Arguments des conférences

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Arguments des conférences
Pierre Bühler,
Professeur de théologie systématique à la Faculté de théologie et co-directeur de
l’Institut d’herméneutique et de philosophie de la religion de l’Université de Zurich
Entre exégèse et théologie, une herméneutique à géométrie variable
Le point de vue du systématicien
Les rapports entre exégèse et théologie sont devenus difficiles. Après avoir compté
longtemps sur des ponts entre les disciplines, ces dernières risquent de s’enfermer dans
leur spécialisation, sans effectuer des « sorties » interdisciplinaires. Cette noncoopération de fait constitue un problème herméneutique de taille s’il en va pour les
disciplines concernées de contribuer « à la vie des croyants en dialogue avec le monde
de ce temps ». Etant donné l’impossibilité d’une séquence linéaire des disciplines, on
tentera d’approcher le problème avec une « herméneutique à géométrie variable »,
visant un réseau non linéaire d’interactions dynamiques. Elle s’inspirera d’un exégète
pour lequel le travail exégétique est impensable sans théologie systématique et d’un
systématicien pour lequel le travail systématique est impensable sans exégèse.
Pierre Gibert, s.j.,
Professeur honoraire de l'Université Catholique de Lyon
Exégèse critique et théologie : Quêtes et enjeux d’un malentendu
Alors que Vatican II a proclamé que l’Ecriture était l’âme de la théologie, faut-il parler
d’un malentendu qui courrait de Bossuet à Benoît XVI inclusivement ? Mais pourquoi un
tel malentendu qui repose, aux origines, sur une mauvaise intelligence d’un très chrétien
projet critique, et au terme sur une confusion de termes et de catégories ? N’y aurait-il
pas à s’interroger – ou à se réinterroger - plus fondamentalement sur une carence de
réflexion sur le concept et la nature de l’écrit et donc sur le statut théologique des
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Ecritures en Christianisme, par delà sinon en deçà de ce qui fait les différences entre
Catholiques, Protestants ou Orientaux… ?
André Wénin,
Professeur d'exégèse de l'AT à la Faculté de théologie de l'Université catholique de
Louvain (Louvain-la-Neuve)
La création dans l’AT : un discours pluriel
Même si les premiers chapitres de la Genèse sont souvent privilégiés par les
théologiens de la création, le premier Testament connaît différents discours sur ce
thème (voir par ex. Ps 104 ; Jb 38s ; Pr 8, etc.). À partir de ce constat, on montrera que
l'AT dispose de plusieurs registres pour parler de la création selon des genres littéraires
différents et avec des symboliques variées. Aussi, on aurait tort de privilégier
unilatéralement un seul de ces registres dans le cadre d'une réflexion théologique et
anthropologique sur la création.
Luc Devillers,
Professeur de Nouveau Testament à l'Université de Fribourg (Suisse), Président de
l'ACFEB.
“Porter du fruit” (Jn 15, 8.16)
ou comment Jean interprète le projet de Dieu sur l’humanité (Gn 1, 27-28)
Jean affirme le rôle créateur de la Parole divine (1, 1-3), et la gloire du Fils auprès du
Père avant la fondation du monde (17, 24). Le Fils est venu pour que le monde soit
sauvé (3, 17), et que les hommes reçoivent la vie en abondance (10, 10). Pour Dieu, la
création se poursuit tant que dure ce monde (5, 17) ; pour l’homme, il y a un fruit à faire
croître (15, 1-8.16), comme déjà en Gn 1, 28. Au cœur de la création dont il est solidaire
– cf. les différents sens du mot « monde » –, l’homme est appelé à poursuivre l’œuvre
du Fils en portant du fruit pour la gloire du Père.
Philippe Bordeyne,
Doyen, Theologicum, Institut Catholique de Paris
Action de Dieu et transformation de l’homme :
la dynamique anthropologique de l’éthique en Galates
Le renouveau des vertus en théologie morale se réclame des interprétations patristiques
et contemporaines de l’Écriture, ainsi que de la tradition aristotélo-thomiste. Mais il
s’intéresse peu à la théologie dogmatique en cours d’élaboration dans le corpus néotestamentaire. L’épître aux Galates part du problème concret de la conduite à tenir vis-àvis des païens. Paul invite la communauté à réfléchir en conjuguant les aspects
théologiques, éthiques et ecclésiologiques de la question. Cette approche globale
répond au besoin que nous avons aujourd’hui de retisser les liens entre foi et morale,
dans un contexte pluraliste où l’identité croyante s’accomplit jusque dans des choix
éthiques propres à éveiller la quête de l’universel.
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Conférence à deux voix : Daniel Gerber et Jean L’Hour
Comment envisager aujourd’hui une théologie de l’Ancien et du Nouveau
Testament ?
