Comité de lutte contre la douleur
Enquête de prévalence de la douleur
chez les patients hospitalisés
La présente méthodologie d’enquête a été élaborée, à la demande du Comité
AP-HP de lutte contre la douleur, par un groupe de travail réuni par la
Direction de la Politique Médicale et composé de médecins de la douleur et
de médecins de santé publique :
Dr. Daniel Annequin, hôpital Trousseau
Dr. Michèle Binhas, hôpital Henri Mondor
Dr. François Boureau, hôpital Saint-Antoine
Dr. Alain Fontaine, hôpital Louis Mourier
Mme Véronique Rieu, hôpital Saint-Louis
Dr. Michel Rosenheim, Pitié-Salpêtrière
Dr. Laurence Salomon, hôpital Louis Mourier
Dr. Alain Serrie, hôpital Lariboisière
Les objectifs poursuivis par le Clud central
Proposer aux Clud une méthodologie d’enquête douleur utilisable dans
chaque hôpital de l’AP-HP.
Disposer d’un même cadre de référence pour contribuer au suivi dans le
temps des politiques d’amélioration de la prise en charge de la douleur.
Le souhait du Clud central est que chaque hôpital de l’AP-HP ait réalisé
au moins une enquête de ce type d’ici la fin de l’année 2004. C’est
pourquoi parmi les indicateurs centraux de suivi de la politique de lutte
contre la douleur à l’AP-HP figure la réalisation d’une enquête.
LES OBJECTIFS DUNE ENQUETE DE PREVALENCE
Dans le cadre de la mise en place de stratégies de lutte contre la douleur,
plusieurs Clud de l’AP-HP (Pitié-Salpêtrière, Lariboisière, Saint-Louis,
Henri Mondor, Louis Mourier, …) ont réalisé depuis 1999 des enquêtes de
prévalence, dans le but de sensibiliser les personnels de l’hôpital à la prise
en charge de la douleur et de mieux identifier les différents types de douleur
ressenties par les patients hospitalisés.
La méthodologie d’enquête proposée ici vise, en effet, principalement deux
objectifs :
mobiliser les personnels autour de la problématique de la douleur,
en impliquant l’ensemble des catégories professionnelles, ainsi que les
instances et la direction de l’hôpital,
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évaluer la prévalence de la douleur chez les patients hospitalisés,
ainsi que les circonstances de la douleur, son ancienneté, son évolution
et les réponses apportées par les soignants à la plainte du patient.
Des premières enquêtes effectuées, il apparaît que la réalisation de l’enquête
et la discussion sur les résultats contribuent à une prise de conscience dans
l’hôpital de la fréquence de la douleur, douleurs chroniques et douleurs
aiguës, par exemple celle qu’induisent certains soins ou examens. Une telle
enquête permet également d’identifier dans le processus de prise en charge
les points sensibles appelant une amélioration, par exemple, le fait qu’un
malade, s’étant plaint de sa douleur, ait dû attendre plus d’une heure un
traitement antalgique. L’évaluation de la prévalence permet, en outre, de
disposer d’une donnée de référence pour réaliser ultérieurement des
comparaisons dans le temps, par exemple dans le cadre du suivi d’un plan
de lutte contre la douleur.
L’intérêt d’une enquête générale est donc avéré. Le choix d’une telle
enquête n’est cependant pas exclusif d’autres démarches d’investigation que
les Clud peuvent souhaiter mener dans leur hôpital : enquêtes auprès des
patients, mais ciblées cette fois sur tel ou tel type de douleur et/ou de prise
en charge, enquêtes auprès des soignants, démarches d’auto-évaluation ou
d’audit dans les services.
ELEMENTS DE METHODE
Type d’enquête : étude transversale, un jour donné
Durée : pour un hôpital de 600 lits, compter un jour d’enquête et une demi
journée pour interroger les patients n’ayant pu être interrogés la veille parce
que momentanément absents.
Champ de l’enquête : tous les patients hospitalisés présents le jour de
l’enquête et remplissant les critères d’inclusion.
