Dossier collectif

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Inscription relevée sur « le Mur des
noms » Mémorial de la Shoah – Paris
Notre classe devant l'Assemblée nationale
Mardi 28 avril 2009
INTRODUCTION (CELINE ET LAURA)
• I. UNE JEUNE FEMME FRANÇAISE PASSIONNÉE PAR LA VIE
• A) ORIGINAIRE D'UNE VIEILLE FAMILLE FRANÇAISE ( Steven et Bertrand)
1)
2)
3)
Une famille israélite aisée
La figure du père : Raymond Berr, un homme de sciences
L'évocation de la famille dans le journal
• B) ÉTUDES, PASSIONS ET AMOURS D'HÉLÈNE (Maïlys, Marion et Roxanne)
1)
2)
3)
Des études brillantes
Ses multiples passions
Ses amours : Gérard et Jean
• C) LES LIEUX DE SA VIE (Lucie et Mariella)
1)
2)
3)
4)
Ses lieux de résidence
Son université : la Sorbonne
Ses lieux de promenades favoris
Les lieux de son engagement
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• II. HÉLÈNE BERR FACE AUX PERSÉCUTIONS NAZIES
26
• A) LA FRANCE OCCUPÉE (Sylvain, Mickael et Brian)
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1)
2)
Le régime de Vichy
La zone occupée
• B) LES MESURES ANTISÉMITES QUI LA TOUCHENT (Vincent, Hadrien et Jonathan)
1)
2)
3)
Des persécutions soutenues et encouragées par Vichy
Un exemple : le port de l'étoile jaune
Le regard d'Hélène Berr vis à vis des nazis
• C) SON TRAVAIL À l'UGIF (Jérémy et Chris)
1)
2)
3)
Quel est cet organisme?
Les doutes d'Hélène
Les activités d'Hélène
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• III. LE TEMPS DE LA DÉPORTATION
37
• A) L'ARRESTATION D'HÉLÈNE BERR (Charlène E. et Charlène M.)
37
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1)
2)
3)
L’arrestation de son père en 1942
Les pressentiments d'Hélène
L'arrestation : le 08 mars 1944
• B) LE CAMP DE DRANCY (Marion et Julie)
1)
2)
3)
l'histoire de la cité
la vie dans le camp
La libération du camp
• C) LA DÉPORTATION : AUSCHWITZ ET BERGEN BELSEN (Clément et Nancy)
1)
2)
Auschwitz-Birkenau : le plus grand camp d'extermination nazi.
La mort d'Hélène Berr à Bergen Belsen.
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51
• IV. L 'HISTOIRE DU JOURNAL DE 1944 À NOS JOURS
54
• A) LA CONSERVATION DU MANUSCRIT (Fatiha e/ Ilhame)
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1)
2)
Les raisons de l'écriture
La transmission du manuscrit à Jean
3)
Le manuscrit retrouvé par Mariette Job et son exposition au Mémorial de la Shoah
• B) LA PUBLICATION DU JOURNAL (Andy)
1)
2)
3)
Le journal publié et les textes qui l'accompagnent
Un vrai succès littéraire
La version audio du journal d'Hélène Berr
• C) POURQUOI IL FAUT LIRE HÉLÈNE BERR (Julien et Margot)
1)
2)
3)
Un devoir de mémoire à portée universelle
Un intérêt littéraire et pédagogique
Anne Frank et Hélène Berr : deux visions différentes de la guerre
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CONCLUSION (CELINE ET LAURA)
67
CHRONOLOGIE INDICATIVE
71
BIBLIOGRAPHIE
75
FILMOGRAPHIE
77
VOYAGE PÉDAGOGIQUE À PARIS CLASSE DE 1°ES 2
87
• ORGANISATION DU VOYAGE PÉDAGOGIQUE
89
•
JEUDI 23 AVRIL :
89
•
LUNDI 27 AVRIL
89
•
MARDI 29 AVRIL 2009
89
•
MERCREDI 29 AVRIL
91
•
JEUDI 30 AVRIL
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RECITS DE NOTRE VOYAGE A PARIS SUR LES PAS D'HELENE BERR 27/30 AVRIL 2009 93
• Fatiah Afkir « Synthèse du Paris d’Hélène Berr »
95
• Lucie Antagnac « Sur les pas d' Hélène Berr »
97
• Jonathan Beauville « Sur les pas d'Hélène Berr »
98
• Mariella Bourgade « Sur les pas d'Hélène Berr »
100
• Céline Brunet « Sur les pas d'Hélène Berr »
101
• Sylvain Caliman « Sur les pas d'Hélène Berr »
102
• Jérémy Durantet « Sur les pas d'Hélène Berr »
103
• Charlène Edru « Sur les pas d’Hélène Berr »
104
• Clément Escarnot, sur les pas D'Hélène Berr
105
• Mickael Fracasso « Sur les pas d'Hélène Berr »
106
• Nancy Garès « Récit de mon voyage à Paris »
107
• Ilhame Hadi « Sur les pas d'Hélène Berr »
108
• Julien Lagorce « Sur les pas d'Hélène Berr »
109
• Steven Laurens « Sur les pas d’Hélène Berr »
110
• Maïlys Leduc Alexandre « Sur les pas d'Hélène Berr »
111
• Chris Lescure « Sur les pas d'Hélène Berr »
112
• Emilie Malet " Sur les pas d'Hélène Berr"
113
• Charlène Mast « Sur les pas d'Hélène Berr à Paris »
114
• Laura Montagne « Récit de mon voyage à Paris »
115
• Roxanne Montagner « Sur les pas d'Hélène Berr »
116
• Hadrien Montariol « Voyage à Paris »
117
• Andy Petit « Sur les pas d'Hélène Berr »
118
• Vincent Robin « Récit du voyage à Paris »
119
• Jérémy Rouillaux « Voyage à Paris »
120
• Rémi Salva « Sur les pas d'Hélène Berr »
121
• Bertrand Sanna « Sur les pas d'Hélène Berr »
122
• Brian Skuratko « Sur les pas d'Hélène Berr »
123
• Marion Stolfo « Sur les pas d'Hélène Berr »
124
• Margot Vidal « Sur les pas d'Hélène Berr »
125
INTRODUCTION (Céline et Laura)
C'est sur cette citation que s'ouvre le Journal
d'Hélène Berr. Elle représente le début de deux ans
de récit de vie dans le Paris de l'Occupation. En
effet, d'avril 1942 à mars 1944, Hélène Berr, une
jeune juive française de 21 ans, qui mourra dans le
camp de Bergen-Belsen en avril 1945, a tenu son
journal intime. Elle y retrace sa vie qui fut
progressivement transformée par l'antisémitisme et
les persécutions nazies. Essayant malgré tout de
continuer de profiter de la vie, et gardant toujours
espoir, Hélène Berr s'y interroge souvent sur les
conséquences de la déportation et le sens de son
témoignage. En effet, pour elle, l'écriture de son
journal relève du devoir de mémoire, comme elle
l'écrit le 10 octobre 1943 : « Il faudrait donc que
j'écrive pour pouvoir plus tard montrer aux hommes
ce qu'a été cette époque. Je sais que beaucoup auront
des leçons plus grandes à donner, et des faits plus
terribles à dévoiler. Je pense à tous les déportés, à
tous ceux qui gisent en prison». L'époque d'Hélène
« Ceci est mon journal. Le reste se trouve à
Berr est marquée par le génocide juif, la Shoah,
commis et organisé par les Nazis sous
Aubergenville. »
commandement d'Hitler, alors « Führer » du Grand
Reich allemand depuis 1933. En 1942, la puissance
de l'Allemagne nazie est à son apogée en Europe. Elle a réussi à regrouper des millions de
personnes au sein d'un « espace vital », tout comme elle a placé sous sa domination de
nombreux pays du « vieux continent » dans lesquels les races jugées inférieures (Juifs et
Tziganes notamment) sont progressivement persécutées et exterminées. Hélène Berr est ellemême victime de cette politique destructrice. En effet, il faut rappeler que depuis la signature
de l'Armistice à Rethondes, le 22 juin 1940, et la mise en place du gouvernement de Vichy
dirigé par Pétain, les Juifs de France sont progressivement persécutés et exclus de la société.
Dès lors, leur condition ne cesse de se dégrader avec notamment la promulgation de
nombreuses mesures antisémites, telles que l'adoption du statut des Juifs en octobre 1940 ou
encore l'application de plusieurs ordonnances allemandes (comme celle du 29 mai 1942 qui
institue le port obligatoire de l'étoile jaune dès l'âge de 6 ans). Hélène Berr vit donc ces
multiples persécutions et leurs conséquences dans le Paris de l'Occupation ce qui bouleverse
profondément son quotidien et sa vision de l'Homme et du monde. Même si elle ne connut pas
la fin de la guerre, elle laisse néanmoins à sa façon, une trace de son existence par l'écriture de
son journal intime qui constitue pour nous, de nos jours, un témoignage de grande valeur que
sa force, sa lucidité et son courage rendent encore plus émouvant.
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Le journal d'Hélène Berr, est publié pour la première fois en janvier 2008, après avoir
été exposé depuis 2002 au Mémorial de la Shoah. C'est un témoignage qui vient s'ajouter à
beaucoup d'autres récits, écrits eux aussi, parfois, sous la forme d'un journal intime à l'image
du célèbre Journal d'Anne Franck. Pour sa part, le romancier français Patrick Modiano, qui a
été marqué dès son enfance par l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, a d'ailleurs tenu à le
préfacer suite à sa première lecture. L'auteur de Dora Bruder, fut de suite frappé par la
sensibilité et la force qui se dégage d'Hélène dans son journal. Il l'a décrit comme une jeune
femme très courageuse dans ce Paris de l'Occupation. Il termine sa préface en écrivant même
qu'Hélène incarne selon lui : « Une voix et une présence qui nous accompagneront toute notre
vie ». Cette citation prouve ô combien le journal l'a touché. Après avoir lu le livre, l'écrivain a
également tenu à revenir sur les pas d'Hélène Berr dans Paris « afin de comprendre ce qu'a pu
être sa solitude », et de mieux s'imaginer son quotidien en s'imprégnant de son
environnement. C'est dans cette même optique que notre classe de 1°ES 2, du lycée Pierre
Bourdieu de Fronton, a organisé un voyage pédagogique à Paris afin de se rendre sur les lieux
qui ont marqué la vie de cette jeune femme juive. Ainsi, nous sommes allés dans la capitale
du 27 au 30 avril 2009 en vue de découvrir ces lieux qui ont inspiré l'écriture d'Hélène et ont
marqué son destin tragique. Ce séjour fut l'aboutissement de notre travail engagé dès
l'automne sur le journal. Il faut préciser que notre lycée travaille chaque année sur le devoir de
mémoire et suit, ainsi, la pensée du poète Paul Valéry (un auteur qu'Hélène Berr admirait)
pour qui : « L'avenir du passé c'est la mémoire ». Dans cet esprit, nous avons aussi participé
cette année au Concours National de la Résistance et de la Déportation dont le sujet était :
« les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi ». L'étude de ce thème
fut complémentaire de notre réflexion sur le témoignage d'Hélène Berr car il nous a permit
d'approfondir notre représentation de ce que fut la « Solution finale ».
Nous allons maintenant vous présenter plus en détail notre travail d'une année sur le
Journal d'Hélène Berr. Un travail auquel nous avons consacré beaucoup de temps, que ce soit
au lycée ou dans le cadre de notre travail personnel à la maison. Tout d'abord, nous
aborderons la personnalité d'Hélène Berr, une jeune femme pleine de vie, imprégnée d'une
grande culture littéraire et d'un esprit humaniste des plus remarquables. Puis, nous nous
intéresserons à sa vie quotidienne marquées par les persécutions nazies qu'elle évoque souvent
dans les feuillets de son journal intime, avant d'évoquer, ensuite, sa déportation. Enfin, nous
étudierons dans un dernier temps, l'histoire de son journal de 1944 à nos jours, une histoire
essentielle à connaître afin de comprendre comment ce manuscrit, si important, est parvenu
jusqu'à nous.
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I.
UNE JEUNE FEMME FRANÇAISE PASSIONNÉE PAR
LA VIE
En premier lieu, nous souhaitons dresser un portrait d'Hélène Berr afin de présenter sa
famille, mais aussi ses études, passions, amours et autres lieux de sa vie qui sont présents dans
le journal du début à la fin. Au delà de son destin tragique, nous voulons surtout présenter la
personnalité lumineuse d'Hélène, une jeune femme simple, sincère et qui avait une incroyable
envie de vivre.
A) ORIGINAIRE D'UNE VIEILLE FAMILLE FRANÇAISE ( Steven et
Bertrand)
Pour comprendre qui est Hélène Berr, il faut tout d'abord s'intéresser à sa famille qui
joue un rôle essentiel auprès d'elle.
Hélène Berr
1) Une famille israélite aisée
Née en 1921, à Paris, dans une famille « de vieille souche française», comme l'écrit sa
nièce Mariette Job dans la postface, Hélène Berr est issue d'un milieu israélite aisé. Son père,
Raymond Berr, chimiste à la réputation établie, est le vice-président de la société Kuhlmann.
Quant à sa mère, Antoinette, elle s'occupe d'œuvres de charité. Hélène Berr a trois sœurs et un
frère :
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Jacqueline, née en 1915 et qui meurt de la scarlatine en 1921.
Yvonne, née en 1917, elle épouse Daniel Schwartz.
Denise, née en 1919, elle épouse François Job.
Jacques, né un an après Hélène en 1922.
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Il y a aussi sa grand mère, Berthe Rodrigues-Ely, dont Hélène Berr parle souvent dans
son journal sous le diminutif de « Bonne maman ». Cette famille nombreuse mène une
existence normale au sein de la bourgeoise parisienne entre le bel appartement de l'avenue
Elisée Reclus, situé près du Champ de Mars, et la grande maison de campagne
d'Aubergenville, dans les Yvelines, qu'Hélène Berr évoque souvent dans son journal.
Hélène Berr entourée de ses proches
La famille reçoit beaucoup, il est souvent questions des tantes, des cousines, des amis
d'enfances, des camarades d'études.... Hélène est quelqu'un de très sociable. Elle rend souvent
des visites ou bien elle accueille, chez elle, ses proches pour des moments de partage, très
souvent autour de la musique. Il faut dire qu'au sein de la famille on réserve une place de
choix aux arts, (Hélène est violoniste) et les enfants poursuivent des études brillantes.
Nous avons pu voir durant notre travail que les Berr ont été déportés plus tardivement
que les autres Juifs car cette famille était implantée depuis très longtemps dans le pays. En
effet, les nazis ont tout d'abord déporté les Juifs étrangers, puis ceux qui n'étaient français que
depuis peu de temps et, dans un dernier temps, tous les Juifs.
2) La figure du père : Raymond Berr, un homme de sciences
Hélène Berr évoque souvent ses parents dans le journal, mais elle ne détaille pas
vraiment qui ils étaient. Nous savons peu de choses de sa mère alors que son père, lui, est un
homme très connu à l'époque dans les milieux économiques et scientifiques.
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Raymond Berr
Raymond Berr est le fils de Louis Lehmann Berr (mort en 1933) qui était juge
d'instruction, et d’Henriette Alice Levy. Il est de plus le petit-fils de Maurice Levy (18391910), et le frère jumeau de Maxime Charles Gustave Berr (1888-1917 ; qui deviendra en
1907 capitaine d'artillerie mort pour la France). Plus tard, il se marie avec Antoinette (18911944).
Le père d’Hélène est une personnalité connue et respectée dans le Paris de l'époque.
Polytechnicien (issue de la promotion de 1907), il est en 1911 élève ingénieur à l'Ecole des
Mines de Paris où il devient préparateur du cours de minéralogie, à la demande de Pierre
TERMIER. Dès la sortie de l'Ecole, il devient professeur de géologie à l'Ecole des Mines de
Saint-Etienne.
Par la suite, en 1914, il devient lieutenant d'artillerie et est blessé au bras le 27 août,
avant de repartir sur le front. Affecté au Ministère de l'Armement, à la direction des Poudres,
il devient cette fois capitaine adjoint au chef de service. Il est attaché au Commissariat général
de la Reconstruction des Régions libérées. En récompense des services rendus, il est décoré
de la Croix de guerre et de la Légion d'Honneur. Après la guerre, Raymond Berr devient en
1919 sous-directeur des établissements Kuhlmann et en 1920 directeur général de Kuhlmann.
C'est en 1933 qu'il devient administrateur délégué, puis vice-président délégué de l'entreprise
(1939).
En parallèle, Raymond berr est un scientifique reconnu. En effet, à partir de 1930 il
donne par exemple des conférences sur l'évolution de l'industrie des engrais chimiques,
comme par exemple au CNAM 1939 où il devient président de la société des Ingénieurs
civils. C'est en raison des services rendus à la France et à la science qu'il est un des trois
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dirigeants juifs d'entreprises à bénéficier d'une mesure d'exception lui permettant de conserver
son poste jusqu'en 1942. Raymond Berr est démis de ses fonctions le 14 octobre 1940, avant
d'être arrêté une première fois le 23 Juin 1942, puis relâché le 22 Septembre 1942 comme
nous le verrons plus tard. C'est finalement le 8 Mars 1944 que Raymond Berr, sa femme
Antoinette et sa fille Hélène sont arrêtés et internés au de camp de Drancy, avant de prendre le
convoi n°70 du 27 Mars 1944 en direction d' Auschwitz. Beaucoup d'hommages furent rendus
à ce grand homme de sciences à l'image de ce qu'écrivit Pierre Jolibois, président de la
Société Chimique de France en 1935 et élu membre de l'Académie des sciences le 28 juin
1944.
«Il m'a été donné de rencontrer souvent Raymond BERR au cours des derniers mois qui
ont précédé sa déportation. Notre amitié datait de près de trente ans. Elle était sillonnée de
conversations dont je sortais toujours émerveillé par la lucidité de son esprit et par son
intelligence incomparable. C'est dire quelle tristesse ont pu ressentir ses amis lorsqu'ils
apprirent que ces entretiens étaient finis et que leur affection s'était brisée dans un horrible
drame atteignant trois innocentes victimes d'une barbarie que l'histoire ne pardonnera jamais.
Je pourrais vous dire ce qu'était l'ami, la délicatesse de sa pensée, la probité de ses sentiments,
la justesse de ses vues, mais ces confidences intimes ne seraient pas de nature à vous montrer
ce qui, chez Raymond BERR, mérite d'être connu de tous et de rester, chez les générations
futures, comme le modèle d'une courageuse carrière consacrée à la science et à la grandeur de
son pays. »
Pièce à l'effigie de Raymond Berr
3) L'évocation de la famille dans le journal
La famille d'Hélène est très présente tout au long du journal. Néanmoins, on peut
penser que si elle écrit ce journal c'est aussi pour garder au fond d’elle certains de ses
sentiments qu'elle ne peut évoquer aussi librement avec ses parents, ses sœurs voire son frère.
On sait peu de choses de la relation d'Hélène avec ses parents. Elle parle beaucoup de
son père au moment de son arrestation en juin 1942. Cela resserre les liens avec sa mère
comme elle l'écrit le 26 juin en racontant les petits gestes qu'elle accomplit au quotidien à la
place de son père pour soulager la souffrance de sa mère. Par ailleurs, la disparition de sa
grand mère, le 26 novembre 1943, est une épreuve très dure pour elle et sa famille. Le mardi
30 novembre 1943 elle écrit : « J'ai écrit à Yvonne ce matin, à Jacques hier, c'est étrange
comme la mort de Bonne Maman a fait resurgir du passé les petits-enfants que nous avons été,
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comme elle a resserré les liens qui nous unissaient ». Cette disparition est vraiment un
tournant pour Hélène surtout dans une période ou la solitude est de plus en plus grande face
aux arrestations de ses collègues et amis. Le 28 novembre, elle écrit d'ailleurs que rien ne sera
plus comme avant depuis la mort de sa grand mère : « Je sens simplement pour le moment
que nous avons perdu la dernière amarre qui nous fixait notre place dans le temps, entre le
passé et l'avenir ». Et elle rajoute un peu plus loin : « C'est dans le lit où est morte Bonne
Maman que je suis née, et Maman aussi. Maman me l'a dit cet après midi. Cela m'a
réconfortée que la vie et la mort soient ainsi mêlées ». Cette situation reflète alors l'état
d'esprit d'Hélène qui est plus sombre qu'avant. Elle sent de plus en plus la solitude. Sa sœur
Yvonne et son mari habitent en zone libre et Jacques, son frère, est allé les rejoindre. Ils
entretiennent d'ailleurs une correspondance très forte à l'image de ce qu'écrit Hélène le 7
décembre 1943 : « je voudrais qu'il comprenne ce qui s'est passé en moi même, combien nous
nous ressemblons. Et aussi, je voudrai l'aider puisque je sais ce que c'est. ». Jacques, n'est pas
bien et il sent l'absence de sa sœur et de ses parents. Enfin, Denise a quitté l'appartement pour
épouser François Job avec qui elle s'installe dans la capitale. Son départ est difficile pour
Hélène qui se retrouve seule avec ses parents jusqu'à son arrestation.
Ainsi, on devine qu'Hélène a tiré sa personnalité, que tout le monde qualifie
d'extraordinaire, de sa famille et de l'éducation humaniste qu'elle a reçue. Les souffrances
rencontrées la font se rapprocher de plus en plus de ses proches. Mais, elle tâche de
poursuivre ses études si brillantes, tout en s'adonnant à ses multiples passions.
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B) ÉTUDES, PASSIONS ET AMOURS D'HÉLÈNE (Maïlys, Marion et
Roxanne)
En lisant le journal, nous avons pu voir à quel point Hélène a un goût pour la culture,
les arts, les relations humaines. Il est donc intéressant d'étudier, à présent, ses centres
d'intérêts.
1) Des études brillantes
Hélène Berr est au début des années 40, étudiante d'anglais à la Sorbonne, en
plein cœur du Quartier Latin. Mais auparavant, elle fit ses études secondaires au Cours
Boutet de Monvel. Elle y obtient ses deux baccalauréats en 1938 et 1939 avec «la mention
très bien». En 1941, elle réussit dans les mêmes conditions, sa licence d'anglais. Quand, en
1942, elle commence à écrire son journal, elle met la toute dernière main à la rédaction du
texte de son diplôme d'études Supérieures sur « l'interprétation de l'histoire romaine dans
Shakespeare », qui reçoit la note 18 avec encore une fois « la mention très bien ». Elle dépose
alors un projet de thèse de doctorat de lettres consacré à « l'influence de l'inspiration
hellénique chez Keats », un auteur qu'elle apprécie beaucoup. Elle a l'impression que : « Keats
est le poète, l'écrivain et l'être humain avec lequel je communique le plus immédiatement et le
plus complètement. ». Elle a donc une maitrise parfaite de la langue anglaise et son journal est
remplie d'expressions anglaises. On peut voir qu'elle compte même parfois les heures à la
façon anglaise comme on peut le voir à la fin du journal (mardi 15 février 1944).
Elle aurait dû normalement, à la rentrée de l'année universitaire 1942-1943, préparer
l'agrégation dont elle suit quelques cours. Malheureusement, elle ne peut passer le concours
car la législation antijuive de Vichy l'en empêche. Cette brillante étudiante aurait sans doute
fait une remarquable carrière universitaire et serait devenue une écrivaine de grand talent.
Figure 1 John Keats
Poète romantique anglais né le 31 octobre 1795 à Finsbuy
Pavement près de Londres ; mort de la tuberculose le 24
Février 1821. Keats se savait lui aussi condamné à brève
échéance en raison de cette maladie. Hélène devait le savoir.
C 'est le poète le plus classique de sa génération. Ses œuvres
les plus célèbres sont : Hymn to solitude, la Belle sans merci,
Ode to Automn......
14
2) Ses multiples passions
Comme nous l'avons déjà vu, Hélène Berr aime la littérature, surtout la littérature
anglaise. D'ailleurs, certains de ses amis sont surnommés par des noms extraits de romans
notamment de Charles Morgan. Mais, elle évoque des écrivains très différents tels que Paul
Valéry, Shakespeare, Hemingway ou encore Tolstoi... En effet, elle affectionne aussi tout
particulièrement la littérature russe. A la fin du journal, le mardi 15 février 1944 elle écrit que
« Résurrection » de Tolstoï est toujours dans son esprit car il décrit le voyage des déportés.
Cela la réconforte de voir que « quelqu'un d'autres, et Tolstoï, a connu des choses pareilles ».
Au final, ces écrivains la guident et l'accompagnent dans sa vie.
Le journal est truffé de citations et de références littéraires du début à la fin. Ainsi, la
citation de Paul Valéry : «Au réveil, si douce la lumière et si beau ce bleu vivant» ouvre le
manuscrit. Cette citation est dédiée à Hélène Berr, alors qu'elle vient chercher un livre chez le
grand poète, le 7 avril 1942. La dernière page de son journal se conclu sur le mot «horror» qui
est répété trois fois et qui fait écho au Macbeth de Shakespeare et à Conrad dont elle a lu Au
cœur des ténèbres.
Figure 2 Paul Valéry
Écrivain français. Disciple de Mallarmé, il publie de
nombreux poèmes ( La jeune Parque, 1917...), et enseignera
l'art au Collège de France. Il mène ainsi ses réflexions sur le
langage, la peinture, la musique, les sciences, qui donnent
matière à des essais ( Variété, 1924-1944), à des dialogues de
forme socratique ( L'âme et la Danse, 1923) et à une
abondante œuvre posthume ( Mon Faust).
Cependant, elle n'aime pas certains écrivains comme Gide dont elle ne supporte pas la
philosophie à l'image de ce qu'elle dit après sa lecture de l'Immoraliste : « Il y a quelque chose
de vieux, de pas spontané, de trop réfléchit, d'égoïste dans son désir de jouir de tout » (1er
novembre 1943). Plusieurs aspects de la personnalité d'Hélène ressortent donc ici : son goût
de la lecture, son admiration pour les grands auteurs, la vivacité de ses réactions après la
lecture d'un livre. Mais n'oublions pas aussi sa passion pour la musique et la nature.
En effet, Hélène Berr est une excellente violoniste. Elle a appris à en jouer auprès de
madame Jouhan-Morhange, une amie de Maurice Ravel. Pour elle, la musique n'est pas un
simple divertissement dans le sens où elle l'intègre pleinement à sa vie. Tout au long du
journal, elle continue de jouer et d'écouter de la musique dans sa vie privée.
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Elle écoute des disques avec des camarades, elle assiste à des concerts et aux cours
d'interprétation Long-Thibault. Et surtout, elle exécute elle même des œuvres, soit seule, soit
avec sa sœur Denise, pianiste, ou encore avec des amis, en trio et en quatuor. Nombres de
notations évoquent la joie profonde, la paix que lui apportent ses heures à écouter ou à
interpréter des somptueuses mélodies. Le 9 juin 1942, elle écrit : « Ce matin, j'étais restée à la
maison, à travailler du violon. Dans Mozart, j'avais tout oublier. ». Puis, plus loin : « Jamais je
n'ai entendu quelque chose comme ce matin. Le concert était splendide. Jamais non plus je ne
pourrais entendre l'adagio du concerto en mi sans avoir un peu envie de pleurer.»
La musique est également une passion qu'elle partage avec Jean. Dès leur rencontre le
30 avril 1942, ils écoutent de la musique : « J'ai passé un après merveilleux. Cela me gênait
beaucoup d'aller entendre ces disques avec ce garçon totalement inconnu [...] Jusqu'à six
heures trente nous avons écouté des disques. ». Là, elle évoque Bach, Mozart, Beethoven...
Elle va avec lui le matin du 10 juin au Trocadéro pour écouter un concert : « C'est la première
fois de ma vie que je vais à un concert avec un garçon ». Après le départ de Jean, la musique
qu'elle écoute devient celle d'un amour lointain et il la renvoie douloureusement à ce manque :
« Nous venons de déchiffrer un quatuor, le septième de Beethoven ; Annick était venue. Nous
avions beau le bâcler, la mélodie intérieure et l'andante me soulevaient profondément,
complètement. Maintenant, il me semble que mon âme est devenue immense, je suis pleine
d'échos, et aussi d'une étrange envie de pleurer. Il y avait trop longtemps que je n'en avais
entendu. J'appelle Jean de tout mon cœur. C'est avec lui que j'ai appris à connaître les
quators... »
Autre passion d'Hélène, et non des moindres, la nature, car elle adore décrire les
paysages et autres couleurs du ciel. Comme les peintres impressionnistes, elle accorde une
grande importance au soleil et à l'eau. La mobilité émotionnelle, cette exceptionnelle
sensibilité se retrouve dans la description de la nature lors de sa journée à Aubergenville le 8
avril 1942 : « Je rentre d'Aubergenville, tellement abreuvée de grand air, de soleil brillant, de
vent, de giboulées, de fatigue et de plaisir que je ne sais plus où j'en suis. ».
