près des deux tiers du territoire. Les îles du Pacifique Sud sont aussi touchées par des pollutions
terrigènes (dues à l’érosion) ou organiques (dues aux eaux usées) qui affectent les coraux, surtout au
niveau des principales zones urbaines. D’une manière générale, la biodiversité marine de ces
territoires demeure toutefois relativement bien préservée. Malgré le risque de surpêche dans les
récifs, nombre d’entre eux sont encore en très bon état, en particulier en Nouvelle-Calédonie et dans
les îles inhabitées des Tuamotu en Polynésie française. Néanmoins, le changement climatique
apparaît comme une pression supplémentaire qui risque d'affecter largement la biodiversité unique du
Pacifique Sud.
Projections climatiques pour la région – Le Pacifique Sud s’étend sur plusieurs millions de km². En
raison de sa taille, les projections climatiques proposées ne sont pas homogènes pour l’ensemble de
la région. Des variations importantes apparaissent entre les différentes sous-régions (particulièrement
entre la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie). D’une manière générale, le GIEC prévoit un
réchauffement des températures moyennes annuelles d’environ 1,8°C dans le Pacifique Sud d’ici
2099 (cf. tableau 6). Ce chiffre est proche du réchauffement global annoncé. Cependant, plusieurs
études projettent un réchauffement plus fort dans la zone équatoriale du Pacifique Sud (+ 2,4°C au
nord de la Polynésie française) et plus faible dans la zone sud (+ 1,2°C au sud de la Polynésie
française). En Nouvelle-Calédonie, une hausse des températures de 1,8°C à 2,1°C est annoncée d’ici
la fin du siècle (Maitrepierre 2003).
Concernant les précipitations, les projections du GIEC montrent une augmentation de la pluviométrie
de 3 % pour l’ensemble du Pacifique Sud d’ici la fin du 21e siècle. Encore une fois, de fortes disparités
régionales apparaissent. Les modèles prévoient une augmentation des précipitations annuelles plus
forte pour la zone équatoriale du Pacifique Sud (+ 20 %) et une augmentation plus faible, voire une
diminution des précipitations, dans le reste de la région. En Nouvelle-Calédonie, les précipitations
annuelles devraient diminuer de 5 à 8 % d’ici 2099 (Maitrepierre 2003), avec une diminution faible
pendant la saison des pluies de janvier à mars, mais une diminution très marquée pendant la saison
sèche d’août à novembre (jusqu’à - 24 %).
Par ailleurs, en raison d’un réchauffement important dans le Pacifique central, la répartition des
cyclones dans le Pacifique Sud devrait également être modifiée. L’évolution de la fréquence et de la
trajectoire des cyclones dans la région n’est pas encore claire, mais une augmentation de leur
intensité est annoncée (GIEC 2007, Wash 2004).
Le GIEC annonce enfin une élévation du niveau marin de 0,35 mètre dans la région du Pacifique Sud,
une valeur du même ordre que la moyenne mondiale (Church 2006). Cependant, les variations entre
les sous régions sont importantes et le niveau d’incertitude est encore fort. Une élévation d’environ 7,5
centimètres a déjà été observée à Tahiti entre 1975 et 2005, alors que le niveau marin n’a pas varié
en Nouvelle-Calédonie au cours de la même période (Sea Level Center 2005).
Tableau 6 : Variations climatiques d’ici la fin du siècle (GIEC 2007). Moyenne pour 21 modèles de
simulation globaux (scénario A1B). Fourchette vraisemblable d’incertitude entre crochets (quartiles
25/75 %).
Composante climatique : Variation de 1980-1999 à 2080-2099 :
Température de l’air Augmentation de 1,8 °C [+1,7 à + 2]
Précipitations Augmentation de 3 % [+3 à + 6]
Evénements extrêmes Intensification des cyclones, avec des vents maximum plus forts et des
précipitations plus fortes
Niveau de la mer Elévation moyenne de 0,35 mètre (0,23 - 0,47 mètre)
Impacts du changement climatique sur la biodiversité – Les données et publications scientifiques
relatives aux impacts observés et potentiels du changement climatique sur la biodiversité de la région
sont très limitées. Au niveau marin, les écosystèmes les plus vulnérables sont probablement les récifs
coralliens. Les coraux du Pacifique Sud ont été touchés par plusieurs épisodes de blanchissement,
leur mortalité a même atteint 90 % dans certaines zones de Nouvelle-Calédonie en 1996. Cependant,
le blanchissement observé dans le Pacifique n’a pas été aussi massif et généralisé que les épisodes
qui ont touché l’océan Indien en 1998 et les Caraïbes en 2005.
Les coraux de la région sont également menacés par la probable intensification des cyclones. En
Nouvelle-Calédonie, l’impact du cyclone Erica en 2003 sur les récifs du parc marin de la province
sud a été mesuré avec précision (cf. encadré 4.7). L’élévation du niveau de la mer provoquée par le
changement climatique représenterait aussi un risque sérieux pour les écosystèmes côtiers de la
région. En Polynésie française, les 84 îles basses coralliennes pourraient disparaître complètement à