Critères d’inclusion : patients majeurs hospitalisés dans le service depuis
au moins 24h, « aptes » à remplir le questionnaire et donc ne répondant pas
à un des critères de non inclusion mentionnés ci-après.
Critères de non inclusion :
- patients admis le jour de l’enquête (date d’admission = date de
l’enquête),
- patients mineurs,
- patients en réanimation lourde
- patients présentant des troubles avérés de la vigilance et/ou de la parole
(confusion, somnolence, coma, dyskinésie faciale, difficultés
linguistiques, …). Il importe de n’exclure de l’enquête que les patients
qui sont dans l’impossibilité absolue d’y répondre. Certes des difficultés
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linguistiques peuvent rendre l’enquête difficile, mais pas impossible.
L’enquêteur ne doit donc pas exclure d’office un patient, même si, par
exemple, la surveillante lui signale des troubles d’élocution (les
réponses sont écrites) ou si ce patient est illettré (on peut lui lire et
expliquer les questions).
LA REALISATION DUNE ENQUETE
1. RECOMMANDATIONS GENERALES
L’implication du CCM et de la Direction de l’hôpital : c’est un préalable
nécessaire à la réalisation d’une enquête impliquant la participation des
patients et des personnels de l’hôpital. L’aide apportée au Clud par les
instances et la Direction de l’hôpital est une condition à la réussite d’une
telle enquête.
Le recueil des données auprès des patients : les informations sont
recueillies par des enquêteurs bénévoles.
Le recrutement des enquêteurs - deux options, qui peuvent être
complémentaires, sont envisageables : les enquêteurs sont des personnels
volontaires de l’hôpital (soignants ou non) ou bien si la participation d’un
IFSI s’avère possible, les enquêteurs peuvent être recrutés parmi les élèves
de l’Institut. L’enquête constitue alors un exercice pratique dans le cadre de
leur cursus de formation.
La formation des enquêteurs : elle est indispensable, à la fois pour la
réalisation de l’enquête et au regard de l’objectif de sensibilisation des
personnels. Elle porte donc, d’une part sur l’évaluation de la douleur,
d’autre part sur la méthode d’enquête et l’utilisation du questionnaire.
La saisie des questionnaires : le Clud examine avec la Direction de
l’hôpital la possibilité d’une sous-traitance extérieure pour la saisie
informatique des questionnaires remplis.
L’exploitation des données : le traitement des données saisies peut se faire
avec le logiciel Epi Info. Ce logiciel, simple d’utilisation, est accessible
gratuitement sur internet. Il peut être téléchargé à partir du site internet de
l’Ecole Nationale de Santé Publique (adresse du site : http://www.ensp.fr
Sur le site, voir la rubrique « Ressources en lignes », puis cliquer sur
« transfert de fichiers »). S’il existe dans l’hôpital un service de santé
publique, le Clud peut avoir intérêt à le solliciter pour l’exploitation des
données.
La communication des résultats : les résultats de l’enquête sont présentés
et diffusés :
- globalement pour l’hôpital (et l’IFSI),
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- les résultats par service sont adressés exclusivement à chaque chef de
service. .
Ces résultats ne peuvent en aucun cas servir à des comparaisons de services
ou d’hôpitaux. Les seules comparaisons pertinentes concernent l’évolution
dans le temps d’une même entité.
Conseils méthodologiques - vous pouvez vous adresser à :
Dr. Michel Rosenheim, service de santé publique, Pitié-Salpêtrière
Tel : 01 42 16 26 00 e-mail : [email protected]
Dr. Laurence Salomon, département de santé publique, Louis Mourier
Tel : 01 47 60 67 27 e-mail : [email protected]
2. CONSEILS PRATIQUES POUR LA REALISATION DUNE ENQUETE
Les conseils et indications ci-dessous sont issus des expériences d’enquêtes
déjà réalisées. Ils sont évidemment à adapter en fonction des choix du Clud
et de la situation de l’hôpital.
