Abrégé de grammaire lydienne

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Abrégé de grammaire lydienne
Abrégé de grammaire lydienne
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Version originale anglaise : Cyril Babaev
Traduction française : Damien Blanchard – Arthur Laisis
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I. Une histoire de la langue lydienne..................................................................... 3
II. Le système phonétique ..................................................................................... 4
III. Le système nominal......................................................................................... 6
IV. Le système verbal.......................................................................................... 10
V. Le système syntaxique.................................................................................... 13
VI. Les textes lydiens .......................................................................................... 15
Note des traducteurs ............................................................................................ 16
Bibliographie ....................................................................................................... 17
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Abrégé de grammaire lydienne
Les langues anatoliennes ont été considérées comme une branche séparée de l’indoeuropéen jusqu’il n’y a pas si longtemps, au début du XXe siècle. En 1906, les archives
royales de l’empire hittite ont été exhumées, et en 1915 le linguiste tchèque Grozny a le
premier déchiffré les signes cunéiformes hittites et établi que cet idiome était probablement
indo-européen. Pendant ce temps, cette seule langue était connue et étudiée par des linguistes
dans ses deux variétés : les signes cunéiformes et les hiéroglyphes. Plus tard, deux autres
langues ont été séparées du hittite, le palaïte, issu du nord de l’Anatolie, et le louvite, langue
des cités-états syro-hittites, dans les régions du sud et de l’ouest de l’empire hittite.
Les historiens étaient conscients de l’existence des Lydiens et de leur langue grâce à
de nombreuses mentions à ce propos dans des sources anciennes. Hérodote décrit quelques
caractéristiques des Lydiens, principalement des noms de personnes et de lieux. Strabon et
Xénophon ont également dépeint la Lydie et ses habitants et transmis leur langue à la
postérité ; mais seules les recherches archéologiques ont aidé à trouver des signes écrits de
celle-ci. L’identification des inscriptions a montré que les origines indo-européennes et
anatoliennes de cette langue étaient évidentes. Actuellement, les études du lydien sont
soutenues en Europe, aux Etats-Unis et intensivement en Russie, où les célèbres linguistes
Ivanov, Shevoroshkin et Bayun ont écrit un nombre significatif de travaux importants.
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Abrégé de grammaire lydienne
I. Une histoire de la langue lydienne
Il est reconnu que le lydien et le carien (et peut-être le mésien) dérivent directement de
la langue hittite. Les Lydiens sont ces citoyens du centre de l’empire hittite qui ont décidé de
se déplacer vers l’ouest pour se préserver des invasions des armées assyrienne, araméenne et
syrienne et des tribus des Peuples de la mer, qui sont apparues fréquemment depuis le XIIIe
siècle avant J.-C. Les locuteurs du palaïte sont connus pour avoir été assimilés par des langues
inférieures et supérieures, les Louvites de l’ouest sont partis dans les régions du sud et du sudouest de l’Anatolie, où ils étaient appelés Lyciens et Sidètes. Et les Hittites qui ont vécu dans
l’Anatolie centrale et orientale ont dû soit migrer vers l’ouest soit se mêler aux conquérants et
aux tribus indigènes.
Au VIIe siècle avant J.-C, aucun auteur grec ne mentionne les Hittites, et la Lydie est
très connue dans le monde ancien. Le royaume, gouverné par la dynastie des Mermnades,
s’est développé avec succès et a élargi ses frontières progressivement. Les rois lydiens ont
remporté une victoire décisive contre les Phrygiens et leur royaume, qui a conquis la Misie et
Troie, a repoussé l’intrusion des nomades Cimmériens (parlant iranien) et est constamment
sous la pression des cités-états grecques et ioniennes sur les bords de la mer Egée. A cette
époque, le lydien est en pleine expansion, aussi bien parlé en Misie, Phrygie qu’en Carie ; le
misien est par conséquent assimilé très tôt.
L’influence culturelle grecque est devenue très significative depuis le VIe, et de
nombreuses inscriptions lydiennes sont rédigées à la fois en grec et en lydien (textes
bilingues). Les Grecs ont créé leur propre translittération, ce qui aide grandement les
linguistes modernes à définir la véritable prononciation lydienne. Mais cette influence
helléniste ne devait pas provoquer de grands changements dans la langue avant le IVe siècle
avant J.-C ; à cette époque, une province de l’empire perse était conquise par Alexandre le
Grand. Dès lors, de nombreux colonisateurs grecs ont commencé à arriver et à s’installer en
Lydie, dans la capitale Sardes et sur les côtes, et depuis, la Lydie n’a jamais récupéré son
indépendance, étant pour toujours sous le gouvernement grec. La langue lydienne a cessé
d’être officielle, et dans les trois à quatre siècles suivants, s’est véritablement éteinte. Les
dernières traces écrites en lydien datent du Ier siècle avant J.-C.
