LC0017X
Philologie grecque
Syntaxe de la phrase complexe
Olga Spevak
Ce cours de philologie grecque fait partie de l’UE LC0017X. Il a deux parties : morphologie et
syntaxe.
Le programme de la partie « syntaxe » des unités d’enseignement LC0017X et LC0021X
consiste en l’étude de la syntaxe de la phrase complexe grecque. Après une introduction à l’analyse
syntaxique et sémantique de la phrase complexe, nous aborderons quelques sujets remarquables
relevant de ce domaine. Plus particulièrement, nous étudierons en détail les propositions
subordonnées suivantes :
1) les relatives et les conditionnelles (LC0017X) ;
2) les complétives (LC0021X).
Bibliographie
Les ouvrages cités ci-dessous sont valables pour l’ensemble du cursus de philologie grecque.
HUMBERT, Jean (19603), Syntaxe grecque, Paris, Klincksieck.
BIZOS, Marcel (19553), Syntaxe grecque, Paris, Vuibert.
DELAUNOIS, Marcel (1988), Essai de syntaxe grecque classique, Bruxelles, Univ. Saint-Louis.
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Philologie grecque
Syntaxe de la phrase complexe
Olga Spevak
0. Exercice
Lisez attentivement le texte ci-dessous. Relevez les subordonnées, déterminez les propositions
régissantes et analysez les verbes correspondants. Quelles sont les fonctions de ces subordonnées ?
φήσουσι γρ δ σοφν εναι, ε κα μή εμι, ο βουλόμενοι μν νειδίζειν. ε γον περιεμείνατε
λίγον χρόνον, π το ατομάτου ν μν τοτο γένετο · ρτε γρ δ τν λικίαν τι πόρρω
δη στ το βίου θανάτου δ γγύς. λέγω δ τοτο ο πρς πάντας μς, λλ πρς τος μο
καταψηφισαμένους θάνατον. λέγω δ κα τόδε πρς τος ατος τούτους. σως με οεσθε, νδρες
θηναοι, πορί λόγων αλωκέναι τοιούτων ος ν μς πεισα, ε μην δεν παντα ποιεν κα
λέγειν στε ποφυγεν τν δίκην.
(Platon, Apologie 38c-d)
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I. INTRODUCTION
L’étude de la phrase complexe comprend celle de la coordination qui concerne les propositions
reliées tout en restant sur le même plan syntaxique, et celle de la subordination qui concerne les
propositions mises sous la dépendance d’une proposition régissante.
La grammaire comparée montre que, historiquement, la juxtaposition est la plus simple et la
plus ancienne manière d’associer deux idées, par exemple :
νξ γένετο: ο πολέμιοι πλθον. « La nuit tombât. Les ennemis partirent. »
De là, une mise en rapport s’est développée à l’aide de conjonctions de coordination, par
exemple :
νξ μν γένετο, ο δ πολέμιοι πλθον.
ο δ πολέμιοι πλθον, νξ γρ γένετο. « Les ennemis partirent car la nuit tombât. »
νξ γένετο κα ο πολέμιοι πλθον. « La nuit tombât et les ennemis partirent. »
Lorsqu’un de ces contenus a fini par être perçu comme une explication, définition ou accessoire
de l’autre, il est devenu dépendant ou subordonné à ce second complément. Nous voici en présence
de phrases complexes comportant des subordonnées :
πε (τε) νξ γένετο, ο πολέμιοι πλθον.
« Lorsque la nuit tombât, les ennemis partirent. »
νξ γένετο, στε οί πολέμιοι πλθον.
« La nuit tombât si bien que les ennemis partirent. »
Le présent cours se concentrera sur les phénomènes de la subordination, et ce, sur des
propositions subordonnées remarquables : les relatives et les conditionnelles.
1. La subordination
Tout d’abord, comparons les phrases complexes suivantes :
(1) οτοι λεγον τι Κρος μν τέθνηκεν.