Pour Hélène, la nature est quelque chose qui lui procure beaucoup de bonheur. En
effet, le jardin d'Anbergenville est une source inépuisable de joies qu'elle décrit le 11 avril
1942 : « J'ai retrouvé les sensations d'été fraîches et neuves, le foudroiement de lumières qui
émane du potager...». Ce même jour : « Beauté irréelle de cette journée d'été à Aubergenville.
Cette journée s'est déroulée dans sa perfection, depuis le lever du soleil plein de fraîcheur et
de promesses, lumineux, jusqu'à cette soirée si douce, si calme, si tendre, qui m'a baignée tout
à l'heure lorsque j'ai fermé les volets. ».
Elle admire aussi certains lieux de la capitale comme on peut le voir à travers son
attachement pour le quartier Latin : « J'ai descendu le boulevard Saint-Michel inondé de
soleil, plein de monde, retrouvant ma joie familière, merveilleuse, en approchant de la rue
Soufflot. A partir de la rue Soufflot, jusqu'au boulevard Saint-Germain, je suis en territoire
enchanté » (16 avril 1942). Il y aussi ses promenades au jardin du Luxembourg : « la beauté et
la fraîcheur des grands arbres, les jeux mouvants des tâches d'ombres, c'était plein d'un calme
apaisant, qui n'effaçait pas la tristesse, mais la comprenait », dont elle garde le souvenir de la
16
fascination qu'exerce sur elle l'eau du bassin. Puis, sa balade du 30 octobre, le long de la Seine
lui procure la même sensation: « J'ai marché tout au bord de l'eau, qui a eu son effet magique
sur moi, me calmant. ». Lors, de notre venue à Paris, nous nous sommes rendus, sur les
conseils de Mariette Job, au square de l'Ile de France qui se trouve juste derrière Notre Dame.
C'est un lieu où Hélène aimait se rendre comme elle l'écrit le lundi 14 septembre : « C'est
lorsque je ne prévois pas les choses qu'elles sont les plus belles. Toute ma vie, je me
souviendrai de cet après-midi, si rempli. Je suis allé à Saint-Séverin, puis nous avons erré sur
les quais, nous nous sommes assis dans le jardin qui est derrière Notre Dame. Il y avait une
paix infinie. ». Et de rajouter : « Mais nous avons été chassés par le gardien, à cause de mon
étoile. Comme j'étais avec lui, je n'ai pas senti cette blessure et nous avons continué à
marcher sur les quais. ».
3) Ses amours : Gérard et Jean
Il faut donc en venir à présent à un autre aspect de la vie d'Hélène : ses amours. Dans
son Journal, elle évoque Jean, bien sûr, mais aussi Gérard dont il est question au tout début.
Rappelons qu'avant de rencontrer Jean, Hélène a une relation à distance avec Gérard LyonCaen qui a rejoint la zone libre. Les deux êtres se connaissent par l'intermédiaire de leurs
familles qui sont très amis. Cependant, Hélène se pose beaucoup de questions sur cette
relation qui ressemble plus à une amitié amoureuse. En ce printemps 1942, ils s'échangent
beaucoup de lettres. Mais nous ne connaissons les sentiments de Gérard que par les réactions
d'Hélène. Au fil du temps, elle se détache de lui et la rencontre avec Jean va la conforter dans
ce choix. Ainsi, le 16 juin, elle écrit : « Brusquement, je me rappelle que je n'ai plus pensé à
Gérard depuis longtemps et que je peux très bien l'oublier. Et j'ai un serrement de cœur à la
pensée que cela arrive justement au moment où il est parti sur les plateaux. Et où il m'avait dit
de lui écrire souvent [...]. Il est évident que je ne l'aime pas comme on doit l'aimer. ». Cet aveu
correspond également à l'une des dernières références à Gérard dont il ne sera plus question
dans la seconde partie du journal.
Jean est bel et bien le grand amour d'Hélène. Elle parle pour la première fois de lui le
27 avril 1942. Elle l'a remarqué à la bibliothèque de l'institut d'anglais où elle travaille comme
bénévole : « A la bibliothèque, j'ai revu ce garçon aux yeux gris ; à ma grande surprise, il m'a
proposé de venir écouter des disques jeudi ; pendant un quart d'heure, nous avons discuté
musique. ». Trois jours plus tard, ils passent « un après midi merveilleux » en train d'écouter
des morceaux de musique classique. Les rencontres s'enchainent et Hélène semble emporter
par cette histoire. Le dimanche 3 mai est pour elle une journée inoubliable car elle trouve que
« c'est tellement extraordinaire de penser qu'il était là, ce garçon que je connais à peine, que
j'ai rencontré à la Sorbonne, dont je ne savais pas le nom lundi. Il y a du merveilleux dans
toute cette histoire. ». Il en est de même durant l'été où Hélène l'invite à Aubergenville... le
dimanche 2 août est qualifié de « plus belle journée de sa vie. ». La même journée se
reproduit le 15 août et elle se sent « complètement heureuse. ». C'est un rêve « lorsque j'y
repense, j'ai l'impression d'un enchantement. ».
17
Cependant, Jean doit partir pour rejoindre les Forces Françaises Libres d'Afrique du
Nord. Elle sait qu'elle ne peut le retenir. Ainsi, le 26 novembre 1942, il quitte Paris et lui fait
livrer un magnifique bouquet d'œillets. C'est un événement marquant pour elle, à tel point
qu'elle cesse d'écrire son journal pendant plusieurs mois. Mais lorsqu'elle reprend l'écriture au
mois d'août 1943, les sentiments pour Jean sont intacts, elle écrit alors ce journal pour lui.
Quelques semaines avant son arrestation, on peut voir au fond d'elle qu'elle a encore espoir de
le revoir : « Je crains maintenant pour Jean car sa vie sera exposée. Si nous nous retrouvons
après cela, si j'échappe au danger qui nous menace depuis deux ans et si lui, il sort de cet
ouragan de feu sain et sauf, nous aurons payé cher notre bonheur. Quelle valeur extraordinaire
il aura acquis! » (10 janvier 1944).
Mais malheureusement, tout s'arrêtera un matin de mars 1944 dans cette ville de Paris
qui avait vu naître leur grande et belle histoire d'amour.
18
C) LES LIEUX DE SA VIE (Lucie et Mariella)
Hélène Berr, est une jeune femme qui aime beaucoup la vie, et quand bien même les
lois antisémites l'empêchent d'aller à certains endroits, elle continue de sortir et de se rendre
dans les endroits qu'elle affectionne tant.
Nous avons suivi le parcours des lieux de sa vie lors de notre voyage à Paris. Le plan
du « Paris d'Hélène Berr » édité avec le CD audio fut essentiel pour nous repérer sur ses pas
dans la capitale.
1) Ses lieux de résidence
Hélène Berr ne parle pas beaucoup de son domicile dans le journal. Elle habite avec
ses parents un appartement cossu de l'avenue Élisée-Reclus, près de la Tour Eiffel et de
l'esplanade du Champs de Mars.
L'avenue Elisée Reclus
Par ailleurs, la famille possède une maison familiale à Aubergenville qui se trouve à 40
kilomètres à l'ouest de Paris dans le département des Yvelines. Elle aime beaucoup partir
quelques jours là-bas où elle oublie un peu sa vie parisienne. C'est un de ses lieux de
prédilection. Elle s'y rend souvent le dimanche en famille. Aubergenville est pour elle
synonyme de vie simple, de plaisirs élémentaires comme faire la cuisine, la vaisselle ou la
cueillette des fruits. Elle s'y retrouve parfois avec Jean comme nous l'avons déjà vu.
19
Aubergenville aujourd'hui
2) Son université : la Sorbonne
La Sorbonne est au début des
années 40 le lieu de ses études. Le terme
« Sorbonne » est utilisé dans le langage
courant pour désigner l’ancienne
Université de Paris (avant 1793), les
facultés de Paris y siégèrent au XIXe
siècle et la nouvelle Université de Paris
de 1896 à 1971. La façade baroque est
celle de la chapelle dédiée à Sainte
Ursule en 1642.
Hélène est une élève très sérieuse
et très investie dans son travail.
Cependant, elle a l'impossibilité de
passer l’agrégation à cause des lois de
Vichy. L'idée de créer un enseignement
La Sorbonne
raciste à l'Université se fait jour dès
l'hiver 1940. En effet, en 1940-41, les
premières mesures antisémites contre les enseignants et étudiants apparaissent et se
développent plus rapidement à partir de 1942. Hélène Berr en est victime, elle ne peut passer
les concours de l'enseignement. Le jeudi 4 novembre 1943, elle écrit : « Mon sentiment,
troisième année ou je « rentre », sans pouvoir me mêler aux agrégatifs, en « amateur ». Là
rentrée va t-elle avoir ce charme nouveau cette année? ». Pour elle, son lieu d'étude est devenu
un lieu de souffrance : « J'ai souffert, là, dans cette cour ensoleillée de la Sorbonne, au milieu
de tous mes camarades. Il me semblait brusquement que je n'étais plus moi même, que tout
était changé, que j'étais devenue étrangère, comme si j'étais en plein dans un cauchemar. ».
20
3) Ses lieux de promenades favoris
Hélène Berr aime beaucoup se promener dans Paris. Elle a une affection toute
particulière pour les parcs et jardins qui lui permettent de se ressourcer tout en contemplant la
nature.
Les jardins du Luxembourg sont le lieu de ses promenades préférées. Ce grand jardin
est un jardin privé ouvert au public, situé dans le VI e arrondissement de Paris. Créé en 1612 à
la demande de Marie de Médicis. Il s'étend sur 23 hectares animés de parterres de fleurs et de
sculptures. Il est parcouru d'allées permettant les promenades et la flânerie. Dans les jardins
du Luxembourg, les thèmes de la lumière, du soleil, et celui de retrouvailles avec un espace
qu'elle aime sont présents. Le jardin est lieu ou elle a partagé beaucoup de moments avec
Jean. Elle l'écrit le jeudi 7 mai 1942 : « J'ai revu Jean Morawiecki aujourd'hui, au cours de
Delattre. Après le cours, nous sommes allés rue de l'Odéon puis au Luxembourg: jusqu'à cinq
heures, je suis restée assise sur un banc sous les marronniers de la grande allée ».
Le bassin du Luxembourg
Le square de l'Ile de France est aussi
un de ses lieux favoris. Situé dans le IVe
arrondissement, à l’extrémité sud de l’Ile de
la Cité, juste derrière le chevet de Notre
Dame. Il a été aménagé en 1914 sur l'ancien
site de l'Institut médico-légal de Paris
construit sous le baron Haussmann. C'est un
espace de verdure en plein cœur de la cité.
Hélène Berr aime s'y promener.
Le square surplombe le « Mémorial
de la Déportation » qui y a été construit en
Le square de l'Ile de France
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contrebas de 1954 à 1964. C'est un monument dédié aux déportés de France entre 1941 et
1944. L'architecture est sobre et appelle à la réflexion. La crypte se compose de différents
ensembles. Il y à la tombe d'un soldat inconnu ainsi qu'un long couloir avec 200 000
bâtonnets qui représentent tous les déportés. Sur les côtés, on trouve des citations de grands
auteurs français et des urnes contenant de la terre provenant des différents camps ainsi que des
cendres retrouvées dans les fours crématoires.
Nous nous y sommes rendus lors de notre parcours dans Paris. Nous y avons lu
plusieurs textes d'Hélène Berr, bien sûr, mais aussi de Primo Levi ou encore de Paul Valéry
(notamment son poème intitulé Hélène).
Entrée du square de l'Ile de
France et du Mémorial de la
Déportation
Lecture d'un poème de Paul
Valery : « Hélène »
22
Non loin de là, Hélène Berr aime beaucoup se promener dans le quartier latin qui se
trouve sur la rive gauche de Paris (Ve et VIe arrondissement). Elle affectionne se dédale de
ruelles qui se trouve tout près de la Sorbonne (d'ailleurs, précisons que le nom du quartier tire
son nom de l'usage exclusif su latin dans les cours donnés par les écoles et universités
installées dans cette partie du centre).
Mais, Hélène aime aussi se promener sur les grands axes de la capitale comme les
Champs-Élysée : « J'étais allée à la gare le chercher et nous sommes rentrés à pied par les
Champs-Élysée » (dimanche 8 novembre 1942). Ceux-ci sont situés dans le VIIIe
arrondissement de Paris au nord-ouest de la ville. Ils commencent au niveau de la place de la
Concorde, où se dresse l'obélisque, et s'étendent sur 1950 mètres, d'est en ouest, sur terrain
plat dans la première moitié, puis en montée jusqu'à la place Charles de Gaulle au centre de
laquelle se trouve l'arc de triomphe de l'Étoile. Sa largeur est de soixante-dix mètres. Il s'agit
de l'axe historique de l'ouest parisien.
Pour autant, il faut dire qu'au fil des mois, les promenades dans Paris deviennent de
plus en plus difficiles pour la population juive. Dès le 8 juillet 1942 des lois antisémites sont
mises en place en zone occupée avec interdiction pour les Juifs de fréquenter des
établissements de spectacle et autres établissements ouverts au public.
Les nazis sur les Champs Elysées
Les Juifs ne pourront entrer dans les grands magasins, les magasins de détail et
d'artisanat pour y faire leurs achats ou pour les faire faire par d'autres personnes que de 15
heures à 16 heures.
C'est dans ce climat que s'effectue la tristement célèbre « Rafle du Vel d'Hiv », les 16
et 17 juillet 1942.
23
4) Les lieux de son engagement
Paris, est aussi le lieu des engagements associatifs d'Hélène. En effet, elle a une
passion pour les enfants et c'est pour cette raison qu'elle les aide en les emmenant par exemple
à l'hôpital (11, rue Santerre) le jeudi 14 octobre 1943 : « Emmené les petits et Anna se faire
opérer des végétations à l'hôpital Rothschild. »
Mais, cette action s'exerce surtout dans un cadre précis, celui de l'UGIF. L’Union
générale des israélites de France (UGIF) est un organisme créé par une loi française du 29
novembre 1941 à la demande des allemands.
L'UGIF
24
Plans du Paris d'Hélène Berr
25
II.
HÉLÈNE BERR FACE AUX PERSÉCUTIONS NAZIES
La jeune femme pleine de vie qu'est Hélène berr se trouve progressivement confrontée
aux persécutions mises en place par l'occupant avec le soutien du régime de Vichy. On note
dans le journal que sa vie se transforme peu à peu.
A) LA FRANCE OCCUPÉE (Sylvain, Mickael et Brian)
Avec la débâcle, la France est divisée en deux entre le Nord occupée et celle du Sud où
les dirigeants français décident d'engager la collaboration avec la création du régime de Vichy,
du nom de la capitale de la zone libre.
26
1) Le régime de Vichy
A la suite de l'Armistice signé à Rethondes le 22 juin 1940, Le régime de Vichy est
crée le 10 juillet 1940. Les députés décident de réviser la constitution pour essayer de faire
face aux nazis et ils accordent les « pleins pouvoirs » (seuls 80 parlementaires refusent) au
maréchal Pétain qui est nommé chef de l'État et décide immédiatement de collaborer avec les
nazis. Voici un extrait du texte qui est voté :
« L'Assemblée nationale donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous
l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes
une nouvelle constitution de l’État français ». Dès lors, la Troisième République est
remplacée par l'État français et Pétain veut alors construire une « France nouvelle ».
Les fondements idéologiques du nouveau régime se retrouvent dans le discours du
maréchal Pétain prononcé le 11 Octobre 1940 :
« Le désastre n’est, en réalité, que le reflet, sur le plan militaire, des faiblesses et des
tares de l’ancien régime politique. Jamais, dans l’histoire de la France, l’État n’a été plus
asservi qu’au cours des vingt dernières années, par des coalitions d’intérêts économiques et
par des équipes politiques ou syndicales, prétendant fallacieusement représenter la classe
ouvrière. Il faut aujourd’hui reconstruire la France. On ne saurait davantage y découvrir les
traits, d’une revanche des événements de 1936. L’ordre nouveau est une nécessité française.
Nous devrons tragiquement réaliser, dans la défaite, la révolution que dans la victoire, dans la
paix, dans l’entente volontaire de peuples égaux, nous n’avons même pas su concevoir. ».
Pour ce faire, Pétain lance une « révolution nationale » dont la devise est : « Travail,
Famille, Patrie ». Ces trois mots révèlent la vraie nature du régime qui puise ses idées au sein
27
de la droite antiparlementariste et antisémite.
Le travail : le gouvernement veut valoriser le travail dans le cadre du corporatisme.
La famille : Vichy veut mettre en place une vraie politique familiale qui encourage la natalité
et incite les femmes à rester au foyer.
La patrie : le nouveau régime considère que la nation est un cadre fermé dont il faut exclure
les étrangers. Ce nationalisme exacerbé est le terreau des persécutions contre les Juifs.
La collaboration d'État qui s'engage n'est pas imposée par l'Allemagne, mais elle est
recherchée par le gouvernement de Vichy. Son objectif est d'aider l'Allemagne pour s'affirmer
comme un État souverain au sein de l'Europe nazie dont il pense tirer certains bénéfices. Pour
ce faire, trois hommes ont inspiré cette politique :
Philippe Pétain:
Pour les Français de l'époque, Pétain est le vainqueur de
Verdun, il est adulé par la majorité des Français qui approuvent
l'armistice et lui font confiance pour défendre les intérêts de la
France face à l'ennemi. Les anciens combattants forment le
noyau le plus fidèle des partisans de Pétain. Marc Ferro a
montré les paradoxes de Pétain, partagé entre son anti
germanisme profond et sa volonté de collaborer avec le Reich :
Pétain a bel et bien voulu la collaboration, mais il la
subordonne aux intérêts de son nouveau régime. Malgré son
grand âge et les atermoiements dont il fera souvent preuve,
Pétain est bel et bien l'inspirateur de la « Révolution
nationale ». Il souhaite régénérer la France en instaurant un
régime autoritaire qui s'appuie sur l'armée, l'Église, les notables et les élites. Il ne s'est pas
signalé dans son passé par des positions fascistes et a même été considéré jusque dans les
années 1930 comme un maréchal « républicain ». L'antisémitisme d'État de Vichy est en
grande partie celui de Pétain, puisqu'il a contribué
personnellement à la rédaction du premier statut des Juifs.
Pierre Laval :
Laval, seul membre du gouvernement à être muni d'un
« Ausweis » permanent (le droit de passer d'une zone à l'autre)
pense être l'homme de la situation pour entamer une
négociation globale avec le vainqueur. La collaboration avec
l'Allemagne est la grande politique à laquelle il essaye attacher
son nom. Au nom de celle-ci, il accepte de participer à la
déportation des Juifs. Ainsi, il n'hésite pas à faire inclure les
enfants de moins de 16 ans dans les convois de déportation,
alors que les Allemands ne le demandaient pas.
28
Darlan :
Darlan, chef d'état-major de la marine et artisan du
réarmement naval de la France dans les années 1930 est
longtemps considéré avant guerre comme un républicain, en
ce sens qu'il n'a aucun penchant monarchiste ou clérical.
Partisan de la poursuite des combats jusqu'en juin 1940, il se
rallie ensuite à l'armistice et pousse à la collaboration d'État
avec l'Allemagne plus loin que Laval. Il veut préserver la
marine française et l'Empire. Sans affinité particulière avec le
fascisme, il ne cesse de penser qu'une victoire du RoyaumeUni serait pire que la domination allemande et entrainerait
« le retour au pouvoir des Juifs cosmopolites et des francsmaçons inféodés à la politique anglo-saxonne » (notes de
Darlan, octobre 1940). Son antisémitisme est durable puisque
c'est son gouvernement qui prépare et promulgue le deuxième statut des Juifs en juin 1941.
Contrairement à Laval, il adhère globalement au projet de « Révolution Nationale ».
2) La zone occupée
Le 22 juin 1940, la France est
divisée en deux parties la zone libre et la
zone occupée. Il faut à présent traiter de
cette zone où a vécu Hélène Berr. La
zone occupée s'étend de l'est de la
frontière franco-suisse, près de Genève,
jalonnée ensuite par les localités de Dole,
Parray-le-Monial et Bourges, jusqu'à
environ vingt kilomètres à l'est de Tours.
De là, elle passe à une distance de vingt
kilomètres à l'est de la ligne de chemin
de fer Tours-Angoulême-Libourne, ainsi
que, plus loin, par Mont-de-Marsan et
Orthez, jusqu'à la frontière espagnole.
Cette ligne s'appelle la ligne de
démarcation.
La zone d'occupation allemande
La zone occupée est divisée en cinq
parties : les Allemands sécurisent d'abord tout le littoral Nord et Ouest ce que l'on appellera
« le mur de l'Atlantique », ils créent des troupes militaires ainsi que des bunkers pour se
protéger des invasions des alliés ( Angleterre et par la suite Etats-Unis ). Ensuite, la deuxième
zone qui est l'administration militaire de la Belgique et de la France se situe dans le nord de
la France. Puis, les nazis annexent l'Alsace et la Lorraine pour agrandir le Reich, l'espace vital
des allemands, les nazis considèrent que ces deux départements leurs appartiennent car ils leur
ont été reprit lors de l'armistice de la Première Guerre mondiale. La quatrième zone est la
29
zone de peuplement allemand où les réfugiés français sont interdits d'accès et où seuls les
« aryens » ont la possibilité de vivre, cette zone se situe à l'est de la France. Enfin, la dernière
zone concerne le reste de la zone occupée où peuvent vivre les français, mais ils doivent se
plier aux règles de la domination allemande.
Hitler devant la Tour Eiffel
Maintenant nous allons étudier des persécutions dont sont victimes les Juifs et, plus
particulièrement, Hélène Berr.
30
B) LES MESURES ANTISÉMITES QUI LA TOUCHENT (Vincent,
Hadrien et Jonathan)
Dans les pays d'Europe occidentale occupés à partir du printemps 1940, la politique
allemande à l'égard des Juifs s'accentue et s'organise. En effet, Les Juifs sont exclus de la
fonction publique et systématiquement dépouillés de leurs biens. De nombreuses lois sont
dictées, le port de l'étoile jaune, l'interdiction des lieux publics, de passer des concours...
Comme les Juifs allemands entre 1933 et 1939, ils sont progressivement isolés de la
population, laquelle est endoctrinée par la propagande antisémite. Lorsque la guerre s'étend à
l'Europe de l'Est en 1941, l'Allemagne et ses alliés mènent une forte politique de persécution
sur la totalité des juifs des régions conquises, soit 1 600 000 personnes. Pendant ce temps, à
Paris, Hélène Berr, alors témoin des atrocités commises par la milice française ou la gestapo,
raconte dans son journal les faits, les attitudes, les injustices avec la plus grande objectivité
possible. Raymond Juillard, à son tour, en parle dans son livre, La caisse de Grenade (p.23)
1) Des persécutions soutenues et encouragées par Vichy
Comme nous l'avons vu avec la naissance d'un État français, La France collabore et
prend un virage idéologique, notamment avec le premier ministre Laval. Une importante
politique de persécutions contre les Juifs se met en place. Le 24 octobre 1940, le Maréchal
Pétain rencontre Hitler, de nouvelles mesures sont approuvées, mais certaines sont déjà en
vigueur. Au final, 76 000 Juifs de France sont déportés.
Le 3 octobre 1940, le premier statut des Juifs est adopté. Ainsi, le gouvernement de
Vichy publie des lois désignant le statut d'une personne considérée comme juive ainsi que
l'interdiction de l'accès et l'exercice de certaines fonctions et mandats. (poste a
responsabilité...). C'est en mai 1941 que les premières rafles en zone occupée se développent.
Un second statut des Juifs, qui aggrave le précédent (interdiction des professions libérales,
commercial…), est voté le 3 juin 1941. En parallèle, on constate l'ouverture et les premiers
convois vers les camps de concentrations. Entre temps, les rafles et les arrestations se
multiplient comme celle du Vél d'Hiv les 16 et 17 juillet 1942 où 1300 personnes sont
arrêtées par la police française et entassées dans les conditions les plus déplorables. Elle
l'évoque d'ailleurs le samedi 18 juillet, jour où elle parle aussi de l'ordonnance qui interdit aux
Juifs de rentrer dans les magasins : « Françoise, qui est venue ce soir, nous a dit qu’au Vél
d’Hiv, où on a enfermé des milliers de femmes qui accouchent, des enfants qui hurlent, tout
cela couchés par terre, gardés par les Allemands. […] Nous sommes sur une corde raide qui se
tend chaque heure de plus en plus. ».
31
2) Un exemple : le port de l'étoile jaune
Hélène Berr relate souvent son expérience des discrimination dans son journal intime.
Par exemple, le 29 mai 1942, les autorités décident du port de l'étoile jaune pour tous les juifs
de plus de 6 ans. La mesure s'applique à partir du 7 juin. Ainsi, au matin du 8 juin 1942 elle
sort pour la première fois avec l'étoile jaune : « Mon Dieu, je ne croyais pas que ce serait si
dur. J'ai eu beaucoup de courage toute la journée. J'ai porté la tête haute, et j'ai si bien regardé
les gens en face qu'ils détournaient les yeux. Mais c'est dur. ». Les jours suivants, Hélène
Berr raconte la suite de sa persécution et de ces moqueries provenant du port de l'étoile jaune
: « Ce matin, je suis parti avec Maman. Deux gosses dans la rue nous on montré du doigt en
disant « Hein? Tu as vu ? Juif».
En plus de l'obligation du port de l'étoile jaune, les Allemands ont imposé des
restrictions sur la liberté de déplacements des Juifs en France. Par exemple, à Paris, comme le
Une étoile jaune
montre le récit d'Hélène Berr certains lieux comme le square de l'Ile de France ou encore le
jardin du Luxembourg, des lieux aujourd'hui connus et très fréquentés, ont été pourtant
progressivement fermés aux Juifs. Lors de notre voyage à Paris, nous sommes allés sur ces
lieux pour voir réellement les endroits dont Hélène Berr parle dans son journal. Même pour
les moyens de transports quotidiens, comme le bus ou le métro, apparaissent des places
obligatoires pour les Juifs (au fond du bus ou dans la dernière rame du métro).
32
Alors que les persécutions antisémites s'accentuent et finissent par toucher tous les
Juifs, les amis des Berr leur conseillent de partir se cacher. Mais, Hélène se refuse à fuir, elle a
choisi de rester « en étant parfaitement consciente de ce qui peut arriver […] ». Si soudain
Certificat de non
appartenance à la race
juive
j'abandonnais ma vie ''officielle'', j'aurais l'impression d'une défection. Pas vis-à-vis des
autres, vis-à-vis de moi-même. » (lundi 13 décembre 1943).
Dès lors, on voit au fil du journal que la persécution des juifs s'organise au cours des
mois. A partir de 1942, on ne parle plus seulement de persécution mais aussi de déportation et
d'extermination avec la mise en place de la « Solution Finale » par Himmler, bras droit
d'Hitler.
Rappelons que les Juifs ont subi à travers l'Histoire de nombreuses persécutions et pas
seulement en cette période de crise 1939-1945. Depuis l'Antiquité, ils ont été persécutés car
ils étaient accusés d'être le peuple « déicide » ou bien encore d'être les responsables des maux
ou autres malheurs qui touchaient telle région ou telle société du monde.
3) Le regard d'Hélène Berr vis à vis des nazis
Hélène Berr est une femme forte qui montre son patriotisme et sa solidarité envers ses
semblables lors des moments difficiles. Néanmoins, elle n'exprime aucune haine gratuite
pour les Allemands par-rapport aux actes qu'ils ont commis. Son jugement est le fruit de ses
expériences vécues lors de l'occupation allemande avec, par-exemple, le port de l'étoile jaune
et les rafles. Le 16 avril 1942, dans le jardin du Luxembourg, elle se confronte a
Sparkenbroke et finit avec la phrase ; « Mais qu'est ce que nous deviendrons si les allemands
gagnent ? ». Elle est confrontée à un choix, la lâcheté et le courage. Elle ne sait pas quoi
répondre à Sparkenbroke. Mais, elle choisit le courage. Concernant les Allemands elle dit « ils
ne laissent pas tout le monde jouir de la lumière et de l'eau ». Elle est réaliste, comme le
samedi 30 octobre 1943 où elle écrit après avoir été place de la Concorde et avoir vu
beaucoup d'Allemands : « j'ai été soulevée par une vague non pas de haine, mais de révolte,
d'écœurement, de mépris. ».
