la longue période de croissance régulière qu’ont connue les
économies occidentales depuis la Seconde Guerre mondiale.
«Un peu »d’inflation était la manifestation d’une tension de
l’appareil productif, utilisant àplein ses ressources en hommes,
en matières premières et en équipements ; un taux réduit d’infla-
tion poussait àl’endettement des entreprises qui investissaient
plus facilement, et des ménages qui consommaient au-delàde
leurs revenus courants, offrant ainsi des débouchés toujours plus
grands au secteur industriel ; la hausse des prix dans les pays
développés permettait aussi d’améliorer leurs termes de
l’échange avec les pays non industrialisés, obligés de supporter
l’augmentation du coût de leurs importations, alors que le prix
de leurs produits primaires subissait une dépréciation relative
due aux aléas des mécanismes de fixation des cours mondiaux
sur les marchés«libres ».
Mais àpartir de 1974, l’accélération de l’inflation, due en
partie au premier «choc pétrolier »,révéla les «effets pervers »
de l’inflation, quand celle-ci s’accompagne d’un ralentissement
de l’activitéet de la montéeduchômage (la «stagflation »). La
nécessitépour chaque pays de pouvoir exporter davantage pour
faire face àla facture énergétique et la contraction de la demande
mondiale en période de croissance lente rendirent nécessaire la
maîtrise des coûts de production. On assista donc, surtout après
le deuxième choc pétrolier de 1979, àl’amorce d’un processus
de ralentissement des hausses de prix (la désinflation)dansla
plupart des grands pays industrialisés.
Sa rapiditéet son ampleur sont assez surprenantes, puisque
l’on est revenu àpartir du milieu des années 1980 àdes taux
d’inflation inférieurs à5 %, comme durant les années 1960, et
qu’aujourd’hui, les taux d’inflation restent généralement
compris entre 1 % et 2 % dans la plupart des grands pays
industriels.
Cela ne signifie cependant pas que ce mouvement conduira
àla réapparition de baisses du niveau général des prix (la défla-
tion), ni que le temps de l’inflation «àdeux chiffres »soit défini-
tivement révolu. Il existe en effet un certain nombre d’obstacles
àla poursuite de la désinflation (en particulier le problème du
coûtdel’endettement), et la modération des hausses de prix
depuis le milieu des années 1980 est due àla conjonction de
phénomènes nécessairement temporaires (faibles revendica-
tions salariales, baisses du prix des matières premières, politiques
monétaires restrictives en Europe…).
La «mondialisation concurrentielle »de ce début du XXIesiècle
peut aussi bien constituer une contrainte forte et permanente
INFLATION ET DÉSINFLATION4