Matinée d'information
Médecines non-conventionnelles et cancers
Vendredi 22 avril 2016
Diamant Brussels
Boulevard Auguste Reyers 80 - 1030 BRUXELLES
Cette matinée d'information est organisée par la:
Avec le soutien du
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SOMMAIRE
Evidence Based Medicine et pratiques non conventionnelles ........................................................ 3
Docteur Benjamin Fauquert, CEBAM, Leuven
Homéopathie et cancer ................................................................................................................ 7
Docteur Ingrid Theunissen, CHIREC, site Edith Cavell, Bruxelles
Acupuncture et cancer ................................................................................................................ 11
Docteur Paul Lauwers, Association Belge des Médecins Acupuncteurs, Bruxelles
Compléments alimentaires et cancers ......................................................................................... 15
Docteur Fanny Bauvet, Oncologie médicale, Clinique Sainte-Anne Saint-Rémy, CHIREC
Phytothérapie et cancer ............................................................................................................. 19
Docteur Bernadette Préat, Société Belge de Phytothérapie et de Nutrithérapie, Montignies-le-
Tilleul
Mindfulness et cancer ................................................................................................................ 25
Madame Claude Maskens, Université Libre de Bruxelles, Pôle Santé
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Evidence Based Medicine et pratiques non conventionnelles
Docteur Benjamin Fauquert
CEBAM, Leuven
Actuellement, exercer la médecine avec les meilleures connaissances disponibles revient, entre autre,
à pratiquer l'Evidence Based Medicine. L'EBM, d'après la définition d'un de ses fondateurs, David
Sackett, en 1996, c'est la médecine fondée sur les études cliniques de bonne qualité (en "franglais":
les évidences) et appliquée à un patient particulier en fonction de ses demandes et des autres
connaissances du médecin. La tenue de ces études a commencé dans les années 60, et leur nombre et
leur qualité n'a fait que croître depuis. Concernant la médecine conventionnelle, nous disposons
actuellement de nombreuses études sur de nombreux sujets ce qui permet de pouvoir ne garder que
les meilleures et de tirer des conclusions sur les traitements de bonne qualité. Le domaine des
thérapies non conventionnelles reste peu étudié selon ces méthodologies.
On peut résumer simplement la méthodologie classique d'une bonne étude: elle doit être réalisée sur
une grande population (minimum 60 personnes; il existe des études incluant jusque 20 000
personnes), comporter des groupes comparables (le groupe témoin et le groupe traité), la répartition
des personnes dans ces groupes doit être tirée au sort et ni les participants, ni les investigateurs de
l'étude ne doivent connaître cette répartition. On appelle cela l'essai clinique contrôlé randomisé en
double aveugle. Vu la complexi du corps humain, cette méthodologie a pour objectif, selon un
paradigme rationaliste, de n'étudier que l'effet dû au traitement auquel un des groupes est soumis en
égalisant les deux groupes pour tous les autres facteurs. De nombreuses améliorations ont é
apportées à cette méthodologie au fil du temps et elle a atteint une stabilité depuis au moins 30 ans.
Pour pouvoir utiliser avec une certitude suffisante les résultats des essais cliniques, on attend souvent
que plusieurs études soient publiées sur le même sujet et que l'on puisse en sommer les résultats en
une méta-analyse. La méta-analyse et l'essai randomisé contrôlé sont donc les mètres-étalons de
l'EBM.
L'EBM présente plusieurs limitations. Toute intervention n'est pas facile à étudier selon le modèle
expérimental tel que décrit dans les essais contrôlés randomisés en double aveugle. Ainsi, on retrouve
fréquemment en guise de conclusion d'une étude qu'elle ne permet pas de conclure définitivement et
qu'elle demande plus d'études… Cela coûte cher, n'est pas exempt de conflits d'intérêts financiers
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(lorsqu'une étude est financée par une firme pharmaceutique) et incite à ne publier que les résultats
positifs (pour le prestige scientifique ou pour des visées commerciales). Tous facteurs qui limitent la
crédibilité des études cliniques et donc de la médecine conventionnelle.
Les traitements non conventionnels, appelés aussi dans le monde anglo-saxon médecines
complémentaires et alternatives (CAM) n'ont pas de définition consensuelle, même au sein du
National Center for Complementary and Integrative Health créé par le NIH (National Institute of Health
- USA). L'adjectif "alternative" réfère, en lieu et place des traitements conventionnels et
complémentaires, à des traitements simultanés aux traitements conventionnels. Plus récemment, on
a introduit le concept de médecine intégrative qui vise à intégrer les approches complémentaires dans
la médecine conventionnelle.
