais pas tous loin de là. Il faut chercher à comprendre avant de
caractériser à l'emporte-pièce. La vision globalisante, pratiquant la confusion et le campisme constant n'aide pas à
gagner ceux qui pensent hors des deux schémas.
Procédons à quelques distinctions qui aident à comprendre et structurer la complexité des visions du monde dans le
champ culturel et dans le champ théo-idéologique. Ces distinctions relèvent plus des expériences militantes que
d'une analyse savante ou scientifique.
1. - Aspects CULTURELS : trois conceptions du monde en présence.
Certains aiment les villages avec clocher et estiment que c'est là le bon terroir et la ruralité qui forme l'identité de
la France (Agoravox le 1/12/09) en différence avec les villages musulmans des pays arabes. Nous sommes
différents restons-le ! Ce respect des différences débouche sur un " chacun chez soi " complété
marginalement par une acceptation de l'autre sous condition d'assimilation.
D'autres aiment la pluralité par réaction à ce chauvinisme et veulent un mixte de bâtiments religieux comme
paysage de tolérance.
D'autres encore n'approuvent ni l'un ni l'autre : le premier pour sa préférence catholique séparatiste fondée sur la
subculture chrétienne qui perdure, le second car ils se font plus religieux que les religieux en autorisant un
envahissement du religieux pluriel . Ici il peut y avoir deux positions l'une laïque radicale plus d'église,
synagogue et mosquées (bulldozer à la Pol-Pot) , l'autre plus modérée qui les acceptent mais limitant à l'avenir le
caractère ostensible et grandiose tant pour les grands minarets que les grands clochers.
2 - Aspects IDEOLOGIQUES : une double dégénérescence qu'il faut critiquer :
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Versus déplacement des acteurs visés : Celle islamistophobe (critique de l'islamiste et de l'islam radical ) qui
dégénère vers la musulmanophobie (peur de tous les musulmans assimilés aux islamistes radicaux) . Exemple de
lecture : En 1998, le premier ministre Turc actuel, M Erdogan, disait : "Les mosquées sont nos casernes, les
coupoles nos casques, les minarets nos baïonnettes et les croyants nos soldats." A partir de là on imagine que les
dirigeants des mosquées sont tous des islamistes radicaux. On ne sait que peu de chose sur le sujet d'ailleurs. Mais
la raison impose de penser que la présence-absence de minaret n'est pas très déterminante sur leur activité qu'ils
peuvent mener sur les autres lieux de prières, rues ou caves.
Versus " du texte aux croyants " : Celle islamophobe (entendu ici au sens strict comme simple critique de l'islam
pouvant aller jusqu'au blasphème) qui dégénère vers l'islamophobie raciste, la musulmanophobie (de Robert
Redeker au clip de Wider) . Ce discours contient en général une part de critique acceptable du texte religieux et de
ses pratiques mais aussi une critique in fine des croyants. Autrement dit il opère tôt ou tard un passage de la critique
d'une croyance à une stigmatisation des croyants. Le passage peut être plus ou moins net dans "l'incitation" ce qui
fait qu'il n'y a pas toujours procès juridique.
Christian Delarue
Qui exprime ici une conception complémentaire voire différente de celle du MRAP dont il est membre (BE &CA)
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