0. Quelques rappels essentiels
Ce mini-paragraphe veut seulement rassembler les quelques pr´
erequis les
plus signiÀcatifs, pour les «faire remonter `
alasurface». Pour des raisons
de volume disponible, et parce que ces r´
esultats font partie des pr´
erequis,
ils sont donn´
es sans d´
emonstration ; le lecteur trouvera facilement dans la
litt´
erature ces r´
esultats classiques.
0.1. Corps et anneaux — Les structures alg´
ebriques au centre de cet
ouvrage sont les corps Ànis, essentiellement en caract´
eristique 2. Nous en
rappelons le b-a-ba. On suppose que le lecteur sait qu’un anneau quotient
Z[X]/f,o
`
ufest un polynˆ
ome irr´
eductible de degr´
ed,estuncorps`
a
pd´
el´
ements, et que ce corps contient canoniquement un z´
ero de f;cest
un corps de rupture de f;lepluspetitcorpsdanslequelfse factorise en
produits lin´
eaires est le corps de d´
ecomposition de f.
Proposition 0.1. — Soit Kun corps Àni de caract´
eristique p.
L’application KK,t→ tp, est un automorphisme de Kqui Àxe Z/pZ
(l’automorphisme de Frobenius).
Proposition 0.2. — [Th´
eor`
eme de Wedderburn] — Tout corps Àni
est commutatif et son groupe multiplicatif est cyclique.
Un g´
en´
erateur du groupe multiplicatif d’un corps Àni est appel´
eun
´
el´
ement primitif. Cette notion est centrale en nombre d’endroits de l’ouvrage.
Nous utiliserons les lettres grecques α,β,γ,etδpour d´
esigner un ´
el´
ement
primitif d’un corps Àni.
Proposition 0.3. — Soit Kun corps Àni `
aq=pd´
el´
ements. Alors
il est un corps de d´
ecomposition de XqXsur Z/pZ.Inversement,si
q=pd, un corps de d´
ecomposition de XqXsur Z/pZest un corps `
aq
´
el´
ements.
1
Proposition 0.4. — Un corps Kde cardinal pdposs`
ede un sous
corps de cardinal pcsi et seulement si cdivise d, et chacun de ces sous-corps
est unique. Pour chaque entier d>0et chaque nombre premier p,ilexiste
exactement un seul corps (`
a isomorphie pr`
es) de cardinal pd(on le note
Fpd).
Il r´
esulte de ces ´
enonc´
es que Fq=2m, outre 0 et 1, est form´
e exactement
des ´
el´
ements de la forme αk,1kq2, pour au moins un ´
el´
ement
α, que αmest combinaison lin´
eaire de 1, α,α2,...,αm1, que les corps
Ànis de caract´
eristique 2 peuvent essentiellement ˆ
etre vus comme formant
un treillis0.1dont le plus grand ´
el´
ement, identiÀable `
alar
´
eunion des Fq=2k,
est la clˆ
oture alg´
ebrique de F2.
Dans notre vocabulaire, anneau signiÀera anneau unitaire ; nous de-
mandons donc aux morphismes de pr´
eserver l’unit´
e, et aux sous-anneaux
de contenir l’unit´
e de l’anneau. Les anneaux qui nous concernent sont sou-
vent des anneaux de polynˆ
omes. Rappelons qu’on appelle valuation d’un
polynˆ
ome le degr´
e de son terme de plus petit degr´
e ; on note val (f)laval-
valuation
d’un
polynˆome uation d’un polynˆ
ome f. C’est une notion qui reviendra en de nombreux
endroits de cet opuscule.
Proposition 0.5. — Si Aest int`
egre, A[X1,...,X
n],n>0,est
factoriel.
Un anneau est dit int`
egre quand le produit de deux ´
el´
ements non nuls
est non nul. De mˆ
eme que l’on construit Qcomme corps de fractions
de l’anneau int`
egre Z, on construit formellement le corps de fractions de
tout anneau int`
egre A. C’est le quotient de A×A\{0}par la relation
d’´
equivalence d´
eÀnie par (P, Q)(R, S)⇐⇒ PS =QR.On´
ecrit P
Q
ou encore P/Q pour d´
esigner la classe de (P, Q), et on parle de fractions.