Préparation de l’enquête
Nécessité d’une communication large dans l’hôpital, surtout si le Clud
fait le choix, en liaison avec la Direction des Soins Infirmiers, de
recruter les enquêteurs parmi les personnels hospitaliers.
Les responsables des services, chef de service et cadre supérieur
infirmier, sont prévenus à l’avance de la date et du mode de déroulement
de l’enquête.
Si le Clud a des correspondants dans les services, ceux-ci sont associés
d’emblée à la préparation de l’enquête.
La formation des enquêteurs a lieu quelques jours avant la date de
l’enquête. Elle nécessite environ 1 heure. Les enquêteurs doivent être
formés à se présenter aux patients, à leur remettre le questionnaire, à les
convaincre de l’importance de l’enquête, à les assurer de la
confidentialité des informations recueillies.
Une salle de réunion doit être réservée le jour de l’enquête pour l’acceuil
des enquêteurs et la remise des questionnaires.
Une pause sandwich est organisée par l’hôpital pour les enquêteurs.
Déroulement de l’enquête
Le choix du jour de l’enquête : de préférence un mardi ou un jeudi plutôt
qu’un lundi (les admissions sont particulièrement nombreuses) ou un
mercredi.
Le jour de l’enquête, les enquêteurs viennent à la salle de réunion pour y
récupérer les questionnaires vierges, un badge d’enquêteur, une réglette
d’évaluation de la douleur, un stylo noir et la liste des salles qui leur sont
attribuées.
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Les enquêteurs sont toujours extérieurs au service dans lequel ils
enquêtent.
Pour compléter leur formation et leur sensibilisation, il est intéressant
que les enquêteurs fonctionnent en binômes. Ceux-ci sont déterminés
par les organisateurs de l’enquête. Sans nécessairement le formuler
explicitement, il est recommandé que ces binômes associent un
« senior » (un spécialiste de la douleur, un soignant expérimenté, …) et
un « junior » (un élève infirmier, un laborantin, un administratif, …)
Les enquêteurs sont accueillis dans le service par le cadre supérieur
infirmier et le correspondant du Clud, qui leur remet la liste des patients
hospitalisés (cf : document type en annexe). Il convient de remplir cette
liste avec précision, car les questionnaires étant anonymes, elle est le
seul moyen de savoir qui n’a pas encore été interrogé. La transmission
des informations entre le matin et l’après-midi se fait également à l’aide
de cette liste mise à jour régulièrement. Si certains patients n’ont pas été
vus le matin, les enquêteurs de l’après-midi les interrogeront. Au terme
de chaque demi-journée, les enquêteurs rapportent les questionnaires
remplis et les listes de patients dans la salle de réunion.
L’enquêteur, en entrant dans la chambre d’un patient, se présente
comme un enquêteur sur la prise en charge de la douleur, il précise qu’il
ne fait pas partie du service, il explique que l’enquête est faite dans tout
l’hôpital.
Le remplissage du questionnaire se fait en 2 phases : l’une, au moment
de la remise du questionnaire au patient, concerne les questions à
remplir par l’enquêteur, l’autre concerne les questions à remplir par le
patient (si le patient a des difficultés pour répondre seul aux questions,
l’enquêteur l’assistera dans la lecture de toutes les questions.
Si un patient a des difficultés de communication et qu’il peine à
répondre à l’ensemble du questionnaire, l’enquêteur s’attachera au
moins à ce que le patient réponde à la question n° 9.
Les questions n° 30, 31 et 32 impliquent une évaluation de la douleur
ressentie par le patient. Cette évaluation doit être faite ou bien à l’aide de
l’échelle EVA ou bien avec l’échelle numérique ou encore si nécessaire
avec l’échelle verbale simple. Mais il importe que les trois mesures
soient faites avec la même échelle pour un même malade.
En cas d’absence momentanée d’un patient, les enquêteurs reviennent
plus tard dans la journée (ou le lendemain, lors de la demi-journée
complémentaire d’enquête).
Un correspondant est joignable au téléphone durant toute la durée de
l’enquête en cas de problème.
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