Item n° 173 : Prescription et surveillance des antibiotiques OBJECTIFS I. Prescrire et surveiller un médicament appartenant aux principales classes d’antibiotiques POUR COMPRENDRE 1. Introduction Antibiotiques : -- Substance produite par des champignons ou des bactéries, par synthèse ou hémisynthèse -- Capables d’inhiber ou de détruire certaines espèces bactériennes -- Regroupés en famille selon leur structure, leur mode d’action, leur spectre antibactérien, leurs caractéristiques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques, et leurs effets secondaires. De moins en moins de nouveaux antibiotiques, de plus en plus de résistance des bactéries = l’utilisation rationnelle des antibiotiques est donc essentielle. 2. Données microbiologiques 2-1. Activité antibactérienne CMI = concentration minimale inhibitrice de la croissance bactérienne in vitro en milieu liquide. CMB = concentration minimale bactéricide laissant un nombre de bactéries survivantes égal ou inférieur à 0,01 % d’un inoculum bactérien standardisé à 10 6. Détermination de la sensibilité en routine = antibiogramme évaluant l’inhibition de la pousse de la bactérie sans nécessairement la tuer (= test de bactériostase) : -- Souche sensible = CMI inférieure aux concentrations de l’antibiotique obtenues dans l’organisme avec des posologies usuelles -- Souche intermédiaire = CMI voisine des concentrations de l’antibiotique obtenues dans l’organisme avec des posologies usuelles -- Souche résistante = CMI supérieure aux concentrations de l’antibiotique obtenues dans l’organisme avec des posologies usuelles. 2-2. Spectre antibactérien Ensemble des bactéries sur lesquelles l’antibiotique est actif Permet de prévoir le potentiel d’activité d’un antibiotique ainsi que ses limites Répartir les espèces bactériennes selon leur comportement probable vis-à-vis de l’antibiotique (intégrant la résistance naturelle et la résistance acquise qui peut varier dans le temps ou selon les lieux) : -- Espèces habituellement sensibles = naturellement sensibles à l’antibiotique, inhibées par des concentrations atteintes après administration de l’antibiotique aux posologies validées : prévalence de la résistance acquise inférieure à 10 %. -- Espèces modérément sensibles = naturellement de sensibilité intermédiaire en l’absence de mécanisme de résistance ; une augmentation des posologies de l’antibiotique peut être nécessaire. -- Espèces inconstamment sensibles = la résistance acquise peut être un problème : prévalence de la résistance acquise supérieure à 10 %. Lorsque la résistance dépasse 50 % le signe + sera ajouté derrière le nom de l’espèce. -- Espèces résistantes = naturellement résistantes à l’antibiotique. 2-3. Résistance bactérienne aux antibiotiques 2-3-1. Types de résistance Résistance naturelle = certaines souches sont naturellement résistantes à certains antibiotiques (ex. : Listeria monocytogenes ou entérocoque et céphalosporines de troisième génération, anaérobies et aminosides, bacilles Gram négatif et glycopeptides…) Résistance acquise = souches qui en condition naturelle (= sauvages) sont sensibles à l’antibiotique mais qui ont acquis des mécanismes de résistance à cet antibiotique (ex. : Streptococcus pneumoniae et pénicillines ou macrolides, entérobactéries et ß-lactamines, Staphylococcus aureus et pénicillines…). 2-3-2. Évolution/causes de la résistance Elle dépend : -- de la pression de sélection exercée par les antibiotiques -- des caractéristiques des différents antibiotiques (pharmacocinétiques, pharmacodynamiques) et de chaque couple antibiotique/bactérie (support, modalités et fréquence de la résistance) -- de la capacité de certaines espèces à accepter des gènes de résistance provenant d’autres espèces, favorisée de plus par les colonisations/ infections pluri-microbiennes au sein d’un même site/hôte -- de la possibilité de la transmission interhumaine. La sélection de bactéries résistantes est un effet inéluctable de l’utilisation des antibiotiques. -- Sélection in vivo de bactéries résistantes