Entre légitimité et réserves
Daniel Gerber, Professeur de Nouveau Testament à la Faculté de Théologie
protestante de l'Université de Strasbourg :
Y a-t-il une alternative à l’établissement d’un canon dans le canon – une entreprise qui
jauge certains écrits à l’aune d’autres, tenus (subjectivement) pour normatifs à cause de
la lecture (orientée) qui en est faite – ou à la recherche d’un centre du Nouveau
Testament – une démarche qui décide (subjectivement) de la plus haute importance de
certains thèmes transversaux ? Le temps n’est plus aux oppositions frontales et
caricaturales, mais au respect de la différence et à l’attention pour le tout. Une réelle
prise en compte de l’expression narrative, historiographique ou épistolaire ainsi que des
divers contextes de communication a ouvert des zones de dialogue fécond entre les
écrits néotestamentaires, en sorte que plaider pour une théologie polyphonique du
Nouveau Testament nous paraît être la solution la plus honnête, quoique la plus
exigeante. Car elle suppose non seulement de faire droit à chacune des voix qui
s’exprime en ce corpus, mais encore de valoriser sa différence. C’est à ce prix, nous
semble-t-il, qu’allier le singulier – une théologie – et le pluriel – polyphonique – du
Nouveau Testament devient réellement possible
Jean L’Hour, prêtre des missions étrangères de Paris, exégète :
La théologie de l'Ancien Testament serait-elle dans une impasse ? La problématique
dans cette période dite du postmodernisme a changé : discrédit jeté sur toutes les
synthèses, explosion des méthodes de lecture de la Bible, éclatement des lectures,
scepticisme face à la connaissance historique eu égard à la textualisation de l’histoire,
désaffection vis-à-vis de l’exégèse historico critique, arrivée du lecteur sur le devant de
la scène, frontières poreuses entre livres canoniques et littérature intertestamentaire…
S’y ajoute le partage de la Bible avec le judaïsme et, plus largement, avec un lectorat
académique sécularisé.
L’interprétation théologique chrétienne de l’Ancien Testament se trouve face à un double
dilemme : celui de la relation entre exégèse et théologie d’une part et celui de la relation
entre Ancien Testament et Nouveau Testament d’autre part. Comment distinguer et
relier les disciplines de l’exégèse scientifique et de la théologie biblique
confessionnelle ? Le « corpus » du théologien étant la Bible juive mais son « canon »
étant la Bible chrétienne, une théologie autonome de l’Ancien Testament est-elle
envisageable ?
Ne faut-il pas renoncer à une séquence linéaire exégèse – histoire de la religion d'Israël
– théologie biblique – théologie systématique – lecture actualisée, disciplines qui ont
chacune leurs spécificités, pour les envisager les unes par rapport aux autres comme
autant d'instances critiques en tension dialectique ? Plus profondément ne faut-il pas
s’orienter vers une quête polyphonique jamais close de la « vérité » biblique ?
Dany Nocquet
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Professeur d'Ancien Testament à l'Institut Protestant de Théologie, Faculté de
Montpellier
Rétribution et justice de Dieu : théologies en débat dans l'AT
Après avoir évoqué la notion de « rétribution » en tant que lieu théologique partagé du
Proche-Orient ancien, la conférence tente de rendre compte de la manière dont
quelques groupes porteurs utilisent cette théologie dans la Bible hébraïque. L’étude
montre les nuances et les évolutions de cette théologie selon les milieux, et les débats
qu’elle suscite à l’époque du second temple. Enfin l’étude s’interroge sur la pertinence
de ces vieux débats dans la réflexion théologique.
Chantal Reynier
Professeur d'exégèse biblique aux facultés jésuites de Paris (Centre Sèvres)
Peut-on parler d’un traitement paulinien de la rétribution ?
Nous tenterons de montrer à travers quelques affirmations pauliniennes significatives
comment Paul prend ses distances à l'égard de l’idée de rétribution. Nous analyserons
les thèmes auxquels Paul a recours mais aussi l’argumentation dont il use pour arracher
les croyants à toute idée de mérite ou de récompense dont lui-même a pu vivre avant
l’événement de Damas. Nous verrons comment cette rupture touche non seulement le
rapport à Dieu mais aussi le rapport au monde, le rapport Juifs/nations et l’existence
chrétienne dans ce qu’elle a de plus concret.
Jean-Michel Maldamé
Dominicain, professeur émérite à Faculté de théologie de l’Institut catholique de
Toulouse, membre de l’Académie Pontificale des Sciences
« Par le sang de sa croix »
La mort et la résurrection de Jésus doivent-elles être comprises comme un sacrifice ? La
difficulté vient de ce que la notion de sacrifice a été systématisée dans un registre
judiciaire. Il en est résulté une traduction du mystère pascal en termes de justice, de
rétribution, de satisfaction ou d’expiation… autant de catégories qui impliquent un Dieu
cruel et vindicatif, dont la colère devrait être apaisée par la souffrance et la mort du juste.