On ne peut pas évoquer les thérapies non conventionnelles sans évoquer l'effet placebo. L'effet
placebo est provoqué par tout ce qui environne le principe actif du traitement: lieu, discours, couleurs,
formes, gestes, comportement, etc. Quel que soit l'environnement, une intervention peut donc avoir
un effet thérapeutique. Pourvu que ça marche, peu importe le flacon! L'effet placebo améliore les
douleurs, les nausées, les maux de tête, les maux de ventre, sans toucher au mécanisme causal. C'est
de la difficulté à distinguer l'effet propre des traitements alternatifs de l'effet placebo que vient parfois
la confusion entre les deux. D'autant plus que l'objectif déclaré des pratiques complémentaires est
souvent uniquement l'amélioration des symptômes. L'effet placebo est loin d'être négligeable puisqu'il
peut expliquer en moyenne 30 à 40% de l'effet de la prise de n'importe quel traitement. De plus il est
très efficace y compris dans des affections sévères: métastases osseuses, hypertension artérielle,
insuffisance cardiaque, pancréatite, sciatique. A noter que les maladies qui amenuisent les facultés
cognitives ne réagissent pas au placebo (Alzheimer, retard mental, autisme…). On l'oppose à l'effet
nocebo qui provoque des symptômes négatifs (anxiété, douleurs, etc.) lorsqu'il est activé. Du placebo
pur (la pilule de sucre), on distingue le placebo impur, comme par exemple les antibiotiques donnés
(involontairement) pour le traitement d'une infection virale et qui n'auront aucun effet sur la guérison.
Attention, ne rien faire n'équivaut pas à un placebo! Dans le groupe placebo d'une étude, on s'occupe
des personnes exactement comme dans le groupe traité: mêmes pilules, à la même heure, même
conseils de bon sens, même encadrement professionnel…
La Cochrane Collaboration, une organisation internationalement reconnue en EBM, a publié 29 revues
systématiques à propos des médecines alternatives et complémentaires et du cancer. Les sujets
étudiés vont de la prévention au traitement dans une très large gamme de types d'interventions. La
revue de l'ensemble des résultats est la suivante:
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Le traitement de cancer par champignon reishi n'a montré aucun effet ni sur la survie ni sur les
symptômes.
Herbes chinoises et cancer de l'œsophage: l'ensemble des études retrouvées étaient de faible
qualité mais montraient une amélioration de la qualité de vie aussi bien chez les patients dont le
cancer progresse que chez ceux chez qui il régresse. Cela n'est pas le cas pour le cancer du sein.
De nombreuses études ne montrent qu'une modification du taux sanguin de certaines cellules
immunitaires, ce qui n'est pas considéré comme un résultat cliniquement relevant. Il n'y a pas
d'effet sur la survie.
Les études sur la consommation d'extrait de gui ne sont pas d'une qualité suffisante.
La musicothérapie réduit l'anxiété, dans une moindre mesure la douleur, mais pas la fatigue, ni la
dépression.
L'art-thérapie semble efficace pour améliorer l'anxiété et la douleur dans les cancers.
Acupuncture dans la douleur cancéreuse: les 5 études retrouvées n'étaient pas d'une qualité
suffisante pour conclure à des résultats fiables.
La pratique du yoga dans le suivi de patients atteints de cancer hématologique n'a pas montré
d'effet significatifs.
Une revue est en cours sur les effets du yoga dans le cancer du sein car les revues existantes
présentent des conclusions contradictoires.
L'utilisation de lycopène pour prévenir le cancer de la prostate n'a pas été étudiée avec une qualité
suffisante.
L'aloe vera, le miel, la cryothérapie et d'autres thérapies pourraient réduire la mucite buccale mais
les études sont de trop petite taille pour l'affirmer définitivement.
Les thérapies de relaxation améliorent significativement la disparition des bouffées de chaleurs
dans le cancer du sein.
La calendula en prévention des dermatites radiques semble efficace. L'unique étude demande à
être reproduite pour avoir une confirmation de cet effet.
La danse ou d'autres types de mobilisation n'ont pas montré d'effet sur la dépression ou l'image
du corps suite à un cancer.
L'effet curatif du laetril ou de l'amygdalin (extrait de noyaux d'abricots) n'a pu être prouvé car
aucune étude n'est de suffisamment bonne qualité. Il présente un risque d'intoxication au cyanure.
La consommation de thé vert ne prévient pas les cancers.
Au travers de ces exemples, on peut tirer plusieurs conclusions.
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