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Abrégé de grammaire lydienne
II. Le système phonétique
Le lydien a hérité son système phonétique de son ancêtre hittite, mais a développé de
nombreux traits curieux, qui sont inconnus du hittite, du louvite ou du palaïte Une de ces
principales caractéristiques réside dans le système des voyelles lydiennes. Le hittite ne
disposait que de cinq d’entre elles : trois brèves, a, i, u et deux longues ā et ī. Le lydien n’a
pas seulement créé le son o, il a aussi acquis deux voyelles nasales, qui peuvent être écrites
ainsi : ã et ẽ. Finalement, le système lydien des voyelles est le suivant :
a < anatolien commun *a, et aussi *o devant consonne labiale. En hittite, c’est aussi un a
ex. lyd. da (donner), hit. da, louv. da (prendre)
ã < hit. ā, aussi pour une voyelle + n
ex. lyd. amãś < anat. *amans (aimant)
e < hit. e, i
ẽ < anat. *ē, aussi pour e + n
ex. lyd. qẽn (tuer) hit. kweni < anat. *ẽ, aussi pour e, i
ex. lyd. kiś- (peigner/ratisser), hit. et louv. kiš-, anat. *kès
o < hit. au, uwa. Ce son manque au hittite, mais il a été repris ici en lydien
ex. lyd. śoy (remplir), hit. suwaiu < hit. u, uwa
ex. lyd. kud (où), hit. kuwad
y < hit. ī
Les voyelles nasales n’étaient pas la seule invention des Lydiens. Le sidète et en
particulier le lycien les ont également utilisées, et il y en avait même quatre en lycien. Ce
chiffre était dû à la réduction des nasales m, n après les voyelles, et à la nasalisation des
longues voyelles. Nous ne pouvons exclure l’influence lycienne comme une possible source
de la nasalisation des voyelles en lydien. Quelquefois le son nasal ẽ a remplacé le vieux ā.
Les quatre sonantes /m/, /n/, /r/ et /l/ n’ont pas été conservés en lydien, comme c’est
le cas en hittite et dans les autres langues anatoliennes. Le lydien les a transformés en une
combinaison de consonne + voyelle :
anat. *tr > lyd. tor, tro (parler)
Les mutations phonétiques affectant les voyelles lydiennes n’étaient pas si nombreux,
mais nous ne savons peut-être pas tout à leur propos. Le seul échange connu entre voyelles
dans la langue est le suivant :
a - ẽ (amu - je, moi; ẽmis - mon)
y - i (qy / qi – ce qui, cela)
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Abrégé de grammaire lydienne
Les consonnes du lydien sont en plus grand nombre que dans le hittite ou le louvite.
Le plus important processus qui se déroule dans la transition du hittite au lydien est la
palatalisation de nombreuses consonnes, la plupart dentales, fricatives, nasales et liquides.
Certains linguistes croient même que toutes les consonnes ont leur équivalente palatale en
lydien, mais l’orthographe ne suit seulement qu’une partie d’entre elles. Ci-dessous, la table
du système des consonnes lydiennes :
Phonème
Exemple
b (< b, p)
d
f (< p)
g (< g, h)
h
k (< k, h)
l
m (consonne et syllabe)
n
q (< kw)
r
s [s]
t
v
bira (maison)
da (donner)
fadol (construit)
aśtarho (défenseur)
kardal (fait)
borliś (année)
amãś (aimant)
nãrś- (fort)
qẽn (tuer)
Variante
palatale
Exemple
δ (< d') [dz]
δivi (dieu)
λ (< il) [l']
kλida- (terre)
ν (< in) [n']
fẽtamνidν (défini)
fẽnsλifi (faire du mal) ś [s']
kantoru (je crois)
τ [ts]
viδ (contrsuire)
eśa (petit-fils)
karττ (abolir)
Les variantes palatales existent également en carien, mais aucune trace d’entre elles
n’ont été observées en lycien et sidète. De toute évidence, ce processus consonantique était
purement présent vers la fin du hittite. Ces variantes ont généré soit de légères différences
entre consonnes soit des combinaisons de consonne + voyelle (e or i). Certaines théories
disent ce phénomène plus proche de processus tels que la lénition celtique au milieu du mot,
quand les consonnes en position intervocalique sont assouplies et palatalisées. Mais ceci est
sujet à des études plus poussées.
Les changements de consonnes dans un mot ne sont pas fréquents en lydien, et les
seuls qui sont remarqués sont les suivants : b - v - f (par exemple, borli / forli – une année), et
d - t à la fin d’un mot (par exemple, kod, kot – comment ?).
Dans son ensemble, la phonétique lydienne montre de nombreux et intéressants
processus internes, qui étaient jusqu'alors inconnus dans la plupart des autres groupes IE.