sous traitement antibiotique dans le foyer infectieux. -- Modification des flores commensales avec acquisition de bactéries résistantes en dehors du foyer infectieux. D’où l’importance d’une politique de «bon usage des antibiotiques» : -- acte thérapeutique concluant une procédure diagnostique par un clinicien, ayant pour but la guérison d'une infection -- tout en ayant une efficacité optimale, une bonne tolérance, des conséquences écologiques minimales et un coût acceptable par la société. Pilly - Préparation ECN - Item 173 - ©CMIT 190 Item 173 2-3-3. Supports de la résistance Chromosomique = liée à une mutation sur le chromosome bactérien -- ne s’exerce que vis-à-vis d’un seul antibiotique -- en général non transférable d’une espèce bactérienne à l’autre -- concerne surtout les quinolones, les rifamycines, la fosfomycine, l’acide fusidique avec un taux de mutation élevé. Extra-chromosomique : -- le plus fréquent -- le plus souvent plasmidique -- pouvant porter plusieurs résistances à la fois -- transmissible entre différentes bactéries de la même espèce, voire entre espèces différentes. 2-3-4. Mécanismes de la résistance Inactivation enzymatique de l’antibiotique (ex. pénicillinases). Modification de la cible (ex. modification de la protéine de liaison aux pénicillines pour S. pneumoniae et S. aureus). Diminution de la perméabilité membranaire. Augmentation des mécanismes d’efflux. 3. Données pharmacocinétiques/pharmacodynamiques (PK/PD) 3-1. Pharmacocinétique Prend en compte l’absorption, la biodisponibilité (par voie orale), la diffusion (volume de distribution ; notamment pour sites difficilement accessibles : œil, cerveau, os, prostate), la demi-vie sérique (T½), l’élimination. Intérêts des dosages d’antibiotiques (pic et vallée en cas d’administration discontinue, résiduelle en cas d’administration continue). 3-2. Efficacité antibiotique temps et concentration-dépendante Activité concentration-dépendante : -- l’activité de l’antibiotique est dépendante de la concentration maximale obtenue après administration de l’antibiotique et du rapport entre cette concentration maximale et la CMI de la bactérie -- ex. : aminosides et fluoroquinolones sur les bactéries à Gram négatif. Activité temps-dépendante : -- l’activité de l’antibiotique est dépendante du temps passé avec une concentration supérieure à la CMI de la bactérie -- ex. : pénicillines, céphalosporines, glycopeptides et fluoroquinolones (sur les staphylocoques). I Prescrire et surveiller un médicament appartenant aux principales classes d’antibiotiques 1. Modalités pratiques de prescription des antibiotiques 1-1. Quand prescrire ? La prescription d’une antibiothérapie doit être limitée aux infections dont l’origine bactérienne est documentée ou probable L’antibiothérapie «prophylactique» ou «préventive» = vise à prévenir une infection précise dans des circonstances définies (prévention de l’infection postopératoire, de l’endocardite bactérienne, des infections invasives à méningocoques, du rhumatisme articulaire aigu, des infections chez le splénectomisé…) L’antibiothérapie «curative» = vise à traiter une infection bactérienne -- antibiothérapie «probabiliste», «présomptive» ou «empirique» = vise une infection bactérienne non caractérisée sur un plan microbiologique (diagnostic uniquement clinique ou en attente d’un résultat bactériologique) -- antibiothérapie «documentée» = vise une infection bactérienne caractérisée sur un plan microbiologique. En règle générale, la réalisation d’un prélèvement bactériologique doit être envisagée de façon systématique avant tout traitement antibiotique, notamment : -- en cas d’infection sévère -- en cas de sensibilité variable aux antibiotiques des bactéries causales suspectées. 