recherche souche «embryonnaire», pour ensuite générer des cellules plus différenciées, en quantités très importantes et tester ainsi des nouvelles thérapies anti-tumorales. Notre deuxième thématique de recherche porte sur l’emploi de ces cellules souches embryonnaires afin de générer des tissus utilisables dans la médecine régénérative. L’intérêt des cellules souches embryonnaires est qu’elles sont capables de se différencier en n’importe quel type de tissus : cœur, sang, peau, foie, cellules vasculaires… Mais, utiliser ces cellules en thérapeutique pose un problème éthique. Aussi, la découverte des techniques de programmation des cellules souches adultes en cellules «pluripotentes» ou embryonnaires, en 2006, a représenté une avancée majeure dans ce domaine. Leur principal avantage est qu’elles sont issues de tissus différenciés, des cellules de peau par exemple. Après des manipulations de reprogrammation artificielle, elles redeviennent des cellules embryonnaires ayant les mêmes caractéristiques que celles issues d’un embryon. Notre unité Inserm nous permet d’être très compétitifs dans ce domaine. Cela s’est traduit récemment par la génération de la première lignée en France de cellules souches programmées de porc. Quelles avancées médicales peut-on attendre de vos recherches ? La force de Poitiers est de proposer, avant la mise en place de ces techniques en clinique, un modèle expérimental, notamment un modèle animal qui soit proche de l’homme. Les travaux que nous menons dans le cadre d’une convention avec l’INRA ont permis, récemment, la génération de la première lignée de cellules programmées de porc identiques aux cellules souches embryonnaires. C’est une avancée très importante car aucune équipe n’a réussi, à ce jour, à fabriquer des cellules souches embryonnaires de porc. Grâce à cet outil, on peut tester dans ce modèle la possibilité de fabriquer des cellules cardiaques, de foie, de sang, et de les greffer directement chez l’animal pour voir leur fonction. Dans la première application préclinique de ces cellules, nous travaillons en lien avec l’équipe Inserm l’U927 des professeurs Thierry Hauet et Gérard Mauco, pour tester le potentiel de ces cellules dans la réparation des lésions vasculaires rénales in vivo. Ces expériences valideront ce qui peut être envisagé par la suite chez l’homme et seront décisives pour passer à une étape pré-clinique en médecine régénérative. Professeur Ali Turhan A terme, sur quel type d’application clinique ces travaux pourraient-ils déboucher à Poitiers? Les expériences que nous menons avec Thierry Hauet pour tester l’utilisation des cellules souches dans la réparation des ischémies rénales (défaut de vascularisation au niveau des reins) pourraient déboucher sur une application clinique dans le cadre des greffes rénales, soit pour conserver le rein à greffer soit pour prévenir des lésions post-greffe. Notre second objectif est de tester dans le modèle de porc la possibilité de génération de cellules sanguines à partir des cellules souches programmées, ce qui peut avoir des applications cliniques évidentes par la suite. n * Poitiers a eu l’autorisation en 2007 – seules une quinzaine d’unités en France l’ont obtenue – de travailler sur des cellules souches embryonnaires humaines pour modéliser les leucémies. 9 CHU magazine - N° 61 - Décembre 2010