33
C) SON TRAVAIL À l'UGIF (Jérémy et Chris)
Hélène Berr voit de près les persécution qui touche la population juive notamment lors
de son travail a l’UGIF où elle porte assistance aux personnes les plus fragiles comme les
enfants. Elle s’y investit beaucoup pour aider ces jeunes souvent séparés de leur famille,
même si au fond d’elle, elle reste lucide et émet des doutes sur la réelle nature de cet
organisme
1) Quel est cet organisme?
L'UGIF est crée par le gouvernement français, sur injonction des Allemands, par la
loi du 29 Novembre 1941. D'après le premier article de cette loi, cet organisme « a pour objet
d'assurer la représentation des Juifs auprès des Pouvoirs publics notamment pour les questions
d'assistance, de prévoyance et de reclassement social » en zone occupée et en zone libre, (ce
que les Allemands n'avaient pas demandé pour la zone libre). L'article 2 indique que tous les
Juifs domiciliés ou résidant en France y sont obligatoirement affiliés.
A travers l'Europe on retrouve des organisations du même genre :
•
En Allemagne, le Reichsvereinigung regroupe les Juifs de l'ensemble du pays.
•
En Pologne, un Judenrat est institué dans chaque localité en septembre 1940.
•
Dans les pays de l'Europe de l'Ouest, c'est le modèle centralisé, calqué sur le le
Reichsvereinigung qui est appliqué, comme en Hollande où le Joodsche Raad est
imposé en février 1941.
L'UGIF absorbe les autres associations juives qui ont toutes étaient dissoutes et dont
les biens ont été confisqués pour être donné à cette nouvelle organisation. En effet, le budget
de l'UGIF repose sur les revenus des biens juifs qui ont été spoliés. Par ailleurs, au niveau de
son encadrement, elle est dirigée par des membres de la bourgeoisie juive française qui ont été
nommés par le commissariat général aux questions juives dont le nationaliste et antisémite
Xavier Vallat est le premier commissaire.
Le rôle de l'UGIF a suscité beaucoup de polémiques entre sa mission d'assistance et de
sauvegarde, mais aussi son rôle d'intermédiaire légal entre la population juive, Vichy et les
nazis. On lui reproche sa part de responsabilité dans les persécutions des communautés juives
de France comme par exemple lors des rafles dans les maisons d'enfants de l'UGIF, en région
parisienne, à la fin du mois de juillet 1944.
34
2) Les doutes d'Hélène
Hélène Berr fait part de ses interrogations à ce sujet. Ainsi, travailler à l'UGIF lui
permet d'avoir une carte de légitimation qui est un document un peu ambigu car selon certains
il permet d'officialiser une forme de coopération avec les Allemands. Elle s'en rend bien
compte lorsqu'elle écrit le 6 juillet 1942 : « Nous sommes munies d'un certificat déplaisant.
[...] Je considère cela comme le prix à payer pour rester à Paris. C'est un sacrifice, car je
déteste tous ces mouvements plus au moins sionistes qui font le jeu des Allemands sans s'en
douter ; et de plus, cela va nous prendre beaucoup de temps. La vie est devenue bien
étrange. ». Ce certificat la met théoriquement à l'abri des persécutions, mais l'étau se
resserrera très vite... Au fil du temps, son travail au sein de l'UGIF la met de plus en plus en
contact avec les témoins et les persécutions antisémites nazis. Elle relate de plus en plus
fréquemment les actes auxquels elle assiste ou dont certaines personnes qu'elle connaît sont
victime. Elle évoque également la façon dont elle est perçu par des proches de victimes : « On
nous traitait de collaborateurs, parce que ceux qui venaient là venaient de voir arrêter un
membre de leur famille, et qu'il est naturel qu'ils eussent cette réaction en nous voyant à
l'Office d'exploitation de la misère des autres. Oui, je comprends que les autres aient pensé
cela. [...]. Aller travailler là tous les matins, comme à un bureau, mais où les visiteurs étaient
des personnes qui venaient savoir si un tel était arrêté ou déporté, où les fiches et les lettres
que l'on classait étaient le nom de femmes, d'enfants, de vieillards, d'hommes dont le sort était
si angoissant » (13 novembre 1943). Néanmoins, elle justifie son choix, quelques lignes plus
loin : « Pourquoi y suis je entrée? Pour pouvoir faire quelque chose, pour être tout près du
malheur. Et au service des Internés, nous faisons tout ce que nous pouvions. Ceux qui nous
connaissaient bien, comprenaient, et nous jugeaient avec justice. ».
3) Les activités d'Hélène
Hélène effectue deux types de travaux au sein de cet organisme. Elle s'y engage tout
d'abord comme assistante sociale bénévole pour faire des tâches de secrétariat mais aussi pour
remplir un rôle d'animatrice auprès d'enfants de parents arrêtés. C'est sans doute cette partie
de son travail qui lui donne le plus de joies. Ainsi, elle raconte le dimanche 23 août 1942 :
« Après le déjeuner, je leur ai raconté Rikki-Tiki-Tavi. Il y avait un petit cercle. Mes préférés.
J'étais très nervous (tendue) au début. Mais, à la fin j'ai été heureuse parce qu'un des petits, les
yeux encore tout vagues, répétait machinalement «Encore une, madame, encore une! ». Mais,
elle est aussi peiné du sort qui est réservé à ses enfants comme en ce mardi 12 octobre 1943 :
« J'ai emmené cinq petits à Lamarck, les plus jolis et les plus gentils. Si les gens qui m'aident
dans le métro savaient ce que sont ces enfants, les petits dont le souvenir de train se rapportent
toujours au voyage qui les a amené ou ramené du camp, qui vous montrent un gendarme dans
la rue en disant : « C'est un comme ça qu’il m'a ramené de Poitiers. »
35
Enfants pris en charge par l'UGIF durant la guerre
Mais, Hélène Berr ne pourra pas continuer de travailler à l'UGIF elle sera ensuite
arrêtée et internée à Drancy, puis déportée à Auschwitz et Bergen Belsen.
36
III.
LE TEMPS DE LA DÉPORTATION
Le journal s'achève sans évoquer l'arrestation et la déportation d'Hélène Berr. Nous
avons juste la lettre écrire à sa sœur le jour où elle est arrêtée. Néanmoins, Hélène s'interroge
fréquemment sur cette éventualité et il est intéressant de voir ce que l'on savait à l'époque sur
ce qui passait dans « les camps de la mort ».
A) L'ARRESTATION D'HÉLÈNE BERR (Charlène E. et Charlène M.)
L'arrestation d'Hélène Berr et de ses parents intervient le 8 mars 1944. Mais, dès les
premiers mois d'écriture de son journal, cette crainte est présente dans son esprit. Elle vit
avec, sachant au fond d'elle que cela arrivera probablement un jour...
1) L’arrestation de son père en 1942
Raymond Berr, le père d'Hélène Berr, est arrêté le mardi 23 juin 1942. Cette
arrestation est un moment très fort pour Hélène. C'est le signe qu'à présent aucun juif n'est
plus à l'abri. Elle nous apprend que son arrestation a eu lieu suite à un contrôle d'identité, son
étoile étant mal cousue.
Ainsi, le mercredi 24 avril elle écrit : « L'inspecteur a affirmé que papa aurait été
relâché si son étoile avait été bien cousue, car l'interrogatoire avenue Foch, s'était bien passé.
J'ai protesté. Maman aussi ; elle a expliquée qu'elle avait installée à l'aide d'agrafes et de
pressions pour pouvoir les mettre sur tous les costumes. L'autre a continué d'affirmer que
c'était cela qui avait causé l'internement : « Au camp de Drancy, elles sont cousues. ». Alors,
cela nous a rappelé qu'il allait à Drancy. »
En effet, Raymond Berr est interné à Drancy durant trois mois. Il faut savoir qu'Hélène
Berr écrit majoritairement sur lui durant son absence. Elle y raconte, sur une dizaine de pages,
la façon dont il a été arrêté ainsi que sa première visite, accompagnée de sa mère, à la
Préfecture où il est interrogé avant son départ pour Drancy. Cette arrestation est une étape très
éprouvante pour elle. Hélène écrit notamment le vendredi 26 juin à 11h15: « Il y a eu un
Étoile jaune en train d'être cousue
37
moment ce soir où j'ai commencé à réaliser. A réaliser l'affreuse tristesse de ce qui se passe.
Ce n'est pas en faisant la tarte pour Papa. Pourtant, là, j'étais assaillie par des petits souvenirs,
les tournées de Papa à la cuisine, sa façon de humer les gâteaux que nous faisions [...] », elle
poursuit avec « Quelque chose en moi, lorsque j'ai lu la carte de ce matin, m'a dit qu'il existait
entre nous deux un pacte indissoluble. ». Son absence a notamment permis de resserrer les
liens familiaux. Elle écrit d'ailleurs à ce sujet le 3 juillet : « Si j'écris tous ces petits détails,
c'est parce que maintenant la vie s'est resserrée, que nous sommes devenus plus unis... ».
L’idée de partir en zone libre n’est pas pensable pour Hélène qui, indignée, écrit: « Je me
réveille avec une seule idée claire : c'est une lâcheté abominable qu'on veut nous faire
commettre. […] En échange de Papa, ils nous prennent ce que nous estimons le plus : notre
fierté, notre dignité, notre esprit de résistance. » (3 juillet). Ainsi, la famille Berr reste
volontairement à Paris de peur de laisser trop de personnes derrière elle comme tante « Ger »
ou leurs amis. Grâce à de nombreuses démarches exercées par le Directeur Général de la
Société Kuhlmann (Mr. Duchemin), le 22 septembre 1942 le père d'Hélène Berr est libéré,
mais il a cependant fallu verser en échange une importante caution financière et on lui a
imposé de rester chez lui et de ne plus se rendre chez Kuhlmann pour travailler.
2) Les pressentiments d'Hélène
Pourtant, elle refuse donc de fuir. Elle est prête à se mettre en danger, à sacrifier sa vie,
pour aider ceux qui en ont besoin (cf. l'UGIF). Hélène Berr soutient qu'elle « n'appartient pas
à la race juive [...], puisque le judaïsme est une religion et pas une race. ». ( lundi 27 juillet
1942). Pour elle, l'être humain est au dessus de tout. Même si elle ne sait pas exactement ce
qui l'attend dans les camps, elle sait bien que les vieillards, les malades ou les jeunes enfants
n'intéressent pas les nazis car ils ne représentent pas une force de travail efficace pour
l'Allemagne.
En 1943, Hélène Berr réussit à échapper à de nombreuses rafles. Elle dit même le
mercredi 25 août : « toutes mes amies du bureau ont été arrêtées, il a fallu un hasard
extraordinaire pour que je ne sois pas là ce jour là. ». Cependant, elle sait intuitivement que
ce sera bientôt son tour. On lit à travers son journal ses angoisses à ce sujet, c'est le cas le 1er
novembre 1943 : « Penser que si je suis arrêtée ce soir (ce que j'envisage depuis longtemps) je
serai dans huit jours en Haute Silésie, peut être morte que toute ma vie s'éteindra
brusquement, avec tout l'infini que je sens en moi. ». Le samedi 22 janvier 1944, elle rajoute :
« bruits de rafles à nouveau, il y en a eu cette nuit. Mme Pesson a alerté Maman. Papa dit qu'il
faudra envisager le moment de ne plus rester ici. J'ai toujours peur que ce ne soit trop tard.
S'ils sonnent que ferons-nous? Ne pas ouvrir : ils enfonceront la porte. Ouvrir et présenter la
carte : une chance sur cent. Essayer de filer, s'ils sont derrière la porte de service? [...] Je n'ai
jamais quitté mon domicile encore. ». Ses craintes ne font que se confirmer avec le temps
comme on peut le lire dans les dernières pages qu'elle écrit le 15 février 1944 où elle
s'interroge sur le voyage des déportés comme a pu la faire dans une autre époque un de ses
auteurs favoris, Tolstoi, dont elle évoque un de ses ouvrages « Résurrection ».
3) L'arrestation : le 08 mars 1944
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Après avoir changé sans cesse
d'endroits pour éviter l'arrestation, Hélène
Berr et ses parents sont las de se cacher et
ils décident de rentrer à leur domicile le 7
mars. Le lendemain, le 08 mars 1944, ils
sont finalement arrêtés chez eux. Ils sont
probablement arrêtés sur dénonciation
comme nous l'a confié Mariette Job.
L'avenue Elisée Reclus aujourd'hui
Le jour de son arrestation, Hélène
Berr a écrit une lettre à sa sœur, Denise
Job. Elle écrit avec des codes afin que cette lettre ne soit pas lue par les nazis. Ainsi, elle joue
avec de nombreux surnoms comme Henri pour son père, Gaston Bébert pour le
commissariat… Elle écrit notamment dans cette lettre: « Nous attendons. […] n'avons pas
emporté beaucoup d'affaires ». A ce moment précis, elle devient encore plus consciente qu'une
chose monstrueuse l'attend dont rares sont les personnes qui en sont revenues vivantes. Dans
cette lettre pour Denise elle écrit également ses inquiétudes à son égard « Espère que Denden
[Denise] fera attention à sa santé ».
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Dans le récit de notre voyage à Paris, nous avons choisi d'aller un jour avenue Elisée
Reclus pour nous recueillir devant le domicile d'Hélène Berr. Là, nous avons lu cette lettre,
qui est aussi le dernier écrit que nous possédons d'elle avant sa déportation.
Aller à Paris était pour
nous essentiel en vue de mieux
ressentir ce qu'a pu vivre
Hélène
au
quotidien.
L'évocation de la capitale est
très fréquente dans les pages de
son
journal
notamment
lorsqu'elle dénonce la cruauté
des nazis comme le mardi 9
novembre 1943 où elle raconte
l'arrestation de 13 enfants à
l'orphelinat. Le 30 octobre 1943
: « Place de la Concorde, j'ai
croisé tant d'Allemands! Avec des
Lecture de la lettre d'Hélène Berr
femmes, et malgré tout ma volonté (qui est réel et
devant son domicile
profond), j'ai été soulevée par une vague non pas de haine,
car j'ignore la haine, mais de révolte, d'écœurement, de mépris. Ces hommes là sans le
comprendre même, ont ôté sa joie de vivre à l'Europe. Ils allaient si mal avec cette beauté
lumineuse et fragile de Paris, ces hommes capables de commettre des horreurs que nous
connaissons trop bien, ces hommes issus d'une race qui a produit des êtres qui tels que les
chefs nazis qui n'ont pu se laisser abrutir, déspiritualiser, abêtir pour ne plus être que des
hommes sans cerveau...». Le mardi 15 février 1943 «Il n’y a sans doute pas à réfléchir, car les
Allemands ne cherchent même pas de raisons ou d’utilités à la déportation. Ils ont un but,
exterminer.», « Sentiraient-ils, s’ils savaient ? Sentiraient-ils la souffrance de ces gens
arrachés à leurs foyers, des ces femmes séparées de leur chair et de leur sang ? Ils sont trop
abrutis pour cela.». Elle continue «Et puis, ils ne pensent pas, je crois que c’est la base du mal
; et la force sur laquelle s’appuie ce régime. Annihiler la pensée personnelle, la réaction de la
conscience individuelle, tel est le premier pas du nazisme.». C'est une de ses dernières
phrases. Une phrase bouleversante concluant un journal plein d'émotion. On l'arrache à Paris,
elle le dit mercredi 30 octobre 1943 : « Mais lorsque je suis entré sous les arcades, et que j'ai
senti quelles attaches profondes, quelles affinités essentielles, quelle compréhension et quel
amour réciproque m'unissaient aux pierres, au ciel et à l'histoire de Paris. J'ai eu un sursaut de
colère en pensant que ces hommes-là, ces étrangers qui ne comprendraient jamais Paris ni la
France, prétendaient que je n'étais pas française, et considéraient que Paris leur était dû, que
cette rue de Rivoli leur appartenait. ». Avant d'être arrêtée, elle a eu le temps de remettre les
pages de son journal à son employée de maison, Andrée Bardiau, pour que cette dernière les
remettent à Jean, engagé dans la Résistance. Son vœu est qu'il puisse les lire et retrouver un
peu d’elle à son retour. Hélène Berr et ses parents sont internés à Drancy, un camp qui à partir
de juillet 1942 devient le lieu où la quasi totalité des juifs sont internés avant d'êtres déportée
vers Auschwitz.
40
B) LE CAMP DE DRANCY (Marion et Julie)
Le camp de Drancy est le camp de la région parisienne où sont internés les juifs avant
leur déportation vers les camps de concentration et d'extermination.
1) l'histoire de la cité
Drancy, appelé à l'origine « la cité muette », est un ensemble de bâtiments comportant
1200 logements. Ils sont construits entre 1931 et 1934 par la maison Ferrus et Elambert,
société de bâtiments et de travaux publics, pour le compte de l'office Public d'habitation à bon
marché du Département de la Seine. A l'époque, « la cité de la Muette » est connue pour être à
la pointe de la modernité concernant l'image urbaine et architecturale. Elle fait l'objet de
nombreux articles de revues comme dans la revue « Chantier » qui la présente lors d'un de ses
numéros qu'elle lui a consacré comme « une révolution technique ». La modernité de ce
bâtiment se traduit même dans l'agencement intérieur qui présente de petits espaces habitables
(29 m² seulement). Toutes les pièces sont standardisées, des robinets aux sonnettes
électriques. En 1935, les 5 tours et les petits bâtiments implantés en peigne sont achevés.
Drancy - 1940
Le camp d'internement de Drancy est donc installé dans un quartier d'habitation
moderne. Néanmoins, durant la guerre, sa transformation est rapide. L'ensemble des bâtiments
est entouré de barbelés, les miradors sont installés aux extrémités et le sol de la grande cour
est tapissé de mâchefers. A partir d'octobre 1940, il sert de lieu d'internement pour des
41
prisonniers de guerre français puis britanniques. Par la suite, Drancy devient le principal camp
d'internement en zone occupée avec les camps de Compiègne (Oise), de Pithiviers (Loiret) et
de Beaune-la-Rolande (Loiret). Du 20 au 24 août 1941, une grande rafle est menée à Paris par
la police. Au total 4232 personnes sont arrêtées et emprisonnées à Drancy. A partir de 1942, le
camp de Drancy change de statut et passe du statut de camp d'internement à celui de camp de
transit. C'est la dernière étape avant la déportation vers « les camps de la mort ».
Placé sous le contrôle de la Gestapo, mais gardé par des gendarmes français, Drancy
est dirigé par le SS Théodore Dannecker jusqu'au 16 juillet 1942, jour de la rafle du Vel d'Hiv
durant laquelle plus de 13 000 juifs sont arrêtés (les couples sans enfants et les célibataires
sont emmenés en priorité à Drancy).
Principaux trajets des convois de déportation en Europe
2) la vie dans le camp
Le camp de Drancy n’est pas conçu à l'origine pour « accueillir » autant de déportés.
.Les conditions de vie y sont très difficiles. Ainsi, les internés sont répartis par groupes de 50
dans de vastes pièces sans fenêtre qui font office de chambrées. Un règlement intérieur est
d'ailleurs mis en place et imposé aux internés, il est signé le 26 août 1941 par le Préfet de
Police, l'amiral Bard et le commandant de la gendarmerie nationale, le Général Guilbert (mais
dans la réalité, le camp est sous l'autorité directe des Allemands). Les internés voient dans le
42
camp leur droit se restreindre et sont soumis à une autorité stricte en effet comme le prouve
cet extrait du règlement intérieur du camp :
•
Il est interdit de correspondre
•
Il est interdit de fumer
•
Il est interdit de lire
•
Il est interdit de sortir dans la cour sans autorisation
•
Il est interdit de jouer à des jeux de société comme les cartes, les échecs ou les dames.
Les gendarmes de Drancy sont français et appliquent le règlement sous la direction du
SS Aloïs Brunner. Ils le font avec excès et sans limite, notamment aux niveaux des actes de
violences. De plus, à longueur de journée, les déportés sont livrés aux humiliations, aux
insultes, aux coups auxquels s'ajoutaient le chantage, le racket et l'extorsion de tout genre.
Au niveau de l'alimentation il a pu être retrouvé un menu type d'une journée au camp
(ci-dessous) :
La cour de la cité de Drancy
43
1) Le matin en guise de petit-déjeuner est donné un bol d'un liquide semblable au café ou du
bouillon KUB.
2) A 11 heures, ration de bouillon KUB ou de soupe sans matières grasses.
3) A 17 heures, pour le repas du soir ils ont droit à 250 grammes de pain, 2 morceaux de
sucres et une ration de soupe claire.
Ils ont droit plus rarement à une maigre portion de viande une fois par semaine et,
deux fois par semaine, ils ont la possibilité d'avoir un peu de dessert comme une cuillère à
café de confiture ou un petit bout de fromage. Puis, ils peuvent se voir distribuer une faible
portion de féculents, mais c’est peu fréquent. De plus, pour manger, aucun ustensile n'est mis
à leur disposition, ils doivent se servir de leurs doigts. Ce régime « draconien » fait maigrir les
hommes de jour en jour et seulement ceux qui possèdent encore un peu d'argent peuvent
s'acheter à des prix consternant de la nourriture que leur vendent les gendarmes (ex: 250 gr de
pain valait 125F ou un petit suisses valait 45 F). La perte de poids est le corolaire de
l'emprisonnement, ainsi deux mois après son arrivée un interné perd généralement entre 20 et
30 kgs. Dès lors, son organisme est faible lorsqu'arrivent les maladies ravageuses telles que
la dysenterie, le scorbut ou encore le typhus. Elles ont des conséquences directes et fatales
pour les hommes, les femmes et surtout les enfants ce qui aboutit à un nombre élevé de décès.
Francine Christophe raconte dans son ouvrage, Une petite fille privilégiée, l'arrivée des
enfants du Vel d'Hiv. Séparés de leurs parents on les place au milieu des barbelés. Les frères
et sœurs sont attachés par des ficelles, par le cou. Ils sont ébettés et ne pleurent pas car, dit
elle, ils ne peuvent plus pleurer... Elle n'a pas été déportée car elle était fille de prisonnier de
guerre. Elle a vécu dans ce camp entre 1942 et 1944. Puis, elle est déportée à Bergen Belsen
où elle est libérée en avril 1945. Elle donne son témoignage sur la vie dans le camp entre
violence, solidarité et désespoir.
Drancy n'est qu'une étape car comme l'écrit Gabriel Ramet dans une lettre à ses
parents le 28 février 1944 : « Je vous écris cette dernière carte de Drancy [...]. Je pars, mes
toutes mes pensées vont vers vous. Soyez forts et courageux comme moi. Songez, mes
parents, j'ai gagné 22 mois sur les premiers qui sont partis. Demain je serai dans le train et je
penserai à vous tous. [...] Je vous dis au revoir pas adieu. Je vous embrasse bien fort et tout le
monde. Votre fils et frère qui vous aime. ». Ces quelques mots sont écrits alors qu'il vient de
passer 22 mois à Drancy (où il a travaillé à l'infirmerie) et qu'il s'apprête à être déporté à
Auschwitz par le convoi n°55 du 23 juin 1943 (il revient en France le 1er mai 1945).
44
Pour sa part, Hélène Berr évoque dans son journal, à certaines occasions, la vie à
Drancy. C'est un camp qu'elle connaît car son père y a été arrêté et parce qu'elle même s'y est
rendu comme elle l'écrit le mardi 15 février 1944 après avoir vu ce matin là Mme Schwartz
qui y a passé huit jours : « Je connais Drancy, j'y suis allée deux fois quinze jours tous les
jours l'année dernière; j'imagine la vie qu'on y mène. Je revois les grandes vitres des
bâtiments, et les figures qui se collées aux vitres, ces gens enfermés, désœuvrés, ou alors
rassemblant le peu qu'ils avaient à manger et mangeant sur leurs lits, à n'importe quelles
heures. (…). Un peu plus loin, elle poursuit : Cela ne m'a rien fait d'entrer à Drancy, le choc à
Drancy 07/1942
été lorsqu'on m'a dit que je sortirais. ». « Moi aussi je connais « le paysage » de Drancy.
Seulement, quelle impression éprouverai-je lorsque je sentirai que je suis « bouclé pour de
bon », et que toute une partie de ma vie est close à jamais, qui sait, peut être toute ma vie
même si j'ai la volonté de vivre même là bas. ».
Elle décrit les conditions difficiles dans lesquelles vivent les internés. Elle a déjà
conscience qu'il faudra témoigner. Ce même 15 février, elle écrit : « N'est pas, tout cela à l'air
d'un reportage? J'ai vu une telle, retour de... Nous lui avons posé des questions. » ; « Mais
dans quel journal aujourd'hui lirons-nous des reportages sur ces choses là? » ; « Je reviens de
Drancy, qui en parlera? ». C'est pour cette raison qu'elle questionne madame Schwartz car
comme elle le dit : « Par elle, j'ai obtenu les détails que nous ne pourrons plus apprendre que
de ceux qui reviennent de la déportation. Elle est allée pour ainsi dire jusqu'à l'extrême bord.
A partir de là c'est l'inconnu, c'est le secret des déportés ».
3) La libération du camp
La libération du camp de Drancy n'est bien évidemment pas évoquée dans le journal
mais nous souhaitons l'évoquer ici car elle intervient durant l'été 1944. Elle a lieu précisément
le 17 août 1944 après la fuite du SS Aloïs Brunner. Un cri de soulagement retentit alors dans
45
le camp : « Arrachez vos étoiles! ». En effet lorsque les alliés se rapprochent de Paris le 31
juillet, les convois se multiplient et des rumeurs courent dans le camp, que tout le monde
serait déporté. Ce jour là, des hommes, femmes et enfants partent pour Auschwitz par le
convoi numéro 77. C'est le dernier. Alors les Résistants prisonniers à Drancy n'ayant plus rien
à perdre entrent en relation avec les Résistants à l'extérieur du camp qui leur envoient des
armes dans des colis alimentaires. Ils cachent ensuite ces colis dans des camions alimentaires.
Peu d'internés sont au courant de ces trafics d'armes, ''pour ne pas alarmer les Allemands'',
comme témoigne Mme André Warlin car ''si les Allemands s'en aperçoivent, les représailles
seront sanglantes''.
Le 17 août, les Allemands prennent la fuite et amènent avec eux 50 déportés en otages
qu'ils mettent dans un wagon accroché à leur train. De là, étant seuls dans le wagon, ces
derniers arriveront presque tous à s'échapper. La sortie du camp s'effectue concrètement pour
les internés le vendredi 18 et fini le dimanche. 1467 prisonniers sont libérés. Au total de 1942
à 1944 près d'une soixantaine de convois français de déportés juifs sont partis de Drancy.
Après la guerre, le camp sert un temps pour l'épuration avant de redevenir ensuite un
grand ensemble d'habitation bon marché. Puis, il devient un lieu de mémoire avec la création
en 1976 d'un monument commémoratif construit par Shelomo Selinger. Puis, en 1989,
l'association du Conservatoire historique du camp de Drancy est créé et enfin, en 2001, il y à
le classement de « la cité de la Muette » sur la liste des monuments classés et protégés par le
ministère de la culture. Serge Klarsfeld souligne en 2004 dans Le camp de Drancy et les gares
de déportation que Drancy est le lieu le plus connu dans le monde entier de la mémoire de la
Shoah en France. En effet, dans la crypte de Yad Vashem, où sont gravés dans la pierre les
lieux les plus notoires de concentration et d'extermination des Juifs, Drancy est le seul lieu de
mémoire français à figurer ».
Wagon témoin de
Drancy
Après avoir étudié le camp de Drancy nous nous intéresserons à présent aux camps
d'Auschwitz-Birkenau et de Bergen-Belsen qui sont les deux camps où Hélène Berr a été
déportée.