Est-ce bien ce qu’a voulu faire saint Paul lorsqu’il a introduit une référence au rituel du
Temple de Jérusalem avec la mention du « sang de la croix » ? Telle est la question
posée dans une démarche théologique, en écho aux approches exégétiques.
L’interrogation du théologien se situera face à la sensibilité actuelle et à ses
exigences. Les notions bibliques sont-elles correctement conceptualisées par les termes
de justice et de rétribution ? L’autorité de l’Écriture impose-t-elle de recourir à des
images qui sont à l’opposée des progrès de la morale et de l’affinement de la conscience
dans la modernité marquée par l’humanisme ? Le christianisme peut-il rester hors de la
logique sacrificielle des religions ?
Alain Gignac
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Professeur agrégé, Université de Montréal, et président de l’Acébac. L’auteur enseigne
la littérature paulinienne et les théories de l’interprétation.
Spinoza, miroir du clivage « exégèse / théologie » ?
Le paradigme de la modernité,
ses impasses épistémologiques et leurs issues possibles
Le Traité théologico-politique de Spinoza (chapitre 7) est fascinant, car il fonctionne
comme le miroir à peine caricatural de la place de l’exégèse et de la théologie au sein du
paradigme scientifique moderne — ce qui inclut aussi leurs rapports complexes. En
quelques pages, on y retrouve : 1/ le rejet de la théologie comme idéologie; 2/ le projet
exégétique moderne (philologie, critique textuelle, histoire); 3/ les apories de ce projet —
qui seront soulignées ultérieurement… par la (post)modernité; 4/ ultimement, la
relativisation (paradoxale) de la Bible. Alors même que l’épistémologie historico-critique
est entérinée comme incontournable par la Commission biblique pontificale (1993), peutêtre faut-il retourner au projet spinoziste pour y déceler un problème fondamental et ses
répercussions sur une lecture théologique de la Bible : la séparation de l’objet et du
sujet. Au delà de ce diagnostic, l’exposé revisitera trois tentatives récentes qui
cherchent à refonder sur des bases plus saines l’épistémologie théologique :
l’herméneutique, la sémiotique et la narratologie (en s’attardant surtout sur cette
dernière). Sans jeter « l’histoire avec l’eau du bain », pour pasticher le proverbe anglosaxon, peut-être est-il temps d’articuler exégèse et théologie non plus sur l’arrière-plan
des sciences historiques, mais sur l’arrière-plan des sciences du langage? — permettant
ainsi de réintroduire le sujet dans l’équation de la lecture.
Olivier Artus
Professeur d'Ecriture Sainte à l'Institut catholique de Paris, directeur de l'Ecole des
Langues et Civilisations de l'Orient Ancien, membre de la Commission biblique
pontificale
Exégèse et Théologie :
Les difficultés d’une articulation.
Relecture de trois projets de recherche
concernant le lien entre Écriture Sainte et Théologie morale.
Comment enraciner une réflexion morale dans l’Écriture Sainte ? C’est la question qui a
guidé trois projets de recherche menés dans des cadres différents : les deux premiers
projets (Bible et Morale 2001-2003, Lectio Divina, Paris, Cerf 2003 ‘Ph. Bordeyne éd.’ ;
Eschatologie et morale 2006-2009 DDB 2009 ‘O. Artus, éd.’) ont eu pour cadre la
Faculté de Théologie de l’Institut catholique de Paris et ont rendu possibles des
partenariats universitaires. Le dernier projet « Bible et Morale », (Bibbia e Morale, Roma,
2008) est lié au travail institutionnel de la Commission Biblique Pontificale.
Ces trois programmes de recherche ont fait apparaître la distance épistémologique qui
sépare le travail du bibliste de celui du moraliste — en particulier en ce qui concerne le
statut du recours au texte biblique. Le moraliste est préoccupé par la question de
l’universalité du discours, et par la possibilité de construire des interfaces avec la
réflexion éthique de la société ; le bibliste exerce quant à lui une vigilance sur les
modalités d’interprétation du texte : nécessité d’une approche canonique qui évite
d’enraciner le discours théologique sur de simples fragments ; prise en compte de la
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dynamique interne (diachronique, synchronique) du texte biblique ; prise en
considération de son rapport complexe aux cultures au sein desquelles il a pris
naissance, etc…
Malgré le constat de cette distance, le recherche menée, en conduisant chaque
discipline de définir sa propre cohérence tout en interrogeant ses procédures, a permis
de définir un « cahier des charges » de la collaboration entre biblistes et moralistes.
