Place des tests de diagnostic rapide de la grippe chez l`enfant

Place des tests de diagnostic
rapide de la grippe
chez lenfant
Hervé Haas
Urgences pédiatriques, Hôpital Archet 2, CHU de Nice, 06202, Nice cedex 03, France
Si le syndrome grippal est défini par la fièvre, frissons, toux, myalgies et céphalées,
il apparaît que le diagnostic clinique de grippe est très difficile, voire impossible
chez le jeune enfant, en raison de la non-spécificité des signes cliniques. Des tests
de diagnostic rapides (TDR) permettent de faire le diagnostic au lit du malade. Ils
sont réalisés essentiellement par écouvillonnage nasopharyngé. Ils ont montré,
comparés à la culture cellulaire, une sensibilité de 67 à 73 % pour linfluenza A
(30 % pour influenza B) et une spécificité supérieure ou égale à 99 %. Lutilité
dun test peut être mesurée par le rapport de vraisemblance, ou Likelihood Ratio
(LR), positif ou négatif, calculé en fonction de la sensibilité et la spécificité. Cest le
facteur par lequel il faut multiplier la probabilité « prétest », représentée par la
prévalence de la maladie dans la population, pour obtenir la probabilité « post-
test » de porter lagent infectieux lorsque le résultat de lexamen est positif (LR+) ou
négatif (LR). Ces TDR ont montré que leur utilisation en période épidémique
permettait une réduction significative de prescriptions dexamens complémen-
taires et de prescriptions dantibiotiques. Un TDR positif entraîne plus souvent
une prescription doseltamivir par rapport à la clinique seule, associée à une
diminution significative de prescriptions dantibiotiques à J7.
Mots clés : grippe, influenza, enfants, test de diagnostic rapide
En période hivernale, les syndromes
grippaux et la fièvre isolée sont des
motifs de consultation les plus
fréquents chez lenfant. Si le syndrome
grippal est défini par lapparition
rapide chez un individu de fièvre, fris-
sons, toux avec myalgies et céphalées,
il apparaît en pratique que le diagnos-
tic clinique de grippe est très difficile
voire impossible en raison de la non
spécificité des signes cliniques,
notamment chez le nourrisson ou le
jeune enfant, avec des manifestations
respiratoires basses ou hautes, mais
aussi digestives à type de diarrhée et
vomissements. Sil sagit souvent, en
période dépidémie, de maladie grip-
pale liée aux virus influenza A et/ou B,
de nombreux autres virus sont suscep-
tibles de provoquer des symptômes
identiques (virus respiratoire syncytial,
rhinovirus, virus para-influenzae,
bocavirus, métapneumovirus, etc.),
de même que certaines bactéries
(pneumocoque, mycoplasma pneu-
moniae,chlamydia pneumoniae,
etc.). Linfection par le virus de la
grippe, dont lincidence est très
élevée, est largement sous-estimée
chez lenfant, alors que celui-ci est le
principal vecteur du virus et joue un
rôle central dans la dissémination [1].
Le taux dattaque est plus élevé chez
lenfant que chez ladulte (1,5 à 3 fois)
[2]. Il en découle un taux important de
prescriptions dexamens complémen-
taires, dantibiotiques et dhospitalisa-
tions qui pourraient être évitées si un
diagnostic avait pu être réalisé.
De plus, les antiviraux spécifiques
m
t
p
Tirés à part : H. Haas
doi: 10.1684/mtp.2010.0302
mt pédiatrie, vol. 13, n° 4, juillet-août 2010
Dossier
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contre les virus de la grippe, en particulier les inhibiteurs
de la neuraminidase, permettent de raccourcir la durée de
la maladie, de diminuer les prescriptions dantibiotiques et
de réduire la période de contagiosité, à condition toutefois
de les prescrire précocement, idéalement dans les 24 pre-
mières heures. Cela implique pour le praticien la nécessité
détablir un diagnostic le plus rapidement possible, idéa-
lement « au lit du malade ». La culture a été longtemps le
«gold standard » des techniques de diagnostic de grippe,
cependant les délais dobtention des résultats (> 24 heures)
ne sont pas compatibles avec une décision clinique
rapide. La technique de RT-PCR (Reverse-Transcription
Polymerase Chain Reaction) est plus sensible que la
culture, avec un ratio de diagnostics positifs de 1,6, plus
rapide, mais nest pas actuellement disponible dans tous
les laboratoires et est coûteuse [3]. Des tests antigéniques
rapides ou test de diagnostic rapide (TDR) par immuno-
chromatographie ont été comparés aux techniques de
référence et évalués en pratique, afin de mesurer limpact
sur les décisions cliniques. Limmunochromatographie sur
membrane détecte la présence dantigènes viraux à laide
danticorps spécifiques antigrippaux (dirigés contre les
nucléoprotéines) adsorbés sur la membrane (bandelette).