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C) LA DÉPORTATION : AUSCHWITZ ET BERGEN BELSEN (Clément
et Nancy)
Après son internement à Drancy, Hélène est déportée avec ses parents à Auschwitz le
27 mars 1944. Parvenant à survivre, elle fait l’évacuation d’Auschwitz en octobre 1944 et se
trouve début novembre à Bergen Belsen. Nous allons étudier ces deux camps pour voir
quelles furent ces conditions de détentions et de mort.
1) Auschwitz-Birkenau : le plus grand camp d'extermination nazi.
Photo de l'entrée du camp du camp d'Auschwitz-Birkenau.
Le camp d'Auschwitz est le plus grand camp de concentration et d'extermination nazi.
Il se divise en trois parties : Auschwitz I est le premier camp de travail, ouvert en mai 1940.
Début 1942, s'ouvre Auschwitz II Birkenau, qui est le camp d'extermination et en octobre
1942 Auschwitz III Monowitz rentre en fonction, c'est un camp de travail où sont notamment
implantées les usines IG Farben. Les camps se trouvent à une soixantaine de kilomètres à
l'ouest de Cracovie, dans une région annexée par l'Allemagne en 1939 lors de l'invasion de la
Pologne. Auschwitz est libéré par l'armée rouge le 27 janvier 1945.
47
Ce camp, en plus d'être le plus grand, reste celui où le nombre de victimes est le plus
important. En effet, de 1942, date du début de la Solution finale à sa libération, plus d'1,3
million de personnes sont mortes au sein du camp. La plupart d'entre elles, c'est à dire 900
000, furent directement gazées à leur arrivée à Auschwitz II comme nous l'avons vu en classe
à travers l'exemple des convois de juifs hongrois au printemps 1944. En effet, entre la fin avril
1944 et juillet 1944, 426 000 juifs hongrois sur les 440 000 déportés dans le camp furent
exterminés. L'album d'Auschwitz en est la preuve irréfutable.
Plan du camp d'Auschwitz
Dans les pays Européens, l'existence de ces camps existe même si on ne sait pas
forcément ce qui s'y passe. Hélène Berr est au courant de certaines choses comme elle l'écrit
dans son journal le 1er Novembre 1943 : « Personne ne saura jamais l'expérience dévastatrice
par laquelle j'ai passé, cet été. De ce départ du 27 mars 1942 (celui du mari de Mme
Schwartz) on a jamais rien su. On a parlé des avants-lignes sur le front russe, où l'on aurait
employé les déportés à faire sauter des mines. On a parlé aussi des gaz asphyxiants par
lesquels on auraient passé les convois à la frontière polonaise. Il doit y avoir une origine vraie
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à ces bruits. Et penser que chaque personne nouvelle qui est arrêtée, hier, aujourd'hui, à cette
heure même, est sans doute destinée à subir ce sort horrible. Penser que ce n'est pas fini, que
cela continue tout le temps avec une régularité diabolique. Penser que si je suis arrêtée ce soir
(ce que j'envisage depuis longtemps ), je serai dans huit jours en Haute-Silésie, peut être
morte, que toute ma vie s'éteindra brusquement, avec tout l'infini que je sens en moi. ». Grâce
à cette citation, nous pouvons voir que la peur est très présente chez Hélène et qu'elle est
lucide sur les actes que commettent les nazis à l'est.
En effet, ce camp d’Auschwitz reste celui dans lequel le plus grand nombre de Juifs a
été exterminé. Ceux-ci étaient généralement envoyés dans les chambres à gaz dès leur arrivée
dans le camp s'ils n'étaient pas jugés aptes au travail. Nous l'avons beaucoup étudié en classe à
l'aide de nombreux témoignages. En 1990, Léo Shneidermann raconte par exemple la
sélection et la séparation avec sa famille. Il évoque l'arrivée dans la nuit, « les hurlements, les
aboiements, les coups portés par les kapos ». « Et tout est allé très vite : gauche, droite, droite,
gauche. Les hommes séparés des femmes. Les enfants arrachés aux bras de leurs mères. Les
personnes âgées traitées comme du bétail. Les malades, les handicapés étaient transportés
comme des sacs à ordures [...]. Ma mère a couru vers moi et m'a saisi par les épaules, et elle
m'a dit : « Leibele, je ne te reverrai plus jamais, prend soin de ton frère ». Sur les 900 000
personnes disparues dans les chambres à gaz, 90% étaient des personnes juives, ce qui est
considérable, et révèle la cruauté des nazis. C'est à Auschwhitz II Birkenau, que sont
décédées environ 1,1 million de personnes. L'horreur du camp peut se résumer à la manière
dont on tuait les gens, à l'aide du Zyklon B, un pesticide utilisé comme gaz asphyxiant sur
l'homme (cette méthode était la plus répandue). Il faut alors entre 6 et 20 minutes pour tuer
des dizaines de personnes enfermées dans une pièce hermétique. Puis, les corps sont amenés
aux fours crématoires pour être brûlés. La mère d'Hélène, Antoinette Berr est morte de cette
manière, gazée en mai 1944. Son père, lui, est assassiné à la fin du mois de septembre par un
médecin polonais très antisémite. David Rousset, cité par Mariette Job, évoque sa disparition
dans Les jours de notre mort où il met en lumière les qualités humaines du père d'Hélène qui
a toujours su garder sa simplicité et son courage jusqu'au bout. Il y avait aussi beaucoup
d'expériences médicales, des tests que l'on faisait sur les femmes, les enfants... Le Dr Mengele
est malheureusement resté célèbre pour les graves sévices corporels qu'il a pu faire subir à ses
victimes dans le bloc 10 d'Auschwitz I. Il faut préciser que les autres détenus mourraient
d'épuisement dû au travail forcé, à la malnutrition ou à bien d'autres maladies ( typhus… )
49
Enfants ayant subi des maltraitances à Auschwitz
50
2) La mort d'Hélène Berr à Bergen Belsen.
Bergen Belsen est un camp de concentration créé par les allemands en 1940 au sud de
deux petites villes : Bergen et Belsen qui se situent en Basse-Saxe, à 65 kms de Hanovre. Il
faut savoir qu’à l'origine, Bergen Belsen n’est qu’un camp d'internement pour prisonniers de
guerre. En effet, d’abord constitué de 3000 ouvriers allemands et polonais, ce camp se
transforme progressivement avec l'arrivée en 1940, après la campagne victorieuse contre la
France, de 600 prisonniers de guerre français et belges. Le chiffre augmente fortement en
juillet 1941 avec 21 000 autres prisonniers, acheminés par convois d’Union Soviétique. De
plus, en avril 1943 un nouveau commando de détenus arrive. Ils préparent, dans la partie sud
du camp, des constructions pour abriter des prisonniers juifs et ils construisent un crématoire.
En effet, en avril 1943, les nazis décident de faire de Bergen Belsen un « camp de résidence »
sur une partie du site du camp de prisonniers de guerre. Là, sont internés plusieurs milliers de
prisonniers juifs qui doivent être échangés contre des citoyens allemands détenus par les
Alliés.
Mais, en décembre 1944, les Allemands transforment Bergen Belsen en véritable camp
de concentration et c'est dans ce camp qu'Hélène Berr est transféré après l'évacuation
d'Auschwitz qui commence à partir d’octobre 1944. En effet, face à l'avancée des troupes
alliés, Himmler décide de l'évacuation de certains camps et Bergen Belsen devient le centre de
regroupement pour les prisonniers juifs que les nazis ne veulent pas laisser aux mains de leurs
adversaires pour qu'ils ne soient pas des preuves supplémentaires des crimes de masse nazis.
On appelle ces transferts : « les marches de la mort ». Cette expression, sans doute inventé par
les prisonniers eux même, désigne ces marches forcées sur de longues distances, marquées par
une surveillance stricte sous des températures hivernales.
A ce changement s’en suit une déportation de plus en plus grande, avec l’arrivée d’un
grand nombre de Juifs, de Tziganes mais aussi d’homosexuels. Le camp se remplit et les
conditions de vie empirent. En effet, selon Louis Martin Chauffier : "Bergen Belsen, nom
terrifiant. C’est là qu’on jetait les rebuts, ceux à qui il n’était plus possible d’arracher le
moindre travail. On les y laissait crever". Et après la faim (la ration se composait trois quart
de litres aqueuses et d'une tranche de pain de trois centimètres) et le froid, les déportés
subissent de nombreuses tortures et souffrent vite de la tuberculose, du typhus et dès le mois
d’août, la dysenterie fait des ravages.
51
Photo du camp de Bergen Belsen où environ
60 000 personnes ont trouvé la mort.
Les conditions de vie et de soins sont tellement médiocres par rapport aux autres
camps de concentration « qu'on vit peu de jours à Bergen Belsen », un camp soit disant de
« repos » comme le rappelle Raymond Juillard dans son livre La caisse de grenades. Nous
avons eu la chance de rencontrer cet ancien déporté lors de sa venue dans notre lycée au mois
de mai 2009. Pour lui, c'est le camp le plus pire qu'il ait connu. Alice Lok Cahana, rescapée du
camp, disait même en 1990 que c'était « l'enfer sur Terre ». Lors de son arrivée, elle marchait
sur des cadavres, des mourants qui recouvraient le sol. Elle rajoutait même : « Le jour comme
la nuit, on ne pouvait fuir les cris, on ne pouvait fuir les prières, on ne pouvait fuir les
hurlements de pitié, c'était le chant des morts, c'était l'enfer ».
On estime aujourd’hui à 60 000 le nombre de victimes dans ce camp. Hélène Berr y
meurt, quelques jours avant la libération de Bergen Belsen. En effet, comme nous l'a raconté
Mariette Job, Hélène atteinte du typhus ne peut se rendre un matin à l'appel car elle est trop
souffrante. Rappelons que l'appel a lieu tous les matins avant d'aller travailler, c'est une
épreuve très difficile puisqu'il faut s'habiller très vite et s'aligner devant son baraquement.
Comme le rappelle Ruth Moses Borges « il fallait qu'on soit compté. Qu'il fasse froid, qu'il
pleuve, qu'il fasse beau... Il fallait qu'on soit compté. » ; « Peu leur importait si cela durait une
heure ou cinq. » ; « Et si le nombre de correspondait pas ils comptaient à nouveau, en
montrant sur une carriole, les morts de faim, de froid, de maltraitance... ». Ne pouvant se
lever, elle est battue par des soldats SS et laissée dans cet état. A leur retour de l'appel, ses
camarades qui étaient proches d'elles, la découvrent seule, gisant sur le sol. Hélène est morte.
C'est grâce à leurs témoignages que nous connaissons sa fin tragique.
52
Mais, malgré les épreuves subies à l'intérieur du camp, Hélène est toujours restée une
femme courageuse et pleine de vie. Les témoignages rapportent qu'elle savait redonner espoir
à ses amies déportées comme l'a dit à son retour Nadine Heftler. Par ailleurs, elle prenait
toujours soin de dire qu'elle s'appelait « Hélène Berr » et refusait, ainsi, de perdre son identité.
Au final, le camp est libéré par les troupes anglaises le 15 avril 1945. Elles y trouvent 60 000
prisonniers dont la grande majorité sont très malades sans compter les milliers de cadavres
gisant à même le sol. Environ 50 000 personnes moururent à Bergen Belsen. Le destin a voulu
qu'Anne Franck et sa soeur Margot disparaissent également dans ce camp sans doute en
février – mars de cette même année.
Voici une carte représentant le trajet mortel qu'effectue Hélène Berr, entre le 8 mars
1944, jour de son arrestation, et avril 1945, mois de sa mort à Bergen Belsen. Mariette Job
rapporte dans Une vie confisquée que selon des rescapés la marche entre les deux camps « fut
pire qu'Auschwitz. ».
La mort d'Hélène Berr est confirmée quelque mois après. Dès lors, son frère Jacques,
décide de transmettre le manuscrit à Jean Morawecki. C'est pour cette raison qu'après avoir
1 : Camp de Drancy.
2 : Camp d'Auschwitz.
3 : Camp de Bergen Belsen
étudié la déportation d'Hélène Berr, nous allons à présent nous intéresser à l'histoire du journal
de 1944 à nos jours afin de comprendre comment il a été conservé pendant près de soixante
ans avant d'être récemment publié.
53
IV.
L 'HISTOIRE DU JOURNAL DE 1944 À NOS JOURS
A présent, il convient de s'intéresser à l'histoire du journal de 1944 à nos jours en vue
de comprendre à qui il était destiné, comment il a été conservé et pourquoi il a été publié.
Nous évoquerons également les raisons pour lesquelles il faut, selon nous, absolument le lire
et le faire connaître.
A) LA CONSERVATION DU MANUSCRIT (Fatiha e/ Ilhame)
1) Les raisons de l'écriture
Le journal a été écrit entre le 7 avril 1942 et le 8 mars 1944 avec une
interruption (28 novembre 1942 – 25 août 1943). Il s'agit d'un journal intime dans lequel
Hélène Berr raconte les évènements qui l'ont le plus marqué dans sa vie quotidienne à Paris,
durant la Seconde Guerre mondiale. Rappelons que le journal est une forme de littérature
intime qu'ont utilisé les plus grands auteurs à partir du XVIIe siècle, à l'image de Rousseau,
Stendhal, Gide, Kafka et même de hauts responsables fascistes ou nazis comme le comte
Sciano ou Goebbels...
L'écriture du journal est sur le plan psychologique une forme de thérapie dans le sens
où c'est un moyen d'exprimer ses sentiments, pour soi-même ou pour quelqu'un. Hélène Berr
conçoit son écriture comme « l'esprit d'observation et la largeur de vue », elle veut écrire
« avec une sincérité complète, en ne pensant jamais que d'autres liront, afin de ne pas fausser,
écrire toute la réalité et les choses tragiques que nous vivons en leur donnant toute leur gravité
nue sans déformer pas les mots... ». En effet, elle pense que décrire la réalité n'est pas à la
portée de tous, John Keats disait d'ailleurs : « Since every man whose soul is not a clod / Hath
visions, and would speak, if he had loved / And been well nurtured in his mother tongue. » (ce
qui signifie en français : Car tout homme dont l'âme n'est pas masse argileuse / A des visions
qu'il évoquerait, s'il avait l'amour / Et la pleine connaissance de sa langue maternelle». Elle
confie dans son journal qu'elle a une très grande répugnance à se concevoir comme un
écrivain car cela relève, selon elle, d'une certaine prétention qui « implique un dédoublement
de personnalité, sans doute une perte spontanée, une abdication ». Elle rajoute qu'elle refuse la
gloire car elle écrit le 10 octobre 1943 : « l'idée qu'on puisse écrire pour les autres, pour
recevoir les éloges des autres me fait horreur. ». Pour elle, l'écriture est surtout un devoir « car
comment guérira t-on l'humanité autrement qu'en lui dévoilant d'abord toute sa pourriture,
comment purifiera t-on le monde autrement qu'en lui faisant comprendre l'étendue du mal
qu'il commet? ». A ce titre, la conservation du manuscrit s'impose car Hélène Berr se rend
compte qu'elle est le témoin de faits tragiques dont il faut garder une trace pour ne pas oublier.
Elle est le témoin du malheur qui frappe la communauté juive sous le régime de Vichy et
l'Occupation nazie. Pour autant, elle garde une dignité et un sang froid exemplaire surtout
lorsqu'elle raconte les persécutions qu'elle subie ou qui touchent d'autres personnes. Cela tend
à rendre son témoignage objectif et à lui conférer une portée historique et universelle.
54
Hélène écrit pour elle même, pour témoigner, mais aussi pour Jean, son fiancé. En
effet, elle a bien conscience qu'il y deux parties dans ce journal notamment le mercredi 27
octobre 1943 : « Il y a deux parties dans ce journal, je m'en aperçois en relisant le début : il y
a la partie que j'écris par devoir, pour conserver des souvenirs de ce qui devra être raconté, et
il y a celle qui est écrite pour Jean, pour lui, pour moi. ». Dès lors, le journal est une empreinte
qu'elle laisse derrière elle et qui permet de communiquer ses sentiments d'amour les plus
profonds. Ainsi, elle rajoute : « Je sais pourquoi j'écris ce journal, je sais que je veux qu'on le
donne à Jean si je ne suis pas là lorsqu'il reviendra. Je ne veux pas disparaître sans qu'il sache
tout ce que j'ai pensé pendant son absence, ou du moins une partie. ».
2) La transmission du manuscrit à Jean
Hélène confie régulièrement les feuillets de son journal à Andrée Bardiau, une
domestique au service de la famille Berr depuis un demi-siècle, jusqu'au matin où elle est
arrêtée le 8 mars 1944. Pressentant ce qui allait arriver, elle écrit : « Cela m'est un bonheur de
penser que si je suis prise, Andrée aura gardé ces pages, quelque chose de moi, ce qui m'est le
plus précieux, car maintenant je ne tiens plus à rien d'autres qui soit matériel. ». Andrée
Bardiau, fidèle à la volonté d'Hélène, remet le manuscrit à son frère Jacques Berr avec
recommandation de le transmettre à Jean. Ce dernier le conserve précieusement dans une
armoire chez lui pendant 46 ans, en souvenir de son amour de jeunesse et de la vie qu'Hélène
mena tout en pensant à son fiancé parti à la guerre.... La lettre qu'il écrit à la sœur d'Hélène,
Denise, le 20 juin 1946 est particulièrement émouvante : « Pour moi, Hélène était le symbole
de la Force, de la Force radieuse, qui est magnétisme, beauté, harmonie, persuasion, confiance
et loyauté. Tout cela a sombré. Avec elle, disparaît la femme que j'aimais, et plus encore cette
âme si proche de la mienne (la lecture du journal achève de me l'apprendre d'une manière
poignante) ».
Le journal est constitué d'une série de feuillets de cahier d'écoliers rangés à l'intérieur
d'une enveloppe kraft. On constate qu'il est entièrement écrit à la main presque sans ratures et
sans retouches. Or, écrire d'une manière aussi fluide sans se corriger révèle une grande qualité
d'écriture et d'une forte inspiration que même de grands écrivains ne possédait pas. Jean
Jacques Rousseau disait lui même : « De là vient l'extrême difficulté que je trouve à écrire.
Mes manuscrits raturés, barbouillés, mêlés, indéchiffrables attestent la peine qu'il m'ont
coûtés. ». En parallèle, une version du journal circule dans la famille car elle a été tapé par un
employé de chez Kuhlmann.
3) Le manuscrit retrouvé par Mariette Job et son exposition au Mémorial de la
Shoah
Des dizaines d'années après, le 9 novembre 1992, Mariette Job, la fille de Denise,
décide de retrouver le manuscrit original. Elle tente de contacter Jean à qui le journal est
dédié. Sachant qu'il est conseiller d'ambassade, elle le retrouve grâce à l'aide du ministère des
Affaires étrangères. Jean l'appelle pour la rencontrer et leur entretien a lieu le 25 décembre
1992. A partir de ce moment, ils entretiennent une relation privilégiée jusqu'à ce que le 8 avril
55
1994 il la rende légataire du journal.
Quelques années après, en 2002, celle-ci dépose le manuscrit au Centre de
Documentation Juive Contemporaine. Nombreuses sont les personnes qui tous les ans font la
même démarche en apportant au CDJC beaucoup d'archives personnelles. Celles-ci sont de
natures diverses puisqu'il peut s'agir de lettres, photos, objets... Ces archives ont souvent une
valeur historique importante, mais aussi une valeur affective toute particulière car elles sont
parfois l'unique trace d'un père, d'une mère, d'un enfant... disparus sous le joug des
persécutions nazies. Créé au printemps de l'année 1943, avant la fin de la guerre, le CDJC est
né de la volonté de certaines familles qui comprirent alors qu'il fallait impérativement
collecter les documents qui pourraient permettre d'écrire l'histoire de la persécution des Juifs
durant la Shoah. Ainsi, les collections du CDJC sont riches de plusieurs millions de
documents et l'une de ses spécificités tient sans doute à l'importance des fonds d'archives
privées qu'il détient. Récemment, le CDJC a été intégré au sein du Mémoral de la Shoah dont
les nouveaux locaux ont ouvert rénovés et agrandis, le 27 janvier 2005. Ce lieu de mémoire
situé en plein cœur du Marais fut inauguré par de nombreuses personnalités dont Jacques
Chirac, Président de la République, Bertrand Delanoë, Maire de Paris, ou encore Simone Veil,
ancienne déportée et ministre, qui en a été la première présidente.
Là, Mariette Job décide d'exposer un feuillet du journal. On choisit celui qui relate la
journée du 8 juin 1942, date à laquelle Hélène Berr porte pour la première fois l'étoile jaune.
Il est aujourd'hui conservé dans une vitrine consacrée à Hélène Berr et à la vie des Juifs sous
l'Occupation. Le travail mené par Karen Taîeb fut essentiel pour pouvoir exposer ce document
d'archive exceptionnel. Notre émotion fut grande lorsque nous l'avons vu à côté de la photo
d'Hélène. Puis, elle et Mariette Job œuvrèrent à la publication du journal qui va connaître un
succès très important en France et à l'étranger.
La page du 8 juin 1942 exposée au Mémorial de la Shoah
56
B) LA PUBLICATION DU JOURNAL (Andy)
En effet, une fois ce journal revenu au sein de la famille, la question de sa publication
s'est peu à peu posée. Les éditions Tallandier en furent l'éditeur et le succès fut au rendez
vous.
1) Le journal publié et les textes qui l'accompagnent
Comme nous l'avons vu, Mariette Job est en possession du manuscrit du journal
depuis le milieu des années 90. Il faut pourtant un certain temps pour que la famille décide de
le publier. En conséquence, six ans après le dépôt du manuscrit au Mémorial de la Shoah, les
éditions Tallandier proposent à Mariette Job de publier le journal de sa tante afin que ce
témoignage de grande valeur ne reste pas inconnu et soit porté à la connaissance du plus
grand nombre. Cela se réalise en janvier 2008 et
le manuscrit est publié dans son intégralité. Un
an plus tard, l'édition de poche est publié aux
éditions Seuil. Jean Morawiecki s'éteint à
l'automne 2008, apaisé que la publication du
journal permette aux jeunes générations de
mieux connaître ce que fut la Shoah et la
personne magnifique qu'était Hélène Berr.
Sa publication est accompagnée d'une
préface de Patrick Modiano, l'auteur de Dora
Bruder. Il a exprimé très tôt le souhait de l'écrire
après avoir été ému par la lecture de l'œuvre. Sa
préface est un très bel hommage rendu au
journal ainsi qu'à Hélène elle même, dont il a
parfaitement saisi le caractère : « On sent, chez
cette fille de 20 ans, le goût du bonheur, l'envie
de se laisser glisser sur la douce surface
des choses, un tempérament à la fois
artiste et d'une très grande lucidité. Elle
est imprégnée par la poésie et la
littérature anglaise et elle serait sans
doute devenue un écrivain de la
délicatesse de Katherine Mansfield. ».
Patrick Modiano
57
Le Journal est suivi d'un texte de Mariette Job Une vie confisquée qui retrace l'histoire
du manuscrit et rend hommage à tous les déportés : « Au travers de cette période d'enfer de
cette insoutenable cruauté des faits, il reste cette présence forte et lumineuse d'Hélène, pour
toujours. Que ce journal, acte de survie, se transmette au fil du temps, et nourrisse la mémoire
de tous ceux dont les mots ont été anéantis. ».
Mariette Job présentant le journal de sa tante
2) Un vrai succès littéraire
Le journal est déjà un grand succès de librairie puisqu'il à été vendu à plus de 100 000
exemplaires et publié dans une trentaine de pays. Certains des élèves de la classe faisant partie
de la section européenne italien en ont même étudié et lu des extraits en italien afin de le faire
découvrir aux élèves du lycée de Vérone avec lequel notre établissement a un appariement.
D'ailleurs, lors du voyage des élèves de notre classe en Italie un parcours de mémoire a été
réalisé. Il les a conduit aux ghettos juifs de Vérone et Venise ou encore au musée du déporté
de Carpi, près du camp de Fossoli, le « Drancy italien ».
58
Deux couvertures du journal d'Hélène
Berr publié à l'étranger
59
3) La version audio du journal d'Hélène Berr
Le journal est également édité en octobre 2008 avec une adaptation en CD AUDIO lu
par Elsa Zylberstein, une grande comédienne française dirigée par les plus grands et dont la
carrière riche de plus de 30 films a été récompensé par le Prix Romy Schneider et le Prix
Beauregard. Elsa Zylberstein s'est toujours beaucoup intéressée à l'histoire de la Shoah,
comme le prouve encore son actualité théâtrale cette année. En effet, à l'automne 2009, elle va
interpréter à la Comédie des Champs Elysées « Le démon de Hannah », une pièce dans
laquelle elle incarne Hannah Arendt, élève juive et amante du philosophe allemand Martin
Heidegger avant qu'il ne rejoigne le parti nazi (nous avons étudié en classe son analyse des
totalitarismes). Précisons également que dès 2008, la comédienne Isabelle Carré avait, elle
aussi, prêté sa voix pour lire des extraits du journal à l'occasion d'une soirée organisée au
théâtre du Rond Point.
Malgré de nombreuses propositions il n'y a pas d'adaptation cinématographique prévue
pour le moment car comme nous l'a dit Mme Job lors de notre rencontre : « il faut encore
laisser vivre et lire ce journal. ».
La version audio du journal
d'Hélène Berr
60
C) POURQUOI IL FAUT LIRE HÉLÈNE BERR (Julien et Margot)
Le journal d'Hélène Berr est un document rare et précieux qui fut publié soixante ans
après qu'Hélène Berr l'ait écrit. Ce journal est le témoin d'une époque sombre vue à travers
les yeux d'une jeune étudiante juive de vingt et un an, qui a continué de vivre son quotidien
malgré les persécutions, en restant près de sa famille, en sortant avec ses amis et son fiancé,
Jean Morawiecki, en profitant de la vie comme si chaque instant était le dernier qu'elle allait
vivre. Au terme de notre étude, il est intéressant de rappeler pourquoi il faut lire ce journal.
Tout d'abord parce que c'est un témoignage qui permet d'entretenir la flamme de la mémoire
dont la portée est universelle. Par ailleurs, nous pouvons aussi relever qu'il possède un fort
intérêt littéraire et pédagogique que l'on pourrait comparer à celui d'Anne Frank malgré deux
visions différentes des évènements.
1)
Un devoir de mémoire à portée universelle
En premier lieu, ce journal peut être considéré comme un outil très utile en vue
d'entretenir la flamme de la mémoire des hommes et des femmes de tout âge et toutes
nationalités disparus durant la Seconde Guerre mondiale. Le devoir de mémoire touche au
cœur de l'histoire de notre pays car il met en avant la nécessité pour notre société
républicaine d'entretenir la mémoire des victimes de la Shoah, ou d'autres persécutions ou
crimes passés. Cette responsabilité repose aujourd'hui sur les jeunes générations n'ayant pas
connu ces événements. Selon nous, ce journal s'adapte parfaitement au devoir de mémoire car
il permet de se souvenir, ou de prendre conscience de ce qu'a été la déportation et
l'Occupation. Les lycéens que nous sommes peuvent alors comparer leur vie à celle d'Hélène
Berr qui a à peu près notre âge à l'époque, même si le contexte est bien sûr différent. De plus,
cela nous permet d'apprendre les évènements historiques sans devoir se plonger dans un
manuel d'histoire, qui peut être, parfois, un peu trop scolaire et qui ne prend pas assez en
compte le ressentiment et le vécu des gens. En outre, cela invite les personnes qui n'ont pas
connu la guerre à se souvenir de cette époque et à comprendre comment elle a été vécue par
ceux qui ont été les principales victimes (de la déportation et de la discrimination raciale). En
effet, des hommes et des femmes nées après la guerre ne savent pas encore exactement ce qui
s'est passé car après le conflit beaucoup de témoins ne parlaient pas de ce qui s'était produit à
savoir les arrestations, le fonctionnement des camps... Ainsi, la déportation n'a pas été perçue
et comprise de la même façon pour tout un chacun. Pendant longtemps, on en parlait pas, il ne
faut pas oublier que c'est seulement à partir des années 80 que l'on commence à parler et à se
souvenir de ce que fut la Shoah, notamment grâce au travail des historiens, au film de Claude
Lanzmann et aux procès de certains collaborateurs et hauts dignitaires nazis comme Klaus
Barbie. C'est pourquoi, le récit d'Hélène et la vie qu'elle a mené au quotidien sous
l'Occupation peut permettre d'en apprendre davantage sur cette page de l'Histoire.
