h OSTETTLEr Art de vivre Kathinka Salzmann «Je vis pour le théâtre» De l’énergie positive et à fleur de peau, une espèce de force vitale et de passion communicative… A 26 ans, Kathinka Salzmann a le feu sacré: elle pense, elle vibre et elle vit pour le théâtre. Elle présentera cet automne sa première création, «Digital Dahlia», une pièce sur la normalité et la folie ordinaire, qu’elle a écrite et mise en scène. «Je lis toujours plein de livres en même temps, surtout des pièces de théâtre. Comme ma première pièce parlera de la normalité et de la folie, je relis des auteurs qui abordent ces thèmes: Antonin Artaud, Claudel, Mayenburg». 10 N u M é R o 3 1 Art de vivre M A R S – AV R I L 2 012 11 h OSTETTLEr Art de vivre h OSTETTLEr «La guerre de Troie n’aura pas lieu», de Jean Giraudoux, mis en scène par Fanny Wobmann et Adrien Junker (Kathinka joue le rôle d’Andromaque). A «Je vibre pour tous les aspects du théâtre: je lis des textes, j’en crée, j’imagine les décors, je pense à la mise en scène…». 12 N u M é R o 26 ans, elle a déjà un sacré parcours et même un bilan: un bachelor en lettres à l’Université de Lausanne (histoire des religions, arabe, sciences politiques), un master à Paris en arts de la scène (théâtre, chant, danse), une année à Berlin, des rôles de comédienne dans plusieurs pièces, un travail d’assistante pour la mise en scène dans plusieurs créations, la dernière, à la fin de l’année dernière, dans la pièce de Dominique Ziegler intitulée «Patria Grande». Mais Kathinka Salzmann a surtout une passion si dévorante pour le théâtre qu’elle 3 1 vibre d’ores et déjà au rythme de ses futures créations. «Le théâtre, c’est juste de l’énergie, de la circulation d’idées, de l’imagination, des tâtonnements…». Elle est née et a vécu au r ouanda jusqu’à l’âge de 8 ans, son père travaillant dans la coopération technique suisse et sa mère étant professeur. Bilingue français-anglais, elle vit à Nyon: hypersympathique et ouverte (ses racines africaines), mais aussi hyperdynamique et volontaire (sa formation dans un Collège américain), elle est volubile, passionnée, pleine d’humour. Même si elle a fini «J’ai découvert le yoga par hasard il y a une année, quand j’étais en vacances à Beyrouth avec une amie, et j’en fais beaucoup: deux heures de cours par semaine et une heure chez moi tous les deux jours. Il faut dire que quand j’aime quelque chose, je suis assez du style à le faire à fond! En fait, je suis assez angoissée à la base. Le yoga m’aide à mieux respirer et à déstresser». h OSTETTLEr Art de vivre «Je suis vraiment une guitariste en herbe, parce que j’ai commencé il y a deux semaines. A Paris, j’avais pris des cours de chant et je me suis dit qu’il serait chouette de pouvoir m’accompagner à la guitare. Il paraît que ce n’est pas si difficile et qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre, alors...». ses études il n’y a pas si longtemps, elle vit désormais de plain-pied dans le monde de la scène, des représentations, des envies tourbillonnantes, des projets qui s’esquissent, qui se succèdent, qui s’enchaînent. Kathinka Salzmann a joué dans plusieurs pièces, elle aime les planches, le contact avec le public, les sensations uniques du comédien qui habite son rôle. «Sur scène, on est vraiment dans un moment à part: on est un personnage, on oublie tout. On a la joie d’être bien dans son corps, de parler, d’exprimer ce qu’on est. Ce sont des instants magiques!» Mais ce qui l’attire avant tout, c’est le travail plus vaste et plus global de la création: l’écriture puis la mise en scène d’une pièce. Après avoir été plusieurs fois l’assistante du metteur en scène, elle veut voler de ses propres ailes et elle va le faire bientôt, en septembre prochain. «Je me suis lancée dans ma propre création, explique-t-elle, une pièce qui sera jouée par la compagnie L’Espace d’un instant. J’ai fait le texte et je mettrai en scène. La pièce s’appelle «Digital Dahlia»; elle traite de la folie et de la normalité. Ce sera à la fois du théâtre, de la danse, de la projection vidéo, plutôt sur le créneau de la performance. Le texte est fait, mais va évoluer énormément. Je m’inspire beaucoup de Peter Brook, un metteur en scène juste incroyable qui est mon maître à penser. Il n’est pas autoritaire, mais au contraire à l’écoute des comédiens, et il intègre leurs propositions, leurs sensations. Il ne faut surtout pas casser ce qui germe dans la tête des comédiens! C’est une manière de travailler dans la joie et la bonne humeur; c’est aussi la meilleure manière d’être créatif!». n Jaques Rasmoulado M A R S – AV R I L 2 012 13