Un anticorps monoclonal, marqué par une enzyme
et spécifique du virus recherché, est préadsorbé sur les
bandelettes. Le prélèvement respiratoire est mélangé par
le manipulateur à quelques gouttes dun tampon de lyse
(fourni dans la trousse diagnostic) ; ce tampon permet de
détruire les cellules respiratoires et de libérer les antigènes
viraux. Le mélange est déposé sur la bandelette ainsi que
le substrat de lenzyme. Lorsque le virus est présent dans le
prélèvement, un complexe antigène-anticorps se forme et
une bande colorée liée à la réaction enzyme-substrat
apparaît sur la bandelette.
Les différentes études dévaluation de ces TDR doivent
prendre en compte plusieurs paramètres : la présentation
clinique de la maladie et la prévalence de la maladie grip-
pale au sein de la communauté testée, mais aussi les carac-
téristiques des différents tests, et le type de technique de
référence. Les tests disponibles commercialement sont
capables de détectés les virus influenza A et B, en général
en moins de 30 minutes, essentiellement par détection de
lantigène viral. Certains détectent et distinguent les virus A
ou B, dautres les détectent sans faire de distinction et,
enfin, certains ne détectent que influenza A. Sils déter-
minent le type A, ils ne sont cependant pas capables den
déterminer les sous-types, comme, par exemple, H1N1,
H3N2 ou H5N1. Ils se différencient entre eux par leur
facilité dutilisation, le type de prélèvements respiratoires
utilisables et le temps nécessaire pour établir un résultat.
Certains tests nécessitent plusieurs étapes pour leur
réalisation, allant de deux à huit, ce qui peut avoir un
impact en pratique clinique en termes dentraînement
nécessaire pour lopérateur, mais aussi en termes de
rapidité de résultat [4].
Si les tests peuvent être réalisés sur une variété de spé-
cimen, les résultats peuvent être influencés par le mode et
le lieu de ce prélèvement. Cest ainsi que lécouvillon-
nage nasopharyngé réalisé après pénétration de lécouvil-
lon dans la fosse nasale postérieure puis retrait lent en
tournant, semble plus sensible que lécouvillonnage
nasal effectué par des rotations multiples dans la narine
antérieure, lui-même plus sensible que le lavage naso-
pharyngé [5]. Le prélèvement de gorge serait le moins
sensible. Lefficacité du prélèvement en terme de résultat
tient dans la capacité de récupérer le maximum de cellu-
les infectées. Il devrait être effectué le plus tôt possible par
rapport au début de la maladie, notamment chez ladulte
où la charge virale diminue après 4 à 5 jours, alors que
chez lenfant, des tests effectués après 5 jours de maladie
peuvent être encore positifs.
La performance dun TDR, nécessitant une formation
des cliniciens, est évaluée selon différents paramètres :
sensibilité (Se), spécificité (Sp), valeur prédictive positive
(VPP), valeur prédictive négative (VPN), rapport de vrai-
semblance (LR [Likelihood ratio]), et DOR (Diagnostic
Odds ratio). En pratique clinique, ce sont les valeurs pré-
dictives qui intéressent le clinicien pour poser le diag-
nostic de façon probabiliste. Le résultat du TDR est à
interpréter en fonction de la probabilité « prétest »,
représentée par la prévalence de la maladie dans la popu-
lation étudiée. Plus le test est sensible, meilleure est la
VPP ; le clinicien sera dautant plus sûr avec un « test »
positif que le patient est atteint de la grippe. Plus le test
est spécifique, meilleure est la VPN ; le clinicien sera
dautant plus sûr avec un « test » négatif que le patient
nest pas atteint de la grippe. La prise de décision est le
plus souvent probabiliste devant labsence de certitude ou
de risque nul. En effet, la prévalence de la grippe (estimée
selon les réseaux de surveillance) associée au contexte
clinique (vaccin, contage éventuel) permet détablir une
probabilité dêtre malade ou probabilité « prétest » qui
peut varier sur une échelle beaucoup plus grande que la
sensibilité ou la spécificité (qui varient rarement de plus
de deux fois). Un test positif nest quun facteur damplifi-
cation (ou négatif de réduction) de la probabilité dêtre
malade avant le test. Un test est utile uniquement lorsquil
fait passer dune zone de probabilité incertaine à une
zone de probabilité décisionnelle. Lutilité dun test peut
être mesurée par le rapport de vraisemblance (LR) positif
ou négatif. Cest le facteur par lequel il faut multiplier
la probabilité « prétest » pour obtenir la probabilité
« post-test » de porter lagent infectieux lorsque le résultat
de lexamen est positif (LR+) ou négatif (LR).