Nous ne devons pas oublier le mélange d’éléments anatoliens avec les langues syriaque,
araméenne et hourrite, et l’influence des substrats asiatiques des langues aborigènes. Nous
verrons ultérieurement comment ces éléments non IE ont influencé la morphologie de la
langue lydienne.
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Abrégé de grammaire lydienne
III. Le système nominal
Toutes les langues IE ont hérité du PIE deux classes de déclinaison du nom : celle des
noms, et celle des pronoms. Cette déclinaison des noms est également utilisé pour les
adjectifs, les pronoms possessifs et les noms verbaux (participes, gérondifs, adjectifs verbaux,
semi-participes). Le cas des pronominaux est principalement observé avec les démonstratifs,
personnels, pronoms interrogatifs, et il présente quelques caractéristiques étranges qui le
rendent différent de la déclinaison des noms.
Il peut y avoir des situations où ces deux types de déclinaisons s’empruntent l’un
l’autre certaines terminaisons, confondant les désinences de pronoms avec les noms et vice
versa. Cela se produit dans de nombreuses langues IE : des désinences pronominales se
retrouvent en baltique, slave, italique et grec, et quelques-unes en germanique et celte.
Les langues anatoliennes fonctionnent de la même façon, et les noms lydiens usent
considérablement des désinences pronominales. De nombreuses désinences nominales, ayant
disparu dans la langue, ont été remplacées par celles des Hittites, pronominales, et cela a
induit les scientifiques en erreur pendant longtemps. En fait, le problème du manque des
matériaux pour l’étude du lydien ne nous permet pas d’appréhender le système nominal en
détail, mais les processus majeurs nous sont connus et décrits ci-dessous.
En lydien, le nom possède plusieurs caractéristiques utilisées par toutes les langues IE.
Il y a deux genres grammaticaux : l’animé et l’inanimé. Les linguistes établissent cette
division, apparue à cause de l’archaïsme des langues anatoliennes. De toute évidence,
l’anatolien commun a dérivé à partir du PIE quelque temps avant que les noms animés aient
acquis leurs significations masculine et féminine. Par conséquent, le parler anatolien (hittite,
louvite et naturellement, leurs dérivés) reflète un stade très précoce de développement, quand
l’opposition des genres n’existait pas encore, mais que les noms étaient opposés par leur
caractère animé ou non. Cette situation est toujours préservée dans le lydien, et les genres
n’ont pas du tout été développés.
Il y avait deux nombres : singulier et pluriel, et c’est un mystère. Si l’anatolien était si
archaïque, pourquoi n’a t-il pas ensuite préservé le duel existant dans le PIE ? Peut-être le
duel coïncidait-il avec le pluriel, ou est-ce même l’influence de langues autochtones, qui a fait
que le hittite est devenu plus analytique et moins semblable à l’IE. D’ailleurs, le duel est
également absent des autres langues anatoliennes.
Finalement, il y avait cinq cas de noms. Dans le PIE, il y en avait huit, et dans
l’anatolien commun, un cas unique supplémentaire, soit neuf comme nulle part ailleurs dans
cette famille linguistique. Le neuvième cas était un cas direct avec un –a final, utilisé
seulement au singulier. Le lydien démontre la réduction significative des neuf cas, en en
préservant seulement cinq : nominatif, accusatif, génitif, ablatif et datif-locatif.
L’usage de ces cas était similaire dans d’autres langues IE avec une seule exception
importante. Il existait un second usage du datif-locatif, considéré comme complément d’objet,
utilisé avec les noms vers lequel l’action était dirigée. On trouvera ici la table des déclinaisons
nominales pour tous les radicaux du nom.
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Abrégé de grammaire lydienne
Nombre
Singulier
Pluriel
Cas
Animé
N.
-s, -ś
Acc.
-n, -ν
D. - L.
-l, -λ *
-an, -n, -aν
G.
?
-aν
Ab.
-d, -t
?
Inanimé
Animé
Inanimé
-d, -t *
-aś
-a
* Désinences empruntées à la déclinaison pronominale du hittite, en remplacement des
désinences originales. Le datif-locatif singulier a changé ses terminaisons aux deux genres.
Les formes qui ont deux désinences différentes - une normale, une palatalisée - les altèrent
dans certaines circonstances. Manifestement, la désinence peut être palatalisée si le son
précédent est soit /i/ soit une dentale, mais cela n'est qu'une supposition, car nous n'en
sommes pas encore assurés. Il est connu néanmoins que dans les évolutions plus tardives de la
langue, une terminaison palatale commence à prévaloir sur la non-palatale dans toutes les
positions.
