débutant, la maladie de Parkinson et les AVC sont fré-
quemment associées à une symptomatologie anxieuse
marquée, dépassant la seule appréhension liée à la
maladie et au handicap. En retour, l’anxiété peut altérer
certaines fonctions cognitives, attentionnelles et mné-
siques, ce qui peut aggraver les symptômes d’une
démence débutante. Des difficultés particulières de dia-
gnostic différentiel peuvent se poser devant des symp-
tômes cardiovasculaires (angor, infarctus du myo-
carde, tachycardie paroxystique) ou respiratoires
(embolie, bronchopneumopathie, hypoxie) qui parta-
gent des signes cliniques communs avec les attaques
de panique ou l’anxiété généralisée. Les maladies
endocriniennes telles que hyperthyroïdie, dysparathy-
roïdie, hypoglycémie, diabète, maladie de Cushing
génèrent également des symptômes anxieux ou
d’allure anxieuse.
Le tableau anxieux peut aussi être d’origine iatro-
gène (corticoïdes, antidépresseurs, inhibiteurs calci-
ques...) ou être induit par une substance psychoactive
(abus ou sevrage aux benzodiazépines ou à l’alcool).
L’intrication entre anxiété et abus d’alcool est toujours
complexe à analyser, les deux phénomènes s’auto-
renforçant et la réalité des consommations étant sou-
vent difficile à établir. Le dépistage des complications
somatiques et fonctionnelles des phases d’alcoolisa-
tion est essentiel, au travers des bilans biologiques, du
repérage de chutes à répétition sans autre cause
retrouvée et de divers signes fonctionnels (vertiges,
douleurs, troubles digestifs, etc.).
Autres dimensions psychopathologiques
Il n’est pas toujours aisé de faire la part des choses
entre dépression et anxiété chez les sujets âgés car la
symptomatologie dépressive peut être atténuée. Les
symptômes gravitent autour des plaintes somatiques,
des anticipations anxieuses diverses, de l’asthénie,
alors qu’un certain émoussement affectif remplace la
tristesse de l’humeur. Le vieillissement est un facteur de
risque majeur pour le suicide, surtout chez un homme
isolé affectivement et socialement. Il est donc essentiel
de rechercher systématiquement un syndrome dépres-
sif chez une personne âgée anxieuse, et inversement,
car la comorbidité est élevée et les traitements peuvent
être différenciés. En cas de doute diagnostique, le
recours aux antidépresseurs est préférable.
L’hypocondrie, qui appartient à la nosographie des
troubles somatoformes, se caractérise par l’anxiété de
contracter ou d’être atteint d’une maladie organique,
exprimée de façon répétitive et insistante malgré la
négativité des résultats des examens qui ne rassurent
pas le patient. Les sujets âgés présentant des difficultés
à verbaliser leur mal-être et leur angoisse peuvent
l’exprimer au travers de plaintes somatiques centrées
surtout sur la sphère digestive (troubles du transit, dou-
leurs abdominales, phobie de la déglutition, etc.). De
véritables « fixations » hypocondriaques se rencon-
trent très fréquemment chez les sujets âgés anxieux
et/ou dépressifs. Le rôle des soignants est alors de
prendre en compte, à la fois, l’inquiétude quant à l’état
de santé (rassurer, sans renforcer pour autant les rumi-
nations anxieuses par des examens complémentaires
répétitifs) et les syndromes dépressifs ou anxieux
éventuellement sous-jacents.
Des syndromes spécifiques identifiés chez les sujets
âgés pourraient traduire une dimension anxieuse asso-
ciée à un syndrome détérioratif : il s’agit du syndrome
de Godot et du syndrome de Diogène. Le syndrome de
Godot désigne un patient généralement atteint de la
maladie d’Alzheimer, qui suit l’aidant en permanence,
exprimant ainsi une forme d’angoisse de séparation
(même si elle est très particulière par rapport à l’anxiété
de séparation « névrotique » rencontrée chez l’enfant
voire l’adulte). Le syndrome de Diogène a été décrit par
Clark et al. [17] pour caractériser des personnes âgées
qui présentent une négligence extrême de l’hygiène cor-
porelle et du lieu de vie ainsi qu’une syllogomanie (accu-
mulation d’objets hétéroclites tels que journaux, détri-
tus, excréments...). Ces sujets qui ne présentent pas de
troubles cognitifs, dénient la situation et vivent toute
proposition d’aide comme intrusive. L’histoire person-
nelle de ces personnes retrouve une succession de
deuils et de pertes. Selon Clark et al. [17], le syndrome
de Diogène correspondrait à une réaction anxieuse spé-
cifique aux difficultés de séparation et de perte. Le com-
portement « d’entassement » traduirait une incapacité à
faire un travail de deuil et de séparation.
D’autres manifestations des démences débutantes
ou plus évoluées ont à voir avec l’anxiété, notamment
des symptômes d’hostilité envers l’entourage et les
soignants, souvent sous-tendues par des éléments per-
sécutifs. Des thèmes récurrents et peu justifiés de
menaces, de jalousie (notamment vis-à-vis des biens
de la personne et d’un héritage potentiel), d’intrusion
au domicile, ou de délaissement par la famille entre-
tiennent des réactions parfois très démonstratives
d’agressivité ou de repli sur soi.
Liens entre personnalité
et réactions anxieuses
Chez les sujets adultes, les troubles anxieux sont
souvent associés à des traits de personnalité plus ou
moins marqués : tendances à l’inhibition, tempérament
J. Rangaraj, A. Pelissolo
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 4, n° 3, septembre 2006182
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