L’addition en «passant au mˆ
eme d´
enominateur»,P
Q+R
S=PS +QR
QS ,est
bien d´
eÀnie, de mˆ
eme que le produit, P
Q×R
S=PR
QS .L
´
el´
ement 0/1, qui
est la classe de (0,Q), est le neutre pour l’addition, et 1/1 le neutre pour
la multiplication ; chaque ´
el´
ement non nul est inversible, l’inverse de P/Q
(P=0)´
etant Q/P .On´
ecrit FApour d´
esigner le corps de fractions de A.
0.1Un treillis est un ensemble partiellement ordonn´
e dans lequel chaque paire
admet une borne sup´
erieure et une borne inf´
erieure.
2
Un anneau int`
egre Ase plonge canoniquement dans son corps de fractions
par t→ t
1; nous notons iAce plongement.
Proposition 0.6. — Tout corps Kcontenant un anneau int`
egre
Acontient canoniquement son corps de fraction : si j:AKinjecte
un anneau dans un corps K, alors il existe un unique homomorphisme
u:FAKtel que j=uiA.
Proposition 0.7. — Si Aest factoriel et si f(x)A[x]est
irr´
eductible, alors fest aussi irr´
eductible dans FA[x].
Si pest un id´
eal premier de A, l’ensemble des fractions dont le localis´e
de Aen p
d´
enominateur n’appartient pas `
apforment un anneau, le localis´
edeA
en p,Ap. Les localis´
es Apsont des exemples d’anneaux qui n’ont qu’un anneau
local
seul id´
eal maximal. Ces anneaux sont dits locaux. Un anneau int`
egre Aest
dit valu´
eson corps de fraction ou son inverse est dans A; un anneau valu´
eanneau
valu´e
est local.
Une autre notion d’alg`
ebre commutative que le lecteur rencontrera est
celle de radical ; le radical d’un id´
eal Id’un anneau commutatif Aest radical
l’ensemble des ´
el´
ements de Adont une puissance appartient `
aI.Cestun
id´
eal (v´
eriÀcation laiss´
ee au lecteur) ; un id´
eal est dit radical s’il contient
tous les ´
el´
ements dont il contient une puissance ; les id´
eaux radicaux jouent
un rˆ
ole tr`
es important en g´
eom´
etrie alg´
ebrique ; le lecteur pourra consulter id´eal
radical
[17] par exemple sur le Nullstellensatz de Hilbert,etdemani
`
ere plus
g´
en´
erale, [18] sur ces notions qu’il rencontrera dans la partie Boˆ
×te `
a outils
de l’ouvrage.
Une fonction f:KnKest dite sym´
etrique si elle ne change pas de
valeur quand on permute ses arguments. En d´
eveloppant le polynˆ
ome :
(X+x1)...(X+xn)=Xn+a1Xn1+a2Xn2+···+an,(P)
on v´
eriÀe que a1est la somme des xi, que a2est la somme des xixjpour
tous les couples (i, j) tels que i=j, que akest la somme de tous les produits
de xi1...x
ik, les indices ih´
etant deux `
a deux distincts, et que anest le
produit de tous les xi. On peut montrer que toute relation sym´
etrique est
une expression alg´
ebrique en les ai,`
acoefÀcients entiers. Par exemple,
x3
1+x3
2+x3
3=a3
1+a1a2+a3, ou encore 1
x1
+1
x2
+1
x3
=a2
a3
. Cela est en
somme de
Newton
particulier vrai des sommes de Newton sk=xk
1+xk
2+···+xk
n.
3
Proposition 0.8. — Les sommes de Newton et les coefÀcients
aidu produit (P) sont li´
es par les relations de Newton —se rappeler que
nous sommes en caract´
eristique 2— :0=s1+a1,0=s2+a1s1,... ,
0=sn+a1sn1+···+an1s1+nan.
0.2. Matrices de Vandermonde. R´
esultantes —
Le lecteur est suppos´
e connaˆ
×tre l’alg`
ebre lin´
eaire enseign´
ee au premier
cycle universitaire. En particulier, tout ce qui concerne les d´
eterminants et
la dualit´
e doit lui ˆ
etre assez familier. Les points particuliers suivants nous
seront utiles.