Aucun renseignement n'a été donné sur les adjectifs lydiens, leurs caractéristiques
propres. La seule chose que nous pouvons dire est qu'ils sont déclinés presque comme les
noms. Il n'y a pas de trace d'adjectifs pronominaux ou d'adjectifs relatifs. Les attributs sont
placés soit avant le sujet, comme dans es-λ mru-λ (cette stèle) en lydien, ou après, comme
dans ora-λ is-λ bakill-λ (dans le mois, celui de Bacchus). Il n'existe donc pas d'ordre des mots
canonique pour les attributs, comme dans les langues celtiques, italiques ou germaniques. Un
des adjectifs lydiens connus : aλaś (autre) < PIE *ārya.
En lydien, le système pronominal a été étudié plus en profondeur, et les matériaux ne
sont pas rares, heureusement. Nous pouvons au moins suivre les pronoms personnels,
possessifs, démonstratifs, relatifs, indéfinis, interrogatifs et enclitiques. Ce jeu de pronoms est
comme d’habitude de type IE, et le système de pronoms fut un facteur décisif, qui a
convaincu chaque linguiste que le lydien méritait le statut de langue IE. Différentes théories
sont en débat depuis que le lydien a été découvert, pendant la première moitié du XXe siècle.
Il existe une première version de son origine, qui établit que le peuple lydien descendait d’une
population de l’ancienne Asie mineure, reliée à Hatti et n’ayant aucun lien avec les Hittites
qui ont vécu loin à l’est de la péninsule. Elle pourrait être confirmée par le fait qu’au IIe
millénaire avant J.-C. déjà, quand personne ne connaissait les Lydiens et que l’empire hittite
prospérait, des sources égyptiennes mentionnent un peuple d’Asie mineure qu’ils appellent
"shardanna". Ce pourrait être un nom de prononciation égyptienne de la ville qui est connue
comme Sardes, la capitale de la Lydie. Mais, à mon avis, aucun nom de la cité ne prouve la
langue de son peuple. Les Hittites se surnommaient eux-mêmes Nésites mais, arrivés sur la
terre appelée Hatti et ayant acquis un nouveau nom, même Hattuša, l’ancien nom PIE de leur
capitale n’avait pas changé. Sardes peut aisément être un nom de substrat, mais la langue des
Lydiens qui vécurent à Sardes au VIIIe siècle (les Mæoniens d’Homère) était certainement
l’IE.
Revenons maintenant aux pronoms lydiens. Nous suivrons ici, pas à pas, leur
évolution du hittite, de l’anatolien et du PIE.
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Abrégé de grammaire lydienne
Les pronoms personnels ont deux personnes dans le PIE, la troisième personne (il,
elle, on) n’existe pas et certains pronoms démonstratifs fonctionnent à leur place.
L’anatolien, en tant que langue archaïque, a préservé sa structure, bien qu’en hittite, et même
plus fortement en lydien et lycien, les démonstratifs sont quelque fois utilisés comme
signification de la troisième personne. Le seul pronom personnel lydien connu est amu (je,
moi), qui – de façon surprenante – n’est pas décliné. Cela résulte du hittite, qui a perdu les
déclinaisons des pronoms personnels à cause de l’influence de langues non-IE. D’ailleurs, en
louvite, ils sont déclinés, et la forme connue est ammedaz – ablatif de « je, moi » (« de
moi »). Mais le lydien perd lui sa déclinaison, aussi bien que les inflexions avec amu. Nous
pouvons reconstruire le pronom de la deuxième personne, en lydien, d’une manière ou d’une
autre, avec *tik, *tuk (notez qu’en hittite, il est décliné, contrairement au précédent, et a une
forme au datif), mais c’est seulement une hypothèse.
Le pronom démonstratif qui est utilisé pour dénoter la troisième personne est biś (ça,
il), originaire du PIE *ebho- via le hit. apa- (cela).
Les pronoms possessifs ont réussi à garder leur structure IE. Ils se déclinent
simplement comme les noms : la déclinaison du nom a beaucoup de désinences pronominales.
Ci-dessous se trouve ce qui les concerne, en incluant les pronoms possessifs réfléchis, perdus
en anglais mais communs à toutes les anciennes langues IE (lat. suus, lit. savo, rus. svoj) :
N. sg. commun
Acc. sg. animé
Acc. sg. inanimé
Acc. pl. animé
Acc. pl. inanimé
ẽmi- (mon)
ẽmis
ẽmν
ẽmλ
ẽminas
ẽminaν
bili- (son)
biliś
bilν
bilλ
bilinas
bilinaν
śfẽ- / śfa- (réflechi)
śfẽś, śfaś
śfẽν
śfẽλ
?
La désinence palatale de l’accusatif inanimé -λ est considérée comme dérivant du
datif, il est supposé être *n ou *-ν ici. Notez que le réfléchi a un mot correspondant en grec
ancien, où la troisième personne se prononce σφεις (N. pl.).
Les pronoms démonstratifs ont joué un rôle important en hittite, louvite et palaïque.
