contre les virus de la grippe, en particulier les inhibiteurs
de la neuraminidase, permettent de raccourcir la durée de
la maladie, de diminuer les prescriptions d’antibiotiques et
de réduire la période de contagiosité, à condition toutefois
de les prescrire précocement, idéalement dans les 24 pre-
mières heures. Cela implique pour le praticien la nécessité
d’établir un diagnostic le plus rapidement possible, idéa-
lement « au lit du malade ». La culture a été longtemps le
«gold standard » des techniques de diagnostic de grippe,
cependant les délais d’obtention des résultats (> 24 heures)
ne sont pas compatibles avec une décision clinique
rapide. La technique de RT-PCR (Reverse-Transcription
Polymerase Chain Reaction) est plus sensible que la
culture, avec un ratio de diagnostics positifs de 1,6, plus
rapide, mais n’est pas actuellement disponible dans tous
les laboratoires et est coûteuse [3]. Des tests antigéniques
rapides ou test de diagnostic rapide (TDR) par immuno-
chromatographie ont été comparés aux techniques de
référence et évalués en pratique, afin de mesurer l’impact
sur les décisions cliniques. L’immunochromatographie sur
membrane détecte la présence d’antigènes viraux à l’aide
d’anticorps spécifiques antigrippaux (dirigés contre les
nucléoprotéines) adsorbés sur la membrane (bandelette).
Un anticorps monoclonal, marqué par une enzyme
et spécifique du virus recherché, est préadsorbé sur les
bandelettes. Le prélèvement respiratoire est mélangé par
le manipulateur à quelques gouttes d’un tampon de lyse
(fourni dans la trousse diagnostic) ; ce tampon permet de
détruire les cellules respiratoires et de libérer les antigènes
viraux. Le mélange est déposé sur la bandelette ainsi que
le substrat de l’enzyme. Lorsque le virus est présent dans le
prélèvement, un complexe antigène-anticorps se forme et
une bande colorée liée à la réaction enzyme-substrat
apparaît sur la bandelette.
Les différentes études d’évaluation de ces TDR doivent
prendre en compte plusieurs paramètres : la présentation
clinique de la maladie et la prévalence de la maladie grip-
pale au sein de la communauté testée, mais aussi les carac-
téristiques des différents tests, et le type de technique de
référence. Les tests disponibles commercialement sont
capables de détectés les virus influenza A et B, en général
en moins de 30 minutes, essentiellement par détection de
l’antigène viral. Certains détectent et distinguent les virus A
ou B, d’autres les détectent sans faire de distinction et,
enfin, certains ne détectent que influenza A. S’ils déter-
minent le type A, ils ne sont cependant pas capables d’en
déterminer les sous-types, comme, par exemple, H1N1,
H3N2 ou H5N1. Ils se différencient entre eux par leur
facilité d’utilisation, le type de prélèvements respiratoires
utilisables et le temps nécessaire pour établir un résultat.
Certains tests nécessitent plusieurs étapes pour leur
réalisation, allant de deux à huit, ce qui peut avoir un
impact en pratique clinique en termes d’entraînement
nécessaire pour l’opérateur, mais aussi en termes de
rapidité de résultat [4].
Si les tests peuvent être réalisés sur une variété de spé-
cimen, les résultats peuvent être influencés par le mode et
le lieu de ce prélèvement. C’est ainsi que l’écouvillon-
nage nasopharyngé réalisé après pénétration de l’écouvil-
lon dans la fosse nasale postérieure puis retrait lent en
tournant, semble plus sensible que l’écouvillonnage
nasal effectué par des rotations multiples dans la narine
antérieure, lui-même plus sensible que le lavage naso-
pharyngé [5]. Le prélèvement de gorge serait le moins
sensible. L’efficacité du prélèvement en terme de résultat
tient dans la capacité de récupérer le maximum de cellu-
les infectées. Il devrait être effectué le plus tôt possible par
rapport au début de la maladie, notamment chez l’adulte
où la charge virale diminue après 4 à 5 jours, alors que
chez l’enfant, des tests effectués après 5 jours de maladie
peuvent être encore positifs.
La performance d’un TDR, nécessitant une formation
des cliniciens, est évaluée selon différents paramètres :
sensibilité (Se), spécificité (Sp), valeur prédictive positive
(VPP), valeur prédictive négative (VPN), rapport de vrai-
semblance (LR [Likelihood ratio]), et DOR (Diagnostic
Odds ratio). En pratique clinique, ce sont les valeurs pré-
dictives qui intéressent le clinicien pour poser le diag-
nostic de façon probabiliste. Le résultat du TDR est à
interpréter en fonction de la probabilité « prétest »,
représentée par la prévalence de la maladie dans la popu-
lation étudiée. Plus le test est sensible, meilleure est la
VPP ; le clinicien sera d’autant plus sûr avec un « test »
positif que le patient est atteint de la grippe. Plus le test
est spécifique, meilleure est la VPN ; le clinicien sera
d’autant plus sûr avec un « test » négatif que le patient
n’est pas atteint de la grippe. La prise de décision est le
plus souvent probabiliste devant l’absence de certitude ou
de risque nul. En effet, la prévalence de la grippe (estimée
selon les réseaux de surveillance) associée au contexte
clinique (vaccin, contage éventuel) permet d’établir une
probabilité d’être malade ou probabilité « prétest » qui
peut varier sur une échelle beaucoup plus grande que la
sensibilité ou la spécificité (qui varient rarement de plus
de deux fois). Un test positif n’est qu’un facteur d’amplifi-
cation (ou négatif de réduction) de la probabilité d’être
malade avant le test. Un test est utile uniquement lorsqu’il
fait passer d’une zone de probabilité incertaine à une
zone de probabilité décisionnelle. L’utilité d’un test peut
être mesurée par le rapport de vraisemblance (LR) positif
ou négatif. C’est le facteur par lequel il faut multiplier
la probabilité « prétest » pour obtenir la probabilité
« post-test » de porter l’agent infectieux lorsque le résultat
de l’examen est positif (LR+) ou négatif (LR–).
Pendant la période épidémique, donc de forte préva-
lence de la grippe, un test aura la plus haute VPP (et la
plus basse VPN) et des tests faussement négatifs seront
plus fréquents. Au contraire, lorsque la prévalence de
l’infection grippale est basse, des tests faussement
positifs seront plus fréquents, d’où la nécessité durant
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