Claire Clivaz,
Professeur de Nouveau Testament et de littérature chrétienne ancienne à l’Institut
Romand des Sciences Bibliques, Faculté de théologie et de sciences des religions de
l’Université de Lausanne
Jamais deux sans trois ! Bible, exégèse et culture
Cette conférence souhaite souligner le fait que les conditions de la rencontre entre
exégèse et théologie ont drastiquement changé au cours des dernières décennies,
parce que la place de la culture chrétienne est en train de se transformer profondément
dans le contexte occidental. Impossible de faire autrement que d’engager une discussion
à trois – Bible, théologie et culture – sauf à risquer de reléguer le discours de la foi
chrétienne à une curiosité de musée. Trois exemples permettront d’étayer cette
réflexion : la transformation de la perception du genre littéraire de l’œuvre lucanienne, le
débat entre évolution et créationnisme, et la transformation du statut de l’écrit – et donc
de l’Ecriture – dans le Digital Age.
*********
Arguments des ateliers
Antoine Guggenheim et Jean-François Lefebvre,
Antoine Guggenheim, professeur à la Faculté Notre-Dame et directeur du pôle de
recherche du Collège des Bernardins, Paris
Jean-François Lefebvre, professeur au Studium de Notre-Dame de Vie, Venasque
Exégèse intra-biblique et commentaire théologique :
Le Ps 110 relu dans l’Épître aux Hébreux et le Commentaire de Thomas d’Aquin
Le Ps 110 rassemble à propos du même personnage, deux oracles sur la royauté et le
sacerdoce, grâce à la figure de Melchisédech. La version de la Septante comporte aussi
une allusion à la filiation divine. Dans son exégèse du Ps 110, l’épître aux Hébreux unit
l’exercice de la fonction sacerdotale et de la fonction royale dans le Fils éternel. Saint
Thomas fait à son tour l’exégèse de l’épître aux Hébreux en mettant à profit l’expression
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chalcédonienne de la foi au Christ vrai Dieu et vrai homme. Pour lui, sa royauté s’étend
par l’exercice de sa puissance sacerdotale dans les sacrements.
L’atelier se propose, à partir de la lecture de textes, d’étudier comment l’acte exégétique
transmet un enseignement théologique, l’exégèse de la tradition prolongeant le
mouvement déjà à l’œuvre dans l’Écriture.
Sophie Schlumberger,
Bibliste, responsable du Service biblique de la Fédération protestante de France
Un animateur biblique entre exégèse et théologie
Durant cet atelier, nous interrogerons la vocation spécifique et les enjeux de la lecture de
la Bible en groupe (ou animation biblique). En effet, si cette pratique a
fondamentalement à voir avec l’exégèse et la théologie, quel statut confère-t-elle à ces
disciplines, ainsi qu’aux exégètes et théologiens ? Que fait-elle de leurs apports
respectifs, selon quelles modalités et quels critères ?
Nous aborderons également cette question connexe : au sein du groupe, quels sont le
rôle et la fonction de l’animateur biblique ?
Nous mènerons notre réflexion et esquisserons des réponses en lisant un texte biblique
ensemble.
Chacun sera appelé à participer activement durant cet atelier et à entrer en dialogue
avec les autres participants.
La durée de cet atelier est de 4 heures.
Daniel Gerber et Jean L’Hour,
Comment envisager aujourd’hui une théologie de l’Ancien et du Nouveau
Testament ? Deux sujets-test : l'élection (AT) et la sotériologie (NT)
Jean L'Hour, atelier le mardi
Théologies vétérotestamentaires de l'Election
L'Election: Théologie et/ou Idéologie?
Les multiples facettes de l’Election d’Israël face aux Nations dans le corpus
vétérotestamentaire :
- Israël hors du concert des Nations : Nb 23,8s.
- Israël dans le concert des Nations : Gn 1-11; traditions de Sagesse
- Israël face aux Nations : Deutéronome, Esdras-Néhémie.
- Israël Bénédiction des Nations : - J : Gn 12,1-3 ; 18,18 ; 22,17-18 ; 26,4 ; 28,14.
- Israël Lumière des Nations : 2° et 3° Isaïe; Psaumes 47, 66, 96, 98, 99, 117.
- Israël face à l'énigme des Nations : les grandes figures étrangères :
la fille de Pharaon, Abraham/Isaac et Pharaon/Abimélech, l'Egypte
de Joseph, Jéthro, Rahab, Ruth, la Perse d'Esther, Ruth, la Ninive de
Jonas.
- Comment rendre compte de cette diversité à l'intérieur de l'Ancien Testament ?
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-
-
La théologie chrétienne traditionnelle: harmonisation canonique, l'Eglise nouveau
Peuple
Elu, l'Election d'Israël comme phase préparatoire, devenue désormais obsolète,
dans « L’Histoire du Salut ». Universalisme intégrateur par la mission et la
conversion.