On leur a trouvé cinq différents radicaux en hittite, et quelques autres, additionnels, sont
également formés avec des suffixes. Tous sont IE et peuvent être retrouvés en latin, grec
ancien, et autres langues. Le lydien a conservé seulement deux de ces pronoms, aux radicaux
PIE *s- et *to-. Souvenez-vous des grecs ο,, η,, το < *so, *sa, *tod ou des slaves *siji, *ta, *to.
Les démonstratifs lydiens se présentent comme suit :
es- (ceci)
N. Sg.
Ac. Sg.
ti- (cela, ceci)
Commun eśś
tis
Animé
esλ
tν
Inanimé
ed, est < esd
tid, tδ
D.-L. Sg. Commun esλ
tλ
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Abrégé de grammaire lydienne
Le pronom relatif, ainsi quelques pronoms interrogatifs, dérivent d'une forme PIE, qui
se prononçait à tous les cas *kwis et changeait dans chaque langue selon ses lois phonétiques.
En hittite hiéroglyphique, ils apparaissent sous la forme *hvas, et dans tout le reste des
premières langues anatoliennes (hittite, louvite et palaïque) sous la forme *kuis. Ils peuvent
être utilisés dans les phrases interrogatives comme "qui ?" et dans différentes sortes de clauses
comme "lequel, que, qui..."
Il s’écrit en lydien :
N. Sg.
Acc. Sg.
D.-L. Sg.
Commun
Animé
Inanimé
Commun
qis, qys, qes
qν
qid, qed
qλ
Nous constatons que le pronom est décliné exactement comme le démonstratif ; ils
représentent ainsi la même classe de déclinaison, qui est appelée "pronominale hittite". Le son
/i/ qui est inclus dans la racine, est réduit devant palatale ; cette palatale reflète la combinaison
-in, -il, et la consonne initiale q- serait également adoucie quelque peu.
Parmi les autres pronoms relatifs, nous pouvons citer nãqis (quiconque), et pour les
interrogatifs, kot (comment ? par quel moyen ?) et kud (pourquoi ?) ; les deux derniers
perdent les labiales présentes dans leurs ancêtres hittites, respectivement kuwat et kuwad.
Cela est typique eu égard aux lois phonétiques du lydien décrites ci-dessus.
Les pronoms indéfinis dérivent directement des interrogatifs : qi-, qesi-, qel-, niqesitous ont la même signification (quelqu'un, quelque chose), les différences entre eux ne nous
sont pas connues. Le seul qui est intéressant est fisfid, un pronom inanimé qui signifie
également "quelque chose" et dérive non de la racine *kwi, mais directement du hittite pippid,
peut-être est-ce un exemple de quelque processus dialectal transformant le PIE *kw- en p-.
Quoi qu'il en soit, aucun autre signe d'une tel changement ne nous est parvenu.
Abordons enfin le pronom enclitique inséré à l'intérieur du mot. Nous devons
mentionner que les mots lydiens ne contiennent pas que la racine, ses suffixes et désinences,
mais aussi un grand nombre de particules et conjonctions en plein milieu du mot. Le pronom
peut aussi être placé parmi eux, tels les pronoms -i-, -a- (celui-ci, son) et sont
morphologiquement parlant, des pronoms démonstratifs réduits. Le second d'entre eux, -a-,
est issu de la même forme hittite et de la forme anatolienne *-e-.
Il existe certainement d’autres pronoms dans la langue lydienne, et leur système
exposé ci-dessus n’est pas la représentation exhaustive du système pronominal. Mais nous
devons être heureux qu’ils aient été trouvés aujourd’hui, les données dont nous disposons sont
insuffisantes pour juger de cette langue et de ces origines, et il est à parier qu’à l’avenir les
découvertes de la langue lydienne nous livreront davantage d’informations.
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Abrégé de grammaire lydienne
IV. Le système verbal
Les textes ne nous laissent pas assez d’informations pour que nous soyons sûrs que le
système verbal de cette langue est exactement identique à celui que nous reconstruisons. Le
hittite et le louvite sont bien mieux connus, et leurs structures verbales semblent assez
complètes aux yeux de la recherche scientifique IE moderne. Comme pour les langues
anatoliennes tardives, nous ne pouvons parfois pas même reconnaître les formes verbales
basiques. Le manque de données est criant.
Les groupes des verbes lydiens sont similaires à celles du hittite. Seulement deux
temps sont repérables : le passé (prétérit) et le présent. Aucun parfait ou autre temps complexe
du passé n'est connu ni en hittite ni en aucune autre langue anatolienne. Il semble que le passé
anatolien dénote les deux aspects perfectif et imperfectif, et il n'y a pas non plus de forme
analytique pour les autres formes de passé existantes. Le présent régit, pense-t-on, également
l'action future, bien que l'expression du futur ne soit pas claire en lydien.