On appelle matrice de Vandermonde une matrice de la forme
x1x2... x
n
x2
1x2
2... x
2
n
.
.
..
.
.
xn
1xn
2... x
n
n
Son d´
eterminant est 1jnxj1i<jn(xjxi) ; elle est donc inversible
si et seulement si les xisont non nuls et distincts. Nous nous int´
eresserons `
a
un cas particulier. Soit αun ´
el´
ement primitif de F2m(et posons n=2
m1) ;
la matrice de Vandermonde V(x), pour x=αk,1kn1, est la
matrice de Mn(Fq)determeg
´
en´
eral vij =x(i1)(j1) :
V(x)=
11... 1
1x ... x
n1
.
.
..
.
.
1xn1... x
(n1)2
.
Il est laiss´
e en exercice au lecteur de montrer que l’inverse de V(x)est
V(x1).
Une autre application essentielle de l’alg`
ebre lin´
eaire pour nous est la
r´
esultante de deux polynˆ
omes. Nous nous restreignons `
a la situation suiv-
ante. Consid´
erons deux polynˆ
omes homog`
enes distincts et irr´
eductibles :
P=
0km
akXkQ=
0kn
bkXk
de F2[Y,Z][X]F2[X, Y, Z], n’appartenant pas `
aF2[X, Y ];lesaket bk
sont des polynˆ
omes homog`
enes en (X, Y ), de degr´
es respectifs mket
4
nk.`
A quelle condition Pet Qont-ils une racine commune (x0,y
0,z
0)
P2(F2) ? Consid´
erons, Ek´
etant l’espace vectoriel sur le corps commutatif
K=F2(Y,Z) engendr´
eparlesXipour 0 ik1 et l’application
lin´
eaire : φ:En×EmEm+n,(U, V )→ PU +QV .
Formons la matrice de φdans les bases canoniques (les monˆ
omes
Xk):sapremi
`
ere colonne est form´
ee des coefÀcients de P(des polynˆ
omes
homog`
enes en (X, Y ), sa deuxi`
eme de ceux de XP,san-i`
eme de ceux de
Xn1P,san+1-i
`
eme de ceux de QenÀnsaderni
`
ere de ceux de Xm1Q.
On commence par ´
ecrire la diagonale principale, dont les npremiers termes
sont ´
egaux `
aa0,lesmsuivants `
abn; puis au-dessous de chaque a0il y a
un a1, au-dessous de chaque aiil y a un ai+1,.., jusqu’`
aam; au-dessus de
chaque bnil y a un bn1, jusqu’`
ab0, ensuite des 0. C’est la matrice de
Sylvester des deux polynˆ
omes. matrice de
Sylvester
S=(si,j )=
pm0··· 0qn0··· ··· 0
.
.
.pm
....
.
..
.
.qn
....
.
.
.
.
..
.
....0.
.
..
.
........
.
.
.
.
..
.
.pm
.
.
..
.
....0
.
.
..
.
..
.
.q0
.
.
.qn
p0
.
.
..
.
.0q0
.
.
.
0p0
.
.
..
.
.0
....
.
.
.
.
.0
....
.
..
.
..
.
........
.
.
0··· 0p00··· ··· 0q0
Elle a m+nlignes et autant de colonnes. Le d´
eterminant de cette matrice
est la r´
esultante des deux polynˆ
omes, not´
eR(P, Q). esultante
Si Pet Qavaient un diviseur commun Dde degr´
ed1enX, ce qui
est exclu par hypoth`
ese, on aurait P=PDet Q=QD,Pet Q´
etant
de degr´
eenXrespectivement, inf´
erieur ou ´
egal `
am1etn1, donc
appartenant `
aEm, pour P,etEn, pour Q.Alorsφ(Q,P) serait nul, φ
ne serait pas injective et det(S) serait nul.
Proposition 0.9. — Si Pet Qsont des polynˆ
omes de F2[Y,Z][X]
sans diviseurs communs, leur r´
esultante R(P, Q)F2[Y,Z]n’est pas le
polynˆ
ome nul.
Proposition 0.10. — Soient P(X, Y, Z)et Q(X, Y, Z)de polynˆ
o-
mes homog`
enes de degr´
emet nrespectivement. Leur r´
esultante R(P, Q)est
5
1 / 8 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !