BULLETIN DE L’ASSOCIATION DE PATIENTS DE LA MÉDECINE ANTHROPOSOPHIQUE Les soins externes Bulletin n0 100 mars 2014 L’APMA Association de Patients de la Médecine Anthroposophique Créée en mars 1982, l’Association de patients se donne pour objectif de soutenir le développement social de la médecine anthroposophique, développement qui, malgré une authentique vitalité, est sans cesse fragilisé par les menaces qui pèsent aux niveaux culturel, juridique et économique. Or, élaborée sur des bases scientifiques et en même temps « art de guérir » conduisant le patient vers une redécouverte de soi-même et du sens de sa biographie, cette médecine répond à un besoin de notre temps. Conscients de sa valeur, les patients se mobilisent pour la défendre. L’APMA informe et renseigne les patients sur la médecine anthroposophique, leur permet de se rencontrer et d’agir ensemble. Adhérer, c’est manifester votre volonté d’usager concerné par le libre choix thérapeutique, votre engagement de citoyen. Secrétariat : 13 rue Gassendi 75014 Paris Tél. 01 40 47 03 53 [email protected] www.apma.fr Sommaire Éditorial Dossier........... 5 Initiatives......... 7 Actualités...... 18 Chers adhérents, chers lecteurs, L’APMA a toujours eu pour objectif premier ­d’accompagner et de renseigner chaque patient dans l’exercice de son droit démocratique et fondamental : le libre choix thérapeutique. Cette notion de libre choix, garantie par le code de la sécurité publique et prônée par l’Ordre National des Médecins, « le droit du malade au libre choix de son praticien et de son établissement de santé est un principe fondamental de la législation sanitaire » (article L. 1110-8, 1er alinéa du code de la santé publique) est, de nos jours, de plus en plus fortement mise à mal. En effet, la loi érige en principe fondamental le droit pour chaque citoyen de choisir librement et individuellement son médecin ainsi que les traitements qui lui sont proposés. 3 ÉDITORIAL Mais dans la réalité ? 1 Rencontre avec les patients : une expérience de la maladie James Buchanan (1919-2013) Prix Nobel d’économie en 1986 4 S’il est aisé de comprendre que les situations d’urgence ainsi que la répartition géographique des praticiens peuvent entraver le libre choix du patient, comment comprendre la politique de multiplicité des intervenants qui fait rage, délaissant la relation patient/ soignant au profit de l’application de techniques et méthodes toujours plus performantes ? Comment comprendre cette volonté de distanciation toujours plus grande entre le monde des malades et le monde des soignants alors même que tout malade n’aspire qu’à être vu, écouté, compris, en tant qu’individu et non pas réduit à un symptôme de maladie. Cette distance est fort justement décrite dans cet extrait du livre de James Buchanan : « (...) Les visiteurs, triés sur le volet, pleins de bonne volonté, les membres de la famille affligés, les médecins curieux, les infirmières distraites, les garçons de salle impatients, tout ce monde traverse la vie quotidienne du malade comme des touristes en pays étranger. Ils font ce qu’ils ont à faire sans s’attarder et sont peu soucieux d’adopter les coutumes locales du pays où ils ont débarqué. En vérité, on observe même une certaine arrogance, parfois une insolence de la part de ces touristes. C’est une façon pour eux de se protéger de la contamination de la mort. Après tout, que savent-ils de la douleur, de la sueur, de l’incontinence, des chairs qui pourrissent, de la plus infâme des humiliations que constitue le fait de ne pouvoir contrôler ses sphincters ?... Ils prennent votre tension, mais ne perçoivent pas combien le sang circule intensément dans vos artères. Ils s’immiscent avec une complaisance étrange dans les moindres interstices, les moindres crevasses de votre corps, mais ne pénètrent jamais dans cette immense caverne que vous êtes tout entier devenu. Ils sont des hôtes, non des résidents, dans cette maison de la mort où vous avez pris pension. Comment pourraient-ils seulement comprendre ? »1 Remettre le patient au centre, l’accompagner et l’entourer chaleureusement dans une des grandes épreuves de la vie qu’est la maladie est certainement l’un des enjeux médicaux mais aussi humain de notre époque. ÉDITORIAL C’est pourquoi nous, patients, avons le devoir de nous mobiliser et de soutenir les démarches effectuées par les différents acteurs de la médecine anthroposophique si nous voulons que celle-ci puisse continuer