Suite à notre étude de cette période, nous avons rencontré la nièce d'Hélène Berr,
Mariette Job, qui nous a raconté dans quelles conditions sa tante est décédée, son combat pour
la vie et pour la liberté. Dans son texte Une vie confisquée, situé à la fin du journal, elle écrit :
« Que ce journal, acte de survie, se transmette au fil du temps, et nourrisse la mémoire de tout
61
ceux dont les mots ont été anéantis.». Elle a également conclu en nous disant : « Maintenant,
c'est vous qui êtes les passeurs....». Ces mots gravés dans notre mémoire nous invitent à ne
pas oublier et surtout à dire, à raconter, à affirmer que cela a existé et qu'il faut toujours rester
vigilant pour que cela ne se reproduise plus.
Mariette Job en train de nous dédicacer le journal de sa tante.
2)
Un intérêt littéraire et pédagogique
A côté de ce devoir de mémoire, on peut noter que le journal d'Hélène Berr offre un
grand intérêt d'un point de vue purement littéraire. Hélène a un certain talent pour l'écriture,
on le voit déjà dans les extraits de ses cahiers de vacances lorsqu'elle n'a que 14 ans. C'est
aussi pour cette raison que ce journal sera présent sur les listes du baccalauréat de français en
tant qu'œuvre autobiographique à valeur historique dès les prochaines rentrées. Le texte recèle
parfois d'informations très riches et très complexes, ce qui explique qu'il ait été adapté dans
une version abrégée suivie d'un dossier pédagogique en accord avec les textes du programme
de français pour que les élèves puissent l'étudier en classe de Première dans le cadre, par
exemple, du thème de l'autobiographie. En parallèle, les éditions Points ont édité une version
abrégée du journal suivi d'un dossier pédagogique de la version de poche.
62
L'édition scolaire du Journal
d'Hélène Berr
Mais, il peut également être étudié en cours d'histoire lors de l'étude de l'histoire de la
Shoah. Cela permet comme nous l'avons fait cette année de croiser deux matières : l'histoire
et la littérature en vue de décloisonner les enseignements. En effet, en classe de 3° la première
partie du programme d'histoire porte sur ''1914-1945 : guerres, démocraties, totalitarisme''.
L'étude des crises des années 1930 doit insister, dans le cas de l'Allemagne Nazie, sur les
''pratiques totalitaires d'un régime fondé sur les mythes d'une « race pure » et sur la volonté
d'expansion qui conduit à la guerre'', tandis que ''l'étude de l'Europe sous la domination nazie
conduit a décrire les formes de l'occupation, la politique d'extermination des Juifs et des
Tziganes et à définir collaborations et résistances''. Par ailleurs, en Première littéraire et
sciences économiques et sociales le troisième thème du programme s'intitule : « Guerres,
démocraties et totalitarismes (1914-1945) » et en Première scientifique : « Les totalitarismes
et la guerre », dans ces thèmes, une étude est réservée aux caractères spécifiques du
totalitarisme nazi, puis à la politique d'extermination. Enfin, en Terminale on peut revenir à
deux reprises sur l'histoire et la mémoire de la Shoah dans « le bilan du monde en 1945 » ainsi
que dans « l'histoire de France depuis 1945 » qui réserve un volet aux mémoires de la
Seconde guerre mondiale. Précisons que cette question peut en outre être abordée en
éducation civique autour de la notion, par exemple, de « crimes contre l'Humanité ». Plus
largement, c'est aussi un excellent moyen pour lutter contre les thèses négationnistes qui,
malheureusement, existent toujours.
63
En définitive, il faut préciser que ce qui fait de ce journal un excellent outil
pédagogique c'est qu'Hélène Berr reste toujours très objective dans ses propos. De plus, nous
avons trouvé la lecture très agréable car elle possède déjà pour son âge une écriture spontanée
avec un style fluide qui correspond à son caractère. Son talent littéraire vient surement du fait
qu'elle a exprimé très tôt dans sa vie une véritable passion pour la littérature et qu'elle réalise
de brillantes études à l'université de la Sorbonne pendant l'écriture de son journal.
« Le journal d'Hélène Berr est à la fois le journal d'une jeune juive sous l'Occupation, d'une
sensibilité et d'une qualité littéraire exceptionnelle, et une référence historique ».
Telles furent les paroles de Simone Veil après avoir lu cette œuvre.
L'Express, 10 janvier 2008.
64
3) Anne Frank et Hélène Berr : deux visions différentes de la guerre
On pourrait comparer le journal d'Hélène Berr avec celui d'une autre jeune fille qui a
vécu la guerre : Anne Frank. En effet, elle aussi a écrit sur son expérience et sa vie sous
l'Occupation nazi. Mais, les différences entre elles sont nombreuses. Anne Franck n'a
seulement que 14 ans lorsqu'elle écrit son journal et malgré une écriture plutôt mâture pour
son âge, cela se ressent dans sa manière de raconter les évènements. Elle s'adresse par
exemple a des personnages imaginaires.
Hélène Berr, elle, a 21 ans lorsqu'elle commence à écrire, et comme nous l'avons déjà
dit, elle possède un don certain pour l'écriture. Leurs parcours sont très différents même si
pourtant elles sont toutes les deux soumises aux persécutions antisémites de par leurs origines
juives. L'Occupation a été présente dans pratiquement tous les pays d'Europe, mais elle n'a
pas été vécue de la même façon selon le pays et les origines de chaque juif. En effet, Anne
Frank, adolescente allemande née à Francfort en 1929, vit recluse avec sa famille à
Amsterdam, dans ce qu'elle appelle « l'annexe », un appartement secret aménagé dans
l'annexe de l'entreprise Opekta de son père Otto Franck, avec la consigne de ne surtout pas
faire de bruit pendant les heures de bureau puisqu'ils vivent au dessus d'un lieu de travail.
Anne a du quitter Francfort dès 1933, suite à l'intensification des persécutions faisant suite à
l'arrivée des nazis au pouvoir. En revanche, Hélène, issue d'une vielle famille française, vit à
Paris et sort avec ses amis et son fiancé Jean, elle se rend dans les lieux où elle aime se
balader et va à la bibliothèque pour se retrouver parfois seule. Elle se rend fréquemment
encore à l'université de la Sorbonne où elle tâche de continuer ses études pour pouvoir réaliser
sa thèse sur Keats, en parallèle de son travail à l'UGIF. Elle vit donc « dehors », dans le Paris
de l'époque. Dès lors, son récit est un témoignage historique de premier plan sur le Paris
occupé.
Au final, les deux jeunes filles ont subi un sort similaire en souffrant des persécutions
nazies et en étant confrontées à la déportation. Le destin a voulu qu'elles soient mortes à
seulement quelques jours d'intervalles dans le camp de Bergen Belsen. Malgré leurs
nombreuses différences dues à leur âge, leurs conditions sociales où à leur situation
géographique, ces deux jeunes filles ont écrit un journal qui des décennies plus tard sera lu par
des millions d'élèves de notre âge. Le journal d'Hélène Berr se rapproche de celui d'Anne
Franck tout en s'en distinguant de par sa plus grande maturité ainsi que par une vision plus
large et plus objective des évènements.
65
Anne Frank
Pour nous, le journal d'Hélène Berr est un témoignage historique de grande qualité et
d'un intérêt rare. C'est donc un document littéraire et historique de premier plan car il
représente indiscutablement un outil essentiel pour entretenir la mémoire des déportés dont le
caractère universel s'adresse à tous les âges. A ce titre, nous sommes très heureux d'avoir été
la première classe de France à l'étudier d'une manière aussi approfondie.
66
CONCLUSION (Céline et Laura)
Au terme de ce travail, mené tout au long de l'année scolaire, nous sommes très
heureux d'avoir étudié le Journal d'Hélène Berr en vue d'honorer la mémoire de cette belle
jeune femme et de mieux connaître ce passé de l'histoire de notre pays. A ce titre, nous nous
rendons encore plus compte aujourd'hui de l'importance du devoir de mémoire car en tant que
jeunes, nous avons conscience du rôle et de la responsabilité qui nous est assujetti à savoir :
transmettre cette mémoire dans une époque où les derniers témoins de la Shoah s'éteignent
peu à peu.
Notre voyage à Paris nous as permis de mieux comprendre la vie et le destin d'Hélène
Berr. Au fil des jours, nous avons vu ce que pouvaient être ses trajets quotidiens, mais aussi, à
la vue des lieux de sa vie, nous avons mieux compris ses sentiments, sensations et autres
pensées dans le Paris occupé, qu'elle exprimait régulièrement dans les feuillets de son journal.
Beaucoup d'extraits nous ont marqué et nous en avons lus beaucoup dans nos déplacements
sur ses pas. Ce fut par exemple le cas lors de notre passage boulevard Saint Michel ou encore
aux Jardins du Luxembourg dont elle écrit le 16 avril 1942 : « J'ai ensuite descendu le
boulevard Saint Michel inondé de soleil, plein de monde, retrouvant ma joie familière,
merveilleuse, en approchant de la rue Soufflot. A partir de la rue Soufflot jusqu'au boulevard
Saint Germain, je suis en territoire enchanté ». Toujours ce même jour, elle raconte sa
promenade au Luxembourg avec « Sparkenbroke » :« Nous nous sommes arrêtés au bord du
bassin, où voguaient des dizaines de bateaux à voile ; je sais que nous avons parlé, mais je n'ai
plus qu'un souvenir de la fascination qu'exerçait sur moi l'étincellement de l'eau sous le soleil,
le clapotis léger et les rides qui étaient pleines de joie, la courbe gracieuse des petits voiliers
sous le vent, et par-dessus tout, le grand ciel bleu frissonnant [...]. J'avais pourtant envie de me
disputer car « Sparkenbroke » me disait : « Les allemands vont gagner la guerre ». J'ai dit
« non! » [...] « Mais qu'est ce que nous deviendrons si les Allemands gagnent? » Il a fait un
signe évasif, bah rien ne changera – je savais d'avance qu'il me répondrait cela-, il y aura
toujours le soleil et l'eau [...]. Je me suis forcé à dire : « Mais ils ne laissent pas tout le monde
jouir de la lumière et de l'eau. » Heureusement, cette phrase me sauvait, je ne voulais pas être
lâche. [...] ». Si nous avons choisi de lire cet extrait à Paris, et de le reprendre ici, c'est parce
qu'il est bien représentatif de l'état d'esprit d'Hélène Berr : une jeune femme amoureuse de la
nature qui tâche de profiter des petits bonheurs de la vie au quotidien, malgré l'horreur qui
l'entoure et à laquelle elle refuse de se résigner. Un mot « horreur » qui conclu d'ailleurs son
journal : « Horror ! Horror ! Horror ! ». Car oui, l'image que chacun de nous dans la classe
garderons d'elle est l'image d'une jeune femme passionnée par la vie et résistante jusqu'au
bout. En effet, Hélène est bel et bien une résistante à sa façon, par la façon qu'elle a de
continuer de vivre, de garder l'espoir, de chercher constamment le bonheur et de refuser de se
soumettre aux regards supérieurs des nazis ou à la peur d'être arrêtée. Elle aurait pu fuir en
zone libre, mais ne voulant pas être lâche, elle décide de rester à Paris avec ses parents.
Mariette Job, sa nièce, la décrit d'ailleurs, dans Une vie confisquée, comme un être d'exception
dégageant une « présence forte et lumineuse ». A l'image de Mariette Job, nous avons tous été
67
profondément marqués par la lecture de ce journal et notre voyage sur ses pas dans la capitale
n'a fait qu'amplifier ce sentiment. C'est pour cette raison que chacun de nous a rédigé son
propre récit de voyage afin de livrer aux lecteurs de ce dossier le ressenti de chaque élève de
la classe (ceux-ci se trouvent à la fin).
Sans Mariette Job, ce projet n'aurait bien évidemment pas été réalisable. C'est elle qui
a retrouvé le journal après avoir pris contact avec Jean Morawiecki qui a accepté de lui léguer
le manuscrit original en 1994. Faire accepter à sa famille d'en faire don au Mémorial de la
Shoah, puis de le faire publier, aura nécessité ensuite un certain temps. En effet, le Journal
d'Hélène Berr réveille de très nombreuses blessures enfouies après la guerre. Pendant
longtemps, beaucoup de déportés ou leurs familles ont voulu oublier, ou du moins ne plus
évoquer ce passé, afin de ne plus ressasser les horreurs qu'ils avaient vécues. Cependant,
Mariette Job, que nous avons eu la chance de rencontrer en personne en compagnie de Karen
Taïeb, nous a montré à quel point elle tenait à la publication du journal et ce qui la motivait
dans cette entreprise. Elle l'explique d'ailleurs à la fin d'Une vie confisquée en écrivant : « Que
ce journal, acte de survie, se transmette au fil du temps, et nourrisse la mémoire de tous ceux
dont les mots ont été anéantis ». Ces quelques mots résument très bien, selon nous, les raisons
qui l'ont poussée à publier ce journal que beaucoup considèrent aujourd'hui comme un outil
essentiel pour le devoir de mémoire. Notre rencontre avec Mariette Job nous a également
permis d'en apprendre beaucoup plus sur Hélène Berr et son journal, ce qui nous incite à en
parler à notre entourage, nos familles, nos amis, car ce journal ne peut et ne doit pas rester
ignorer. Il apporte une nouvelle vision du Paris de l'Occupation à travers un regard féminin et
une écriture à la fois claire, précise et émouvante.
Depuis sa publication, le Journal d'Hélène Berr est maintenant très connu comme le
prouve son important succès de librairie et sa publication à l'étranger dans une trentaine de
pays. Face à un tel accueil de la part du public, la Mairie de Paris a même pris ces derniers
mois une décision symbolique pour honorer sa mémoire. En effet, elle a décidé de rebaptiser
la médiathèque Picpus, située dans le XIIe arrondissement de Paris (rénovée après deux ans de
travaux), « Médiathèque Hélène Berr ». Ce choix a été fait en souvenir de la jeune femme
passionnée de lettres et de culture qu'elle était. Hélène Berr incarne donc aujourd'hui, et plus
que jamais, l'image d'une jeunesse forte et éclairée à travers l'horreur de l'Histoire. D'autre
part, Mariette Job a aussi émis le souhait personnel de voir un jour le square de l'Ile de France,
qui se trouve derrière le chevet de la cathédrale Notre Dame, renommé « Square Hélène
Berr », car comme nous l'avons déjà dit elle aimait beaucoup s'y promener. Ces initiatives
tendent à prouver que le Journal d'Hélène Berr s'inscrit peu à peu dans l'Histoire de Paris et
qu'il sera, au fil du temps, de plus en plus lu par des milliers de classes à travers l'Hexagone.
68
Lecture d'un extrait du journal par notre classe au square de l'Ile de France
Enfin, nous souhaitons souligner que notre voyage à Paris « sur les pas d'Hélène
Berr » n'aurait pas été possible sans l'aide et le soutien de diverses personnes ou institutions.
Ainsi, nous remercions tout particulièrement le Mémorial de la Shoah pour la visite
pédagogique qui a été organisée lors de notre venue sur le thème : « Le régime de Vichy et les
Juifs ». A la suite de ce parcours dans le temps, nous avons eu le bonheur de rencontrer
Mariette Job et Karen Taïeb qui nous ont apporté davantage d'informations sur Hélène Berr et
son journal. Merci à elles pour leur gentillesse et leurs réponses si précises et complètes à
toutes nos questions. Pour leur aide financière, nous remercions également la Fondation pour
la Mémoire de la Shoah ainsi que le Conseil Régional de Midi-Pyrénées qui ont permis à tous
les élèves de la classe de pouvoir participer à ce voyage. Nous adressons aussi nos
remerciements les plus sincères à Madame Françoise Imbert, députée de Haute-Garonne, pour
son accueil si chaleureux et sa visite guidée si passionnante de l'Assemblée nationale qui nous
as permis de réfléchir au sens et au rôle de la loi dans notre société. Enfin, nous remercions
notre lycée de Fronton ainsi que nos professeurs, M. Pujol, M. Reimond et Mme Janin, dont
les efforts et la patience ont permis à ce voyage de voir le jour. Merci à eux de nous avoir
permis de faire ce voyage si instructif sous le signe de la convivialité et du partage.
69
Nous espérons toutes et tous que ce dossier incitera ceux qui le liront à s'intéresser de
plus près au Journal d'Hélène Berr et à l'histoire de la déportation, en mémoire des millions
de disparus de cette page sombre de l'histoire de notre Europe. Pour conclure, nous souhaitons
terminer avec cette belle phrase de Mariette Job, une phrase qui nous as touché et interpellé
lorsque nous l'avons rencontré : « que la présence d'Hélène vous accompagne toute votre
vie ». Un souhait que nous lui promettons de respecter.
Les élèves de la classe de 1°ES 2,
Lycée Pierre Bourdieu de Fronton
70
CHRONOLOGIE INDICATIVE
Nous proposons ici une chronologie indicative dans la mesure où chaque groupe de
travail a dû s'appuyer sur différents repères temporels pour le traitement des différents thèmes.
Cette chronologie n'est pas exhaustive, mais elle regroupe les principales dates qui nous ont
été utiles par rapport à la vie d'Hélène Berr, l'histoire de son journal et plus largement
l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
27 mars 1921 : naissance d'Hélène Berr à Paris.
30 janvier 1933 : Adolf Hitler est nommé chancelier du Reich.
15 septembre 1935 : lois de Nuremberg.
1937-1938 : Hélène Berr obtient ses deux baccalauréats (option latin-langues et philosophie)
avec mention très bien.
9-10 novembre 1938 : nuit de cristal.
1939-1941 : obtention de sa licence d'anglais à l'université de la Sorbonne où elle est aussi
bibliothécaire bénévole à l'institut d'anglais.
1er - 3 septembre 1939 : l'Allemagne envahie la Pologne, la France et le Royaume-Uni lui
déclarent la guerre. Début de la Seconde Guerre mondiale.
Avril 1940 : création du camp d'Auschwitz.
10 mai 1940 : l'Allemagne attaque la Belgique, la Hollande, le Luxembourg et la France.
14-17 juin 1940 : les Allemands occupent Paris. Pétain devient président du Conseil.
18 juin 1940 : le général de Gaulle lance son appel à la Résistance sur les ondes de la BBC
depuis Londres.
22 juin 1940 : Armistice. La France est divisée en deux : au nord, une zone occupée par les
nazis et, au sud, la zone libre administrée par Vichy.
10 juillet 1940 : le maréchal Pétain obtient les pleins pouvoirs du parlement. L'État français
remplace la Troisième République.
3 octobre 1940 : premier statut des Juifs adopté par le gouvernement de Vichy.
24 octobre 1940 : entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler. Début d'une « collaboration
d'Etat ».
16 novembre 1940 : création du ghetto de Varsovie.
29 mars 1941 : création du commissariat général aux questions juives sous la direction de
Xavier Vallat.
Printemps 1941 : constitution des Einzatsgruppen. Aménagement d'Auschwitz II Birkenau.
13 mai 1941 : première rafle de Juifs à Paris. Elle est organisée par la préfecture de police.
2 juin 1941 : deuxième statut des Juifs adopté par le gouvernement de Vichy.
22 juin 1941 : l'Allemagne attaque l'URSS.
71
Eté 1941 : 1 200 000 personnes sont massacrés en URSS par les Einzastsgruppen.
5 septembre 1941 : inauguration de l'exposition « le Juif et la France » au palais Berlitz à
Paris.
Octobre 1941 : ouverture du camp d'Auschwitz II Birkenau en vue de développer
l'extermination. Au même moment, en France, le régime de Vichy crée une police aux
questions juives chargée d'arrêter les Juifs.
7 décembre 1941 : attaque japonaise sur Pearl Harbor, elle entraîne l'entrée des États Unis
dans la guerre.
20 janvier 1942 : conférence de Wannsee qui met au point « la solution finale » c'est à dire le
programme de destruction des juifs d'Europe.
27 mars 1942 : premier convoi à destination d'Auschwitz au départ de la France (Drancy et
Pithiviers).
7 avril 1942 : Hélène Berr commence l'écriture de son journal.
27 avril 1942 : première référence à Jean Morawiecki.
30 avril 1942 : premier rendez vous avec Jean.
29 mai 1942 : ordonnance allemande qui oblige les Juifs de plus de six ans à porter l'étoile
jaune. Elle s'applique à partir du 7 juin.
4 Juin 1942 : obtention de son diplôme d'études supérieures de langues et littératures anglaises
(18/20).
8 juin 1942 : premier jour où elle porte l'étoile jaune.
6 juillet 1942 : Hélène Berr se présente au siège de l'UGIF où elle est recrutée comme
assistante sociale bénévole.
Début juillet 1942 : les nazis décident de déporter 100 000 Juifs âgés de 16 à 40 ans. Pierre
Laval propose que les enfants de moins de 16 ans soient déportés avec leurs parents ce que ne
demandaient pas les nazis.
Mardi 23 juin 1942 : arrestation de Raymond Berr car son étoile est mal cousue.
16-17 juillet 1942 : rafle du Vel d'Hiv, 13152 Juifs sont arrêtés en région parisienne par la
police française. Hélène Berr l'évoque dans son journal.
Mardi 22 septembre 1942 : libération de Raymond Berr.
Octobre 1942 : dépôt d'un projet de thèse sur un de ses auteurs favoris : Keats. En effet, elle
ne peut passer l'agrégation en raison des ordonnances allemandes qui se multiplient depuis
l'automne 1940.
26 novembre 1942 : départ de Jean pour rejoindre les Forces Françaises Libres.
28 novembre 1942 - 25 août 1943 : interruption du journal.
2 février 1943 : victoire soviétique à Stalingrad.
72
Mars 1943 : construction des grands crématoires d'Auschwitz.
19 avril 1943 : révolte du ghetto de Varsovie.
21 Juin 1943 : arrestation de Jean Moulin qui meurt en déportation après avoir créé le Conseil
National de la Résistance.
26 novembre 1943 : mort de la grand mère d'Hélène Berr.
Janvier 1944 : la famille Berr quitte son appartement.
8 mars 1944 : arrestation d'Hélène Berr et de ses parents à leur domicile de l'avenue Elisée
Reclus qu'ils avaient regagné la veille. Internement à Drancy.
27 mars 1944 : déportation d'Hélène Berr et de ses parents vers Auschwitz.
30 avril 1944 : Antoinette Berr, la mère d'Hélène, est gazée à Auschwitz II Birkenau.
6 juin 1944 : débarquement allié en Normandie.
Eté 1944 : extermination massive des Juifs hongrois à Auschwitz.
15 août 1944 : débarquement en Provence auquel Jean Morawiecki participe.
25 août 1944 : libération de Paris.
Fin septembre 1944 : assassinat de Raymond Berr au camp d'Auschwitz III Monowitz.
Octobre 1944 : Hélène Berr est évacuée d’Auschwitz.
Novembre 1944 : elle arrive au camp de Bergen Belsen.
Janvier 1945 : Marches de la mort.
27 janvier 1945 : libération du camp d'Auschwitz par l'Armée rouge.
Début avril 1945 : mort d'Hélène Berr au camp de Bergen Belsen.
15 avril 1945 : libération de Bergen Belsen par les troupes anglaises.
30 avril 1945 : suicide d'Hitler dans son bunker de Berlin.
8 mai 1945 : capitulation de l'Allemagne nazie.
Août 1945 : bombardement d'Hiroshima (6 août) et de Nagazaki (9 août).
2 septembre 1945 : capitulation du Japon et fin de la Seconde Guerre mondiale.
20 novembre 1945 - 1er octobre 1946 : procès de Nuremberg. Création de la notion de
« crimes contre l'Humanité ».
20 juin 1946 : lettre de Jean Morawecki à Denise Job, sœur d'Hélène Berr. Il y fait part de son
émotion suite à la lecture du journal que lui a transmis Jacques, le frère d'Hélène, qui le
détenait d'Andrée Bardiau.
10 décembre 1948 : adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme par
l’ONU.
73
19 août 1953 : Israël décide d'honorer les « Justes parmi les nations ».
9 novembre 1992 : Mariette Job, la nièce d'Hélène Berr, décide de retrouver le journal.
18 avril 1994 : Jean Morawiecki confie le manuscrit du journal à Mariette Job qui en devient
la légataire légale.
16 juillet 1995 : le président de la République, Jacques Chirac, reconnaît devant le monument
commémoratif de la rafle du Vel d'Hiv la responsabilité de la France dans la déportation des
Juifs.
2002 : Mariette Job dépose le manuscrit du journal au Mémorial de la Shoah. Une vitrine
expose une page du journal (celle du 8juin 1942) et l'histoire de la famille d'Hélène Berr dans
le cadre de l'exposition permanente de l'histoire des Juifs de France sous l'Occupation.
Décembre 2002 : le Conseil de l'Europe proclame le 27 janvier « journée européenne de la
mémoire de l'Holaucoste et de la prévention des crimes contre l'Humanité ».
25 janvier 2005 : inauguration du mémorial de la Shoah à Paris. Il ouvre ses portes au public
deux jours plus tard.
27 janvier 2005 : soixantième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz.
Janvier 2008 : publication du Journal d'Hélène Berr aux éditions Tallandier.
Octobre 2008 : édition du CD audio du Journal d'Hélène Berr, extraits lus par Elsa
Zylberstein.
Fin octobre 2008 : mort de Jean Morawiecki.
Mai 2009 : édition du journal en livre de poche ainsi que dans une édition scolaire pour tous
les élèves de France qui l'étudieront dans l'avenir avec leurs professeurs.
10 novembre 2009 – 31 mars 2010 : exposition consacrée à Hélène Berr au Mémorial de la
Shoah.
74
BIBLIOGRAPHIE
Dans le cadre de notre travail sur le journal d'Hélène Berr, nous avons lu et étudié de
nombreux ouvrages que ce soit en classe, au CDI ou bien lors de notre travail personnel à la
maison. Ce fut pour nous le moyen d'approfondir notre connaissance sur cette époque en vue
de et de mener à bien nos travaux de groupes. Depuis la création de notre lycée en 2004,
plusieurs classes ont travaillé sur le devoir de mémoire et notre CDI commence à avoir un
fonds assez fourni sur l'histoire de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale. Dans la liste
qui suit, nous avons classé les ouvrages par thème. D’autre part, nous nous sommes aussi
appuyés sur différents sites internet et autres documents audios.
 Hélène Berr
•
•
Berr Hélène, Journal, Tallandier, Paris, 2008.
Job Mariette, « Une vie confisquée » suivant le Journal d'Hélène Berr,
Tallandier, Paris, 2008.
 L' écriture d'un journal intime
•
•
•
•
Boal David, Journaux intimes sous l'Occupation, Paris, Armand Colin, 1993.
Franck Anne, Journal, Paris, Calmann Levy, 1950.
Lejeune Philippe, Boggaert Catherine, Un journal à soi : histoire d'une
pratique, Paris, Textuel, 2005.
Simonet-Tenant, Françoise, Le journal intime, Paris, Nathan, Collection 128,
2001,
 Le Paris occupé
•
•
Perraut Gilles, Paris sous l'Occupation, Paris, Belfond, 1987.
Modiano Patrick, Dora Bruder, Paris, Gallimard, 2004.
 La persécution des juifs en France
•
•
•
•
•
Burrin Philippe, La France à l'heure allemande (1940-1944), Paris, Le Seuil,
1995.
Collectif, Paroles d'étoiles, mémoires des enfants cachés, 1939-1945, Paris,
Librio, 2002.
Paxton Robert Owen, La France sous Vichy, Bruxelles, éd. Complexes, 2004.
Paxton Robert Owen, Marrus Michel, Vichy et les Juifs, Paris, LGF, 2004.
Rousso Henri, Le régime de Vichy, coll. « Que sais je? », PUF, 2007.
 La déportation
•
•
•
•
Bensoussan Georges, Histoire de la Shoah, coll. « Que sais je ? », PUF, 2006.
Christophe Francine, Une petite fille privilégiée, une enfant dans le monde des
camps 1942-1945, Paris, Pocket, 2001.
Duras Marguerite, La douleur, Paris, Folio, 1993.
Juillard Raymond, La caisse de grenades, Bussieres, Caliprint, 2006.
75
•
•
•
•
•
•
•
•
Klarsfeld Serge, Pezzetti Marcello, Zeitoun Sabine, L'album d'Auschwitz,
Paris, éditions Al Dante, 2005
Levi Primo, Si c'est un homme, Paris, Pocket, 1988.
