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protéger le droit à la vie. Il est ainsi demandé à la CEDH de se prononcer sur la violation du droit à la vie de la
femme enceinte et du droit à la vie du bébé à naître.
Dans leur arrêt, les juges de Strasbourg cherchent à éviter de se prononcer frontalement sur
le droit à la vie de l’enfant à naître. Ils rappellent que la CEDH ne souhaite pas se prononcer
sur le point de départ de la vie humaine ni trancher si l’enfant à naître est une « personne » au
sens de la Convention Européenne des Droits de l’Homme : « La Grande Chambre a considéré
que, en l’absence d’un consensus européen sur la définition scientifique et juridique des débuts
de la vie, le point de départ du droit à la vie relevait de la marge d’appréciation que la Cour
estime généralement devoir être reconnue aux États dans ce domaine. La Grande Chambre a
ainsi estimé qu’« il n’est ni souhaitable, ni même possible actuellement de répondre dans
l’abstrait à la question de savoir si l’enfant à naître est une « personne » au sens de l’article 2
de la Convention (idem, § 85) ».
β- Le futur législatif
2002 – 2004 (projet de loi) : Pour enrayer cette solution jurisprudentielle, dès février 2002, une
proposition de loi relative à la protection pénale de l’enfant à naître contre les atteintes
involontaires à la vie avait été déposée. Puis, dans le cadre du projet de loi renforçant la lutte
contre la violence routière, l'Assemblée nationale adoptait le 19 mars 2003 l'amendement
Garraud qui prévoit que quand une femme enceinte perd son enfant à cause d'un chauffard,
celui-ci puisse être poursuivi pour "avortement involontaire dû à un accident de la route". Cet
article était rejeté par la Commission des Lois du Sénat, le 29 avril 2003, mais les sénateurs,
assurés que cette question devait trouver une réponse juridique, promettaient de voter ce texte
dans un autre cadre que celui de la sécurité routière. Ainsi la proposition de loi portant sur le
délit d'interruption involontaire de grossesse de Jean Paul Garraud était de nouveau discutée
dans le cadre du projet de loi visant « à adapter la justice à la criminalité » et adoptée par
l'Assemblée le 27 novembre 2003. Devant le tollé provoqué par les lobbies pro-avortement,
Dominique Perben, Garde des Sceaux, décidait de ne plus soutenir cet amendement qu’il avait
auparavant approuvé. Le 21 janvier 2004, le Sénat supprimait l’amendement Garraud qui était
repris par 62 sénateurs dans une nouvelle proposition de loi relative à la protection pénale de la
femme enceinte.
Amendement Garraud. Cet amendement visait à créer le délit d’interruption involontaire de
grossesse ayant entraîné la mort d'un enfant à naître sans le consentement de la mère, en
prévoyant une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende en cas
d’interruption de grossesse causée « par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou
manquement à une obligation de sécurité ou de prudence ». Adopté par l’Assemblé nationale
mais rejeté par le Sénat le 21 janvier 2004. (B’)
3- Par rapport aux domaines voisins
DV 1 :
Quid si sans entrainer la perte du fœtus le comportement d’une personne entraine une atteinte
à son intégrité physique ?