Les verbes hittites et lydiens ont trois personnes, comme usuellement dans les idiomes
IE, et les terminaisons de ces personnes sont aussi assez IE, comme nous allons le voir cidessous. Les verbes ont deux modes en lydien – indicatif (je vais) et impératif (va !), comme
le hittite et le louvite. La différence principale réside au niveau de la voix. Le hittite, le
louvite, le palaïte ont deux voix – active et moyenne, imitant ainsi la division des voix du PIE.
Mais les inscriptions lydiennes ne montrent aucune forme moyenne ou passive, et celles-ci ne
sont pas non plus trouvées en lycien, sidète et carien. Cela peut difficilement n'être qu'une
coïncidence : peut-être toutes les langues anatoliennes tardives ont-elles réduit les formes
moyennes et les ont remplacées d'une manière ou d'une autre, avec telle ou telle forme active.
Mais le manque de données peut être la raison de notre ignorance sur ce point.
Venons-en maintenant à la conjugaison du verbe. Nous devons dire que cette
conjugaison est grandement simplifiée en lydien, et qu'il n'y a plus de stricte observance des
terminaisons verbales comme en hittite, les désinences pouvant être partagées entre différents
nombres, personnes et même temps (par exemple, une terminaison du prétérit peut aussi être
utilisée au présent).
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Abrégé de grammaire lydienne
Voici les terminaisons basiques :
Présent de l'indicatif
1sg :
-u < anat. *-wi, *-wa (après consonne)
-f / -v < anat. *-wi, *-wa (après voyelle, représente la forme réduite de la terminaison
en -u)
-ν (palatale n) < terminaison du prétérit
ex. : koν (je trouve), kantoru (je me confie, je fais confiance), fakorfif (je fais du mal)
2sg : -t < hit. -ti / -si (plus tard, identique à la 3sg en lydien)
ex. : kot (tu trouves)
3sg : -t / -d < hit. -zi, louv. -ti (les deux formes varient selon la voyelle radicale finale ou
d'autres raisons)
-nt < anat. *-nti (< 3pl)
ex. : kot (il/elle trouve), silavad (il/elle prend soin), int (il/elle fait, ils/elles font)
1pl : -vν < hit. -weni (après palatalisation de -ni)
ex. : karττivν (nous abolissons)
3pl : -nt < hit. -nti
ex. : inãnt (ils font)
Passé de l'indicatif
1sg :
-ν < hit. -un / -nun, -hun (la cause de la palatalisation est inconnue)
-idν / -iδν (néologisme lydien)
ex. : dãν (j'ai donné), viδν (j'ai construit)
3sg, 3 pl : -l < forme du participe hittite (utilisé à la fois pour le singulier et le pluriel en
lydien)
ex. : kardal (il a fait / ils ont fait)
Impératif
3sg, 3pl : -u, -v, -f < hit. -u (singulier et pluriel)
ex. : śof
Nous pouvons voir ainsi que bien qu'un certain nombre de formes verbales soient
clairement dérivées de leurs ancêtres hittites, le système de la conjugaison du verbe lydien est
énormément altéré. Les modifications phonétiques changent de nombreuses désinences en
formes nouvelles, dissemblables du hittite ; de nouvelles sont développées. La 3e personne du
prétérit utilise une terminaison participiale (à comparer au participe en *-l du proto-slave, qui
est également devenu la terminaison du temps passé : lyd. katanil = slv. postavil , il a placé, il
a construit). C'est un phénomène commun dans les langues IE, mais en lydien ceci prouve le
caractère analytique de la langue – le nombre de terminaisons se réduit de plus en plus.
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Abrégé de grammaire lydienne
Les noms verbaux comprennent deux catégories : participe et infinitif. Le hittite les
utilise plus volontiers : il y a environ trois ou quatre sortes de participes, l'infinitif, le supin et
encore d'autres noms verbaux avec des fonctions peu claires. Le lydien ne préserve que les
formes actives des participes, et deux infinitifs différents qui peuvent être interchangés dans
tous les cas.
Exemples de participes : amãś (aimant), ẽtośrś (encerclant), laλenś (parlant). Tous
représentent le participe PIE en *-ns qui existe pratiquement dans toutes les branches : lat.
amans, lit. mylinti, slv. ljubint (aimant), ... Les mutations phonétiques ont fait que la
terminaison originelle est devenue -rś ou -ãś.
Exemples d'infinitifs : saνvaśtal (posséder), uν (ordonner, prescrire). La terminaison
de ce dernier provient du hittite -na, -una. En fait, toutes les langues IE forment des infinitifs
à partir de noms verbaux différents, et de leurs formes casuelles. Il n'y avait pas d'infinitif en
PIE, c'est pourquoi les formes varient tant dans les différents groupes.