L'interprétation juive : ethnicité, séparation, particularisme, non prosélytisme.
Le particularisme juif face à/ ou à côté de/ l’universalisme missionnaire de l’Eglise
chrétienne ?
Etudes de référence :
Rowley, H.H., The Biblical Doctrine of Election, Londres, 1950.
Preuss, H.D., Theologie des Alten Testaments (2 vol.), Stuttgart, 1991-1992. Trad.
anglaise, Old Testament Theology (2 vol.), Louisville, 1995-1996.
Lohr, J.N., Chosen and Unchosen. Conceptions of Election in the Pentateuch and
Jewish-Christian Interpretation, Winona Lake, 2009.
Nocquet, D., « L’Égypte, une autre terre de salut ? Une lecture de Gn 45, 1 – 46, 7 »,
ETR 84 (2009), 461-480.
Daniel Gerber, atelier le mercredi
Sotériologie néotestamentaire
Une courte présentation comparée de la théologie paulinienne de la croix (mode
épistolaire) et de la théologie lucanienne de la venue de Jésus (mode narratif) ouvrira un
débat sur la sotériologie du Nouveau Testament
Philippe Abadie,
Professeur d'Ancien Testament, Faculté de Théologie (Université Catholique de Lyon)
David, coupable ou innocent ? Deux regards théologiques selon 2S 24 et 1Ch 21
L’exégèse « interne » des textes bibliques. Nous travaillerons sur texte à partir d'une
traduction en synopse de ces deux récits bibliques, traduction aussi littérale que
possible. Le but de l'atelier sera de mesurer par une lecture attentive comment la double
version d'un même événement produit des figurations aussi différentes de David. Sans
préjuger de l'historicité de l'une ou l'autre version, le questionnement se voudra autant
exégétique que théologique : en fonction de quoi s'opèrent les choix narratifs de l'un et
l'autre textes, et qu'est-ce que cela induit dans la construction de la figure davidique ?
Pour ce faire, le regard devra embrasser l'ensemble complexe des livres de Samuel et
des Chroniques, tout en posant la question du doublet narratif ou mieux, de sa
« répétition » à l'intérieur du même corpus biblique.
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Amaury Begasse de Dhaem, et Jean Radermakers,
A. Begasse de Dhaem, s.j., Professeur à la Faculté de Théologie de la Compagnie de
Jésus à Bruxelles (IET)
J. Radermakers, auteur de plusieurs livres sur les synoptiques, Professeur d'Ecriture
Sainte à la Faculté de théologie des jésuites de Bruxelles
L’Évangile de Marc sur les pas du fils de l’homme
L’atelier partagera l’expérience des séminaires d’Écriture à la Faculté de théologie de la
Compagnie de Jésus à Bruxelles (IÉT), où, depuis 1968, exégètes et théologiens
travaillent en équipe interdisciplinaire. Ce travail commun vise à mettre en relation le
sens littéral, dégagé selon les méthodes exégétiques contemporaines, et les sens
spirituels déployés dans la tradition dogmatique, morale, fondamentale et mystique.
Nous le mettrons en lumière en prenant le cas du séminaire sur l’évangile selon Marc.
Depuis le « prologue » jusqu’aux deux finales, nous laisserons se déployer au fil du récit
la christologie ascendante et contrastée de Marc, où le portrait humain de Jésus et sa
mission révélatrice, suscitant le questionnement sur son origine, sont lieu de
manifestation de sa relation au Père et à l’Esprit. Les titres humains et seigneuriaux
(Christ, Fils de Dieu, Seigneur) de Jésus prennent sens dans l’autorévélation du « Fils
de l’homme », crucifié et ressuscité, permettant d’éclairer les grands symboles de foi de
l’Église.
A. Begasse de Dhaem sj, "Sur les pas du Fils de l'homme: la christologie selon saint
Marc", NRT 133 (2011) 5-27.
Hugues Cousin, Valérie Duval-Poujol et Stefan Munteanu
Hugues Cousin, ancien professeur de Nouveau Testament et de littérature
intertestamentaire à la Faculté de théologie de Lyon, directeur de la rédaction des
Suppléments aux Cahiers Évangile
Valérie Duval-Poujol, Ecole des Langues et Civilisations de l'Orient ancien (grec biblique,
LXX), Institut catholique de Paris
Stefan Munteanu, Professeur de Théologie Biblique, Institut de Théologie Orthodoxe
Saint-Serge, Paris
Les nouveaux « deutérocanoniques » dans la TOB
1) Travail en groupe/commun sur 4 Esdras 14 (1h). Les participants sont invités à
regarder de près ce texte avant le congrès.
2) Brève présentation concernant les six nouveaux livres dans la TOB (30 mn)
-
Valérie Duval-Poujol : brève présentation des nouveaux deutérocanoniques et de
leur « réception » dans l'histoire du côté protestant.
