Ressource
DÉVELOPPEMENT DURABLE
1
Biodiversité
ENJEUX
1. Pourquoi s’inquiéter de la perte de biodiversité?
La biodiversité et les nombreux services écosystèmiques qu’elle fournit sont un facteur clé du
bien-être humain. La perte de biodiversité a des eets négafs, directs et indirects, sur ces
condions :
- La sécurité alimentaire : la présence de biodiversité représente souvent un «let de sécurité»
qui renforce la sécurité alimentaire et l’adaptabilité de certaines communautés locales à des
perturbaons économiques et écologiques extérieures. Les praques agricoles qui mainennent
et ulisent la biodiversité locale peuvent également améliorer la sécurité alimentaire. En
d’autres termes, si une populaon culve exclusivement du riz, et qu’une année ses récoltes
sont ravagées par un insecte, elle n’aura plus rien à manger. Une culture diversiée aurait
permis d’avoir une soluon de secours une fois le riz perdu.
- La vulnérabilité face aux catastrophes naturelles : de nombreuses communautés ont connu
d’avantage de catastrophes naturelles au cours des dernières décennies. Par exemple, les
communautés côères ont souert d’inondaons de plus en plus graves à cause de la disparion
des mangroves et des récifs de corail, véritables protecons naturelles contre les inondaons
et les tempêtes.
- La santé : un régime équilibré dépend de la disponibilité d’un large éventail d’aliments, laquelle
dépend elle-même de la conservaon de la biodiversité. En outre, une plus grande diversité au
sein de la faune et de la ore peut réduire la propagaon vers l’homme de nombreux agents
pathogènes sauvages.
- La sécurité énergéque : le bois de chauage fournit plus de la moié de l’énergie ulisée dans
les pays en développement. Les pénuries de bois de chauage surviennent dans les régions à
forte densité de populaon qui n’ont pas accès à des sources d’énergie alternaves. Dans ces
régions, les populaons sont vulnérables à la maladie et à la malnutrion en raison du manque
de moyens pour chauer les foyers, cuisiner et faire bouillir l’eau.
- Leau propre : la perte ininterrompue de forêts et la destrucon de bassins versants réduisent
la qualité et la disponibilité de l’eau à usage domesque et agricole. Dans le cas de la ville
de New York, protéger l’écosystème an d’assurer un approvisionnement connu en eau
potable propre aurait été beaucoup plus rentable que de construire et de gérer une staon
d’épuraon.
- Les relaons sociales : De nombreuses cultures accordent une valeur spirituelle, esthéque,
récréave et religieuse aux écosystèmes ou à leurs composantes. La disparion de ces
composantes ou les dommages qui leur sont causés peuvent nuire aux relaons sociales, à la
fois en réduisant la valeur de la cohésion sociale qui réside dans le partage d’une expérience
commune, et en générant du ressenment envers des groupes qui rent prot de ces
dommages.
- La liberté de choix : la perte de biodiversité, qui est parfois irréversible, se traduit souvent par
des choix plus limités. Le simple fait d’avoir le choix entre diérentes opons, indépendamment
du fait que l’une d’elle sera eecvement choisie ou pas, est un volet fondamental de la
Ressource
DÉVELOPPEMENT DURABLE
2
dimension de « liberté » du bien-être.
- Les maères premières : la biodiversité fournit divers biens des plantes ou des animaux
par exemple dont les individus ont besoin pour obtenir un revenu et s’assurer des moyens
de subsistance durables. En plus de l’agriculture, la biodiversité contribue à une série d’autres
secteurs dont l’« écotourisme » et les secteurs pharmaceuque, cosméque et de la pêche.
Les pertes de biodiversité, comme l’eondrement des populaons de morues de Terre-Neuve,
peut engendrer des coûts conséquents aux niveaux local et naonal.
2. Distribuon des conséquences de la perte de biodiversité
Le bien-être de nombreux individus et groupes sociaux peut augmenter lorsque la biodiversité
est exploitée, modiée ou même supprimée. Toutefois, les changements dans les écosystèmes
portent aeinte à de nombreuses personnes parmi les plus pauvres au monde. Moins à même
de s’adapter à ces changements, celles-ci sont frappées par une pauvreté accrue dans la
mesure elles n’ont qu’un accès limité à des substuts ou des alternaves. Par exemple,
les agriculteurs pauvres ont rarement les moyens d’uliser des technologies modernes pour
remplacer ces services que la biodiversité leur procurait auparavant. De plus, la substuon de
certains services peut avoir des eets négafs sur la santé humaine et l’environnement. Cest
le cas, par exemple, de l’ulisaon de pescides toxiques et persistants pour contrôler certains
insectes nuisibles.
De nombreuses communautés dépendent d’une série de produits biologiques pour leur
bien-être matériel. Au cours de l’histoire, les personnes pauvres ont démesurément perdu
l’accès aux produits biologiques et aux services fournis par les écosystèmes, au fur et à mesure
que la demande pour ces services s’est accrue. Le transfert de propriété des ressources des
écosystèmes exclut souvent les communautés locales, et les produits de leur exploitaon ne
sont pas desnés au marché local.
Les changements dans la structure des sociétés ayant une incidence sur l’accès aux ressources
naturelles peuvent avoir des conséquences sur les services fournis par les écosystèmes. Cela
peut aussi permere d’expliquer pourquoi certaines populaons vivant dans des régions riches
en ressources environnementales se classent malgré tout à un bas niveau sur les échelles
de bien-être humain. Laugmentaon du commerce internaonal a amélioré le bien-être de
nombreuses personnes, mais d’autres en ont pâ, comme ceux qui étaient dépendants des
ressources naturelles exploitées pour l’exportaon. Quand diérents groupes sociaux sont en
concurrence pour les mêmes ressources, des conits peuvent survenir. Bien que bon nombre
de ces conits aient été gérés de façon coopérave, il est également courant qu’un groupe soit
bénéciaire au dépend de l’autre.
3. Quelles sont les tendances actuelles en termes de biodiversité?
Pour tous les aspects de la biodiversité, le rythme actuel de changement et d’exncon est
des centaines de fois plus rapide qu'auparavant dans l’histoire connue, et rien n’indique que
ce rythme ralensse.
Praquement tous les écosystèmes de la planète ont été profondément transformés par
les acvités humaines. Par exemple, 35 % des mangroves et 20 % des récifs coralliens ont
disparu.
Ressource
DÉVELOPPEMENT DURABLE
3
Les régions où les changements ont été parculièrement rapides au cours des deux dernières
décennies comprennent :
- le bassin de l’Amazone et l’Asie du Sud-Est (déforestaon et expansion des terres de culture)
;
- l’Asie (dégradaon des terres dans les zones sèches) ;
- le Bangladesh, la Vallée de l’Indus, certaines pares du Moyen-Orient et d’Asie Centrale, et la
Région des Grands Lacs d’Afrique Orientale.
Lexncon des espèces fait pare du cours naturel de l’histoire de la planète. Cependant, au
cours des 100 dernières années, les êtres humains ont mulplié le rythme d’exncon par
au moins 100 par rapport au rythme d’exncon naturel. Le rythme d’exncon actuel est
beaucoup plus important que le rythme auquel de nouvelles espèces apparaissent, ce qui
engendre une perte nee de biodiversité.
Selon la liste rouge de l’UICN, entre 12 % et 52 % des espèces appartenant à des groupes
bien étudiés (conifères, cycadées, amphibiens, oiseaux et mammifères) sont menacées
d’exncon. D’une manière générale, les espèces les plus menacées sont celles qui se trouvent
assez haut dans la chaîne alimentaire, ont une faible densité de populaon, vivent longtemps,
se reproduisent lentement et vivent à l’intérieur d’une zone géographique limitée. Au sein
de nombreux groupes d’espèces, comme les amphibiens, les mammifères africains et les
oiseaux des terres agricoles, la majorité des espèces ont connu un déclin de leur populaon,
de leur réparon géographique, ou des deux. Les excepons sont presque toujours dues à
des intervenons humaines, comme la protecon dans des réserves, ou au fait que certaines
espèces ont tendance à prospérer dans les paysages dominés par l’homme.
L’Indice Planète Vivante (IPV), développé par le WWF, est un indicateur de l’état de la
biodiversité mondiale : il mesure les tendances des populaons de vertébrés vivant dans les
écosystèmes terrestres, d’eaux douces et marins de par le monde. L’IPV est la moyenne de
trois indices disncts mesurant les changements d’abondance de 555 espèces terrestres, 323
espèces d’eau douce et 267 espèces marines. Entre 1970 et 2000, il indique des réducons
dans tous les environnements.
Ressource
DÉVELOPPEMENT DURABLE
4
Depuis 1960, l’intensicaon des systèmes agricoles, conjuguée à la spécialisaon des
obtenteurs de plantes ainsi qu’aux eets harmonisant de la mondialisaon, a entraîné une
réducon importante de la diversité généque des plantes et animaux domesques. On
ulise de moins en moins de races d’animaux domesqués et les paysans sont souvent obligés
d’uliser des semences cerées au détriment des semences fermières. Aujourd’hui, un ers
des 6 500 espèces domesques sont menacées d’exncon.
Comparer diérents critères d’évaluaon de la perte de biodiversité n’est pas chose aisée. Le
rythme de changement dans un des aspects de la biodiversité, comme la perte de richesse
en espèces, ne reète pas forcément le changement dans un autre, tel que la disparion des
habitats naturels.