1-2. Que prescrire ? Choix initial de l’antibiothérapie reposant sur : -- la/les bactérie(s) causale(s) (documentée(s) ou suspectées(s)) = antibiothérapie devant inclure dans son spectre d’activité la/les bactérie(s) causale(s), en tenant compte du risque de résistance -- le site infectieux = obtenir des concentrations efficaces au niveau du foyer -- le patient = privilégier la tolérance (antécédents, allergies, grossesse…) et l’efficacité (immunodépression, pathologie chronique sous-jacente à risque de décompensation, grossesse…) -- le coût écologique (dépendant des caractéristiques intrinsèques et du spectre et de l’antibiotique-entre deux antibiotiques, choisir celui avec le spectre nécessaire et suffisant et non celui avec le spectre le plus large) -- le coût économique. Prescription d’une association d’antibiotiques dans trois cas : -- pour élargir le spectre antibactérien -- et/ou pour rechercher une synergie entre 2 antibiotiques connus pour être synergiques -- et/ou pour prévenir l’apparition de résistance à l’une ou l’autre des molécules utilisées en association. Pilly - Préparation ECN - Item 173 - ©CMIT 191 Item 173 1-3. Comment prescrire ? 1-3-1. Posologie et rythme d’administration Dose unitaire adaptée à la gravité de l’infection, à la nature du foyer et à un éventuel état pathologique sous-jacent Rythme d’administration dépendant de ces éléments et des caractéristiques pharmacodynamiques de l’antibiotique (dose unitaire moins importante et plus souvent répétée pour un antibiotique temps-dépendant, ou importante mais avec des intervalles entre 2 doses plus longs pour un antibiotique concentration-dépendant). 1-3-2. Voie d’administration Intraveineuse pour les infections graves. Orale pour les infections peu sévères ou en relais de la voie intraveineuse en cas d’évolution favorable. Intramusculaire : indications et durées de traitement limitées, interdite si troubles de l’hémostase ou traitement anticoagulant. Sous-cutanée : expose à une pharmacocinétique aléatoire – à éviter. Locale : indications très limitées (otites externes, infections conjonctivales, de la peau, du vagin). 1-4. Le recours à la chirurgie est-il nécessaire? Toute collection doit faire envisager systématiquement une évacuation de celle-ci (selon l’adage : pus + antibiotiques = pus). 2. Modalités pratiques de surveillance du traitement antibiotique 2-1. Surveillance de l’efficacité du traitement Clinique = disparition rapide de la fièvre et des signes liés à l’infection. Microbiologique = stérilisation des prélèvements initialement positifs (hémocultures…). Biologique = régression du syndrome inflammatoire. Imagerie = disparition des anomalies en rapport avec l’infection (décalée dans le temps). 2-2. Surveillance de la tolérance du traitement À confronter avec le profil de tolérance spécifique du/des antibiotique(s) utilisé(s). 2-2-1. Adaptation du traitement Selon données de tolérance et d’efficacité. Si efficacité d’une antibiothérapie et/ou identification secondaire avec antibiogramme, modifier lorsque cela est possible pour un antibiotique également efficace mais à spectre plus étroit, moins coûteux, et dont la tolérance est au moins identique. Si inefficacité de l’antibiothérapie (persistance des signes locaux et généraux de l’infection après 48 à 72 heures de traitement, ou aggravation), envisager les causes d’échec suivantes : -- Échec microbiologique, lié à : • problème de cible dans le cas d’une antibiothérapie probabiliste : .. soit pari bactériologique exact mais défaut de sensibilité de la ou des bactérie(s) en cause .. soit avec un pari bactériologique inexact, parce que bactérie d’une autre espèce que celle anticipée .. soit parce que cause de l’infection, réponses : virale, parasitaire ou mycosique .. soit parce que maladie non infectieuse. • soit acquisition de résistance en cours de traitement (notamment si densité bactérienne élevée, présence d’un corps étranger, avec certaines bactéries – comme staphylocoques, Pseudomonas sp…– et plus encore avec certains antibiotiques – comme acide fusidique, fosfomycine, rifampicine et fluoroquinolones). -- Échec pharmacologique, lié à : • posologie insuffisante • défaut d’observance ou défaut d’absorption • interaction chimique ou médicamenteuse • diffusion insuffisante au site de l’infection. -- Échec stratégique, lié à : • existence d’un foyer clos (comme porte d’entrée ou comme localisation secondaire) non drainé • présence d’un matériel prothétique. 