Pendant la période épidémique, donc de forte préva-
lence de la grippe, un test aura la plus haute VPP (et la
plus basse VPN) et des tests faussement négatifs seront
plus fréquents. Au contraire, lorsque la prévalence de
linfection grippale est basse, des tests faussement
positifs seront plus fréquents, doù la nécessité durant
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ces périodes de confirmer le diagnostic de grippe par une
culture virale. En pratique, lutilisation des TDRG ne peut
être recommandée en période de très faible prévalence.
Au décours de lexamen clinique, le diagnostic de
grippe peut être considéré comme probable ou impro-
bable, modifiant ainsi les probabilités « pré-test ». Plus le
LR+ du « test » est élevé, plus il entraîne des variations
importantes de la probabilité « post-test ». Les LR+ ou
LRdu diagnostic clinique lui-même et ceux des TDRG
peuvent ainsi se cumuler. Le test de diagnostic rapide de
la grippe (TDRG) peut donc devenir un outil pour le cli-
nicien, afin de rendre plus ou moins probable lhypothèse
diagnostique dinfection grippale. Lavantage majeur des
TDRG est quils transforment « un syndrome » en « une
maladie» dont lagent étiologique est connu, et permet-
tent de proposer un traitement étiologique spécifique.
Hurt et al. ont évalué la performance de six TDRG, en
comparaison avec la culture cellulaire, et retrouvé une
sensibilité de 67 à 73 % concernant linfluenza A pour
cinq dentre eux (seulement 30 % pour linfluenza B) et
une spécificité de 99 à 100 % (tableau 1) [6].
Une étude prospective réalisée en Finlande, avec une
cohorte de 1 388 enfants dâge inférieur ou égal à 13 ans,
a estimé les indices dévaluation du diagnostic clinique
de la grippe dans cette population [1]. Les Se, Sp, VPP et
VPN du diagnostic clinique ont été déterminées pour
différentes tranches dâge (< 3 ans ; 3-6 ans ; 7-13 ans)
et aux différents périodes de lépidémie. À partir de cette
étude, nous avons calculé les LR+, LRet DOR du diag-
nostic clinique de la grippe chez lenfant (tableau 2). le
diagnostic clinique avait été fait chez 88 des 231 enfants
avec une infection grippale prouvée, soit 38,1 % des cas.
Àlinverse, parmi les 276 enfants chez qui le diagnostic
clinique avait été fait, seulement 88 (31,9 %) avaient un
diagnostic grippal prouvé au laboratoire. Cette étude
montre que, chez lenfant dâge inférieur ou égal à
13 ans, le diagnostic clinique de grippe nest pas fiable,
puisque la VPP globale du diagnostic clinique réalisé par
des praticiens expérimentés est inférieure ou égale à
40 %, même au pic de lépidémie, et de seulement
16 % chez les moins de 3 ans. Cependant, la VPN et la
spécificité du diagnostic clinique, satisfaisantes (environ
90 %), permettent dexclure le diagnostic clinique de
grippe.
Quel est limpact de ces tests
en pratique clinique ?
Plusieurs études ont rapporté que lutilisation des
TDRG aux urgences pédiatriques (tableau 3) et en pédia-
trie de ville (tableau 4)saccompagne dune modification
de la prise en charge clinique, mais aussi thérapeutique
des patients. Elles ont montré que leur utilisation en
Tableau 1. Évaluation de six tests de diagnostic rapide de la grippe (TDRG), daprès Hurt et al. [6]
TDRG Influenza A Influenza B
Se Sp VPP VPN Se Sp VPP VPN
Now Flu A&B (Binax)
Directigen Flu A+B (Becton Dickinson)
Quick Ex-Flu (Denka Seiken)
Espline Influenza A&B (Fujirebio)
Influenza A Antigen Test (Rockeby)
Quickvue Influenza Test (Quidel)
73
69
71
67
10
67
99
100
100
100
100
100
97
100
100
100
100
100
91
90
90
89
74
89
30
30
30
30
/
30
100
100
100
100
/
100
100
100
100
100
/
100
96
96
96
96
/
96
Se : sensibilité ; Sp : spécificité ; VPP : valeur prédictive positive ; VPN : valeur prédictive négative.