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Abrégé de grammaire lydienne
V. Le système syntaxique
Nous donnons ici la liste des particules, conjonctions, prépositions et postpositions qui
sont attestées en lydien. Il apparaît que ces morphèmes auxiliaires du discours sont assez
importants dans la langue, en nombre également ; leur rôle dans la phrase est vraiment
primordial. Pratiquement chaque mot est accompagné d'une particule ou de plusieurs d'entre
elles, et ces proclitiques ou enclitiques peuvent ne pas seulement être prépositionnels, mais
aussi pronominaux (cf. pronoms infixés), indiquant le sujet, l'objet, etc. Mais la plupart d'entre
eux ne sont que des affixes facilitant la compréhension de la fonction du mot dans la phrase.
Particule
Sens
Exemples
ak-
Préfixe introducteur
-aν
Pronom indiquant un objet direct
-bu, -buk
Conjonction de coordination « ou »,
« soit »
do-
Préposition « jusqu'à »
ẽt-, ẽn-
Préposition ou préfixe « dans », « à
l'intérieur de ».
ẽn-sarb- (insérer)
fa-
Préfixe « le long de », « sur », ou aspect
imperfectif pour un verbe
fa-korfi (avoir fait mal à qqn)
fra-
« À travers », « par », « au moyen de »
-in-
Particule unissant deux parties du
discours
-k
Postposition « and » ( < IE *kwe, lat.
que...)
-λ
Pronom indiquant l'objet au datif (ne pas
confondre avec la terminaison casuelle)
nã-
Particule introductrice
-nak-
Conjonction (aussi) < na- + -k
ni-
Particule négative
ni-kantoru (je ne me confie
pas, je ne fais pas confiance)
-ti, -τa, -li
Suffixe possessif
eśa-tis (son petit-fils), ataś
tivdalis (Atas, fils de Tivdas)
-τa-
Avec le verbe : parvenu à un certain état
(statif)
-t, -it, -τ, -iτ, -m, -in
Particules emphatiques de différentes
sortes
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ak-it (et ainsi...)
mru-λ
es-t mru-d eś-ś-k vãna-ś (cette
stèle et cette tombe)
Fak-m-λ (pour ceci – et non
pour cela...)
Abrégé de grammaire lydienne
Ceci n'est pas la liste complète ; sont seuls présentés les auxiliaires lydiens les plus
répandus. Nous allons voir dans les textes qui suivent leur usage dans la phrase. Certains
d'entres eux sont clairement IE, comme -k (et) commun entre les langues européennes : lat.
terra mari-que, grc. ηπειρον νησους τε (le continent et les îles), lépontique Latumarui
Sapsutaipe (pour Latumaros et Sasputa) ; cette postposition est utilisée en PIE pour
coordonner les substantifs. Certaines de ces particules sont dérivées du hittite : comme -m < ma, un suffixe emphatique hittite, fra- < hit. paran, ni- < PIE *n- via le louvite et le palaïte
Certains sont uniques ou leurs cousins n'ont pas encore été identifiés.
Dans sa globalité, la phrase lydienne a quelques règles strictes qui accentuent son
caractère IE. Le pronom es- est toujours utilisé avant le nom, ayant des fonctions similaires à
celles de l'article défini. L'attribut reste normalement devant le sujet ou l'objet, bien que
quelques adjectifs prédicatifs, suivant leurs noms, aient été trouvés. Les pronoms possessifs
ne peuvent être utilisés que devant un substantif. Le verbe est placé le plus souvent à la fin de
la phrase (syntaxe SOV).
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Abrégé de grammaire lydienne
VI. Les textes lydiens
La composition lexicale du lydien est très mal connue. La plupart des épitaphes
lydiennes écrites aux VIe-IVe siècles av. J.-C. sont aisément déchiffrées et traduites, mais les
textes sacrées et, en particuliers, les vers sont moins compréhensibles. Le vocabulaire de la
langue contient environ seulement 10% de mots IE, le reste étant des emprunts aux langues
indigènes, ou tout simplement des mots d'origine inconnue.
borl-λ X artakśassa-λ qaλmλu-λ dãν
ora-λ isl-λ bakill-λ es-t mru-d eś-ś-k vãna-ś
laqrisa-k qela-k kud-ki-t ist es-λ vãna-λ
bλ tarvo-d ak-a-d maneli-d kumlili-d silukali-d ak-it nãqi-s
es-λ mru-λ buk es-λ vãna-λ buk esνa-ν
laqirisa-ν buk-it kud ist es-λ vãnaλ bλ tarvo-d
ak-t-in nãqi-s qel-λ-k fẽnsλifi-d fak-m-λ artimu-ś
ibśimsi-s artimu-k kulumsi-s aara-λ bira-λ-k
kλida-λ kofu-λ-k qira-λ qel-λ-k bil-λ vδbaqẽnt
En l'an X de Artaxerxès le roi fut donné
Dans le mois celui de Bacchus cette stèle et cette tombe
Et ce mur et ce territoire et là où à cette tombe
Appartenant et ceci est Manes fils de Kumlis du clan de Silukas et ainsi si quelqu'un
A cette stèle ou cette tombe ou ce
Mur ou ici ou à cette tombe appartenant
De même si quelqu'un fait du mal à quelque chose de même à lui Artémis
D'Éphèse et de Kolos cette cour et la maison
Terre et eau et propriété et tout ce qui est sien détruira.