Sabbagh Antoine, Lettres de Drancy, Paris, Seuil, 2004.
Semprun Jorge, L'écriture ou la vie, Paris, Gallimard, 1995.
Spiegelman Art, Maus, Paris, Flammarion, 1992.
Veil Simone, Une vie, Paris, Stock, 2007.
Wiesel Elie, La nuit, Paris, Minuit, 2007.
Wieviorka Annette, Auschwitz expliquée à ma fille, Paris, Seuil, 1999.
Les élèves de la section européenne italien ont également travaillé sur des textes de la
célèbre italienne Rosetta Loy extraits de son livre : La parola ebreo (traduit en français sous
le titre : Madame Della Seta aussi est juive). L'ouvrage de Marie Anne Matard Bonnucci : la
persécution des juifs dans l'Italie fasciste fut un outil essentiel pour étudier cette page de
l'histoire tout comme l'ouvrage de Tonino Tosto : 1938 l'invenzione del nemico, publié à
l'occasion de la commémoration du soixantième anniversaire du vote des lois raciales de
l'automne 1938.
Documents audio :
•
•
•
Hélène Berr, Journal, extraits lus par Elsa Zylberstein, éditions audiolib, 2008.
Le journal d'Hélène Berr, une fille juive sous l'Occupation, « Travaux Publics »,
émission de Jean Lebrun sur France Culture, 15 janvier 2008.
Les femmes dans les camps nazis, « 2000 ans d'histoire », émission de Patrice Gelinet
sur France Inter, 08 mars 2007.
Un grand merci à Radio France pour la copie et l'envoi des émissions.
Sites internet :
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www.auschwitz.org
www.bergenbelsen.de
www.camp-de-drancy.asso.fr
www.cndp.fr
www.crdp-reims.fr
www.ecehg.inrp.fr
www.fondationshoah.org
www.lemonde.fr
www.lexpress.fr
www.memorialdelashoah.org
www.memorial-caen.fr
www.paris.fr
www.radiofrance.fr
www.shoah.education.fr
www.ushmm.org
76
FILMOGRAPHIE
Au cours de cette année, nous avons vu et étudié différents extraits de films qui nous
ont permis d'approfondir l'étude du journal d'Hélène Berr en complément de nos différents
cours consacrés a l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Ici, nous souhaitons également
remercier le « Cercle d'étude de la déportation et de la Shoah » qui nous as envoyé un DVD
réalisé par l'amicale de Bergen Belsen – Union des déportés d'Auschwitz : les enfants juifs,
filles et fils de prisonniers de guerre, déportés à Bergen Belsen en mai et juillet 1944. Il fut
utile pour préparer le Concours National de la Résistance et de la Déportation auquel toute la
classe a participé.
Par ailleurs, certains élèves de la classe faisant partie de la section européenne italien
ont aussi appuyé leur réflexion sur des films traitant de la Shoah en Italie. Ils ont travaillé en
parallèle sur ce thème afin de voir le caractère européen de ce que fut la Shoah, l'objectif
étant de croiser les regards sur cette page noire de l'histoire des deux pays.
77
 Nuit et Brouillard
Ce documentaire est réalisé en
1955 par Alain Resnais à la demande du
comité d'histoire de la Seconde Guerre
mondiale dans le cadre du dixième
anniversaire de la libération des camps de
concentration et d'extermination. Pour ce
faire, le cinéaste se rend sur les lieux où
des milliers d'hommes, de femmes et
d'enfants ont perdu la vie comme
Orianenbourg,
Auschwitz,
Dachau,
Ravensbruck,
Bergen
Belsen,
Neuengamme, Struthof. Avec l'aide Jean
Cayrol (rescapé des camps et auteur des
textes dit par Michel Bouquet), l'utilisation
de documents d'archives et la musique
d'Anns Eisler, il retrace le drame vécu par les déportés qu'il ne distingue pas en fonction de
leurs origines ou opinions.
Nous avons vu au cours de notre travail sur ce film que bon nombre d'historiens
s'accordent pour dire que le nom du documentaire est inspiré de la mythologie allemande. En
effet, dans un opéra de Wagner, « l'or du Rhin », le personnage d'Alberich pouvait en coiffant
son masque magique se transformer en colonne de fumée tandis qu'il chantait « Nuit
brouillard, je disparais ». Les nazis reprennent cette expression afin de baptiser le programme
visant à regrouper et faire disparaître les populations juives sans laisser de traces. Celui-ci est
mis en place par le décret du 07 décembre 1941 signé par Wihlelm Keitel, ce même maréchal
qui approuva en 1945 la capitulation allemande.
Pour ce documentaire, Alain Resnais reçoit en 1956 le prix Jean Vigo qui récompense
la créativité et le talent des jeunes réalisateurs. Néanmoins, si aujourd'hui le film est
unanimement reconnu pour être un documentaire de référence sur l'histoire de la déportation,
il faut aussi rappeler qu'à l'époque le film fut interdit au festival de Cannes sous le prétexte de
la réconciliation franco-allemande, tout comme il fut frappé par la censure car on demanda à
Alain Resnais de masquer la casquette d'un policier français qui attestait de la complicité de la
police nationale dans les rafles. Il fut aussi interdit en Suisse en raison de la neutralité du pays
par rapport aux éléments décrits. Mais, il reste aujourd'hui encore un documentaire de
référence sur l'histoire de la déportation.
78
 Shoah
Shoah est un documentaire français sorti en 1985 sur les écrans et réalisé par Claude
Lanzmann. Il est consacré à l'extermination des juifs d'Europe dans les camps nazis. Le film
dure 9h30 et se compose uniquement de témoignages qui sont en diverses langues : allemand,
anglais, français, italien, hébreu, Yiddish. Entre 1976 et 1981, trois cent cinquante heures de
film ont été tournées. Durant dix semaines de tournage, l'écrivain et cinéaste Claude
Lanzmann a méthodiquement suivi les
traces de ce génocide. Il a relevé les
preuves, identifié les lieux et écouté les
victimes, criminels et témoins. Faisant taire
sa douleur, l'enquêteur pose les questions
qui font mal à ses interlocuteurs, à lui même
et aux spectateurs. « Face à la Shoah,
affirme Claude Lanzmann, il y une nécessité
absolue de comprendre ». Pour lui, évoquer
la Shoah permet de « saisir le phénomène
des camps et des ghettos » pour éviter que
cela ne se reproduise ». Son objectif est de
donner au spectateur l'outillage mental pour
comprendre une histoire dont il y à encore
peu de temps on ne parlait pas.
79
Claude Lanzmann est un écrivain, journaliste et cinéaste français. Originaire d'une
famille juive d'Europe de l'est venue s'installer en France dès le XIXe siècle, il participe dès l'
âge de 18 ans à la Résistance. Jusqu'en 1970, il partage ses activités entre la revue des
« Temps modernes » et le journalisme. Il écrit alors de nombreux articles et reportages. A
partir des années 70, il se consacre exclusivement au cinéma. A la mort de Simone de
Beauvoir en 1986, il devient directeur de la revue des Temps Modernes ou il a aussi beaucoup
travaillé avec Jean Paul Sartre. Il reçoit en 2006 la légion d'honneur pour son travail de
mémoire d'utilité publique.
Shoah
reste
un
documentaire exceptionnel dans le
sens où il permet la représentation
de l'horreur subie par les déportés
dès leur arrivée dans les camps.
Selon nous, ce film est tout aussi
important
que
« Nuit
et
brouillard » même s'il s'en
démarque en utilisant pas des
images de l'époque des faits. En
effet, Alain Resnais avait assemblé
des images d'archives et des plans
qu'il avait tourné avec pour fond
une musique dramatisante. En
France, d'abord sorti en salle, le
film fut programmé par TF1 en
1987 en dernière partie de soirée
juste après la fin du procès de Klaus Barbie. Le film connut alors un succès retentissant et fut
immédiatement considéré comme un chef d'œuvre du septième art. Un DVD a été édité il y a
quelques années pour les établissements scolaires. Il regroupe six séquences. Le texte du film
est aussi paru en livre accompagné d'une préface de Simone de Beauvoir qui disait après la
sorti de ce film en 1985 : « Pour la première fois, nous vivons l'affreuse expérience dans notre
tête, dans nos cœurs, elle devient la nôtre ».
80
 De Nuremberg à Nuremberg
Ce documentaire traite de l'histoire de l'Allemagne nazie et des principaux
événements de la Seconde Guerre mondiale. Le titre fait référence à la ville de Nuremberg,
ancienne ville impériale, qui reste comme une ville symbole du nazisme puisque c'est là
qu'eurent lieu à partir de 1933 les grandes parades et manifestations du régime jusqu'à sa
chute en 1945. Dès lors, une fois l'Allemagne vaincue, les alliés choisirent cette ville célèbre
(également pour ses tristes lois) en vue d'organiser le procès historique des hauts responsables
nazis qui furent jugés pour la première fois de l'histoire pour « crime contre l'Humanité ». En
conséquence, Frédéric Rossif remonte à la génèse du nazisme et le tableau qu'il dresse de
cette première moitié du vingtième siècle est à la fois lucide et effrayant. Retraçant
chronologiquement les douze années durant lesquelles les nazis dirigèrent l'Allemagne, il
décrypte les raisons de l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Puis, il décrit les faits qui entrainent le
monde dans la guerre jusqu'au procès de Nuremberg qui voit la condamnation des derniers
caciques du régime nazi. Il a pour but de fournir des éléments de réponse à cette tragédie de
l'histoire car comme le dit le réalisateur : « J'ai conçu ce film pour réveiller les mémoires ».
Pour ce faire, il utilise beaucoup d'archives. En effet, rappelons que Frédéric Rossif est
un grand spécialiste du montage d'archives. Il a déjà utilisé ce procédé pour : « le temps du
ghetto » (1961) et « Mourir à Madrid » (1963). Ce choix permet au réalisateur d'être objectif.
Il ne veut pas prendre partie ou culpabiliser le spectateur mais plutôt rendre intélégibles des
faits historiques. Afin de réaliser ce travail il collabore avec des historiens de renoms tels :
Philippe Meyer, Edouard Huson, Marc Ferro, Anette Wievorka. C'est même Philippe Meyer
qui fit la voix off pour éviter que ce ne soit pas un acteur qui « joue le texte ». La musique de
Vangelis renforce davantage la dimension tragique de ces évènements.
81
Aujourd'hui, ce film est considéré comme un document de référence pour étudier
l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il est vu et regardé dans de nombreux collèges et
lycées. Le film fut diffusé pour la première fois sur Antenne 2 en 1989, sa projection avait été
repoussée à cause de l'élection présidentielle par crainte de diviser la France. La ville de
Nuremberg reçut, quant à elle, en 2000, le prix de l'UNESCO pour l'éducation aux droits de
l'Homme. En effet, face à son passé nazie, la ville a pris beaucoup de mesures pour défendre
la paix et les droits de l'Homme dans le monde.
82
 La vie est belle
Ce film raconte l'histoire d'une famille de juifs mixtes italiens déchirée par le
nazisme. Il s'agit d'une comédie, ou plutôt d'une « fable » comme le dit Roberto Begnini, mais
qui se termine dans un camp de concentration allemand. En 1938, Guido est un jeune homme
très dynamique plein de gaité et de vitalité. Il quitte sa campagne toscane pour trouver le
bonheur en ville où il rêve d'ouvrir une librairie. Là, il rencontre, Dora, une italienne qui
étouffe dans sa vie entre le conformisme familial et les bonnes manières de la société à
laquelle elle appartient. Promise à un bureaucrate du régime fasciste, Guido l'enlève le jour de
ses fiançailles après bon nombre d'épisodes cocasses. Cinq ans plus tard, Guido et Dora ont
un fils : Giosuè. Mais, les lois raciales sont entrées en vigueur en Italie et Guido et son fils
sont déportés. Dora les suit par amour. A l'intérieur du camp, Guido tente de sauver son fils de
l'horreur en lui faisant croire que les occupations du camp sont en réalité un jeu dont l'objectif
final est de gagner un char d'assault. La musique choisie contribue beaucoup à cet univers de
conte avec une mélodie pour chaque personnage.
La vie est belle rappelle que les persécutions contre les juifs n'ont pas eu lieu
uniquement avec l'arrivée des Allemands, mais qu'en Italie elles existaient bien avant. Le film
lève le voile sur une page de l'histoire de l'Italie marquée par le racisme et l'antisémitisme qui,
durant l'après guerre, fut en partie occultée. L'enjeu de ce film est aussi de se demander si l'on
peut rire de tout? Peut-on utiliser l'humour comme exorcisme de la terreur. Roberto Begnini
fait se pari en marchant sur les pas de Charlie Chaplin et de son Dictateur. Il s'est également
beaucoup inspiré de l'œuvre de Primo Levi ou encore de la bande dessinée « Maus » d'Art
Spiegelmann.
Le film reçut un accueil exceptionnel à travers le monde comme le prouve les
multiples récompenses qu’il a obtenu : oscar et césar du meilleur film étranger, grand prix du
jury à Cannes ou encore neuf Donatello (équivalent de nos césars) en Italie où il fut salué par
la communauté juive de la péninsule. « La vie est belle » fut également apprécié lors de sa
projection à Jérusalem où des arbres furent plantés en l'honneur de Roberto Begnini et
83
Nicoletta Braschi.
En ce qui nous concerne, nous avons visionné ce film avec les élèves du lycée
Girolamo Fracastoro de Vérone avec lequel la section européenne italien organise un échange
tous les ans. Nous avons fait une étude commune du film à partir d’un questionnaire. Les
élèves italiens nous ont exposé leur travail sur la Shoah dans leur pays et nous avons fait de
même de notre côté. A la fin de la séance, Julie et Marion ont présenté le Journal d'Hélène
Berr en lisant une page en italien, celle du 8 juin 1942, premier jour où Hélène porte l'étoile
jaune.
84
 Le jardin des Finzi Contini
Le jardin des Finzi Contini est à l'origine un roman de Giorgio Bassani dont
l'adaptation cinématographique a été réalisée par Vittorio de Sica. L’histoire se déroule en
1938 à Ferrare, une ville moyenne au passé prestigieux. Le jardin des Finzi Contini est un
immense parc privé qui entoure un magnifique manoir. Il appartient à une famille
aristocratique (et israélite) celle des Finzi Contini qui est très bien implantée dans la ville de
Ferrare depuis des générations. Le film débute au moment où le régime fasciste s'est converti
depuis peu à l'antisémitisme et multiplie les mesures contre les juifs italiens. Ainsi, les clubs
sportifs sont interdits aux membres non aryens. Dans ce cadre, la famille des Finzi Contini
accueille sur ses courts de tennis la jeunesse de la petite bourgeoisie de Ferrare ce qui permet
le rapprochement de classes sociales qui se fréquentaient peu. Giogio, le narrateur, rencontre
Micol, la fille des Finzi Contini qu'il aime en secret. Mais celle-ci mène une vie personnelle et
sentimentale compliquée entre son frère Alberto et Malnate son aman qui lui n'est pas juif.
Les années passent lentement et les persécutions à l'égard des juifs s'intensifient (interdiction
des mariages non mixtes, de fréquenter les universités, d'avoir des domestiques de race
aryenne...). Giorgio est contraint de se cacher pour éviter l'arrestation tandis que les Finzi
Contini sont eux déportés.
Ce film permet à l'époque de revisiter le passé noir de l'Italie fasciste. Ce n'est pas un
hasard s'il est réalisé au début des années 70 car à ce moment des groupuscules néofascistes
renaissent dans certaines provinces. Le film voulu par De Sicca est donc politique et à pour
but de révéler l'implication des fascistes dans la persécution des juifs. Le film développe une
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beauté picturale unique. Il se construit avec une certaine lenteur pour laisser monter le
sentiment de l'inéluctable. Face à cet univers des Finzi Contini qui s'effondre, nous avons été
touché par le jeu précis des acteurs, la pureté de la lumière et la beauté du jardin qui
contribuent à faire de ce film un véritable témoignage pour ne pas oublier les crimes du
« ventennio fasciste ».
Le jardin des Finzi Contini fait partie des chefs d'œuvre du néoréalisme italien dont
son réalisateur Vittorio de Sica est le principal chef de file. Il a remporté de nombreuses
récompenses dont l'Ours d'or au festival de Berlin en 1971 ainsi que l'oscar du meilleur film
étranger l'année suivante. Dans son Italie natale, le film a également reçu le prix du meilleur
film à savoir le David di Donatello.
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VOYAGE PÉDAGOGIQUE À PARIS CLASSE DE 1°ES 2
27 – 30 AVRIL 2009
Thème : « Sur les pas d'Hélène Berr »
LYCÉE PIERRE BOURDIEU
FRONTON
(HAUTE GARONNE)
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D'avril 1942 à février 1944, Hélène Berr, jeune française juive de 21 ans
issue d'une famille aisée et mélomane, agrégative d'anglais à la Sorbonne, a tenu
son journal au jour le jour. Sa vie insouciante est bouleversée par les lois
antisémites promulguées par le régime de Vichy en 1942. Publié pour la
première fois, et dans son intégralité, le Journal d'Hélène Berr se révèle être un
précieux témoignage de l'histoire de cette époque. Dans ce journal, l'écriture est
une thérapie, une longue réflexion sur l'être humain. Toujours lucide, Hélène
Berr s'y interroge sur les conséquences à long terme de la déportation, ce qui fait
de son journal un document historique de grande valeur. Ce voyage à Paris, avec
les élèves de la classe de 1°ES 2 du lycée Pierre Bourdieu de Fronton, a donc
pour objectif de découvrir ces lieux qui ont inspiré l'œuvre Hélène Berr et qui
ont marqué son destin tragique.
« Il y avait sûrement en 1942 des après midi où la guerre et l'Occupation
semblaient lointaine et irréelles dans ces rues. Sauf pour une jeune fille du nom
d'Hélène Berr, qui savait qu'elle était au plus profond du malheur et de la
barbarie ; mais impossible de le dire aux passants aimables et indifférents.
Alors, elle écrivait un journal. Avait-elle le pressentiment que très loin dans
l'avenir, on le lirait? Où craignait-elle que sa voix soit étouffée comme celles de
millions de personnes massacrées sans laisser de traces? Au seuil de ce livre, il
faut se taire maintenant, écouter la voix d'Hélène et marcher à ses côtés. Une
voix et une présence qui nous accompagneront toute notre vie ».
Patrick Modiano, préface du Journal d'Hélène Berr, Taillandier, janvier 2008.
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ORGANISATION DU VOYAGE PÉDAGOGIQUE
 JEUDI 23 AVRIL :
Réunion avec les parents d’élèves pour leur présenter l’organisation et les enjeux de ce
voyage pédagogique « sur les pas d’Hélène Berr ».
 LUNDI 27 AVRIL
Départ de la gare de Montauban : 11h42 (Mais, le rendez vous est fixé à 11h devant la
gare en vue de l'appel et de la vérification des documents nécessaires pour le voyage : carte
d'identité ou passeport ; carte vitale). Prévoir un panier repas pour le déjeuner.
Arrivée à Paris Montparnasse : 18h50 (changement à Bordeaux 13h26-15h25).
Installation à l'auberge de jeunesse : Aloha Hostels, 1 rue Borromée (Paris XVe) 01 42 73
73 03 03.
20 h : Repas :au restaurant Hippopotamus, 12 avenue du Maine (Paris XVe).
Nuit à l'auberge de jeunesse et petit déjeuner le lendemain matin.
 MARDI 28 AVRIL 2009
8h30 : Moment de recueillement devant le lycée Buffon et lecture du chant des partisans
Se situant rue de Vaugirard à quelques pas de notre hôtel, ce moment du souvenir est
important à connaître en vue de rendre hommage aux cinq lycéens de cet établissement
fusillés par les nazis en 1943 : Jean Arthus, Jacques Baudry, Pierre Benoist, Pierre Grelot et
Lucien Legros. Les élèves ayant tous participé au concours de la Résistance et de la
Déportation, il est donc important qu'ils se souviennent du sacrifice d'autres jeunes pour la
France durant la guerre. Des extraits des dernières lettres de ces cinq lycéens seront lus par les
élèves, ainsi que le chant des partisans (hommage à Anna Marly, Joseph Kessel et Maurice
Druon, récemment disparu). Puis, parcours dans Paris pour rejoindre le Palais Bourbon.
10h15 – 12h : Visite de l'Assemblée nationale
L'objet de cette visite est de réfléchir par rapport au thème de la loi et notamment sur
le fait qu'Hélène Hélène Berr fut victime d'une législation antisémite et légale mise en place
par les nazis et le régime de Vichy. Cette visite sera effectuée en présence de Madame
Françoise Imbert, députée de la cinquième circonscription de la Haute Garonne.
89
Le palais Bourbon
Déjeuner à Beaubourg (paniers repas préparés par la boulangerie La Mie Câline, 64
rue Rambuteau).
14H00 – 18h : Visite du « Paris d'Hélène Berr »
Parcours guidé dans le quartier où elle vécut et étudia : Quartier latin, Panthéon,
Sorbonne, Luxembourg, quais de Seine. Fin du parcours devant le Mémorial des martyrs de la
Déportation (Île de la Cité) et le monument commémoratif de la rafle du Vél d'Hiv (Paris XVe
- près de notre hôtel) lieu emblématique de la rafle du 16 et 17 juillet 1942 en région
parisienne.
Devant chaque lieu important de sa vie, lecture d'un passage du journal et
commentaire historique en rapport avec le Paris de l'Occupation.
Le palais et les jardins du Luxembourg
90
Exemples :
•
•
•
Les jardins du Luxembourg ; lieu favori de ses promenades mais dont l'accès fut
progressivement interdit aux juifs.
L'Université de la Sorbonne où elle étudia et travailla ; elle ne put présenter
l'agrégation d'anglais en raison des lois anti-juives de Vichy.
Arrêt de Bus du n°92, il accomplit le même trajet qu'à l'époque ; évocation des
mesures discriminatoires à l'encontre des juifs dans les transports en commun (Fin du
bus, pas de places assises...).
20h : Repas au restaurant Hippopotamus, 12 avenue du Maine (Paris XVe)
Nuit à l'auberge de jeunesse et petit déjeuner le lendemain matin.
 MERCREDI 29 AVRIL
9h30 – 12h - 30 : Visite du Mémorial de la Shoah
Visite avec un guide conférencier du Mémorial de la Shoah (lieu où se trouve le
manuscrit original du journal) avec pour thème : la persécution des Juifs sous le régime de
Vichy – Rencontre avec Mariette Job, la nièce d'Hélène Berr, ainsi qu'avec Madame Karen
Taïeb, responsable des Archives du Mémorial de la Shoah (ce sont elles qui firent publier le
journal 64 ans après sa rédaction).
Le mur des déportés – Mémorial de la Shoah
91
Déjeuner (panier repas préparés par la boulangerie La Mie Câline, 64 rue Rambuteau).
14h – 17h : Visite du camp de Drancy.
Lieu où Hélène Berr fut internée avant sa déportation vers Auschwitz ; elle mourut en
avril 1945 à Bergen Belsen (comme Anne Franck ; c'est également le camp ou Mr. Raymond
Juillard, qui viendra témoigner dans notre lycée en mai prochain, fut emprisonné). Lecture
d'un extrait des lettres de Drancy et de la lettre d'Hélène Berr le jour de son arrestation.
Le camp d'internement de Drancy en août 1944
Repas au restaurant Hippopotamus, 12 avenue du Maine (Paris XVe)
Départ de la gare Montparnasse : 22h56
 JEUDI 30 AVRIL
Arrivée à Montauban : 6h08
Objectifs pédagogiques du voyage :
 Après un travail d'une année sur le journal d'Hélène Berr, réalisation d'un dossier, d'un
CD-ROM et d'un site internet : « Hélène Berr, une jeune étoile dans le Paris de
l'Occupation ».
 Récits de voyage des élèves à Paris.
 Présentation de ce travail pour le prix Annie et Charles Corrin organisé en octobre
2009 (prix pour l'enseignement de l'histoire de la Shoah parrainé par le ministère de
l'Éducation nationale).
 Les élèves de la section européenne italien réaliseront, pour leur part, un travail
complémentaire et parallèle sur la Shoah vue d'Italie, notamment à partir de l'échange
92
organisée avec un lycée de Vérone.
Récits de notre
voyage à Paris sur les
Pas D'Hélène Berr
27/30 Avril 2009
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Marion Abella « Paris, sur les pas d’ Hélène Berr »
Hélène Berr, était une jeune juive internée au camp de Drancy puis déportée à BergenBelsen. Elle écrivit un journal intime pendant plusieurs années, racontant sa vie avant les
camps, Hélène avait alors une vingtaine d’années.
En allant à Paris et en rencontrant sa nièce, Mariette Job, nous avons essayé de retracer
le fil de son existence. Mme Job nous a accueillis avec beaucoup d’enthousiasme au
Mémorial de la Shoah. Elle nous a alors racontée ce qu’elle savait de sa tante et les raisons
pour lesquelles elle avait voulu publier le journal il y à peu. C’est une femme qui raconte
l’histoire avec beaucoup d’émotion et qui a consacré une grande partie de sa vie à Hélène et à
son histoire personnelle. Maintenant, elle vient au Mémorial de la Shoah raconter, décrire et
montrer ce que sa tante a vécu tout en soulignant qu'il ne faut pas oublier la mémoire d'autres
millions de personnes qui ont vécu la même chose sans parfois laisser de témoignages, C’est
d’ailleurs l’une des raisons d’être de ce mémorial, qui nous permet de ne pas les oublier. En
effet, il comporte tous les noms des hommes, femmes et enfants déportés de France.
Nous avons aussi été devant les lieux ou Hélène Berr aimait aller, vivre et étudier .A
ces endroits, nous avons lu des extraits de son journal, devant la maison ou elle habitait
(Avenue Elisée-Reclus), les jardins du Luxembourg, devant la Sorbonne (là où elle étudiait).
Pour finir, l’Assemblée nationale, (que nous avons visité en premier).On pourrait se demander
quel est le lien avec la déportation? les nazis? ou Hélène Berr La réponse est simple, sous
l’Occupation, une majorité de parlementaire a donné les pleins pouvoirs au maréchal Pétain
ce qui a permis au régime de Vichy de faire voter les lois raciales et antisémites. C‘est à partir
de là que les arrestations ont commencées. Même si aujourd’hui l’Assemblée nationale est le
cœur de notre démocratie, un lieu vivant et très intéressant (ou nous avons été
merveilleusement bien accueilli par notre députée).
Ce voyage nous a donc permis de retracer le quotidien d’une jeune femme vivant à
Paris, ayant la même vie que des millions de jeunes de son âge, mais ayant le malheur d’être
juive. Ce quotidien que des millions d’hommes et de femmes ont vécu, mais que peu ont
racontés par leurs écrit, jusqu’à leur déportation, et souvent leur extermination.
Marion Abella, 1° ES 2
94
Fatiah Afkir « Synthèse du Paris d’Hélène Berr »
Tout d’abord nous avons visité l’Assemblée nationale qui regroupe 577 députés dont
notre députée, Mme Imbert. Le lieu du pouvoir législatif. Or, Hélène Berr a été victime des
lois antisémite mise en place par les nazis et la collaboration de l’Etat français comme par
exemple le statut des juifs voté en octobre 1940. En effet, une série de décrets a
progressivement exclut la communauté juive de l’ensemble de la société c’est-à-dire des
métiers de l’administration, de la justice, de l’enseignement, des professions libérales,
militaires.... Ainsi, un numerus clausus fut imposé à l’entrée des universités notamment à la
Sorbonne, qui empêcha Hélène Berr de préparer le concours de l’agrégation en littérature
anglaise malgré le fait qu’elle soit une étudiante particulièrement brillante. L’université de la
Sorbonne, ainsi que le quartier latin et le Panthéon sont des lieux qu’elle fréquentait et
parcourait presque quotidiennement pour se rendre au siège de l’UGIF où elle témoignait
déjà d’un fort engagement social puisqu’elle y travaillait en tant qu’assistante bénévole auprès
des enfants de déportés.
Nous nous sommes également recueilli devant son domicile, avenue Elisée Reclus, où
elle est arrêtée avec ses parents le 8 Mars 1944 à 7h30, le lendemain de leur retour puisqu’ils
avaient pris le soin de se cacher pendant plusieurs semaines.