Tableau 2. Diagnostic clinique de grippe : sensibilité, spécificité, valeurs prédictives et estimation du rapport
de vraisemblance (LR) et du DOR (Diagnostic Odds ratio), daprès Peltola et al. [1]
Total
(intervalle)
Se, %
38(20-53)
Sp, %
91 (86-92)
VPP, %
32 (17-37)
VPN, %
93 (88-96)
LR+
4,2
LR
0,68
DOR
6,17
Phase de lépidémieDébut 309118953,30,794,17
Pic 45 88 41 90 3,75 0,62 6,04
Fin 199520953,80,854,47
Tranche dâge <3 ans 21 93 16 95 3 0,85 3,5
3-6 ans 37 91 31 93 4,1 0,89 4,6
7-13ans5387488940,547,4
Se : sensibilité ; Sp : spécificité ; VPP : valeur prédictive positive ; VPN : valeur prédictive négative.
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Tableau 3. Tableau des études à lhôpital sur limpact des tests de diagnostic rapide de la grippe (TDRG) sur la stratégie décisionnelle
Noyola [8]
2000
Bonner [7]
2003
Esposito [10]
2003
Segura
Matute [11] 2005
Touitou [12]
2006
Benito-Fernandez [9]
2006
Pierron [10]
2008
Période 1995-1997 toutes
saisons
Hiver 2002 Hiver 2002 Hiver 2003 Hiver 2004 Hiver 2004 et 2005 Hiver 2006-2007
Pays États-Unis États-Unis Italie Espagne France Espagne France
Type détude Rétrospective, cas-
témoins
Prospective,
randomisée,
contrôlée
Prospective,
cas-témoins,
randomisée
Rétrospective,
observationnelle
Rétrospective,
observationnelle
Prospective Prospective
Effectifs 56 cas (TDRG +)
56 témoins n°1
(TDRG et culture )
56 témoins n°2
(culture +, TDRG
non fait)
391 patients dont :
- 96 TDRG+ (MI)
- 106 TDRG+ (MNI)
- 96 TDRG- (MI)
- 92 TDRG- (MNI)
(52 % TDRG+)
43 cas TDRG +
435 témoins n°1
(TDRG )
479 témoins n°2
(TDRG non fait)
142 patients :
-63TDRG+
-79TDRG
39 patients :
- 35 TDRG +
- 4 TDRG
206 patients :
-84TDRG+(41 %)
- 122 TDRG
177 patients :
-75TDRG+(42 %)
-102TDRG
Test utilisé Directigen FLU-A FluOIA QuickVue Directigen FLU
A+B
SAS Influenza
A+B
Directigen FLU A + B QuickVue
Âge 1 mois-22ans 2 mois-21 ans 4 mois-14,5 ans < 36 mois < 18 ans < 36 mois 1 mois-6 ans
Critères dinclusion Infection respiratoire Syndrome grippal Fièvre et > 1 signe
dinfection respiratoire
Fièvre nue
ou avec symptômes
respiratoires
Fièvre ou syndrome
grippal
Fièvre 39°C
et absence de signe
dinfection focale
Fièvre 38,5°C
depuis moins
de 48 heures
Impact TDRG+ sur
-examens
compmentaires
-ATB
- antiviraux
-hospitalisation
-æATB
-ædurée ATB
chez enfants
hospitalisés
-äprescription
antiviraux
-æbilans sanguins,
ECBU, Rx P
-æATB
-æprescription
antiviraux
-ædélai prise
en charge aux
urgences
-æbilans sanguins
-æATB
-æRx P
-æATB
-æhospitalisation
(sauf si < 1 mois)
-æATB
-æpneumopathie
-æhospitalisation
-æbilan sanguin,
ECBU, Rx P,
PL(si<3mois);NS
pour ECBU et Rx P
-æATB
-ædélai prise en charge
aux urgences
-æhospitalisation
-æECBU
-äprescription
antiviraux
MI : médecin informé ; MNI : médecin non informé ; NS : non significatif; ATB : antibiotiques, NFS : numération formule sanguine ; ECBU : examen cytobactériologique des urines ; Rx P : radiographie pulmonaire ; PL : ponction lombaire.
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période épidémique permettait une réduction significative
de prescriptions dexamens sanguins, dexamens cytobac-
tériologiques des urines et de liquide céphalorachidien, et
de radiographies pulmonaires, que ce soit dans des
services daccueil durgences ou dans une pratique de
pédiatrie ambulatoire [7-16]. De même, limpact sur les
prescriptions dantibiotiques était significatif, avec une
prescription moindre en cas de test positif en pratique
hospitalière, mais aussi en pratique de médecine de ville.