Hugues Cousin : réflexion sur la pluralité des canons, la présence de certains
textes dans la tradition romaine) ; la signification théologique de cette pluralité.
Stefan Munteanu : La distinction entre canonique – ecclésiastique – bon à lire. La
réception des livres provenant de la LXX dans les Églises orthodoxes.
3) Discussion (30mn)
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Elian Cuvillier,
Professeur de NT à la Faculté de théologie de Montpellier
L’exégèse entre théologie et science des Religions
Pratiquer l’exégèse des textes bibliques dans une faculté de théologie est une démarche
qui, aujourd’hui plus que jamais sans doute, ne va pas de soi. L’exégèse et la théologie
traversent en effet une période de profonde remise en question. D’une part on assiste à
un déplacement de l’exégèse depuis la fin du XXe siècle : l’outil méthodologique
historico-critique classique semble désormais moins sollicité par les exégètes au profit
de celui mis en place par la nouvelle critique littéraire, en particulier, les analyses
narrative et rhétorique. D’autre part, même dans les pays où elle a sa place à part
entière dans l’Université, la place de la théologie décline au profit des sciences
religieuses prétendument plus « objectives ». En tant qu’exégète acceptant encore de se
définir comme théologien, il s’agit de penser les conditions de possibilités d’une exégèse
qui puisse revendiquer une « objectivité » et une « scientificité » au moins équivalente à
une approche non théologique du texte biblique.
Marie-Thérèse Desouche et Jean-Michel Poirier,
M.-T. Desouche, Professeur de théologie fondamentale, Faculté de théologie de
Toulouse, Directrice de la Recherche à l’Institut Catholique de Toulouse
J.-M. Poirier, Bibliste, enseignant à la Faculté de théologie de Toulouse
Le rapport entre l’exégèse et la théologie,
à partir d’un cours mis en œuvre à la Faculté de Théologie de Toulouse
Le rapport entre l’exégèse et la théologie sera étudié à partir de la présentation d’un
cours transversal et pluridisciplinaire de première année du cycle de Baccalauréat
Canonique à la Faculté de Théologie de Toulouse, le Cours Séminaire « Exégèse et
Révélation divine » :
- Elaboration, mise en place et évolution de ce cours
- Réception par les étudiants et par les enseignants
- Induction de nouvelles manières de travailler
- Résistances et difficultés
Ce cours ayant été mis en place durant l’année universitaire 1998-1999, on bénéficiera
d’une expérience sur la durée, ce qui permettra de mesurer des évolutions et de mieux
percevoir les enjeux de l’expérience et ses limites.
Danielle Ellul, Benoît Nouvel, Monique-Lise Cohen
Danielle Ellul, Bibliste, responsable du TEB (Toulouse-Enseignement biblique), pasteur
de l’Eglise Réformée
Benoît Nouvel, prêtre du diocèse de Bayonne, enseignant le Nouveau Testament à la
Faculté de Théologie de l'ICT
Monique-Lise Cohen, docteur ès lettres, écrivain, responsable de l’unité de recherche
« Herméneutiques bibliques » à l’ISTR.
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Es 53,12 et sa postérité: dialogue à trois voix, juive, réformée, catholique
Lors de cet atelier à trois voix, nous proposerons une exégèse du verset d'Es 53, 12
dans le TM : « Il a été compté parmi les criminels » (BJ) / « avec les révoltés il a été
compté » (Danielle Ellul), au sein de son contexte (le quatrième Chant du Serviteur).
Puis nous aborderons la question de sa postérité : quelle(s) relecture(s) de ce verset
dans la tradition juive, dans la LXX, le NT, les Pères de l'Eglise. Quelle(s) théologie(s)
s’en dégage(nt) ? Enfin, nous regarderons la relecture que l’évangéliste Luc en fait à la
fin du récit du dernier repas de Jésus en Lc 22, 37.
Les trois voix seront celles de Monique-Lise Cohen, juive, de Danielle Ellul, réformée, de
Benoît Nouvel, catholique.
1. Exégèse du verset d'Es 53, 12 dans le TM « il a été compté parmi les criminels » (BJ)
/ « avec les révoltés il a été compté » (DE)
2. Sa postérité : différentes relectures par la LXX, les Pères de l'Eglise, le NT en général
et Lc 22, 37 en particulier ; les Écritures juives (Targum, divers commentaires)
3. Quelle(s) théologie(s) ?
Jean Emmanuel de Ena, ocd
Docteur en théologie (Fribourg), enseignant à la Faculté de théologie de l’Institut
catholique de Toulouse
« Sans confusion, sans séparation »
Quelle union entre exégèse et théologie ?