2-2-2. Durée du traitement Variable selon le germe, la localisation infectieuse et le terrain. Durées de traitement souvent codifiées à partir des résultats d’essais thérapeutiques et d’études cliniques. L’antibiothérapie doit être interrompue brutalement, sans posologie dégressive. Seul critère de guérison = absence de rechute à l’arrêt du traitement. 3. Les principales classes d’antibiotiques Cf. Tableau. Pilly - Préparation ECN - Item 173 - ©CMIT 192 Item 173 Classe Molécules (principales) Mode d’action Mécanismes de résistance Pharmacocinétique Pharmacodynamie Spectre d’activité usuel «utile» Espèces résistantes Pénicillines G Pénicillines A Pénicillines A + inhibiteur de bêtalactamases Amoxicilline + acide clavulanique Pénicillines M Céphalosporines 2e génération Pénicilline V (per os) Amoxicilline Oxacilline, Cefuroxime axétil, Pénicilline G (IV) cloxacilline cefamandole Formes retard (benzathine pénicilline) Liaison aux protéines de liaison des pénicillines (PLP, enzymes participant à la synthèse du peptidoglycane) - Modification des protéines cibles - PLP de faible affinité (cocci Gram positif ++) - production d’enzymes (bêtalactamases) - Diminution de la perméabilité de la membrane externe (bacilles à Gram négatif) - Pénicilline V - Biodisponibilité par - Idem amoxicilline - Biodisponibilité - Formes injectables (per os) ½ vie voie orale 80 % sauf diffusion de par voie orale et orales = 2 heures - Diffusion l’inhibiteur dans le médiocre 40 % - Diffusion - Pénicilline G (IV) extracellulaire, LCR insuffisante - Diffusion très satisfaisante dans ½ vie = 30 mn bonne dans la faible dans l’œil, de nombreux tissus - Benzathine bile, dans le LCR le tissu cérébral, mais insuffisante pénicilline (IM) à forte posologie le LCR et dans le LCR. taux sériques (voie parentérale), la prostate - Élimination urinaire efficaces 2 à médiocre dans la - Élimination sous forme active 3 semaines prostate urinaire sous - Bonne diffusion - Élimination à 70 % forme active = amygdale, par voie urinaire muscle, poumons, sous forme active liquides interstitiels, cavités synoviales - Mauvaise diffusion = système nerveux central, méninges yeux, os, prostate - Élimination urinaire Bactéricides - activité concentration-indépendante (temps-dépendante) Streptocoques, Streptocoques, = spectre de Staphylocoques Cocci à Gram positif Corynebacterium pneumocoques l’amoxicilline, (blancs ou dorés) (Streptocoques, diphteriae, Listeria péni-S, Enterococcus + Staphylocoques sensibles à la Staphylocoques monocytogenes, faecalis, dorés méti-S, méticilline méti-S), Bacillus anthracis, L. monocytogenes, H. influenzae, entérobactéries Streptobacillus Corynebacterium Moraxella moniliformis, diphteriae, catarrhalis, E. coli, Erysipelothrix Erysipelothrix Bacilles à Gram rhusiopathiae, rhusiopathiae, négatif anaérobies Clostridium, Neisseria Actinomyces israeli, meningitidis, Fusobacterium, Clostridium, Treponema, Propionibacterium Leptospira acnes, Peptostreptococcus, Actinomyces, leptospires, Borrelia, Treponema - Résistance - Résistance - Résistance naturelle : bacilles naturelle : naturelle : bacilles à Gram négatif Klebsiella, Moraxella à Gram négatif - Résistance catarrhalis, Yersinia, - Résistance acquise : Providencia, acquise : Staphylocoques, Pseudomonas Staphylocoques pneumocoques - Résistance acquise : résistants à la Staphylocoques, méticilline pneumocoques péni-R, Escherichia coli, Proteus mirabilis, Shigella, Vibrio cholerae, Haemophilus influenzae, Neisseria gonorrhoeae Pilly - Préparation ECN - Item 173 - ©CMIT 193 Céphalosporines 3e génération orales Cefpodoxime, cefixime Céphalosporines 3e génération injectables Ceftriaxone, Cefotaxime - Biodisponibilité < 50 % : absorption digestive saturable à l’origine de concentrations sériques et tissulaires relativement basses - Élimination urinaire sous forme active - Bonne diffusion sérique et tissulaire générale - Diffusion méningée satisfaisante à forte posologie - Élimination urinaire sous forme active (et biliaire pour ceftriaxone) ceftriaxone = 1/2-vie élevée = une seule administration par 24 heures Espèces non résistantes (Cf. infra) Listeria, entérocoques, staphylocoques méti-R, microorganismes intracellulaires, bacilles à Gram négatif anaérobies Item 173 Classe Pénicillines G Pénicillines A Principales indications Pénicilline V per os - Angine aiguë streptococcique - Angine de Vincent - Rouget du porc - Prophylaxie de l’érysipèle récidivant - Prophylaxie des infections pneumococciques - Prophylaxie de la scarlatine - Syndrome poststreptococcique majeur Pénicilline G IV - Érysipèle - Gangrène gazeuse - Actinomycose - Leptospirose Pénicillines retard - Syphilis primaire, secondaire ou latente - Prophylaxie du RAA - Prophylaxie de l’érysipèle récidivant - Angine aiguë streptococcique - Pneumonie à pneumocoque - Exacerbation de bronchite chronique obstructive - Méningite à L. monocytogenes - Méningite à méningocoque sensible à la pénicilline - Méningite à pneumocoque sensible à la pénicilline - Endocardite à streptocoques - Prophylaxie de l’endocardite bactérienne - Maladie de Lyme à la phase primaire - Érysipèle - Listériose - Éradication d'Helicobacter pylori Effets indésirables Réactions allergiques (0,3 à 5 %) Réactions allergiques Classe Molécules (principales) Aminosides Gentamycine Amikacine Mode d’action Inhibition de la synthèse des protéines bactériennes par fixation sur la sousunité 30 S du ribosome Mécanismes de résistance - Altération de la cible ribosomale (mutation chromosomique) - Défaut de perméabilité cellulaire, (mutation chromosomique) - Inactivation enzymatique (plasmidique) Pénicillines A + inhibiteur de bêtalactamases - Otite moyenne aiguë - Sinusite aiguë - Exacerbation de bronchite chronique obstructive - Pneumonie communautaire de l’adulte avec facteur de risque mais sans signe de gravité. - Infections stomatologiques - Infections gynécologiques - Infections de la peau et des parties molles secondaires à une morsure animale ou à une plaie traumatique - Sigmoïdite - Infections urinaires sur documentation Fluoroquinolones "Classiques" = Ofloxacine, Ciprofloxacine "Nouvelles" avec activité antipneumococcique = Lévofloxacine, Moxifloxacine Cibles = 2 enzymes (ADN gyrase et topo-isomérase IV) Inhibition de l’élongation de l’ADN bactérien Résistance uniquement chromosomique : - imperméabilité de la paroi - réduction de l’affinité pour la cible par mutation du gène codant pour les enzymes cibles - acquisition ou la surexpression d'une pompe à efflux Pénicillines M Céphalosporines 2e génération Pénicilline M IV - Infections systémiques (bactériémies, staphylococcies malignes de la face, endocardites, ostéoarthrites) à staphylocoques méti-S Pénicilline per os - Infections cutanées non compliquées : impétigo staphylococcique, furoncle - Angines récidivantes - Otites moyennes aiguës - Sinusites aiguës de l’adulte - Exacerbations de bronchite chronique - Antibioprophylaxie en chirurgie pour les formes injectables Céphalosporines 3e génération orales À réserver aux infections non sévères - ORL : angine récidivante, sinusite aiguë, otite moyenne aiguë chez l’enfant - Exacerbations de bronchite chronique - Infections urinaires basses - Pyélonéphrite en relais d’une forme injectable Réactions allergiques Allergie cutanée (croisée avec pénicillines dans 5 % des cas) Allergie cutanée (croisée avec pénicillines dans 5 % des cas) Céphalosporines 3e génération injectables - Formes sévères des infections localisées ou généralisées à bacilles à Gram négatif - Infections à pneumocoque de sensibilité diminuée, voire résistant à la pénicilline G - Fièvre chez le neutropénique - Exacerbation de bronchite chronique - Infections urinaires sévères - Infections nosocomiales - Suspicion clinique de purpura fulminans (ceftriaxone) - Maladie de Lyme aux phases secondaire et tertiaire (ceftriaxone) - Fièvre typhoïde (ceftriaxone) - Antibioprophylaxie en chirurgie Allergie