Un résultat de TDR positif entraîne plus souvent une
prescription dantiviraux et, notamment, doseltamivir,
que lorsque la clinique seule est prise en compte [17] et
cette prescription est associée à une diminution significa-
tive de prescription dantibiotiques à J7 dévolution [18].
Outre lintérêt sur les prescriptions dexamens
complémentaires ou thérapeutiques, il apparaît quun
diagnostic précoce permet de mettre plus rapidement en
place les mesures barrières, en particulier en milieu hos-
pitalier, et de réduire les épidémies nosocomiales. Létude
de Poehling et al. a montré que lutilisation du TDR au lit
du patient permet de modifier les conditions disolement
des patients hospitalisés pour infection respiratoire ou fiè-
vre, dans le but de prévenir la transmission nosocomiale
de la grippe [19]. Dans notre expérience, la dissémination
(fièvre, toux ou asthénie) dans lentourage des malades
grippés à J7 était significativement plus importante que
dans lentourage de ceux qui ne létaient pas (47/69 vs
29/79 ; p= 0,0002) [13]. Le nombre de malades dans
lentourage denfants TDRG+ et/ou avec culture positive
était significativement plus élevé (p< 0,001) et concernait
surtout la fratrie ou les grands-parents [18].
Sur le plan financier, les études doivent prendre
en compte le nombre de jours dhospitalisation évités
économie pour les parents, mais aussi pour lassurance
maladie , ainsi que le coût des examens complémen-
taires chez les enfants ayant un TDRG+, la baisse conco-
mitante des prescriptions médicales de sortie (réduction
de la prescription des antibiotiques) et des arrêts de travail
des parents dont les enfants sont hospitalisés. Cela a été
étudié par léquipe de Diomandé et al., dans le but déva-
luer les intérêts clinique et économique du TDRG pour le
personnel des urgences pédiatriques, les parents, lhôpital
et lassurance maladie [20]. Ainsi, pour les enfants ayant
un TDRG+, léconomie financière par enfant et par
hospitalisation évitée était : de 200 à 300 euros pour les
parents (soit 20 à 30 consultations chez un médecin géné-
Tableau 4. Tableau des études en ville sur limpact des tests de diagnostic rapide de la grippe (TDRG)
sur la stratégie décisionnelle
Touitou [12]
2006
Cohen [14]
2007
Martin [15]
2008
F De la Rocque [16]
2009
Période Hiver 2004 Hiver 2005 Hiver 2007 Hiver 2007
Type détude Rétrospective, observationnelle Prospective
multicentrique
Prospective multicentrique Prospective
multicentrique
Effectifs 85 patients :
-51TDRG+(60 %)
-34TDRG
346 patients :
-187TDRG+(54 %)
-159TDRG
1505 patients :
- 688 TDRG + (45 %)
- 817 TDRG
695 patients :
-289TDRG+(42 %)
-406TDRG
Test utili SAS Influenza A + B QuickVue QuickVue QuickVue
Âge < 18 ans > 1 an 10 mois-17 ans < 18 ans
Critères dinclusion Fièvre ou syndrome grippal Fièvre < 48 h et 1 signe
clinique du syndrome grippal*
sans infection focalisée (OMA)
Syndrome grippal Fièvre et 1 signe clinique
du syndrome grippal*
Durée
des symptômes
/ < 48 h < 48 h : 75 % < 48 h : 95,7 %
Impact si TDRG + -æATB, Rx P, bilan sanguin (NS)
-äprescription oseltamivir
-æRx P
-æATB
-äprescription oseltamivir
-æATB
-äprescription oseltamivir,
dans les 48 heures
-æexamens au cabinet
(streptA-test, CRP-micro, BU)
-æbilan sanguin, ECBU, Rx P
-æATB
-äprescription oseltamivir
- pas de différence significative
sur nombre moyen darrêt
des parents
SAS Influenza A + B : sensibilité 76 %, spécificité 98 % ; QuickVue : sensibilité 79,2 %, spécificité 91,9 %.
* Signes cliniques du syndrome grippal : frissons ou sueurs, myalgies, céphalées, asthénie, somnolence, toux, rhinorrhée ou obstruction nasale, douleurs pharyngées.
ECBU : examen cytobactériologique des urines ; ATB : antibiotiques ; Rx P : radiographie pulmonaire ; CRP ; C-réactive protéine ; BU : bandelette urinaire.
mt pédiatrie, vol. 13, n° 4, juillet-août 2010
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