Si « ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ » (Jérôme), ne peut-on considérer que le
statut théologique de la Bible est d’être « véritablement divine, véritablement humaine,
sans confusion, sans séparation » ? L’exégèse peut-elle dans sa pratique même tenir
compte de ce « mystère » ? À la lumière de Dei Verbum 11-13 et de Verbum Domini 7 et
avec l’aide de l’herméneutique contemporaine (Gadamer, Ricœur, Eco), nous débattrons
autour de quelques propositions concrètes en vue d’une théologie de l’exégèse
renouvelée sur les divers sens de l’Ecriture (sens textuel, sens directionnel).
René Lafontaine et Jean Radermakers,
Père René Lafontaine, Professeur de théologie dogmatique à la Faculté de théologie
des jésuites à Bruxelles
Père Jean Radermakers, auteur de plusieurs livres sur les synoptiques, Professeur
d'Ecriture Sainte à la Faculté de théologie des jésuites de Bruxelles
La Lettre aux Galates et son commentaire luthérien
Cet atelier entend montrer comment l’IET (Faculté de théologie des jésuites à Bruxelles)
organise un séminaire qui conjugue exégèse et théologie, en confrontant une lecture
rhétorique de la Lettre aux Galates avec le commentaire qu'en fit Luther en 1535.
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Le choix de Luther se justifie du fait que son exégèse prétend revenir à la littéralité des
écrits pauliniens et que sa théologie est particulièrement inspirée par les deux Lettres
aux Galates et aux Romains.
Corinne Lanoir,
Professeur d’Ancien Testament, Institut Protestant de Théologie, Faculté de Paris ;
enseigne régulièrement au Nicaragua et au Chiapas
Théologie de la libération : texte Bible,
entre exégèse et herméneutique en situation
Quelle place faire au texte biblique dans une démarche de lecture, d’interprétation et de
transformation de la réalité et quelle place faire au contexte du lecteur/de la lectrice dans
son travail d’exégèse ? Quels sont les enjeux aujourd’hui d’une lecture contextuelle ?
Une mise en perspective de différentes lectures, issues de la théologie de la libération et
du débat entre théologie féministe et théologie de la libération des aventures de Sarah et
Hagar (Gn 16 et 21) permettra de débattre du sens de ces questions dans des contextes
européens contemporains.
Jean Landier, avec Jacqueline Bonhomme Landier,
Jean Landier, Exégète, intervenant dans l’Institut diocésain de formation de Montpellier
Jacqueline Bonhomme Landier, maîtrise en philosophie, ancienne élève de Michel
HENRY à la faculté de Montpellier
Relectures contemporaines des prologues johanniques
(« Dei Verbum », Michel HENRY)
-Quatre mots du prologue du quatrième évangile :
« En Lui vie était » (Jn 1, 4)
-Une phrase Michel Henry :
« Le Logos de Vie, la Parole de Vie, la Parole de Dieu, c'est la vie phénoménologique
absolue saisie dans le procès hyper-puissant de son auto-génération, en tant que son
auto-révélation » (dans « C’est moi la vérité »)
Nous commencerons par une brève approche pour situer les deux prologues l’un par
rapport à l’autre et dans la longue tradition de l’Eglise.
Ils répondaient, l’un et l’autre, à des questions fondamentales pour les églises de la fin
du 1er siècle. Ils ont nourri la réflexion théologique des Eglises, tant en Orient qu’en
Occident, pendant 20 siècles ; toujours en étant confrontés à des recherches
philosophiques ainsi qu’à des problématiques théologiques et pastorales nouvelles. Ce
n’est pas pour rien que la constitution « Dei Verbum » (Vatican II) a choisi de s’ouvrir par
une citation des versets 2 et 3 de 1Jn 1. Quand le synode des évêques fête les 40 ans
de cette constitution, les textes johanniques sont repris dans une perspective encore
différente. Du moins dans le texte de Benoit 16 « Verbum Domini » sept 2010.
Après un bref rappel de ces seuils, nous accueillerons l’approche d’un philosophe
contemporain et nous prendrons le temps d’en discuter. Un philosophe peut-il apporter
ses lumières dans la lecture d’un évangile ? Michel HENRY (avec son école
philosophique mais aussi avec ses convictions personnelles) peut-il nous aider à
approfondir notre connaissance de Jésus « Parole de vie » ? La Bible ne se trouveraitelle pas un peu trop à l’étroit si elle restait « entre exégètes et théologiens » ?
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Alain Marchadour,
Exégète, ancien doyen et professeur de la Faculté de théologie de l'Institut catholique
deToulouse
Exégèse historique : chemin ou impasse de l’exégèse chrétienne ?
