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POLYNESIE FRANCAISE
Conférence du Groupe des Dirigeants Polynésiens
sur le changement climatique
Papeete - Tahiti
Mercredi 15 juillet 2015
ALLOCUTION DE MONSIEUR EDOUARD FRITCH
PRESIDENT DE LA POLYNESIE FRANCAISE
Monsieur le Premier de Niue, Président du Groupe des dirigeants polynésiens, cher Toke,
Monsieur le Premier ministre de Samoa,
Monsieur le Premier ministre des îles Cook,
Monsieur le Premier ministre de Tuvalu,
Monsieur le Premier ministre de Tonga,
Monsieur le Ulu de Tokelau,
Monsieur le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française,
Monsieur le Vice-Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie,
Monsieur le Sénateur de Wallis-et-Futuna,
Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,
Madame la Sénatrice de la Polynésie française,
Monsieur le Sénateur, Vice-président de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les ministres du gouvernement de la Polynésie française,
Monsieur l’Ambassadeur, Secrétaire Permanent pour le Pacifique,
Monsieur le Président du Conseil économique, social et culturel,
Madame et Monsieur les Conseillers auprès du Président de la République,
Monsieur le directeur général du Programme Régional Océanien de l’Environnement,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Chers amis,
C’est un honneur et un privilège pour moi que de vous accueillir et de vous souhaiter la
bienvenue, ici, à la présidence de la Polynésie française, à l’occasion de l’ouverture de la
Conférence des Leaders polynésiens consacrée au changement climatique.
La Polynésie française est heureuse et fière de recevoir ses amis et frères du « Polynesian
Leaders Group ».
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Je sais que vous avez tous fait de grands efforts pour vous rendre disponibles et venir à Tahiti,
au milieu d’une actualité régionale particulièrement chargée, entre une réunion des ministres
des Affaires étrangères du Forum à Sydney et la clôture des XVèmes Jeux du Pacifique en
Papouasie-Nouvelle-Guinée. Je vous remercie tous du fond du cœur d’être venus.
J’étais moi-même au couronnement du roi de Tonga le 4 juillet dernier et je tiens ici à vous
réitérer, Monsieur le Premier ministre Akilisi Pohiva, nos félicitations les plus chaleureuses et
nos vœux les meilleurs pour Sa Majesté le roi Tupou VI.
Je souhaite également féliciter le Premier ministre de Samoa pour le superbe match de rugby
contre les All Blacks. Malheureusement les Manu Samoa n’ont pas battu à plate couture les All
Blacks. Mais ils ont réussi un score honorable…peut-être parce que nous n’étions pas pour
soutenir les soutenir.
Je voudrais également saluer la présence, en tant qu’observateurs, de nos collectivités sœurs de
Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna, respectivement représentées M. Jean-Louis
d’Anglebermes, vice-président du gouvernement, et Frère Robert Laufaoulu, sénateur.
Surtout, je souhaite ici remercier le Président de la République, Monsieur François Hollande,
de nous faire l’honneur de la participation de son ambassadeur, Secrétaire permanent pour le
Pacifique, Son Excellence M. Christian Lechervy, de sa conseillère pour les négociations
internationales climat et environnement, Mme Marie-Hélène Aubert, et de son conseiller pour
l’Outre-Mer, M. Marc Vizy.
Enfin, je tiens également à remercier de sa présence le directeur général du PROE, M. David
Sheppard, qui représente l’organisation de référence du Pacifique pour les négociations
climatiques internationales.
A tous, je vous dis très chaleureusement IA ORANA, MAEVA E MANAVA.
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Nous sommes aujourd’hui réunis pour débattre d’un sujet vital pour l’avenir de nos îles et de
nos populations. Je veux parler du changement climatique et des menaces qu’il fait peser à la
fois sur notre environnement, notre cohésion sociale et nos perspectives de développement
économique.
L’objectif de notre conférence est de permettre aux membres du PLG d’adopter une position
commune sur les enjeux et les défis du changement climatique, et de la relayer au plus haut
niveau en fin d’année à Paris, à la 21ème session de la conférence des Parties à la Convention
cadre des Nations Unies sur le changement climatique.
