
Réponse aux questions du SETCa Finances, 07-05-2014 
 
Chère Madame Desmet, Cher Monsieur Cappoen, 
 
Nous  vous  remercions  pour  votre  lettre  du  28  avril  2014.  L’analyse  que  vous  faites  est  très  intéressante  et 
correcte. Á juste titre vous attirez l’attention sur le problème de l’emploi dans les banques. 
 
Comme parti de gauche, nous voulons bien entendu être un appui politique aux revendications du monde du 
travail, servir de caisse de résonance à des problèmes et des propositions qui ont trop peu voix au chapitre dans 
nos différents parlements. Nous répondons donc volontiers à vos questions. Nous répondrons d’abord avec notre 
vision globale sur les banques pour ensuite nous focaliser plus sur la problématique de l'emploi.  
 
1. Un nouveau modèle de banque 
La  réforme  bancaire  du  gouvernement  Di  Rupo  est  un  coup  d’épée  dans  l’eau  parce  que  le 
gouvernement ne veut pas toucher à la logique du profit des banques. Malgré les appels réitérés en 
faveur d’un capitalisme « éthique », les grandes institutions financières multinationales continuent à 
spéculer.  C’est  logique.  À  l’ère  actuelle  du  capitalisme  financier,  où  les  activités  industrielles  et 
spéculatives sont  étroitement imbriquées, investir et spéculer  vont  main  dans la  main.  C’est  dans 
l’ADN  du  système.  Dans  ce  cas,  il ne  faut  pas  s’attendre  non  plus  à  la  moindre  « sécurité »  ou 
« éthique » de la part d’acteurs privés qui ne recherchent que le profit. Une réglementation qui fait 
confiance au privé est vouée à l’échec. 
La réforme bancaire du gouvernement Di Rupo est bien plus modérée que les mesures prises dans 
les  années  1930.  Elle  est  aussi  bien  plus  modeste  que  les  réformes  qui  ont  été  approuvées  ces 
dernières  années  aux  États-Unis  et  en  Grande-Bretagne.  Elle  est  moins  radicale  que  la  réforme 
américaine Volcker de 2010, qui interdit tout lien financier entre la banque de dépôt et la banque 
d’affaires. Elle est même moins radicale que la réforme britannique Vickers, qui impose aux banques 
traditionnelles une interdiction pour toute activité de trading et qui, pour le trading, exige une entité 
totalement à part, même si cette entité peut rester au sein du même groupe. 
Nous devons nous éloigner de cette voie sans issue des activités bancaires et spéculatives privées, où 
– quand ça fonctionne bien – les avantages vont à une poignée d’actionnaires privés, et où – quand 
ça foire – l’État doit supporter les charges. Notre société ne peut plus se permettre une deuxième 
crise bancaire. 
Nous devons changer de cap et tourner à gauche. Pour pouvoir épargner en sécurité et pour obtenir 
des crédits bon marché, une scission entre la banque de dépôt et la banque d’affaires ne suffira pas. 
La collectivité qui, aujourd’hui, paie les pertes de cette politique, doit pouvoir déterminer elle-même 
ce que devra être cette politique bancaire et aussi pouvoir en tirer les bénéfices. Nous voulons une 
banque publique version 2.0. Naturellement, un statut public n’offre pas une garantie d’étanchéité 
totale. Mais la spéculation sauvage et les opérations à risque avec l’argent des économies peuvent 
toutefois être plus facilement évitées dans ce cas. Nous pouvons imposer des règles strictes – pour 
les salaires des administrateurs aussi – et les faire contrôler par des syndicats du personnel et des 
associations de consommateurs. 
« Moins  d’intervention  de  l’État,  le  privé  est  plus  efficace  que  l’État »,  répètent  les  chantres  du 
néolibéralisme. Mais aucune étude ne confirme cette déclaration. Au contraire. Durant 130 ans, des 
banques comme la CGER et le Crédit communal ont été gérées par le secteur public. Cela marchait 
très bien. Mais quand elles ont été vendues au privé, il n’a pas fallu dix ans avant qu’elles ne fassent