« Ils ont dit que Cyrus était mort. »
(2) νν δ φοβούμεθα μ μφοτέρων μα μαρτήκαμεν.
« Mais à présent, nous craignons d’avoir manqué à la fois ces deux buts. »
(3) (προσέταξαν) γαγεν κ Σαλαμνος Λέοντα τν Σαλαμίνιον να ποθάνοι.
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« (Les Trente nous ordonnèrent) d’aller chercher Léon à Salamine pour qu’on le mît à
mort. »
(4) δικε Σωκράτης ος μν πόλις νομίζει θεος ο νομίζων.
« Socrate est coupable parce qu’il ne reconnaît pas les dieux que reconnaît l’État. »
Dans le premier cas, la subordonnée τι... τέθνηκεν fonctionne comme complément du verbe de
déclaration λέγω. Dans le deuxième, la proposition μ... μαρτήκαμεν est un complément du verbe
de crainte φοβομαι. La troisième, να ποθάνοι (avec optatif oblique) a une valeur finale. La
quatrième, ος... νομίζει est une relative qui complète le substantif θεος (ici, incorporé dans la
relative).
La fonction et le statut de ces subordonnées peuvent être établis ainsi. Chaque subordonnée
répond à une question :
(1) Qu’est-ce qu’ils ont dit ?
(2) Qu’est-ce que nous craignons ?
(3) Pourquoi aller le chercher ?
(4) Quels dieux ?
Les propositions (1) et (2) fonctionnent comme des objets des verbes λέγω et φοβομαι
respectivement, (3) est un complément adverbial, et (4) un complément de nom (épithète). Les
subordonnées peuvent ou ne peuvent pas être omises sans nuire au sens de la phrase :
(1) *οτοι λεγον.
(2) * νν φοβούμεθα.
(3) (προσέταξαν) γαγεν κ Σαλαμνος Λέοντα τν Σαλαμίνιον.
(4) * δικε Σωκράτης θεος ο νομίζων.
Dans les deux premiers cas, la proposition est incomplète : le verbe λέγω est un verbe trivalent
dire quelque chose à quelqu’un » et nécessite le deuxième actant objet direct. Le verbe
φοβομαι est bivalent et sa position du deuxième actant doit être comblée, soit par un nom, soit par
une subordonnée (NB. il peut fonctionner comme monovalent, mais le sens serait différent « nous
sommes craintifs »). En revanche, en (3), la subordonnée n’est pas un complément obligatoire du
verbe γω – c’est un complément adverbial, omissible. La relative en (4) fonctionne comme
épithète de détermination et précise quels dieux.
Les subordonnées se répartissent en trois catégories :
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Les subordonnées complétives sont étroitement rattachées à la principale et représentent leur
complément d’objet indispensable. Elles comprennent les propositions introduites par τι, ς « ce
fait que », μ, les interrogations indirectes et les propositions infinitives.
Les propositions circonstancielles (adverbiales) apportent des informations accessoires et ne sont
pas demandées par la valence du verbe. Elles comprennent les finales, consécutives, causales,
concessives, temporelles, conditionnelles et comparatives. Leurs mots introducteurs sont variés : τι
causal, να et πως finaux, πεί, ς, τε, πειδάν... temporels, ε conditionnel, ε καί, κα
εconcessifs, etc.
Les propositions relatives sont généralement rattachées à un antécédent et complètent un nom.
Elles sont introduites par le pronom relatif ς simple (défini), ou par le relatif indéfini στις, parmi
d’autres.
2. La coordination
La coordination concerne la liaison des propositions entre elles et aussi la liaison des
constituants.
Parmi les conjonctions de coordination, on énumère les conjonctions :
copulatives : l’enclitique τε, καί, κα... καί, οτε... οτε (μήτε... μήτε) « ni... ni » ;
adversatives : λλά, (μέν...) δέ, τάρ, μέντοι ;
disjonctives : , ... , ετε... ετε ;
explicatives : γάρ ;
conclusives : ον, νν, τοίνυν.
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