Débat à partir d’un choix de travaux de Simon Légasse
exégète toulousain (1926-2009)
Simon Légasse n’a pas théorisé sa pratique de l’Ecriture. Pourtant ses nombreux
ouvrages manifestent une sensibilité constante à la méthode historique et à l’exégèse
critique. On en a comme une synthèse dans les deux ouvrages : Le procès de Jésus. 1 :
L'histoire, 2 : La passion dans les quatre Evangiles, Cerf. Il se présente comme un
historien en quête d’honnêteté. Peu sensible aux lectures spirituelles de l’Ecriture, et
réticent devant les lectures synchroniques, structuralistes et narratives, il a approché
indirectement la lecture pastorale en l’éclairant par la critique historique et littéraire (Les
fêtes de l'année - Fondements scripturaires. Que fêtons-nous ? Cerf). Il parle d’une
prudence élémentaire et charitable, qui est respect des chemins de Dieu dans chaque
conscience. En perspective avec l’exégèse de Simon Légasse, nous prendrons un
article surprenant du Cardinal Ratzinger présentant un bilan, négatif et positif de la
Commission Biblique, à l’occasion du centième anniversaire de sa création (1902).
Philippe Molac,
Professeur de théologie à la Faculté de théologie de Toulouse
Théologie et Bible chez Grégoire de Nazianze
Entre l’approche exégétique origénienne et l’approche antiochienne, Grégoire a une
manière assez particulière voire unique de se situer. Il pratiquerait plutôt une lecture
« symbolique » où les figures bibliques sont rapportées à tel ou tel événement de son
existence ou de celle de la communauté dont il est en charge. À partir de quelques
exemples, il sera intéressant de vérifier cette approche.
Josep Rius-Camps,
Professeur émérite de la Faculté de Théologie de Catalogne (Barcelone)
Les mésaventures de l'œuvre de Luc :
la transmission manuscrite, communautaire et ecclésiale
* L’auteur, Luc : un juif ou un païen ? Un rabbin juif éduqué à Jérusalem aux pieds de
Gamaliel, compagnon de Saul ?
* L’œuvre de Luc : deux livres avec un genre littéraire très différent (un évangile,
l’Évangile de Luc, et une œuvre historique, les Actes des Apôtres) ou bien une seule
œuvre en deux volumes (une « démonstration ») ?
* Le destinataire : le « très excellent Théophile », serait-il le grand prêtre Théophile (3741 ap. J.-C.), fils d’Anne et beau-frère de Caïphe ?
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* La transmission manuscrite : l’existence depuis la première moitié du IIème siècle, du
texte alexandrin (les codex Sinaïtique et Vatican et la grande majorité des codex grecs)
et du mal nommé « texte occidentale » (le Codex de Bèze, et les anciennes versions
italiques, syriaques, araméennes et coptes).
* La transmission communautaire et ecclésiale : le rôle des grandes Églises d’une part,
dans la fixation du texte byzantin et moderne, et de l’Église de Lyon et de Théodore de
Bèze dans la préservation du Codex Bèze, de l’autre ; le métier des correcteurs.
* Les éditions critiques modernes vis-à-vis des papyrus, des grands codex onciaux et
des versions anciennes.
* L’œuvre originale de Luc restituée dans la Démonstration à Théophile
Jean Rouquette,
Bibliste à Montpellier, poète occitan, dont doit paraître en 2011 à Toulouse sa traduction
intégrale de l’A.T.
Entre exégèse, théologie et engagement militant :
La traduction de la Bible en occitan
Traduire la Bible en occitan, c’est aussi pour moi la traduire en Occitan, par un acte
militant. L’engagement pour la Palestine et le Liban, l’exemple d’Israël ressuscitant sa
langue, la lutte pour une civilisation éliminée par les bûchers de l’inquisition pires que le
rejet cathare du Dieu mauvais : autant de raisons de reprendre sinon les réponses, du
moins le questionnement trop vite évacué de Marcion. L’atelier se fera discussion du
choix du va et vient de la parole de Jésus à ces écrits où lui-même a dû reconnaître le
Dieu qui parle comme l’homme reconnaît déjà l’homme dans les balbutiements
sauvages de son histoire.
Daniel Vigne,
Professeur de patristique et de philosophie, Faculté de théologie de l’Institut catholique
de Toulouse.
Exégèse et théologie dans le Traité des principes d’Origène
Le Peri Archôn est à juste titre considéré comme le premier ouvrage de théologie
systématique de l’histoire du christianisme. Or, la place de l’Écriture et de son
interprétation y est décisive, non seulement sous l’angle de l’argument scripturaire, mais
d’un point de vue proprement herméneutique. Origène, en effet, propose une réflexion
de fond sur l’inspiration divine de la Bible et sur les moyens humains de la comprendre.
Sa façon de relier exégèse et théologie est beaucoup moins naïve ou « précritique »
qu’on le croit : par bien des aspects, comme on le verra, elle recoupe et anticipe des
débats contemporains.
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