Cher confrère, Tourcoing, le 14 mars 2013
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Une étude cas-témoin dans le cancer du sein
La radiothérapie augmente le risque coronaire de 7,4% par Gray
Des chercheurs britanniques et scandinaves ont calculé pour la première fois dans quelle mesure la radiothérapie
pour le cancer du sein augmente le risque de maladie cardiaque ischémique. Leur étude cas-témoins montre que le
risque coronaire augmente proportionnellement à la dose reçue par le cœur, de 7,4 % par gray, dès les 5 premières
années de l’exposition. Toutefois, chez les femmes ayant un risque cardiaque avéré, l’augmentation absolue du
risque est plus importante.
"NOUS AVONS RÉALISÉ cette étude car les médecins ne pouvaient pas estimer de façon fiable le risque de
maladie cardiaque chez les femmes traitées par radiothérapie pour le cancer du sein. Ils peuvent maintenant
appréhender ce risque et savoir que dans la majorité des cas il sera très faible et rassurer leurs patientes. De plus,
il est possible maintenant d’identifier les quelques femmes pour lesquelles la radiothérapie pose un risque indu,
afin d’envisager des techniques alternatives", explique le Pr Sarah Darby (Université d’Oxford, Royaume-Uni)
qui a dirigé cette étude publiée dans le New England Journal of Medicine.
Une moyenne de 4,9 Gray. La radiothérapie occupe une place importante dans le traitement du cancer du sein,
afin de réduire le risque de récidive locale et la mortalité.
Mais les études de suivi ont montré qu’elle est associée à un risque accru de maladie cardiaque ischémique.
Toutefois, les techniques modernes d’irradiation ont permis de réduire la dose délivrée au cœur (de 1 à 2 Gy ou
gray pour le cancer du sein droit ; et une dose variable autour allant jusqu’à 10 Gy pour le cancer du sein gauche)
et le risque cardiaque associé aujourd’hui à la radiothérapie est incertain.
Pour calculer ce risque, Darby et coll. ont conduit une étude cas-témoin des événements coronaires majeurs
(infarctus du myocarde, revascularisation coronaire, ou décès par cardiopathie ischémique) chez les femmes
(n=2168) qui ont été traitées par radiothérapie pour cancer du sein entre 1958 et 2001 en Suède et au Danemark
(selon les registres).
Pour chaque patiente, les chercheurs ont estimé les doses moyennes d’irradiation reçues par le cœur. Ces doses
allaient de 0,03 Gy à 28 Gy, avec une dose moyenne de 4,9 Gy.
Une augmentation linéaire Les résultats sont intéressants. Premièrement, le risque d’événements coronaires
majeurs augmente linéairement avec la dose moyenne délivrée au cœur, de 7,4 % par gray (p‹0,001), quel que soit
la dose minimale, et quelle que soit la présence ou non de facteurs de risque cardiaque. Deuxièmement, ce risque
augmente dans les 5 premières années après l’exposition et persiste pendant au moins 30 ans. Troisièmement, ce
risque s’applique aux technologies d’irradiation utilisées après 1990.
Enfin, le risque absolu d’événement coronaire majeur lié à l’irradiation est beaucoup plus élevé pour les femmes
qui présentent des facteurs de risque cardiaque préalables ou une maladie cardiaque ischémique. Ceci suggère que
les facteurs de risque cardiaque devraient être évalués et traités agressivement au moment de la radiothérapie,
voire avant, dès le diagnostic.
Il convient de noter que peu de femmes étaient âgées de moins de 40 ans au moment de la radiothérapie. De plus,
les femmes étaient peu ou non traitées par anthracyclines, taxanes ou trastuzumab, médicaments connus pour avoir
des conséquences cardiovasculaires.
Facteurs de risque associés. En général, ces résultats sont rassurants. Par exemple, chez une femme de 50 ans
sans facteur de risque cardiaque préalable, une radiothérapie délivrant au cœur une dose de 3 Gy augmenterait son
risque de décès par cardiopathie ischémique (avant l’âge de 80 ans) de 1,9 % à 2,4 % (soit une augmentation
absolue de 0,5 points). Si la dose cardiaque reçue était de 10 Gy, son risque absolu de décès par cardiopathie
ischémique augmenterait de 1,9 % à 3,4 % (1,5 points).
Toutefois la radiothérapie peut augmenter considérablement le risque coronarien chez les femmes ayant déjà des
facteurs de risque cardiaque ou ayant eu un IM, et chez les femmes dont le cœur est très proche de la paroi
thoracique.
"Nos résultats sont déjà utilisés dans les centres de cancer à travers le monde et nous avons entendu dire que cela
fait une différence pour les patientes. Il est important de rappeler que pour la plupart des femmes traitées
aujourd’hui, les bénéfices de la radiothérapie pour le cancer du sein surpassent largement les risques", souligne
le Dr Carolyn Taylor (Université d’Oxford), une autre signataire de l’étude.
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