L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’aboutir à un accord permettant de contenir le
réchauffement global de la planète en deçà de 2°C à l’horizon 2100
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Les pays et territoires polynésiens sont tous confrontés, de manières distinctes et à différentes
échelles, aux menaces du changement climatique. Il était dès lors naturel qu’ils unissent leurs
efforts et parlent d’une même voix pour défendre leur vision et leurs préoccupations face aux
dangers qui pèsent sur eux.
Et quoi de plus naturel que d’exprimer leur message à travers le « Groupe des Leaders
Polynésiens » dont la mission, selon son texte fondateur, est de « promouvoir et de protéger
les cultures, traditions et langues polynésiennes et de parvenir à un développement et une
prospérité durables, en travaillant ensemble dans un esprit de compréhension mutuelle et de
coopération ».
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Je tiens ici à rendre hommage à ceux qui ont créé le 17 novembre 2011 à Apia ce groupe
régional de dialogue et de coopération, rassemblant les peuples et les pays polynésiens, et dont
je reconnais autour de cette table certains des dirigeants fondateurs. Monsieur le Premier
ministre de Samoa, Monsieur le Premier ministre des îles Cook, Monsieur le Premier de Niue,
qui est aujourd’hui notre président en exercice, merci pour cet acte fondateur.
Vous avez eu raison de fonder le « Polynesian Leaders Group » car la diplomatie est aussi une
affaire de sensibilité humaine et culturelle. Nous respirons le même air, nous partageons le
même océan, nous partageons souvent les mêmes pluies et parfois les mêmes cyclones. Mais,
je crois que nous avons surtout la volonté de rapprocher nos peuples, de partager nos
expériences et nos éventuels soucis et, comme je l’espère, de porter des projets en commun.
Nous partageons un patrimoine commun au travers de Havaiki. C’est pour cette raison que
demain, nous irons sur cette île de Havaiki, au marae de Taputapuatea, pour signer notre
déclaration du PACT polynésien : le « Polynesia Against Climate Threats ». Ce marae est au
centre de gravité du triangle polynésien et fait l’objet à l’UNESCO d’une procédure
d’inscription au Patrimoine mondial de l’Humanité. C’est sur ce site sacré polynésien que nous
scellerons notre volonté commune de sauver nos populations et nos îles.
Nos ADN sont les mêmes. La Polynésie française a toujours pratiqué l’ouverture envers ses
frères du Pacifique. Dans la mesure de nos moyens et compte tenu de notre situation
privilégiée au sein de la République française, nous avons toujours souhaité être solidaires des
différents peuples du Pacifique, surtout lorsqu’ils traversent des épreuves difficiles. Je me
souviens qu’en début d’année 2004, à la suite du cyclone Heta qui avait dévasté Niue, nous
avons participé à la reconstruction d’une partie de ce pays. Dans le cadre d’un soutien
humanitaire, nous avons aussi été présents aux côtés des îles Cook, de Tonga et encore tout
récemment du Vanuatu.
Aujourd’hui, malgré la crise économique qui nous frappe, nous voulons continuer à dialoguer
avec nos voisins et à nous impliquer dans des projets d’envergure communs, d’autant que nous
vivons dans un monde globalisé et que cette globalisation s’impose désormais à tous les pays
du monde.
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Dans cet esprit, il me tiendrait ainsi à cœur que nous puissions, à l’occasion d’une prochaine
rencontre, discuter de la manière dont nous pourrions renforcer nos moyens d’échanges et de
communication. A ce sujet, permettez-moi juste d’évoquer rapidement deux sujets de réflexion
possibles :
- Tout d’abord, un projet de câble sous-marin qui relierait l’Asie à l’Amérique du Sud en
passant par nos îles du Pacifique, dans l’intérêt de nos populations qui souhaitent,
aujourd’hui, être connectées avec leurs amis, leurs familles, leurs entreprises, être au fait
immédiat de l’actualité et accéder aux connaissances fournies par le web.
Parler des technologies de l’information et de la communication (TIC) n’est pas s’éloigner
du sujet qui nous réunit tous aujourd’hui : le changement climatique. En effet, la
technologie joue un rôle majeur et grandissant dans nos sociétés et il va de soi que les TIC
apporteront des approches innovantes pour nous préparer, nous adapter et accompagner le
changement climatique et ses effets.