De plus, la réparon des espèces sur Terre devient de plus en plus homogène en raison des
acvités humaines. Or cela représente une perte de biodiversité souvent occultée quand seuls
les changements en termes de nombre total d’espèces sont considérés.
(Source : largement inspiré de Green facts – consensus scienque sur la biodiversité, d’après
l’Evaluaon des écosystèmes pour le Millénaire)
Une sixième crise d’exncon ?
On évoque de plus en plus souvent la possibilité d’une sixième exncon en masse, après les
cinq survenues aux temps géologiques antérieurs. Une exncon qui aurait commencé depuis
le début de « l’anthropocène », époque de l’apparion de l’homme.
La crise biologique d’il y a 65 millions d'années (au début de l’ère teraire, et qui serait due à
une pluie de météorites géantes au Mexique) aurait entraîné la disparion des dinosaures (au
moins 850 espèces), de groupes de mollusques et de reples marins, et en tout de 65 à 70 %
des espèces vivant sur la planète. La plus importante (250 millions d'années, crise du Permien),
aurait éradiqué 90 % des espèces marines et 50 % des familles d’animaux.
Toutes ces crises, dues à des catastrophes physiques, ont permis à d’autres formes de vie de
s’épanouir. Mais la crise contemporaine de la biodiversité, très diérente, est due à l’acon
d’une seule espèce, l’homme. La nature évolue à un rythme beaucoup trop lent pour raraper
le saccage perpétré par les humains.
Dans des condions normales, stables, la durée de vie d’une espèce est esmée de 1 à 10
millions d’années selon les groupes. Lexncon d’une espèce (ou sa disparion dénive) est
un processus naturel qui fait pare de l’évoluon. 95 % de toutes les espèces qui ont existé sont
maintenant éteintes. Mais la suprémae de l’homme perturbe largement ces condions, et les
espèces voient leur espérance de vie se réduire dramaquement. Ce n’est pas l’exncon, mais
l’accéléraon du processus d’exncon qui est inquiétant. Lanalyse des fossiles suggère que
dans les périodes entre les exncons de masse, les espèces s’éteignent au rythme annuel de
0.1 à 1 exncon par million d’espèces, ce qui donnerait un taux naturel d’exncon d’environ
un mammifère tous les 400 ans, et un oiseau tous les 200 ans. Mais les scienques esment
qu’aujourd’hui, 25 000 à 50 000 espèces disparaîtraient chaque année…
La faune, la ore et les micro-organismes subissent des pressions de plus en plus fortes, 83% de
la surface terrestre est aectée par la présence humaine et l’espace nécessaire à son acvité.
Esmées actuellement à 3.6 millions d’espèces, la diversité du vivant pourrait perdre un quart
de ses eecfs d’ici 2050.
Ressource
DÉVELOPPEMENT DURABLE
5
Hotspots de biodiversité
Les enjeux sont centrés sur les « hotspots » de biodiversité, sites biogéographiques du monde
qui représentent 2.3% de la surface terrestre et abritent 50% des plantes vasculaires et 42%
des vertébrés terrestres.
Ces hotspot ont été idenés comme zones de conservaons prioritaires de la biodiversité, sur
le critère qu’au moins 1500 espèces endémiques y sont recensées (soit plus de 5% des espèces
présentes sur la Terre) et qu’elles ont perdu de 70% de leur habitat d’origine. On en a recensé
34.
- Les Andes tropicales constuent le hotspot le plus riche: elles représentent 1% de la surface
émergée planétaire mais 16% des espèces de plantes terrestres.
- Les forêts tempérées de Valdivia au Chili et en Argenne sont les mieux conservées du globe
(30% encore intactes).
- Dans les hautes et basses latudes (60°) qui sont des domaines froids, il n’y a pas de
hotspot.
- Contrairement aux idées reçues, les zones déserques et montagneuses accueillent certains
hotspots: la corne de l’Afrique, la région irano-anatolienne et l’Himalaya, le plus vaste domaine
montagneux au monde.
- Le climat méditerranéen est représenté par de nombreux hotspots tels que le bassin
méditerranéen, le sud australien et la région orisque du cap.
- Les îles sont des hauts lieux de biodiversité comme la Polynésie-Micronésie.
Lidencaon de ces zones de biodiversité a un quadruple rôle :
- Préserver les espèces et les territoires les plus menacés
- Diminuer l’acon de l’homme sur ces territoires pour stopper les exncons d’espèces
- Créer un oul de communicaon pour faire prendre conscience du dé actuel concernant la
biodiversité
- Trouver des nancements (750 millions de dollars invess en 15 ans dans un projet de
conservaon par diverses fondaons associées à Convenon Internaonal)
1 / 5 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !