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III – Essai de synthèse 
 
On doit éviter plusieurs écueils. 
Le fidéisme : il n’y a aucun secours dans l’histoire telle que l’établit la science, 
mais  ce  n’est  pas  grave.  Notre  foi  n’en  est  que  plus  pure,  dégagée  de  toute 
vérification humaine (tendance de K. Barth ou de R. Bultmann). 
Le piétisme : le Christ des évangiles est si  vrai, si parlant, que  même  si on a 
raconté beaucoup de mythes autour de lui, l’âme pieuse retrouve facilement le contact 
avec lui (Schleiermacher). 
   Le fondamentalisme : si les Evangiles sont Parole de Dieu, ils ne peuvent qu’être 
vrais dans le moindre détail. On justifiera les discordances de date ou de texte entre 
les évangiles par la volonté de Dieu de nous entraîner à l’obéissance. 
 
Le problème est fondamental. Notre foi est de croire que Dieu, en Jésus-Christ, est 
intervenu dans notre histoire, que les vérités éternelles sur Dieu (la Trinité), sur nous 
et  notre  avenir,  passent  par  des  événements  contingents,  mais  inscrits  dans  notre 
histoire.  D’où  l’importance  des  chronologies de  l’Evangile  de  Luc,  qui  même avec des 
approximations, veulent situer le Christ dans des repères historiques connus de tous. 
Matthieu et  Luc  le  feront  aussi par le  genre  littéraire  « 
généalogie
 » déjà  présent 
dans l’AT (les 9 premiers chapitres du livre des Nombres) qui veulent, entre autres 
choses, souligner  l’insertion  dans  la  trame  humaine  des  générations.  Même  si  Jésus 
vient de Dieu, il n’est pas « 
tombé du ciel
 ». 
Les savants en langue grecque vous expliqueront que en Jean 1,1, l’évangéliste joue sur 
les deux  tableaux  par  le temps des verbes employés à quelques  mots de distance : 
« 
Au commencement le Verbe était 
(imparfait) 
auprès  de  Dieu,  …  et  le  Verbe  s’est 
fait chair
 (aoriste) ». 
Contre Fichte, nous croyons que la vérité absolue nous parvient par des événements 
contingents. 
Contre Rousseau, nous donnons notre assentiment à l’enseignement de l’Eglise, parce 
qu’elle l’a reçu dès le début dans une perspective historique. 
Contre  Couchoud,  qui  acceptait  tout  le  credo  sauf  « 
sous  Ponce  Pilate
 »,  nous 
acceptons que note foi repose sur des faits qui auraient pu être autres. Liberté de 
Dieu. Image des rencontres humaines marquées par le temps et l’espace. 
Contre Hegel, nous affirmons que la perfection est au début et non pas au bout d’une 
série de thèses et  d’antithèses  qui enrichiraient les donnée antérieures. Autrement 
dit, le pont de départ est plus riche que toutes les interprétations. Nous n’épuiserons 
jamais la richesse du fait primitif. 
 
Le véritable problème est celui de la qualité de la transmission. On a pu penser que les 
écrivains sacrés étaient détournés de la vérité  historique à  cause  de  leur foi, qu’ils 
voulaient à tout prix valoriser leur maître. On pense maintenant que la foi en Jésus 
est  au contraire  un meilleur  moyen  de  compréhension que  l’opposition  à  lui.  Dans un 
autre domaine, on sait maintenant que le meilleur biographe est celui qui essaye de