- Je fais le même constat concernant le transport aérien. Pour beaucoup l’avion est un objet
polluant. Pour nous insulaires, il est un formidable outil d’adaptation. Les experts du GIEC
(Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) précisent que notre
vulnérabilité au changement climatique est exacerbée du fait de notre isolement et de notre
éloignement. Vous comprendrez tous qu’avec une desserte aérienne améliorée entre nos
îles, nous nous sentirions moins loin et moins isolés. J’ai le rêve que nous puissions, tous
ensemble avec le soutien de nos compagnies aériennes régionales et internationales recréer
la « Route du Corail » qui a relié nos îles jusque dans les années 80.
Mes chers amis, les idées de projets ne manquent pas et ne manqueront pas. C’est la solidité de
nos liens et la confiance mutuelle qui nous permettront de jeter les bases d’une plus grande
coopération et de construire une partie de notre chemin et de notreprospérité ensemble, pour le
bien-être de nos générations futures.
oOo
Pour l’heure, nous sommes rassemblés à Papeete, pour témoigner, ensemble et d’une seule
voix, denotre souci de protéger nos populations face au changement climatique. Cette
rencontre s’inscrit dans l’une des phases de préparation au grand rassemblement de la COP21 à
Paris.
Comme je l’ai dit au Président de la République française, à Nouméa en novembre dernier au
siège de la Communauté du Pacifique, il est important que les petites nations insulaires en
développement - petites par leur superficies terrestres mais grandes par la place qu’elles
occupent sur l’océan - et en particulier les populations fragiles qui y vivent, soient au centre de
l’attention des grandes puissances, et en particulier de celle de la France qui peut apporter un
soutien déterminant à nos pays océaniens, et à travers elle de toute l’Union européenne. Les
petites nations insulaires sont et seront toujours les premières victimes de la désinvolture
environnementale du monde moderne.
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Il était à mon sens important que nous puissions parler d’une même voix, nous exprimer avec
une me foi, dire haut et fort notre inquiétude pour nos frères et sœurs océaniens qui seront
malgré eux, les premiers à payer le prix fort des inconséquences de la communauté
internationale.
Mais le changement climatique ne doit pas seulement nous mettre sur la défensive et nous
positionner en tant que victimes. Il doit aussi être l’occasion de mettre en avant nos
formidables atouts et capacités d’adaptation. Nous sommes le « peuple de la pirogue » qui a
traversé de bout en bout le plus grand Océan de la planète, et nous n’avons pas peur de relever
les défis qui se posent à nous. Le changement climatique présente de nouvelles opportunités de
développement durable, que nous devons saisir.
Afin de préparer au mieux notre réunion ainsi que notre participation à la COP21, nous avons
ainsi souhai disposer des derniers éléments scientifiques sur les impacts du changement
climatique, particulièrement sur les îles basses et les espaces côtiers de la Polynésie. C’est dans
cette optique que nous avons été à l’initiative, avec le concours de la France, du symposium
scientifique sur la vulnérabilité des îles polynésiennes, qui s’est tenu à Papeete du 30 juin au 2
juillet dernier. Les conclusions les plus saillantes de ce symposium et ses principales
recommandations vous seront présentées dans le courant de la matinée par M. Tamatoa
Bambridge, directeur de recherche au CRIOBE que je souhaite remercier.
Je forme le vœu que la Déclaration que nous allons officiellement adopter à l’issue de notre
conférence sur le marae de Taputauatea soit entendue au plus niveau de la Communauté
internationale et trouve une concrétisation dans l’accord des Parties à la COP 21 à Paris.
Enfin, je ne voudrais pas terminer mon allocution sans remercier le pasteur John Doom pour sa
belle prière d’ouverture. Elle saura, j’en suis sûr, nous garder dans la fraternité et dans la
recherche du bien commun pour l’ensemble de nos populations.
Je vous souhaite à tous un excellent séjour en Polynésie française et que Dieu vous apporte sa
paix et sa bénédiction.
Mauruuru.
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