Comprendre : Cette tombe appartient à Manes, fils de Kumlis, et celui qui la touche passera
un sale quart d’heure avec la déesse Artémis, qui détruira facilement chaque morceau de ce
qui lui appartient.
ak-it qed faśfẽnu ak-at qλ fakantrov ak-m-λ-is qis δitollad bitad fak-m-λ-it-in qλdãn-k
artimu-k katsarlokid ak-it edkok ẽtqratad kot-ad amu mitridastaś fẽtamνidν ak-ś qis ẽmν
ẽtamν uν bavδνaśod buk in mẽtrid buk bidẽν qik int akmλ qed ẽmed ẽtamś uν ak-ad artimuś
biferśt.
Et ici ce que j'ai et que je confie à celui et de même à celui qui fait du mal et Kildans et
Artemis prendront leur revanche, et il sera fait ainsi que moi, Mitridast, décide, et lui qui ma
prescription devant être faite ignore ou l'enfreint, ou fait quelque mal, de même à lui la
prescription devant être faite, et cette Artémis décidera et définira.
Comprendre : Ceci est ce que j'ai et donne aux dieux, et celui qui le prendra fera
connaissance avec Artémis, qui décidera de ce qu'il faut faire avec lui.
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Abrégé de grammaire lydienne
Note des traducteurs
Les traducteurs veulent ici dire tout le plaisir qu’ils ont éprouvé dans la traduction de
cet abrégé. Après maintes recherches, il nous est apparu que le lydien a été très peu étudié
par les universitaires français, au contraire de leurs homologues allemands et russes, qui ont
apporté une contribution importante tant en quantité qu’en qualité à l’étude de cette langue.
Le texte que nous avons traduit était relativement long mais également concis en la matière ;
il permettra ainsi à chacun de se faire son idée des particularités de la langue lydienne.
Nous avons effectué ce travail ensemble, malgré la distance, en utilisant toutes les
capacités de l’outil Internet. Ce duo que nous tissons pour la première fois a satisfait à toutes
ses promesses : nous nous sommes partagés la tâche, faisant des pauses récapitulatives. Le
lecteur notera peut-être des différences d’ordre stylistique et repérera sans doute les parties
traduites par l’un et celles traduites par l’autre, bien que nous ayons tenté d’harmoniser
notre traduction en nous relisant mutuellement.
Nous n’avions pour but initial que de rendre accessibles des pans inconnus de la
linguistique. Nous en avons à l’évidence profité pour enrichir nos connaissances propres et
espérons que le lecteur saura en faire de même. Et nous pensons également à l’avenir
continuer ces traductions, destinées aux lecteurs francophones qui s’intéresseraient au sujet,
mais se trouveraient désemparés devant les textes étrangers.
Les traducteurs
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Abrégé de grammaire lydienne
Bibliographie
Inscriptions
(en) W. H. Buckler, Lydian inscriptions, 1924.
(en) H. Craig Melchert, Lydian corpus, 2001.
Grammaires, manuels
(de) Roberto Gusmani, Lydisches Wörterbuch mit grammatischer Skizze und
Inschriftensammlung, Heidelberg, 1964, ISBN 3-533-02929-8.
(en) Vitalij Shevoroshkin, The Lydian language, Moscou, 1977.
(fr) Raphaël Gérard, Phonétique et morphologie de la langue lydienne, Bibliothèque
des cahiers de l'institut de linguistique de Louvain, éd. Peeters Louvain-La-Neuve,
2005, ISBN 2-87723-849-0.
Autres
(de) H. Eichner, Die Akzentuation des Lydischen, Sprache 32, pp.7-21, 1986.
(en) Michael Everson, Proposal to encode the Lycian and Lydian scripts in the SMP
of the UCS, 2006.
(en) H. Craig Melchert, Anatolian, in (fr) Françoise Bader et al., Langues indo-
européennes, pp. 123-138, collection Sciences du langage, éd. CNRS, 1997, ISBN 2271-05043-X.
(en) Id., Lydian, in Roger D. Woodard (ed.), The Cambridge Encyclopedia of the
World's Ancient Languages, pp. 601-608, Cambridge: Cambridge University Press,
2004, ISBN 0-521-56256-2.
(en) Id., The Middle Voice in Lydian, Historische Sprachforschung 105, pp. 189-199,
1992.
Texte original : http://indoeuro.bizland.com/project/grammar/grammar21.html
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