.Elle est sans doute arrêtée sur dénonciation et par la milice, preuve de la collaboration
de l’Etat français et niée jusqu'à ce que le président Jacques Chirac ne la reconnaisse en 1995.
Ensuite, nous avons parcouru le jardin des Tuileries et le jardin du Luxembourg, des lieux
qu’Hélène Berr affectionnait particulièrement comme elle l’affirme dans la première partie de
son journal et dont l’accès sera également interdit aux juifs, tout comme également les
transports public. D’autre part, elle associait ses promenades légères et paisibles aux vers du
poète Paul Valéry : « Au réveil, si douce la lumière et si beau ce bleu vivant. » qui crée un
contraste avec la barbarie nazi, les rafles et la déportation qui convergeaient vers la mort et
l'univers concentrationnaire.
Ainsi, Hélène Berr redoute d’être arrêtée, malgré le courage et la force morale dont
elle fait preuve comme elle le dit dans la lettre d’adieu adressée à sa sœur Denise Job (née
Berr) : « Je m’y attendais tellement ». Cependant, cela ne l’empêche pas d'agir pour le futur,
elle nous laisse en effet un témoignage comme celui d’Anne Franck, mais qui est même plus
important d’un point de vue historique car elle assiste aux persécutions et à la déportation en
95
plein cœur de Paris et non depuis l’espace confiné qu’est « l’annexe ». Un témoignage
d’autant plus fort qu’elle est une jeune femme de 21 ans et que ses écrits sont imprégnés de
grande maturité.
Aussi, elle peut être considérée comme le porte-parole de tous les autres juifs,
tziganes…, qui n’ont pas pu laisser de traces de leur existence et de leurs douleurs. Des
hommes et des femmes que nous avons le devoir de ne de ne pas oublier. C’est pourquoi,
nous leurs avons rendu hommage en nous recueillant près du monument commémoratif de la
rafle du Vel d’hiv des 16 et 17 Juillet 1942, responsable de la déportation de plus de 13000
juifs .
Par ailleurs, nous avons visité le Mémorial de la Shoah et le fameux mur de noms des
76000 déportés français dont nous savons l’existence. Enfin, nous avons fait la rencontre de
Mariette Job, la nièce d’Hélène Berr, un moment émouvant caractérisée par une sérénité et
une tranquillité qui s’accordait parfaitement avec l’esprit d’Hélène. De même, nous avons
rencontré Karen Taieb qui a activement participé à la publication du journal. Hélène Berr fut
envoyé au camp de Drancy puis à Auschwitz le 27 Mars 1944 et transféré ensuite à Bergen
Belsen. Ayant survécu aux Marches de la mort, elle meurt quelques jours seulement avant la
libération du camp, affaibli par le typhus et victime des mauvais traitements nazis.
Fatiha Afkir, 1° ES 2
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Lucie Antagnac « Sur les pas d' Hélène Berr »
Dès le début de la visite mon cœur s'est serré, tous ces noms inscrits sur le mur à
l'entrée du Mémorial de la Shoah à Paris, toutes ces photos qui retracent ces vies passées. Et
finalement cette salle, des photos d'enfants si jeunes et si beaux qui en remplissent les murs.
Comment des soldats, des hommes ont pu tuer, fusiller des personnes si innocentes. Après,
c'est la rencontre avec Mariette Job, la nièce d'Hélène Berr. Cette rencontre qui m'a tellement
marqué, sa voix, ses yeux, son récit m'ont tellement émue. Si seulement j'avais pu parler.
Durant son récit, elle nous a apporté beaucoup de détails sur la personnalité de sa tante. Elle
se trouve être une femme optimiste, dotée d'une grande lucidité et énormément courageuse.
En écoutant son récit, j'imagine (grâce à la visite du Paris d'Hélène Berr que l'on a fait la
veille) son désarroi lorsque les lois antisémites ont bouleversé ses habitudes. Ces lois qui ont
été votées sous Vichy, des lois qui ont fait énormément de morts ont été votées par des
représentants de la nation.
J'imagine la vie d'Hélène Berr dans ce Paris de 1942, une étudiante de 21 ans au
commencement de sa vie, avec ses amours, ses envies. Je comprends son attirance pour le
Jardin du Luxembourg, un endroit qui m'a paru très calme et où j'aurais aimé rester, ainsi que
sa tristesse lorsque ses promenades sont gâchés part le port de l'étoile jaune comme dans le
petit square derrière Notre Dame. Ainsi, je me demande comment un bout de tissu peut
changer le comportement des gens. Plus tard, lorsqu'on a lu les extraits de son journal dans les
lieux qu'elle aimait tant, j'ai imaginé sa silhouette qui se déplaçait. Elle était tellement
normale, elle rêvait, aimait avec des qualités et des petits défauts comme la gourmandise
d'après la lettre que nous a lu sa nièce. Maintenant, je comprends, du moins j'essaie de
comprendre ce qu'ils ont vécu grâce à ses témoignages. Dès lors, les larmes me montent aux
yeux, toutes ces vies bafouées, méprisées par des gens si haineux. Et maintenant je repense à
cette phrase de Mariette Job qui m'a beaucoup émue : « Maintenant c'est vous les passeurs... »
Lucie Antagnac, 1° ES2
97
Jonathan Beauville « Sur les pas d'Hélène Berr »
Lors de ce voyage à Paris nous avons visité des lieux importants de la vie d'Hélène
Berr, des lieux où elle aimait passer du temps et où elle se sentait bien. A chacun de ces
endroits, j'ai eu du mal à imaginer que ceux-ci ont été interdits aux Juifs mais l'idée de savoir
qu' Hélène Berr s'était trouvée dans les mêmes lieux que nous quelques années auparavant m'a
ému. Je me suis aussi rendu compte en voyant la rue de son domicile que même les familles
qui étaient vraiment bien intégrées dans la société française ont été déportées.
La visite de l'Assemblée nationale m'a vraiment impressionné car on se retrouve à
l'endroit où des lois importantes ont été et sont toujours votées. Je souhaite aussi remercier
notre député, Madame Françoise Imbert, pour son chaleureux accueil et le temps qu'elle nous
a accordé.
La visite du Mémorial de la Shoah ainsi que celui des déportés, à côté du square de
l'Ile de France, m'a beaucoup touché car ils nous rappellent toute l'immensité du génocide et
toute son horreur.
Ces lieux sont importants pour la mémoire de chacun, pour que personne n'oublie.
L'accueil et l'entretien avec Mariette Job, la nièce d'Hélène Berr, m'a beaucoup plu car elle
nous a expliqué des points précis sur la vie d'Hélène Berr. Je trouve que le Mémorial de la
Shoah est très bien conçu et permet à tout visiteur de se rendre vraiment compte de ce qui s'est
passé notamment avec « le mur des noms » à l'entrée du Mémorial qui m'a ému en voyant le
nombre immense de noms gravés.
La lecture d'extraits de lettres des résistants du lycée Buffon, mais aussi du chant des
partisans, nous a aussi rappelé qu'en plus de tous les Juifs déportés à cause de la collaboration,
certains hommes étaient contre et ont donné leurs vies pour défendre la liberté et arrêter ce
massacre.
Jonathan Beauville, 1°ES2
98
Julie Biennes « Sur les pas d’Hélène Berr »
Chaque lieu que nous avons visité à Paris fait ressortir l’âme de cette jeune femme. Ce
fut notamment le cas devant son appartement, avenue Elisée-Reclus, près du Champ de Mars,
ou elle vivait chaque jour avec la peur d’être arrêtée. Puis, grâce aux lectures faites devant ces
lieux, on a vécu avec elle de façon réelle, sa vie de tous les jours.
Mais je n'oublie pas aussi ses promenades, comme par exemple dans le magnifique
jardin du Luxembourg, gigantesque lieu de détente et de paix dans lequel on l’imagine avec
ses amis par de belles après-midi. Puis, vient la rencontre avec Mariette Job, sa nièce, qui à
chaque mot qu’elle prononce ramène à Hélène, notamment lorsqu’elle parle de « ma tante »
cela nous renvoie à une réalité proche, une famille quelque part brisée par la perte d’un
membre, ce qui rend ses mots plus touchants, faisant référence à des faits historiques proches.
Ensuite, l’émotion qu’elle dégage lorsqu'elle conte l’histoire de sa tante notamment sa mort, si
proche de la libération du camp, une mort atroce puisque la maladie du typhus l’a emporté
après qu’elle ait résisté tant de mois.
Enfin, la visite du Mémorial de la Shoah, musée émouvant par toutes ses photos et ce
mur des noms ou sont recensés toutes les personnes déportés et disparus, une visite qui vous
bouleverse, vous effraie mais en même temps, vous rappelle la chance que l’on a de vivre en
paix aujourd’hui et suscite en nous le devoir de rendre hommage à toutes ces personnes
mortes pour notre liberté.
Julie Biennes, 1° ES 2
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Mariella Bourgade « Sur les pas d'Hélène Berr »
Notre premier jour de visite a débuté par la visite de l'Assemblée Nationale. Nous
avons donc réfléchi sur le vote des lois antisémites. On ne pense pas que des lois de ce genre
ont pu être adoptées en France. C'est dans cet endroit qu'on vote des lois pour protéger les
gens ou les punir justement, mais à l'époque d'Hélène Berr, le régime de Vichy prit des lois
votées à l'encontre de la dignité humaine et ce qui suivra entraînera un crime contre
l'Humanité.
Ensuite, l'après-midi nous avons retracé le Paris d'Hélène Berr. Nous avons vu les
endroits qu'elle fréquentait le plus souvent. Tout d'abord, l'université de la Sorbonne où elle
était une très bonne élève et où elle aurait réussi à devenir professeur agrégé si on ne l'avait
pas empêché. Puis, le quartier Latin où elle allait souvent, enfin les jardins du Luxembourg où
elle aimait se promener mais là aussi on lui en a interdit l'accès. Les juifs ont été privé de
beaucoup de choses, avant qu'on leur ôte la vie.
Notre deuxième jour de visite a été consacrée à la visite du Mémorial de la Shoah et la
rencontre avec Mariette Job. Nous avons tout d'abord vu le mur des noms qui est très
impressionnant car on se rend compte de l'immensité du génocide avec ces milliers de noms,
des milliers de vies arrachées à des innocents. Ensuite, nous sommes rentrés dans le musée et
on nous a expliqué l'antisémitisme nazi et les mesures injustes qui avaient été prises. On a pu
mieux réaliser cela en voyant des « documents sources » comme des photos, des vidéos de
l'époque, l'étoile jaune ainsi que des lettres. Après cela, on nous a conduit à la salle des photos
où on peut voir les photos et noms d'enfants déportés. On est encore plus touché par ce crime
car des enfants totalement innocents ont été fusillés ou gazés froidement par des gens qu'on ne
peut pas qualifier tellement ils sont cruels. Cette visite s'est conclue par la rencontre avec
Mariette Job, la nièce d'Hélène Berr. Elle nous a raconté ce qu'elle connaissait de l'histoire de
sa tante, sa vie à Paris et ses doutes, ce qui se passait dans les camps où elle mourra.
Ce voyage à Paris nous a fait découvrir et redécouvrir les différents aspects de la vie
d'Hélène ainsi que les conséquences de l'antisémitisme nazi.
Mariella Bourgade, 1° ES2
100
Céline Brunet « Sur les pas d'Hélène Berr »
En suivant les pas d'Hélène Berr, nous sommes allés sur les différents lieux qu'elle
avait l'habitude de fréquenter à Paris, comme le Panthéon, la Sorbonne, les Jardins du
Luxembourg, les quais de la Seine et même son domicile avenue Élisée Reclus. Se dire qu'
Hélène Berr avait fait des centaines de fois le même trajet que nous, et qu'aujourd'hui elle
n'est plus là pour le faire, m'a fait ressentir un sentiment étrange, une impression d'injustice
car on a voulu l'arracher à son environnement. J'essayais de m'imaginer Hélène marchant dans
ces rues, s'arrêtant dans les jardins avec Jean et profitant purement et simplement de la vie,
comme elle continuait d'essayer de le faire dans ces années sombres à Paris, j'avais parfois
l'impression que j'aurais pu la voir apparaître au coin d'une rue. En pensant à elle, en relisant
de nombreux passages émouvants de son journal dans ces différents lieux, je pense que nous
avons contribué à faire revivre le souvenir d'Hélène, et c'est pour cela que je crois qu'il est
important de lire ce journal et de le publier. De plus, je pense qu'on ne peut réellement
comprendre et intérioriser l'horreur du génocide juif qu'en essayant de se mettre à la place
d'une personne comme Hélène Berr qui a vu, peu à peu, son tranquille quotidien être détruit et
qui, malgré tout, gardait espoir quoiqu'il arrive. De nos jours, il est important, selon moi,
d'analyser tous les mécanismes de ce génocide et de voir ce qu'il a entraîné dans la vie de
chaque juif. Au cours de notre séjour, la réalité de cette terrible extermination a aussi été très
présente lorsque nous avons visité le Mémorial de la Shoah, avec ses longs murs où sont
gravés des milliers de noms de déportés, ainsi que le Mémorial des martyrs de le déportation.
La rencontre avec Mariette Job, la nièce d'Hélène Berr, a également été riche en
enseignements sur sa quête pour retrouver le journal et les difficultés pour faire accepter à sa
famille de le faire publier. Ce voyage aura donc été très intéressant et le souvenir d'Hélène
Berr restera pour toujours gravé dans un coin de ma mémoire.
Céline Brunet, 1° ES°2
101
Sylvain Caliman « Sur les pas d'Hélène Berr »
A mes yeux, le moment le plus fort du voyage a été la rencontre avec Mariette Job, la
nièce d'Hélène Berr. En effet, cette femme nous a transmis l'histoire de sa tante avec beaucoup
d'émotions. Sa rencontre fut comme l'aboutissement du voyage, des travaux de recherche, elle
nous transmettait ainsi le droit de raconter la vie de sa tante pour qu'elle ne soit pas oubliée,
comme tous les autres déportés. La visite du Mémorial aux Martyrs de la Déportation, tout
près de Notre Dame et du square de l'Ile de France, fut aussi un moment très fort, car dans ce
monument sombre et silencieux, on sentait la présence des déportés.
Sylvain Caliman, 1° ES 2
102
Jérémy Durantet « Sur les pas d'Hélène Berr »
Lors de la visite du Mémorial de la Shoah, les murs avec tous ces noms inscrits nous
fait réagir sur le nombre de victimes. Devant ces noms, je suis resté sans voix. « 76000 Juifs
français morts », c'est une petite phrase en rapport aux conséquences qu'elle engendre. Puis,
nous avons vu le palais Bourbon et le palais du Luxembourg, sont deux endroits où la
population doit être normalement représenté et au mieux, Or, en 1940, c'est la que les
parlementaires ont laissé Pétain engager la collaboration. Une fois mise en place, le régime de
vichy vote des lois qui se ciblent les juifs qui sont Français, avant d'être juifs.
Les jardins à Paris sont très beaux et en l'occurrence le jardin du Luxembourg où
Hélène Berr aimait se rendre. Dès lors, comment la France a-t-elle pu empêcher des personnes
de visiter et de se reposer dans ces jardins qui, même sous la pluie, gardent un charme qui
remonte le moral ? C'est alors une fois qu'il y a eu toutes ces victimes que le monde entier a
réagit. Il aurait du réagir avant, arrêter la folie Nazie tant qu'il était encore temps .
Enfin, l'appartement d'Hélène Berr a l'air si paisible, dans un quartier si calme, il est
difficile de s'imaginer qu'à cet endroit même la vie d'une famille a été arrêtée pour être
conduite à la mort.
Jérémy Durantet,1°ES2
103
Charlène Edru « Sur les pas d’Hélène Berr »
La visite du Paris d’Hélène Berr fut passionnante. De plus, lire des extraits du journal
dans plusieurs des lieux qu’elle a fréquenté nous a réellement projeté dans le passé. On avait
l’impression de marcher à côté d’elle. Le Mémorial de la Shoah était également très
intéressant. Le nombre de victimes juives est impressionnant et inimaginable. On réalise
d’avantage lorsqu’on voit tous les noms inscrits sur le mur de l’entrée. Grâce à Mariette Job,
nièce d’Hélène Berr, nous avons beaucoup appris sur la publication de son journal 64 ans
après, ainsi que sur ses relations avec sa famille voire avec Jean (grâce à la lecture de lettres
envoyées). Nous avons également lu un extrait du journal devant son domicile et son
université, la Sorbonne, étapes inévitables lorsqu’on retrace son chemin. De plus, dans le
mémorial aux victimes de la déportation, c’était impressionnant de voir le nombre de cailloux
sur les murs (un caillou = une victime), le couloir nous paraissait sans fin. Dans ce cadre,
j’aurai beaucoup aimé aller visiter le camp de Drancy, mais il y a malheureusement eu un
contre temps. On aurait peut être ainsi pu réaliser un peu plus l’ampleur du massacre de ces
hommes par les allemands.
Charlène Edru, 1°ES 2
104
Clément Escarnot, sur les pas D'Hélène Berr
Ce que je retiens de ce voyage, c'est d'abord chaque moment passé avec ma classe, la
1ère ES 2 et les professeurs qui nous encadré : Mr Pujol, Mr Reimond et Mme Janin.
Ce voyage nous as permis de découvrir « le Paris d'Hélène Berr » et de voir un grand
nombre de lieux et de monuments. Toutefois, la visite du Mémorial de la Shoah et la rencontre
qui s'en est suivie avec la nièce d'Hélène Berr, Mariette Job, représentent pour moi le moment
qui restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Cependant, les autres visites n'étaient pas moins intéressantes, je me rappelle
notamment du Mémorial des Martyrs de la Déportation, près du square de l'île de France,
derrière le chevet de Notre Dame, où nous avons lu de nombreux poèmes d'auteurs célèbres
en l'honneur des déportés.
En définitive, ce que je retiens de ce voyage à Paris, c'est le courage de ces hommes et
de ces femmes dans la déportation. De plus, je trouve essentiel de leur rendre hommage que
ce soit avec le mur des noms ou d'autres monuments. Et je voudrais remercier tout
particulièrement Hélène Berr grâce à qui, j'ai appris un peu plus sur la déportation, je voudrais
féliciter Mariette Job pour son travail ainsi que pour nous avoir consacré un peu de son temps.
Clément Escarnot, 1°ES 2
105
Mickael Fracasso « Sur les pas d'Hélène Berr »
Lors de mon voyage à Paris, il y a deux événements qui m'ont beaucoup plus marqué
que les autres. Le premier est le Mémorial des victimes de la déportation. Ce qui m'a
précisément marqué est le fait que cet endroit est frappant par les phrases écrites sur les murs
qui montrent la cruauté des nazis. Cependant, le fait qu'Hélène Berr venait souvent se
promener juste à côté du parc donne l'impression que ce monument a été édifié en sa mémoire
et en son nom. On pourrait penser que c'est un signe du destin puisque ce mémorial a été
édifié en l'honneur des juifs déportés. Je pense que Mariette Job a entièrement raison de
vouloir donner le nom d'Hélène Berr au Mémorial des victimes de la déportation car Hélène
Berr représente parfaitement les juifs déportés.
Ensuite, le second évènement marquant est la visite des jardins du Luxembourg car ce
parc est tellement beau que l'on ne peut imaginer que l'accès à cet endroit fut à une époque
refusé aux juifs. Cela montre la cruauté des nazis qui considéraient les juifs comme une erreur
de la nature alors que seule la religion était différente entre nazis et juifs. Ce parc est en
contraste avec les évènements qui se sont déroulés durant cette époque sombre de notre
histoire, cela montre à quel point l'homme peut devenir cruel.
La découverte de ce journal fut très intéressante et passionnante car les extraits étudiés
montrent une jeune femme épanouie qui ne désirait que vivre sa vie et je pense qu'elle a fait
preuve d'un courage énorme pour écrire ce journal et aider plusieurs enfants juifs sous la
domination des allemands. Elle ne méritait pas le sort qu'elle a connu comme tous les autres
juifs de son époque. C'est regrettable que certains individus soient capables de commettre des
actes aussi ignobles.
Mickaêl Fracasso, 1° ES 2
106
Nancy Garès « Récit de mon voyage à Paris »
Personnellement, j'ai beaucoup aimé notre voyage à Paris, tout d'abord parce que
toute la classe était présente et cela nous a fait vivre une expérience en collectivité très riche
sur le plan humain.
Ce voyage m'a fait découvrir beaucoup de monuments historiques et culturels, mais
aussi des endroits de la ville où Hélène a vécu. Je retiens notamment le moment de lecture
lors du passage dans la rue où elle vivait, avenue Elisée Reclus. Ce qui m'a tout de même le
plus marqué a été la lecture des citations au Mémorial des Martyrs de la Déportation,
notamment une citation de Robert Desnos.
Par ailleurs, la rencontre avec Mariette Job m'a beaucoup touchée, surtout lorsqu'elle
nous a raconté le parcours qu'elle a fait pour retrouver le journal. Cependant, le moment le
plus émouvant fût lorsqu'elle nous a parlé des circonstances de la mort de sa tante. Cela nous
a permis de nous identifier à elle et à sa vie, de mieux comprendre qui elle était. La visite du
Mémorial de la Shoah fût aussi un moment très intense, déjà à la vue du mur des noms, mais
aussi lors de la visite de la pièce où étaient exposés les 3000 photos d'enfants déportés et tués.
Visiter l'Assemblée nationale fût aussi très intéressant car cela nous a apporté une
grande richesse culturelle et le fait que notre députée, Mme Françoise Imbert, puisse nous
accompagner était d'autant plus enrichissant. Mme Imbert nous a permis de nous rendre
compte de ce qu'était le travail d'un parlementaire.
Pour finir, je peux dire que toutes les visites ont été très riches en enseignement et que
le fait d'être avec ma classe et nos accompagnateurs a rajouté beaucoup de convivialité à ce
beau voyage.
Nancy Garès, 1° ES 2
107
Ilhame Hadi « Sur les pas d'Hélène Berr »
Lors du voyage que nous avons effectué à Paris, ce qui m'a le plus marqué a été la
visite de l'Assemblée nationale et plus précisément de l'hémicycle. En effet, on se retrouve là
où des hommes à l'époque de la guerre ont légalement décidé d'autoriser la déportation des
juifs de France par les troupes allemandes. Ils ont créé une situation paradoxale puisque la loi
est censée protéger les citoyens. Je n'avais jamais visité l'Assemblée nationale jusqu'à ce
voyage et j'en suis très heureuse.
Une autre chose m'a beaucoup marqué lors du voyage, ce fut la visite du Mémorial de
la Shoah. En traversant le mur des déportés on ressent un grand frisson car on réalise vraiment
le nombre de personnes qui ont subi le martyr des camps de concentrations. Une fois entré au
Mémorial, on a visité une salle où était affichée les photos d'environ 3000 bébés et enfants
déportés, on réalise alors l'indifférence, la cruauté des troupes nazies envers les familles
déportées. Pour finir cette visite au Mémorial, on a rencontré Mariette Job, la nièce d'Hélène
Berr, qui nous a parlé du journal d'Hélène, comment elle l'a retrouvé et pourquoi elle l'a
publié, elle nous a aussi parlé du caractère d'Hélène... Ce fut un moment très émouvant car on
a pu entendre le témoignage d'un membre de sa famille qui, sans l'avoir connu, a beaucoup
d'admiration pour elle. En effet, Mariette ne connaissait pas Hélène mais on peut dire qu'elle
la connaissait indirectement puisque la mère de Mariette, sœur d'Hélène Berr, lui en avait
tellement parler.
Un autre lieu m'a beaucoup ému lors de ce voyage, ce fut la visite du square de l'Île
France. En effet, on se trouve au même endroit où aimait venir Hélène, elle aimait s'y
promené tout comme aux jardins du Luxembourg. Quand on se dit qu'on est là, debout, au
même lieu qu'elle il y a des années... C’est incroyable! De plus, à chaque endroit où Hélène
venait souvent on lisait un passage de son journal qui faisait référence à ce lieu, ce fut très
émouvant. Ensuite, on s'est arrêté devant l'appartement d'Hélène, dans le septième
arrondissement, où elle habitait avec ses parents. Je suis très contente d'avoir pu voir tous ces
lieux qu'Hélène fréquentait car on se dit que c'était une fille qui avait une vie normale et qui
aimait les jardins, les promenades... Mais lorsqu'on sait tout ce qu'elle a vécu, tout ce qu'elle a
dû subir en raison de la cruauté des nazis, c'est là qu'on se rend compte qu'elle avait beaucoup
de courage pour pouvoir surmonter tout cela et garder de la force et de l'espoir. En réalité, le
fait de lire uniquement son journal, nous montre qu'Hélène Berr était une jeune femme avec
un courage extraordinaire, elle soutenait tout le monde, elle sauvait des vies de jeunes enfants
pour qu'ils ne soient pas arrêtés ou tout simplement tués par les SS... Au final, on se rend
compte grâce à ce voyage qu'il s'agissait d'une jeune fille, comme toutes les autres, qui
voulait profiter de sa vie, de sa jeunesse, et surtout qui était bien intégrée dans la société
française .
Ilhame Hadi, 1° ES 2
108
Julien Lagorce « Sur les pas d'Hélène Berr »
Le premier jour des visites, nous nous sommes rendus à l'Assemblée nationale. Nous
avons été accueillis par la députée de notre circonscription, Madame Imbert, qui a été très
sympathique et nous a fait découvrir son métier et l'Assemblée, notamment l'hémicycle où les
lois sont votées. L'après-midi, nous avons visité les lieux de Paris qu'Hélène Berr fréquentait,
notamment la Sorbonne où elle étudiait, le quartier latin qu'elle aimait beaucoup, tout comme
le jardin du Luxembourg. Nous avons relié chacun de ces lieux à un passage de son journal,
ce qui a permis de donner une image vivante au journal. Le lendemain, nous avons visité le
Mémorial de la Shoah où, en arrivant, on a pu observer le mur des noms où des milliers de
noms y sont écrits. Ces noms sont ceux de tous les juifs déportés de France durant la guerre.
Puis, nous avons pu voir dans le mémorial des extraits de l'original du journal d'Hélène Berr,
mais aussi dans autre une salle les photos des enfants juifs déportés. Toute cette visite a
permis de se rappeler du contexte et des horreurs de la guerre. Ces éléments nous ont permis
de se rendre compte de l'ampleur du génocide juif. Le guide du mémorial expliquait aussi très
bien les événements. Ensuite, nous avons rencontré Mariette Job, la nièce d'Hélène Berr. Ce
fut une très belle rencontre qui a permis de mieux connaître Hélène et l'histoire de son journal
sans que cela ne soit trop basé sur des faits historiques mais plutôt sur le coté humain. Il est
dommage que nous n'ayons pas pu visiter le camp de Drancy car cela aurait permis de rendre
les faits encore plus réels car il est difficile d'imaginer qu'un tel génocide ai pu exister. Mais
ce voyage a quand même était très enrichissant tant sur le point de vue historique qu'humain.
Julien Lagorce, 1 ° ES 2
109
Steven Laurens « Sur les pas d’Hélène Berr »
Lors de ce voyage nous avons cherché à retracer la vie d’une jeune Parisienne pendant
la guerre, Hélène Berr. Pour ce faire, nous sommes passés dans les lieux qu’elle avait pu
fréquenter, comme le jardin du Luxembourg. A cet endroit, nous nous sommes servis
d’extraits de son journal pour la faire revivre. De même, nous avons fait escale dans son
quartier où nous avons également retrouvé ces lieux qu’elle cite à de nombreuses reprises
dans son journal, lieux qu’elle affectionnait, à tel point qu'on pouvait s’imaginer au plus près
de nous cette jeune femme. Dans un second temps, nous avons rencontré Mariette Job dans un
lieu rempli d’émotion, qu’est le Mémorial de la Shoah. Au sein de ce musée, nous avons pu
voir l’original du journal d’Hélène Berr. Nous avons observé son écriture et noté que tout en
écrivant son journal elle faisait référence à la littérature anglaise, sa grande passion. Sa nièce
nous a parlé de la façon dont elle avait retrouvé le journal, les nombreuses personnes qu’elle a
été amenée à retrouver, notamment des gens qui avaient connu Hélène au sein du camp. Tout
cela nous a permis de connaître les conditions terribles de sa mort, mais également
d’apprendre qu’Hélène redonnait la joie de vivre durant quelques courtes minutes aux femmes
du baraquement, en cela Hélène fut et restera une femme exceptionnelle. Le récit que Mme
Job nous a transmis était plein d’émotion, de peine, et l’on pouvait y retrouver l’amour, et
l’admiration qu’elle éprouve pour sa tante qu’elle n’a pourtant jamais connu autrement qu’à
travers le journal.