cutanée (croisée avec pénicillines dans 5 % des cas) Glycopeptides Vancomycine Teicoplanine Macrolides Érythromycine Spiramycine Clarithromycine Azithromycine Imidazolés Métronidazole Inhibition de la synthèse de la paroi bactérienne en bloquant la formation du peptidoglycane Inhibition de la synthèse des protéines bactériennes par fixation sur la sousunité 50 S du ribosome - Résistance constitutive, chromosomique - Résistance plasmidique, inductible, et transférable - Modification de la cible (méthylation entraînant une résistance croisée entre macrolides (M), lincosamides (L) et streptogramines B (SB) mais pas les kétolides (= MLSB) - Efflux (pas de résistance croisée) Formation de métabolites (via nitroréductase) qui réagissent avec l’ADN d’où fragmentation de l’ADN bactérien Présence d'une mutation dans un gène chromosomique codant pour une nitroréductase inactive Pilly - Préparation ECN - Item 173 - ©CMIT 194 Item 173 Classe Pharmacocinétique Aminosides - Pas d’absorption entérale (= toujours par voie parentérale) - Taux tissulaires globalement inférieurs aux taux sériques, sauf dans la cavité péritonéale, le liquide pleural, les sécrétions bronchiques, le parenchyme pulmonaire, le cortex rénal et le liquide synovial - Diffusion médiocre dans le LCR - Passent la barrière placentaire - Éliminés par voie rénale sous forme active Fluoroquinolones - Très bonne absorption orale - Distribution très large - Concentrations tissulaires et intracellulaires (phagocytes) élevées - Élimination sous forme inchangée dans les urines (+ hépatique pour ciprofloxacine) Glycopeptides - Pas d’absorption entérale (= toujours par voie parentérale sauf traitement des colites pseudomembraneuses, Cf. infra) - Diffusion tissulaire bonne dans les séreuses comme la plèvre, le péritoine et le péricarde - Diffusion modeste dans l’os et le poumon - Diffusion nulle dans le LCR (sauf en cas d’inflammation des méninges) - Élimination rénale Macrolides - Absorption orale variant selon les molécules - Bonne diffusion tissulaire, sauf dans le LCR - Fortes concentrations intracellulaires Pharmacodynamie - Bactéricide - Activité concentration dépendante - Bactéricide - Activité concentration dépendante - Bactériostatique Spectre d’activité usuel «utile» Staphylocoques méti-S, Listeria monocytogenes, l’ensemble des bactéries à Gram négatif Entérobactéries, bactéries intracellulaires, staphylocoques méti-S, Haemophilus influenzae, Moraxella catarrhalis et Bacillus anthracis, mycobactéries + P. aeruginosa (ciprofloxacine) + pneumocoques (fluoroquinolones antipneumococciques) - Bactéricide (lent) - Activité concentration indépendante (= temps dépendante) Bactéries à Gram positif : streptocoques, pneumocoques, entérocoques, staphylocoques méti-S et méti-R, Listeria, Clostridium difficile. Espèces résistantes - Résistance naturelle : Streptocoques, entérocoques, Stenotrophomonas maltophilia, bactéries anaérobies strictes, Chlamydia, mycoplasmes, rickettsies - Résistance acquise : variable selon les aminosides, les espèces bactériennes, les écologies bactériennes - Résistance naturelle : entérocoques, Listeria monocytogenes, Nocardia et la plupart des bactéries anaérobies - Résistance acquise : staphylocoques méti-R ; résistances variables selon les espèces : risque de sélectionner des mutants résistants plus élevé pour Pseudomonas aeruginosa et staphylocoques dorés (ne pas utiliser en monothérapie dans ces situations) - Résistance naturelle : bactéries à Gram négatif - Résistance acquise (rares++) : entérocoques, staphylocoques - Résistance naturelle : entérobactéries, Pseudomonas, Bacteroides fragilis… - Résistance acquise : staphylocoques méti-R Pilly - Préparation ECN - Item 173 - ©CMIT 195 Bactéries intracellulaires++, Streptocoques, staphylocoques méti-S, Helicobacter pylori (clarithromycine) Certaines mycobactéries non tuberculeuses Toxoplasma gondii Espèces modérément et inconstamment sensibles : Haemophilus influenzae, H. ducreyi, pneumocoques Imidazolés - Très bonne absorption orale - Diffusion rapide