à être exercée en France. Mon propos n’est pas alarmiste par volonté d’émouvoir mais parce que la réalité de la situation de la médecine anthroposophique en France est critique ! Comment agir en tant que patient ? En parlant de l’APMA autour de vous afin que le nombre de nos adhérents augmente suffisamment pour dépasser le stade de la confidentialité (un peu plus de 1700 aujourd’hui) et ainsi augmenter notre audience au sein de la société civile pour la reconnaissance officielle de la médecine anthroposophique en France. Élisabeth Solier Membre du Conseil d’administration de l’APMA Note d’information La prise de fonction relativement récente du nouveau Conseil d’Administration de l’APMA implique une adaptation des rôles et des forces de chacun de ses membres, impliqués dans la vie de l’association mais aussi pleinement investis professionnellement et personnellement. Par souci de pertinence et de qualité, nous avons décidé de reporter quelque peu la date de parution de ce bulletin et apporté quelques changements de forme qui reflètent l’esprit de notre travail : vous transmettre l’essence et l’actualité de la vie de l’APMA. Nous vous souhaitons une bonne découverte et restons attentifs à vos avis et appréciations. 5 DOSSIER Les soins externes, une chaleur bienfaisante Avant-propos L’infirmière, dans nos représentations, est souvent associée à l’hôpital, à la piqûre, aux pansements, associée à une atmosphère médicalisée. Elle est aussi celle qui parle au patient, l’écoute, se fait présente en cas de nécessité, avec sa douceur et sa disponibilité intérieure. Quand elle touche le corps du patient c’est pour sa toilette, pour une piqûre, pour la pose d’une perfusion, des gestes qui ne sont pas toujours très agréables à vivre, mais qui créent une intimité souvent bien reçue. Dans le cadre de la médecine anthroposophique, l’infirmière est également chargée de ce qui est appelé « les soins externes ». Elle touche le corps du patient, non seulement pour les soins habituels, mais aussi pour donner au corps des substances qu’il absorbe par la peau. Elle soigne le corps, avec des produits thérapeutiques de qualité, la plupart issus du monde végétal, qui 6 sentent bon, qui réchauffent ou allègent. Ces huiles, décoctions, plantes fraîches agissent dans les profondeurs de l’organisme par leurs composés thérapeutiques, mais aussi par les sensations particulières (odeurs, textures) que le patient en reçoit. L’infirmière applique des compresses chaudes et parfumées, elle oint le corps d’huiles pleines d’odeurs délicieuses, elle effleure, elle baigne, recouvre, avec des gestes doux et précis, infiniment bienfaisants parce qu’ils répondent aux besoins du patient de calme, de sécurité, de chaleur, et plus qu’une sensation, c’est cette attention particulière, faite de calme et ­d’efficacité qui peut également agir profondément sur l’état psychique de la personne. C’est peut-être cela aussi la médecine anthroposophique. Elle répond aux besoins ­qu’appelle la pathologie, de façon telle que DOSSIER le corps humain se retrouve en lien profond avec ce qui dans la nature guérit. Dans le cas des soins externes, il s’agit de la nature végétale surtout, mais aussi de la nature humaine : la juste attitude dont a besoin la personne diminuée dans ses forces physiques, son mouvement et donc son autonomie. Photo : Sophie Martin Les soins externes sont mieux connus en Allemagne et en Suisse, dans des cliniques, des hôpitaux pratiquant la médecine anthroposophique. L’APMA souhaite en ce début d’année rendre hommage au travail qui est fait là, et le faire mieux connaître aux patients français. L’article qui suit a été rédigé par Viviane Demarais, infirmière, qui a très gentiment accepté de contribuer à notre bulletin. Les soins externes sont pratiqués par le personnel soignant, les infirmières notamment, qui les apprennent en formations professionnelles spécifiques. Mais certains d’entre eux peuvent aussi être dispensés en famille. Au-delà de leur aspect thérapeutique, ils sont alors aussi l’occasion de recréer ou de resserrer des liens entre parent et enfant, entre frère et sœur… Cette attention directe au corps de l’autre, par le geste d’un toucher adapté, plein de respect et efficace, a des échos bien au-delà de la peau. C’est aussi cet aspect que nous voulions honorer dans le choix de ce thème. Jessie Delage Patiente ayant bénéficié de ces soins, thérapeute et membre du Conseil d’administration de l’APMA 7