Au mémorial de la Shoah, nous avons également vu un monument très marquant, et
qui permet aux gens de ne pas oublier ce qui s’est passé durant la Seconde Guerre mondiale,
c'est un mur sur lequel se trouve le nom des 76000 Juifs français déportés, seulement 2500
sont revenus vivants.
Steven Laurens, 1° ES2
110
Maïlys Leduc Alexandre « Sur les pas d'Hélène Berr »
Le jardin du Luxembourg, Ah! Lieu qui m'a émerveillé et qui me fais rêver! Je
comprends maintenant ce qu'a pu ressentir Hélène en voyant cet endroit magnifique, il me fait
un effet de nostalgie, un pas en arrière avec elle. C'est grâce à Hélène que l'on a pu découvrir
des lieux magnifiques et prestigieux comme le quartier où elle a vécu. On a l'impression que
c'est un lieu retiré de Paris qui n'a pas bougé dans le temps comme le souvenir d'Hélène qui
est gravé dans les pages du journal et dont Mariette Job nous a fait cadeau. En effet, Mariette
Job, la nièce d'Hélène Berr nous a transportés dans l'univers de celle-ci grâce à son talent
d'oratrice et son admiration pour le courage qu'a eu Hélène, notamment en ce qui concerne le
port de l'étoile jaune et sa joie de vivre malgré la guerre. Son témoignage a pu être transmis
par le journal d'origine qui se trouve au Mémorial de la Shoah. Ce lieu est un hommage à
toutes ces personnes disparues pendant la Seconde Guerre mondiale. Le plus impressionnant
dans ce lieu est le mur des noms des personnes dépotées: 76000, ainsi que le mur des photos
où l'on à eu l'émotion de voir les visages des nombreuses victimes. On peut lire sur leurs
visages leur joie de vivre et leur beauté unique et naturelle. Il y a en particulier une photo qui
à attiré mon attention par la simplicité et la beauté du jeune homme qui ne possède aucune
caractéristique juive comme voulait le faire croire les nazis. Pour conclure, ce voyage m' a
ainsi permis de me retrouver avec Hélène, une merveilleuse et courageuse écrivaine.
Maïlys Leduc Alexandre, 1° ES 2
111
Chris Lescure « Sur les pas d'Hélène Berr »
Ce voyage sur les pas d'Hélène Berr nous a permis de retracer sa vie, en visitant les
lieux où elle passait habituellement son temps. Nous sommes allés sur le lieu où elle vivait,
l'université de la Sorbonne où elle étudiait et travailla (elle ne put présenter l'agrégation
d'anglais en raison des lois anti-juives de vichy), tout comme nous sommes aussi allés au
jardin du Luxembourg, lieu favori de ses promenades mais dont l'accès fût progressivement
interdit aux juifs. C'est un jardin privé ouvert au public, il s'étend sur 23 hectares animés de
parterres de fleurs et de sculptures.
Nous sommes aussi allés visiter le Mémorial de la Shoah qui a ouvert ses portes au
public en janvier 2005, rue Geoffroy l'Asnier, avec pour thème : « le régime de vichy et les
juifs ». Nous avons visité un certain nombre des salles du Mémorial, mais aussi le parvis, le
fronton, la crypte et le mur des noms, sur ce mur ont été gravés les noms des 76 000 Juifs,
parmi eux 11 000 enfants, déportés de France dans le cadre du plan nazi de destruction des
Juifs d'Europe avec la collaboration du gouvernement de Vichy. Pour la plupart, ils ont été
assassinés à Auschwitz-Birkenau, les autres dans les camps de Sobibor, Lublin, Maidanek...
entre 1942 et 1945. Quelques personnes seulement ont survécu à leur déportation. Ce mur
restitue une identité à des enfants, des femmes et des hommes que les nazis ont tenté
d'éradiquer de la surface de la terre. Leurs noms gravés dans la pierre perpétuent leur
souvenir. Puis, nous avons rencontré Mariette Job, la nièce d'Hélène Berr, ainsi que Madame
Karen Taïeb, responsable des archives du Mémorial de la Shoah.
Au final, toutes ces rencontres et autres lieux étaient évocateurs du passé et assez
bouleversants. Et grâce à eux, nous avons pu retracer la vie d'Hélène Berr sous l'Occupation.
Chris Lescure, 1° ES 2
112
Emilie Malet " Sur les pas d'Hélène Berr"
Cette année, nous sommes allés à Paris avec la classe de première ES2 et notre
professeur d'Histoire. Le but de notre voyage était de visiter le Paris décrit par Hélène Berr
dans son journal, nouvellement édité, et d'accomplir un devoir de mémoire sur la Shoah. Ce
qui m'a le plus marqué dans ce voyage c'est la visite du Mémorial de la Shoah et la rencontre
avec Mariette Job, la nièce d'Hélène Berr.
Nous sommes entrés dans le Mémorial et nous nous sommes retrouvés devant un
grand bâtiment blanc dans une cours où au centre une énorme sphère est posée au sol. Au
dessus de la sphère sont écrits les noms des différents camps de concentration et
d'extermination ainsi que ceux des ghettos. A gauche, se trouve le mur des noms. Il y a en
haut des différents murs, les années, et en dessous, les noms par ordre alphabétique de toutes
les personnes déportées. Il est affolant d'apercevoir tous ces noms inscrits, ils remplissent les
murs, ils remplissent les années, ils comptent et nomment les victimes ; en lisant, on peut
imaginer les familles qui ont été déportées sur plusieurs années, séparées.
Nous entrons à l'intérieur où une exposition est installée sur deux salles. Dans la
dernière, un diaporama est projeté, c'est une photo avec un chemin de fer qui part du bas de
l'image et qui va jusqu'à un camp qu'on voit plus loin, un peu flou à cause du brouillard, le
ciel est gris, et lentement l'image avance comme si on était sur le chemin de fer en direction
de ce camp noir : Auschwitz. Ce diaporama m'a marqué, m'a troublé ; on détourne vite les
yeux. La dernière salle visitée dans le Mémorial est celle ou sont exposées toutes les photos
des enfants déportés de moins de 6 ans. Les photos montent jusqu'au plafond, ce sont des
photos de familles d'enfants souriant, jouant, vivant. Cette salle a soulevé mon cœur, elle n'a
pas fait appel à mon imagination, comment les imaginer autrement que sur ces photos.
Nous sommes ensuite montés dans une salle de conférence ou nous rencontrons
Mariette Job. Elle nous raconte le destin d'Hélène Berr, qui elle était, ce qu'elle avait entrepris,
ce qu'elle vivait, ce qu'elle ressentait, son extraordinaire talent pour l'écriture, son altruisme...
Elle nous rapporte les témoignages de déportés qu'ils l'ont connue dans les camps, elle nous
raconte sa mort. Elle nous raconte aussi l'histoire de son journal jusqu'à aujourd'hui.
Pendant nos deux jours dans la capitale, nous sommes aussi allés dans le Mémorial des
Martyrs de la déportation ; c'est une sorte de pièce sous terre où il y a la même luminosité que
dans une grotte. Là, des citations sont gravés dans les murs en rapport avec la déportation,
elles sont choquantes, tristes, révoltantes, elles m'ont touchées au plus profond de moi-même,
j'en ai relevé quelques unes.
Ce voyage a enrichi ma culture générale et reste comme une expérience unique. Il m'a
aussi permis d'en connaître plus sur la déportation et sur le nazisme, et d'avoir une vision plus
précise de l'horreur de cette époque. C'était un voyage passionnant, très fort en émotion, il a
amené beaucoup de réponses à mes questions.
Emilie Malet, 1° ES 2
113
Charlène Mast « Sur les pas d'Hélène Berr à Paris »
Hélène Berr, issue d'une famille aisée, était sur le point de présenter l'agrégation
d'anglais à la Sorbonne. C'est pour cette raison que nous y sommes d'ailleurs allés. Nous
avons également visité « son Paris », c'est à dire les lieux où elle vécut, étudia et travailla. Il y
a donc le quartier latin, les jardins du Luxembourg (lieu favori de ses promenades, mais dont
l'accès fut progressivement interdit aux juifs) ou encore l'avenue Élisée Reclus (son domicile).
Nous nous sommes aussi recueillis dans le square de l'Ile de France (derrière la
cathédrale Notre Dame) où se trouve également le Mémorial des Martyrs de la déportation. A
l'intérieur, on peut y voir des citations bouleversantes sur la déportation des juifs et le nom de
tous les camps. Puis, lorsque l'on est allé à l'entrée du Mémorial de la Shoah, on a pu
observer le célèbre mur des déportés, là ou les noms des 76 000 déportés Français sont
inscrits. On y trouve donc le nom d'Hélène Berr ainsi que ceux des membres de sa famille. A
l'intérieur du musée, il y a même une vitrine consacrée à son histoire et à son journal.
Dans son journal, Hélène Berr se rend compte de quoi sont victimes les déportés dans
les années 1942-1944. Elle parle de rafle, de déportation et de camps. Elle ne paraît donc pas
naïve, mais au contraire au courant de ce qui se passe. Par ailleurs, elle était membre de
l'UGIF où elle s'investissait beaucoup. On trouve encore à Paris l'emplacement du siège de
l'UGIF. Puis, il y a aussi le monument commémoratif de la rafle du Vel d'Hiv (Paris XVème),
qui reste encore de nos jours l'emblème de la rafle des 16-17 Juillet 1942.
Durant ce séjour, nous avons donc vu les lieux et quartiers qui ont inspiré l'œuvre
d'Hélène Berr et qui ont marqué son destin tragique.
Charlène, Mast 1° ES2
114
Laura Montagne « Récit de mon voyage à Paris »
Le voyage sur les pas d'Hélène Berr nous a permis de visiter les endroits qui étaient
importants pour elle. Il me semble essentiel de voir la vie d'une jeune femme qui semblait,
d'après Mariette Job, avoir une personnalité unique et qui voulait surtout venir en aide aux
autres personnes. Je trouve cela très honorifique d'avoir pu rencontrer sa nièce, qui est une
personne sensible à la vie de sa tante et de savoir que nous avons eu la chance de voir des
lieux comme la Sorbonne, les quais de Seine et son domicile situé avenue Elisée Reclus car
cela est assez impressionnant et émouvant de savoir qu'Hélène Berr s'est trouvé un jour au
même endroit. Ce qui a été pour moi le plus choquant, ce sont les murs du Mémorial de la
Shoah où sont gravés les noms des déportés. Car ces murs sont très grands, très étendus, ils
sont le parfait reflet de ce que fut ce génocide. Ce voyage fut donc très intéressant car nous
avons réellement pu comprendre ce qu'ont vécu les juifs et nous ne nous sommes pas
vraiment penchés sur les questions d'organisation ou de fonctionnement des camps durant la
visite, chose que nous avions déjà étudiée en classe. Cela a donc été très bénéfique pour nous
tous. Ce voyage m'a permis de voir que la mémoire des juifs déportés est entretenu et que,
grâce à des personnes comme Mariette Job, ce souvenir qui nous à été transmis le sera aussi à
nos enfants. Il est important que chacun se souvienne de ce qu'ont connu les juifs car il ne faut
plus que cela recommence et nous pouvons dire que nous avons eu beaucoup de chance
d'avoir rencontré ces personnes, dans ces lieux destinés à l'entretien du souvenir des victimes
de la Shoah.
Laura Montagne, 1° ES 2
115
Roxanne Montagner « Sur les pas d'Hélène Berr »
A Paris, Hélène Berr était présente avec nous grâce à son journal que nous avons lu en
différent endroits de la capitale. La plupart du temps, la lecture se faisait dans des lieux où elle
avait vécue, où elle avait laissé son empreinte. Être sur ses pas, a permis de comprendre son
quotidien dans le Paris de l'Occupation. La lecture faîte au jardin du Luxembourg fut
particulièrement touchante. Celle-ci, présentait une jeune femme rejetée pour son origine,
mais qui arrivait à s'évader des moments passés en pensant à la nature, en se promenant...
dans ce jardin. Hélène Berr vit et c'est ce qui est remarquable chez elle : elle est lucide,
imaginative et même si elle sait ce qui se passe elle affronte la dure réalité de l'époque. C'est
la description qu'a pu faire d'elle Mariette Job lorsque nous l'avons rencontré. C'est une
femme qui a su raconter la vie d'Hélène Berr avec beaucoup d'émotion, de sincérité mais aussi
de fierté. Elle a su attirer mon attention en rendant un vibrant hommage à sa tante. Cette
rencontre avec Mariette Job m'a surprise surtout lorsque j'ai su toutes les recherches
minutieuses qu'elle a entreprise pour retrouver le journal de sa tante. C'est une femme pleine
de détermination et de courage qui a su réanimer la mémoire de sa tante mais aussi de tous les
juifs, déportés et survivants, qui ont eux aussi perdu leurs familles.
Roxanne Montagner, 1° ES 2
116
Hadrien Montariol « Voyage à Paris »
Ce voyage à Paris pour retrouver les pas d’Hélène Berr m’a apporté beaucoup de
bonheur. En effet, la rencontre avec Mariette Job m’a énormément ému. Son discours
touchant, la façon de parler d’Hélène, m'a marqué au plus profond de moi-même et cela je ne
l’oublierai jamais.
C’est aussi par des lieux que nous avons découvert une nouvelle facette d’Hélène Berr.
En effet, des lieux comme la Sorbonne, là ou elle étudie pendant sa jeunesse, permettent de se
représenter l’élève fort motivée qu’elle était et qui n’a pu passer le concours de l’agrégation
suite aux lois anti-juives. Mais, nous avons aussi vu a travers le square de l’île de France, le
lieu où elle se détendait ; ou encore le jardin du Luxembourg ou elle faisait des promenades
seule ou accompagnée de Jean ou de ses amis. Mais la encore, a cause des lois anti-juive ce
parc fut progressivement interdit au juif. Je n’imagine pas la peine que cela a pu créer pour
tous les juifs de Paris et notamment Hélène Berr. Ce parc est tout simplement, gigantesque,
grandiose, magique et on comprend maintenant pourquoi elle allait s'y promener.
Hélène Berr était une femme très intelligente et sûre d’elle-même, elle a très vite
compris la persécution nazie a l’encontre des juifs. Ainsi, Hélène fut déportée et son journal
non publié pendant longtemps. Aujourd’hui, son nom figure sur le mur des noms du Mémorial
de la Shoah à coté des 76 000 français juifs déportés durant la Seconde guerre mondiale.
Hadrien Montariol, 1°ES 2
117
Andy Petit « Sur les pas d'Hélène Berr »
Nous avons pris le train le lundi 27 avril pour aller à Paris et nous sommes préparés
pour un grand périple dans la capitale sur les pas d'Hélène Berr.
Tout d'abord, nous avons entrepris un parcours qui nous à mené à l'Assemblée
Nationale, un des lieux les plus importants de Paris et de notre démocratie. Nous avons vu de
grands monuments ou encore des parcs comme le jardin du Luxembourg, un des lieux de
détente favoris des parisiens et d'Hélène Berr, tout comme le square de l'Ile-de-France où elle
aimait se promener. Mais, nous avons vu aussi l'université de la Sorbonne où elle étudiait
ainsi que son domicile situé a proximité de la Tour Eiffel.
Nous avons fait une visite guidée du Mémorial de la Shoah où notre guide nous as
raconté, à travers des extraits du journal, l'histoire de la déportation des juifs dont elle a été
victime. Nous avons rencontré la nièce d'Hélène Berr, Mariette Job, qui nous a parlé de sa
tante à l'aide de passages du journal et de témoignages qui lui ont été transmis. Ainsi, elle a pu
répondre à nos questions et nous a apporté plus d'informations sur sa tante.
Au final, ce voyage nous a permis d'en apprendre beaucoup plus sur Hélène Berr et la
déportation des juifs, mais aussi de découvrir les lieux qu'elle fréquentait quotidiennement à
Paris.
Andy Petit, 1° ES2
118
Vincent Robin « Récit du voyage à Paris »
Sur les pas d’Hélène Berr, tel est le thème de notre voyage. Revisiter, retracer les pas de
cette jeune étudiante juive, dont le journal intime récemment publié nous renseigne sur la vie à Paris
sous l’Occupation. Notre voyage eut beaucoup de temps fort comme le moment de recueillement au
Mémorial des Martyrs de la déportation, le poème de Desnos m’a particulièrement marqué. En
effet, Il rend avec une grande sensibilité, la persécution que les juifs ont subi sous l’occupation
allemande. Sartre, lui aussi, interprète dans ces mots la dureté de cette époque. Ensuite, nous avons
visité le jardin du Luxembourg, lieu où Hélène Berr se rendait souvent. Cet endroit, rempli
d’émotions, offre un paysage naturel dont mademoiselle Berr s’inspirait dans son journal.
Le lendemain, nous avons visité le Mémorial de la Shoah, ce musée nous a permis de mieux
comprendre la persécution et l’extermination subies par les Juifs et les Tsiganes durant la Seconde
guerre mondiale. Nous avons eu la chance de voir quelques pages du journal d'Hélène Berr dans
une vitrine, on y voit une écriture soignée et très lisible malgré l’attaque du temps. Ensuite, nous
avons rencontré la nièce d'Hélène Berr, Mariette Job, qui a présenté le journal et répondu à nos
questions avec une grande sincérité et une force de caractère très touchante. A notre tour, nous
avons découvert les principaux traits d’Hélène Berr à savoir un être lucide, sans haine, dotée une
grande intelligence et imprégnée de culture anglaise ainsi que d'une passion pour les enfants. Son
style d’écriture est donc un mélange de toutes ces valeurs et donc des traits de caractères de sa
personnalité. Une femme d’exception.
Enfin, nous avons marché jusqu’à son lieu d’habitation, lieu où elle vécut et fut arrêtée un
soir de Mars 1944. En chantant le chant des partisans, nous avons rejoins la gare pour rentrer sur
Toulouse avec dans nos mémoires une nouvelle image de Paris sous l’Occupation dont l'histoire fut
marquée par la destinée d‘une jeune femme juive exceptionnelle au parcours tragique.
Vincent Robin, 1° ES2.
119
Jérémy Rouillaux « Voyage à Paris »
Ce fut un voyage intéressant et enrichissant puisque celui-ci nous a permis de rencontrer la
nièce d'Hélène Berr, Mariette Job. Cette rencontre nous a permis d'en connaître un peu plus sur sa
vie et sur sa personnalité. Nous avons également fait la visite de tous les lieux que celle-ci
fréquentait, je pense notamment au jardin du Luxembourg, un endroit calme et paisible qui pouvait
lui permettre de se reposer et de se ressourcer. Je trouve qu'il était très intéressant de découvrir les
lieux cités dans son journal. Ainsi, ce fut une chance extraordinaire que de pouvoir aller visiter le
quartier latin, ce qui nous a donné la possibilité de pouvoir mieux explorer et découvrir ces lieux où
elle marchait tous les jours. Nous avons aussi eu l'opportunité de visiter le Mémorial de la Shoah, il
s'agit d'un musée très intéressant où l'on peut en particulier voir le mur avec les noms des 76 000
juifs morts dans les camps de concentration et d'extermination. Enfin, nous avons pu voir
également les photos des 3000 jeunes juifs exécutés (âgés de moins de 16 ans). Lorsque j'ai aperçu
le mur et les photos, j'ai tout de suite réalisé a quel point ce génocide était plus qu'atroce. Il a brisé
un nombre incalculable de vie.
Pour résumer ce voyage, je pense qu'il s'agissait d'un beau séjour, très intéressant et très
culturel, que j'ai eu plaisir à partager avec ma classe de 1° ES 2.
Jérémy Rouillaux, 1°ES 2.
120
Rémi Salva « Sur les pas d'Hélène Berr »
Le périple des 1° ES 2 à Paris sur les pas d'Hélène Berr a commencé le lundi 27 avril 2009.
Hélène a vécu la majeure partie de sa vie dans cette ville, nous avons donc put visiter différents
lieux qu'elle cite dans son livre, comme le jardin du Luxembourg. Ici, Céline a lu un extrait
émouvant dans lequel Hélène parlait de l'Occupation. Nous avons aussi vu le lieu où elle faisait ses
études : l'Université de la Sorbonne. Puis, nous avons continué notre visite du «Paris d'Hélène
Berr» en parcourant le quartier latin après avoir vu le square de l'Ile de France (derrière Notre
Dame), où elle allait avec son bien aimé en portant l'étoile jaune et le mémorial derrière la
cathédrale de Notre-Dame. Notre parcours s'est terminée par la visite du musée consacré à la Shoah,
« le Mémorial de la Shoah». Après en avoir franchi les portes d'entrée, l'entrée se fait par la
traversée d'un couloir où sont inscrits les noms des 76000 déportés français durant la Seconde
guerre mondiale. Le nom d'Hélène y est inscrit. La visite a commencé par une première définition
de la Shoah et sur la manière dont les noms furent inscrits. Ils sont parfois différents pour les
membres d'une même famille. En effet, des problèmes sont parfois survenus comme quand deux
personnes de la même famille qui lors de leur arrivée dans le camp ont prononcé leur nom, les
mêmes, mais les deux officiers les ont sans doute écrits de deux manières différentes. Puis, au sous
sol, la déportation nous a été expliquée. Enfin, nous avons eu un entretien avec la nièce d'Hélène
Berr, Mariette Job. Cette dame nous a raconté tout ce qu'elle savait sur sa tante, et elle a répondu à
toutes nos questions.
Rémi Salva, 1° ES 2
121
Bertrand Sanna « Sur les pas d'Hélène Berr »
Lundi 27 avril à 11h, j'arrive à la gare de Montauban, je suis très enthousiaste, je pars à Paris
avec ma classe de 1°ES 2.
Nous avons beaucoup marché dans cette belle ville de Paris, mais ça en valait la peine. Nous
avons marché sur les pas d'Hélène Berr qui fut une jeune étudiante juive déportée pendant la
Seconde Guerre mondiale. Ainsi, nous avons vu des endroits où elle aimait se promener, en bord de
seine, au jardin du Luxembourg… Hélène vivait dans un quartier situé au cœur de Paris, non loin de
la tour Eiffel. Elle allait à l'Université de la Sorbonne, la plus grande et la plus réputée des
universités parisiennes. Cette jeune fille avait une belle vie à Paris jusqu'au jour où la persécution de
juifs se déclencha avec l'obligation du port de l'étoile jaune, l'interdiction de se rendre dans certains
lieux où elle aimait aller...
Ce qui m'a le plus marqué dans ce voyage c'est la visite au Mémorial de la Shoah avec le
mur de tous les noms des juifs déportés depuis la France. Mais, je garde aussi un souvenir ému de
l'intérieur avec des documents d'archives très touchants comme le manuscrit du journal. L'entretien
avec Mariette Job fut également très passionnant.
Ce voyage à Paris fut donc un voyage très marquant, que je n'oublierai pas.
Bertrand Sanna, 1°ES 2
122
Brian Skuratko « Sur les pas d'Hélène Berr »
La capitale, nous approchions de la tour Eiffel et du Champ de Mars, Hélène Berr habitait a
quelque pas de là. Au pied de son immeuble, nous nous sommes recueillis et nous avons lu la lettre
qu'elle a écrite le jour de son arrestation à sa sœur Denise. L'ambiance était lourde en émotion. La
rencontre avec sa nièce nous a apporté beaucoup de renseignements sur sa vie, sa souffrance dans
les camps ainsi que les conditions de sa mort. Cette déportation, autorisée par Pétain et le régime de
vichy qui engagea la collaboration, ne fut possible que par des lois, des lois antisémites. Dès lors, il
fut intéressant de visiter l'Assemblée nationale pour réfléchir sur le thème de la loi. Le Mémorial de
la Shoah a aussi été un moment très marquant pour moi avec la liste des noms des déportés ayant
péris dans les camps. La liste comptait 76 000 noms.
Brian Skuratko, 1° ES 2
123
Marion Stolfo « Sur les pas d'Hélène Berr »
Il y a beaucoup de choses à retenir de ce voyage à Paris sur les pas d'Hélène Berr, comme
tous ces lieux que l'on a visité et qui font référence à sa mémoire ; une mémoire que nous avons
commémoré par la lecture de quelques extraits de son journal dans des lieux précis comme devant
son domicile, dans les jardins du Luxembourg ainsi que dans beaucoup d'autres quartiers de la
capitale. Il est vrai que malgré le fait que la déportation soit un événement à présent assez lointain,
le Paris de l'Occupation et celui d'aujourd'hui comportent encore de nombreuses similitudes.
Certains boulevards et quartiers vus par les yeux d'Hélène Berr n'ont pas beaucoup changé.
Nous avons aussi visité le Mémorial de la Shoah où nous avons vu le mur des noms où était
inscrit notamment celui d'Hélène Berr avec sa date de naissance (1921) et sa date de mort (1945).
Là-bas, après de nombreuses explications sur ce qu'était la France sous l'Occupation et la politique
de Vichy à l'égard des juifs, nous avons rencontré Mariette Job qui est la nièce d'Hélène Berr. Elle
nous a raconté de nombreux souvenirs concernant sa tante et elle nous a aussi lu de nombreux
témoignages d'autres déportées qui ont connu Hélène. Toutes en faisaient un portrait élogieux.
C'était une femme avec beaucoup de personnalité, belle, brillante et qui aurait pu aller très
loin et devenir une grande écrivaine. Elle faisait preuve également d'une grande générosité comme
on peut le voir à travers son rôle dans l'UGIF, une association qui aidait les orphelins juifs. Il est
triste que des personnes comme elle n’aient pu vivre assez longtemps pour accomplir leurs rêves à
cause de leurs origines. Il est dommage que nous n'ayons pas pu visiter le camp de Drancy car il
s'agit également d'un lieu important puisque c'était le camp d'internement des juifs avant qu'ils
soient déportés vers des camps de concentration et d'extermination tel qu’Auschwitz- Birkenau.
Il s'agissait donc d'un voyage très intéressant qui nous a permis d'approfondir notre travail
sur Hélène Berr et sur la déportation. Le journal d'Hélène Berr, offert par Mariette Job, restera
comme un grand souvenir de ce voyage.
Marion Stolfo, 1°ES2
124
Margot Vidal « Sur les pas d'Hélène Berr »
Premier jour tant attendu, nous sommes tous devant la gare de Montauban pour attendre ce
train auquel nous pensons toutes et tous depuis octobre. Car oui, ce voyage à Paris n'a jamais été
aussi proche de nous. Depuis plusieurs mois, nous y consacrons du temps en classe, pour apprendre
à découvrir et connaître à travers son journal qui était Hélène Berr. Ainsi, ce voyage à Paris est pour
nous essentiel car nous allons visiter plusieurs lieux, en rapport avec la déportation, les juifs, mais
aussi ses lieux à elle, ses endroits de Paris où Hélène aimait vivre et se balader.
Le premier moment marquant de notre séjour est la visite de l'Assemblée nationale. C'est un
très grand honneur d'y être accueilli par notre propre députée, Mme Imbert, ce que j'ai beaucoup
apprécié. Mais le lieu dont je garderai le souvenir le plus fort est le Mémorial de la Shoah. En
arrivant, on aperçoit un bâtiment au milieu de plusieurs autres. Le ton est donné avec une immense
étoile juive gravée sur le mur de la façade. On rentre, et plusieurs grands murs se dressent devant
nous, ils portent 76 000 noms. Cela nous met face à la réalité de cette époque. Mais le pire, c'est de
voir à l'intérieur du Mémorial le visage de 3000 enfants tués. Car un nom, ça n'évoque pas grand
chose, mais un visage, cela représente la vie. A la fin de cette visite touchante, nous rencontrons
Mariette Job, la nièce d'Hélène. A travers son témoignage et les autres récits, nous avons pu voir qui
elle était, tout ça nous as appris beaucoup lus que de nombreux livres. Nous avons appris qu'elle
était vive, naturelle, spontanée et courageuse, mais surtout qu'elle aimait la vie, car jusqu'à son
dernier souffle, elle s'est battue contre la barbarie.
Elle est un modèle, un exemple pour nous tous.
Margot Vidal, 1° ES 2
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