et importante, avec des concentrations proches des taux sériques, dans : les poumons, les reins, le foie, la peau, la bile, le LCR, la salive, le liquide séminal, les sécrétions vaginales - Traverse la barrière placentaire et passe dans le lait maternel - Métabolisme essentiellement hépatique, forte concentration hépatique et biliaire - Excrétion surtout urinaire - Bactéricide Activité concentration dépendante Anaérobies (Bacteroïdes fragilis, Clostridium, Eubacterium, Fusobacterium, Peptostreptococcus, Prevotella, Veillonella). Aérobies à Gram négatif : Helicobacter pylori (pour mémoire, activité antiparasitaire : Entamoeba histolytica, Giardia intestinalis, Trichomonas vaginalis) Ce qui n’est pas dans le spectre usuel (= aérobies+++, cf supra) Item 173 Classe Principales indications Aminosides Toujours en association : - Infections graves à bacilles à Gram négatif aérobies - Infections graves à Pseudomonas aeruginosa - Infections graves à staphylocoques méti-S - Endocardites streptococciques - Listériose Fluoroquinolones - Infections urinaires (cystite aiguë, pyélonéphrite aiguë) - Infections génitales (prostatite, salpingite, endométrite, IST) - Infections digestives (fièvre typhoïde, diarrhée aiguë bactérienne à germe invasif) - Infections ORL (sinusites sévères ou résistantes à un premier traitement = quinolones antipneumococciques) - Infections respiratoires basses (pneumonies aiguës communautaires, exacerbations de bronchite chronique = quinolones antipneumococciques) - Infections ostéoarticulaires - Infections oculaires Effets indésirables - Néphrotoxicité - Toxicité cochléovestibulaire définitive - Troubles digestifs (nausées, dyspepsie, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée…) - Neuropsychiques (céphalées, accidents convulsifs, troubles neurosensoriels, myoclonies, hallucinations, agitation chez les sujets âgés) - Hépatiques (cytolyse, ictère, insuffisance hépatocellulaire) - Réactions cutanées - Musculo-squelettiques (arthralgies, myalgies, tendinopathies avec risque de rupture tendineuse) - Cardiovasculaires (hypotension, allongement de l’espace QTc, torsade de pointe) Glycopeptides - Infections sévères à staphylocoques méti-R (bactériémies, endocardites, péritonites, médiastinites, infections ostéoarticulaires, infections sur cathéter ou chambre implantable, méningites, ventriculites sur valve de dérivation) - Infections sévères à staphylocoques méti-S chez les patients allergiques aux ß-lactamines - Infections sévères à streptocoques, entérocoque et pneumocoque chez les patients allergiques aux ß-lactamines - Épisodes fébriles chez les patients neutropéniques - Prophylaxie de l’endocardite bactérienne chez les patients allergiques aux ß-lactamines - Traitement curatif par voie orale de 2e intention des colites pseudomembraneuses à C. difficile - Intolérance locale (nécrose cutanée, phlébite) - Syndrome de l’homme rouge (red man syndrome) en cas de perfusion rapide de la vancomycine - Néphrotoxicité Pilly - Préparation ECN - Item 173 - ©CMIT 196 Macrolides - Angines à streptocoque chez les patients intolérants aux pénicillines - Exacerbations de bronchites chroniques obstructives - Pneumonies à bactéries intracellulaires - Coqueluche - Infections génitales à C. trachomatis - Infections à M. avium au cours du sida (clarythromycine) - Infections à M. marinum et M. xenopi (clarithromycine) - Infection à Helicobacter pylori (clarithromycine) - Certaines infections à bacilles à Gram négatif (Salmonella, Shigella, Campylobacter) (azithromycine) - Maladie des griffes du chat (azithromycine) - Toxoplasmose du sujet immunocompétent (spiramycine) Imidazolés Traitement curatif des infections médicochirurgicales à germes anaérobies sensibles (amœboses, trichomonoses urogénitales, vaginites non spécifiques, lamblioses) - Troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales) - Réactions cutanées - Hépatites immunoallergiques - Troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales) - Glossite, stomatite, goût métallique, - Céphalées